Le soin de la vérité

Qu’il faille rappeler des évidences n’est pas le moindre des paradoxes. Mais il faut l’affronter. Or les mots ont un sens, une définition même, parfois clairement établie, comme c’est le cas de celle d’un soin médical, qu’il soit palliatif ou non. Pour la Haute Autorité de Santé, un soin est un acte qui « participe au rétablissement ou à l’entretien de la santé d’une personne ». Le dictionnaire de l’Académie de Médecine indique que le soin permet « d’améliorer et de maintenir la santé physique et mentale » d’une personne. Dans le Guide du service infirmier, on lit que l’acte de soin a pour objet « d’entretenir la vie, de maintenir, restaurer et promouvoir la santé ». Selon le Code de la Santé Publique, les soins infirmiers ont pour objet premier de « protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé physique et mentale des personnes ou l’autonomie de leurs fonctions vitales physiques et psychiques en vue de favoriser leur maintien, leur insertion ou leur réinsertion dans leur cadre de vie familial ou social » (art. R.4311-2). Le suicide assisté permet-il de rétablir la santé de la personne ? Non. L’euthanasie permet-elle de favoriser l’insertion de la personne dans son cadre de vie ? Non. De maintenir sa santé mentale ? Restaurer l’autonomie de ses fonctions vitales ? Non plus.

On peut ne pas comprendre la philosophie des soins palliatifs, faute de les pratiquer. On peut ne pas saisir à quel point ils s’opposent par nature au recours à la mort provoquée. Mais on ne peut pas, contre toute évidence, prétendre que les soins palliatifs, le suicide assisté et l’euthanasie « s’inscrivent dans un continuum » ou « font partie d’un ensemble cohérent » comme beaucoup s’y sont employés ces derniers jours. Il y a une rupture nette dans la nature de l’acte qui exclut de penser que ces derniers soient la prolongation logique des premiers. Le fait que des actes interviennent au même moment de la vie n’a jamais suffi à en faire un ensemble cohérent. Comme le disait Jean Leonetti, « légaliser l’euthanasie, ce ne serait pas aller plus loin, ce serait aller ailleurs ». Ailleurs qui n’est plus un soin, qui n’est plus un acte médical.

Il peut alors revenir à la société de décider qu’elle veut malgré tout autoriser certaines personnes à provoquer la mort d’une autre, à sa demande. Mais elle ne peut pas décider qu’il s’agisse d’un soin. Pas sans trahir le sens des mots et des actes qu’ils désignent, pour plier la réalité à ses nouvelles envies. Dès lors, dissocier devant le parlement la pratique des soins palliatifs de celle de la mort provoquée ne fait que répondre à la nature profonde des actes. C’est honorer le réel, les femmes et les hommes qui dispensent ces soins, et leur éthique. Traiter ces actes conjointement ne faisait que sacrifier aux travers de l’amalgame, et de l’idéologie. Il était temps d’en revenir. Assumons la clarté dans des temps par trop sombres.


Photo de Marc Sendra Martorell sur Unsplash


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1 commentaires

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  • Merci de votre engagement sans faille et de la clarté de vos explications !
    Je me permets de partager cet excellent article autour de moi.
    En grande union de prières !

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