L’année durant, ils interrogent l’essentiel dans leur quotidien. Pendant trois jours, l’essentiel fait leur quotidien. Et leur quotidien devient l’accessoire.
Ce sont les pères de famille qui, à Vézelay comme à Cotignac, ont offert ces trois journées, coupé les lignes et les ponts, se sont retirés de leur monde pour marcher dans la Création, se retrouver et trouver des frères.
Pendant ce temps, dans le monde, l’actualité bouillonnait en provenance de New-York, voire de Monte-Carlo. Pendant ce temps, un peu moins de mille pères marchaient en silence, priaient, échangeaient, chantaient, revenaient sur leur année, et sur leur vie, se sont réconciliés.
Moi, je suis parti à ce pélé avec une mission : faire un topo à mon chapitre, sur le thème de cette année : « Donne-moi, Seigneur, un cœur qui écoute ».
C’est la réponse de Salomon à Dieu qui lui demande ce qu’il souhaite obtenir de lui. Salomon est un jeune roi, il succède à David. Il ne demandera pas la gloire et la richesse mais de savoir discerner pour le bien de son peuple.
Le cœur. Je me suis arrêté sur le coeur parce que j’aime cette idée qu’il soit le lieu du discernement. Le cœur, siège de la totalité de la personne dans le langage biblique. Lieu de l’intelligence, lieu du sentiment. C’est l’Homme dans son entier. Non pas l’Homme réduit à sa seule raison, mais tout l’Homme. Le cœur, « non seulement le siège des émotions et de l’affectivité, mais aussi celui de l’intelligence et des pensées »[1]. Le lieu de cette subtile alchimie de notre raison, notre psychisme, et de nos sens, qui fait de nous ce que nous sommes. Si, comme on me l’a fait remarquer, notre époque est aussi bien irrationnelle à de nombreux égards, combien de fois n’accordons-nous de légitimité qu’à la seule raison ? Et encore, une raison souvent limitée à sa dimension expérimentale, reproductible ? J’aime, dans cette perspective biblique, la prise en compte de l’Homme dans sa globalité. Et si, dans sa sagesse de près de trois mille ans, la Bible avait vu plus juste qu’aujourd’hui ?
D’ailleurs, pendant ce pélé, on m’a cité Ben Sirak le Sage : sois prompt à écouter et lent à donner ta réponse. Quelques centaines d’années plus tard, mon père, celui d’ici-bas s’entend, m’exhortait à savoir me taire et écouter. Qu’a-t-on inventé pendant tout ce temps ?
Pour la préparation de ce topo, je me suis coltiné de nouveau avec l’homélie de Benoît XVI aux Invalides, cette homélie dans laquelle il lançait que la « soif du savoir » comptait au rang des idoles : « l’argent, la soif de l’avoir, du pouvoir et même du savoir n’ont-ils pas détourné l’homme de sa Fin véritable, de sa propre vérité ? ». Oui, même la soif du savoir. Combien de vies passées à construire ces « bibliothèques qui brûlent » que sont les Hommes ? Et somme toute, parfois, quel orgueil, quelle vanité, dans la recherche de la connaissance. Est-ce un appel à l’ignorance ? Non, mais un appel à se trouver et à trouver Dieu, à trouver le « bonheur de vivre éternellement avec Dieu » (selon les mots de Benoît XVI). Après tout, c’était la lecture du jour : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
Ne pas oublier, donc, sans renier la connaissance, de rester au moins pauvre de coeur.
Se faire tout petit. « La route est encore une école de prière. Le dépouillement purifie l’âme et la rend apte à recevoir. La vision de Dieu n’est perceptible que par un coeur pur ». C’était dans le carnet, page 5, rubrique « Qu’est-ce qu’un pèlerin ? ». Alors on marche, à la recherche de notre fin véritable. On médite. Pendant quelques heures, un peu plus de deux jours, on se dépouille un peu. On se dépouille du quotidien, on se dépouille de son confort. Ca fait mal aux genoux dans les descentes.
Vient le retour. L’appréhension du tourbillon. Avec la conscience que tôt ou tard, on se laissera reprendre. Alors le plus longtemps possible, même si l’on sait que c’est une erreur, comme on retiendrait sa respiration, on essaie d’en rester à l’essentiel. On se dit qu’on va s’accrocher. On se colle les chants dans les écouteurs. C’est la semaine qui suit. La semaine d’après, il faudra mesurer les fruits, s’ancrer dans la fidélité, ensemencer notre quotidien avec cet essentiel qu’on est allé côtoyer. Je ne suis pas un grand mystique, je suis même peut-être un petit croyant. Pour la recherche de ma fin véritable, je vais y aller piano pour y aller sano et lontano. Première chose : essayer d’avoir un coeur qui écoute.
Et puis… Je ne vous ai jamais collé de prière, ici, en six ans. Mais va falloir vous y faire, parce que ça risque de me reprendre l’an prochain, à la même période, et peut-être l’année d’après encore. Celle-ci, elle était page 22. Elle nous a été lue dans une petite église. Elle est sans histoires. Je suis reparti avec.
Seigneur, apprends-moi l’art des petits pas.
Je ne demande pas de miracles ni de visions,
Mais je demande la force pour le quotidien !
Rends-moi attentif et inventif pour saisir
Au bon moment les connaissances et expériences
Qui me touchent particulièrement.
Affermis mes choix
Dans la répartition de mon temps.
Donne-moi de sentir ce qui est essentiel
Et ce qui est secondaire.
Je demande la force, la maîtrise de soi et la mesure,
Que je ne me laisse pas emporter par la vie,
Mais que j’organise avec sagesse
Le déroulement de la journée.
Aide-moi à faire face aussi bien que possible
A l’immédiat et à reconnaître l’heure présente
Comme la plus importante.
Donne-moi de reconnaître avec lucidité
Que la vie s’accompagne de difficultés, d’échecs,
Qui sont occasions de croître et de mûrir.
Fais de moi un homme capable de rejoindre
Ceux qui gisent au fond.
Donne-moi non pas ce que je souhaite,
Mais ce dont j’ai besoin.
Apprends-moi l’art des petits pas !
- in Les mots-clés de la Bible [↩]
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Merci pour ce partage. J’y retrouve bien ce sentiment connu du retraitant de s »élever au-dessus des tribulations du quotidien, et cette crainte de l’inévitable retour, qu’on retarde autant qu’on peut. Le reste, l’essentiel, t’appartient tout entier.
Merci pour cette réflexion et cette prière. Ah la semaine qui suit…. si cruciale (dans le monde sans être du monde…)
Ta méditation me rappelle un petit bouquin qui a été un des tous premiers livres dans ma découverte de l’oraison : « Un cœur qui écoute » de Sr Jeanne d’Arc , qui propose un parcours pour entrer progressivement et pleinement dans cette écoute, au travers d’une approche réaliste du « faire silence ». Je te le conseille (format idéal de chapitres pour lire dans le Rer^^) > http://www.laprocure.com/livres/jeanne-arc-dominicaine/un-coeur-qui-ecoute_9782864953173.html
Bien à toi. Emmanuel
Voilà qui repose du clito, de DSK, et de tout le reste. Merci.
Amen.
Comment une âme aussi imparfaite que la mienne peut-elle aspirer à posséder la plénitude de l’Amour ? Ô Jésus ! mon premier, mon seul Ami, toi que j’aime uniquement, dis-moi quel est ce mystère ? Pourquoi ne réserves-tu pas ces immenses aspirations aux grandes âmes, aux Aigles qui planent dans les hauteurs ?… Ste Thérèse de l’EJ, lettre à sœur Marie.
Ah ! ces aigles qui fondent sur les vieilles buses…
Merci ! on n’a même plus besoin de pèleriner pour être enseigné 🙂
Dans la liste des chants tu cites « couronnée d’étoiles » et par ailleurs tu évoqes au début de ce billet l’actualité à Monaco…
curieuse coincidence puisqu’on a pu voir et entendre une belle interprétation de ce chant lors du mariage princier
En beaucoup moins sérieux:
http://journaldeclasse.over-blog.com/article-du-luxe-1-78796572.html
http://journaldeclasse.over-blog.com/article-du-luxe-2-78796759.html
Billet sympa qui donne envie d’aller faire un pélé !
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Très belle méditation. Un peu d’oxygène…………….!
@ manutop : j’ai croisé cette référence en préparant mon topo. Peut-être le signe qu’il faudrait vraiment que je l’achète…
@ charlyescp : j’avoue qu’en rentrant, en entendant que ce chant avait été pris et avait suscité une certaine émotion, ça m’a fait sourire. J’ai souri encore plus en apprenant que Geneviève de Fontenay l’aurait attribué à Hugues Aufray.
Merci Koz pour cette oasis de fraîcheur dans ma journée chargée.
J’ai beaucoup pensé à vous pendant ce court pèlerinage, et vous ai envié de pouvoir vous libérer facilement, cette année ce fut difficile, mais je ne désespère pas pas de le faire dans une ou deux années quand mes 3 enfants seront un peu plus grands.
Et hop ce soir lecture de l’homélie du pape Benoît XVI, esplanade des Invalides que vous citez dans votre billet.
Pourquoi ne pas scanner le petit livret qu’on vous a remis et le mettre à disposition, un ersatz pour ceux qui n’ont pu être là.
Vous avez la foi, vous ! Scanner le livret, vous en avez de bonnes : il fait plus de 100 pages (cf. la photo). Mais soit, si je mets la main sur le doc au format word, je le mettrai en ligne.
L’approche est intéressante, cela étant, moi qui suis un catholique contrarié, je pense que la religion n’est qu’un moyen pour atteindre ce que vous évoquez !
Après, le coté dogmatique me gêne et je pense qu’il y a d’autre moyen d’atteindre la Lumière.
Mais la tolérance ne suppose-t’elle pas de composer avec la démarche de chacun ? (vaste utopie)
La tolérance n’est pas ma tasse de thé. Comme me le disait un prêtre lorsque j’étais jeune, on lui préférera le respect. Tout le monde a la tolérance aux lèvres, mais tolérer les idées des autres, ce n’est pas une grande preuve d’ouverture… Ceci mis à part, oui bien sûr, sous quelques réserves de principe, la démarche de chacun est respectable.
Par ailleurs, en la matière, je ne revendique pas d’exclusivité pour le christianisme / le catholicisme. Mais il ne s’agit pas uniquement de couper les ponts. Cela effectivement, on peut le faire avec un bon trekking dans les Cévennes. On coupe les ponts… pour renouer le contact. J’ai un peu de mal, par pudeur, et parce que contrairement aux apparences, ma foi n’est pas toujours très affermie, à dire « renouer le contact avec Dieu », mais c’est l’objectif.
Et là où, sans revendiquer non plus une exclusivité pour le catholicisme / le christianisme, je note une spécificité, c’est dans la mise en avant du tout-petit, du pauvre, du pauvre de coeur, du faible.
Chacun sa démarche certes, mais la foi n’est pas qu’une méthode de développement personnel. Tant mieux, évidemment, si elle y contribue.
je l’attendais un peu, ce billet, j’avoues, ne serait-ce que parce que j’ai aussi fait partie de ces 850 papas de Vézelay…et parce qu’il y eut des moments intimes et des instants de grâce, mais aussi des temps tout simplement grandioses, que maintenant c’est fini, mais que ça dure encore, il y a ce trésor en nous, et qu’il faudra bien que ça nous dure encore un an. D’entendre dans la basilique 850 voix d’hommes chanter « nous sommes le corps du Christ… » était émouvant et fait toucher du doigt ce que peuvent beaucoup s’ils sont unis, marcher dans les chemins creux des collines de Bourgogne était fatiguant, et plus encore le voisin qui, la nuit, se met à ronfler…déposer nos intentions aux pieds de Saint-Joseph était…je ne sais pas, je n’ai pas de mots pour cela.
Le carnet de pélerinage est d’une grande richesse, de textes divers, et dans le tas, il y en a au moins un qui nous touche profondément, d’autres moins, mais ils sont tous à lire. Merci à Koztoujours de nous en faire partager un petit bout.
Je ne sais plus si c’est Montaigne ou Goethe qui disait que la tolérance est un premier pas vers le respect, en tous les cas c’est une vertu qui, je pense, ne se décrête pas à l’envie mais se travaille. C’est la raison pour laquelle j’employais plus modestement ce terme de tolérance, même si et j’en conviens parfaitement, on l’utilise à tort et à travers mais pas forcément plus que la notion de respect dont la signification plus profonde parle encore moins à la plupart des gens il me semble.
Je n’insinuais pas non plus que la foi n’était qu »une méthode de développement personnel. Encore que faut’il qualifier ce que l’on entend par développement personnel. On peut tout à fait envisager une certaine philosphie de la vie, travailler sur soit même pour devenir « meilleur » sans pour autant que la religion en soit un passage obligé.
Mon avis sur ce point est que la foi n’est pas définissable puisque propre à chacun et en même elle peut être universelle. Pour cette raison, je reste prudent et me garderais bien de toute affirmation.
Cela étant posé, ce n’est pas tant la foi que je remettais en question mais plutôt ce qui l’entoure…Enfin ceci reste et restera un débat sans fin tant qu’l y aura de la foi…
Merci Koz !
Dimanche dernier, à Vézelay comme dans toutes les églises de la terre, pour la première fois depuis de longs mois pour l’eucharistie dominicale, les célébrants étaient vêtus de vert, couleur du temps ordinaire… et belle harmonie avec les prairies des vallons de nos marches ! Comme si le temps liturgique s’accordait précisément à notre temps spirituel. Il s’agissait bien de nous dire, après l’or des champs et des chasubles du samedi soir, qu’était venu le moment de reprendre le cours de notre vie. Non pas comme un évènement « ordinaire », banal, mais parce qu’ordonné à la grâce qui nous a porté pendant ces jours et ces nuits. Nous avons trouvé à la fois joies et pleurs, force et tendresse dans nos partages comme dans nos chants, dans le soleil brûlant des plateaux comme dans l’ombre fraiche des futaies ou celle des chapelles.
De la même façon, il nous est possible maintenant de nous exercer jour après jour, dans une relecture patiente et une remise de nos vies, à chercher à trouver Dieu en tout. Courage, il nous précède dans nos Galilées et il donne ce que nous lui demandons en vérité, la Sagesse à Salomon et à nous, pèlerins, la patience pour un an !
Quel bonheur d’avoir marché à nouveau sur les routes de Bourgogne cette année!!!
Ton topo vient enrichir tous ceux reçus en trois jours…
Une des nombreuses Grâces reçues le we dernier est d’avoir pu vivre la messe et la veillée du samedi soir en tant que servant d’autel… plutôt fort de se retrouver parmi ses 25 prêtres et entouré de plus de 800 pères pendant la procession!!!!
Pour info, nous organisons à Chatou (« Canal historique ») un rdv des pères de famille les 1ers lundi du mois. Si l’envie te prends de t’y joindre à la rentrée… fais le moi savoir et je te communiquerai les infos.
bien amicalement
Je ne comprends pas bien la remarque sur la tolérance qui pour moi diffère du respect. Je tolère des idées, des croyances, des comportements parce que j’arrive à les expliquer, à comprendre pourquoi telle personne les adopte. Pour autant je n’accorde pas nécessairement du respect. Peut-être le devrais-je. Le plus souvent c’est l’engagement de la personne pour ses idées quelles qu’elles soient qui m’inspire du respect.
lacouale a écrit : :
Si ça n’est pas uniquement catovien (d’ailleurs, j’y songe, mais je ne suis surement pas le premier, c’est une invitation, ça : catho, viens), volontiers. Je ne savais pas que vous le faisiez, mais nous avons un dîner de debrief lundi prochain et j’avais envie de proposer que l’on anime un peu l’année également sur notre chapitre.
@ Hervé : cela dépend peut-être de ce que l’on place derrière le respect. Si tu entends par là une forme de soumission, ou d’admiration, ce n’est pas le cas. Mais à mon sens, cela va au-delà de la tolérance. Pour moi, cette idée de tolérance est assez révélatrice de l’individualisme de notre société : c’est un peu le « chacun fait c’qu’il veut avec ses fesses ». Soit, il ne faut pas s’immiscer systématiquement dans la vie des autres, mais sans être de l’immixtion, cela peut être aussi de la sollicitude, ou le fait simplement que les autres ne nous soient pas indifférents. Je vois dans le respect une attitude plus fraternelle, en fin de compte, qui ne tait pas les désaccords mais s’implique dans la relation à l’autre.
Cela étant, cela relève peut-être de ma définition personnelle. Je ne suis pas certain qu’il y ait une définition unique de la notion de respect, voire de la bonne attitude de respect.
Bertrand Burg a écrit : :
Vrai, même si cela m’a davantage touché l’an dernier. Après ces semaines très bousculées sur le scandale des actes pédophiles dans l’Eglise, voir 800 bonshommes prêts à le chanter en procession. Je me suis dit qu’après tout, l’Eglise avait commencé avec peu de monde, mais s’il y en avait déjà 800 motivés, c’était une belle chose.
Cette année, et c’est un autre pèlerin qui m’a fait m’en souvenir, c’est le Notre Père chanté qui m’a marqué. Il y avait vraiment de la ferveur et de la communion dans ce Notre Père.
merci encore Koz pour ce message qui contribue à alimenter notre réflexion sur l’équilibre dans notre temps et notre chemin vers la sainteté, entre étude, prière, amour et…le reste !
A cet égard, je vous encourage à lire le commentaire du jour de St Bonaventure, disponible sur EAQ (toujours une bonne lecture, entre nous soit dit !).
Bonne journée
Quand on définit la tolérance négativement, comme le refus de l’intolérance, on peut s’approcher en effet du respect (qu’on doit bien aux hommes et non aux idées). Quand on la définit positivement, elle est plus sûrement chemin vers l’indifférence, ce qui est parfois pire que l’intolérance. Sans doute que le mot qu’on cherche est plutôt « charité » – dans son sens premier c-à-d la caritas – indissociable de la vérité.
Sinon je n’ai pas bien saisi en quoi la soif de savoir est un obstacle : c’est bien aussi une sorte de soif de savoir qui pousse l’homme à chercher et à connaître Dieu, et éventuellement à faire des pélés. B XVI doit faire une allusion qui m’échappe ici.
Une pensée pour les mères de famille qui vous attendaient sagement avec vos enfants … sages !
Ceci étant dit, 800 bonshommes chantant « Nous sommes le corps du Christ » cela devait avoir de la gueule !
N…
Courtlaïus a écrit : :
Comme je l’ai écrit, je n’imagine pas que Benoît XVI discrédite la connaissance. Il est un théologien, un professeur, un intellectuel. En revanche, je le comprends comme signifiant que la recherche effrénée de connaissance, de savoir est aussi un obstacle à la connaissance de Dieu. Il ne faut pas oublier qu’il parle ici des idoles : l’avoir, l’argent et le savoir ne sont pas des mots en eux-mêmes, mais ils ne doivent pas être idolâtrés. Or, si nul ne contestera que la soif de l’argent est critiquable, la soif du savoir est généralement bien vue. Il ne me semble pas inutile de souligner qu’elle aussi peut avoir à trouver sa limite.
azerty a écrit : :
Ah les féministes, faut toujours qu’elles ramènent les bonnes femmes dans le débat. Bon, hé, 1 mois avant, ce sont les mères de famille qui partaient trois jours en pélé…
Pour le mot tolérance, je m’en tien à la définition qu’en donne le Larousse : Disposition à admettre chez les autres des manières de penser, d’agir, des sentiments différents des nôtres. Citation : « Dans la vie sociale la vertu la plus utile est la tolérance ».
Est-ce qu’une telle disposition conduit à l’indifférence, à l’individualisme ? Pour moi, pas nécessairement, un individu curieux peut tout en le tolérant, s’intéresser à l’autre et lui faire valoir s’il en a envie sa différence.
Bonsoir,
je suis ravi que tu aies passé quelques jours heureux. J’aimerais discuter un peu de la soif de savoir. Pour moi, certains savoirs ne sont pas fertiles. Le côté culture encyclopédique à la « Question pour un Champion » me semble complètement stérile. D’autant que la culture est parfois un « rattrapage social » pour ceux qui ont raté la compétition principale de notre société, celle de la réussite financière et sociale. Je préfère souvent la compagnie d’un vrai marchand, à celle, à mon avis encore plus agressive et vaine, de certains érudits.
Par contre, le savoir est aussi fécond. C’est celui qui nous permet d’avoir une vie matérielle meilleure, de trouver des solutions aux limites de notre condition d’homme. Le savoir n’est pas la seule chose qui fait de nous autre chose que des animaux, mais par rapport aux arts et aux religion, le savoir technique a l’avantage d’une certaine honnêteté et d’une certaine objectivité.
Joyeux Acier a écrit : :
Vaste sujet, déjà il faudrait définir ce qu’on appelle « savoir ». Mais en tous cas le savoir particulier que chacun poursuit relève toujours d’un choix et d’une certaine vision du monde. Le fait même que vous considériez que le savoir technique repousse « les limites de notre condition d’homme » en est une bonne illustration. L’avancée humaine d’une civilisation est-elle représentée par son avancée technologique ?
Yogui a écrit : :
Bonjour Yogui,
c’est une question intéressante. L’avancée technologique définit d’abord dans une large mesure la capacité qu’a une civilisation à se défendre sur le plan militaire, et donc, en fin de compte, à survivre libre, et à rester maitre de ses choix. Ainsi, même si les Etats-Unis peuvent perdre une guerre « à l’extérieur », où la technologie est compensée par la volonté de se battre de ceux qui défendent leur territoire, personne ne songe à envahir leur pays.
L’avancée technologique est aussi un bon indicateur de développement humain, car il faut une certaine prospérité, une certaine liberté, et une organisation d’une certaine efficacité pour mener à bien les grands projets de recherche et de développement. Aucune nouvelle technique ne sortira du Zimbabwe ou de Somalie en ce moment, et c’est un bon symptôme du malaise de ses sociétés.
Certes, vous me direz que l’Union Soviétique a fait des progrès technologiques, mais ceux-ci étaient d’abord un peu en « trompe l’oeil », présents surtout dans les domaines de l’aérospatial. L’Union Soviétique fabriquait ainsi toutes ses automobiles sous licence FIAT, ce qui est beaucoup moins impressionnant que Spoutnik. Et puis l’Union Soviétique des années 50 aux années 70 n’était pas le pire des états, même si il était fragile et instable. Je pense que l’on pouvait assez favorablement le comparer au Brésil oui à l’Afrique du Sud de la même époque de la même époque par exemple.
Pour le reste, il y a à mon avis trois facteurs qui définissent l’avancement d’une société: le système politique, le culturel et religieux, et les capacités technologiques. Le système religieux est pour moi utile pour ses rites, et pour la « morale » qu’il « impose » à la population, même si la capacité de manipulation du clergé compense parfois ces avantages. J’ai l’impression par contre que les gains apportés atteignent assez vite un « plateau »: je ne vois pas beaucoup plus de bénéfices à une religion très élaborée comme le christianisme par rapport à une religion beaucoup plus simple comme le Shinto (l’animisme japonais). J’ai aussi l’impression que le civisme, cette religion laïque, apporte à peu près les mêmes avantages.
J’ai un peu l’impression que l’on peut dire la même chose de la politique, qui progresse assez peu. Le concept majeur le plus récent est celui de la sécurité sociale, qui date du 19è siècle (Bismark et les sociétés mutualistes ouvrières). On peut aussi mentionner le vote des femmes comme innovation récente, mais j’ai l’impression que les choses progressent peu, et régressent souvent.
En comparaison, j’ai l’impression que les techniques sont loin d’avoir encore atteint leur potentiel maximum. Ces dernières nous permettent d' »augmenter » nos capacités physiques: l’écriture (dont dépendent la plupart des religions) ou google suppléent à notre mémoire, les voitures et les avions suppléent à nos jambes peu efficaces, la médecine permet de réduire toutes les fragilités de notre corps. L’agriculture permet de limiter notre impact dévastateur sur l’environnement….
Joyeux Acier a écrit :
« Ces dernières nous permettent d’ »augmenter » nos capacités physiques »
Dans la revue Etudes (juin 2011), Jean-Michel Besnier (auteur notamment de « Demain
les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? ») a écrit un article très intéressant intitulé « Les nouvelles technologies vont-elles réinventer l’homme ?
Votre commentaire me fait penser aux promoteurs du posthumanisme (ou transhumanisme) que Jean-Michel Besnier dénonce justement. Ce courant de pensée développe des programmes financés par Google et la NASA (l’Institut de la Singularité). Cela fait réfléchir.
Extraits de l’article :
« Il n’est plus temps de se le dissimuler : les technologies nouvelles ne nous simplifient plus la vie, elles simplifient jusqu’à la caricature nos comportements et nos pensées de telle sorte qu’elles nous réduisent à l’élémentaire : simple destinataire d’un serveur vocal, simple usager d’une automobile devenue une boîte noire répondant à des commandes automatiques, simple scripteur sur des traitements de texte prenant de plus en plus d’initiative dans la rédaction de nos courriers ; nous sommes invités à nous dépouiller des éléments de complexité et d’intériorité qui nous donnaient à penser que nous étions autre chose que des machines.
[…]
Comment faire en sorte d’échapper à ce que nous sommes, en mobilisant ce que nous sommes parvenus à obtenir de nos techniques ? C’est la question-programme des transhumanistes dont les divers Manifestes apparaissent, on l’a dit, au service d’un Humanisme amplifié – le H+ –, alors qu’en réalité ils révèlent leur intolérance à l’humanité en nous. En ce sens, la cyborgisation est présentée comme la formule de transition vers la réalisation de la fusion de l’homme avec la machine qui pourrait faire triompher un posthumain. Quelques scénarios sont déjà soumis au désir d’éternité de nos contemporains, au nombre desquels figure en général l’uploading, c’est-à-dire l’ambition de télécharger le contenu du cerveau sur des matériaux inaltérables (par exemple des puces de silicium) susceptibles d’être implantés à volonté sur d’autres corps ou dispositifs. La mort ne consisterait, dans ce scénario, que dans la décision de débrancher le logiciel réceptacle du contenu de la conscience, laquelle – comme on l’objectera – est abusivement identifiée à la modélisation du cerveau.
« Augmenter » ses capacités physiques grâce aux technologies ne manque pas de poser quelques questions qu’il vaudrait mieux ne pas éluder : le rapport au corps en particulier.
Jib a écrit : :
Bonjour Jib,
l’article que vous proposez mélange un peu tout et n’importe quoi. Dans le n’importe quoi, il y a l’histoire du traitement de texte. Si celui-ci me propose parfois (en encore) de terminer mes mots, et de corriger quelques erreurs de syntaxe, je n’ai pas l’impression que ce dernier pense pour moi. Et je n’ai pas du tout envie de revenir à l’époque de la machine à écrire où une simple rature nécessite de retaper toute la page. Quand à l’histoire du download du contenu du cerveau, c’est pour l’instant de la pure science fiction. Je ne parle pas de l’ABS de ma voiture: le dérapage lors d’un freinage sous la pluie et le carton que cela engendre parfois serait il nécessaire à la condition d’humain ? Bref, tout ceci me semble assez à côté de la plaque.
La plupart des technologies, sans être du cyborg, et tout en respectant notre intégrité corporelle, augmentent nos capacités physiques. Rien que monter sur un vélo, ou écrire son journal intime, c’est utiliser des technologies pour pallier à ses capacités physiques (mémoire, vitesse).
pfffffffffff…………………
Elle est belle cette prière, je te la pique. Je la trouve particulièrement bien adaptée au monde politique, faire des petits pas sans grande révolution, ne pas imaginer tout changer dans le bruit et le fracas, faire des petits pas dans le silence de son cœur, de ses décisions. Je la trouve finalement eminament politique cette prière ! 😉
@ CyrilleF : il faudrait peut-être dans ce cas ajouter à la prière une dimension sur le « deux pas en avant, trois pas en arrière », et le retour à la case départ etc…
@ Joyeux Acier : à mon sens l’avancée technologique ne modifie l’Homme qu’à la marge. Je reprends quelques versets du livre de Ben Sirac le Sage, quelques enseignements du Christ, et même au-delà, et j’ai tendance à penser que l’Homme est resté profondément le même en trois mille ans, quels que soient les progrès techniques. Il fait face aux mêmes questionnements, qu’il affronte plus ou moins bien. Mais si le critère est, de fait, la Fin Véritable, le sens, je ne vois pas bien l’aide que m’apporte fondamentalement la technologie. J’ai tendance à penser que certains Hommes, tenus à l’écart de ce « progrès technologique » (qu’il s’agisse d’autres civilisations, de philosophes, de prêtres ou de moines), sont bien plus près de l’essentiel que nombre de ceux qui en usent à plein.
Koz a écrit : :
En effet, » vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux », on a déjà donné 🙂 Saint Augustin reprochait aussi aux académiciens leur aveuglement – mais c’est un aveuglement d’orgueil, non à cause de la science elle-même : c’est-à-dire qu’ils avaient une connaissance assez juste de ce qu’Augustin appelait la Patrie (le Christ Dieu), mais aucune de la voie pour y parvenir qui est celle de l’humilité (le Christ Homme) cf par ex Sermon 123, 3, 3.
Francis Bacon (et Pasteur aussi apparemment) disait en revanche, en version raccourcie, « un peu de science incline à l’athéisme, beaucoup de science ramène l’homme à la religion » – mais il était pas pape…
Plutôt que de soif, il me semble que tout dépend plutôt, en ce qui concerne le savoir, de l’option philosophique choisie – ce qui rejoindrait le propos de Yogui plus haut. Il y a de grands scientifiques chrétiens, et leurs équivalents athées. Donc ce n’est pas le savoir qui est obstacle (puisque on pourrait affirmer que les deux catégories sont animées d’une soif de savoir), mais les options philosophiques premières des uns et des autres. Autre chose ce qui conduit à adopter telle ou telle option. Mais tandis que la soif de richesse ou de pouvoir mécaniquement éloigne de Dieu (on ne peut servir deux maîtres à la fois), il me semble que la soif de savoir est d’une autre nature et qu’à elle seule elle n’éloigne pas obligatoirement de Dieu.
C’est du reste une position du magistère toujours réaffirmée:
« La même sainte Mère Église tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées » – Dei Filius ; qu’on retrouve dans Fides & Ratio etc.
Koz a écrit : :
Tout dépend ici de la place laissée à la marge. Un oeil bionique ne changera fondamentalement pas grand chose à l’homme. En revanche quand on manipule les ADN, qu’on cherche à le mélanger à d’autres espèces d’animaux, c’est une toute autre marge…
Hervé a écrit : :
Y compris donc quand il faut tolérer l’intolérable. On voit bien la limite de cette notion, puisqu’elle produit un effet inverse poussé à un certain terme. La tolérance ne peut donc être une valeur absolue. Il n’en va pas de même pour la charité, ce qui en fait une valeur infiniment supérieure.
@ Koz:
« Tout commence en ce monde et finit ailleurs. » (Victor Hugo, Les chants du crépuscule, Journal La Croix du lundi 4 juillet 2011, page 26)
Koz a écrit : :
Bonsoir Koz,
il n’y a qu’à lire « Les caractères », que ce soit la version de Labruyère ou la version de Théophraste pour s’apercevoir que les caractères des hommes sont restées principalement les mêmes. Plus près de nous, j’utilise quelques livres sur les relations entre entreprises écrits par des américains du début du siècle (Dale Carneggie…), et tout est a peu près réutilisable. Il suffit de remplacer télégramme par « e-mail ».
Toutefois, la différence, c’est que la majorité de la population peut maintenant vivre une vie d’honnête homme (faire des études, ne pas tout le temps penser à survivre…), alors qu’il s’agissait d’une infime élite autrefois.
Le sens et la fin véritable ne sont pas vraiment ma spécialité, mais j’ai l’impression que notre monde contemporain offre plus d’opportunités de s’épanouir dans les « arts et métiers » que les siècles précédent.
Joyeux Acier a écrit : :
C’est exactement mon point. Pour toutes les sociétés où le savoir technique et/ou la structure sociale permet de libérer du temps et des ressources, la question se pose de savoir que faire de ce temps et de ces ressources, et à quelle fin.
Une part de ce temps libérée par le savoir technique peut être consacrée à « faire des études » comme vous le suggérez, ou à jouer, ou à aider son prochain, ou à prier, ou à développer plus de savoir technique encore, mais au risque alors me semble-t-il d’entrer dans une sorte de spirale aveugle et auto-alimentée. Quoiqu’il en soit l’utilisation que vous faites de ce temps me paraît révéler, volontairement ou non, consciemment ou non, l’idée que vous vous faites de la condition d’homme.
Yogui a écrit : :
Bonjour Yogui,
le savoir technique est pour moi un investissement sur le futur. Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles on doit continuer à investir.
D’abord, le travail de donner à tous les habitants de la planète une condition d’ « honnête homme » est loin d’être achevé, surtout si l’on souhaite faire cela dans le respect de l’environnement. De plus, les technologies « s’usent » : le meilleur exemple est la recherche médicale, ou souvent, après un certain temps, un médicament n’est plus efficace (les bactéries deviennent résistantes…).
Je pense aussi que l’humanité doit entretenir sa capacité à la recherche du savoir technique pour rester en bonne santé mentale (l’équivalent du jogging hebdomadaire pour garder la forme). La recherche et le développement de savoir technique ont, par leur « objectivité » peu d’équivalents pour cultiver à la fois nos capacités intellectuelles et nos capacités à travailler en groupe.
Evidemment, comme toute entreprise le sait, il faut consacrer une somme raisonnable à l’investissement, et on peut trop en faire: il semble que dans nos sociétés, les investissements en recherche et développement représentent de 3 à 5% de notre PIB, et donc de notre temps, ce qui n’est pas tant que cela. Nous sommes plus une société des loisirs qu’une société de recherche.
Après, je pense qu’il faut apprendre à utiliser ce temps libre et ces ressources. je pense que cela prend un peu de temps: cela ne fait que 50 à 60 ans en France que nous avons un mode de vie moderne, tous nos usages ne sont donc pas encore stabilisés. Mais je suis plutôt optimiste, la société dispose de nombreux mécanismes de régulations qui obligent à bien utiliser son temps libre, en particulier les diverses pressions sociales, dans l’entreprise, dans les relations homme-femme, dans la famille. Par exemple, un « geek » (comportement probablement pas idéal) n’est pas très bien vu. Je l’ai un peu été, et je sais que c’est la pression sociale qui m’a poussé à mieux occuper mes loisirs.
Joyeux Acier a écrit : :
Une entreprise investit en vue de mieux assurer sa finalité, qui est de dégager un profit pour ses actionnaires. L’humanité investit dans le savoir technique en vue de … ?
Et selon cette « finalité », notre niveau d’investissement actuel dans le savoir technique par rapport à d’autres activités est-il le bon ? Ces questions valent aussi au niveau de l’individu.
Yogui a écrit : :
En tout cas, avec 3 à 5% de nos ressources dépensés à développer les arts et les techniques, ce qui est sûr, c’est que réduire le montant dépensé actuellement ne changera pas grand chose à nos modes de vie.
Après, la finalité, tu peux réfléchir dessus si cela te fait plaisir. Mais cela fait 10.000 ans que l’on cherche sans beaucoup de réponses convaincantes, et beaucoup en sont morts fou de trop chercher. Alors, je préfère personnellement aller faire une petite partie de pétanque à l’ombre des platanes avec les copains en échangeant les derniers potins, au moins, c’est un bonheur gratuit qui n’a pas d’arrière goût.
Joyeux Acier a écrit : :
La question n’est pas tant le montant que la finalité de ces dépenses. Visent-elles à développer la connaissance pure (puisqu’elles incluent la recherche fondamentale, que l’on pourrait considérer comme une fin en soi), ou à développer des boules de pétanque plus performantes (finalité de loisirs), ou la recherche médicale, ou la recherche en économie politique en vue de bâtir des systèmes plus égalitaires, ou plus élitistes, etc … La fin ne saurait se confondre avec les moyens.
Enfin, même si « le sens et la fin véritable ne sont pas vraiment [votre] spécialité », vous avez tout de même, volontairement ou non, consciemment ou non, apporté votre propre réponse à la question : la finalité d’une vie humaine est de faire une petite partie de pétanque à l’ombre des platanes avec les copains en échangeant les derniers potins. Vous voyez que vous y arrivez ! 😉
Entièrement d’accord pour la pétanque ! à coté de l’interrogation sur la finalité, on pourrait constater que depuis qu’on se conçoit comme humains, on cherche tous azimuts, dans tous les domaines. Comme si la vie cherchait à investir l’univers !
Et cet effort de recherche, c’est une nécessité (au niveau de l’individu et de l’entreprise ; pour l’humanité, je ne sais pas réfléchir, à cet ordre de grandeur) : une recherche technique en entreprise, éclairée et accompagnée par une recherche de sagesse personnelle, voilà qui devrait nous permettre (et à l’humanité) d’aborder les défis qui se présentent devant nous ?
On cherche sans beaucoup de réponses convaincantes ? ah non ! on découvre tellement de choses qu’on ne s’en aperçoit plus, et qu’on est blasés : il y a quelques années, une équipe française a découvert l’effet « magnétorésistif géant » : la capacité de nos disques durs en a atteint des valeurs gigantesques, personne n’a vu le changement, ni ne connaît le Français découvreur
Joyeux Acier a écrit : :
Mieux vaut prendre son temps pour y réfléchir tandis qu’on est vivant, plutôt que de bâcler cet exercice à l’arrache sur un lit de mort. Comme dit l’ecclésiaste, il y a un temps pour tout : un temps pour la pétanque avec les copains, et un temps pour réfléchir à sa condition.
Hevel havalim…
Yogui a écrit : :
Bonjour,
pour préciser un peu, j’ai l’impression que la discussion sur la finalité ne va pas très loin. Une fois que l’on s’est souhaité une vie agréable (la pétanque), avec l’estime de ses pairs (les copains), et peut-être pour ceux qui le peuvent de mettre une petite pierre à l’édifice collectif qu’est la civilisation (les ragots … euh non), on a fait selon moi le tour.
Il ne reste plus qu’à souhaiter de trouver un « baume » adapté pour supporter le fait désagréable que nous mourrons car il faut laisser de la place sur terre pour essayer d’autres combinaisons génétiques de notre espèce. Il existe plusieurs « baumes », dont les religions: sur ce dernier point, j’ai l’impression que les religions simples (par exemple le shinto, où le mort devient un fantôme qui habite la maison, et que la famille « nourrit ») ont à peu près la même efficacité que les religions très élaborées.
» L’essentiel d’une vie c’est d’apprendre à la quitter ». ( Monseigneur Jean Marie Lustiger )
http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/mgr-jean-marie-lustiger-quand-un-25927
jfsadys/andrélugardon/voixdegauche. a écrit : :
Là, je ne suis pas vraiment d’accord. Apprendre à quitter la vie n’est pas une activité spécialement féconde. L’idéal, c’est à mon avis d’y consacrer le moins de temps possible.
@ Joyeux Acier:
Peut-être que nous n’avons pas le même âge et sans doute le même parcours. A vingt ans cette phrase m’aurait profondément agacé et révolté. Aujourd’hui je la lis de la manière suivante: il ne te reste plus tant de temps que ça à vivre, penses-y et va à l’essentiel.Sur le fond mon sentiment actuel est que si nous pensions un petit peu chaque jour à notre fin prochaine sans en faire un principe dépressif nous nous compliquerions moins la vie. Mais j’accepte votre remarque et le point de vue qu’elle exprime. Merci de votre commentaire.