C’est bien pratique, le premier dossier en jeu porte précisément ce nom: Urgences. Pour elles, il n’y a plus de signaux d’alarme à tirer. Ils l’ont tous été, depuis des années, ils n’en restent plus un. La question est maintenant radicale : tiendront-elles, cet été ? Certains pensent qu’il y aura des morts. Peut-être éviterons-nous cette crise mais si les Urgences tiennent, ce sera encore au prix du sacrifice des soignants. Le sacrifice ne peut pas être permanent. Or ces soignants, par définition, sont ceux qui prennent soin de nous le jour où nous sommes abimés, vulnérables. Voulons-nous être soignés par des hommes et des femmes usés jusqu’à l’os ?
Emmanuel Macron a annoncé une « mission flash » pour les Urgences. Flash, comme les promos chez Leclerc. Flash, parce que ça va bien avec urgence. Mais quelle mission faut-il encore mener ? Quel diagnostic, quelle évaluation ? Tout est connu, documenté. Et c’est ainsi sur bien des sujets. Emmanuel Macron est le premier président réélu depuis 20 ans. Le pays le connaît, il connaît le pays. Le temps n’est plus à l’observation et les artifices de communication ont fait long feu. On se moque de savoir que Jupiter annonce se faire Héphaïstos. On se fiche qu’une structure de plus, ce Conseil national de la refondation, voie le jour.
On ne compte plus les services publics au bord de la rupture, sans que l’on comprenne bien pourquoi notre France, 7ème puissance économique, n’est plus en mesure de garantir ce qu’elle offrait hier. La dématérialisation censée faciliter la vie des Français, allège celle des plus introduits, toujours les mêmes, tandis que les autres cherchent désespérément à qui parler. Dans le village du Jura où j’ai mes habitudes, 1.300 âmes tout de même et en augmentation, il n’y a plus de médecin, et la Poste n’ouvre plus que le matin. Ce ne sont certes plus des services publics mais, pour tout un chacun, l’impression est la même. Faut-il ajouter l’Education Nationale qui, en panne d’enseignants, s’est rendue célèbre en lançant un recrutement par job-dating ? Ou la Justice, qui a crié son mal-être jusqu’au sommet tant le manque de moyens l’empêche de mener sa mission dans toute sa noblesse ?
Oui, le pays est aux Urgences. Les plus agiles s’en sortent, les autres ressentent amèrement l’angoisse du déclassement. Si l’Etat n’assure pas ses missions, au-delà des dégâts sur les patients, les justiciables, les élèves, l’accident démocratique toujours redouté chaque fois repoussé, surviendra.
Chronique du 8 juin 2022
Photo by camilo jimenez on Unsplash
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Hé oui. Constat amer mais réel. Nos enfants, des quadrats dont la vie professionnelle tient la route, : artistes, chercheurs, pédagogue, et parents, en appellent à la rue ! La fracture est profonde…
La faute à l’ Europe mais pas que, notre faute a tous qui ne sommes pas capables d’ aider son voisin mais celui que l’ on ne voit pas. De cacher derrières des mesures comptables des décisions politiques.
La science, la démocratie ; tout est fracturée.