Un pouvoir en chute libre

freefall2Pas de triomphalisme. L’UMP peut à raison s’appliquer cette leçon de sagesse tant elle est pour peu de choses dans ce succès électoral, à tout le moins nationalement. De même, je n’y suis pour rien. Pour autant, au diable les précautions oratoires auxquelles seuls sont contraints les responsables politiques. Pour ma part, j’en suis à vérifier s’il y a plus, ou moins, de synonymes à jubilation qu’il y en a à déroute, déculottée, débâcle, défaite.

L’homme qui nous a fait subir tant d’avanies l’an dernier, qui a transformé le pays en camp retranché, divisé comme jamais, qui a méprisé, qui a instrumentalisé la police, subit la plus lourde défaite personnelle depuis, disait Jean-Claude Gaudin, 1947. Alors, oui, la satisfaction est intense.

Certes, la loi Taubira n’était très probablement une préoccupation immédiate des Français à l’heure du vote, et c’est très bien ainsi : ce n’était pas, au moins dans son principe et pour l’immense majorité des Français, un enjeu municipal. En revanche, je ne doute pas d’un effet indirect. Ce long épisode n’a fait que souligner que le pouvoir n’était pas en prise avec le pays, tout le moins au-delà de quelques arrondissements du lectorat étique de Libération. La focalisation « sociétale » n’a fait qu’illustrer la démission économique. Une pierre de plus dans le jardin des politiques et conseillers qui croient à l’efficacité des stratégies de diversion !

Mais ce décrochage du pouvoir s’illustre de bien d’autres manières. Il est maintenant admis que les socialistes ont perdu le vote populaire. C’était assumé dans le fameux rapport de Terra Nova, qui actait crument le divorce, cela se traduit dans les faits. Les Français voient une gauche du Théâtre du Rond-Point des Champs-Elysées qui, épisode aussi anecdotique que symbolique, trouve « dégueulasse » une cuisine à laquelle ils ne goûteront pas. De façon extrêmement révélatrice, les seules villes qui ont résisté à la déferlante sont des villes bourgeoises, privilégiées, dont l’électorat ne pâtit guère des difficultés économiques du pays. Faut-il s’étonner d’un (relatif) vote FN ? Solferino doit-il commander de nouveaux badges ?

Autre illustration de décalage : on souligne encore la fin du « socialisme municipal », que d’aucuns découvrent à cette occasion. Et l’on peut ainsi lire ceci : « C’est tout cela qui brusquement s’écroule. Du jour au lendemain, le Parti socialiste va connaître une hémorragie d’élus et de fonctionnaires que ces élus faisaient vivre« . Toujours dans Le Monde, on lit que cette chute du socialisme municipal laisse « des milliers de militants épuisés, de personnels administratifs sonnés et bientôt désœuvrés« . Que peut-il sortir de bon d’un parti qui abandonne officiellement les « classes populaires », se congratule dans les théâtres parisiens, ne préserve que les sanctuaires bobos, compte une majorité de fonctionnaires parmi ses parlementaires et fait vivre ses militants d’emplois protégés ? Jean-Marc Ayrault disait hier soir, dans une allocution Brejnevienne, comprendre la souffrance des Français. Est-ce bien sûr ? C’est un comble : je vis davantage l’incertitude économique que les politiques socialistes !

Alors, nous attendons le remaniement. En se demandant ce qu’il pourra bien sauver. Car les ministres sont loin d’être les seuls à poser problème. Hollande, « c’est bien [lui] le problème », comme dit l’un de ses amis. Qui donc est suffisamment irresponsable pour annoncer le 14 janvier dernier un « pacte de responsabilité » censé démontrer l’existence d’un cap, d’une vision… sans avoir le moindre commencement de mesure à proposer ? Comment peut-on être inconscient, ou incompétent, au point de promettre 50 milliards d’économies tout en signifiant par le silence qui s’en suit que l’on n’a (ou n’avait en l’annonçant) aucune idée de la façon de les réaliser ? Comment mieux signifier le bricolage ?! Et comment peut-on ignorer la dimension nécessairement anxiogène d’une telle annonce, dont près de trois mois après tout le monde attend de savoir qui va faire les frais ?! Hier soir, de Jean-Vincent Placé à Marine Le Pen, le « pacte de responsabilité » était sous le feu nourri de tous les démagogues.

Alors, qui de l’Inspecteur Derrick de la politique française ou du Luis Mariano de l’Essone pour Premier Ministre ? Nous le saurons assez tôt, et nous aurons tout loisir de gloser en commentaires sur le nouveau gouvernement, mais quelle importance ? Quitte à garder des socialistes, que François Hollande nomme au moins un Pascal Lamy ou Jean-Pierre Jouyet. A la rigueur – notez quel désespoir il faut pour me conduire à envisager une telle hypothèse – Fabius, qui calmera l’aile gauche à laquelle il ne s’est converti que par opportunisme en 2005.

Mais peut-on seulement espérer un changement ? Je le souhaite car nous sommes dans l’impasse et si le politique en moi est goguenard, le citoyen et l’agent économique que je suis sont aussi inquiets qu’impatients.

 

Photo : Stu Seeger


En savoir plus sur Koztoujours

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Billets à peu près similaires

47 commentaires

  • Premier com!
    C’est vrai, les résultats ne sont pas mauvais: seules NKM et fabienne Keller, qui ne cachent pas leur sympathie pour la loi Taubira, n’ont pas été élues.
    Et sinon je signale un article intéressant. Malheureusement, ce qu’il dit est vrai…

  • Sinon, le maire PS de Cherbourg a été réélu. Celui là même qui avait du renoncer à manifester avec la manif pour tous en janvier 2013 à cause des militants de son parti.

  • Oui. J’ai résolu d’être charitable pour NKM et Keller. Je l’ai moins été sur Radio Notre Dame. Je n’ai malheureusement pas le score final NKM / Hidalgo : il semble que l’écart se soit resserré dans la soirée.

    Mais il est vrai que, dans une telle déferlante et alors que des villes symboles historiquement ancrées à gauche sont passées à droite, ne pas réussir à emporter Paris et Strasbourg n’est pas neutre.

    Pour Cherbourg, il faut voir. Je ne pense pas que la loi Taubira ait véritablement marqué l’électeur au moment de voter. Qu’en revanche, le climat entretenu autour de cette loi l’ait fait, c’est bien possible.

  • Quand un parti tient le gouvernement depuis deux ans ou plus, il perd les élections locales. Toujours. Pour moi, il n’y a aucune autre leçon à tirer de ce scrutin. La France n’est pas plus devenue de droite qu’elle n’est passée à gauche aux régionales de 2010. La majorité des gens a voté comme d’habitude, et la minorité capable de changer d’avis, celle qui fait les élections, s’est portée à l’opposé du côté où ça gîte.

    Ce phénomène de balancier illustre surtout l’ampleur des attentes, et donc de la déception, que suscite le pouvoir central.

  • Logopathe a écrit :

    Pour moi, il n’y a aucune autre leçon à tirer de ce scrutin.

    Nope. Ce n’est pas systématique, même si c’est fréquent.
    Pour le reste, c’est l’ampleur de la déroute qui est significative.
    La gauche perd 155 villes de plus de 9.000 habitants (parmi lesquelles des villes symboliques, à gauche depuis un siècle pour certaines). Même la débâche historique de 1983 n’était pas aussi violente.

  • Avec un peu de chance ils vont nous annoncer le nouveau gouvernement demain…le 1er Avril pour continuer à rire!

  • @ Koz:
    Visiblement, cela a pu jouer, puisque l’on évalue que 80% des têtes de liste signataires de la charte ont été élues…

    80% des têtes de liste ayant signé la charte @LaManifPourTous ont été elus. 93% s'ils etaient aussi députés.

    — Louis (@LRonssin) 31 Mars 2014

    Des statistiques plus détaillées seraient les bienvenues (notamment comparativement aux élus non-signataires de la même tendance politique), mais dans l’intervalle, cela constitue tout de même une première bonne nouvelle.

    Par ailleurs, au-delà de la personnalité assez détestable de NKM (cf l’affaire Margain) je suis déçu pour Paris, ville que j’aime et qui se dégrade inexorablement. Ses églises tombent en ruine, ses rues sont les plus sales au monde (à niveau de développement équivalent), sa politique urbanistique est catastrophique (je vous renvoie à ce sujet à la « Tribune de l’art »). Comment espérer que l’ancienne numéro 2 change de politique à ce niveau là. Sans parler de la question des subventions aux associations anti-chrétiennes et de la chasse aux classes moyennes. On ne peut que souhaiter que Paris ne soit pas trop déclassée dans 6 ans, et que la situation soit encore rattrapable.

  • Merci pour cet article!
    Le gouvernement n’a toujours pas compris combien il a humilié les Français en ne les écoutant pas sur les questions sociétales: le vote de protestation s’est donc exprimé dans les urnes hier et à la limite, ce n’est pas mr Ayrault qui devrait être démissionné, mais le président lui-même et s’il ne part pas, qu’il renvoie le plus rapidement possible Peillon, Taubira et surtout, Najat Vallaud-Belcacem!

  • Très bel article merci. A compléter avec l’éditorial de Jean-Pierre Denis dans « La Vie » qui constate l’échec total et apocalyptique de la « gauche sociétale ».

    Par contre, y a un petit problème dans l’article du Monde que vous citez : « si Paris, Lille, Strasbourg et Lyon ont résisté à la vague bleue, les communautés urbaines de Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Marseille semblent bel et bien perdues » (relire si vous voyez pas le problème. A moins qu’il y ait deux métropoles françaises appelées « Lyon ». En outre, la communauté urbaine du Grand Paris est en fait perdue pour la gauche, malgré la défaite de NKM).

  • @Thibaud: dans la première phrase, il est fait mention de la ville de Lyon, tandis que dans la deuxième, il est évoqué la couleur politique de la communauté d’agglomération (grosse ville + banlieue proche) . Suite au changement de majorité de nombreuses villes autour de Lyon, si Lyon (la ville) reste à gauche, la communauté d’agglomération de Lyon va basculer à droite.

  • Claque, chute, débâcle, déroute, débandade, déculottée, fessée, piquette, dégelée, branlée, raclée, volée, rossée, désastre, écroulement, effondrement, faillite, naufrage… Je vous laisse le choix des objectifs jubilatoires : tous sont valables en la circonstance, ne vous privez pas. Je crois que c’est la première victoire électorale de la droite depuis 2007, ça se fête !

    La défaite du PS résulte essentiellement de la non mobilisation ou de l’éparpillement de l’électorat de gauche, en particulier dans les quartiers populaires, les zones périphériques, et chez les jeunes.

    Ce n’est évidemment pas l’électeur qui vote toujours à droite et qui est content de prendre sa revanche sur François Hollande et Christiane Taubira à cause du mariage pour tous qui joue un rôle comptable quelconque dans ces résultats.

    Le message politique de cette élection, c’est plutôt la déception de l’électorat socialiste des classes populaires et moyennes. Va-t-il être entendu ? Malheureusement, non (même s’il y aura une ou deux mesures « sociales »). Le classique « coup de barre à gauche », qui se serait imposé en des temps « normaux », ne sera pas possible cette fois-ci. Redressement oblige, le cap va être maintenu, celui-là même qui a causé cette désaffection de l’électorat de gauche. Et c’est d’ailleurs un choix approuvé par la droite, même si paradoxalement elle demande « un changement de politique ».

    Quant au « socialisme municipal », il devrait naturellement renaître de ses cendres en 2020, après que la droite aura naturellement repris le pouvoir national en 2017. C’est la loi des alternances systématiques qui rythment la Ve République depuis plus de 30 ans et encore plus aujourd’hui qu’hier.

  • Je suis toujours surpris de la capacité des uns et des autres à tirer de grands enseignements d’un scrutin, des enseignements souvent contradictoires au demeurant. Je note que la dimension népotiste du « socialisme municipal » ne vous titille pas plus que cela.

    Chatcovert a écrit :

    Des statistiques plus détaillées seraient les bienvenues (notamment comparativement aux élus non-signataires de la même tendance politique), mais dans l’intervalle, cela constitue tout de même une première bonne nouvelle.

    En effet, sans ces statistiques, c’est bien difficile de se faire une idée. Mais je doute de toutes façons que l’on puisse en tirer beaucoup d’enseignements. Je n’ai en tout cas pas envie de faire comme tous ces politiques qui tirent le scrutin à eux, les uns pour expliquer qu’on a « manqué de pédagogie », les autres qu’il faudrait « un coup de barre à gauche » etc etc. C’est très probablement un facteur parmi de nombreux autres, dont l’influence est difficile à déterminer.

  • Je constate que j’ai été trop prudent. Hidalgo gagne assez largement avec plus de 53% des voix (même si ce n’est pas en son seul nom). En somme, donc, le mépris opposé par NKM envers les électeurs de droite et tout spécialement envers tous ceux qui pouvaient se rapprocher de la Manif Pour Tous a échoué. C’est le genre de positionnement tactique que seule la victoire peut valider. Avec l’échec, il ne reste que le mépris et la brutalité dont elle a fait preuve.

  • J’ai demandé sur Facebook, par mail, par téléphone, par texto, de vive voix aux personnes qui veulent bien discuter politique avec moi de m’aider à comprendre une telle absention. Voici quelques unes des réponses que j’ai eues.

    Patrick, 40 ans: « J’en ai marre que les politiques passent au-dessus des lois. » Il me cite alors le cas d’un maire, conseiller général, qui a fait la une dernièrement des journaux locaux: pris en flagrant délit d’ excès de vitesse, il a mené une action en justice pour vice de forme dans la procédure engagé contre lui et a obtenu gain de cause. Il me cite plusieurs noms de femmes et d’hommes qui ont touché des sommes importantes pour des études, des rapports « bidons » demandés par des élus.. Il me dit: « J’en ai marre de tous ces élus qui se battent pour eux et pas pour nous. »

    Jacqueline, 57 ans: « J’ai voté contre le traité de Maastricht en 1992, le non avait failli l’emporter, j’ai voté contre le traité de la constitution européenne en 2005 et là le non l’avait emporté. On n’a pas tenu compte de nos votes. Depuis je ne vote plus. Mais je m’intéresse encore à la géopolitique pour essayer de comprendre où va le monde. »

    Denis, 25 ans: « J’ai beaucoup déménagé pour le boulot ces 5 dernières années. J’ai voté par procuration pour les présidentielles. J’ai pas voté pour les municipales. J’ai pas trouvé le temps de faire les démarches pour m’inscrire sur la liste électorale de la commune où je taffe actuellement. On pourrait pas voter avec son téléphone portable? »

    Agnès, 60 ans: « J’ai été engagée en politique, je le suis encore d’une certaine manière dans les associations dont je fais encore partie. Je ne trouve pas de candidats qui correspondent à mes idées. Je ne veux plus faire le choix du moins pire. Je ne veux plus être trompée par des candidats qui s’éloignent de plus en plus de leurs aspirations. Je ne veux plus leur permettre d’arriver aux postes de responsabilités sur de fausses promesses, de faux espoirs. Je suis arrivée au bout des concessions et compromissions que j’ai pu concéder jusqu’à maintenant. Je vote blanc. »

    André, 61 ans: « J’en ai marre qu’on me dise qu’il faut absolument que je vote en agitant l’épouvantail Front National. Front National qui ne vaut pas mieux que les autres soit dit en passant. Je me demande si je ne vais pas devenir royaliste. »

    Sebastien, 29 ans: « Salut JF. J’ai essayé de t’appeler sur ton portable ce matin pour en discuter ensemble mais ça ne sonnait pas. Pour répondre à ta question qui était bien tournée car impersonnelle, l’abstention s’explique par le rejet des Français pour la politique. C’est un premier point. La période est difficile pour tous, voire très difficile pour certains et les politiques n’apportent plus de solutions. Rajoutons à cela une affaire politique honteuse qui sort tous les mois et tu finis de sceller l’écart qui se creuse entre les hautes sphères et le peuple. De plus nous sommes obligés de voter pour des gens qui ne nous conviennent pas parfois depuis des années déjà car le vote blanc n’est pas comptabilisé. Alors se déplacer pour manifester une colère par un vote blanc qui ne compte pas… Tu m’as compris! Ou alors tu votes Front National? Il faut renouveler la politique, en finir avec les passes-droits, les avantages énormes de ces politiciens. Reconnaître le vote blanc et là seulement l’abstention baissera. »

    Robert, 83 ans: « Je ne vote plus depuis que De Gaulle a donné le droit de vote aux femmes. J’ai renvoyé ma carte d’électeur à la Mairie de M… »

    Aurélie, 47 ans: « J’en ai marre de la politique des boules puantes. »

    Marie, 67 ans: « Cela change rien de voter. Rien ne change. C’est toujours pareil. Les impôts augmentent pour les petits. Même avec la gauche. C’est incroyable! »

    Philippe, 72 ans: « On peut plus panacher, je vais plus voter aux municipales. »

  • On murmure que Hollande ne s’attendait pas à un tel échec, et qu’il espérait notamment conserver l’Ouest de la France. C’est probablement par là que son acharnement contre la Manif pur Tous lui a le plus coûté.

    Je ne regrette pas NKM. Mais Paris est-il condamné à se réduire à Paris plage ?

  • Eh! bien! « Maître »… vous vous lâchez, ce me semble ! J’ignorais que les « gens de robe » faisaient partie de la classe populaire ! Tout comme j’ignorais que RENNES et BREST étaient des villes privilégiées à ce point… Remarquez, leurs habitants l’ignorent également…D’après les dernières infos, j’ai une mauvaise nouvelle, je crains qu’il ne vous faille endurer « Luis Mariano » (qui était d »origine basque et non catalane !)… Ah ! Maître « Koz » qu’il est difficile de cohabiter avec des gens qui ont une vision autre que la nôtre qui est forcément lucide et parfaite, n’est-ce pas ? Amicalement. J.D.

  • c’est vrai que c’est difficile de savoir dans quelle mesure les signataires de la charte LMPT ont été élus plus que d’autres de même couleur…

    En attendant, je ne boude pas mon plaisir! Collomb est réélu, mais, somme, toute, ce n’est pas un mauvais maire, et beaucoup de villes de l’agglomération ont basculé à droite, même quand cela semblait improbable. À Saint-Priest (connais très bien son lycée!), Martine David avait déjà dû, en 2007, je crois, céder son poste de député à Meunier (qui s’est fait remarquer dans sa lutte , contre la mariage pour tous, souvenez vous de la ballerine!). J’avais eu l’occasion de rencontrer ces deux personnages au lycée à l’occasion de la lecture de la lettre de Guy Môquet. Une vieille dame à la mine rébarbative, et qui ne saluait pas, et un jeune homme souriant. Mal embouchée, la Martine David! et là, elle a dû céder son siège de maire (quoi! je n’y croyais pas! avez-vous idée de la population de Saint Priest?) à un signataire de la charte LMPT!
    une autre commune voisine (je connais un peu son collège!), communiste depuis… quelques décennies, a basculé à droite au premier tour… connais bien l’un inscrits sur la liste élue (bon catho, bien sûr!).

    Et la baffe prise par Mmes NKM et Keller ne me désole pas…

    Alors, oui, c’est peut-être un peu pas très réaliste, mais je boude pas mon plaisir!

    Une seule victoire de la droite ne me réjouis pas: à Chambéry, Mme Laclais, une des rares députés de droite à ne pas avoir voté pour le mariage pour tous, a perdu… face à un UMP même pas signataire de la charte!!! (ce qui est tout de même propre à modérer mon enthousiasme et à me faire revenir à la réalité: non, les électeurs ne se sont pas positionnés en fonction de cela. mais enfin, dans les bons résultats ds signataires de la charte (et les mauvais des autres, en général) il n’est pas interdit de voir la main de Dieu, et de rendre grâce!

  • Bonjour,

    c’est effectivement une bonne « branloute ». Voici les enseignments que j’en tire.

    Pour moi, la « manif pour tous » est un sujet de second ordre, dont l’influence va encore décroître, à supposer qu’il en ait eu cette fois (sur l’axe impérial, ce n’est pas évident). La loi est irréversible, et le sujet n’a pas d’influence sur la vie quotidienne des français.

    L’enseignement politique le plus important pour moi est que la droite n’est plus désavantagée par le FN, puisque ce dernier ratisse désormais largement à gauche.

    Sur l’économie, le verdict des urnes n’est pas très clair, et pour moi, on est toujours dans le flou où personne ne propose, à gauche ou à droite, une politique claire de reddressement qui passera, comme partout ailleurs dans le monde, par une grosse baisse des dépenses publiques qui fera forcément mal, et une remise en cause de beaucoup de nos petits conforts.

    Je n’ai pas complètement écarté l’hypothèse ou François Hollande deviendra le « Schroeder français »: il a déjà fait son coming-out social-démocrate, et avec un premier ministre plus dynamique, dans une équipe débarrassée de ses gauchistes, il pourra peut-être réussir des réformes utiles.

  • Dans ma bonne ville, un bastion PC est tombé. La droit n’y est pas bien bourgeoise, la première fois que je l’ai vu, je croyais la gauche ouvrière industrielle, qui se lève et qui sait que le gâteau à distribuer doit être cuit d’abord. Notre PC est tombé peut-être pour la loi Taubira, paraît que dans les milieux immigrés on ne soit pas à la pointe du progrès social mais qu’on y tienne à la différence des sexes. Et il est tombé par son éloignement des gens: projets d’urbanisme ambitieux et pas pour les locaux.
    Mais même sans cela, c’était un beau vote. Deux listes seulement, une de gauche, une de droite: les gens se sont déplacés à plus de 60% pour ou contre le maire en place. Les vieux dos courbé et canne qui d’habitude ne vont même plus chercher le pain y ont été.

  • Chez nous, quadrangulaire : PS, centre (UDI MODEM), droite (UMP PCD MPF) et extrême gauche : bastion socialiste non tombé, mais fortement ébranlé. Pour la première fois depuis longtemps, un deuxième tour et une véritable opposition au
    conseil municipal, avec des élus signataires de la charte LMPT. (donc je fais comme C.C. : je rends grâce! 🙂 )
    Mais 50 % d’abstention…donc restons très très modestes comme le dit Koz

    ,Le PS et le centre ont susurré que la liste de droite contenait « des gens du FN », histoire de ….
    Amalgame mensonger, leur seule pitoyable arme.

  • Si je comprend bien, du côté des opposants à la manif pour tous, on se réjouit de la défaite de NKM, qui ne les soutient pas, face à Hidalgo, militante assumée de la cause adverse.

    Outre le fait que ça n’a rien à voir avec le schmilblick des municipales, les mystères de la schadenfreude sont vraiment impénétrables.

    Quant au fond de l’analyse pour expliquer ces défaites, j’irais plutôt chercher du côté de l’évolution de fond de la sociologie parisienne, pour NKM, et du côté du maintien de FN, pour Keller.

  • Il est bien probable que d’autres facteurs entrent davantage en ligne de compte, mais pas nécessairement de façon exclusive. En ce qui concerne NKM, il restait une marge entre une absence de soutien et l’attitude qu’elle a eue. Ses actes et ses déclarations marquaient un rejet actif de ce que représentent les opposants à la loi Taubira. Alors, bien sûr, on leur demande de considérer qu’Anne Hidalgo leur est encore plus défavorable mais il ne faut certainement pas leur/nous demander de l’enthousiasme.

    Qu’elle les/nous méprise est une chose, si ça lui permet de gagner. Ca n’est pas le cas. Alors quitte à ce qu’elle perde, oui, je me réjouis que quelqu’un qui s’est montré brutal perde largement.

    Par ailleurs, les thèmes de la Manif Pour Tous se sont diversifiés, de sorte qu’affirmer que cela n’a rien à voir avec les municipales est une peu définitif. Le maire est en mesure d’appliquer ou non une politique favorable aux familles entre autres sujets portés par LMPT et entre autres compétences.

  • Ce que je vais dire ne concerne que moi.

    Avant, je pouvais éventuellement voter pour un socialiste si je trouvais le type de droite malhonnête ou médiocre, ce qui arrive.
    Désormais, je ne vote plus du tout à Gauche. C’est l’effet direct du mariage pour tous, de la théorie du genre, de l’acharnement sociétal et des postures moralistes (avec amalgames et accusations automatiques de fascisme).

    Dans ma cité d’origine (où le jour de retrait des écoles avait eu un certain succès en janvier), je sais que pas mal de musulmans ont pris leurs distances avec le PS. Ils ont l’impression qu’on file tout aux cultureux ou aux gays, et qu’on se fout des pauvres. L’épisode DIeudonné a aussi un peu joué chez certains. Et à lire certains articles sur Florange ou d’autres villes de ce genre-là, l’impression d’abandon et qu’on se concentre sur des sujets inutiles pour le quotidien (genre la lutte contre l’homophobie via le genre, qui est franchement le dernier souci de ceux qui galèrent à trouver du boulot…et qui interpelle sur le sens des priorités de la Gauche…) est très forte.

    Au fond, je pense que la Gauche sociétale se suicide.
    Celles et ceux pour qui le sociétal est secondaire ne voteront qu’en fonction de l’économie/du social. La Gauche sociétale échoue là-dessus. Le sociétal aura été inutile, ne compensant en rien les échecs économiques et sociaux.
    Celles et ceux votant en fonction du sociétal sont surtout très conservateurs (ce qui inclus les musulmans, en moyenne plus conservateurs). Cela nuit à la Gauche sociétal. Elle a pourtant tenté de remobiliser « son » électorat, à grands coups de lutte contre le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, le fascisme, tout y est passé en un an. Visiblement, ça n’a pas été très très efficace. Cela a peut-être même pu agacer.

    Elle perd donc sur tous les fronts. Une mauvaise stratégie, pour un mauvais résultat.

    Et je nuancerai l’aspiration du « peuple de Gauche » pour le « à Gauche toute » : à Gauche toute, c’est quoi? Plus de sociétal? Plus d’impôts? Plus de services publics? Moi, ce que je ressens au quotidien, c’est un peu un ras-le-bol face aux intrusions étatiques sur tous les aspects de nos vies. Les impôts (bien sûr), mais aussi la bureaucratie envahissante, les lois sociétales voulant nous dicter comment manger, penser, se comporter, les prescriptions morales à longueur de journée, et surtout une très grande hypocrisie.

    A parler aux gens que je connais, qu’ils soient avocats, juristes, ingénieurs comme mes amis, ou femmes de ménages, chômeurs, chauffeurs comme ma famille, une même aspiration ressort souvent :
    Moins de dépenses inutiles, ce qui vise surtout pas mal d’AAI, de hautes autorités, de comités de consultations, d’agences…
    Moins d’échelons administratifs (là, on crée un échelon administratif avec les métropoles…).
    Moins de lois (ça, c’est surtout du côté des juristes)
    Moins de foutage de gueule (les postures outragées agacent d’une façon assez unanime, et l’impression de « deux poids, deux mesures » est assez répandu. Les intermittents du spectacle ont, par exemple, énormément agacé, surtout quand notre ministre de la Culture a doctement expliqué que sans le régime chômage spécifique, la culture allait mourir).

  • @ Vivien:
    +1.

    Les socialistes ont pris leurs désirs pour des réalités en pensant que le bilan, supposé bon, de leurs maires leur permettrait d’amortir l’effet du mécontentement général. Cela ne leur a pas réussi. De même, les partisans LMPT prennent leurs désirs pour des réalités en attribuant les défaites de la gauche à leur cause préférée. C’est là voir midi à sa porte. Je gage que cela ne leur réussira pas non plus, mais pour voir ce qu’il en est, il faudra attendre la (très probable) alternance de 2017 et ce qui adviendra alors de la loi Taubira.

    Quant à Paris, franchement… le détail du vote est-il signe de l’influence des questions sociétales? Bien malin qui pourrait le dire, mais j’ai de gros doutes. Pour renverser un adversaire sortant, il faut venir avec une offre politique solide, à commencer par une équipe soudée et une direction claire à sa tête – l’exact contraire de ce que représentait NKM. Eût-elle, par miracle, emporté la mairie qu’elle se serait aussitôt retrouvée incapable de gérer sa majorité, de même qu’elle a été incapable de gérer ses troupes pour la campagne. La responsabilité lui en revient en premier lieu, mais il faut avouer qu’elle n’était pas gâtée avec la situation qu’elle a trouvée en arrivant.

    Après, on peut parler de Strasbourg, si on veut. Le maire sortant a perdu plus de 11 points depuis 2008 – grosso modo, la même chose que ses collègues d’autres villes. Il ne s’en est sorti que grâce à une triangulaire. Ça ne permet pas de conclure grand-chose.

    Chatcovert a écrit :

    @ Koz: Visiblement, cela a pu jouer, puisque l’on évalue que 80% des têtes de liste signataires de la charte ont été élues…

    Parmi elles, combien ont conquis une mairie sur la gauche, et combien ont été confortablement réélues dans des villes conservatrices depuis la nuit des temps?

    Mon scepticisme sur le sujet ne signifie pas que je pense que cela n’a pas joué du tout. Flash a raison sur un point: ceux qui ont perdu leur emploi, ont vu leur ville se désertifier ou leurs enfants ramer pour se faire une place n’ont certainement pas apprécié qu’autant d’attention soit portée à un sujet qui n’est majeur que pour tout au plus 5-10% de la population (en comptant les opposants). Cela n’a pu que les renforcer dans l’expression de leur déception à l’égard du pouvoir.

  • Gwynfrid a écrit :

    De même, les partisans LMPT prennent leurs désirs pour des réalités en attribuant les défaites de la gauche à leur cause préférée.

    Voulez-vous, éventuellement, prendre la peine de relire ce qui est écrit avant d’imputer quoi que ce soit aux « partisans LMPT » ? En commençant, avant mes propres commentaires, par le troisième paragraphe du billet, qui me paraît plutôt clair à cet égard.

    Même Chatcovert écrit que cela « a pu jouer« . Il ne me semble pas qu’il écrive que cela a fait le scrutin. D’ailleurs, Gwynfrid, tu lui donnes raison en écrivant que tu ne penses pas « que cela n’a pas joué du tout ».

    En outre, sans nécessairement partager pleinement les positions des opposants à la loi Taubira ou considérer le sujet comme majeur, il serait un peu rapide d’exclure que l’atmosphère d’affrontement, la division du pays, la méthode du gouvernement aient été sans impact.

    Bref, évitons de prendre les autres pour des enclumes.

  • Koz a écrit :

    En ce qui concerne NKM, il restait une marge entre une absence de soutien et l’attitude qu’elle a eue. Ses actes et ses déclarations marquaient un rejet actif de ce que représentent les opposants à la loi Taubira. Alors, bien sûr, on leur demande de considérer qu’Anne Hidalgo leur est encore plus défavorable mais il ne faut certainement pas leur/nous demander de l’enthousiasme.

    De même, il reste une marge entre une absence d’enthousiasme concernant la campagne de NKM (votre cas, sûrement), et la joie qui semble poindre à l’idée de la voir punie de sa prise de position.

    Concernant sa supposée brutalité, je ne peux pas prétendre avoir suivi sa campagne dans le détail, ni prétendre être proche de la « manif pour tous » ou du PCD. Mais mon impression a plus été qu’elle a du gérer en permanence avec des égos souhaitant faire jouer/monnayer leur pouvoir de nuisance. Je classe, peut être hativement, le dernier épisode impliquant le PCD dans cette catégorie.

    Par ailleurs, les thèmes de la Manif Pour Tous se sont diversifiés, de sorte qu’affirmer que cela n’a rien à voir avec les municipales est une peu définitif.

    C’est certainement un peu catégorique de ma part. Du fait des compétences du maire, comme vous l’indiquez, mais aussi parce qu’il est légitime qu’un ressenti national vis à vis de tel ou tel parti influe sur le vote, comme décrit par exemple par Flash.

    Cela dit, si l’on écoute les personnalités de tout bord au lendemain de l’élection, on lui fait dire énormément de chose différente vorie contradictoire, à l’électeur insatisfait. J’acceuille toutes ces réactions où chacun voit midi à sa porte avec beaucoup de méfiance.

  • Koz a écrit :

    Voulez-vous, éventuellement, prendre la peine de relire ce qui est écrit avant d’imputer quoi que ce soit aux « partisans LMPT » ?

    J’aurais dû préciser que mes remarques s’adressaient non pas au billet lui-même mais plutôt aux premiers commentateurs, qui faisaient nettement moins la part des choses.

    Koz a écrit :

    il serait un peu rapide d’exclure que l’atmosphère d’affrontement, la division du pays, la méthode du gouvernement aient été sans impact.

    Je crois que nous disons à peu près la même chose.

  • Le contexte national a joué, on est d’accord sur ce point, tous.
    Mais quoi, précisément?

    Je ne peux m’empêcher de penser que ce qui est désavoué, c’est le Parti Socialiste. Mais quoi, encore plus précisément?

    La politique économique a déplu. C’est vrai. C’est sans doute l’explication principale. L’échec économique, couplé à une politique trop «  » »libérale » » » » (comme si le principal problème de la France était l’ultralibéralisme…) a joué. J’ai tendance à penser que l’échec a plus joué que le reste. Qu’importe le flacon tant qu’on a l’ivresse, au fond.

    Mais la politique sociétale (pas que le mariage gay, mais plus largement toutes les polémiques sur Dieudonné, le genre, la PMA, l’euthanasie, le racisme, les factieux, Léonarda, ou que sais-je encore), où le PS a été très très actif, a-t-il permis de remobiliser « les progressistes »? Visiblement, non.
    A-t-elle permis de mobiliser la droite malgré la nullité de l’UMP? Visiblement, oui.

    Autrement dit, il m’apparaît que la politique sociétale n’a en rien compensé le mécontentement dû au désastre économique chez les uns, et a mobilisé les autres contre le PS.
    Plus que la politique sociétale, c’est un certain type de comportement qui a pu mobiliser. Un comportement fait d’arrogance, de mépris voire de hargne. Cela a, je pense, conduit à une « radicalisation » ou en tout cas un très net rejet de ce qu’est le PS.
    C’est mon cas. J’étais capable, en 2012, de voter pour un type de Gauche s’il était fait pour le job, s’il était honnête, et si ses idées restaient compatibles. A présent, j’en suis totalement incapable : je ne voterai pas pour quelqu’un qui me hait et me méprise, et qui pense avoir ontologiquement raison. Quand Hollande me dit qu’il est le Président de tous les français, j’applaudis. Quand il se comporte comme le chef de clan du « peuple de Gauche » (ou « les démocrates et progressistes »), je me désole. Quand ses sbires m’accusent de fascisme parce que je ne suis pas enthousiaste à l’idée d’abolir la prostitution, de redéfinir la filiation ou de remplacer le concept de sexe par celui de genre, je ne peux que rejeter totalement. J’imagine que les parents ayant eu peur du genre -et il y avait de quoi vu le Peillon- et qui se sont fait traiter comme des débiles/obscurantistes/fascistes/arriérés n’ont pas non plus voter PS.

    L’échec économique explique les difficultés. Mais ça ne suffit pas : ce n’est pas la première crise ; c’est pourtant la plus grosse fessée électorale.
    Seul le reste (sociétal + communication détestable) a pu accentuer les difficultés pour en arriver à cette défaite historique.
    En tout cas, je ne mise pas sur un amour fou des français pour l’UMP ou le FN pour expliquer une telle situation.

  • En attendant les secrétaires d’Etat et ministres délégués, François Hollande a souhaité montrer qu’il avait entendu le message des Français en changeant drastiquement le gouvernement :

    Sur proposition du Premier ministre, le Président de la République a nommé :

    1. Laurent FABIUS, ministre des Affaires étrangères et du Développement international

    2. Ségolène ROYAL, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie

    3. Benoit HAMON, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

    4. Christiane TAUBIRA, Garde des Sceaux, ministre de la Justice

    5. Michel SAPIN, ministre des Finances et des Comptes publics

    6. Arnaud MONTEBOURG, ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique

    7. Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales

    8. François REBSAMEN, ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social

    9. Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense

    10. Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur

    11. Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports

    12. Marylise LEBRANCHU, ministre de la Décentralisation, de la Réforme de l’Etat et de la Fonction publique

    13. Aurélie FILIPPETTI, ministre de la Culture et de la Communication

    14. Stéphane LE FOLL, ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Forêt.

    Porte-Parole du Gouvernement

    1. Sylvia PINEL, ministre du Logement et de l’Egalité des territoires

    2. George PAU-LANGEVIN, ministre des Outre-mer

  • L’éviction de V. Peillon n’est pas rien tout de même. Plus que le changement de sens du mot mariage, les propos du ministre garant de la neutralité de l’Etat sur les consciences affirmant vouloir changer les adultes grâce à l’éducation à l’école de leurs enfants a pu indisposer sérieusement certains parents. Certes B Hamon est à l’aile gauche du PS, mais on ne peut pas dire qu’il manifeste l’enthousiasme philosophique de son prédécesseur pour la transformation du monde par la jeunesse d’Etat, d’ailleurs il n’a jamais manifesté d’enthousiasme pour quoi que ce soit, ce qui en revanche est un peu ennuyeux dans un ministère où la démotivation est souvent là. Par ailleurs il va avoir du mal à ne pas se retrouver avec la question des traitements compte tenu des déclarations de son courant en faveur d’une revalorisation importante des enseignants, à la fois absolument justifiée et complètement impensable financièrement.

    Le maintien de C. Taubira est un gâchis surtout dans la mesure où André Vallini n’a vraiment pour incompétence que de ne pas être une femme et qu’il en fallait une dans les ministères régaliens. Mais surtout, les harceleurs qui ont, par des huées répétées sur des mois, conduit une enfant à aller un peu plus loin qu’eux dans l’agressivité, ont transformé la Garde des Sceaux en symbole, intouchable; l’incohérence de F Hollande n’ayant pas subitement disparu, elle perd son titre de ministre d’Etat, sans doute parce que M Valls a réclamé une égale discipline de tous…

    Mais ce remaniement remet les questions énergétiques au centre du débat politique, d’une part précisément pare que cette question n’intéresse pas les « écologistes » que prétendent être les militants d’EELV; ensuite parce que Mme Royal est partisane acharnée de la voiture électrique et que M Montebourd est partisan du nucléaire et est monté en grade: le « courant » devrait passer et il devrait y avoir de beaux débats sur cette transformation ou non des transports de base.

    On peut se demander si F Hollande n’admet pas enfin que la quête des 3% annuels, commencée sous Giscard (le bout du tunnel), relève d’un irréalisme dans une Europe aux ressources fossiles quasi nulles. Mais comme S royal semble un peu trop persuadée que la voiture électrique résoudra l’essentiel du problème environnemental, il va peut-être enfin y avoir des vrais débats sur l’énergie.

    Alors pas grand chose de changé dans les personnes, mais sans doute du changement dans les sujets abordés. Du moins si C Taubira a dû concéder des révisions dans une réforme pénitentiaire fondée sur beaucoup de niaiseries irresponsables avant de se voir confortée. On ne tardera pas à le savoir.

  • @ Koz:

    Exactement. Le Président a bien entendu le message des Français. Apparemment, le message des Français était « on veut exactement la même politique et le même Gouvernement (à part Ayrault. Tout est de la faute d’Ayrault. C’est le plus grand monstre de l’histoire) ».

  • On comprend mieux pourquoi ce gouvernement ne devait pas être annoncé le premier avril. Tout le monde aurait cru à un poisson très réussi.
    Eh bien non, ce n’est pas une blague de mauvais goût, c’est notre « nouveau » gouvernement.

  • Hollande avait deux options, qui auraient eu le mérite toutes les deux de répondre au « message des Français »: soit donner un coup de barre à gauche toute, en acceptant les conditions des écolos et de la gauche du PS et en enterrant, avant même de l’avoir dévoilé, son plan d’économies (dit « pacte de responsabilité » pour faire joli); soit dissoudre l’Assemblée pour laisser le pouvoir à un Premier ministre de droite dans une cohabitation. Évidemment, entre ces extrêmes, il a choisi une voie intermédiaire, qui a le mérite de satisfaire… euh… la majorité des ministres qu’il a nommés, et… c’est à peu près tout. Bonne chance, les gars.

  • Si pratiquement aucun ministre ne change sauf le premier, et que la politique reste la même (avec une pincée de social en plus), on mesure la responsabilité de Manuel Valls. Au-delà des grands défis de l’emploi, de la compétitivité et des déficits publics, la première est sans doute d’imprimer au gouvernement une image de professionnalisme, de cohésion, de concentration et d’énergie. Cela peut contribuer à changer le climat en attendant les résultats.

    @ Gwynfrid

    Le coup de barre à gauche, qui aurait été effectivement la réponse logique (classique) à l’électorat de gauche qui s’est abstenu, n’est pas possible. Quant à la dissolution de l’Assemblée nationale, ce n’est pas une hypothèse dans ces circonstances. On peut trouver que le changement de premier ministre et quelques annonces, cela ne suffit pas par rapport au message des électeurs. C’est vrai (surtout pour ceux qui sont en grande difficulté), mais tout le monde sait bien aussi qu’il n’y avait pas d’autre choix que de maintenir le cap (la droite au fond ne demande pas une politique alternative, tout au plus demande-t-elle d’aller encore plus loin dans les baisses de charges des entreprises et dans la réduction des dépenses publiques, tout en sachant pertinemment que la marge de manoeuvre économique et sociale n’existe pas).

    Peut-être aussi verra-t-on sur la durée, à certaines inflexions, que certains messages ont été entendus, y compris sur les impôts ou les sujets sociétaux…

  • curieux remaniement , l’évènement le plus marquant : l’ « introduction « de son ex compagne . J e plains Vall qui va se carboniser avec un « moelleux  » comme patron . Sinon ma grande crainte c’est que le PS constatant la fuite des couches populaires se tourne vers le vote des étrangers . Ce parti a déja commencé à les peloter dans le sens du poil , sauf que le mariage pour tous ça ne plait pas forcément à tous les étrangers . Le problème c’est que Delanoé ne sera plus là pour souhaiter un bon ramadan (!) à nos amis musulmans

  • @ Gwynfrid:

    C’est même pire que ça : Il aurait pu effectivement tenter une solution intermédiaire : une politique de droite avec une majorité de gauche, avec tout ce qu’il pouvait trouver de sociaux-démocrates dans son parti, Valls en tête. Le pari étant que Verts et aile gauche hésiteraient à appuyer sur le bouton d’autodestruction en faisant tomber le gouvernement lors d’une motion de censure.

    Je ne sais pas si ça pouvait marcher, mais même cette option il a réussi à la saloper en en faisant une synthèse illisible. J’ai bien peur que la motion de censure finisse par tomber avant la fin des 3 ans, et là il ne restera plus que la dissolution. Sauf si Hollande nous invente un gouvernement Lienemann avec Sapin à l’économie pour le prochain 1er avril ?

  • Oui, on voit bien qu’en lieu et place d’un gouvernement de combat » on un gouvernement de synthèse. L’important est de préserver les équilibres. Alors, vu que l’on a mis un affreux droitiste à Matignon, on garde Taubira, on colle Hamon à l’Education et on fout Montebourg, ministre du verbiage et de l’anti-mondialisation à l’Economie.

    Nous avons tout de même un gouvernement qui se paie le luxe de placer à l’Economie quelqu’un qui n’a jamais montré de don particulier en la matière, à l’Education quelqu’un qui ne connaît pas les questions scolaires, à l’Intérieur quelqu’un qui n’a jamais montré d’appétence pour la police, de conserver à la Justice quelqu’un dont le bilan est anémique et qui n’y connait guère plus qu’il y a deux ans (sans compter ses plus récents errements).

    Je liasais, dans le Canard, qu’ils ont été totalement surpris par la défaite et son ampleur. Tout cela donne le sentiment que, voulant agir vite, ils ont fait du bricolage.

    Je pense qu’il a déjà réussi à ruiner l’effet possible d’un remaniement. Sauf à ce que l’annonce des secrétaires d’Etat donne un peu d’air frais.

    Le seul élément positif est peut-être l’abandon, pour une large part, des intitulés de ministère à la con, même si certains ont subsisté, et un recentrage sur une majorité de politiques expérimentés. Maintenant, ils n’ont pas présenté de ministres délégués ni de secrétaires d’Etat. Le côté « resserré » risque fort d’en prendre un coup.

  • Je lis dans le Point que Taubira devait dégager au profit de Baylet, mais que le 1er avril une information judiciaire pour une vieille affaire lui est tombée dessus à point nommé.

    C’est donc la faute à pas de chance. Ou bien un mauvais coup qu’on lui a joué, un peu comme pour Yamina Benguigui.

  • Flash a écrit :

    une information judiciaire pour une vieille affaire lui est tombée dessus à point nommé.

    Heureusement que la justice est rigoureusement indépendante et impartiale, que n’irait-on pas imaginer sans cela.

    Un remaniement a minima, qui conserve aux mêmes postes la moitié de l’équipe, « gonfle » un peu le portefeuille de deux autres, ne fait entrer que deux nouveaux dont une revenante : la « nouveauté » que l’on attendait – considérant ce que sont habituellement les remaniements. Sans doute pas celui que les Français attendaient.

    La seule bonne nouvelle pour moi est le rétablissement net de la scission, à Bercy, entre ce qui relève de l’économie du pays dans son ensemble et des finances de l’Etat. (J’avais trouvé que c’était une très bonne idée quand la scission est apparue sous Sarkozy, rompant avec l’idée socialisante sous-jacente, d’un Etat confondu avec le pays ; voir cette césure réapparaître avec un tel gouvernement ne garantit pas que je serai pleinement satisfait de la séparation effective mais l’espoir fait vivre).

    A part ça, Valls ayant réussi à monter deuxième moins apprécié des ministres du gouvernement précédent dans ma hiérarchie personnelle – derrière l’indétrônable Taubira – je ne peux pas me réjouir de sa promotion. Mais le « projet alternatif » restant à construire (entièrement d’accord avec l’ouverture du billet sur la « victoire » du camp non-socialiste d’ailleurs), il va falloir, encore, faire le gros dos. Le travailleur, contribuable, et citoyen, que je suis, fera avec parce que je n’ai pas le choix, mais argh, quoi !

  • Jeff a écrit :

    Le coup de barre à gauche, qui aurait été effectivement la réponse logique (classique) à l’électorat de gauche qui s’est abstenu, n’est pas possible. Quant à la dissolution de l’Assemblée nationale, ce n’est pas une hypothèse dans ces circonstances.

    Je suis bien d’accord. En énonçant ces deux directions, volontairement décrites sous leur forme la plus extrême, je souhaitais simplement illustrer l’extrême étroitesse de l’espace politique qui reste au Président (comme vous le vous dites vous-même, il a fait le remaniement qu’il pouvait) et la non-pertinence de la notion de « message des Français » (les Français ne lui ont envoyé aucun message cohérent: « y en a marre » n’en est pas un).

    Jeff a écrit :

    Peut-être aussi verra-t-on sur la durée, à certaines inflexions, que certains messages ont été entendus, y compris sur les impôts ou les sujets sociétaux…

    Je m’attends à quelques baisses sur le plan des impôts, mais uniquement de l’ordre du symbolique, ou alors très étroitement ciblées. Quant aux sujets sociétaux, je pronostique une pause, sauf sur ce qui rassemble une très forte majorité dans les sondages: la fin de vie. J’espère sans trop y croire que le gouvernement fera preuve d’une certaine prudence même sur ce sujet-là.

    Vivien a écrit :

    C’est même pire que ça : Il aurait pu effectivement tenter une solution intermédiaire : une politique de droite avec une majorité de gauche, avec tout ce qu’il pouvait trouver de sociaux-démocrates dans son parti, Valls en tête.

    Hum. En dehors de Valls… qui donc, exactement? On l’a oublié, mais Valls représente dans les 5% du parti. Il n’y a guère de poids lourds pour se retrouver sur sa ligne.

    Koz a écrit :

    Oui, on voit bien qu’en lieu et place d’un gouvernement de combat » on un gouvernement de synthèse. L’important est de préserver les équilibres.

    Hé oui, l’expression « gouvernement de combat » est un cliché usé, qui n’a jamais rien signifié de concret, d’ailleurs. Parce qu’on peut bien nommer tous les ministres hyper-compétents que l’on veut (et ça ne court pas les rues), cela ne sert à rien s’il faut en permanence faire passer des textes à coups de vote bloqué et autres engagements de responsabilité. Il faut un minimum de représentativité politique. Sarkozy et Chirac avaient eu le même problème. D’ailleurs, ce gouvernement couvre un spectre exceptionnellement étroit et aura certainement au moins autant de difficultés à réformer que son prédécesseur.

  • Question historique : n’est-ce pas le premier gouvernement monopartisan (16 ministres, tous socialistes) de la Vème République ? De 1958 à 1962, on avait un Gouvernement d’Union nationale (de la SFIO à la droite) ; de 1962 à 1974, les gouvernements gaullistes comportaient toujours quelques centristes ; de 1974 à 1981, vice-versa les gouvernements centristes comportaient au moins quelques gaullistes ; de 1981 à 1984, Union de la Gauche (PCF/PS) ; de 1984 à 1986, on est très proche du gouvernement 100% socialiste mais on a quand même quelques MRG et PSU ; de 1986 à 1988, RPR-UDF ; de 1988 à 1993, quelques ministres centristes dans un gouvernement socialiste ; de 1993 à 1997, RPR-UDF ; de 1997 à 2002, gauche plurielle (PCF-PS-Verts-etc) ; de 2002 à 2012, quelques centristes voire « ouverture à gauche » dans les gouvernements UMP ; de 2012 à 2014, des Verts dans le gouvernement socialiste.

    Le gouvernement Valls de 2014 semble bien être le premier gouvernement monopartisan de la Vème (et possiblement de tous les régimes républicains depuis 1875, puisqu’il était nécessaire de former des coalitions pour gouverner sous les IIIème et IVème Républiques), avec pas le moindre représentant d’autres partis de gauche, du centre ou de droite, ni même un membre de la « société civile » (comme Francis Mer sous le gouvernement Raffarin, etc).

    Approprié pour l’un des exécutifs les plus sectaires et intolérants de l’histoire de France.

  • @ Thibaud:
    Vérification faite, il y a 2 non-socialistes dans le Gouvernement Valls, mais qui ne risquent pas de diminuer le sectarisme du gouvernement…

  • Gwynfrid a écrit :

    les Français ne lui ont envoyé aucun message cohérent: « y en a marre » n’en est pas un

    Si, un message bref mais cohérent : « vous êtes nul » ! (Aquel la seule réponse cohérente serait la démission, même si je comprends très bien qu’il ne le fasse pas).

    Gwynfrid a écrit :

    sauf sur ce qui rassemble une très forte majorité dans les sondages: la fin de vie.

    Et encore. Comme sur le sujet le plus clivant des dernières années le « mariage pour tous » (non il ne s’agit pas de refaire une millième fois le débat juste de rappeler la volatilité des opinions) dès que les choses sont plus expliquées, les lignes bougent. Les questions simplistes de l’ADMD ne sont pas autre chose que des manipulations de résultats de sondages, pas des détecteurs d’opinions éclairées – surtout quand on s’abstient de les éclairer vraiment.
    C’est pourquoi j’espère aussi que ce sujet sera sagement laissé de côté (je pense que pour un éclairage valable il faudra un peu plus de temps que ça – et M. Touraine ne me paraît pas la plus appropriée pour même si j’aime me tromper parfois).

  • Humpty-Dumpty a écrit :

    Si, un message bref mais cohérent : « vous êtes nul » ! (Aquel la seule réponse cohérente serait la démission, même si je comprends très bien qu’il ne le fasse pas).

    La nuance entre « y en a marre » et « vous êtes nul » est ténue. Dans les deux cas, ce n’est pas un message cohérent, du moins, pas pour décider d’une ligne politique.

    Quant à la démission, si on laisse de côté l’irréalisme… ça résoudrait quoi exactement? L’UMP n’est pas exactement en ordre de marche pour revenir au pouvoir. Heureusement qu’ils ont encore 3 ans devant eux pour définir un projet et choisir un chef de file…

Les commentaires sont fermés