Ceux qui sont engagés dans le « temps du combat » peuvent s’entourer de légitimes précautions et, avec Jean-Pierre Raffarin, attendre « le temps de l’analyse ». Les autres ne sont pas forcés de taire leur inquiétude, et leur amertume. Les premiers sont dans leur rôle, en assurant que « rien n’est plié », les seconds ne sont pas forcés de se nourrir d’illusions. Même si le résultat de l’élection devait me détromper, je garderais cette amertume.
On dit que la stratégie de Nicolas Sarkozy serait responsable du score élevé du FN (même ramené de 20% à 18,5%). De nombreux observateurs soulignent que, par la droitisation de l’UMP, il a légitimé le vote FN. Dès 2010, on pouvait craindre que le siphon soit bouché, qu’il reflue. Loin de contenir le vote FN, ne faisait-il pas que l’alimenter ?
Cela reste possible. Un cadre du FN convenait d’ailleurs hier que la proposition d’une présomption de légitime défense pour les policiers « légitimait » leur proposition identique. Mais pour ne pas accuser à la légère, il faut reconnaître que le raisonnement a ses limites : 2007 fait en effet figure d’exception. Le FN a connu des scores à deux chiffres auparavant, même s’il réalise son meilleur résultat cette fois-ci. En outre, lorsque Jean-Marie Le Pen a obtenu ce résultat historique de parvenir au second tour en 2002, ce n’est pas parce que Jacques Chirac ou Lionel Jospin auraient cajolé l’électeur frontiste. Bref qu’on l’ostracise ou qu’on le draguouille, le FN suit sa voie. De plus, la montée de l’extrême-droite est loin d’être une spécificité française. Elle intervient de toutes façons aussi dans de très nombreux pays européens, des Pays-Bas à la Suisse, pour des raisons communes qui ne sont donc pas liées à la stratégie de Nicolas Sarkozy.
Il ne peut donc pas être avancé avec une absolue certitude que la stratégie élaborée et vantée par les mauvaises consciences de Nicolas Sarkozy, Buisson et Peltier, ait fait croître le vote FN.
Elle ne l’a, à tout le moins, pas contré. Elle n’a pas, comme on l’entendait, « ramené les électeurs du FN dans le giron républicain ».
Cette stratégie reste contre-productive et nuisible à la droite.
Cette stratégie a échoué. Certains se satisfont que le score du FN n’ait pas été plus haut. Si, en cinq ans d’exercice du pouvoir et de stratégie droitière, on en est réduits à se réjouir que Marine Le Pen ne soit pas au second tour, ce n’est qu’une autre façon de caractériser un échec.
Cette stratégie était un pistolet à un coup. Il y a quelques jours, Michaël Darmon rapportait ce propos de Nicolas Sarkozy :
N.Sarkozy : »si c’est le côté protestataire qui explose vous voyez bien que l’appel aux centristes ne sera pas efficace »
— Michaël Darmon (@DarmonMichael) Avril 19, 2012
Mais comment un président élu, à la tête du « système », peut-il espérer satisfaire un vote protestataire ? Si les électeurs protestent, c’est évidemment contre lui, contre le président élu, contre une situation actuelle dont le président est jugé comptable, un système dont il est le premier représentant. Ce qui a pu fonctionner en 2007 ne pouvait pas se reproduire dès lors que Nicolas Sarkozy a exercé le pouvoir. C’est bien évidemment l’une des meilleures raisons pour lesquelles le FN a toujours prospéré : il n’exerce pas le pouvoir.
Cette stratégie disait-elle vraiment son objectif ? S’agissait-il vraiment de ramener les électeurs du FN ? Nos brillants stratèges Buisson et Peltier – tous deux issus de l’extrême-droite -fondaient-ils vraiment cet espoir ou n’ont-ils pas plutôt dissimulé une stratégie de droitisation de l’UMP sous une prétendue volonté de siphonner l’électorat FN ?
Aujourd’hui, en admettant même que cette stratégie n’ait pas nourri le vote FN, elle a indéniablement droitisé l’UMP, et ses électeurs. Il n’y a pas à chercher longtemps pour entendre autour de soi – parmi les électeurs d’une droite que l’on dira aujourd’hui modérée mais que l’on disait seulement « de droite », avant – des idées que l’on réservait avant aux électeurs du FN.
Nicolas Sarkozy a emmené avec lui une partie de la droite. Que restera-t-il demain à ceux qui sont restés à quai ? Déjà, la Droite Populaire sort les couteaux pour réclamer une place plus grande au sein de l’UMP, et dénigrer au passage l’aile humaniste. Thierry Mariani assure que le curseur d’est déplacé à droite depuis 2002. Son constat est faux : (i) France2 et Valeurs Actuelles se sont chargés de nous rappeler hier soir que le programme de la droite il y a vingt ans était plus à droite qu’aujourd’hui, (ii) à supposer que l’électorat se soit droitisé, ce n’est pas de sa propre initiative, mais parce qu’on l’aura droitisé et (iii) les électeurs n’attendent pas avant tout des réponses sur la sécurité et l’immigration mais sur l’emploi et le pouvoir d’achat.
Faut-il que l’UMP survive à un éventuel échec de Nicolas Sarkozy ? Faut-il maintenir un simple appareil logistique sans cohérence idéologique ? A supposer que cela soit souhaitable, l’UMP ne pourra survivre que si elle accorde une plus grande représentativité aux divers courants, afin que soit bien identifié qui fait du saucisson-pinard et manie l’insulte misogyne de comptoir, qui est humaniste et responsable, et si ces derniers montent à l’assaut. Si les humanistes restent inaudibles, nombre d’électeurs quitteront l’UMP, sauf à rompre eux-mêmes avec leurs valeurs.
Aurons-nous pour seul choix, demain, que l’extrême-droite ou la droite extrême ?
Entre les Populaires et les Humanistes, ce sont aussi deux conceptions de la politique qui s’opposent. La politique sondagière, qui pelote l’électeur et répond aux symptômes, avec une efficacité électorale temporaire, ou celle qui cherche les solutions de fond et les politiques d’avenir.
Vous me trouvez manichéen ? C’est vrai que je m’accroche à l’idée que cette seconde conception soit efficace. Pour ne pas désespérer de la démocratie.
Vous me trouvez dur avec Sarko ? Regardez le débat sur KTO (à 12′),
vous verrez que je ne suis pas tendre avec Hollande.
Illustration : montage. Source Le Parisien (1 et 2)
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Je rejoins en grande partie ton avis. Mais où sont partis les centristes ? Bayrou a fait un score très décevant, Hollande n’a pas atteint des sommets…Et l’abstention a été assez basse.
Un des coeurs du problème est en effet le monolithisme de l’UMP. A l’époque du RPR et de la grande UDF nous avions une droite avec deux puissances idéologiquement identifiées : le néo-gaullisme d’un côté, le centrisme de l’autre. L’UDF elle-même était une confédération de différentes familles de pensées : Démocratie chrétienne (CDS puis FD), Libéralisme (PR), Radicaux (Valoisiens), et autres clubs démocrates sociaux. L’UDF était très clairement de centre « droit », à la différence du Bayrouisme actuel. L’actuelle atomisation du Centre, l’absence d’encrage idéologique clair (le Nouveau Centre est flou), l’hypercentrage bayrouiste (le Modem n’a rien de l’UDF) font que cette famille n’a plus de visibilité. Le flou de l’UMP n’arrange pas non plus les choses… Donc oui, la droite et le centre-droit traversent une crise existentielle…et il est à craindre que cette crise aboutisse à un échec.
Content de lire enfin que la tentative de récupérer l’électorat est de toute façon peine perdue ! Une élection se gagne au centre. Je crois que cet adage s’applique encore une fois en 2012 pour une raison simple : les électeurs FN prêts à voter N. Sarkozy le savent déjà. Les autres ne sont pas prêts de le faire.
Après le centre-droit (UDF), la droite toute entière (RPR, UMP des premières années, etc.) risque de se retrouver elle aussi orpheline, sans responsable politique d’envergure pour lui donner une structure. Où iront ses électeurs ? Où vont-ils au 2ème tour ?
Visiblement Villepin a dégainé le premier pour la reconstitution de cette droite humaniste post-6-mai : http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/27/la-droite-m-effraie-la-gauche-m-inquiete_1692193_3232.html
Je crois qu’on pense trop à l’électeur en matière de « masses » à convaincre… et que c’est une grille de lecture perdue.
L’utilisation de mots comme « droitisation », ou le verbe « droitiser » relève de schémas mentaux préconçus qui sont en fait des techniques de virus idéologiques, baptisés « mèmes » dans « The Selfish Gene ». Ce serait trop long à expliquer que cet appareillage de notion date de l’offensive gramsciste lancée par le KGB pour tenter de faire douter puis de convertir un occident libéral capitaliste par la culture.
il y a 20 ans que le mur s’est écroulé, ces peaux mortes continuent à survivre, cela n’empêche pas si vous consultez le citoyen dans la rue, qu’il n’est plus du tout dans ces schémas mentaux là.
Pourquoi ne pas simplement faire le constat avec toute la sagesse du monde :
La droite sort de 10 années de pouvoir au niveau national, finalement, a-t-elle fait le job oui ou non ?
Si elle n’a pas fait le job, où en est la cause sinon dans le fait que chaque institution à présent, éducation, santé, justice, banque, journalisme, pouvoirs locaux, etc. bref chaque corps intermédiaire se braque dès qu’il voit venir une réforme et tout le monde lutte pour ses budgets.
La campagne de François Hollande a joué sur l’apaisement avec ces corps intermédiaires et a promis de passer par l’impôt plutôt que par des réformes structurelles.
Avec la taille du ballast de la dette : le navire France est au bout de ces capacités financières de réinvention ou d’innovation. déjà que nous n’avons pas les moyens, si en plus nos institutions n’ont pas la volonté.
Nos collectifs institutionnels ne sont plus adaptés, de plus ils organisent inconsciemment leur survie pour nourrir les désaccords entre gouvernant et citoyen, de manière à ce que dans ce jeu ils tirent le profit maximal.
A partir de cette analyse, la suite est toute trouvée : une crise à l’espagnole ou l’italienne peut très bien nous tomber dessus, si François Hollande n’assure pas la stabilisation, ce sera simple, il sera débarqué comme le chef du gouvernement italien ou grec. Sarkozy est en recours providentiel.
Si Hollande au contraire ne connait pas de problème particulier, c’est simple, il y aura d’autres élections et d’autres batailles pour faire valoir cette alternance, et tout le monde aura oublié jusqu’au nom de Patrick Buisson sauf celles et ceux qui resteront obsédés.
Voilà, sinon à part s’occuper du réel, maintenant il faudra attendre je crois quelques générations avant que l’Europe et la France (qui est un élément important) veuillent à nouveau « faire civilisation », c’est à dire acquérir enfin une volonté de conquête économique, culturelle et politique, faire puissance d’une manière intelligente et pas en socialisant les dettes. Si personne ne veut c’est bien simple, on continuera de s’enfoncer, on a déjà dépassé le niveau de la ligne de flottaison. C’est la question fondamentale.
@ Charles Vaugirard : je ne trouve pas que le Nouveau Centre soit flou, pas plus que ne l’était l’UDF. Ce qui lui manque surtout, c’est du relief (malheureusement, cela semble consubstantiel au centrisme, et des personnalités emblématiques). De toutes façons, il y a un espace au centre-droit qui est aujourd’hui inaudible. pas inexistant, mais muselé. Tout juste entend-on parfois Jean-Pierre Raffarin apporter quelques réserves, sans que cela n’infléchisse en rien la politique et la stratégie. Bref, soit l’UMP réinvestit cet espace mais il se pose un problème de lisibilité quand on entend le « député UMP » Lionel Luca et le « député UMP » Marc Laffineur (par exemple). Soit un centre-droit va se reconstruire. J’ignore qui est derrière l’article, mais c’est un peu l’idée< ici.
@ Romain : Villepin parle, et écrit. Mais d’autres ont commencé à agir sans lui et bien avant lui. Même si ce rassemblement a achoppé pour le moment sur la nécessité de serrer les rangs dans la bataille, l’ARES ne l’a pas attendu.
Charles a écrit ::
Je dirais que la « récupération » ne peut se faire qu’au long cours et pas au prix de quelques signaux sans lendemains. Quand on pense au débat sur l’identité nationale, qui était un signal évident, il a été mal lancé, mal mené et, au final, il n’a débouché sur rien parce que cela faisait trop de dégât et occupait trop d’espace et qu’il fallait le clore rapidement. Le résultat est que ça a braqué tout le monde : les électeurs modérés pendant le débat et les électeurs frontistes à son issue.
Avec Dominique Reynié, dans mon billet de 2010, je crois qu’il reste possible d’affronter les vrais sujets (tels que l’avenir de nos générations) de façon suffisamment responsable pour être entendu. Pour cela, il faut une vraie réflexion de fond, une stature, et aussi… des résultats. La difficulté est que cela dépend aussi beaucoup des conditions économiques et, en particulier, du chômage, et que là-dessus, tous semblent se casser les dents les uns après les autres.
tlhote a écrit ::
Si Hollande ne l’assure pas – et je n’attends pas grand-chose de sa part – il restera en place jusqu’au bout. Nous ne sommes pas dans des régimes parlementaires. Et 5 ans d’erreur, c’est long.
Je rejoins votre analyse, et votre métaphore du pistolet à un coup me semble très pertinente. J’ajouterais même qu’avec cette dernière cartouche, l’UMP se tire une balle dans le pied faute d’avoir su viser.
Il faut, effectivement, se projeter dès maintenant dans l’après second tour car, tout ce qui se sera dit dans cet entre-deux tours laissera des marques, c’est certain. Des marques qu’il sera difficile d’effacer par la suite. Il faut montrer que cette stratégie, elle est loin d’être partagée par l’ensemble de la droite et avoir le courage de s’en démarquer dès à présent. Il vaut mieux endurer dix jours de critiques que dix ans de reproches.
Comme vous, je pense que l’élection est pliée et qu’il faut savoir regarder à plus long terme. La stratégie actuelle est destructrice car non seulement elle ne peut plus empêcher la défaite mais elle produit en plus les germes de d’échecs futurs. Il aurait mieux valu éviter de se perdre dans le populisme, garder sa dignité, ses valeurs, et préparer l’avenir en les affirmant haut et fort. On aurait pu obtenir une défaite honorable en évitant de prêter le flanc aux reproches qui ne manqueront pas de pleuvoir par la suite. On préfère toujours celui qui perd avec l’honneur au mauvais perdant (voyez l’impact qu’à eu la démission de Jospin sur la gauche en 2002).
Maintenant, après une semaine de campagne désastreuse, il est trop tard pour changer de braquet, le mal est fait : le vote Modem est perdu et la droite modérée déboussolée. La droite aura besoin d’un sérieux examen de conscience après cette défaite et il vaudrait quasiment mieux qu’elle soit nette pour remettre en selle la droite humaniste et désarmer ce courant populiste, seul responsable de cette dérive pernicieuse et malsaine.
A Tours, la député européen Nouveau Centre Sophie Auconie est présidente du comité de soutien de Guillaume Peltier, candidat imposé par Paris, avec le soutien appuyé de Maurice Leroy et Philippe Vigier. C’est dire le positionnement du Nouveau Centre…
Le probleme de la droite c’est qu’elle fait l’inverse de ce qu’elle devrait c’est à dire etre plus à droite sur les questions economiques et au centre droits sur les questions de societe (immigration, justice, education, multiculturalisme etc.)
Elle devrait s’inspirer des droites anglaises et allemandes qui elles font un super boulot!
Vue la tournure que prend la campagne, une défaite le 6 mai ne peut à mon avis qu’entrainer une explosion de l’UMP (que ce soit avant ou peut-être plus probablement après les législatives). Je ne vois pas comment Humanistes et Populaires pourraient rester ensemble, alors que les seconds tirent de plus en plus à droite.
Ces jours-ci cela m’inquiète, car je ne sais pas jusqu’au la Droite Populaire irait si elle était vraiment autonome, mais plus j’y réfléchis plus je me dis que la voix des Humanistes est trop diluée dans les structures actuelles, et que l’indépendance est sans doute la meilleure solution.
Je suis convaincu qu’un message humaniste a sa place dans le spectre politique, et qu’une campagne sur ses thèmes n’aurait pas donné de moins bons résultats que ceux observés au premier tour.
Je pense que les votes des français de l’étranger (que j’ai analysé ici) en est un bon exemple. La campagne y a été différente, aussi bien de par le contenu des emails envoyés aux électeurs que du fait que les questions d’insécurité et d’immigration ont forcément moins d’impact. Le résultat est assez clair : même total de gauche, mais structure du vote complètement différente à droite.
Si une recomposition a lieu dans un futur proche, j’espère qu’une des conséquences sera un poids plus fort pour un message humaniste.
J’ai été au Nouveau Centre lors de sa fondation. Le Modem ne me convenait pas car il avait une dérive à gauche suicidaire : Bayrou refusait de tenir compte de la bipolarité de la Vème République. Résultat : malgré un beau score en 2007, il a perdu son appareil de parti (devenu Nouveau Centre) et il a obtenu ce piteux 9% dimanche dernier… Quand je parle du flou du NC, je veux dire par là que ses options idéologiques sont diluées dans un vaste « centre ». Bien que leur positionnement au centre droit soit clair (ce qui est positif), leur substance idéologique l’est moins. Tu vas trouver des libéraux, des démocrates-chrétiens, des démocrates sociaux, tous mélangés sans que leurs familles puissent exister en tant que telles… L’UDF permettait au moins à ces familles de faire valoir leur identité politique. Sur le manque de relief je suis d’accord : peu de visibilité, peu de notoriété… C’est dommage.
L’article d’Atlantico est excellent. Je vais réfléchir à un papier sur ce sujet (la question est essentielle).
Il est clair en tout cas que la stratégie Buisson a aidé Marine le Pen à « normaliser » son parti, en diminuant le chemin qu’elle avait à faire.
Une défaite de Sarko le 6 mai provoquera, j’espère, une explosion de l’UMP, qui permettra à une droite plus conforme à tes valeurs, que je partage en grande partie, de reprendre forme et indépendance.
Quant à la catastrophe que serait l’élection de Hollande, j’en suis de moins en moins convaincu. Une politique d’austérité trop forte risque de nous conduire directement à la situation grecque. As-tu lu les quelques billets récents de Krugman ? Il y a bien entendu celui où il parle directement de Hollande (http://krugman.blogs.nytimes.com/2012/04/21/a-note-on-the-french-election/), mais aussi http://www.nytimes.com/2012/04/16/opinion/krugman-europes-economic-suicide.html et http://krugman.blogs.nytimes.com/2012/04/27/its-all-so-confusing/
Monsieur BAYROU, après un excellent début de campagne a sombré dans les critiques, un coup HOLLANDE, deux coups SARKOZY (« dérive à gauche » dont parle VAUGIRARD). Cette stratégie était suicidaire.
SARKOZY est victime d’un anti-sarkozysme sur lequel HOLLANDE a surfé habilement.
On ne peut nier comme le fait HOLLANDE la crise économique et financière qui a frappé la France à partir de la fin 2008.
La montée de Marine LE PEN se fait sur ce fond de crise. Le billet de KOZ souligne bien que cette montée du populisme se fait dans d’autres pays d’Europe.
Je ne crois pas du tout à l’éclatement de l’UMP à court terme, même si ici ou là on aura peut-être des
rapprochements avec le F N en dehors de l’appareil de l’UMP. Je pense que Marine LE PEN fait une mauvaise analyse en pensant que l’échec de SARKOZY favorisera ses desseins.
Rien n’est joué et en une semaine beaucoup d’évènements peuvent arriver.
Ce qui est certain c’est que HOLLANDE ne pourra pas appliquer son programme sauf à nous conduire dans le mur
Cher Koz,
Je profite de l’occasion, parce que ton article tombe à pic, et qu’il m’évite de t’envoyer en privé le mail que je m’apprêtais à t’envoyer. Simplement pour te dire merci de ce que tu as fait pendant cette campagne présidentielle. Comme beaucoup de personnes, j’ai lu beaucoup, reçu beaucoup d’informations plus ou moins pertinentes pendant cette campagne. Je me suis beaucoup réfréné à écrire à l’occasion de cette campagne. Parce qu’une grande part de ce que je lisais avait tendance à m’énerver, pour tout un tas de raisons, et parce que je ne voulais pas m’exprimer sur ce ton agacé. Mais aussi parce que je crois profondément au mal que le brouhaha médiatique fait à la démocratie (ces médias qui font les rois), et qu’une manière pour moi de protester de manière cohérente était surtout de ne pas contribuer à ce bruit. Donc de faire silence, globalement.
Merci pour tes analyse parce qu’elles ont toutes témoigné d’une chose qui a cruellement manqué dans le gros de ce que j’ai pu lire ailleurs : l’humilité. Cette élection présidentielle est un vrai sac de noeuds pour moi. Aucun choix n’est facile, aucun argument ou contre-argument n’est évident. Tu as fait part systématiquement de ta subjectivité, de ta compréhension des choses sans que je n’ai jamais l’impression que tu tentes de l’imposer. J’ai été très agacé par les consignes de votes ou de non-vote, les excitations autour des sondages, sur ce que les catholiques avaient le droit de faire ou de ne pas faire… parce qu’au-delà du manque de sérieux des propositions les plus péremptoires, ce trop-plein m’a donné un tout petit peu l’impression d’instrumentaliser la doctrine catholique, pour ne pas dire la foi.
C’est sans doute parce que je me sais facilement péremptoire aussi, et que je suis déjà tombé dans ce genre de travers, que je n’aurais pas tenté l’exercice de donner « mon avis » sur l’élection présidentielle cette fois, même si je n’avais pas choisi de me taire pour les raisons précédemment indiqué. Tu l’as fait, et très bien fait (ça ne veut pas dire que je voterai comme toi, ceci étant dit, hein). Parce que cela nous est offert et que c’est fait dans cet esprit de vérité, je le considère comme un vrai acte de charité. Voilà, merci pour cet acte de charité.
Je ne crois pas que l’élection se joue au centre. Je dirais plutôt qu’elle se joue au niveau du Français moyen.
A mon avis, il y a trois facteurs qui jouent dans l’équation pour l’élection de Nicolas Sarkosy. La crise, l’antisarkozysme et l’islamophobie. Les deux derniers ne demandent pas d’explication. En ce qui concerne la crise, il s’agit des électeurs qui en veulent à Sarkosy parce que le pouvoir d’achat n’a pas vraiment augmenté, le chômage n’a pas baissé et les impôts des ménages et des entreprises n’ont pas baissé non plus. Ils l’accusent de ne pas tenir ses promesses et la crise ce n’est pas leur problème, c’est la faute de Sarkosy. Le seul facteur qui joue en faveur de Sarkosy pour le deuxième tour c’est l’islamophobie. Une grande partie des électeurs du FN nient que leur vote a été motivé par l’islamophobie. Ils vont évoquer d’autres éléments comme la sortie de l’Euro ou que sais-je, mais leur raison première est un rejet caché de l’Islam. Les islamophobes qui ont voté FN sont acquis, donc il faut cuisiner le centre et le centre-gauche dans ce domaine pour les convaincre de voter Sarko. En ce qui concerne le facteur crise, Sarkozy peut encore travailler beaucoup là-dessus pour convaincre une plage assez large d’électeurs. Quant à l’antisarkosysme, la bataille semble perdue d’avance, mais il reste le débat Sarkosy vs Hollande du 2 mai. C’est purement qualitatif, l’importance de chaque facteur ne pourra jamais être quantifiée.
Moi, je me garde de critiquer les sondages parce que je reconnais que sans les sondages je suis complètement perdu pour ce qui est du deuxième tour. Je crois que ceux qui les critiquent, sont actuellement également perdus et ont du mal à pronostiquer un résultat.
J’ai bien lu vos commentaire, j’y reviendrai. Je veux juste apporter un complément à ce que j’écris : l’interview d’un sénateur UMP, Jean-René Lecerf. Nous sommes d’accord sur un bon nombre de points. Un simple exemple :
ou
ou encore
J’arrête là, je vous laisse lire.
Pour ce qui est des sondages il me semble que le taux d’abstentions a été surévalué ainsi que le score de Mélanchon et le score de Marine Le Pen sous évalué. Pour ce qui est de la montée du Front National je l’ai constatée là où je vis au fur et à mesure du déclin du PCF. Des communes où j’ai travaillé, des communes où j’ai vécu, où vivent des amis, de la famille ont vu augmenter le vote FN et Chasse Pêche Nature et Tradition au fur et à mesure que le vote PCF diminuait. L’insécurité de l’emploi, des salaires, l’augmentation de tout, le sentiment de ne plus pouvoir agir sur les évènements qui nous touchent, l’inquiétude des évènements nationaux et internationaux, la dégradation des conditions de vie pour de plus en plus de personnes expliquent je pense la montée du FN. A soixante ans j’ai souvenir d’une autre époque, d’autres campagnes électorales, je pense que la télévision joue aussi un grand rôle dans la situation présente et dans la montée des incompréhensions et des frustrations. Ainsi que le système électoral sans proportionnelle. Pour ce qui est des résultats à venir je pense que ce sont les abstentionnistes ou non du second tour et les électeurs de Bayrou et Marine Le Pen qui vont faire le résultat à venir. A moins d’évènements imprévus de dernière minute.
L’attitude satisfaite de Sarkozy à l’issue du scrutin de 2007 m’a laissé toujours un peu perplexe: il a bénéficié d’un report des voix FN, dont la raison n’est pas certaine, et pouvait tout aussi bien être attribuée – selon moi – à l’usure d’un personnage qui occupe les tréteaux depuis la 4ème république, et j’ose même parler d’usure physique, car le candidat éternel du Front semblait alors avoir perdu sa verve des grands jours, outre le fait, évident, que l’appareil du FN a perdu tous ses militants, une situation défavorable dans le cadre d’une campagne électorale. J’ai ce sentiment que l’état-major de l’UMP a bâti une stratégie en exagérant son succès de 2007, pour s’engager dans une voie sans issue. Sarkozy y a d’ailleurs perdu le bénéfice qu’il aurait pu engranger s’il avait maintenu son discours initial sur la crédibilité et la continuité des efforts passés. Avec l’embrasement inconsidéré de sa posture des derniers jours, la figure de l’homme responsable se retrouve plutôt chez son adversaire.
Sur le fond, oui, la pérennité du FN ne doit rien à l’éventuelle responsabilité de Buisson/Sarkozy: ce mouvement perdurera dans notre paysage politique. Il abandonnera sans doute ses vieilles antiennes et obsessions (guerre d’Algérie, tout çà), pour opérer une mue qui le rendra semblable aux collègues européens. Il est néanmoins difficile de connaître l’évolution future: des fois, le discours de MLP ressemble aux propositions style Tea Party – antiélitisme notamment, et le FN est clairement Tea Party en ce qui concerne les populations moins favorisées des agglomérations urbaines (« Les Noirs et les Arabes », dirait le militant de base), par contre et symétriquement en ce qui concerne le reste de la population, le FN se montre mélenchoniste zélé. Finalement le FN est effectivement très franchouillard: jalouser la gamelle de l’autre, imputer la misère prétendue de sa condition à la responsabilité des autres, exiger plus d’Etat comme solution à tout.
Bien vu Koz : je trouve également qu’une défaite sur les valeurs de la droite et du centre aurait été plus honorable que celle qui se dessine sur les valeurs de la droite extrême et de l’extrême-droite. Cette campagne porte également en germe l’explosion de l’UMP entre « populaires » et « humanistes ».
S’il s’agit seulement au final du départ de la bande à Luca & Co pour former un micro-parti ayant vocation à s’allier avec le FN pour préserver quelques sièges de députés dans le sud-est de la France, je dirais que cela ne changera pas grand-chose à terme au paysage politique de la droite.
La vraie « explosion », celle qui se ferait en deux grandes forces d’un poids comparable, pourrait par exemple se produire si un Copé prenait le leadership sur l’aile « populaire » et pragmatique (cynique ?) prenant acte que la droite a besoin de l’extrême-droite pour gagner, et qu’un Fillon ou un Juppé prenait la tête de l’aile « humaniste », refusant de diluer ses valeurs dans celles du FN. Ce serait évidemment une catastrophe pour l’UMP.
Peut-être alors, le seul recours, le seul chef capable de préserver l’existence de l’UMP, serait paradoxalement celui qui l’aura conduit au bord de l’abîme.
@koz
Je ne vois pas où vous perdez au niveau des valeurs.
Les déclarations récentes de sérieux sur le dossier de l’immigration de la part des candidats ne peuvent être tenues.
on a besoin de maintenir une pression sur le travail bon marché. Prenons un exemple loin de la France, feu le candidat Rick Perry, gouverneur républicain du Texas, pourtant extrêmement conservateur, avait promu un système de bourses en université pour les enfants d’immigrés illégaux. Bon, il avait mis cela sur le compte de son bon coeur d’évangéliste, mais son pied de nez à la politique du gouvernement fédéral s’explique par le fait qu’il a besoin d’une économie performante au Texas. Il l’obtient au travers d’un afflux constant d’immigrés mexicains illégaux. Un autre besoin, en homme de guerre, avait été aussi établi par Georges Bush président, qui s’est fait élire la seconde fois par la satisfaction des familles mexicaines régularisées, parce que l’un de leurs hommes s’était engagé dans les conflits à l’étranger.
Pour la France; le système est simple : l’arrivée d’immigrés ajout de la performance globale aux entreprises (pression sur les salaires), et crée un superbe effet d’aubaine pour le système social où on récupère de la cotisation sociale et des impôts chez de jeunes travailleurs en bonne santé. Quand ils sont diplômés en France, c’est encore mieux. Ils viendront en concurrence naturelle des autres avec plus de vigueur et de bonne volonté.
Ce système perdure depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il crée une situation de gagnant-gagnant en France entre politiques en mal d’argent frais pour les budgets et immigrés qui veulent un avenir dans une économie occidentale. Il ne dérange pas à gauche, il ne dérange pas à droite (sinon ils auraient corrigé le tir depuis 10 ans). Il est officiel et assumé. Car il permet aux budgets et aides de cette grande et belle nation de se maintenir plus ou moins dans un schéma Ponzi sur l’avenir, tant que nous n’avons pas à emprunter cher.
Il faut m’expliquer où, mais vraiment où, n’importe quel candidat de l’UMP ou du PS peut être « contaminé » par les idées du FN, mais réellement contaminé, hien ? pas du discours de surface genre humanisme contre droitisation, gentils contre méchants, Pif contre Hercule, Mickey contre Donald. De toute façon, à moins de briser l’équilibre global du système étatique français, tel qu’il est, je ne vois pas.
Peut-être que les annonces « tonitruantes » de Sarkozy sur la « division par 2 de l’immigration légale » ou les éléments rassurants du bon papa Hollande qui va « être ferme » sur l’immigration illégale, vont être suivies dans les faits. Rien n’est moins sûr. Ce n’est l’intérêt économique de pas grand monde pour l’instant.
C’est un sujet extrêmement mal traité, car ceux qui il permet à moindre frais et avec un grand cynisme économique de passer pour un « saint homme » ou un « homme dans le vrai ». On attend d’ailleurs un jour un grand débat dessus, avec des idées innovantes, surtout de la part des sénateurs hein ? pas du « on ne touche à rien » ou du suivisme de catastrophe annoncée de dernière minute.
Bonsoir,
il me semble que l’on n’a pas adopté la stratégie la plus efficace face au front national: cesser de l’ostraciser, et le considérer comme un composant minoritaire de la droite, au même titre que le parti communiste, qui a plus des milliers de fois plus de sang sur les mains que le FN, est un composant de la gauche.
Si l’on fait cela, le front national sera forcément en partie associé à des décisions désagréables. Il aura un groupe à l’assemblée qui devra répondre de ses choix, potentiellement contradictoires. En devenant maire de communes de banlieues, on verra qu’il ne peut pas faire de miracles.
Pour moi, l’erreur de N Sarkozy, c’est de ne pas avoir poussé la stratégie jusqu’au bout, et proposé à Marine Le Pen un accord pour les législatives, voire le ministère de la jeunesse et des sports (ou autre strapontin).
Cette stratégie a tuée les communistes, au point qu’ils ont maintenant besoin d’un extérieur pour faire un score médiocre à la présidentielle. C’est la seule qui peut ramener le front national sur terre. Sinon, à être l’opposition éternelle qui peut critiquer sans rien avoir à prouver, vous vous retrouverez un jour avec un front national à 30%.
Cette stratégie a aussi l’avantage de rééquilibrer les reports de voix entre la gauche, où le PS récupère sans scrupules les voix les plus extrémistes, et la droite, où cela est tabou. Cette stratégie me plait aussi car elle est démocratique, en ce sens qu’elle respecte les électeurs du front national qui sont des français comme les autres.
Lundi matin, l’agence France Trésor, la mal-nommée, chargera 20 opérateurs financiers agréés d’écouler sur le marché 500 millions d’euros de titres de dette. Le lendemain mardi, les partis et les syndicats feront chacun leur grand barnum dans Paris. Mercredi, deux boxeurs talentueux feront leur entrée sur le ring pour une comédie à fort audimat. Jeudi, les commentateurs referont le match, sondages à l’appui, et se chamailleront sur le nom du vainqueur de ce « grand rendez-vous démocratique » télévisé. Vendredi, Bercy réglera aux créanciers la facture hebdomadaire d’1 milliard d’euros d’intérêts. Samedi ce sera repos. Dimanche, ce sera le grand jour, à défaut du grand soir. Le lauréat pérorera : « Vous allez voir ce que vous allez voir, ça va changer ». Le lendemain lundi, les marchés financiers lui expliqueront ce qu’il doit faire pour continuer à emprunter à moins de 5 % avec au minimum un double A. Merkel et le « goldman-sachs-boy » Draghi lui téléphoneront illico pour lui dire : « Bravo cher ami, mais soyez raisonnable, ne résistez pas ». Au passage, il y aura encore une émission de bons du trésor pour 500 millions d’euros, comme chaque jour que Dieu fait. Ensuite, le nouveau président fera semblant d’arracher de haute lutte l’insertion dans les traités de trois pauvres lignes sur une croissance à laquelle plus personne ne croit. La France n’est plus un pays libre, cher Koz. Et c’est un pays qui est dans une situation très grave. Alors franchement, le spectacle des stratégies électorales d’un jour ou d’une semaine et les commentaires qui les accompagnent, cela me fait penser à la vache qui regarde passer le train : elle ne sait pas d’où il vient, elle ne sait pas où il va, mais cela la distrait que de le regarder passer en ruminant toujours le même feuillage. Une bien médiocre distraction, loin des affaires publiques.
c’est beau l’indignation . Mais qui y a t il de nauséabond à parler d’immigration ,de sécurité ,de valeur travail ? C’est privatisé FN ). Hollande et personne ne se lève pour le lui reprocher est cul et chemise avec l’extrème gauche dont le programme,malgré la faillite du monde communiste ,consiste à vouloir dynamiter le système en place .
Alors de grâce ne soyons pas naif ,cela fait 40 ans que la gauche manie cette stratégie ,CA PUE A DROITE ET CA SENT LA ROSE (LE GROS ROUGE en fait ) à gauche. Hollande qui veut régulariser les immigrés et donner le droite de vote aux estrangers ne se prive pas de chasser sur le terreau lepeniste ,mais ça c’est juste .ON nous prendrait pour de parfaits imbéciles que l’on ne ferait pas mieux
L’ « extrême gauche » a une définition précise.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Extr%C3%AAme_gauche
Le terme « extrême gauche » est employé pour désigner les courants politiques situés à gauche des partis socialistes et partis communistes traditionnels, c’est-à-dire les mouvements révolutionnaires qui militent pour l’abolition du capitalisme, situés à gauche des mouvements réformistes et de la gauche antilibérale.
Ceux qui désirent ici ouvertement l’alliance FN-UMP jouent sur les mots en faisant une fausse équivalence Mélenchon-Le PEN pour mieux justifier leur compromission.
@ Koz
Bravo pour l’excellente participation au débat sur KTO ! Je suis très admiratif. Fluide, pertinent, clair, maîtrise des sujets. Dommage que tu n’as pas eu l’occasion de préciser plus en détail sur tous les points qui posent problème dans le programme de Hollande, par exemple sur l’euthanasie et la recherche sur les cellules souches.
45% des catholiques pratiquants auraient voté pour Sarkosy au premier tour comparé à 17% pour Hollande, je dois avouer que cela ne me déplaît pas.
azerty 2 a écrit ::
Rien de nauséabond : le pape en parle.
Ce doit être qu’il y a des façons de faire et des intentions différentes.
A mon avis, ça doit être ça.
azerty 2 a écrit ::
Hollande ne prévoit pas de régularisation massive des immigrés comme le répète l’UMP. En revanche, oui, il prévoit le droit de vote aux étrangers, mais je doute que ce soit ce qui lui permet de « chasser sur le terreau lepéniste ».
@ internaciulo : oui, c’est amusant, cette définition pratique et restrictive de l’extrême-gauche. On la croirait rédigée par le parti communiste. A l’inverse, l’extrême-droite est définie ainsi : « Le terme « extrême droite » est employé pour désigner les mouvements politiques les plus à droite. » De qui se moque-t-on ?
Guillaume de Prémare a écrit ::
Que la France ne soit plus un pays libre sur un plan économique, c’est une possibilité. Mais, précisément, ne reste plus qu’une chose : les valeurs, la société, les questions sociétales, et ce que l’on désigne sous ce vocable que je n’aime pas, mais qui existe, le « vivre-ensemble ». Ce sont peut-être les derniers leviers d’expression, alors si, je crois que ça vaut la peine de s’y investir.
@ Pneumatis : merci cher Pneumatis. Entre les critiques des sarkozystes et celle des hollandais, cela fait du bien d’avoir l’appréciation d’un non-aligné.
Dimitri a écrit ::
J’aurais tendance à la souhaiter, pour plus de clarté mais je ne suis pas du tout certain qu’elle se fasse. On a tendance à penser que « ces gens-là ne peuvent pas s’entendre », mais c’est oublier qu’il y a aussi des intérêts pratiques qui ne sont pas illégitimes. Que faudrait-il qu’il advienne ? Que les Humanistes prennent leurs cliques et leurs claques ? Mais pourquoi devraient-ils se priver du financement et des moyens de l’UMP pour les « beaux yeux » de la Droite Populaire. On va, je le crains, plutôt assister à un grand jeu de « c’est pas moi qui pars, c’est toi d’abord ». La guerre va aussi s’ouvrir pour la présidence de l’UMP, avec pour enjeu d’influencer le discours dominant. Si c’est Fillon qui l’emporte, il y a plus de chances de maintenir la « Droite Populaire » à distance. Le risque est de déboucher sur la cacophonie et quatre ans de règlements de comptes, des « congrès de Rennes » et des synthèses sans souffle. Bref, que l’UMP devienne le PS de la grande époque.
Pepito a écrit ::
Oui, et d’autant plus qu’il ne s’agissait pas non plus de militer ou de donner vraiment notre opinion personnelle, même si elle transparaît clairement. Mais, en 10 minutes, on ne peut pas absolument tout développer. J’aurais volontiers développer d’autres points, mais c’est un sujet sur lequel on peut faire deux heures.
Switz a écrit ::
D’autant que cette stratégie n’a engrangé aucun autre succès depuis 2007. Et, comme quelqu’un l’a déjà fait remarquer, elle tenait peut-être beaucoup au fait qu’elle s’appliquait face à un Jean-Marie Le Pen vieillissant, et décalé sur beaucoup de sujets.
hipparkhos a écrit ::
C’est possible aussi, en effet. La frontière a été brouillée, des deux côtés, et on peine à distinguer clairement ce qui nous distingue (à l’exception de solutions excessives, d’une tonalité particulièrement agressive et d’une « capacité » de gouvernement supérieure à l’UMP).
hipparkhos a écrit ::
Tu sais, moi, l’économie… J’avoue un manque de formation sur le sujet, mais je trouve aussi que c’est très fluctuant. Les uns et les autres te démontrent de façon tout aussi imparable des enchaînements prétendument inéluctables. Klugman n’est pas neutre idéologiquement et l’on te trouvera un autre économiste qui contestera avec brio ses thèses. La rigueur serait mauvaise, oui, c’est possible. Mais, de fait, ce n’est pas ce qu’a fait Sarko, et il s’en trouve suffisamment pour le lui reprocher. Et à l’inverse, même, en 2008, il a lancé un plan de relance.
Côté Hollande, je n’ai toujours pas compris, puisqu’il se garde de l’expliquer, ce qu’il entendait par « mettre une dimension de croissance ». En clair, cela signifie quoi ? Se laisser la faculté de creuser les déficits pour continuer de dépenser ? Il faut le dire clairement. Parce que sinon, je ne pense pas que Sarko ou Merkel aient pour objectif de mettre une dimension de récession dans l’économie.
AL a écrit ::
Qu’est-ce qui serait « être plus à droite sur les questions économiques » ? Le libéralisme ? Le FN est (devenu) étatiste, et les libéraux sont plutôt au centre droit (et notamment au Modem).
la droite devrait être plus conservatrice, sur les idées et ne pas céder au progressisme béat. Intégratrice à la française et anti-multiculturaliste.
Et du point de vue économique mettre l’accent sur la liberté reliée à la responsabilité, et non pas un systèmes de libertés morcelées qui sont en fait des droits de guichet étatiques.
C’est à dire, par exemple viser une économie moins communautaire et étatiste (gros point d’achoppement avec les chrétiens démocrates et les humanistes) vers une économie plus grande la transaction individuelle, qui a de grosses potentialités avec le développement du Réseau.
Bonne remarque sur Marine Le Pen qui a viré étatiste, républicaine jacobine, ce qui ne semble pas étonnant puisque son stratège est un ancien transfuge du souverainisme à gauche, chevênementiste : Florian Phillipot.
Une bonne partie de sa campagne ne s’est pas faite sur les idées concernant l’immigration, mais sur la défense d’un mode de vie à la française et sur l’europe qui servirait de levier à la mondialisation « ultra-libérale ».
L’ancien FN dirigé par jean-Marie Le Pen déclarait un certain droit à la xénophobie comme une vertu utile à la conservation de l’identité française et était extrêmement libéral du point de vue économique et aligné sur la révolution conservatrice de Reagan.
Ce glissement du nouveau FN n’est pas idiot, puisqu’il est désormais impossible dans l’état de la dette actuelle, et dans le respect des traités signés, et même pratiquement de stopper les flux migratoires, qui se sont développés notamment à cause du premier choc de la globalisation sur les pays africains, et l’inefficacité des ONG a aider à construire ces pays là. Bien au contraire.
M. Hollande a sûrement une de ces positions fermes dont il a le secret sur l’immigration mais apparemment M. Pujadas n’a pas pu la lui faire préciser …
J’irai au Trocadero le 1er Mai mais c’est anecdotique !
Profondément, je crains pour la France et l’Europe si nous perdons ce genre de personnalité affirmée , courageuse, énergique , pragmatique et qui , lui, connait ses sujets dans cette période de crise (rien à voir avec les braillement de Mme Le Pen ou ceux de M. Mélanchon !) ! N.
mais au fond, le score de LePen vient uniquement de l’absence de tous les petits candidats à droite (et à l’extrême droite aussi): Boutin, Devilliers, Villepin, Mégret, CPNT, etc.
et la faible score de Mélenchon vient de la présence de 3 candidats communistes et de la peur de se retrouver comme en 2002 sans le candidat socialiste au deuxième tour.
il ne faut pas chercher plus loin.
ensuite LePen rassemble plein de motivations très différentes sans aucune cohérence entre elles, il faudrait partir de chacune pour les récupérer.
Mais avant tout, les gens aimeraient des politiques exemplaires. et ça compte beaucoup.
donc ceux qui n’ont jamais été élus ont un point d’avance: ils ont moins de casseroles.
avec les idéalistes, les idéologues, … et les chanteurs.
Je finis par me lasser de la surprise feinte ou réelle face à la stratégie de Sarkozy. Je fais partie des gens – quand-même relativement nombreux – qui ont vu à l’époque où il est devenu ministre de l’intérieur que Sarkozy était un populiste prêt à jouer sur les peurs, le racisme et le mensonge pour arriver au pouvoir et s’y maintenir.
Chez Koz, cet aspect n’est abordé que sous l’angle de la stratégie électorale. Comme si la politique conduite depuis cinq ans était déconnectée des discours; comme s’il n’y avait pas réellement des victimes de cette politique.
J’avais aussi pronostiqué, après son élection, que Sarkozy serait chassé du pouvoir par un désaveu électoral sans précédent, même si c’était risqué vu son talent en la matière. Ce qui me désole, c’est qu’il sera effectivement chassé plus pour son style ou d’autres broutilles que pour le pire de sa politique.
Le FN, je m’en fiche. Mon problème, c’est le président de la république, au point que je suis prêt à voter pour François Hollande.
Je suis d’accord avec l’analyse de Do, le FN c’est avant tout le parti des grognons. Quand tout va bien les grognons ne sont que 2 ou 3% (voir le score de Le Pen lors de sa première candidature à la présidentielle), quand il y a des problèmes (emploi, suppression des services publics à la campagne, insécurité etc…) il monte à 20% puis se redégonfle très vite. Il sera intéressant de voir combien de voix le FN gardera pour les législatives. Ne pas oublier qu’en 1956 Poujade avait eu 50 députés (dont beaucoup furent invalidés mais il en était resté une trentaine) alors que quelques mois plus tard essayant de se faire élire à une parielle à Paris (il ne s’était pas présenté en janvier 56) il avait fait un tout petit score.Vouloir donc récupérer tous les grognons est impossible, illusoire, d’autant plus que bon nombre votent « normalement » pour la droite et y reviendront de toute façon et ceux qui sont issus de la gauche voteront Hollande ou blanc sans même envisager de voter Sarko. En revanche on peut dire qu’entre Lionnel Luca et Léonetti il y a bien deux droites que tout oppose, mais c’est une autre histoire.
Pour ma part, je voterai Sarkozy même s’il m’a profondément déçu.
Dans bien des domaines, je considère qu’il n’a pas de colonne vertébrale, pas de conviction solide.
Pourtant, sur quelques points qui me semblent vitaux, il n’a pas cédé, ou plutôt, des députés et des sénateurs de droite l’ont empêché de céder face aux lobbies : mariage homo, euthanasie, manipulation de l’embryon, etc.
Qu’en sera-t-il de Hollande ? Il annonce déjà la couleur sur 2 thèmes sociétaux cités ci-dessus : le mariage homo et l’euthanasie. Quand les 2 chambres auront basculées à gauche, pourra-t-on défendre avec succès les thèmes qui nous sont chers, à nous chrétiens ? Je crains que non; et une fois adoptée, il sera très difficile de revenir en arrière (voir le précédent sur l’avortement).
De plus, Hollande a indiqué qu’il procéderait à une « épuration » (le terme est fort, je sais) dans l’Administration et les fonctionnaires de droite seront invités à faire leur valise ! Pour Hollande, pas question « d’ouverture à droite ».
Enfin, la Gauche aura tous les pouvoirs pendant 5 ans : présidence, gouvernement, Assemblée nationale, Sénat, régions.
Le précédent de 81 peut nous faire craindre le pire; et encore, à l’époque la marge de manœuvre du pouvoir était bien plus grande : moins de traités, plus de souveraineté, une dette très largement inférieure, une immigration encore faible, des banlieues pas encore brulantes, des sujets sociétaux moins graves, une industrie florissante, des succès en devenir (TGV, Airbus, Ariane), etc.
Dans le cas de Hollande, sa marge de manœuvre est tellement resserrée (dette, traités internationaux et européens, envol des prix) que les seuls domaines où il pourra jouer seront les domaines sociétaux.
Comme certains commentateurs l’expriment, je pense qu’il faut prendre garde au « terrorisme intellectuel » dont parle si bien Jean Sévilla. La gauche nous force à penser selon ses schémas (qui n’est pas avec nous est contre nous, fascisation de l’adversaire), avec son propre vocabulaire (les Xphobies, pétainisme, etc.), selon sa propre idéologie.
Que sera devenue la France « hollandaise » dans 5 ans ? Je crains qu’elle ne se soit précipitée dans l’abîme.
Les premières minutes de l’enregistrement de KTO cité par Erwan, précédant le débat, nous montrent une grande bigleuse, étudiante attardée, et une ménagère de plus de 50 ans à l’élocution prudente, qui ne tiennent pas d’autres propos que d’une fadeur convenue: « il faut voter, si le Christ était là il voterait », « c’est un choix en conscience », « le prêtre n’a pas dit pour qui voter, bien sûr », etc. Bref, du pur jus de guimauve.
L’instant d’après, KTO veut nous convaincre que le maire de Lyon « assume pleinement les racines chrétiennes de sa ville », parce qu’il fait une rapide allusion à Saint Pothin et à Sainte Blandine, pour relativiser dès la seconde partie de sa phrase leur importance. Guimauve du propos politique, qui donne à manger à tous avec des mots clés sans portés, guimauve du commentaire journalistique qui s’extasie de rien.
Viens le débat avec Erwan. Qu’il me pardonne, je n’en ai rien retenu. « Vos [journaux] hebdos chrétiens sont à l’unisson cette semaine » annonce le présentateur dans la revue de presse. Bien, tous politiquement corrects, en somme. Circulons, il n’y a rien à voir. Viens le débat sur ce qui peut « faire le choix des catholiques face aux candidats du deuxième tour ». On s’étonne vaguement, comme la correction oblige à le faire, que 30% des jeunes cathos votent Le Pen. Puis viennent 10 minutes de gloubi-boulga, d’où saillent péniblement de vagues poncifs tels que « c’est clivant », « choix de société », « le bon accueil de l’autre », « choix en conscience », « chaque catholique a sa sensibilité », « enjeux forts », « rester vigilants », sans qu’on nous dise jamais lesquels ou de quoi. Une loghorrée navrante, parce qu’on est à la télé et que des gens écoutent ce qu’on dit. Alors prudence, prenons garde de ne livrer une opinion. Le mot de la fin, cruellement pathétique, revient au présentateur : « merci à tous les deux, on pourrait en parler encore pendant très longtemps, à bientôt sur KTO ». C’est sûr, parler pour ne rien dire, ça peut durer longtemps.
Avant que Erwan dévoile son identité, le blog koztoujours m’avait frappé par son ton mi-réfléchi, mi-ironique, pas conformiste mais savoureux. Depuis qu’il a « posé sa plaque« , c.a.d. dévoilé son identité, je me surprends à n’y passer que par intervalles lointains. Le ton est devenu plus lisse, comme freiné par le regard des pairs. La droite désignée « humaniste » par Erwan, devrait-elle s’obliger à parler en public avec toujours une touche de fadeur ? On s’ennuie sec. La droite qualifié avec dédain de « saucisson-pinard », elle, ne renie pas sa gouaille. Peut-être ne faut-il pas chercher ailleurs l’adhésion pour elle des jeunes catholiques.
@ Golffies : permettez que je m’affranchisse des règles du débat. C’est si politiquement correct.
Je trouve la fin de votre propos ridicule.
Cette passion du politiquement incorrect est au moins aussi imbécile que vouloir être politiquement correct pour être politiquement correct.
La passion du politiquement incorrect est puérile, cela me rappelle une crise d’adolescence un peu vaine, une puberté déraisonnable. La Droite Populaire, c’est une réunion de vieux adolescents, aimant choquer pour choquer et qui ne sont, au fond, que superficialité.
La passion du politiquement correct, c’est être lâche. Avoir peur de sortir des sentiers battus pour chercher une possible autre solution. Peur de l’inconnu, de la réprobation. Sortir des sentiers battus ne signifie pas avoir raison (la Droite Populaire le prouve chaque jour de façon cinglante). Mais c’est une démarche nécessaire pour qui cherche de nouvelles solutions, quand la réalité est décevante.
En bref, « parler vrai », ce n’est pas nécessairement se vautrer dans les pires poncifs (« les jeunes sont de plus en plus violents et de plus en plus tôt », le « c’était mieux avant » étant un poncif datant de milliers d’années…). Avoir la « gouaille » (si vous parlez là d’éloquence) c’est parler à l’esprit et au coeur. C’est en vain que j’attends d’un populiste qu’il parle à mon intellect.
Si les jeunes catholiques votent pour la Droite Populaire (je vous laisse la paternité de cette affirmation) uniquement parce que la Droite Populaire ose raconter n’importe quoi, excitant les passions sans but ni raisons, alors ces jeunes catholiques sont médiocres.
NB : je ne suis pas aligné à Gauche ou à Droite. Je ne critique pas les jeunes catholiques parce qu’ils ne votent pas de la même façon que moi. Mais je ne vous cache pas un fort rejet de la Droite Populaire -et du FN-. J’espère ne pas avoir été fade.
Koz a écrit ::
J’ai été aussi surpris du fait que certains « libéraux » anglo-saxons ne soient pas des avocats à tout prix de la rigueur, et pensent qu’il vaille mieux effectuer les réformes structurelles nécessaires à l’économie avant de serrer les boulons.
Concrêtement, les réformes structurelles, cela veut dire donner plus de fluidité au droit du travail, supprimer toutes les entraves corporatistes (privilèges des pharmaciens, chauffeurs de taxis, monopoles type SNCF), soumettre à la pression concurentielle les acteurs semi-publics disposant d’une rente (sociétés autoroutières, opérateurs de téléphone, mais aussi médecine libérale), réformer le système fiscal pour qu’il favorise plus l’emploi, limiter la bureaucratie inutile, assouplir les plans d’occupation des sols pour en finir avec la pénurie du logement, et aussi un chantier à long-terme: réformer l’enseignement (par exemple l’enseignement de l’anglais qui est une tragédie à part dans les grandes écoles). J’y ajouterai aussi un durcissement ciblé des prestations sociales pour favoriser le retour à l’emploi. Quand on regarde dans le détail, il est intéressant de voir que les privilégiés actuels sont autant de ‘droite’ que de ‘gauche’.
Le découvrant tardivement : félicitations pour le travail de comparaison fait sur les programmes au regard de la lettre des évêques. J’ai assisté à une conférence-débat sur cette lettre, débat que j’ai trouvé tristement lénifiant et d’une prudence étouffante. Tout de même, sur la fin du débat, M. Auberger (l’ancie député UMP je présume), intervenant de la salle, a estimé que tout cela manquait de sens de l’urgence : avec la crise financière et budgétaire, c’est la démocratie elle-même qui est en danger et qu’il s’agit de sauver. On lui a répondu que absolument, c’est très vrai, et on est passé à autre chose.
Bref, ton travail ou le tableur de Raphaël Bui ont/avaient le mérite d’être « opérationnels ». Je les mets dans la même catégorie que le tableau de simplyleft ( http://simplyleft.wordpress.com/2012-comparez-les-programmes/ ) et sans doute quelques autres !
Mais pourquoi n’y aurait-il de choix qu’à droite ou à droite? Faut-il désespérer d’une autre hypothèse qui ferait bouger les lignes entre des camps antagonistes? Et alors le choix est plus large
@ Régis de BERRANGER : pour dimanche prochain, c’est râpé.
@ Golffies : voyez, j’ai commencé par désapprouver votre commentaire et puis, finalement, je l’ai validé. Comme ça, pour la démonstration. Vous illustrez assez précisément ce que je ne veux pas, pour ce blog, ou ailleurs. La mise en cause personnelle, les procès d’intention, les insinuations médiocres, le mépris des autres (je parle des personnes interviewées). Alors, vous savez, le faux compliment pour mieux tacler ensuite, vous savez, c’est une « technique » que l’on m’a jouée de si nombreuses fois depuis que j’ai lancé mon blog qu’elle est franchement risible. Pour le reste, la réponse de Flashy suffit. A ceci près que vous pouvez même vous dispenser totalement de venir ici, d’autant que vos commentaires ne seront plus validés.
@ FrédéricLN : il me semble que ce qui peut expliquer cette absence de référence à la crise, c’est qu’il est difficile pour l’Eglise de donner des indications concrètes en matière économique, pas qu’elle néglige l’enjeu. Un paragraphe est d’ailleurs consacré à l’économie et la justice.
@ Dang : si je ne l’ai pas dit cette fois, j’aurais dû. Mais je l’ai peut-être dit sur Radio Notre-Dame, Radio Vatican ou KTO cette semaine. Je suis effectivement bien d’accord sur le fait qu’il faut attendre de voir si le FN confirme son score, ce qu’il n’a généralement pas fait, et notamment en 2002.
do a écrit ::
Pas faux. Comme l’a dit, je crois, le sénateur plus haut : si, comme il le dit, il se retrouve à 9 contre 1, c’est aussi parce qu’il a tout fait pour qu’il n’y ait pas d’autres candidatures.
@ Gatien : le « je l’avais dit » est tout de même toujours plus facile à dire a posteriori. Au moment où on « le dit », il y a des alternatives possibles. Et il restera que Sarko est l’un des rares, voire le seul, qui s’était opposé avec un certain succès à Jean-Marie Le Pen en débat. Et ça compte.
Mais je ne désespère pas! La fidélité aux convictions est la seule voie possible
Koz a écrit ::
Cher Koz,
Je ne dis pas que les questions de société ne valent pas la peine que l’on s’y investisse ; je dis que les commentaires des stratégies électorales ne valent pas tant de passion ni d’effort intellectuel au regard de la gravité de la situation de la France. Si l’on parle « boutiques » (entendez « partis »), on ne parle de rien, ou de si peu : un spectacle éventuellement divertissant pour les uns, mais désespérant pour d’autres. À mon avis, il y a là vraiment de quoi « désespérer la démocratie ». Car il y a une question urgente qui est celle du politique et de son autorité (ce n’est pas la seule). Que la France ne soit plus un pays libre sur le plan économique est en effet « une possibilité » comme vous dites. Je dirais même un peu plus qu’une possibilité. Et pour rester pondéré, je dirais que cette liberté est au minimum sérieusement amputée. Voilà, à mon avis, une question qui mérite davantage qu’un simple constat distant que l’on pose avant de retourner tranquillement aux affaires « boutiquières ». Il n’et pas nécessaire d’être grand clerc pour comprendre qu’un pays qui doit trouver le moyen d’écouler chaque jour 500 millions d’euros de bons du trésor pour payer ses dépenses courantes et régler sa facture hebdomadaire d’1 milliards d’euros d’intérêts se trouve privé de liberté (ou du moins est-elle sérieusement amputée). Cette « prison » a été consentie par les Etats, elle ne lui a pas été imposée par les marchés, mais les marchés en sont aujourd’hui les geôliers. Il n’est pas non plus nécessaire d’être un expert pour comprendre que, dans ce cadre, les traités ajoutent aux portes de la geôle quelques verrous particulièrement handicapants. Vous remarquerez que, chacun à sa manière, les deux candidats du second tour attaquent cette semaine les traités. Il le font, à mon avis, certes pour capter des voix populaires, mais aussi parce qu’ils savent que s’ils n’ont aucune marge de manœuvre une fois élu, le pays pourrait un jour ou l’autre s’avérer ingouvernable parce qu’explosif. Regardez la Grèce, qui est dirigée par la troïka FMI/BCE/Commission et n’a plus de marge de manœuvre : il se pourrait bien que le 7 mai au matin (élections législatives le 6), elle s’avère ingouvernable, peut-être au bord de l’explosion. Ou non… Je ne suis pas devin… Qui vivra verra…
Je crois donc que ce que l’on appelle les « affaires publiques », c’est ce type de sujet et non les « affaires boutiquières ». Mon propos est donc clairement une critique – que je veux amicale – de votre démarche éditoriale. À mon avis, vous croyez parler de politique, mais vous parlez d’autre chose.
Amicalement,
Guillaume
« Si les électeurs protestent, c’est évidemment contre lui, contre le président élu, contre une situation actuelle dont le président est jugé comptable, un système dont il est le premier représentant. »
Toute l’ambigüité de la situation est contenue dans cette phrase. Quelle est la part de responsabilité du président dans la situation actuelle ? Un autre aurait-il fait mieux, si oui, comment ?
Autre chose, quand la gauche n’a pas de scrupules à rassembler des trotskistes révolutionnaires et des socio-démocrates, la droites se prend la tête parce qu’un de ses courants aborde sans fard la question de l’intégration des populations immigrées en période de crise. J’ai un peu de mal à comprendre. Je croyais que l’utilité des politiques consistait à aborder tous les problèmes, y compris ceux qui affectent les quartiers périphériques (qu’en général ils n’habitent pas).
Je reste, en effet, assez libre de mes choix de sujet. Je ne pense pas, d’ailleurs, avoir consacré beaucoup de billets aux questions boutiquières et autres polémiques de campagne, alors qu’elles n’ont pas manqué.
Mais ces questions de stratégie et de boutiques conditionnent en partie l' »audibilité » des valeurs auxquelles je crois, l’orientation de la société et l' »atmosphère » générale. Vous pourriez me dire que ce ne sont que des broutilles de campagne mais c’est ce que j’ai voulu croire en 2007. J’ai voulu penser que les histoires de Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale n’étaient que passagères… et puis le ministère a été créé. Au demeurant, si Sarko se plante en raison d’une mauvaise stratégie, cela aura aussi des conséquences directes sur un certain nombre de réformes économiques qui ne passeront pas, ou de réformes sociétales qui passeront.
Et puis, lorsque l’on a dit que la France n’a plus le choix de sa politique économique (ce qui est partiellement vrai), encore faudrait-il proposer des solutions et j’ai comme le sentiment d’avoir épuisé mon expertise économique une fois que j’ai dit qu’il valait mieux limiter les dépenses. Sauf à prôner la révolution, la faillite ou la nationalisation des banques. Mais j’y crois peu.
Hervé a écrit ::
Je ne vous le fais pas dire. Ce que j’écris ne signifie rien sur sa responsabilité. C’est juste une question de lisibilité, et de stratégie. Se positionner sur l’anti-système quand on est président de la République, c’est corsé.
@Koz
Le « je ne l’avais pas dit mais personne ne pouvait le prévoir » est encore plus facile il me semble.
Heureusement, les blogs ont le mérite d’archiver:
« Nicolas, excédé, pointait du doigt ces proches disciples, mais il était trop tard. La foule ivre de colère allait de jeter sur lui et lui seul. […] La vie reprit son cours normal, et on entendit plus jamais parlé de Nicolas. «
(pas très bien écrit, et à remettre dans le contexte de commentaires précédent dans le fil).
http://ericdupin.blogs.com/murmures/2007/05/ouverture_payan.html?cid=70825176#comment-6a00d8341c632c53ef00d8357e657f69e2
Rédigé par : Gatien | 27 mai 2007 à 13h21
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Le certain ne succès n’est pas certain…
@Koz
Le « je ne l’avais pas dit mais personne ne pouvait le prévoir » est encore plus facile il me semble.
Heureusement, les blogs ont le mérite d’archiver:
« Nicolas, excédé, pointait du doigt ces proches disciples, mais il était trop tard. La foule ivre de colère allait de jeter sur lui et lui seul. […] La vie reprit son cours normal, et on entendit plus jamais parlé de Nicolas. «
(pas très bien écrit, et à remettre dans le contexte de commentaires précédent dans le fil).
http://ericdupin.blogs.com/murmures/2007/05/ouverture_payan.html?cid=70825176#comment-6a00d8341c632c53ef00d8357e657f69e2
Rédigé par : Gatien | 27 mai 2007 à 13h21
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Le certain succès n’est pas certain…
@ Gatien : j’ai lu le commentaire. Je vous épargne le mien ? 😉
Koz a écrit ::
Mon expression « démarche éditoriale » est mal choisie. Je ne veux pas critiquer la démarche éditoriale générale de ce blog (si je la trouvais sans intérêt, je ne viendrais pas sur le blog !), je critique l’angle éditorial de ce billet centré sur les boutiques.
Sur le fond, en effet, il faudrait aborder des pistes pour sortir de cette situation extraordinairement complexe dans laquelle nous sommes. Séguin avait expliqué en 1992 qu’il n’y avait pas de politique économique sans politique monétaire ; il avait ajouté que l’indépendance de la BCE allait lier les mains du politique, il avait raison. Il proposait une monnaie commune (et non une monnaie unique) gérée par une BCE soumise au politique (et non indépendante). 48 % des Français l’ont suivi, il s’en est fallu de peu pour que l’on échappe à un tel corsetage. Aujourd’hui, je pense que le préalable est donc de récupérer des marges de manœuvre au niveau de l’autorité politique. Le politique doit de nouveau primer sur l’économique, il doit reprendre la main. Cela implique probablement de sortir des traités ou au minimum de les renégocier durement, voire de sortir de l’euro ou d’en faire une monnaie commune et non plus unique, pour retrouver des politiques monétaires nationales. En gros, il s’agit de défaire ce que l’on a mal fait et qui nous corsète… Mais il faut bien peser les conséquences et ne pas présenter cela comme une solution magique. Et surtout ne pas dire aux peuples que cela exonérera de certains efforts. Je pense par ailleurs qu’il est possible d’inverser, ou au minimum de rééquilibrer, le rapport de force avec nos créanciers. Aujourd’hui, ils nous disent (je schématise) « Faites ce qu’on vous dit sinon on ne prête plus, ou alors à des taux prohibitifs » ; l’idée serait d’inverser le « pistolet sur la tempe » en leur disant « Faites ce qu’on vous dit et laissez nous faire ce que nous croyons juste et nécessaire, sinon on ne rembourse plus, au moins en partie ».
Koz a écrit ::
Une fin à la PS est ce qui pourrait arriver de pire. Ce serait la garantie d’être inaudible sur les valeurs, et inefficace pour les élections.
Je comprends le risque du départ en terme de financement. Cela limite forcément les ardeurs. Cela jouerait à plein dans le contexte d’une survie de l’UMP et d’une présidence proche de la Droite Populaire. Par contre, que se passerait-il si les deux tendances décidaient de se séparer et que l’UMP cessait d’exister sous sa forme actuelle ? Le financement disparaitrait-il complètement, ou serait-il divisé entre les nouveaux partis ?
La France, c’est une vieille voiture mal entretenue qui descend une mauvaise route de montagne par temps de brouillard. Ce que l’on attend du chauffeur c’est une bonne vue, des réflexes, l’expérience et la connaissance de la route et de sa machine. Qu’il ait un langage châtié, qu’il soit mal habillé, qu’il serre trop sa droite par tactique ou par habitude, peu importe. L’important c’est qu’il nous évite le précipice.
@Hervé
Vous résumez ce que beaucoup pensent, ou au moins arguent: Sarkozy a su manoeuvrer finement pour nous éviter la catastrophe.
Pour les gens qui, comme moi, voient dans les crises financières des phénomènes économiques dont la dynamique est autonome et, au moins à court terme, assez indépendante des décisions politiques, c’est incompréhensible.
J’ai déjà posé la question ici sans obtenir de réponse: quelle(s) décision(s) prise(s) ces cinq dernières années nous ont d’après vous sauvé in extremis du naufrage financier? Quelles sont les manoeuvres particulièrement astucieuses qui ont permis d’inverser des tendances de fonds sur les taux de change ou les taux d’intérêts? Et d’où Sarkozy tire t’il son expertise des équilibres financiers internationaux?
Je ne vois que la mise en scène d’une série de sommets de la dernière chance face à « la pire crise de notre histoire ». Et puisque nous sommes encore en vie, la preuve est faite que la dernière des dernières chances a été saisie avec brio…
Je ne crois pas non plus au rôle de « sauveur » de Sarkozy et encore moins à la fable selon laquelle tout autre que lui aurait précipité (ou précipiterait dans l’avenir) la France dans l’abîme. Je pense que c’est pourtant sur ce « story-telling » qu’il aurait dû insister avec constance et cohérence (et sur la réforme de l’Etat qu’il a commencé à mener), en gardant sa posture de président, en défendant son bilan, en campant sur ses valeurs, plutôt que de naviguer à vue, par à-coups, sans colonne vertébrale apparente, se proclamant « candidat du peuple » « anti-système », pour finir par une course folle derrière le FN… Mais, apparemment, on ne se refait pas.
Perso, je ne crois pas que la stratégie de M. Buisson était de ramener les électeurs de Mme Le Pen vers l’UMP mais plutôt de rapprocher (sur les plans idéologique et aussi électoraliste) le FN de l’UMP. Et il a réussi son pari puisqu’une grande partie de l’électorat de l’UMP est favorable à des accords entre les deux partis (durant les prochaines législatives par exemple). Contrairement à son père, Mme Le Pen veut gouverner (ce n’est pas pour rien qu’elle a entrepris de dédiaboliser le FN) par conséquent et malgré ce qu’elle prétend aujourd’hui je pense qu’elle est 100 % OK pour passer des alliances avec l’UMP qui ne pourra pas indéfiniment draguer l’électorat frontiste tout en crachant à la figure de Mme Le Pen.
@ Gatien:
« Pour les gens qui, comme moi, voient dans les crises financières des phénomènes économiques dont la dynamique est autonome et, au moins à court terme, assez indépendante des décisions politiques, c’est incompréhensible. »
D’accord avec ce point de vue, les vrais maitres de la finance et de l’économie sont les PDG des grandes banques et des multinationales réunis à Davos. La marge de manœuvre d’un président français pour organiser la finance mondiale est très réduite, il peut toutefois influer mais pas décider.
Par contre quand il s’est agi d’empêcher les banques de crasher en 2008 je crois (sans preuve) qu’il a su contribuer efficacement avec Gordon Brown et Michel Pébereau à éteindre l’incendie en réagissant vite. C’est là que l’on reconnait les grands capitaines. S’il était incompétent son avis par deux fois pour le choix du directeur du FMI n’aurait pas été suivi.
Bonjour Koz… sans surprise, je suis d’accord avec l’essentiel du constat: oui, le pistolet à un coup a échoué, oui, le sortant qui se présente contre le système n’est pas crédible, et oui, la droitisation de la stratégie laissera les modérés de la droite orphelins. L’interview du sénateur Lecerf est un très bon exemple de ce phénomène.
Par contre j’ai quelques réserves sur certain de tes points:
Je ne crois pas à la droitisation de l’électorat. D’abord, l’électorat de droite n’est pas tellement plus à droite qu’il y a vingt ans: Chirac et Pasqua avaient déjà eu un beau succès auprès de ce même électorat avec leur code de la nationalité en 1987 et tu fais toi-même remarquer que le programme n’a pas viré à droite tant que ça. Ensuite, je ne crois guère à la possibilité de « droitiser » l’électorat par quelques signaux dans un certain sens. Les reportages du Monde (entre autres) sur la « France des invisibles » sont parlants: les perdants de la mondialisation ont des raisons objectives de se tourner vers ceux qui veulent casser le système. Ces gens n’ont pas eu besoin d’aide pour se « droitiser ». Les seuls « droitisés » ont été les militants UMP, qu’il ne fallait pas beaucoup pousser de toute façon, et qui traditionnellement suivront le leader du parti quelle que soit la direction prise.
La distinction la droite qui « fait du saucisson-pinard et manie l’insulte misogyne de comptoir », et celle qui « est humaniste et responsable » est très caricaturale. Je n’apprécie pas plus que toi ces messieurs de la Droite dite populaire mais ce n’est pas une raison pour les étiqueter aussi grossièrement. Et les « humanistes », qu’ont-ils fait de si « responsable » ces dernières années pour être ainsi dédouanés de leur part dans le bilan ? Je ne suis vraiment pas fan de cette étiquette « humanistes », prétentieuse et légèrement suspecte d’hypocrisie.
@ Pneumatis:
+1.
Canard sauvage a écrit ::
Cette stratégie est possible, mais elle couperait la droite en deux parties à peu près égales, avec des conséquences durables. Si vous prenez l’exemple de la gauche, sa scission au congrès de Tours de 1920 a eu pour résultat qu’elle est restée à l’écart du pouvoir entre cette date et 1981, à la seule exception du Front Populaire, période qui a duré moins de deux ans.
Dang a écrit ::
J’ai longtemps pensé cela, mais je crois que c’est une erreur que de prendre ainsi ces électeurs de haut. L’exemple de Poujade n’est pas probant: Le Pen est là depuis 30 ans et son influence n’a jamais durablement décru. LE FN ne fera peut-être pas 17% aux législatives mais on aurait tort d’en conclure qu’on peut négliger ce qu’il représente. Bien que n’étant pas chaud pour la proportionnelle, j’ai fini par conclure que François Mitterrand avait eu raison, sur le plan du principe démocratique, d’accorder par ce moyen une vraie représentation au FN. Ce que François Hollande prévoit de faire de nouveau, soit dit en passant.
@ Guillaume de Prémare:
Priorité à l’économie et à l’emploi: j’en suis bien d’accord, mais nous autres pauvres commentateurs n’avons pu commenter que la campagne qu’on nous a donnée. Nicolas Sarkozy a choisi d’éviter le sujet. Il ne l’a pas entièrement occulté, mais il s’est assuré que les projecteurs fussent concentrés sur autre chose. Ce qui a bien arrangé les affaires de François Hollande, ainsi dispensé de devoir s’expliquer en détail sur les dépenses qu’il devra réduire pour ramener le déficit à zéro en 2017, ce qui aurait pu le mettre en porte-à-faux sur sa gauche.
La raison de ces évitements symétriques est bien simple: les comptes, c’est un sujet casse-pieds et déprimant. En parler sérieusement, c’est se condamner à être impopulaire (ici, un petit salut nostalgique à Raymond Barre…). Reste la possibilité d’en parler de façon révolutionnaire: sortie de l’euro, prêts à taux zéro de la banque de France à l’État, nationalisation des banques, défaut sur la dette et tutti quanti. Bref, la solution de la planche à billets: l’idée qu’on peut laisser à ceux qui ne prennent pas le risque d’être élus.
Hervé a écrit ::
Voilà le genre d’analogie qui amène à voter pour le sortant quoi qu’il arrive. En ce qui me concerne, je préfère l’analogie de l’entreprise: le manager qui a eu tout pouvoir pendant cinq ans, a promis des résultats mirobolants et demandé à être jugé dessus, échoue très loin des objectifs annoncés, puis revient en fin de mandat expliquer que ce n’est pas sa faute, mérite d’être remercié poliment et remplacé par un autre, lequel sera bien sûr moins expérimenté. On prend ainsi le risque que le nouveau ne fasse pas mieux. C’est la vie.
@ Gwynfrid:
Voici un argument financier incitant à ne pas changer de chauffeur.
La France devra emprunter sur les marchés 200 milliards par an pendant le quinquennat pour rembourser les emprunts arrivés à échéance. Soit 1000 milliards cumulés à l’issue des 5 ans, soit 500 en moyenne sur la période. Il est fort prévisible, même si ce n’est pas fondé, que la coalition de gauche (molle et extrême) arrivée au pouvoir fera peur à des marchés qui n’aiment pas l’inconnu. Les taux en seront donc plus élevés. Prenons l’hypothèse de 1% d’intérêt supplémentaires. Cela nous coûtera en moyenne sur les 5 ans 5 milliards tous les ans (1% de 500), soit plus que ce que rapporte actuellement l’ISF au budget (4 milliards).
@Hervé
C’est pas de chance, je n’ai pas dit ce avec quoi vous êtes d’accord… « Autonome » ne signifie pas dirigé par quelques banquiers suisses. Les premiers maîtres de la finance sont les mathématiques, c’est ce que je voulais dire. Quand à la marge de manoeuvre d’un président, elle est immense. Il peut par exemple décider comme Sarkozy en 2007 de creuser les déficits, mais il n’a tout de même pas le pouvoir de faire que 2+2=5.
Surtout ne pas bouger le petit doigt pour éviter de faire peur aux marchés! Après la gauche molle, la droite frileuse…
Il paraît même que si Hollande est élu on perdra le AAA. Heuh… Comment? C’est déjà fait!?
@ Hervé:
C’est un argument particulièrement faible: le coup de la peur, un classique à droite (la gauche a essayé parfois d’employer cet argument, mais de sa part ça tombe toujours à plat).
Dans les faits, les marchés n’ont pas paniqué, à ma connaissance – or, tout le monde a à peu près compris que le résultat de l’élection était, disons, sûr à 80%. Ils n’ont pas paniqué et ne paniqueront pas, parce qu’ils savent que les politiques économiques des deux candidats sont, une fois ignorée la rhétorique de campagne, assez similaires, et sujette aux mêmes contraintes. Les deux vont augmenter les impôts, l’un le fera un peu plus au détriment des couches aisées que l’autre. Les deux vont devoir contenir les dépenses, ce qui sera très difficile quel que soit l’élu. Les deux ont promis de ramener le déficit à zéro, l’un en 2016 et l’autre en 2017, différence microscopique sur un horizon qui relève de toute façon de la boule de cristal. Ni l’un ni l’autre n’a expliqué de façon convaincante comment il allait s’y prendre.
Par ailleurs, je vous signale qu’historiquement, les gouvernements de droite n’ont aucune leçon de prudence à donner ‘a ceux de gauche en matière de déficits et de dette. Ce serait même plutôt le contraire.
Pour ce qui est de la gauche « molle et extrême »… les éléments de langage de l’UMP sont tellement grossiers qu’on les détecte instantanément, ça en devient risible. On a essayé de faire passer Hollande pour un mou: ça aurait pu marcher, parce qu’on ne le connaît pas tellement bien, mais dans la campagne il m’a plutôt surpris par sa fermeté et son sang-froid. Quant à l’extrémisme, c’est tout au plus un caillou dans sa chaussure gauche, bien moins gênant que celui que Sarkozy a dans sa chaussure droite.
@ Gatien:
Et Sarko pourtant n’a pas suivi les conseils de la gauche en 2008, Emmanuelli trouvait son plan de relance bien étriqué et souhaitait creuser bien plus le déficit ! On ose imaginer de combien serait la dette aujourd’hui si Royal avait gagné en 2007, la réforme des retraites n’aurait pas été votée, le nombre de fonctionnaires n’aurait pas été réduit, le 1 sur 2 n’étant pas mis en application…ce genre de détails, malheureusement, les marchés ne les oublient pas.
Ma parole j’avais raté cet excellent article du Figaro sur les mesures fiscales prévues par les deux candidats, comparant ce que paieront des « foyers types » représentatifs de la population française en cas de victoire de l’un ou de l’autre.
Il est clair que Monsieur et Madame Tout-le-monde, version Figaro, ont tout intérêt à voter Sarkozy. On se demande bien qui pourrait voter Hollande dans ces conditions.
Je viens de voir le clip de campagne de Sarkozy : ah bah finalement si, on a bien eu Le Pen au deuxième tour ! Chiche qu’il fait le même score qu’en 2002 ?
Yogui a écrit ::
Je ne sais plus qui a dit ceci, un politologue contemporain, je crois:
« Etre démocrate, c’est d’abord se libérer de la peur. La peur de perdre quelque chose, la peur de l’avenir et surtout la peur des autres . «
Rendons justice à ce clip de 2ème tour de Nicolas Sarkozy, il n’est pas tourné QUE vers le rejet de l’immigré, mais aussi vers la caricature et le rejet de son principal adversaire. Une technique qui semble avoir fonctionné jusqu’à présent auprès de l’électorat de droite, puisque même la droite dite « républicaine » voit Hollande comme un dangereux gauchiste incompétent qui va mettre le pays sur la paille et nous mettre tous au goulag…
L’antéchrist, je comprends qu’on ait envie de voter contre, mais il faut revenir sur terre: Hollande est un candidat de centre-gauche, et s’il est élu, sera un président de centre-gauche. Avec certes des défauts, mais ni Staline, ni Le Pen.
En tous cas l’intérêt des trois débats apparaît maintenant clairement : un sur l’immigration maghrébine, un sur l’immigration musulmane, un sur l’immigration africaine, ça serait pas de trop.
Yogui a écrit ::
Attention, avec des propos pareils, vous allez vous faire traiter de stalinien. Voire d’antisarkozyste…
Quand je pense que l’un des arguments anti-Hollande de début de campagne état qu’il voulait renégocier l’accord sur le nouveau traité européen… Potentiellement convaincant, à mon sens, sauf quand l’on parle de s’asseoir sur Schengen, comme ça, au détour d’un petit clip de campagne aux Français.
J’ai aussi une tendresse particulière pour ce panneau de douane, avec ses inscriptions en caractères arabes, comme de par hasard.
Oui, il faut voir ce clip de campagne qui éteint mes maigres scrupules d’avoir écrit ce billet.
L’Europe a été « vendue » aux Français comme une construction qui apporterait croissance et protection. Pour les plus nantis d’entre eux, elle reste une espérance et une chance. Pour les plus modestes par contre, elle est perçue comme le contraire c’est à dire une entité insaisissable qui les met en concurrence directe aves des Roumains sous-payés. C’est un fait qui explique le vote Le Pen. Faut-il mettre cette réalité sous le tapis ou s’en saisir ?
Le message est clair: la seule et unique question posée dans cette élection est celle de la protection de la France contre l’étranger. La seule proposition: diviser l’immigration par deux. La seule perspective d’avenir: les frontières. Au moins, on ne peut pas prétendre que l’image est floue. Le public visé, apparemment, est satisfait.
@ Hervé:
Il faut mettre ces gens dehors, dit le ministre chargé de la question. Manque de chance, ils reviennent. Nous voilà bien avancés.
@ Hervé:
l’Europe est un ectoplasme parce que les gouvernements des pays membres, surtout les plus importants, refusent de donner des pouvoirs à l’Europe. Ils sont bien contents de pouvoir s’abriter derrière le « technocratisme » de la Commission et le peu de visibilité démocratique du Parlement européen pour revendiquer à leur profit la légitimité, et ne font rien pour changer cet état de fait.
NS parle des « frontières » de l’Europe. Le camp du bien s’en étrangle. On peut aussi avoir l’intuition que mettre sur la table la question des frontières de l’Europe implique en pratique de donner à l’Europe les pouvoirs qui vont avec la gestion effective de frontières. NS ne l’a sans doute pas vu, il est dans la tactique à court terme, mais sur le fond, je ne suis pas scandalisé si l’on va vers une Europe plus consistante, avec un peu plus de « frontières », mais surtout l’approfondissement institutionnel qui va avec.
Incompatible avec le libéralisme revendiqué par Aristote ? Non. Je reconnais un rôle à l’État, une société libre n’est pas seulement libre, elle est aussi une société, donc régulée. Dans le champ des relations internationales, le désarmement intégral est une politique imprudente, l’ouverture peut être négociée sans être concédée d’emblée.
Aristote a écrit ::
… Autrement dit, vous en arrivez à inventer la signification qui vous arrange pour les positions prises par le candidat; une signification d’ailleurs incompatible aussi bien avec sa politique européenne des 5 dernières années (une approche intergouvernementale fort classique) qu’avec les fondamentaux de l’électorat qu’il courtise. Vous n’êtes pas dans le camp du bien, certes: vous êtes dans celui de l’imaginaire.
@ Gwynfrid:
Considérer qu’il y aurait d’un côté les « bons » qui laisseraient les étrangers entrer librement et de l’autre les « méchants » qui voudraient fermer les frontières relève d’une vision simpliste. Libre à chacun d’ouvrir les portes de sa propre maison et d’inviter à sa table qui il veut. Quand il s’agit d’ouvrir la maison commune, il semble normal que la question soit débattue, que chacun sans passion puisse avancer ses contraintes et ses arguments.
@ Gwynfrid:
Vous êtes incorrigible. Je me moque bien de ce que pense dans le fond NS, si tant est qu’il pense dans le fond quoi que ce soit. Rien dans mon commentaire ne vaut défense, ni critique, ce n’est pas mon problème, de la personne de NS.
Je commente l’idée de « frontières pour l’Europe » sur le fond. Si vous n’êtes pas d’accord, répondez sur le fond, et ne réagissez pas simplement sur la base du fait que NS l’a mentionnée. Demain, il dira peut-être le contraire, qui sait. Que direz-vous alors ?
à Hervé :
http://www.mediapart.fr/content/immigration-trois-films-danimation-contre-les-idees-recues
jor a écrit ::
Je trouve ce panneau polyghlote très pédagogique pour ceux qui envisagent de passer leurs vacances au Maroc, ils pourront déjà se familiariser avec le code de la route.
Gwynfrid a écrit ::
Merci pour ce graphique donné en référence car il est très révélateur du dérapage du modèle français depuis 30 ans tous gouvernements confondus. A l’époque de Giscard, il n’y avait pratiquement pas de dette. Cela veut dire que tous les gouvernements de droite avant Giscard n’ont pas produit de dette, mais cela ne nous intéresse pas tellement. Regardons ce qui s’est passé depuis l’arrivée au pouvoir de Mitterand en 1981.
Pendant la période entre 1981 et 2007, on voit que la dette augmente allègrement d’année en année. On voit aussi que le PIB augmente également de manière soutenue. Le graphique montre aussi que quand il y a une croissance forte, la dette n’augmente pas aussi vite que quand il y a une croissance moins forte.
Il est difficile de comparer les présidences et gouvernements de droite et de gauche, avec ces périodes d’avec et sans cohabitation. Sans aller dans le détail, la dette (définie selon les critères de Maastricht: dette totale des administrations publiques) augmente de 553 Md€ pendant les deux septennats de Mitterand, soit environ 40 Md€ par an pour une croissance moyenne du PIB de 6,5% par an.
Pour les deux présidences de Chirac (12 ans), la dette augmente de 548 Md€, soit environ 46 Md€ par an, mais la croissance moyenne du PIB est de 3,9%, soit une baisse de 26 points ou une diminution de 40%. On pourrait dire que la performance a été meilleure car la dette augmente aussi vite qu’avec Mitterand, mais la croissance est beaucoup plus faible, donc plus d’effort pour maîtriser la dette. Il faut bien sûr reconnaître que la gauche a participé à cet effort étant donné que Jospin était 5 ans premier ministre pendant cette période.
Il faut noter que la dette en 1981 représentait 22% du PIB et en 2007 elle était 64% du PIB.
La période de 2008 à 2011 pendant que Sarkosy est au pouvoir, est très particulière. C’est la première fois que le PIB stagne. La croissance moyenne du PIB est de seulement 0,7%. La crise financière de 2008 fait chuter le PIB de 2,3% en 2009 (récession). La dette explose. Il y a une augmentation d’environ 438 Md€ en 4 ans, soit 110 Md€ par an et la dette totale atteint 85% du PIB. Ce fléchissement du PIB est sans précédent. Dieu sait ce que se serait passé avec Royal aux commandes.
On voit donc l’enjeu de la présidentielle. Au mieux on pourra ralentir l’augmentation de la dette en espérant réduire le déficit à 3% en 2013 et atteindre l’équilibre en 2016 comme le propose Sarkosy. Hollande propose de dépenser plus tout de suite, donc de délibérément continuer à exploser la dette et seulement retourner à l’équilibre en 2017 basé sur une croissance de 2,5%, ce qui est totalement illusoire. Ce sera plusieurs centaines de milliards d’euros ajoutés à la dette sans avoir aucune perspective de plafonner la dette qui risque de s’aggraver par un multiplicateur diabolique dû à des taux d’intérêts qui doublent. On pourrait facilement arriver à une augmentation de la dette au bas mot de 500 Md€ pendant le quinquennat pour se trouver avec une dette totale de 2105 Md€, soit 105% du PIB si la croissance est de 1,0%. Bonjour les dégâts.
Merdemerde, plus que deux heures … on a combien de sous-marins nucléaires déjà ? Et la baguette elle est à combien ?
Gwynfrid a écrit ::
Je lis sur le site du Figaro: Guéant veut 40000 expulsions en 2012. Ça donne ça: Alain subira (aujourd’hui), 2 mai, une seconde tentative d’expulsion. Les policiers la lui ont promise musclée : balayette pour le mettre à terre, menottes dans le dos, camisole et scratch autour de jambes, porté dans l’avion comme un paquet, bâillonné, attaché
à son siège.
Alain a 18 ans. Au Cameroun, ses parents viennent de mourir. Il voulait travailler ici et envoyer de l’argent à sa petite soeur afin qu’elle puisse continuer à aller à l’école.
Je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières. Je dis comment ça se passe en France au début du 21ème siècle.
ça devrait vous intéresser:
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/03/francois-hollande-et-les-quatre-vertus-cardinales_1694363_3232.html
Je reproche avant tout à Nicolas Sarkozy d’avoir détruit le lien social et l’unité nationale en stigmatisant sans cesse pendant cinq ans un groupe de population, alternant les cibles (les immigrés, les chômeurs, les fonctionnaires, les jeunes, les syndicats, les musulmans, les roms, les malades, les malades mentaux, …) au gré des opportunismes.
Il a flatté les égoïsmes et entretenu la peur pour légitimer les atteintes aux droits fondamentaux et banaliser le mépris à la dignité humaine, la violence institutionnelle.
Son action stupidement comptable n’a pour bilan qu’une régression sociale et intellectuelle au profit d’une seule classe de nantis. Il y a plus de pauvres et de chômeurs et les gens riches sont encore plus riches.
Il a détruit le sens même du mot société qui est d’assurer un bien être général.
Ce type n’a aucun sens de l’humanité.
Une chrétienne responsable ne peut que repousser une telle candidature promouvant une idéologie contraire aux enseignements de l’Eglise, dont le principal, la fraternité, commande de respecter son prochain.
Je n’ai pas peur.
Je voterai Hollande.
En toute franchise, choisir un candidat qui va mettre en place l’euthanasie m’est totalement impossible. Cette idée me fait tout simplement horreur.
@ Florence:
Moi non plus, je ne pourrais jamais voter pour un candidat qui promeut l’euthanasie. La protection de la vie est le centre du combat chrétien en politique.
Il suffit de constater ce qu’est devenu l’euthanasie dans les pays qui l’ont autorisée (voir rapport de l’alliance VITA), jamais, ô grand jamais, je ne voterai pour qqun qui promeut la culture de mort, ou la vie devient une variable d’ajustement (pas assez de lits dans les hôpitaux ? Liquidez moi ces vieux).
Et puis, ne soyons pas dupes : Sarkozy racole les électeurs du FN d’un côté, Hollande est directement maqué avec le Parti Communiste de l’autre. Que vaut-il mieux ?
C’est justice de taper sur le FN dont certains électeurs ont encore la nostalgie du Reich (affaire Gabriac), mais c’est encore la justice qui devrait nous pousser à condamner les candidats qui se revendiquent directement d’une des pires idéologies totalitaires, sinon la pire, le Communisme-aux-100-millions-de-morts (mais ce n’est pas un concours).
Le classement électoral de Koz avait cela d’intéressant qu’il dépassionnait totalement le débat. Avec raison et conviction, le résultat de ce classement était sans appel : Sarkozy >> Hollande.
Après, il est toujours possible de voter imprudemment contre ses convictions et contre sa raison…
Cette élection ne se sera pas jouée sur les projets. Aucun des deux candidats ne nous a expliqué précisément comment il allait parvenir à l’équilibre en 2016 ou en 2017, ce qui est pourtant la question centrale du prochain quinquennat. On sait qu’ils prévoient tous les deux d’augmenter les recettes (les impôts) et de diminuer les dépenses. Lesquelles ? C’est le grand non-dit. Qu’a-t-on retenu du projet de Nicolas Sarkozy ? Dévoilé au dernier moment, quasiment en catimini, il était totalement absent du débat d’hier. Tout au plus retient-on qu’il compte diviser l’immigration légale par deux, ce qui semble une promesse improvisée destinée aux seuls électeurs du FN, mais qui sera de toute façon impossible à traduire dans la réalité.
Cette élection se sera jouée certainement sur le bilan du président sortant, plombé par la crise et sans doute aussi en partie par des mauvais choix. Et, là, l’avantage est bien sûr à celui qui n’a pas de bilan. Le débat d’hier l’a souligné, avec un François Hollande ramenant sans cesse Nicolas Sarkozy à son bilan, ce dernier étant condamné à jouer en défense dans de nombreuses séquences.
Mais elle se sera aussi jouée sur la manière d’exercer le pouvoir. La longue tirade en forme d’anaphore « Moi, président de la République… » de François Hollande, qui restera sûrement comme Le grand moment de ce débat (malgré son côté un peu « too much »), a cruellement dessiné en creux tous les travers de la présidence Sarkozy, qui expliquent aujourd’hui, au-delà des excès, le rejet majoritaire de la personnalité du président sortant.
Quant au story telling de l’UMP sur l’incompétence, la mollesse, l’indécision, le manque de charisme et d’autorité, l’ambigüité, voire la nullité, du challenger, il ne tient clairement plus la route aujourd’hui.
@ Aristote:
Il se trouve que nous sommes à trois jours de la décision, qui engage le pays pour cinq ans. Vous m’excuserez donc, je l’espère, de m’intéresser aux arguments de l’un et de l’autre en premier lieu. Pour ce qui est de la question de l’approfondissement des institutions européennes, elle n’est pas centrale dans les débats de l’heure (c’est le moins qu’on puisse dire, et croyez bien que je le regrette). Sauf sous l’angle que veut lui donner Nicolas Sarkozy: on en revient donc à la question telle que je l’ai posée à la lumière de ce clip de campagne. Les soucis de la France se résument-ils à une question de passeports et de postes-frontière ? Dans le débat d’hier soir, le Président sortant a heureusement abordé des thématiques plus larges. La portion du débat sur l’immigration était d’ailleurs, relativement au reste, de très bas niveau: j’ai retenu que des engagements importants étaient pris de part et d’autre sur les horaires des piscines municipales. Fondamental, n’est-ce pas ?
@ Pepito:
Si vous croyez à une croissance de 6.5% par an pendant les deux septennats de M.Mitterrand, il y a un gros problème dans vos chiffres. Je crois que vous parlez probablement du PIB inflation incluse, qui n’est pas un indicateur pertinent, surtout alors que l’inflation était encore très forte au début de cette période. Dans le graphique, seul le rapport dette/PIB est vraiment utile, car il vaut hors dépréciation monétaire. Et il en ressort clairement que les périodes où l’acroissement de la dette est le plus fort, de loin, sont la fin du second septennat de M.Mitterrand (gouvernement Balladur, et également le gouvernement Cresson en 1993) et le quinquennat de M.Sarkozy.
Un démocrate (humaniste, etc…) qui répugne à « peloter l’électeur », c’est un peu comme une fille de trottoir (ou de maison) qui fait la difficile. Il faut savoir ce qu’on veut. Mais on connaît la chanson : « Si le peuple vote mal… »
Je ne suis pas chrétien. A vrai dire, je suis athé. Mais, « de l’extérieur » si j’ose dire, voilà comment je vois la chose (je suis présomptueux en supposant que ça vous intéresse, je sais) :
Voter pour Sarkozy me semble difficile, voire impossible, pour un chrétien. Raisonner en terme de chiffres exclusivement (chose très sensible en matière d’immigration et de sécurité), c’est-à-dire de quantitatif, c’est oublier une dimension fondamentale de l’être humain et de la politique. La dignité, l’humanité, c’est du domaine du qualitatif. Et, du peu que je sais, il me semble que c’est important pour un chrétien. Certains faits et propos de Sarkozy m’apparaissent donc comme rédhibitoires. D’autant plus qu’il annonce la couleur : son prochain quinquennat risque d’être un discours de Grenoble géant.
Mais voter pour Hollande me semble également difficile. Il est pour l’euthanasie. Pour le mariage et l’adoption par les couples homosexuels. Ce sont des propositions certaines. Il me semble qu’il a tempéré quelque peu l’enthousiasme pour le mariage gay, qui n’était pas une priorité absolue du quinquennat. Mais pour l’euthanasie, j’ai bien peur que ce soit à l’ordre du jour…Et je comprends parfaitement que ce soit rédhibitoire. Cela l’est pour moi, alors même que je ne suis pas chrétien (ce qui ne m’empêche pas de voir d’un mauvais oeil l’organisation par l’Etat de qui doit vivre ou mourir).
L’abstention ou le vote blanc me semblent donc, a priori, les choix les plus logiques. Ce qui n’est pas satisfaisant.
Certes, il y a votre tableau. Mais, votre tableau, distribuant des points, Koz, a oublié que certains points pouvaient être rédhibitoires et ne pouvaient être compensés. Je caricature : imaginons un candidat proposant le massacre de telle ou telle catégorie de population. Vous lui mettez le score minimal, avec un fort coefficient ; mais le reste de son programme est bon, ou en tout cas comparativement meilleur qu’un autre. Voterez-vous pour un tel candidat? Non. Car il y a des choses qui ne se négocient pas. La dignité humaine, la tolérance, le droit à la vie en font partie.
NB : je sais que l’exercice consistant à noter les propositions ne prétendait pas à l’exactitude ou à la perfection. J’insiste simplement sur le caractère non-négociable de certains points, votre tableau n’étant qu’un prétexte. Il ne s’agit donc pas de démolir votre travail.
Flashy a écrit ::
Bon, alors, je cogne pas 😉
Les limites du tableau sont en effet décrites dans le billet et, bien sûr, si un candidat prônait un génocide, je ne pourrais pas me contenter de dire : « ah ben ça, ça vaut -15 ». Toutes proportions gardées, c’est ce que j’ai voulu exprimer à propos de Marine Le Pen.
Pour le reste, vous imaginez bien que ce sera un peu le sujet de mon billet de demain.
Gwynfrid a écrit ::
Vous êtes tout excusé. 🙂
Mais alors pourquoi me répondre, alors que j’avais clairement indiqué que j’exprimais une position de fond personnelle et non pas une interprétation de la pensée de Sarkozy ?
Jeff a écrit ::
J’ai trouvé que FH s’en sortait plutôt bien, mais à l’inverse de vous, pas dans ce passage où il récitait manifestement une tirade apprise par coeur, avec une élocution appliquée qui émeut à la fête de l’école mais faisait bizarre dans un tel débat.
Aristote a écrit ::
Parce que je n’avais pas compris cela à la lecture de votre commentaire, désolé. À la relecture, cela ne m’apparaît pas évident non plus. Mais je reconnais volontiers que l’atmosphère d’entre-deux tours se prête à ce genre de confusion.
@Florence & Obéron: si on résume, on a, d’un côté, l’euthanasie et de l’autre, l’exclusion de l’étranger.
On pourrait dire -1 partout du côté des valeurs chrétiennes et le vote au centre (non, pardon : blanc). Sauf que, comme l’écrivent les commentateurs précédents, tout ne se vaut pas.
Dans les évangiles, il n’y a guère de référence à l’euthanasie (en tout cas, pas explicite : la question est surtout liée à l’évolution de la technique médicale et au prolongement de la vie). Je ne dis certainement pas qu’elle l’autorise n’est ce pas (le principe de la vie) mais on peut avoir plusieurs interprétations selon ses convictions.
Par contre, la parabole du bon Samaritain est primordiale, centrale, pour la morale chrétienne et ne souffre d’aucun accommodement. Du reste, cette parabole ne pose pas la question de l’attitude à adopter une fois, à la fin de la vie, pour quelques personnes en grandes souffrances, à l’instar de l’euthanasie, mais de l’attitude à adopter tous les jours, à chaque instant, pour tout le monde.
Je vous laisse donc deviner mon vote de dimanche.
Flashy a écrit ::
On ne va peut-être pas refaire tout un débat sur le sujet ici, mais ce résumé de ce que serait l’euthanasie me paraît un peu rapide.
Je voulais éviter des propos trop longs.
Ma position, en bref, sur l’euthanasie (je vais affirmer, non démontrer ; je ne désire pas polluer les commentaires et je suis persuadé qu’il y aura une autre occasion d’entrer dans les détails) :
-L’Etat n’a pas à fixer les conditions dans lesquelles on peut ôter ou non la vie, hors légitime défense. Il s’agit donc d’une opposition fondée sur le rôle de l’Etat.
-L’euthanasie est un homicide. Motivé par la compassion, certes, mais cela n’en reste pas moins un homicide. C’est là la voie de la facilité. C’est mon opposition fondée sur l’émotion.
-L’euthanasie est vicieuse. Toute société est prête à sacrifier quelques membres, cf Durkheim . Et demander l’avis de personnes souffrant atrocement -ce qui induit souvent une dépression- n’est pas, à mon sens, s’adresser à une personne pouvant consentir de façon libre et éclairée (je suppose qu’on puisse recueillir son consentement…). C’est mon argument psychologique/sociologique.
-L’euthanasie est liberticide. Il ne s’agit pas d’une victoire de la liberté individuelle, mais de sa négation. On fait d’autrui un instrument de mort. C’est mon argument libéral.
-L’euthanasie ne doit pas être proposée maintenant. Pas en période de crise, de déficits monstrueux. Se demander si on doit piquer ceux qui nous coûtent les plus chers dans un tel contexte m’apparaît comme dangereux. Avoir une démarche active pour liquider physiquement des membres de la société encombrant me dérange. C’est mon argument fondé sur les circonstances.
-Les exemples médiatiques ne m’ont pas convaincu. Chantal Sébire notamment. Le suicide n’est pas interdit en France. Dès lors qu’on peut se suicider, pourquoi demander à autrui de le faire?
En réalité, je comprends assez mal comment on peut être pour l’euthanasie. Outre un « droit au choix » assez illusoire (et qui revient à un « droit à la mort » qui me semble saugrenu), j’ai l’impression que c’est la pitié qui motive une telle mesure. La pitié, ce sentiment moral particulièrement médiocre à en croire les philosophes (à l’exception de Rousseau ou Schopenhauer), n’est pas la garante de l’équité d’une telle mesure.
Je referme la parenthèse.
Le choix de ce dimanche va être cornélien. Choisir entre M. Sarkozy, que je n’apprécie pas, qui m’apparaît comme étant inique dans certains domaines et souhaitant se faire élire sur une ligne qui n’est pas la mienne, ou choisir entre M. Hollande, qui soutient l’euthanasie.
Pour l’euthanasie, je ne vais pas revenir dessus. Pour M. Sarkozy, lui donner mon vote, c’est prendre le risque qu’il gagne. Une victoire de sa part, dimanche, avec le discours qui est le sien, pourra laisser penser que les français soutiennent sa politique de droite extrême. Il voudra donc faire plaisir à son électorat supposé anti-immigré et anti-europe. Je n’arrive pas à accepter une telle perspective.
Du coup, me voilà embêté : je ne désire pas m’abstenir, et voter blanc risque fort de me donner l’impression de jouer le jeu de Marine Le Pen.
@ Annie Uwhaan:
Merci de dire exactement ( je n’ai aucun mot à changer) ce que je pense !!
GL.O
« Tu ne tueras Point » me semble fondamental et non négociable. C’est ainsi.
Quant à la parabole du bon samaritain, je ne vois pas en quoi la France à rougir. Les étrangers qui viennent en France ont droit à toutes les prestations sociales, leurs enfants sont scolarisés.
Bien sûr, on pourrait faire encore plus mais avec quel argent ? Des logements, des écoles, ce n’est pas gratuit. La France fait déjà beaucoup. Je trouve que la France est très généreuse, peut-être pas assez mais tout de même, il n’y a pas à rougir.
Mais tuer les malades et les vieillards, vraiment, j’ai du mal.
Peut-être qu’un jour, je serai vieille et malade, souffrant affreusement. J’espère que l’on ne me fera pas comprendre que je gêne et que devrais demander l’euthanasie. Quelle vision atroce !
@Florence: votre interprétation de l’euthanasie est, pour le moins, très large. Vous parlez là de dérive, pas d’une loi. Je ne vois pas comment un comité d’éthique pourrait autoriser l’euthanasie dans le cas évoqué.
Vous mettez un commandement du décalogue au-dessus d’une parole d’évangile, qui plus est, essentielle ?
Dans ce cas, ne votez surtout pas Sarkozy qui souhaite, entre autres, le travail le dimanche (« le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. ») et qui a connu sa seconde femme alors qu’elle était mariée (« tu ne convoiteras point la femme de ton prochain ») entre autres…
Bon, désolez de caricaturer car je comprends parfaitement le fond de votre pensée mais, je vous en prie ne caricaturez pas celle des autres en présentant votre choix de cette manière. Vous prenez certaines libertés quant à certains éléments de la foi chrétienne (il ne s’agit pas de la France qui devrait rougir mais de vous, en tant que chrétienne qui soutenez pas un principe chrétien « fondamental »), permettez que l’on puisse mettre en doute le caractère « fondamental et non négociable » de votre principe. Il l’est, pour vous, car il s’agit de votre interprétation. Cela ne fait pas de vous une meilleure chrétienne que moi.
@ Florence:
Entièrement d’accord avec vous.
L’alliance VITA a synthétisé les programmes des 2 candidats selon les principes de la protection de la vie et de la famille naturelle : ici. Les transgressions du programme de Hollande sont multiples, et pas seulement sur l’euthanasie.
Sachant que ces transgressions peuvent bien être irrémédiables, le principe de précaution et de prudence s’impose…
@ Florence
« Tu ne tueras point » n’est pas négociable ? Et puis on vote pour celui qui bombarde la Libye et qui restreint l’accès aux soins… C’est tellement crédible.
@ Jeff:
« Quant au story telling de l’UMP sur l’incompétence, la mollesse, l’indécision, le manque de charisme et d’autorité, l’ambigüité, voire la nullité, du challenger, il ne tient clairement plus la route aujourd’hui. »
François Hollande a montré qu’il sait débattre, qu’il est intelligent, habile, bon orateur, tacticien, télé génique. Il a été porté par une élection primaire qui a décidé de faire de lui une tête de file. Il a derrière lui tout une équipe fébrile qui aspire depuis 10 ans à gouverner et qui donc le soutient.
Saura-t-il pour autant, une fois au pouvoir conserver cette unité de circonstance, décider, faire des choix difficiles, choisir entre deux inconvénients, on l’espère. Mais sur ce point la campagne n’a rien démontré, ni dans un sens ni dans l’autre.
kathie.l
je ne donne aucune leçon de foi chrétienne. Je suis une très mauvaise chrétienne. Je suis sincère et ne fais pas pas de figure de style.
Concernant les moeurs « conjugales » de Sarkozy et de Hollande, c’est du pareil au même et je préfère ne pas porter de jugement. Par charité chrétienne ? Même pas sûr.
Pour l’euthanasie, je dis juste ce que je ressens au fond de moi et qui est profond.
Donner la mort, sous quelque prétexte que ce soit, me paraît affreux. Cela me fait horreur. Peut-être parce que plus jeune , j’ai été pour l’avortement et qu’aujourd’hui, je le regrette amèrement et que je ressens le poids du péché de manière très lourde.
Justement, à propos de l’avortement, cela devait être une loi d' »exception ». Qu’est-ce devenu ? 200.000 avortements par an depuis 30 ans . 6 millions de personnes en calcul cumulé. Plus de 2 fois la population parisienne !
Que penser de l’euthanasie ? Que cela finira de la même façon ?
Je ne peux pas m’associer à cette éventualité qui ne peut pas être balayée du revers de la main, surtout aujourd’hui où la crise sévit, où l’argent manque et sachant que les soins palliatifs coûtent très cher.
Je me suis fait berner pour l’avortement. Pas pour l’euthanasie.
Quoiqu’on en dise, les plus faibles, ce sont les bébés dans le ventre de leur mère, ce sont les malades en fin de vie, ce sont les handicapés graves. Ils ne sont pas en état de se défendre quand ils gênent. ILs sont faibles parmi les faibles. Si personne ne prend leur défense, dans quel monde vivrons-nous ? Un cauchemar ? C’est en tous les cas, ce que je ressens profondément. Je ne donne de leçons à personne. Je dis juste ce que je pense. Personne n’est obligé de penser comme moi.
Quant à la la parabole du bon samaritain, il me semble qu’elle s’adresse à chacun de nous, de manière individuelle. C’est beaucoup plus difficile de s’impliquer personnellement, avec ses biens personnels, avec son temps personnel, pour aider les autres qui passent sur notre chemin que de se défausser sur un Etat, quitte à payer plus d’impôts ou à augmenter la dette de nos enfants, trop jeunes pour s’en rendre compte, pour se donner bonne conscience en affichant une « solidarité » haut et fort et en s’en lavant les mains au quotidien. Puisque l’Etat s’en occupe, pourquoi je m’emmerderais dans la vie de tous les jours ? Trop facile.
La mauvaise conscience de ne pas assez s’occuper des autres, je la ressens tous les jours car je suis une mauvaise chrétienne et je suis du genre égoïste. Je le sais et j’en ai honte tous les jours. Ce qui me pousse parfois à être meilleure. Je préfère encore avoir mauvaise conscience, ce qui me pèse, que d’être emplie d’orgueil d’avoir « sauvé le monde » avec l’argent des autres, sans rien faire de plus que d’augmenter la dette de nos enfants et en déposant un bulletin de vote qui achèterait mon paradis. Je ne fais pas grand chose pour les autres mais je fais quand même un peu pour ceux qui croisent mon chemin. Il y en a qui font beaucoup plus que moi et je les admire profondément. Ils sont la lumière du monde.
houla hop,
si je suis crédible ou pas, je m’en fiche un peu.
Concernant les bombardements sur la Libye, je suis très réservée. Je suis a priori contre mais laisser Khadafi massacrer son peuple, je suis contre aussi. J e n’ai pas la bonne réponse. Quant aux hôpitaux, c’est la misère, j’ai pu le constater par moi-même. Echec pour Sarkozy. Idem pour l’éducation nationale, et pour bien d’autres points.
Mais dès le 7 mai, avec Hollande président, nul doute que tout va s’arranger de manière miraculeuse !
Monsieur « Moi Je » va nous faire passer de l’ombre à la lumière.
Je suis assez âgée pour avoir connu le même « passage de l’ombre à la lumière » en 1981 avec Mitterrand. Ce fut en effet « lumineux ».
Au moins Sarkozy fait semblant de s’intéresser aux Chrétiens. Hollande fait partie des bouffeurs de curés qui ne se préoccupent de la laïcité que quand il s’agit d’emmerder les catho.
Si – sol – sol – fa dièse – sol ! Dernières dépêches. Justice immanente.
La candidat bien comme il faut (+59, voir supra) va voter pour le pire mécréant (-54,5). C’est qu’il veut punir celui qu’on jugeait encore très présentable il y a peu (+48,5), sans doute parce que le bras de l’Eternel doit s’abattre sur qui s’est détourné de la l’Alliance (ténébreuse ?) pour aller « peloter » la Bête Immonde au ventre fécond de 666 fois dix mille électeurs.
P.S. : On ne s’explique toujours pas pourquoi le thermocathodétecteur a enregistré à son égard une mesure de -9,5 (délit de sale gueule inclus). Comment avec de tels repères suivre les voix (et les voies) de la pure et douce Nathalie K-M ?
@ Flashy: Vous allez vous plaire sur ce blog, où vous trouverez nombre de billets appuyant vos positions. Pour ma part je suis en désaccord avec l’essentiel de vos arguments, ne serait-ce que parce que l’Etat, dans le cadre de l’acharnement thérapeutique, définit déjà des conditions qui paraissent peu contestées dans lesquelles il est possible d’ôter la vie.
L’euthanasie, à la base, c’est restaurer un « droit au suicide » à ceux qui en sont privés par les circonstances. Que l’on soit contre par crainte des dérives que sa banalisation pourrait provoquer, je le conçois parfaitement et je le comprends. En revanche être contre son principe même constitue à mes yeux un abus de pouvoir inqualifiable visant à profiter des circonstances pour priver autrui de son ultime liberté d’être humain. Et je suis bien d’accord que le cas de Chantal Sébire ne relevait pas d’une démarche d’euthanasie.
Dans ce cadre je comprends assez mal comment on peut être contre l’euthanasie. Et alors que vous considérez ma position comme « moralement particulièrement médiocre », la vôtre me paraît relever de la certitude absolue de savoir mieux qu’autrui ce qui est bon pour eux, jusqu’à les priver de leur droit le plus inaliénable à disposer de leur propre vie. Un totalitarisme intellectuel en somme qui me paraît une motivation moralement pas très reluisante non plus.
Fermons la parenthèse.
@ Else:
Merci Else.
Ce que j’attends d’un politique est de l’espérance dans l’avenir. Nicolas Sarkozy a tout cassé et nous demande de nous résigner. Un vote pour lui totalement incompatible. Le chrétien n’est jamais résigné.
Gwynfrid a écrit ::
Effectivement, je ne parle pas de la même croissance que vous. L’augmentation du PIB pendant les deux septennats de Mitterand était très forte, c’est indéniable. Moi je dis en moyenne de l’ordre de 6 à 7% par année en utilisant les valeurs du PIB de l’Insee. C’est le même PIB qui est utilisé pour calculer le pourcentage de la dette par rapport au PIB du graphique en question.
C’est aussi indéniable qu’il y a une tendance constante à la baisse de la croissance en France depuis les années 80, peu importe comment vous la calculez. Le modèle français est tel qu’il est impossible de maîtriser le déficit, et donc la dette, parce que tous les gouvernements de droite comme de gauche sont en retard d’une guerre par rapport aux réformes qu’il faut faire et par rapport à la croissance qui les concerne. Si la croissance avait été la même pendant le quinquennat de Sarkozy que celle pendant celui de Chirac, on aurait vu les effets positifs des mesures prises par Sarkozy, mais manque de pot, il y a eu la crise et une croissance moyenne en France jamais aussi faible. De ce fait la dette a explosé.
Le traité de Maastricht, entré en vigueur en 1993, prévoyait de limiter la dette à 60% du PIB. En 1993, le pourcentage de la dette française par rapport au PIB était de 46%. En 1996, 58,1% ; en 1998, 59,6%. Jospin (première présidence de Chirac) essaye de maîtriser la dette (la croissance est favorable et il privatise) et se maintient en dessous de la barre des 60%. Après 2002, c’est le laxisme total avec Chirac et ça commence à se voir, 68.5% en 2005 ; 64,2% en 2007. Puis la crise de 2008 arrive et on passe au-dessus de la barre des 80% avec Sarkozy. L’Allemagne c’est pareil, 81,2% en 2011 (mais moins que 83% en 2010).
Actuellement il est impossible de diminuer la dette en montant absolu, au mieux on peut ralentir l’augmentation de la dette ou diminuer le % par rapport au PIB. Il faut de la croissance pour limiter la casse. Hollande dit: je veux stimuler la croissance en augmentant la dette, avec des eurobonds par exemple. Il y a manifestement quelque chose qui ne va pas.
Je ne sais pas combien de temps il va falloir à Hollande et aux membres du PS pour comprendre la situation, mais ça va être long, beaucoup trop long. Le programme de Hollande est en total décalage avec les conditions économiques de l’Europe. Vous êtes libre de porter les mêmes œillères socialistes, c’est votre affaire.