UMP | Heureux les affligés car ils seront consolés

pluie

C’est un vrai boulot, la cohérence. Vous ne pouvez pas un jour publier un topo sur la joie et laisser la déprime l’emporter le lendemain. Vous ne pouvez pas publier les mots de Paul VI appelant à toujours « discerner la face positive des personnes et des événements » et laisser libre cours à la seule colère le jour d’après. Quoique. Ou alors, il ne faut rien publier. Rien dire. Rien écrire. « Parler vous met en position d’être jugé, écouter vous met en position d’être juge », nous avait écrit mon père, qui savait camoufler sous les apparences d’une sagesse confucéenne sa volonté d’être seul à parler à table.

Alors, j’ai trouvé ça, mais je n’ai trouvé que ça : heureux les affligés car ils seront consolés. Voilà. Ça va mieux, du coup ? Parce que c’est tout ce que j’ai et qu’en terme d’affliction, on a notre comptant. Ah, ça, s’ils réussissent un truc comme pas deux, en ce moment à l’UMP, c’est bien à nous affliger. Et cette pluie qui ne cesse de tomber comme en un mois de mai 2012 ne fait rien pour nous ragaillardir. Elle nous rappelle l’ampleur du désastre en face. L’ampleur de l’échec. Un truc à faire écrire « bullshit » à Laure de la Raudière, exaspérée de voir le gouvernement faire aujourd’hui l’inverse d’hier[1]. Et si l’on pense qu’avant de défaire aujourd’hui ce qu’ils avaient fait hier, ils se vantaient de « détricoter »[2] ce qui avait été réalisé la veille, on sent qu’on avance. Et pourtant, ils avancent. Comme dans du beurre, ce qu’ils ne pouvaient imaginer dans leurs rêves les plus fous. Parce qu’en face, l’opposition a réussi la performance de s’effondrer toute seule, sur ses fondations. Fondations sablonneuses.

Peut-être cet échec du pouvoir n’est-il pas pour rien dans le marasme à l’UMP ? La perspective d’une présidentielle gagnable aiguise les appétits. Peut-être aussi le (faux) retrait de l’homme dit providentiel a-t-il ouvert une période de recomposition qui serait dans l’ordre des choses (la fraude aux élections internes l’étant moins, en théorie) ? Peut-être d’ailleurs celui-ci observe-t-il avec gourmandise une situation qui ne pourrait que lui profiter, le parti lui tombant dans la main comme un fruit trop mûr ? Il devrait pourtant prendre garde : le temps change vite le fruit trop mûr en fruit pourri.

Aujourd’hui, le jeu de massacre est terrible, constant, général. Chamboule-tout des personnes, chamboule-tout des valeurs. Comment ne pas être profondément écœuré ? On flingue Copé, on flingue Dati, on flingue Fillon, on flingue Bertrand. Oui, on en apprend « de belles ». Faudrait-il les taire parce qu’en face – de Cahuzac à Lamdaoui en passant par Morelle, et les syndicats – ce n’est pas mieux ? L’excuse a toujours été plus que bancale. Mais voilà, on apprend qu’untel imagine se déplacer en jet aux frais d’un parti, c’est-à-dire aux miens, puisque les partis vivent du financement public. Que tel autre mélange ardemment la politique et son business. Qu’une telle dépense autant en communication en un an que moi en vingt-cinq. On apprend que tels autres ne respectent pas la loi, paient des factures surévaluées aux copains ou compagnons avant, le lendemain, de tendre la sébile aux militants trahis. Quelle déchéance morale.

Et l’on apprend encore que ce parti supporte une dette abyssale, alors même qu’il se voudrait champion de la rigueur et de la gestion en bon père de famille. On se gausse, et c’est justifié.

Oui, ils nous font honte, quand la droite que nous voulons devrait simplement… être droite. Et la frange dorée de ce nuage noir là paraît bien fine.

Que l’UMP implose serait une chose : le bénéfice électoral ne compense pas le déficit politique. Ce parti dépourvu de ligne idéologique, d’idées, ne semble plus être qu’un distributeur d’investitures, auquel les cadres sont suffisamment peu attachés pour surtout chercher à en tirer Un Max de Pognon.

Mais on ne peut se contenter d’escompter une implosion avec un sourire mauvais. Ca soulage, c’est une bonne vengeance, mais ça ne suffirait pas. Les gars de la Boîte à Idées ont raison : c’est une révolution morale qui est attendue. Oui, la « politique moderne » a changé en métier la vocation, a démonétisé la parole politique, relégué les idées à l’arrière-plan. Et l’on n’imagine pas qu’il suffise de diviser le parti pour que, par extraordinaire, les personnalités se transforment. On n’imagine pas davantage que le retour du champion de la « politique moderne » permettra d’échapper au « buzz » et autres « éléments de langage ». Est-ce la météo morose ?, j’aimerais être en mesure de miser davantage sur les propositions qu’ils font. Au moins ont-ils le très grand mérite de se prêter à l’exercice.

Ces épisodes interviennent singulièrement en ce moment où Sens Commun ou encore Fromantin, à l’opposé de cette politique dite moderne, appellent à l’engagement. Comment y croire encore ? Il y a aussi l’oncle P qui « vous l’avait bien dit » et dissuade les jeunes écervelés qui « gambadent ». On ignorait pourtant que sa génération s’était montrée spécialement efficace.

Je le confesse : l’espoir est minime, le dégoût maximum. Il reste l’éventualité, pas absurde, qu’un jour, un jour prochain, tout ceci s’effondre et qu’il faille être là. Et si cela ne s’effondre pas, parce que les haines recuites se coaliseraient tout de même pour sauver la poule aux œufs d’or et aux investitures, peut-être faudrait-il malgré tout être là, parce qu’il n’y aurait pas de raisons d’imaginer qu’il y ait un sens de l’Histoire, et forcément vers le pire.

Et si tout cela est inutile, restera tout de même ceci : très très affligés, nous pouvons être beaucoup consolés.

Il reste ça. Et le mois d’août.

 

  1. sur l’apprentissage, donc, mais aussi sur l’imposition ou la clause de compétence des collectivités []
  2. sur l’économie, la justice []

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20 commentaires

  • Vive le mois d’août. Quant à l’UMP… c’était une mauvaise idée dès le départ. Ça aurait pu rouler quand même, mais les militants ont confié les clés aux plus grandes gueules, pas aux plus intègres. Aujourd’hui je ne sais pas s’il y a encore quelque chose à sauver.

    Le seul point de ce billet sur lequel je ne suis pas d’accord, c’est quand tu dis que la gauche avance. Si elle avance, c’est vers le précipice. L’état de la classe politique française est parvenu à un niveau encore plus bas que son précédent record (l' »élection » de Copé à la tête de son parti, pour la droite, et l' »élection » d’Aubry à la tête du sien, pour la gauche).

    Alors pour la partie « discerner la face positive des personnes et des événements », il y a des gens comme Jean-François Fromentin, certes, et des groupes de jeunes ici et là. Ceux qui essaient d’agir à l’extérieur de l’UMP, à mon humble avis, sont sur le chemin le plus prometteur.

  • Au passage, un petit truc que j’ai trouvé ici. Ce n’est pas le sujet qui compte ici, d’ailleurs il n’est très important en lui-même. Mais ça montre l’étendue du bullshit. On vote une loi de gesticulation politicienne, on sait qu’elle est inapplicable, alors on ne l’applique pas, en espérant que tout le monde va l’oublier et que le problème va disparaître de lui-même. Huit ans plus tard, on en est toujours au même point, et on se couvre de ridicule quand les gens à qui la gesticulation était censée plaire finissent par se fâcher. Cette gabegie législative ne date pas de Hollande, elle ne date pas de Sarkozy, elle remonte encore plus loin.

    (Et c’est Fromantin avec un A. Grr.)

  • Koz a écrit :

    Il reste l’éventualité, pas absurde, qu’un jour, un jour prochain, tout ceci s’effondre et qu’il faille être là.

    J’ai bien lu, c’est l’annonce officielle de votre entrée en politique ? 😉

  • « Il reste l’éventualité, pas absurde, qu’un jour, un jour prochain, tout ceci s’effondre et qu’il faille être là. » Pourquoi faire ? Pour ramasser les morceaux et essayer de construire un nouveau paquebot monté de bric et de broc ? Non,il faut partir d’une situation saine, créer quelque chose de neuf. Pourquoi pas Écologie humaine ?

  • Pourquoi ? Je vous renverrais à la réponse que m’a fait Jean-Christophe Fromantin : parce que s’il y a de beaux leviers dans le monde associatif, les vrais leviers sont en politique et qu’il n’y a pas de raisons de se cantonner aux petits leviers. En somme, il y a le soft power et le hard power. Pourquoi se cantonner au soft power ? Regardez les épisodes de l’an dernier, qui sont un assez bon exemple : vous pouvez faire des mobilisations monstres, tant que vous n’avez pas de députés qui votent dans votre sens, ça ne mène nulle part.

    Après, il n’y a pas de raison de considérer que l’un soit exclusif de l’autre.

    @ Tilt : vous ne lisez pas bien 😉

    Gwynfrid a écrit :

    Ceux qui essaient d’agir à l’extérieur de l’UMP, à mon humble avis, sont sur le chemin le plus prometteur.

    Qui ?

    Encore une fois, je suis bien loin de dénigrer l’action associative, ou les actions informelles. Elles sont nécessaires aussi. Mais, même si tout cela est désespérant, je ne suis pas prêt à laisser tomber ceux qui font le sale boulot en mettant les mains dans le cambouis des partis.

  • Koz a écrit :

    Qui ?

    Ben, Jean-Christophe Fromantin, pour commencer. (Je vais finir par arriver à retenir son nom, c’est promis). Autrement dit, je ne rejette pas les partis en général. Juste l’UMP. Même le PS me semble encore sauvable (bon,c’est pas gagné, quand même). Pour ce qui est de l’UDI, ce n’est probablement pas un eldorado politique, mais elle est loin de l’état de décomposition qu’on peut constater à l’UMP. Elle a aussi l’avantage de rassembler des gens qui, soit ont exprimé leurs doutes à l’égard du concept UMP dès le début, soit s’en sont détachés à un moment donné.

    Même l’UMP, à la rigueur… Les gars qui ont écrit le manifeste que tu as mis en lien énoncent le bon principes. Le problème c’est que pour remonter la pente il faudrait commencer par écarter des gens qui, aujourd’hui, détiennent encore beaucoup de manettes, et disposent encore du soutien de pas mal de militants, si incroyable que cela paraisse.

  • En fait, le pire est-il que le réel apparaisse sans fard, ou bien qu’il soit encore masqué ?
    Si la situation est des plus difficiles, oui, elle est à mon sens meilleure que lorsque tout ceci existait, caché. À droite comme à gauche, de jeunes loups ont cru tout avaler… Suffisait de faire l’ENA, ou du droit…
    La réaction de l’an passé, quand même assez inattendue, a manifesté que des personnes portaient encore de la lumière, de l’amour, le sens du réel. Il y a des gens qui se forment… Des groupes essaient de réformer de l’intérieur (les « poissons roses » à gauche, « sens commun » et monsieur Fromentin à droite-centre…) autrement dit tout n’est pas gangréné, tout n’est pas mort.
    Lorsque la lumière vient dans les ténèbres, si les ténèbres ne la reçoivent pas, elles se manifestent pour ce qu’elles sont. Elles se dévoilent… Et cela amène des gens qui se croyaient dans le courant vivifiant a ouvrir les yeux.
    Le combat, de plus en plus sanglant pour défendre les vivants, de toutes manières, la vérité, connectée au réel au contraire des idéologies, le sens de la bonté et de la beauté manifeste, il me semble que quelque chose naît, encore fragile, mais dont les ténèbres savent que cela les menace.
    Je me répète souvent deux passages de la Bible :
    Dieu disant à Jonas  » tu t’affliges de la mort d’une plante qui te protégeait, et moi je ne me préoccuperais pas de ces gens de Ninive qui ne savent plus leur droite de leur gauche ? » (Traduction libre).
    Et dans le prologue du livre de Job : Satan vient à son « audience hebdomadaire » avec Dieu qui lui dit, admiratif : « tu as vu comme Job me sert »… Bien entendu, le diable, grinçant, lui réplique : » oh, mais tu rêves… Attends que je l’asticote , et tu vas voir » alors Dieu, confiant que Jonas continuera de se tourner vers Lui, répond :  » d’accord, mais tu ne dépasses pas telle limite » (traduction libre).
    Aujourd’hui dans le monde les limites sont larges… C’est que depuis des décennies aussi mensonge, fraude, idéologies règnent et portent leurs fruits. Mais Dieu prépare la victoire…
    C’est sur la croix que le moment de la résurrection est le plus proche.
    Regardez la Russie : qui aurait cru la chute du communisme en Europe ainsi ? Et pratiquement sans verser le sang ? Ces peuples désinformés, déformés jusque dans leur conscience qui reprennent vie. Regardez la Chine : les pouvoirs locaux qui s’affolent devant le développement des communautés chrétiennes… Malgré des décennies de luttes…. Les Églises qui naissent en Asie centrale, au Tibet….
    Lorsque la vérité révèle en contrepoint les ténèbres, l’amour, la vie sont là déjà aussi au travail. Un.
    Et si une bête blessée mortellement est plus dangereuse, c’est quand même la fin pour elle.

    Personnellement j’ai été nourrie du lait laïciste de l’école et autres. Depuis ma conversion, je découvre les mensonges, les erreurs, et comment elles ont touché intelligence et volonté.
    Ce qui reste merveilleux, c’est que Dieu vient pêcher dans ces eaux-là aussi… Comme ce n’est pas une histoire isolée, entre ceux qui ont reçu un autre lait et ceux-ci des structures naîtront… Pensons aux efforts d’économie solidaire concrètement mis en œuvre et qui ne représentent pas rien… Aux idées de financement éthique (crée par une religieuse économe de son ordre) qui peu à peu prend… Aux efforts d’agriculteurs et de viticulteurs ici, mais aussi en Afrique, et ailleurs pour rompre avec le seul pouvoir de l’argent, pour retrouver un respect des autres, de la terre, de la vigne…

    Derrière ces éléphants qui bouchent un peu la vue, il y a plein de petites pousses … Qui toutes peuvent se reconnaître et s’allier…. Car elles procèdent d’un esprit renouvelé…

  • « Avoir la foi c’est monter la première marche même quand on ne voit pas tout l’escalier. » (Martin Luther King)

    J’ai foi en la politique.

    La politique est l’avenir de l’homme.

  • @ Gwynfrid : pour tout dire, même si, à l’UDI, ils sont épargnés par les dérives droitières, je crains qu’on y retrouve les comportements déplorables de certains de l’UMP, à une échelle simplement différente. Quant à ceux qui s’en sont détachés, voir certains comme Jego ou Paillé, qui étaient parmi les plus ardents sarkozystes, avoir rejoints l’UDI, me laissent penser qu’ils étaient plus attirés par la réputation d’habiles capteurs de gamelles des centristes qu’autre chose. Restent en revanche pas mal de gens biens – et peut-être dans la même proportion qu’à l’UMP – dont je partage beaucoup d’idées et de valeurs.

    @ jbl : en ces matières, je n’ai pas d’idées définitives, et j’avoue osciller. Mais je ne suis pas de ceux qui condamnent absolument tout engagement politique. Je lis certains, des amis, expliquer qu’il faut se tenir loin des partis. Je ne suis pas naïf sur le risque du système des partis, mais je ne suis pas non plus convaincu par leurs modes d’action, qui me paraissent bien obscurs et d’une efficacité qui, au minimum, reste à prouver. Bref, je ne suis pas, moi-même, engagé dans un parti, et leur fonctionnement me paraît absolument odieux à bien des égards. Mais, au bout du compte, ce sont tout de même les partis qui tiennent le pouvoir. Alors, une invitation, oui, c’est bien possible : c’est peut-être naïf de ma part, mais je réserve la possibilité que l’Histoire nous autorise une forme de sursaut moral, et non une lente descente aux enfers.

  • Koz a écrit :

    @ Gwynfrid : pour tout dire, même si, à l’UDI, ils sont épargnés par les dérives droitières, je crains qu’on y retrouve les comportements déplorables de certains de l’UMP, à une échelle simplement différente. Quant à ceux qui s’en sont détachés, voir certains comme Jego ou Paillé, qui étaient parmi les plus ardents sarkozystes, avoir rejoints l’UDI, me laissent penser qu’ils étaient plus attirés par la réputation d’habiles capteurs de gamelles des centristes qu’autre chose. Restent en revanche pas mal de gens biens – et peut-être dans la même proportion qu’à l’UMP – dont je partage beaucoup d’idées et de valeurs.

    Pour la proportion de gens bien, c’est difficile à juger sans être à l’intérieur. Et je ne me fais pas d’illusions, arrivisme et gamellisme sont probablement du même ordre qu’ailleurs. Mais l’UDI n’a pas été un parti fondé et maintenu sur le seul concept du pouvoir à conquérir et conserver par et pour un individu. C’est un rassemblement hétéroclite de gens qui veulent faire entendre une musique différente et ainsi participer au pouvoir. C’est fondamentalement différent.

    La clé de l’effondrement de l’UMP aujourd’hui, c’est justement cet enjeu du pouvoir personnel, parce que la seule raison d’être du parti est de placer son chef à la présidence de la République. D’où la guerre sans merci Fillon-Copé, d’où l’éternelle interrogation sur une reprise en main par Sarkozy, d’où le comportement pavlovien des seconds couteaux défendant le leader de leur clan, etc. Cela explique aussi l’affaire Bygmalion: il n’était pas tant question d’arroser les amis, que de se constituer une équipe de combat avec les ressources nécessaires pour gagner la future élection.

  • Alors que la politique gouvernementale est chaque jour plus consternante, l’opposition s’efforce chaque jour également de nous faire désespérer encore plus de la situation. J’en suis à « sortez les tous », et je ne suis pas du tout sûr que Fromantin soit meilleur que les autres.

    Mais si j’écris ce commentaire, c’est avant tout pour poser une question que je n’osais pas au billet précédent (dont le thème volait bien plus haut) : ces illustrations sont superbes, est-ce fait par une méthode simple ? Et si oui, laquelle ?

  • D’une certaine manière les femmes et les hommes de droite honnêtes et sincères sont en train de vivre ce que les communistes honnêtes et sincères ont vécu par le passé en découvrant les dérives du communisme. En moins grave et douloureux. A moins de vivre sous une dictature les solutions à venir passent par des partis politiques. Et donc par les engagements politiques de chacun de nous. Le système qui est le nôtre actuellement s’accomode très bien des absents du débat politique.

  • jfsadys a écrit :

    En moins grave et douloureux.

    La précision est bienvenue. Car les situations sont comparables à plus ou moins 100.000.000 de morts, ce qui rend effectivement les choses plus graves et douloureuses. Non, disons que les électeurs de l’UMP vivent peut-être ce qu’ont vécu les électeurs PS au début des années 90, avec la série de scandales financiers des socialistes. Et encore ne s’agit-il même pas du même type de pratiques.

    xerbias a écrit :

    et je ne suis pas du tout sûr que Fromantin soit meilleur que les autres.

    On peut se tromper sur un homme, c’est certain. Pour autant, il n’y a pas de politiques que je connaisse aussi bien que Jean-Christophe Fromantin. En termes d’intégrité, je tomberais de très haut s’il était « comme les autres », ou à tout le moins comme les mauvais chez les autres.

    xerbias a écrit :

    ces illustrations sont superbes, est-ce fait par une méthode simple ? Et si oui, laquelle ?

    C’est gentil même si, effectivement, je vais devoir me trahir : il s’agit de l’appli iPhone Waterlog. Elle existe peut-être sur d’autres smartphones. Le résultat est automatique, avec quelques petits réglages. Après, il faut choisir sa photo d’origine.

    Je me suis dit que cela permettrait d’unifier un peu l’iconographie du blog.

    @ Gwynfrid : je ne voudrais pas être trop critiques mais je ne serais pas aussi optimiste. En effet, l’UMP est peut-être bien fondée sur un péché originel (voir ce que j’ai relevé ici). Mais s’il y a des personnes que j’apprécie (Dionis du Séjour, Courson, Arthuis…), il y a aussi, à l’UDI Jego, Paillé, Yade, Jouanno, etc. que je ne créditerais pas d’une démarche aussi honorable que celle dont tu fais état.

  • Bonjour,

    Je ne suis pas spécialement d’accord quand il s’agit de comparer UDI et UMP en prenant comme base(s) les hommes et les idées. Une des raisons pour lesquelles les électeurs de droite votent UMP, c’est qu’ils détestent la gauche, de la même façon que le moteur du vote PS est la haine de la droite. C’est à la fois la force et la faiblesse de ce parti. C’est sa force parce que cela lui assure au moins 20% du vote (15% pour le PS); c’est sa faiblesse parce que bénéficiant de ce matelas, il n’a pas besoin d’avoir une réelle ligne (autre que dire « non »). Je crois que le problème de l’UMP comme du PS, c’est qu’en république présidentialiste quinquennale (étant admirateur du régime parlementaire britannique, rien que ces deux adjectifs sont déjà pour moi des tares), les partis ne servent à rien sinon éventuellement à distribuer prébendes et investitures. A cet égard, le système de financement public des partis politiques est un réel obstacle à l’émergence de nouveaux courants, puisqu’à moins de jouir d’un réel soutien populaire (ce qui signifie des dons et des actions bénévoles), il est impossible de remettre sérieusement en question le duopole UMP/PS, du moins à court terme. D’ailleurs, la logistique est la seule chose qui justifie encore les partis politiques, qui sont aujourd’hui, des coquilles vides.

    Les idées ? L’UMP avait fait un énorme travail programmatique avant 2007. Il n’en est rien resté. Le même constat peut être fait pour le Parti socialiste: Hollande sitôt désigné, a lui-même composé son propre programme, faisant fi des propositions du parti. Le « chef » décide. Chefs?Mais c’est justement la conséquence même du système présidentialiste quinquennal. On glose sur l’UMP (à l’origine « Union pour une majorité présidentielle ») parce que le « culte du chef » est plus prononcé à droite qu’à gauche. Mais rappelez-vous: le PS en son temps, était également victime et est d’ailleurs encore victime de la guerre des chefs. Ce qui est révélateur, c’est qu’à peine une campagne présidentielle terminée, les médias comme les protagonistes pensent au prochain coup… dans 5 ans. C’est simplement aberrant.

    C’est pour cela qu’il est toujours possible de disserter sur l’UMP. Mais l’UMP n’est qu’un symptôme d’un ensemble de transformations engendrées par le système politique (au sens large). Je suis sûr que des problèmes similaires se feront jour pour le PS dans l’hypothèse d’une alternance en 2017. Aujourd’hui, les partis (l’UMP, mais aussi le PS, l’UDI ou encore les Verts) sont des caisses enregistreuses, et des nids de clans, certainement pas/plus des foyers d’idées. C’est pour ça que je crois que singulariser l’UMP est vain. Les difficultés que connaît ce parti sont simplement plus visibles, mais elles sont communes à tous les partis parce que c’est le système politique de la Vème République (avec son culte infantilisant de l' » » »homme providentiel » » », son quinquennat qui annihile toute responsabilité politique de la part des décideurs, son système d’investitures et de financement qui ne fonde rien d’autre qu’une aristocratie aussi déconnectée du réel qu’arrogante et j’en oublie certainement) qui en est à l’origine. En gros, ce que fait l’UMP, c’est attendre le Chef (Sarkozy ou un autre) en essayant de surmonter plus ou moins ses difficultés financières.

    Désolé d’avoir fait si long mais je voulais préciser ces points, en même temps qu’exhaler ma mauvaise humeur. 😉

  • J’ai bien fait de lire les commentaires de ce billet sinon j’aurais jamais su comment Koz préparait ses illustrations. Je croyais que c’était avec un filtre de Photoshop.

  • Koz : « Il y a aussi l’oncle P qui « vous l’avait bien dit » et dissuade les jeunes écervelés qui « gambadent ». On ignorait pourtant que sa génération s’était montrée spécialement efficace. »

    Ce qui montre bien que ce qui arrive aujourd’hui était déjà en germe à la génération précédente, voire…
    Comme certains l’ont dit plus haut, dans la même ligne que »l’oncle P », le problème est structurel et ce qui arrive à l’UMP ne lui est pas propre mais montre les limites des structures actuelles.
    Le mal est profond, et même si les partis tiennent encore quelques leviers, comme vous le dites, les vrais leviers sont bien ailleurs… plus haut : dans les hautes sphères financières internationales, dont les gouvernements ne sont aujourd’hui que les courroies de distribution, avec les medias et les « élites culturelles ».
    Tout cela fait système, comme on dit.

    A ce propos, que pensez-vous de Gaultier Bès, des Veilleurs, par exemple, et de son livre « Nos lilites – Pour une écologie intégrale » ?
    L’analyse est profonde, met le doigt sur les points fondamentaux, et rejoint celle de nombreuses personnes au-delà des clivages partisans, des oppositions périmées dont nous avions l’habitude, comme Vincent Cheynet (« Décroissance ou décadence »).
    Une petite recension bientôt ? 😉

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