Le World Medical Journal (@medwma) a publié un intéressant mais inquiétant article (à lire) que ses auteurs (dont l’une a été consultée comme experte par le parlement canadien) concluent ainsi :
De plus en plus de Canadiens choisissent de recevoir une mort subventionnée par l’Etat non pas parce qu’ils ne veulent plus vivre, mais parce que notre société les a abandonnés.
Il apparaît que le Canada fait pire encore que la Belgique. Ainsi, par exemple, depuis 202, la législation a même supprimé le délai de réflexion de 10 jours. Mais au Canada comme ailleurs, ce qui était présenté comme une exception est devenu un droit opposable.
L’article souligne comme l’euthanasie est complètement financée et largement accessible… tandis que l’accès aux soins, dont les soins palliatifs n’est toujours pas garanti.
Il souligne aussi qu’il est demandé par l’Association Canadienne des Praticiens de l’Euthanasie que celle-ci soit proposée par les médecins dans l’éventail des traitements.
Il pointe le fait que les délais d’accès aux soins sont incomparablement plus longs que les délais d’accès à l’euthanasie, de sorte qu’une personne qui requière à la fois des soins psychiatriques et l’euthanasie pourra obtenir la seconde avant les premiers.
Reprenant plusieurs cas dans lesquels des personnes handicapées ont choisi l’euthanasie plutôt que les conditions de vie qu’elles avaient, il rappelle le cas de Raymond Bounbonnais, qui a préféré la mort que les conditions de vie dans sa maison de retraite – obligé de vivre avec la porte ouverte 24h/24 en raison de la chaleur, dans le bruit du hall et la crainte constante qu’un voisin Alzheimer ne surgisse.
Il cite encore une étude publiée en 2016 au JAMA Psychiatry, le fait que, en Hollande et en Belgique, l’euthanasie en raison de troubles psys a été demandée de façon disproportionnée par des femmes (70%) et des personnes isolées socialement. Voilà peut-être l’illustration la plus crue d’inégalités sociales et de genre.
Ceci nous pose directement les questions suivantes:
- Croyons-nous vraiment que ces situations tragiques nous épargneront ? L’accès aux soins est-il vraiment garanti aujourd’hui en France ?
- Quand des personnes handicapées sont parmi les principales demandeuses d’euthanasie, comment ne pas y voir une forme inavouée d’eugénisme ?
Je rappelle que ce format inhabituel a pour vocation de sauvegarder des tweets qu’il me semblerait regrettable de condamner à l’éphémère et restreint Twitter.
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Merci pour la veille éthique et citoyenne.
À la fin de votre article, on pourrait même parler d’eugénisme systémique !
Merci de donner ces informations et de vous faire entendre autant que possible. Car, moi citoyenne vieille et sans voix, n’ayant que le vote comme possibilité de m’exprimer (!!!), que faire ? On ne pourra pas empêcher, tôt ou tard, une loi de passer. Est-ce qu’il n’est pas possible de l’écrire de la façon la plus juste possible pour qu’elle offre vraiment la possibilité de vivre jusqu’au bout en y incluant des obligations de soins palliatifs et surtout des interdictions de la modifier avant de nombreuses années. La loi dépennalisant l’avortement était sensée et respectueuse de la détresse de certaines femmes mais les suppressions successives des garde-fous en ont fait une loi permettant l’eugénisme. Je suis bien inquiète et désemparée devant ces accrocs fait au respect de la vie.
Le gouvernement canadien s’est conformé à la volonté populaire en instaurant l’« aide médicale à mourir ». Il offre également des aides diverses aux personnes vulnérables, handicapées, etc. Mais tout cela a des limites financières, naturellement. Alors, on se retrouve avec des situations comme celle de Michael Fraser. Je recommande aussi la lecture du reportage du Toronto Star. Rien à ajouter.