C’est un texte « moderne« pour Xavier Darcos. Pour Yves Thréard : « cette histoire montre combien notre pays peine à évoluer, à épouser son temps« . En invoquant la modernité, en appelant à épouser le temps présent, Darcos et Thréard épousent leur temps politique, faute d’épouser le temps réel. Et je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase bien connue, soumises à de multiples revendications de paternité : « être dans le vent, une ambition de feuille morte« . Il en existe une autre, guère moins imagée. C’est un dicton alsacien. Dans le texte, il dit : « Nùmme d’tote fisch schwimme met’m strom« , « seuls les poissons morts nagent avec le courant« .
Paradoxalement et, donc, significativement, alors que le nouveau texte sur le travail dominical a de fortes chances d’être adopté et qu’une large majorité de français y seraient favorables, Xavier Darcos et Yves Thréard utilisent l’argument du désespoir. Invoquer la modernité – une manie – c’est admettre le creux. Epouser son temps, c’est[1] l’abdication du politique. Encore faut-il d’ailleurs bien identifier son « temps« . Et il pourrait y avoir à cet égard comme un défaut de concordance.
L’édito d’Yves Thréard offre une stupéfiante illustration de la réduction du débat ad libertatem[2]. Evoquant l’impact de cette réforme sur l’emploi, il n’hésite pas à affirmer : « à dire vrai, personne n’en sait rien. Et l’enjeu du débat est ailleurs. C’est de la liberté de chacun qu’il s’agit« . Ainsi, ne sachant rien, on emploie cet ultime argument : la liberté. La liberté, terme du raisonnement. Ne sachant rien, nous nous contenterons donc de suivre le sens du vent, celui du courant.
Yves Thréard intitulait son édito : « France, vieux pays du dimanche« , un titre qui m’évoque un discours trop récent pour qu’on l’ait déjà oublié. Dans ce discours, Nicolas Sarkozy rendait hommage à un « vieux pays, sur un vieux continent, avec une vieille civilisation« . Il y célébrait l’héritage du CNR. Il y vantait ce modèle social « hier décrié, qui se trouve aujourd’hui conforté dans son rôle d’amortisseur social« . Il ne saurait être question de tout sanctuariser au nom d’un « modèle social » immuable. Mais le fait est que ce n’est pas la cohérence des actes et des discours qui frappe l’observateur.
En se fixant pour ambition de suivre le courant, Darcos, Thréard, Lefebvre, et Nicolas Sarkozy, épousent leur temps. Ainsi va en effet la politique : au fil de l’eau.
Pour ne rien gâcher de cette farce moderne, le texte qui est aujourd’hui soumis aux députés, ce texte censé lever les oppositions, rallier les dissidents et rechercher le compromis, s’avère pire que le précédent : le volontariat n’y est pas garanti, et le doublement de salaire n’y est pas prévu, à tout le moins dans les zones existantes[3].
Notre temps, la modernité, exigent-ils donc ce passage au travail dominical ? D’autres lectures de notre temps sont possibles. Je me souviens d’ailleurs de ceci : « si nous ne préparons pas dès maintenant une société de modération, nous entrerons de force dans une société de privation« .
S’il est dit qu’il faille « épouser notre temps« , je persiste à penser que la libéralisation du travail dominical n’est pas une réponse adéquate. A penser que « le temps » n’est pas à sacrifier à la consommation et à l’activisme. Et que, pour reprendre Guillebaud, nos sociétés devraient avoir d’autres lumières à offrir que celles de l’enseigne d’un supermarché.
Sous peine d’échouage.
Et pour une petite analyse du texte, voir mon commentaire ci-dessous
- à tout le moins bien souvent [↩]
- libertam ? libertis ? tus ? Bon, je fais confiance au Antoine [↩]
- notons aussi cette formule savoureuse concernant la possibilité pour un salarié de cesser de travailler le dimanche : « À la demande du salarié, il peut être tenu compte de l’évolution de sa situation personnelle« . Il pourra donc, aussi, ne pas en être tenu compte [↩]
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Je comprends ta position cher Koz, mais effectivement puisque « nous ne savons rien », autant laisser la liberté à chacun d’organiser son dimanche comme il l’entend. Si, une fois le travail dominical autorisé, les commerces aux alentours ouvrent, c’est qu’il y aura assez de clients intéressés pour que cette ouverture soit rentable. Si une majorité de personnes « du coin » ne sont pas intéressées, alors les ouvertures ne se poursuivront pas.
Simple, et sain, devant la diversité de façons de bien « employer » son dimanche qu’il existe. C’est d’ailleurs le problème récurrent dans notre pays, à force de se méler de trop trucs et de tenter de lisser les moindres aspects de nos vies, l’Etat est surexposé aux complications et aux ennuis. Laissons la latitude aux personnes, et agissons sur les dérives réelles, et non a-priori. On économisera beaucoup de temps, d’argent, et de débats interminables, pour plus de gens satisfaits, devant la personnalisation possible.
A titre personnel, je suis pour que chacun puisse avoir un jour de repos par semaine s’il le souhaite, mais je ne vois vraiment pas pour quelle raison celui-ci devrait être pour tous le dimanche.
Sur les modalités de ce travail dominical, il y aurait beaucoup à dire. Encore une fois, une barricade de rêgles va entraver la bonne application de l’offre et de la demande, et dresser autant de points discutables et couteux en temps. Sur la rémunération aussi, comme tu l’as évoqué, il y aurait plus cohérent à faire.
Gemini a écrit:
Disons que si les gens peuvent avoir un jour de repos ensemble, c’est pas plus mal.
Gemini a écrit:
Je crois que le problème n’est pas là. Ce n’est pas un problème de ça va marcher ou pas, c’est assez payé ou pas, c’est un problème de : et l’Homme dans tout ça ? Et j’en vois deux concernés : l’employé, à qui on propose de faire des heures sup’. Au détriment de la vie de famille and co. Mais bon, ça fait longtemps qu’on le saurait si on cherchait à la préserver celle-ci (d’ailleurs on l’aurait pas confié à Nadine). Et puis de l’autre côté de la caisse, ya toi et moi. L’hyper-consommateur que la société nous a fait devenir pourra se calmer une fois de plus en faisant chauffer mémère carte bleue; le néo-capitalisme fiévreux fait fi de toutes les bonnes vieilles valeurs. Plus de 20 siècles de repos dominical, c’est ça qui est simple et sain(t) mon vieux.
Je voudrais reprendre ce même bon vieux Guillebaud qui dans ce chapitre cite quelques lignes plus loin le Mexicain Octavio Paz qui se désole d’un nihilisme frelaté : « C’est un nihilisme de signe opposé à celui de Nietzsche. Nous ne sommes pas devant une négation critique des valeurs établies, mais devant leur dissolution dans une indifférence passive ». Et c’est ça le problème. Ce n’est plus l’équilibre humain qui est en jeu, mais la richesse qu’il produit ou qu’il dépense qui intéresse l’homo oeconomicus.
Demain on pourra aller s’enquérir d’une machine à laver après le café. Révolutionnaire non ? LA LIBERTE que j’te dit.
Nico tu déconnes grave. C’était quoi déjà l’idée ? Une « politique de civilisation » dont l’objectif était de rétablir des « normes, des critères, des repères » ? (déc 2007) Nico, chui perdu.
Euh, je voulais dire « après le café du dimanche ». Bien sûr !
Encore pire que le précédent, ce texte ? Je dirais plutôt qu’il est moins hypocrite. Tant il est vrai que le premier texte relevait de l’escroquerie intellectuelle : dans la lignée d’autres chefs-d’oeuvre législatifs de l’ère Sarkozy, le volontariat et le doublement du salaire sont inapplicables. En effet, les salariés déjà concernés par le travail du dimanche ne bénéficient ni de l’un ni de l’autre. Les octroyer uniquement aux nouveaux « bénéficiaires » du travail du dimanche serait contraire à l’égalité des citoyens devant la loi: or, notre nouveau ministre du travail n’a aucun intérêt à risquer un échec de plus devant le Conseil Constitutionnel.
Quant à accorder volontariat et salaire double le dimanche aux salariés qui sont déjà dans cette situation… j’entends d’ici l’hilarité sur les bancs de la majorité. D’autant plus que beaucoup desdits salariés font partie de la fonction publique, et le déficit, s’pas, ma bonne dame, hein.
Une question, tout de même: pourquoi certains des députés UMP qui s’étaient opposés à la version précédente se sont-ils ralliés cette fois-ci ?
Gemini a écrit:
Là est le problème : doit-on tout admettre au nom des libertés individuelles ? Ne formons nous pas une « société » ? En droit des sociétés, pour la formation d’une société soit valable il faut un « affectio societatis », c’est-à-dire une forme d’amitié, un ciment qui fera que malgré les difficultés la communauté économique constituée poursuivra son activité.
La vrai question c’est : les libertés individuelles sont elles plus importantes que notre société ? Au nom des libertés on est en train de dynamiter le dernier ciment de notre « vieille société » : la famille en supprimant le dernier lieu où celle-ci peut encore se retrouver : le dimanche et son court moment de repos.
Quelque chose est sur : on ne peut pas créer une société basée sur les libertés individuelles. On peut par contre en créer une sur « la Liberté », mais « la Liberté » peut supposer des contraintes imposées au individus…
Votre point de vue se comprend d’autant plus qu’il est commun : maintenant, faute de proposition alternative concernant l’utilité du temps libre dominical, il faudra sans doute en passant par une expérimentation, inévitablement fructueuse (l’UMP compte bien mettre cette « réforme » à son bilan de 2012), et puis un certain temps avec, et puis demain, des conséquences certainement prévisibles, que les gens silencieux anticiperont dès à présent
@Gemini
Yogui t’a très bien répondu pou rle jour de repos hebdomadaire : en effet,; si on veut avoir une vie de société et pas uniquement uen vie chacun de notre côté, c’est pas mal d’avori des jours communs de repos.
« puisque « nous ne savons rien» , autant laisser la liberté à chacun d’organiser son dimanche comme il l’entend »
La liberté de consommer, oui. Mais le problème, c’est qu’il y a des salariés, derrière.
je pense que la bonne formulation latine serait :
Reductio ad libertatem…
Je trouve cette citation très intéressante, mais je te rassure, je fais bien partie des gens qui pensent, et je serai attentif à la régression des valeurs qui me correspondent. Par contre, je n’ai pas forcément des valeurs communes avec celles qu’on (l’Etat) essait parfois de nous imposer, ceci explique celà.
@Yogui @Dove @Jean-Baptiste Balleyguier
Je comprends tout à fait où vous voulez en venir, et j’admets que l’objectif est noble, mais l’imposer via des contraintes diverses avec des motivations différentes me semble contre-productif, profondément casse-figure voire même malsain, « manipulateur ».
Nous vivons à une époque de personnalisation, voire « d’individualisation» (pour employer un mot qui fait peur), que vous le vouliez ou non. Si des valeurs communes peuvent émerger dans un groupe, une grande diversité existe entre les individus. Je ne comprends pas, si on trouve des salariés qui veulent travailler le dimanche, des personnes qui souhaitent passer tout ou partie de leur temps de cette manière ce jour-là, qui sommes nous pour leur imposer que non, ce n’est pas comme ça qu’on utilise son dimanche… !?!
Je veux vous le dire gentiment les gars, mais regardez vos motivations avec de bonnes lunettes, certains d’entre vous ne veulent pas du travail dominical pour des prétextes religieux, tandis que d’autres se servent de cela dans leur grande bataille contre la société de consommation. Vous imposez vos valeurs au mépris de la liberté d’autrui. Je vous rassure, chacun restera libre de la façon dont il emploit son dimanche !
En ce sens, devant le manque de liquidité du marché du travail dans notre pays et l’inutilité fréquente (car politisation) des syndicats à l’heure actuelle, je suis prêt à considérer tous les aménagements (même ceux qui font intervenir l’Etat) pour vérifier que les salariés qui travaillent le dimanche le veulent, allez, voire même que chacun prenne bien un jour de repos par semaine.
Et puis ce n’est pas en imposant aux gens un socle commun, que le ciment va être solide. Si vous croyez que simplement parce que les gens ou les familles ont un jour en commun, la socialisation des individus et la stabilité des ménages vont s’en trouver renforcés, alors désolé de vous décevoir, mais c’est vous les naifs (ou les poissons, pour reprendre le titre de Koz).
Mais à travers vos commentaires je constate qu’encore une fois, nous n’avons pas la même approche vis à vis des libertés, vous les considérez comme un risque, alors que je les vois comme une opportunité. Alors je peux me tromper, mais depuis le temps que l’Etat régule et se mèle tout ce qui bouge, sans grand succès, et avec une bonne partie des citoyens mécontents, on pourrait pas laisser un peu de latitude aux gens et mesurer ce que ça produit ? Au moins on gagnerait en satisfaction.
En ce sens, cette ouverture le dimanche me semble être un cas intéressant (et je n’ai même pas parlé du côté pratique pour des certaines activités du dimanche, ni de la formidable hypocrisie vis-à-vis des ouvertures qui ont déjà lieu).
@ Koz… tu dis que :
Mais ça semble contradictoire avec l’info suivante :
http://www.lefigaro.fr/politique/2009/05/19/01002-20090519ARTFIG00389-travail-le-dimanche-ce-que-prevoit-le-nouveau-texte-.php
Très fin, le Poisson mort, même si je n’ai pas capté tout de suite.
Je me souviens avoir vu une émission d’enquête sur des Polonais proposés pour le travail au noir, par un intermédiaire qui spécifiait que « s’ils pouvaient travailler 70h par semaine, il fallait leur laisser le dimanche pour la messe. »
Dans la suite de ce regard ethnologique sur les salariés et les consommateurs, j’observe, de ma Province, que « la grande sortie » du dimanche des banlieusards des « cités », c’est Gi*i.
Aller voir, non pas ce dont nous avons besoin, mais dont nous pourrions avoir envie.
L’impression que j’en retire, de toutes ces lois en rafale, c’est le meurtre du désir.
Et j’attends…car il me semble avoir déjà observé que lorsqu’un projet de loi fait beaucoup de remous, un autre se prépare en arrière-plan, auquel personne n’a pu prêter attention.
@ Gemini : vous parlez de liberté… je ne pense pas que, dans leur majorité, les salariés soient « heureux » de travailler un dimanche. Ils le font ou le feront parce que, pour leur entreprise, ça peut être un jour d’affluence des consommateurs mais je doute qu’ils se sentent libres…
Et puis, pour ce qui est d’avoir des jours de repos commun, prenez simpplement un couple : lui ou elle travaille tout le week-end, tous les mois, et l’autre seulement la semaine. L’un ou l’autre serait donc obligé de poser des congés simplement pour pouvoir profiter de sa famille, pour vivre en famille? Cela se pratique déjà, mais pour peu de monde… et un certain nombre de ceux qui travaillent le dimanche ne travaillent pas TOUS les dimanches… je doute que généraliser cette situation soit un progrès…
[Et sinon, rien à voir, je souhaitais signaler une faute de frappe dans le billet, à la deuxième ligne du deuxième paragraphe : « le texte qui a des chances d’être adopté », sans s.]
J’en viens a me demander la raison qui pousse Sarkozy a s’entêter de la sorte sur un tel texte. C’est proprement un texte socialement dangereux (encore plus selon tes dires… salaires et obligations) et surtout profondément idéologique. Il marque la scission entre une droite catholique dont tu fais partie et les autres droites notamment les plus libérales.
Un texte aussi ravageur n’a pas sa place dans l’agenda de l’Assemblée. Enfin, c’est mon avis…
Gemini a écrit:
Dans le monde du travail, j’en doute. Le Chiffre d’Affaire prime et toutes les pressions sur les salariés seront bonnes à prendre. Garantir la « liberté » c’est aussi s’assurer que le faible préserve la sienne devant le fort.
@ Eponymus: oui, ça semble être voire c’est contradictoire. Les députés n’ont pas renoncé à l’effet « pot de pus ». Le texte est en effet d’une complexité que l’on aimerait dire rare, mais trop classique.
Il faut se plonger dans la proposition de loi. Or, là, on constate l’existence de deux zones.
(1) ce que la proposition de loi appelle les « zones touristiques et thermales »,
(2) les zones dites « périmètres d’usage de consommation exceptionnel », les PUCE. Celles-ci concernent les zones dans lesquelles il existe déjà une « habitude de consommation de fin d’année » ainsi que les zones frontalières, et les unités urbaines supérieures à 1.000.000 d’habitants.
Or, dans les « zones touristiques et thermales », aucune garantie n’est donnée. Les établissements de vente « peuvent, de droit, donner le repos hebdomadaire par roulement pour tout ou partie du personnel ».
Elles ne sont pas soumises au doublement de salaire ni au volontariat qui, aux termes de l’article L.3132-25-4 du Code du travail (issu de la proposition de loi), ne concerne que les cas d’ouverture dominicale soumise à autorisation. Or, dans les zones touristiques et thermales, l’ouverture n’est pas soumise à autorisation, mais est de droit.
Seules les PUCE (et donc, pas les zones touristiques et thermales) sont donc concernées par l’interdiction de refuser d’embaucher quelqu’un qui n’accepterait pas de travailler le dimanche, comme par l’interdiction de sanctionner quelqu’un qui refuse de travailler le dimanche !
Par conséquent, dans ces zones touristiques et thermales, il n’y aura aucune contrepartie pour les salariés, ni aucune liberté en ce qui les concerne, si ce n’est celle de ne pas postuler, ou de démissionner. L’article qui prévoit que « à la demande du salarié, il peut être tenu compte de l’évolution de sa situation personnelle » n’est même pas applicable à ces zones. Et on remarquera que même là où il l’est, la prise en compte de sa situation personnelle n’est qu’une possibilité. Si vous vous mariez ou que vous avez des enfants ou que votre épouse doit travailler le jour où vous êtes en repos, rien ne garantit que cela soit pris en compte.
On pourrait à la rigueur se dire que ces zones sont limitées, si ce n’est que rien ne les délimite. Paris, Lille, Aix-en-Provence peuvent être classées en « zones touristiques et thermales » de façon intégrale « du jour au lendemain » par le préfet, selon un périmètre à définir par lui. Au demeurant, il semble que le gouvernement refuse de préciser quelle est la conception de la « zone touristique » qui devrait prévaloir. Bref, une proposition de loi qui « réaffirme le repos dominical » mais ouvre la voie à la généralisation des dérogations.
Voilà… Et malgré toutes mes préventions vis-à-vis des méchants, tu peux aussi jeter un œil sur les amendements, et les arguments de l’opposition. Evidemment, certains sont de mauvaise foi ou exagérés mais d’autres soulèvent des lièvres.
Par conséquent, même l’invocation de la « liberté » est malvenue ici. Le texte est rédigé de telle manière qu’il pourra être imposé aux salariés de travailler le dimanche sur une partie considérable du territoire français. Et ce, sans aucune contrepartie salariale.
Entièrement d’accord avec vous, Koz, pour constater et dénoncer ce « hold-up sémantique » qui caractérise l’idéologie ultra-libérale depuis (au moins) le gouvernement Balladur. Le discours est désormais bien rôdé. La « modernité » est une tarte à la crème invoquée à toutes les sauces pour faire passer les pilules les plus amères. Le mot « réforme » devient de fait synonyme de « régression sociale ». Et la « liberté » s’entend exclusivement comme celle, fameuse, du renard dans le poulailler. Le tout agrémenté d’arguments bien orientés fondés sur des comparaisons bien choisies avec d’autres pays, évidemment plus « modernes », plus « réformateurs » et plus « libres »…
Entièrement d’accord également avec vous pour considérer que le dimanche doit rester – sauf exceptions inévitables – un jour de repos, où l’on ne travaille pas et où l’on ne consomme pas. La « machine » peut bien faire une pause une fois par semaine, non ?
Eh eh eh, ne vous réjouissez pas trop vite, Jeff, la « modernité » est aussi invoquée par la gauche sur d’autres sujets, de façon tout aussi creuse, en prenant exemple sur d’autres pays, « évidemment plus « modernes », plus « réformateurs » et plus « libres » » et je ne suis pas plus d’accord.
Koz, ta confiance m’honore ! J’espère qu’elle est bien placée… mais tout fromager est forcément un peu latiniste, juriste et aussi théologien… Ne cherchez pas à comprendre, pour le moment, je suis surtout un commerçant, dimanche compris ! et ça part à tour de bras et comme des petits pains, le fromage ! La rupture de stock n’est pas loin, pourvu que je tienne jusqu’au 15 août (ça vaut aussi pour les jours fériés ton papier ?!…)
Non, pour les jours fériés, ce sera plus tard, dans une « proposition de loi réaffirmant le principe du repos lors des jours fériés et visant à créer des dérogations ». Mais dans ton cas, de toutes façons, ça compte pas : t’es pas salarié. D’ailleurs, tu devrais mettre un lien vers le site de ta ferme, toi. Pfff, faut tout leur dire 😉
C’est vrai ça… ça attire, ça rend curieux! Tu fais quoi comme from ?
Dans la série loi débile (et probablement moderne) : qui a vu un restaurant baisser ses prix depuis la baisse de TVA? Qui en a vu un embaucher un serveur de plus?
J’ai sondé trois restaurateurs à ce jour :
– L’un m’a regardé avec agaçement et m’a répondu que cette baisse lui permettrait juste de ne pas mettre la clef sous la porte.
– L’autre m’a dit qu’il avait déjà les prix les plus bas de tout le quartier.
– Le troisième a considéré qu’il avait déjà baissé ses prix il y a un an.
Quelques milliards de rentrés fiscales en moins, mais c’est pas grave, on grand-empruntera un peu plus pour compenser.
Je vais continuer mon sondage de ce pas…
Si tu permets, on va procéder par ordre, tout de même.
Gatien a écrit:
Il ne faudrait pas omettre non plus que c’est effectivement peut être le cas…
Gemini a écrit:
J’ai appelé mon ophtalmo ce matin, tout est réglo.
Personnellement, le motif que j’évoque n’a rien de religieux, même avec des très très grosses lunettes ! « Contre la société de consommation », c’est un raccourci un peu rapide, mais ya de ça.
Je ne prétends en rien imposer mes valeurs, promis ! Mais en revanche, je reproche à ceux qui nous gouvernent de ne pas en avoir. Nous subissons des lois qui passent sans qu’aucune idéologie (tiens, voilà un autre mot qui fait peur) ne soit énoncée, aucune réflexion globale ne soit menée. Au-delà du fait que Koz a très bien montré que cette loi était quand même dangereuse vis-à-vis de la liberté comme tu l’entends, elle nous entraîne dans ce tranquille courant dont on ne sait pas trop qui impose le débit et encore moins le sens, ni la direction. L’important c’est d’être « libre ».
Le « projet » de civilisation a été remplacé par le « processus », pour reprendre encore et toujours ce bon JC. René Passet le dit bien : « là où il faudrait de grands idéaux, on ne nous parle plus que de grands équilibres. Au besoin de supplément d’âme, le système répond : régulation marchande, compétition, argent. »
Désolé de partir dans des grandes citations qui font très intello, mais je crois que nous assistons à un symptôme clair de tout ce processus, et le sujet est trop grave.
Je suis bien d’accord avec toi, la liberté ça envoie du pâté. Mais je suis contre le : « Laissons chacun faire ce qu’il veut, on verra bien ! »
Je voudrais donner un exemple fameux qu’on a beaucoup cité lors de la crise des subprimes. L’Eglise catholiqe, dans sa grande sagesse (méconnue), avait fait demandé la suppression de l’utilisation d’une arbalète ultra-puissante au XIIIè siècle, et pour cause : elle était tellement puissante qu’on en maîtrisait rarement la cible. Ce qui n’a pas empêché de trouver d’autres armes plus puissantes et plus précises depuis, tu me l’accorderas. On a cité à de maintes reprises cet exemple à la suite de la crise des subprimes, car la conséquence de l’utilisation du produit était méconnu de la plupart de ceux qui le maniait, avec le résultat qu’on connait. On pourrait donc énoncer ce principe : toujours plus de libertés, tant qu’on connaît les conséquences.
Et bien je crois que c’est un peu la même chose. On va faire joujou avec le travail du dimanche, ça a l’air cool, on va pouvoir faire plus d’argent, en dépit d’une réflexion sur ce que cela pourrait avoir de déséquilibrant pour celui qui est d’un côté ou de l’autre de la caisse. Je suis pas un réac’, promis aussi. Mais j’ai juste cette intuition que le travail le dimanche, c’est pas sain.
La liberté dont tu parles impose une pression de plus sur le travailleur et le consommateur, c’est indéniable. L’un se dit « ah, je vais pouvoir gagner plus ! » et l’autre « ah je vais pouvoir consommer plus ! ».
Globalement c’est ça non ? Et donc, la logique ? Economique, as d’hab’. Le dernier idéal qu’il nous reste.
Je suis d’accord, en France on n’est pas les champions du boulot, mais je crois que bien d’autres solutions sont possibles. Nico a toujours pas résolu le pb des 35h, disons partiellement. Ça nous laisse encore pas mal de temps dans la semaine, tu crois pas ?
L’UMP va effectivement au-devant de grosses déceptions en faisant croire que tous ceux qui travailleront le dimanche verront légalement leur salaire doubler. Cela ne concerne ni les multiples dérogations actuelles, ni leur extension (tous commerces, zones touristiques ou thermales ), mais uniquement les nouveaux PUCE, comme le souligne avec justesse KOZ !
si je pige bien, « d’un côté à l’autre de la rue », selon que vous devrez bosser tous les dimanches pour les touristes, ou seulement ceux que vous avez choisis, pour les emplettes des ménages, vous gagnerez du simple au double!
bonjour le sac à embrouilles et revendications…cette disposition est écrite pour ne pas passer (le cons cons la censurerait sans doute au nom d’un « travail égal, salaire égal »), et vous verrez qu’à la fin, on s’en remettra à la sagesse des accords de branche pour cette question salariale, c’est à dire que l’avantage rému tendra vite vers zéro…
Koz a écrit:
Visiblement maillié a décidé de ne pas accorder cette garantie pour ne pas créer d’inégalité avec les commerces qui ouvrent déjà dans ces zones : commerces culturels, de loisirs, etc…
Ajoutons que le gouvernement et l’opposition s’opposent sur le concept de « zones touristiques et thermales » : selon ayrault, 6000 communes sotn concernées (ce qui est énorme!). Le gouvernement rétorque que seules 500 sont concernées, ce qui semble ridicule mais qui concerne en réalité la moitié de la population française! Toutes les grandes villes sont en effet concernées. Et comme dit Koz, cela peut se recouper avec les zones PUCE. Donc Lyon qui croit être tranquille pourra être concerné par une demande des commerçants, puisque lyon est une zone « touristique ou thermale ».
Petite limite, tout de même : il faut une demande des unions commerciales, relayées par le maire, et acceptées par le préfet, pour que ces commerces puissent ouvrir dans ces zones.
Dove a écrit:
C’est effectivement l’une de mes interrogations. N’a-t-on pas mieux à faire pour permettre de travailler plus que d’ouvrir les commerces le dimanche… et de travailler pendant le congé-maladie, le congé-maternité, le congé parental ?
J’ai l’impression qu’il y a comme un manque d’imagination et de volonté. Sarko n’a pas voulu revenir vraiment sur les 35 heures, parce que c’était évidemment très impopulaire, alors on rabote les fonds de tiroir pour dégager des périodes.
Je suis en accord aussi avec le reste de votre commentaire. Il me semble deviner, dans la crise morale et sociétale que nous vivons, comme une crise de la primauté de l’économique, de l’argent, de l’individualisme poussés à leur extrême. En déduire qu’il serait opportun de légiférer dans le sens de la primauté de l’économie, de l’argent et de l’individualisme peut laisser perplexe. De façon générale, je pense aussi que notre société souffre de ne fonctionner qu’au regard de critères économiques. On oublie que, précisément, nous formons une société. Il ne faut pas s’étonner ensuite que le lien social se délite, ni de rencontrer des comportements inciviques.
francis a écrit:
C’est effectivement ce qui semble se dessiner. Mais donc, si je comprends bien la revendication de tous ici, ce serait d’appliquer à TOUS les dispositions accordées aux zones PUCE ? Je synthèse bien ?
Je ne pense pas : le volontariat et le salaire double, c’était juste la moindre des choses, qui n’est même pas garantie dans cette proposition de loi. La question du travail dominical va au-delà.
Koz a écrit:
C’est vrai que j’ai lu également qu’il fallait réduire la fièvre consommatrice des individus. Mais dans ce cas, cette crise économique est une vraie bénédiction ! Les gens consomment beaucoup moins effectivement. Moins de bagnoles… Moins de tout ces objets inutiles et superflus pour se consacrer plus à l’essentiel. Et tout semble s’améliorer, indeed…
A quand les campagnes de prévention « n’achetez pas ! » – « à bas, les choses » – « avant de payer, demandez-vous : est-ce vraiment utile ? » – « mangez moins ! » – « ne partez pas en vacances » – « restez chez vous à lire, à vous cultiver » ?
Ou l’organisation de magnifiques « happening destroy » ou chacun jetterait son ordi, sa bagnole dans une gigantesque décharge recyclable ?
A quand les joyeux feu de joie de billets de banque brulés du dimanche matin – pour ceux qui en ont trop bien sur ?
Tu as vraiment lu cela ou tu as préféré comprendre ce qui te semblait facile à réfuter ?
A l’heure où notre endettement national risque de faire +50% en 2ans, où la Cour des Comptes dit que l’Etat « risque » (sic) de ne pas honorer ses dettes tout bientot, ce qui signifie tutelle du FMI et de ses ajustements structurels
Ce débat a t’il de l’interet ?
de toute façon, il faudra bientot travailler plus pour gagner moins, alors que se soit le dimanche ou un autre jour….
@ Eponymus:
« C’est vrai que j’ai lu également qu’il fallait réduire la fièvre consommatrice des individus. Mais dans ce cas, cette crise économique est une vraie bénédiction ! Les gens consomment beaucoup moins effectivement. Moins de bagnoles… Moins de tout ces objets inutiles et superflus pour se consacrer plus à l’essentiel. Et tout semble s’améliorer, indeed »
Si ca vous console, moi pas….
J’aurais préféré avoir juste un avenir
Koz a dit :
J’avoue que je me suis jeté sur le facile, je me rabatterais sur le tortueux plus tard. Mais avoue que si l’on pousse le raisonnement de certains jusqu’au bout…
Tu vois pour moi l’argent est un simple symbole permettant l’échange sans recourir au troc. Le Commerce un lieu d’échange. Le travail également.
Si les individus doivent consommer autrement – c’est aux politiques de créer des dispositions qui permettent l’existence de lieux d’échange dans lesquels il se vend autre chose que des meubles Ikea. Ensuite c’est à ceux, laïques ou pas, qui entendent donner plus de sens de proposer ces structures et de susciter ces envies.
Cyd a écrit:
On est bien d’accord Cyd… mon propos n’était qu’ironie.
Koz a écrit:
Pas parce que c’était impopulaire, parce que c’était inextricable. On ne peut pas exiger des gens qu’ils travaillent 39h payées 35. On ne peut pas exiger des entreprises qu’elles payent 4h de plus à leurs salariés. On aurait pu supprimer toute référence à une durée légale, ça aurait permis aux choses de se rééquilibrer sur le long terme, mais ça n’aurait rien réglé à court terme. On aurait pu faire payer à l’Etat le coût du (re)passage aux 39h mais le coût budgétaire eut été exorbitant; et franchement, payer pour passer de 39h à 35 puis payer pour passer de 35h à 39… Reste ce qu’on a fait, un truc bâtard qui ne coûte pas trop cher.
Koz a écrit:
Pas d’accord avec ça. La crise que nous traversons est une crise du travail, et ce projet, modestement et maladroitement va dans le sens d’une réhabilitation du travail. Le travail est la seule chose qui reste aux démunis. Ils n’ont pas de diplôme, pas de patrimoine, pas de statut. Tout ce qui limite la capacité d’une personne à se servir de ses bras l’enferme dans une spirale d’assistanat. Entre l’éducation nationale qui se refuse ouvertement à préparer les jeunes au monde du travail et l’accumulation des lois anti-travail, ce sont les deux piliers de l’ascenseur social qu’on a méthodiquement cisaillés.
Oui il y a un problème de primauté de l’argent dans notre système social. Quand tu perds ton job, on t’en propose un autre? Non, on te donne de l’argent. Et les gens sont contents? Non, demande aux Contis. Alors qu’est ce qu’on fait pour aider les Contis? On leur donne plus d’argent. Et ils sont contents? Non, toujours pas, en fait ils veulent un travail. Tant pis pour eux, ils devront se contenter d’argent.
Non, il n’y a pas de problème de primauté de l’économie. Ca fait 30 ans que le problème N°1 des Français est le chômage (plus exactement le sous-emploi). L’économie enseigne que plus le prix d’un facteur est élevé, moins sa demande est forte. Que fait on depuis 30 ans. On augmente les charges et les contraintes pesant sur le travail? Qu’observe-t-on? Une diminution de la demande de travail.
Koz a écrit:
Si tu as de bonnes idées à proposer, n’hésite surtout pas à ouvrir un blog pour les communiquer au reste du monde 🙂
Liberal a écrit:
Dis donc, toi, tu sais que tu as toujours colonne ouverte, ici, n’est-ce pas ?
Et, accessoirement, je n’ai pas brigué la présidence de la République. Mais je te remercie de ta confiance en mes capacités.
Liberal a écrit:
Ben moi, pas d’accord avec pas d’accord avec ça. Moi d’accord avec moi. Et moi, je crois que la société souffre d’un mal plus profond que le chômage ou le travail. Au passage, je ne suis pas certain que le fait de permettre de travailler lors du congé-maladie, du congé-parental, du congé-maternité, ainsi que les dimanches améliore grandement le sort des Contis. Évidemment, on peut leur dire qu’ils seraient bien inspirés d’accepter ces conditions-là, parce que sinon, c’est le chômage.
Mais dans ce cas, il faut alors savoir si l’on estime que, dans le développement de notre pays et de notre société, le moment est venu de considérer que la protection sociale est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. Il faudrait alors entériner clairement l’idée que nous sommes sur le déclin et que nous n’avons plus les moyens de maintenir le niveau de développement atteint au XXème siècle. Il faudrait considérer que le dimanche chômé de 1906 et tous les autres congés destinés à protéger tel ou tel intérêt communément admis ne méritent plus notre considération. On pourrait revenir aux meilleurs temps libéraux du XIXème.
Cela fait effectivement trente ans que l’on ne parle plus que de chômage. Toute l’action politique, ou presque, est ramenée à la mesure de ce taux. Et de fait, l’économie devient l’alpha et l’omega de la vie politique et ce alors même que l’économie échappe de plus en plus au politique. J’ai encore dans l’idée que l’on a besoin de « faire société », que la vie en société ne se réduit pas à une conjugaison de libertés individuelles, étant observé que de très chauds partisans de la vision contraire nous ont salement plantés la gueule et sont manifestement prêts à le refaire encore, pour peu que leurs libertés individuelles soient respectées.
Entre les socialistes qui se satisfont du chômage pour préserver la protection sociale et les libéraux qui se satisfont de la précarité au nom de la responsabilité individuelle, il y a certainement une synthèse à faire.
Alors pour moi, oui, ça va au-delà. Je constate certes d’une part que les chantres de la liberté ont eu le front d’abandonner le principe du volontariat, ce qui ne manque pas de rendre la situation burlesque : les promoteurs des libertés entérine la contrainte. Je relève surtout que cette affaire du travail dominical révèle des conceptions de société. Accepte-t-on une hypothétique contrainte pour favoriser la rencontre, la vie sociale ou choisit-on les « libertés individuelles » au détriment de cette vie sociale ?
Yogui a écrit:
…toutes les pressions sur les salariés seront bonnes à prendre. Garantir la “liberté” c’est aussi s’assurer que le faible préserve la sienne devant le fort.
bien d’accord!
c’est justement à ça que devrait servir l’état: protéger les plus faibles. Or il se contente de dé-légiférer pour que ceux qui font déjà dans l’illégal, puissent continuer légalement. c’est le contraire de son rôle.
La liberté des uns devrait s’arrêter là où commence celle des autres, il est vraiment naïf de s’imaginer que les employés pauvres seront libres pour travailler le dimanche! Même les ministres en accord avec le projet de loi le disent:
« Reste un point très important, qui nous a beaucoup préoccupés : la question du volontariat…..nous sommes conscients du fait que cette protection demeure fragile, et que pour certains salariés le volontariat pourra être contraint. Nous n’avons à ce stade pas de réponse à cette question, … » (Jean-Frédéric POISSON)
Cela dit, certains qui les critiquent demandent exactement la même chose pour la légalisation de la drogue, de l’euthanasie, ou de la location des ventres féminins (en attendant les reins)… toujours sous prétexte de liberté: On est drôlement libre quand on est réduit à louer son ventre…
Liberté économique ou sexuelle pour les forts = précarité économique ou sexuelle (parentale, affective, familiale…) pour les faibles(femmes, enfants…).
C’est le même combat: selon qu’on est du côté des forts ou des faibles, des consommateurs ou des esclaves, on a une opinion différente. Cette opinion n’est pas objective, et celle de l’état qui récupère la TVA -dont il a désespérément besoin- ne l’est plus. Il n’y a plus personne pour défendre les intérêts des faibles en France, et ils sont de plus en plus nombreux…
On va devoir subir.
Les enfants seront en vacances le dimanche (enfin, au centre de loisirs), le père sera en congé le mardi, la mère le jeudi, la grand mère le vendredi et le grand père le samedi matin. (parce qu’en plus, on va travailler jusqu’à 70-75 ans…). il y aura des crèches pour la nuit (vous avez vu aux municipales: tous promettaient des crèches 24h/24), ça va être cool!
Personnellement, vous vous en f. peut-être, mais je ne mets plus les pieds dans un magasin qui affiche « ouvert le dimanche » depuis 10 ans, même en semaine, sauf pour l’essence si je suis coincée, et seulement avec une carte bleue. Il ne nous reste que ça comme moyen de pression, s’il ne se dissout pas lui aussi dans la grande vase de l’indifférence.
@Koz
Oui, désolé… 🙂
Bonsoir Koz,
il me semble que nous avions déjà eu ce débat il y a six mois. Je m’étais alors renseigné pour trouver que 30% des français sont actuellement concernés par le travail du dimanche: le tourisme, les industries en 3*8, la police, les transports, l’hôtellerie, l’agriculture. Le secteur de la distribution concerne environ 8% de personnes en plus, dont une partie (notamment les petits commerces alimentaires de centre-ville) ouvrent déjà le dimanche.
Je suis personnellement en faveur de garder le dimanche comme jour de repos privilégié, et d’autoriser toutefois à ouvrir le dimanche, avec une revalorisation substantielle du salaire des employés (le double me semble bien), et une limite sur le nombre de dimanches travaillés par les employés à temps plein (par exemple un dimanche sur 2 avec la moitié des dimanches libres à l’initiative du salarié). Les commerces verront alors bien si c’est rentable d’ouvrir le dimanche, et beaucoup ne le feront pas: au Japon, où il n’y a pas de restrictions, beaucoup d’établissements préfèrent fermer le dimanche, car cela n’en vaut pas le coup. Nous parlons donc sans doute de passer de 30 à 35% de français travaillant le dimanche. Cela ne me semble pas un changement extrême.
Je pense que cela ferait beaucoup pour revitaliser les centres-villes, qui seraient beaucoup plus attractifs avec les magasins et les activités culturelles ouvertes.
Je pense aussi qu’il existe une partie de la population, notamment les étudiants ayant besoin de petits boulots (comme dans tous les pays du monde), et dont beaucoup préféreront travailler un dimanche de 10h à 18h comme vendeur avec un double salaire que de faire la plonge 3 fois par semaine le soir.
Je pense ceci-dit que le débat n’est pas très important. L’interdiction du travail le dimanche n’est pas une grosse erreur économique, et son autorisation ne change à mon avis pas grand chose sur les conditions de vie réelles des français.
Pour terminer, je souhaiterais réhabiliter la valeur travail. Un nombre incroyable de grandes choses ont été réalisés par des gros bosseurs qui y ont certainement passé des nuits et des week-ends. Si vous pouvez découvrir des autres cultures en prenant l’avion, si vous avez des médicaments efficaces, si vous vivez actuellement dans un pays libre, (voir mémoires de Churchill / de Gaulle), si Koz peut publier sur internet facilement, c’est aussi parce que certains ont, pour une certaine période, accepté de travailler énormément et de sacrifier en partie leur vie privée, leurs soirées et leurs week-ends. Ceux-là pourront dire au moins à la fin de leur vie « j’ai fait fructifier les talents que l’on m’a donné. ». Je ne suis certainement pas à la hauteur de ces personnes, mais au moins je les admire, plutôt que les dénigrer sans doute par jalousie.
Contre le travail du Dimanche, j’ai une haine féroce…. mais moderne !
Il me semble que Kotz est au coeur du problème : l’enjeu est une vision (ne parlons même pas de projet) de société.
Au lieu de bouder les magasins le dimanche chacun dans son coin et en silence, un bon boycott remettrait les choses à leur juste place.
Les poissons morts sont peut être fiers d’avancer avec le courant, allez savoir, ce dont nous sommes certains c’est qu’ils n’ont aucune idée de là où ils vont se retrouver et que vus du bord ce n’est ni joli à regarder ni prometteur de belles odeurs.
Libéral écrit : « La crise que nous traversons est une crise du travail ».
Personnellement, je dirais plutôt que la crise que nous traversons est surtout une crise de la financiarisation excessive de l’économie. Pour « réhabiliter le travail », il faudrait commencer par mieux le rémunérer (par rapport au capital) et par ne pas le détruire pour augmenter le taux de rentabilité du capital.
Que vous le vouliez ou non, pour la majorité des gens, le travail n’est pas un but en soi, ni même un passeport pour la dignité, c’est avant tout un moyen de gagner de l’argent. En rémunérant faiblement le travail pour permettre à un petit nombre de s’enrichir, on crée des situations comme celle que l’on voit actuellement aux Etats-Unis : le maintien du niveau de vie et de consommation ne peut passer que par un endettement irréaliste. Et quand la bulle immobilière éclate, on socialise les pertes des banques et on laisse sur le bord de la route des millions de gens qui perdent leur maison et/ou leur emploi.
Ceux qui profitent de ce système n’ayant qu’une idée en tête, continuer à en profiter sans se soucier des risques encourus par les contribuables et l’économie, et étant assez puissants pour imposer leurs vues aux politiques, la seule vraie « régulation » ne pourra malheureusement naître que d’une explosion sociale. C’est juste une question de seuil : combien faudra-t-il de chômeurs américains non indemnisés pour en arriver là ?
On travaillera le Dimanche en oubliant qu’il y peu on travaillait aussi le samedi car on ne travaillait pas le Dimanche en ces temps là. Mais qui travaillera le samedi ? Certainement ceux qui chôment le Lundi car les autres auraient plutôt tendance à s’absenter en fin de semaine ou après l’arrêt des jeudi et vendredi qui prépare au Dimanche. D’ailleurs le mercredi jour des absences maternelles ne pourrait-il pas être compensé par le Dimanche puisque les enfants sont à la messe ou aux magasins avec grand père !
En fait, sait on encore quand est ce jour du bonheur humain qu’on partage à grand renfort de cœur et d’amitié déliés ?
Il n’y a plus de jour mais des instants de bonheur furtif qu’on grapille et éparpille à toute heure: un jour, c’est trop long pour le bonheur !
Le Dimanche avec son bonheur immobile et flottant que l’air de l’été charriait de groupes en groupes se transforme en joie du bonheur formaté. Le plaisir virevoltant qui n’a pas résisté à l’appat du marketing, Dieu de l’instantané révé, descend aujourd’hui en salves chronométrées pour le bonheur frelaté de ceux qui ne voient plus le temps passer lentement et à l’improviste.
Alors Dimanche, Lundi, Jeudi, Vendredi, est ce bien là le problème ?
Koz a écrit:
Touché 🙂
Koz a écrit:
Ce n’est pas tout à fait ça. Notre système social n’est pas un luxe, il est contre-productif. On a créé un cercle vicieux où, pour financer les transferts sociaux en faveur du non-travail, on taxe tellement le travail qu’il devient trop cher. Où, au prétexte de protéger les employés des abus des patrons, on impose tellement de contraintes aux employeurs qu’ils font tout pour éviter de recruter.
Je déteste autant que toi la précarité, mais il faut accepter de reconnaître que notre fameux modèle social ne nous en a jamais protégé. On ne lutte pas contre la précarité en éliminant les licenciements, mais en suscitant les recrutements. Si on consacrait à éviter de nuire aux entreprises qui recrutent le dixième de l’énergie dépensée à punir celles qui licencient, les choses iraient déjà mieux.
Comme toi, je pense que la société ne se résume pas aux interactions économiques. Mais je ne vois pas que vie sociale et rationalité économique devrait forcément s’opposer. Les Américains, les Belges autorisent le travail dominical et ne sont pas moins religieux que nous, pas moins impliqués dans la vie associative, pas moins généreux…
Jeff a écrit:
Je parlais de la crise continue que vit la France depuis 35 ans.
Jeff a écrit:
Vous vous trompez, le taux de rentabilité du capital n’augmente pas, alors que la rémunération du travail n’a cessé d’augmenter, et son coût encore plus vite. La conséquence naturelle est qu’on utilise plus de capital et moins de travail.
Jeff a écrit:
Ce que nous voulons, vous et moi, a peu d’intérêt. J’observe seulement que les personnes qui perdent leur emploi mais reçoivent en contrepartie un chèque d’indemnités et la perspective de toucher le RSA pour le restant de leurs jours ne sont pas heureux. Ils sont paniqués, désemparés, désespérés. Pourtant personne ne leur demandera plus jamais de travailler le dimanche.
Jeff a écrit: : Personnellement, je dirais plutôt que la crise que nous traversons est surtout une crise de la financiarisation excessive de l’économie. Pour “réhabiliter le travail”, il faudrait commencer par mieux le rémunérer (par rapport au capital) et par ne pas le détruire pour augmenter le taux de rentabilité du capital.
Liberal a écrit : Si on consacrait à éviter de nuire aux entreprises qui recrutent le dixième de l’énergie dépensée à punir celles qui licencient, les choses iraient déjà mieux.
ces deux phrases semblent être contraires, mais pas tant que ça: les deux sont vraies. Ceux qui investissent dans une entreprise doivent être rémunérés à hauteur de leurs risques, et ceux qui travaillent doivent être rémunérés à hauteur de leur travail.
Mais le problème, c’est chez ceux qui investissent comme chez ceux qui travaillent (sauf qu’ils sont moins souvent en position de force), de faire ce qu’il font dans un esprit positif, éthique, pas en cherchant comment détourner les lois pour leur pomme quitte à mettre tout le monde en difficulté!
Et ça, je ne vois pas d’autre solution que l’évangélisation! excusez le gros mot, mais croyant ou non croyant, se convertir = décider de faire le bien, qu’on le fasse comme patron, comme employé ou comme client, et ce n’est que ça qui permet de vivre ensemble sans s’entretuer. Quand la majorité des français cherchent à nuire, ou simplement à tirer la couverture à eux, la France devient invivable.
Et aucune loi n’y pourra rien!
Si le droit de grève = « monnayer son pouvoir de nuire », si le service public = racket et corruption, si la police préfère verbaliser le stationnement et laisser courir les violeurs, si les investisseurs = esclavagistes et si les travailleurs = je m’en foutistes (encore que ceux qui n’ont pas de pouvoir sont ceux qui peuvent le moins nuire) et aussi si les consommateurs = égoïstes (regardez la prostitution: que deviendrait-elle sans les clients? peut-être des familles!), on ne pourra bientôt plus respirer, …ni manger d’ailleurs, ni même sortir de chez soi.
Ce n’est pas un problème économique, c’est le problème de savoir quelle sorte de société on veut et de pas voter pour un type ou une typesse à cause de sa jupe ou de son sourire, ni même à cause de sa couleur de peau, mais à cause de sa fidélité à une orientation vivable. Et ça, c’est pas gagné, il faudrait un droit de boycott de ceux qu’on nous propose… et qu’on choisisse nous mêmes.
« En se fixant pour ambition de suivre le courant, Darcos, Thréard, Lefebvre, et Nicolas Sarkozy, épousent leur temps. »
Thréard ne suit pas le courant, il suit Sarkozy.
Le Figaro a abandonné toute prétention à avoir une ligne éditoriale propre. Autant lire les communiqués de l’Élysée et verser aux bonne œuvres le coût de l’abonnement au Figaro.
En fait, le sujet est celui de la structuration de la société.
Le travail du dimanche renvoie à une économie de centres commerciaux ouverts 24/7.
Je m’explique.
Le repos dominical est la condition nécessaire à l’accomplissement de toute humanité. Un jour par semaine, délassé de ces travaux, l’homme peut vaquer à des occupations cultuelles, familiales et culturelles. Je pense au bon père de famille qui, après la messe (en option le jogging), va partager le poulet rôti autour duquel sont réunis son épouse, ses enfants et leurs aïeuls. C’est le moment de la gratuité pour tout un chacun.
Cette mesure nouvelle fait partie d’un plan général de déstructuration de la famille en rendant tout partage de vie impossible. L’impact sur la croissance sera, fors certaines niches, quasi nul. En revanche, il accrédite l’idée que l’activité n’a pas de Septième Jour.
La famille est l’ennemie de la République au nom de l’idéal civique. C’est pourquoi elle a exclu longtemps les mères des urnes. Elle dérange les libéraux-libertaires (bleus, verts, roses). En effet, c’est un réseau de solidarité puissant mais non marchand. Elle verrouille les entreprises. Elle éloigne, par l’économie domestique de son chef, les personnes de la consommation illimitée.
En réalité, le repos dominical est un temps de liberté et de fraternité. Nous valons plus qu’un jour de travail ou de consommation.
quand même, que les chrétiens démocrates votent pour, pour leurs premiers pas en plus, c’est le monde à l’envers! (je sais, il est rond, mais c’est nul quand même, juste au moment où les chinois découvrent les jours de congés)
PEB a écrit:
Ça c’est bien vrai. Contrairement à ce qu’a dit Laurence Parisot aujourd’hui, l’impact sur la croissance sera quasi-nul, voire nul. Et c’est du bon sens : les gens vont simplement déplacer leurs habitudes de courses au dimanche, comme l’a justement fait remarquer le président de la fédération nationale de l’habillement (comptant plus de 44 000 commerces).
Par ailleurs le problème, c’est qu’il faudra augmenter la masse salariale, et encore plus pour les zones où le salaire sera doublé. Donc une rentabilité très faible pour les commerces sans doute. Il est fort possible que la mesure échoue…
Et dans le cas où elle marcherait, elle créerait des inégalités entre commerces : il y aurait de nouvelles habitudes de consommation dans certains centre, au détriment d’un grand nombre de commerces non-concernés par les zones choisies.
Une mauvaise mesure en somme.
Liberal a écrit:
Certes, et on les comprend. Difficile de vivre avec le RSA et ceux qui peuvent s’en contenter, contrairement à ce que pense une certaine droite qui voit derrière chaque chômeur un fainéant ou un fraudeur, sont une infime minorité. Seraient-ils plus heureux sans indemnités ? Il est clairement permis d’en douter.
Je ne pense effectivement pas que le travail le dimanche soit un changement fondamental pour l’économie, à quelques exceptions près:
– cela pourrait rendre la France légèrement plus attractive pour l’implémentation de sièges sociaux, filiales ou centres de recherche des grands groupes, en rendant les villes françaises plus « dynamiques » en comparaison des autres métropoles mondiales. Je pense que l’ouverture des magasins le dimanche est un des critères de jugement. Que cela plaise ou non, quand IBM, Microsoft, General Electrics, ou Toyota cherchent un endroit pour s’implanter, ils peuvent se permettre de choisir.
– je pense qu’il y a une partie de la population, en particulier les cadres aux gros horaires, qui n’ont pas forcément suffisament de temps pour faire des achats. Je pense faire partie de cette catégorie, et très souvent, après une semaine fatigante (comportant souvent des voyages où l’on doit se lever à 4 heures du matin pour prendre le premier avion), je me lève vers midi le samedi, pour faire ensuite les achats utiles (alimentation, pain, produits d’entretiens, bouteille de gaz…) et me retrouver vers 17 heures avec seulement quelques minutes pour aller par exemple flâner dans une librairie. J’ai ainsi calculé que malgré le faible choix de librairies françaises à Tokyo, j’achetais plus de livres là-bas (et souvent le dimanche) que depuis que j’habite en France.
vadid a écrit:
Do,
je pense que tu es à côté de la plaque pour plusieurs raisons.
do a écrit:
ces deux phrases semblent être contraires, mais pas tant que ça: les deux sont vraies. Ceux qui investissent dans une entreprise doivent être rémunérés à hauteur de leurs risques, et ceux qui travaillent doivent être rémunérés à hauteur de leur travail.
Mais le problème, c’est chez ceux qui investissent comme chez ceux qui travaillent (sauf qu’ils sont moins souvent en position de force), de faire ce qu’il font dans un esprit positif, éthique, pas en cherchant comment détourner les lois pour leur pomme quitte à mettre tout le monde en difficulté!
Et ça, je ne vois pas d’autre solution que l’évangélisation! excusez le gros mot, mais croyant ou non croyant, se convertir = décider de faire le bien, qu’on le fasse comme patron, comme employé ou comme client, et ce n’est que ça qui permet de vivre ensemble sans s’entretuer. Quand la majorité des français cherchent à nuire, ou simplement à tirer la couverture à eux, la France devient invivable.
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PEB a écrit:
Heu, faudrait peut-être pas trop exagérer, non plus.
PEB a écrit:
Ah. D’où, je suppose, les allocations familiales, le congé parental d’éducation, l’école quasi gratuite pour tous à partir de 3 ans (voire 2 ans !), le quotient familial, les centres de protection maternelle et infantile, le congé de maternité, le congé de paternité…
On peut être opposé, pour de bonnes raisons, notamment d’ordre familial, au travail le dimanche. Il n’est pas nécessaire, pour autant, de partir dans des délires. Le fait est que la France est une des sociétés du monde les plus favorables à la famille; les pays comparables, qui ne se gênent pas par ailleurs pour critiquer vertement nos défauts, nous reconnaissent cet avantage, pour lequel la République dépense des fortunes. Ne crachons quand même pas trop dans la soupe.
Koz, merci pour cet article qui m’a bien fait rire !
Le ton léger est de mise, c’est sûr, pour un sujet si grave traité à coups de ‘modernisme’
A lire aussi, l’analyse sur le sens du dimanche sur Liberté Politique : http://www.libertepolitique.com/culture-et-societe/5343-dimanche-ce-que-dit-la-sagesse-antique-sur-un-repos-fameux
C’est bien de s’occuper du salarié.
Il suffit seulement de se souvenir qu’il ne vit pas que le dimanche.
Content d’avoir lancé la polémique.
La République dont je parlais était plutôt la Ière et la IIIème. Le programme du CNR fut un compromis entre Gaullistes, Communistes et Droite chrétienne sociale.
Le PCF a quasiment disparu et l’Eglise a perdu de sa superbe. Les froces déstructurantes libérales-libertaires peuvent maintenant s’en donner à cœur joie. Un des penseurs du MEDEF version Seillière, Denis Kessler, ex-Mao, avait pour objectif la destruction du programme du CNR…
C’est marrant de constater à quel point ce sujet donne lieu à de grands débats philosophiques.
Personne ne semble jamais se douter que ce n’est pas pour consommer encore plus, l’ouverture des magasins le dimanche. Mais simplement pour permettre à certains de faire leurs courses… Les horaires de la plupart des magasins sont des horaires de retraités, de fonctionnaires ou de mères au foyer.
Je travaille, et entre le boulot et les enfants à l’école, je n’ai guère le temps de « consommer » la semaine. Si je suis la logique de certains, je dois encore courir comme une dératée le samedi toute la journée, pour faire mes courses, aller chez Casto, me trouver un maillot de bain, organiser mes vacances…
ben non, j’ai pas envie ! moi le samedi, je veux dormir le matin, prendre mon temps, profiter du soleil, faire qq courses, ok, et le dimanche, je vais à la messe, je vois des amis, et si j’ai besoin d’un truc particulier un peu exceptionnel genre bricolo, je suis contente d’y aller le dimanche ! je n’ai pas envie que mon samedi soit aussi speed que la semaine, pour m’écrouler de fatigue le dimanche.
Je ne consommerai pas plus si les magasins sont ouverts le dimanche, je consommerai mieux et plus calmement.
Sinon, pourquoi ne pas non plus interdire aux flics, infirmières, médecins, pompiers, prêtres et moines de bosser le dimanche, hein ?
Certainement, Belette. Et le fait que cette réforme n’aura probablement guère d’impact sur la consommation n’est pas le moindre des sujets.
Mais quid du salarié qui travaillera le dimanche pour que tu puisses acheter ton truc exceptionnel genre bricolo ?
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Koz a écrit:
C’est le principe des métiers de service. Des magasins ouverts aux horaires de travail sont inutiles. Comme si les cinémas fermaient à 19h30… Tout le monde trouve normal de voir un médecin aux urgences, samedi à 2h du matin, même si le sus-dit médecin vient de s’enquiller 36h de garde. personne ne plaide pour l’arrêt de cet abus !
Quid du salarié ? l’imposer à un salarié qui travaille déjà la semaine, c’est certes un problème, mais pourquoi ne pas plutôt embaucher pour ces emplois des étudiants, qui pourraient ainsi financer en partie leurs études ?
@Belette: vous confondez plusieurs choses:
– les métiers vitaux (force publique, santé, énergie, transport)
– les métiers culturels qui ont un rythme particulier, parce que la culture est consommée surtout le weekend. Certaines niches commerciales pourraient y être éventuellement rattachés.
– le commerce « ordinaire »
Si dans les deux premiers cas, le travail dominical doit, sinon peut se justifier, pour le troisième, ce n’est pas évident. Il y a bien les zones touristiques à fort chiffre d’affaire. Ces zones sont caractérisées notamment par une forte clientèle d’origine étrangère apportant au pays les devises dont il a tant besoin. Ces zones doivent être donc peu nombreuses et strictement délimitées géographiquement en accord avec les élus locaux et les partenaires sociaux. Le cas échéant, une sur-rémunération et un repos supplémentaire doivent être accordé aux salariés y travaillant.
Enfin, outre leurs activités scolaires, les étudiants ont aussi droit à souffler un minimum de temps en temps. Au cas particulier, les étudiants salariés n’en restent pas moins salariés. A voir.
la différence entre un service dimanche et nuit, et un commerce de détail, c’est 1) que si on n’a pas sa sauce tomate du dimanche, on ne va pas en mourir, alors que le médecin, c’est indispensable dans certains cas.
et 2) que les médecins ont l’intelligence de ne pas se faire de concurrence là dessus, c’est chacun son tour, juste ce qui est nécessaire, et ainsi, ils font une garde tous les 3 mois (sur une petite commune, mettons, à la louche). Ou alors ils font plein de gardes quand ils sont jeunes et aucune quand ils sont plus vieux.
MAIS ILS NE SONT PAS TOUS SUR LE PONT 24H/24 POUR SE TIRER LA BOURRE!
Or c’est ce qui va se passer dans les commerces: ils ne gagneront pas un sou de plus, mais celui qui ne sera pas ouvert coulera; et toutes les femmes (car la plupart des caissières sont des femmes, assez jeunes, 50% seules avec des enfants) seront en repos quand leurs bambins seront à l’école, et le laisseront chez une nourrice jusqu’à 22h CHAQUE soir et TOUS les samedis et TOUS les dimanches! J’en ai dans ma classe, de ces gamins, bonjour le résultat! Tout ça pour un petit confort pour les clients… c’est trop cher payé.
On peut toujours dire que l’esclavage a eu de bons côtés et de mauvais côtés, comme toute chose. Certes!
Le seul problème, c’est que TOUS les mauvais côtés étaient pour les mêmes personnes…
Alors même si je ne suis pas caissière, même si j’aimerais bien flâner le dimanche moi aussi, je trouve que c’est trop dég.. égoïste.
PEB a écrit:
Ah, s’il faut remonter à la 1ère République pour expliquer le travail du dimanche…
Koz a écrit:
Ce salarié aura un boulot qu’il n’aurait peut-être pas eu autrement. En contrepartie, le consommateur paiera un peu plus cher toute la semaine et/ou consommera un peu plus dans l’ensemble: il faudra bien que l’argent permettant de payer ce salarié sorte de quelque part. Il ne faut exclure complètement une (modeste) hausse de la consommation, car si consommer devient plus facile, cela aura forcément un impact, quoi qu’en disent les consommateurs sondés. Si la boîte de chocolats est sur la table plutôt qu’au fin fond du placard, elle se vide plus rapidement. N’imaginons pas non plus que les commerces qui réclament d’ouvrir le dimanche le font juste pour faire plaisir à Frédéric Lefebvre.
Cela dit, est-ce que cet avantage économique est assez grand pour justifier le coût social de la mesure, je n’en suis pas sûr.
@Gwynfrid: La Ière avait réduit les congés à un seul tous les dix jours. La civilisation étant encore rurale, il était plus difficile de mettre au point un décérébrage mercantile 24/7.
La IIIème n’a pas été réputée pour ses conquêtes sociales et familiales si ce n’est lors de son agonie pendant la législature 1936-1940. Le Sénat refusa, au début du siècle dernier, le vote des femmes car, gardienne de la famille et de la Religion, elles mettaient soi-disant en danger le régime! Jules Ferry, grand colonialiste, voulait arracher les enfants à l’emprise de la tradition locale (linguistique et religieuse) et familiale. C’est pourquoi il créa l’instruction publique d’Etat.
Revenons justement deux secondes sur les justifications économiques des différentes propositions soutenues par Richard Mallié, le député de Plan-de-Campagne, pardon, des Bouches-du-Rhône.
Ci-dessous, on trouvera la 1ère proposition de loi de Mallié du 24 avril 2008, précédée d’un exposé des motifs censé en éclairer les intentions. Ce n’est pas long : http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion0837.asp
Voici la 2ème proposition du 19 mai 2009, avec son exposé des motifs itou :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion1685.asp
En spécial bonus, le rapport associé au précédent projet, daté du 25 juin 2009 :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1782.asp
Voici le passage dudit rapport portant sur les effets économiques de la mesure.
[Dans le rapport précité, Richard Mallié & co ont écrit:
1 Des effets économiques pluriels
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1782.asp#P174_28132
L’urgence des mesures proposées est aussi liée – peut-être même d’abord liée – à leurs effets économiques. Ce point n’est certes pas nouveau : le rapporteur a déjà eu l’occasion de souligner cet enjeu que les économistes n’ont pas occulté.
Faut-il rappeler que dans leur rapport établi en 2007 sur le temps de travail, le revenu et l’emploi, dans le cadre des travaux du Conseil d’analyse économique, les économistes Patrick Artus, Pierre Cahuc et André Zylberberg, s’interrogeant sur les avantages et les inconvénients d’une modification du régime du repos dominical, avaient évoqué, entre autres, le fait que « les études empiriques disponibles montrent que les expériences passées dans ce domaine ont induit des créations d’emploi, comprises entre 3 % et 10 % de l’emploi du secteur » ?
Le point n’est pas tant le chiffrage, qui peut toujours être discuté, que le fait même d’un impact sur l’emploi : quelle que soit son ampleur, si les modifications proposées ont un effet sur l’emploi, c’est bien là l’essentiel. Très concrètement, lorsque l’on sait par exemple qu’à Plan-de-Campagne, zone commerciale des Bouches-du-Rhône, 1 000 emplois sur 6 000 sont directement liés au dimanche, ou qu’à Thiais Village, dans le Val-de-Marne, plus de 35 % du chiffre d’affaires de la semaine du centre commercial est réalisé sur la seule journée du dimanche, il semble irresponsable de ne pas prendre en considération de tels enjeux.
Dans le contexte actuel d’une crise économique et financière d’ampleur mondiale, dont les effets sur l’emploi se font ressentir chaque jour, c’est sur cet élément qu’ont entendu mettre l’accent les auteurs de la proposition de loi : il y a urgence dans la mesure où personne ne souhaite, dans la conjoncture actuelle, un été ponctué de fermetures de commerces et de licenciements portant sur plusieurs milliers d’emplois. Tout doit être fait en cette période de crise pour sauvegarder l’emploi.
Fin de citation]
Voilà. C’est tout. La seule estimation de l’effet de la mesure est tirée… d’un rapport sur un sujet bien plus large datant de 2007. En clair, il n’y a pas eu d’étude d’impact économique du tout dans le cadre de ce projet, et en plus Mallié écrit qu’il s’en contrefout. Et comme depuis le projet précédent, la crise est passée par là, hop on l’ajoute comme argument. Comme c’est pratique !
D’un strict point de vue économique, qui n’est pas la moindre des dimensions de ce sujet, l’argumentaire de Mallié & consorts est toujours d’une indigence crasse. De mauvais arguments peuvent-ils déboucher, un peu par hasard, sur un bon projet ? Hum.
Gwynfrid a écrit:
Ouf! Merci Gwynfrid. Il existe apparemment au moins une autre personne dont le siège n’est pas totalement fait dans cette affaire.
Après avoir tout lu et relu (y compris les billet et commentaires d’il y a six mois), je me sens moins seul (et peut-être moins stupide) à ne pas être en mesure de revendiquer une conviction tranchée sur un sujet dont les tenants et aboutissants quasi-existentiels apparaissent si multiples et délicats à appréhender.
Beaucoup des arguments et contre-arguments développés sont parfaitement raisonnables, mais il ne s’en dégage à mon sens rien de suffisamment définitif pour trancher la question.
La seule évidence, c’est que le texte de la proposition de loi en cause promet, une fois voté(comme cela est probable), quelques solides maux de tête aux juristes, aux partenaires sociaux en charge de l’élaboration des conventions collectives et, in fine, aux juges (pensée émue pour les affres subies avec le défunt CNE).
A se demander, si à l’instar inversé du très tendance mais éphémère Ministère du Temps Libre créé en 1981, il ne conviendra pas d’instituer un Secrétariat d’Etat aux Dimanches et aux Jours Fériés, en charge d’éclairer la voie.
Sur le fond, beaucoup de questions en effet pour moi sans réponses.
En vrac:
La démarche entreprise ne vise-t-elle pas à préparer la France à la perspective économique qui risque, à terme plus ou moins proche, de s’imposer pour elle, à savoir ne plus pouvoir vivre, à titre premier, que du tourisme?
Bien que pestant quotidiennement contre la psycho-rigidité du droit du travail français, d’où provient l’impression de malaise que j’éprouve en achetant le dimanche à Bricomachin des vis à bois de 8mm introuvables chez le quincailler du coin (pour pouvoir réparer enfin l’étagère de la bibliothèque qui, comme ma douce et tendre, patiente depuis des mois et exprime un lamento croissant)? De la crainte que la dérégulation ainsi engagée m’impose un jour moi aussi de travailler le dimanche? De la crainte que faute justement d’avoir le courage d’accepter un impératif qui relève de l’évidence pour des pays qui nous taillent des croupières, je me retouve un jour sans emploi? Le sentiment de compassion que j’éprouve à l’égard de la caissière aux yeux éteints, repose-t-il sur une justification réelle? Les yeux éteints cachent-ils sa souffrance de ne pouvoir passer la journée à jouer avec ses enfants en bas âge (au jacquet ou à ExtremeDemolition sur leur PS3)? Ou songe-t-elle avec impatience au dimanche prochain où, n’étant pas « de roulement », elle pourra se rendre à IKEA pour acheter la cuisine de ses rêves, maintenant qu’elle a enfin un emploi après deux ans de chômage?
Par détournement de nature et en dépit de leur appellation, les centres commerciaux ne deviennent-ils pas créateurs de lien social là où ce dernier n’existe plus le dimanche? Une anecdote en passant. Une dame âgee, rencontrée récemment à la Poste de mon quartier, m’a expliqué sans aigreur (« c’est le monde d’aujourd’hui,les vieux vivent plus vieux, les enfants partent loin, il faut faire avec ») que, se sentant un peu trop seule et se satisfaisant mal d’une compagnie purement cathodique, elle venait s’asseoir ici tous les jours une heure pour « voir de vrais gens ». Et qu’hélas, le dimanche, la Poste était fermée…
J’ai comme dans l’idée qu’ à Drucker, elle préfèrerait la buvette du centre commercial, quitte à se cogner 20 minutes de trajet en tramway.
@ do et PEB : 95% des urgences hospitalières ne sont pas… urgentes justement (je connais bien ce milieu !)la preuve, les jours de match de foot, les gens viennent bcp moins aux urgences :-)) et si, de plus en plus de médecins sont sur le pont 24h/24, puisqu’il y a de moins en moins de médecins ! (120 patients vus aux urgences en 24h par un pote, plusieurs we de suite !) mais c’est un autre pb;
Il me semble que la vision de départ, est que l’on interprète le fait d’ouvrir les magasins le dimanche comme une preuve supplémentaire de volonté de consommation frénétique. Mais je crois que beaucoup de personnes ne vont pas claquer plus de fric parce que les magasins seront ouverts le dimanche ! Du coup la croisade anti-consommation me parait tomber à côté de la plaque. Si mon salaire n’augmente pas, ouverture du dimanche ou pas, mon pouvoir d’achat reste identique…
Pour moi l’ouverture dominicale n’est qu’une facilité pratique. Egoïste ? oui, sans doute, mais bcp de gens travaillent très tard en semaine, cadres en tête. Rapporté au nombre d’heures, leur salaire n’est pas mirobolant. Personne ne les plaint, tout le monde trouve cela normal. Les travailleurs du dimanche ne seraient pas non plus des forçats, car je ne crois pas que ceux qui travaillent 5 jours par semaine travailleraient en plus 2 jours le WE, 52 WE par an ! faut pas exagérer !
Moi je ne suis pas loin de devoir prendre un RTT pour faire mes courses, alors pensez-donc, l’ouverture dominicale, ça m’arrange !
j’ai trouvé!
Pour que des gens comme moi puissent manger (et donc acheter le dimanche la nourriture nécessaire à la semaine), ou pour que des gens comme Belette puissent faire leurs courses le dimanche parce qu’ils n’ont pas le temps, je préconise des services d’urgence, magasins spéciaux pour pouvoir acheter ce qu’on ne peut pas acheter en semaine, au même prix qu’ailleurs, cela va de soi, sur présentation d’une « ordonnance « (bulletin dument signé par le patron ou l’employeur, précisant avec argumentation à l’appui, la nécessite de faire ses courses un tel jour)…
Peut être même qu’on pourrait les faire rembourser par la sécu…voire se les faire délivrer gratuitement avec une carte, genre carte vitale (car c’est vital de manger..;)?
ça va comme ça? 😉 😉
« Ma vie de famille pour 5 euros ? »
http://www.liberation.fr/politiques/0101578525-ma-vie-de-famille-pour-5-euros
voituredupeuple a écrit:
Je vous en prie. Je suis content aussi de voir quelqu’un d’autre s’autoriser à ne pas avoir forcément un avis tranché sur tout.
à gwynfrid et voituredupeuple: baudelaire proposait d’ajouter à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen que vous connaissez deux nouveaux droits: le droit de s’en aller et le droit de se contredire.
J’ y ajouterais volontiers, comme vous me semble t il, celui de ne pas avoir d’avis tranché, d’hésiter, de peser le pour et le contre, d’être indécis, ou de l’avis du dernier qui a parlé, ou, à l’inverse opposé à tout ce qui se dit, etc…
Tara a écrit:
Quelle idée géniale ! vite vite ! il faut nommer Tara Ministre ! 😉
Gwynfrid a écrit:
Moi j’ai un avis tranché… je suis totalement pour. D’un autre côté, sur certains points, je suis totalement contre.
QUI C’EST QUI M’A FOUTU UN AVATAR AVEC UNE TRONCHE DE SALE MICROBE ???
Ca doit tout de même être super dur, Tara, de n’avoir qu’un jour de repos par semaine. Heureusement que vous n’êtes pas trop nombreux dans ce cas, en France.
@ Belette:
C’est par défaut. Si tu veux personnaliser, cf sous le formulaire de commentaire. Et ici, on ne met pas de majuscules.
Pingback: Les Français ne veulent pas travailler le dimanche « Pensées d’outre-politique
En effet, on n’est pas forcé d’avoir d’avis tranché sur tout ce qui se présente. Seulement voilà, il y a quand même une initiative qui débouchera sur la discussion d’une proposition de loi. Or je suis un peu feignant, et aussi (donc ?) pris par le temps.
Alors j’ai sous-traité : j’ai regardé quels sont les arguments développés par les partisans de cette mesure, en supputant (je sais, je sais) que les plus avisés d’entre eux sont ceux-là même qui la soutiennent devant le parlement.
Eh bien quand je lis du Mallié dans le texte (ou ses alliés ou leurs assistants parlementaires ou ses potes lobbyistes, peu importe, ce qui compte ici est le signataire), je suis simplement consterné.
C’est la deuxième mouture, et pourtant les arguments développés sont toujours d’une rare faiblesse, mal fichus, juxtaposés comme des barils de lessive en promo. L’un des piliers de l’argumentaire est un sondage. Waouh. C’est pas beau, ça ? Un autre est la simplification du droit existant, ce qui au mieux fait sourire.
Et du côté économique qui m’est assez cher et me semble ici déterminant, c’est tout simplement du foutage de gueule, et c’est scandaleux. Lisez donc les textes en question, ils seraient édifiants s’ils n’étaient consternants.
Ce qui me suffit pour formuler un verdict « premier prix » : un truc aussi mal défendu par ses promoteurs ne mérite rien d’autre que de terminer au panier. Done !
Je lis les arguments des uns et des autres et je n’arrive pas à avoir un avis tranché, moi non plus. L’ argument des « pro » qui consiste à mettre en avant les « libertés individuelles » ne me satisfait pas. Empiler des libertés individuelles les unes sur les autres ne suffit pas à faire une société comme il l’a bien été montré dans certains commentaires. D’autre part il faut s’assurer que cette liberté sera bien réelle pour tous, en particulier pour les salariés.
Mais les arguments des « anti » ne me convainquent pas davantage. Mise à part la position « de principe » qui vaut pour les catholiques et que je comprends tout à fait je ne suis pas persuadée par exemple que cette mesure détruira le lien social davantage qu’il n’est détruit actuellement. Je vis dans un milieu rural où beaucoup travaillent le dimanche et ce jour-là est par ailleurs jour de marché. Dans notre petite ville la plupart des commerces sont ouverts le dimanche matin. C’est un lieu et un moment de convivialité comme il n’y en a plus guère le reste du temps. On va « en ville » le dimanche matin pour faire son marché et pour rencontrer des gens . Economie et commerce ne sont pas forcément contradictoires avec rencontres et vie sociale. Ils peuvent la favoriser au contraire.
Le délitement des liens familiaux et sociétaux me semble avoir des origines complexes et il faudrait s’interroger aussi sur ce qui, en une quarantaine d’années, a fait que la consommation, qui n’était qu’un moment particulier de l’activité humaine, est devenue un mode de vie à part entière . Cette quête obsessionnelle de l’objet manquant n’est pas due uniquement à la multiplication de l’offre et à la facilité avec laquelle on peut l’obtenir.
Koz a écrit:
Heureusement que je n’ai pas toujours qu’un jour de congés par semaine! Moi aussi, j’ai besoin de souffler!
Tout dépend des semaines, voire des mois!
Et les congés c’est parfois le lundi, parfois le mardi, parfois deux jours consécutifs, parfois trois… Parfois seulement le dimanche!
J’ai vu faire une semaine « normale » suivie de 7jours de garde…suivis d’une semaine normale: à savoir pas une seule heure qui corresponde à une ouverture de commerce -ni d’administration- pendant trois semaines.
(une demi journée correspondant à « la demi journée est finie quand votre travail est terminé » et non pas à 3h 30 comme certains peuvent l’imaginer.
Et une semaine de garde signifie : garde de jour et astreinte la nuit.)
Je tremble pour ma journée de lundi, 13 juillet, veille d’une journée fériée -pour un grand nombre, comme moi, Hosanna!
Il faut savoir s’organiser et déléguer certains achats. mais c’est loin d’être plaisant.
Aux Urgences, la chef de service m’a dit avoir fait 17 journées consécutives de gardes et astreintes (avec des journées parfois de 15h d’affilée).Et il semble que ce soit fréquent!
Par contre, lorsque je suis en formation -en tant que formatrice- j’ai des semaines normales, comme tout le monde -ou presque- quoi…
j’ai eu l’opportunité d’acheter récemment des livres écrits par un monsieur protestant luthérien.
N’étant pas très au fait des croyances protestantes, j’en ai commencé la lecture.
Nombre de « choses » ne me convainquent pas
Mais sur le travail le jour du « sabbat » (en fait le 7eme jour, c’est un samedi ou un dimanche?), son raisonnement m’interpelle.
j’ai pris quelques notes.
Ce monsieur, Bernard Félix,(L’apôtre Pierre devant Corneille,l’Harmattan, 2007) se base sur quelques versets des Évangiles de St Jean
(à ceux qui reprochaient à Jésus de travailler un jour de sabbat)
Pour BF, « si Dieu s’est reposé au 7eme jour de la création selon la genèse, il ne respecte plus le sabbat et travaille continuellement sans se permettre la moindre relâche »
Il semble (toujours d’après BF) que Jésus place le service des autres avant tout : nourrir, vêtir, guérir […] tend à désacraliser ce jour.
Nourrir, vêtir… commerces?
Un autre regard que je ne connaissais pas.
Mais j’ignore si sa position est celle de la majorité des protestants.
Le Nonce a écrit:
Bien d’accord. Les arguments de Sarkozy lui-même ne valent pas tripette, voir le démontage fourni par Koz ci-dessus. Quant aux Bertrand, Lefebvre et autres, même pas la peine de les citer. De façon générale, l’aspect « liberté individuelle », « on a bien le droit de travailler le dimanche si on veut » me laisse de glace.
En face, cependant, j’ai mon expérience personnelle dans un pays où on travaille le dimanche depuis très longtemps: il faut bien reconnaître que, pour le consommateur, les magasins ouverts le dimanche font gagner du temps, et pas qu’un peu. Ils réduisent considérablement les queues, les bouchons et le stress en général. Reste à savoir si le travailleur, lui, y trouvera suffisamment son compte: cela reste à prouver, et les premiers indices ne vont pas dans le bon sens.
Tara a écrit:
C’est un samedi. Dimanche, c’est le premier jour.
Il me semble que dans l’Evangile, Jésus privilégie l’esprit du Sabbat plutôt que la lettre. Ce n’est pas une question de désanctifier ce jour… mais j’aurais du mal à expliquer le pourquoi de mon sentiment.
On parlait un peu plus haut des agriculteurs : un de mes oncles (qui n’avait cependant pas de bétail) n’a jamais travaillé un dimanche. Par conviction, religieuse avant tout, liée à l’idée qu’il travaillait « pour nourrir sa famille », pas pour faire le plus de profit possible… s’arrêter le dimanche, c’était faire passer quelque chose avant le profit.
1- Une loi est censée être d’intérêt général, c’est à dire qu’elle doit profiter à la société toute entière et pas juste à ceux qui estiment ne pas avoir assez de temps la semaine pour faire leurs courses.
Rappelons tout de même qu’on peut facilement faire ses courses entre 12 et 14 h et jusqu’à 20 h (je le sais, je travaille et c’est comme ça que je fonctionne !)
2- Pour ceux qui travaillent déjà le dimanche, à savoir dans la santé, la culture et la sécurité, a priori lorsqu’ils ont commencé leurs études ou lorsqu’ils ont signé leur contrat, ils savaient qu’ils auraient des horaires décalés et ils ont choisi leur métier en toute connaissance de cause. Ça fait tout de même une sacrée différence avec ce qui se prépare !!
3- Si j’ai bien compris (sinon ne vous gênez pas !! :)), il n’y aura pas que les commerces qui seront concernés par cette loi mais toutes les entreprises de service, à savoir les banques, les assurances, j’en passe et des meilleurs. Service ?? Femmes de ménage ? maçons ? crèches ? écoles ? auto-écoles ? Je suis secrétaire, pourquoi ce métier ne serait il pas concerné ? Et si je refuse ??
4- Vu que l’ouverture du dimanche entraînera des frais supplémentaires, il faut évidemment s’attendre à une augmentation des prix, pas qu’un peu comme dit dans un post précédent mais (entendu à la radio) d’au moins 30% comme ça a été le cas dans beaucoup de pays et notamment l’Angleterre.
Où est l’intérêt général ????
Il me semble aussi, somewhere, que l’on pourrait davantage compter, aujourd’hui, sur le développement du commerce électronique, et ne pas bouleverser la société pour une question de jour de courses.
valerie a écrit:
Il est intéressant de voir combien ce débat dérive vers des arguments épouvantails. Ca commence à me faire penser au traité européen où on entendait vraiment n’importe quoi.
Les principaux arguments en faveur de l’ouverture du dimanche sont justement de permettre de désengorger les infrastructures (routes, parkings, magasins, caisses…) qui sont saturées le samedi et donc d’entraîner une baisse des coûts pour les magasins et pour les clients. On peut lire à ce sujet les comms de Gwynfrid, Verel y avait consacré un billet il me semble.
Cette histoire d’augmentation des prix de 30% n’a aucun sens, mais ça ne m’étonne pas qu’on l’entende à la radio. Les magasins ne seront pas obligés d’ouvrir le dimanche, ils ne le feront que si c’est leur intérêt. Si cela les oblige à augmenter les prix de 30%, ils ne le feront pas et récupèreront tous les clients du magasin voisin qui ne voudront pas payer 30% de plus.
Pour une vision des choses un peu plus documentée que « je l’ai entendu à la radio donc ça doit être vrai », je suggère de revenir par exemple à cette étude, citée par Koz en novembre dernier.
Très bon article, j’ai bien rigolé avec tout ces proverbes.
Je vous renvoie aussi au dessin humoristique que j’ai mis en ligne sur mon blog à ce sujet : chroniqueparisienne.hautetfort.com/archive/2009/07/07/c-est-la-crise.html
Gwynfrid a écrit:
Le « donc ça doit être vrai » n’est pas de moi et j’ai résumé un brin en disant « entendu à la radio », il ne s’agissait pas d’une brève au journal mais d’un débat entre « pour » et « contre ».
Quoiqu’il en soit, merci pour le lien vers l’étude du Crédoc – je n’ai pas la prétention de prétendre avoir lu les 87 pages ; je me suis tout particulièrement intéressée aux tableaux p. 78 et 80 sur la simulation de l’impact de l’ouverture le dimanche dans les secteurs alimentaires et non alimentaires.
Résultat :
Effet sur les prix à la consommation NUL
Effet sur les revenus salariaux des ménages NUL
Effet sur la consommation des ménages NUL
Effet sur l’investissement des entreprises NUL
Effet sur le PIB NUL
Effet sur l’emploi :
– Alimentaire : de -6 800 à -16 200
– Non alimentaire : de +14 800 à -5 400
Je persiste donc et signe : à quoi sert cette loi hormis à satisfaire ceux qui n’ont pas de famille et ceux qui travaillent trop la semaine ??? Où est l’intérêt général ???
Meilleure que le papier du Credoc, une série d’articles publiés chez ecopublix il y a qq mois http://www.ecopublix.eu/search?q=%22%27Julien%27%22
Ce qu’on peut regretter de ces papiers, c’est qu’ils ne tiennent pas compte du principal avantage économique : le meilleur taux d’utilisation des infrastructures. Le samedi représente, pour certains commerces, la moitié du chiffre d’affaires. Cela oblige à surdimensionner les infrastructures, lesquelles sont sous-exploitées en semaine. Répartir la charge entre le samedi et le dimanche permettra de mieux dimensionner les infrastructures et surtout de mieux les utiliser.
Ceci dit, je suis d’accord avec la conclusion d’ecopublix. Le principal problème de la distribution en France, c’est l’insuffisance de concurrence. C’est ce qu’a essayé de corriger la LME, dont personne n’a parlé (preuve, selon moi, qu’elle allait dans le bon sens). Mais les députés, de droite comme de gauche, ont obtenu in extremis que les maires gardent le pouvoir d’interdire de nouvelles ouvertures de magasins et ont donc singulièrement affaibli la portée de la loi.
Liberal a écrit:
Comment faire pour répartir « la charge » sur 2 jours ? les plaques d’immatriculation paires le samedi et impaires le dimanche ? ou les hommes le samedi et les femmes le dimanche ? ou les +40 ans le samedi et les -40 ans le dimanche ?
Si ça n’est qu’une histoire de répartition des charges, alors autant travailler tous les jours et même les nuits pourquoi pas, après tout je suis sûre que certains aimeraient bien avoir « la liberté » de travailler la nuit !
Et à ce train là, pourquoi habiter ailleurs que sur son lieu de travail ? plus de perte de temps, plus de gaspillage d’énergies, youkaïdi youkaïda ! ah bon, les chinois l’ont fait avant nous ??
Rappelez vous Bernadette Chirac s’émerveillant en Chine de voir tant de monde au travail tout le temps ! Ça c’est un projet de société !
valerie a écrit:
Disons qu’on peut répartir assez naturellement entre « les gens qui viennent le samedi » et « les gens qui viennent le dimanche » 🙂
Koz a écrit:
Oui mais pas en province!
Il n’y a aucun magasin qui nous livre ni le dimanche ni un autre jour, et les commerçants ambulants d’autrefois n’existent plus.
(de tpoute façon, ils passaient aux heures de travail.
Pimprenelle a écrit:
Alors pourquoi se focaliser sur le dimanche au point de vue croyance? A cause du dimanche de Pâques?
Tara a écrit:
Précisément. C’est pour cela que je parle de « développement ». Pensons à l’avenir, de préférence.
Tara a écrit:
Le repos dominical a un sens d’un point de vue religieux, oui. Car il marque aussi, justement et symboliquement, le fait que toute la vie n’est pas ordonnée à la production. Il marque le temps nécessaire à certaines autres relations sociales, au recueillement, à la louange.
Mais même sans entrer dans ces considérations religieuses, qui ne peuvent évidemment animer que les croyants, ce qui est revendiqué, c’est surtout le fait de bénéficier de jour de repos commun sinon à tous du moins à une très grande majorité. il se trouve que, par tradition, en France, c’est le dimanche.
@Guenièvre
Ré-expliquez moi : pourquoi le dimanche est-il un jour particulier, dans votre ville?
Pourquoi les gens ont-ils l’occasion de se rencontrer ce jour là et pas les autres?
@ valérie 94
C’est pas plutôt Edith Cresson et la fameuse phrase des fourmies ?
valerie a écrit:
Désolé d’avoir été un peu sec dans ma réponse. J’avoue que je réagis parfois brutalement devant les pseudo-faits du genre « ça a fait augmenter les prix de 30% en Angleterre ».
valerie a écrit:
Là, vous faites dans la technique dite de l’homme de paille.
valerie a écrit:
J’ai proposé une réponse à cette question sur le fil de novembre 2008.
Liberal a écrit:
Je ne suis pas sûr que cet avantage, dont parlait Verel l’an dernier, pèse très lourd dans l’équation. Tu as des chiffres ? Si le bénéfice était si important que ça, on en aurait observé l’impact dans les pays où la mesure a été appliquée, non ? D’autre part, ecopublix explique très bien qu’à cause des lois Raffarin et al., il est très (trop) difficile de créer de nouveaux grands magasins. Les infrastructures existantes, et leurs coûts, resteront donc en place, annulant en pratique la majeure partie de l’avantage.
Koz a écrit:
Sauf que… Le commerce électronique, c’est surtout beaucoup de logistique, fonctionnant 24 heures sur 24. Là aussi il faut des travailleurs de nuit et du dimanche pour fournir la commodité demandée par les consommateurs que nous sommes.
Spurinna a écrit:
Edith Cresson s’en moquait alors que Bernadette s’en émerveillait : « Ils travaillent jour et nuit ces Chinois. Jour et nuit … En France, on dort. Il faut arrêter cette décadence du travail.
Dans Libération, 28 octobre 2006 (Pendant le voyage de Jacques Chirac en Chine).
Gwynfrid a écrit:
Surprenant comme des faits (qui certes méritent d’être vérifiés et commentés) deviennent des ‘pseudo-faits’ lorsqu’ils ne satisfont pas les idées forcément reçues 🙂 de ceux qui ne pensent pas comme moi !!
Vous dites : « Là, vous faites dans la technique dite de l’homme de paille. »
Je fais surtout comme je peux pour démontrer que le côté ‘les gens sont libres de travailler comme ils veulent et quand ils veulent et je suis là pour leur donner satisfaction’ que nos politiques nous chantent sur toutes les ondes médiatiques est la boîte de Pandore qui s’ouvre à long terme sur tous les excès.
Vous dites : « Sauf que… Le commerce électronique, c’est surtout beaucoup de logistique, fonctionnant 24 heures sur 24. »
Etes-vous sûr de ça ? Si j’achète en ligne le dimanche, ma commande partira de toute façon au mieux le lundi, La Poste n’étant pas encore concernée par le travail dominical. Je peux donc supposer que ma commande sera traitée le lundi … Faciliter les achats électroniques en mettant en place la logistique adéquat serait peut être une solution pour éviter la banalisation du travail 7j/7 (et là je rejoins Koz).
« Ré-expliquez moi : pourquoi le dimanche est-il un jour particulier, dans votre ville? Pourquoi les gens ont-ils l’occasion de se rencontrer ce jour là et pas les autres? »
Je vous vois venir Gatien….Ils se rencontrent bien sûr parce qu’ils sont libres ce jour-là. Mais s’il n’y avait pas ce marché je ne suis pas du tout sûre qu’ils se déplaceraient pour rencontrer les autres. Et les commerçants qui travaillent sont aussi ceux que l’on vient rencontrer. C’était le sens de mon intervention. De plus, je suis bien consciente que la convivialité qui y règne est due, en grande partie, à un reste de mode de vie rural qui faisait qu’on devait tenir compte de ses voisins.
Si vous me relisez bien, j’ai dit que j’étais partagée et même, pour tout vous avouer , je penche le plus souvent en faveur de ceux qui sont contre. Je trouve simplement que les arguments ne sont pas toujours percutants. Je préfère de loin l’argument religieux. Celui-là a le mérite d’être clair et net, même si je ne le partage pas. A vrai dire, je crois que, si on ne fait rien d’autre, si on ne réfléchit pas un peu plus que cela aux dérives de notre civilisation, le fait d’autoriser ou non, dans certaines zones, le travail du dimanche, ne changera pas grand chose. Depuis trente ans on s’acharne à détruire tout un système de valeurs , qui, dans nos sociétés occidentales préexistait aux sociétés marchandes. On s’est attaqué à ces valeurs soi-disant bourgeoises ( la famille, la religion, la transmission de la culture classique) sans s’apercevoir qu’elles nous protégeaient du « tout économique ». Et, ce qui est pour le moins cocasse, c’est que ceux qui sont aujourd’hui vent debout contre la pointe de l’iceberg ( je parle de l’opposition de gauche), sont ceux qui ont le plus largement contribué à sa formation.
valerie a écrit:
Ah non, ça ne marche pas. C’est vous qui citez un chiffre. C’est donc à vous de fournir une source vérifiable. Faute de quoi, j’ai parfaitement le droit de le trouver invraisemblable (30% d’inflation, ça se voit, quand même), et de le qualifier comme j’en ai envie: pseudo-fait, invention, improvisation, pipeau, ou tout autre terme à ma convenance.
valerie a écrit:
Là, c’est à moi de vous proposer une source: par exemple, la description très impressionnante d’une chaîne logistique, dans le bouquin de T.Friedman sur la mondialisation. Pour être complet, je dois reconnaître que cela n’a rien de spécifique au commerce électronique.
Gwynfrid a écrit:
Bon alors j’ai cherché et j’ai trouvé :
http://www.challenges.fr/actualites/politique_economique/20090703.CHA5205/quel_est_limpact_du_travail_dominical_.html
Article dans lequel on peut lire :
« »L’impact sur les prix – Est-ce que l’on est prêt à acheter plus cher en achetant le dimanche », s’interroge-t-il ? Car en ouvrant un jour de plus, on augmente le coût de distribution, en travaillant un jour de plus et en augmentant notamment les salaires,. Gilles Saint-Paul déclare se méfier de l’interprétation de la hausse des prix. Le fait de vendre le dimanche n’est toutefois pas le même service que celui proposé en semaine. A l’image de l’épicier ouvert tard le soir qui majore ses tarifs… Comme le rappelle le Credoc en synthétisant les avis des économistes, « à court terme, l’élévation des coûts salariaux est de nature à provoquer l’augmentation du niveau des prix. A plus long terme, l’intensification de la concurrence induite par l’augmentation de la « capacité de production » du secteur, doit conduire à des gains de productivité (notamment par l’élimination des commerces les moins compétitifs) qui mène à une baisse du niveau des prix. »
Mais attention à cette fameuse concurrence. Certains acteurs de la distribution n’hésitent pas à détourner à leur avantage la législation afin d’optimiser leurs gains de parts de marché. On assiste, selon le directeur de l’OFCE, à un « mécanisme de capture de législation » qui favorise les situations de monopole. » »
Trouvé aussi ça :
http://www.travail-dimanche.com/l-actu-de-la-ppl-mallie/les-commercants-de-france-entre-colere-et-desespoir.html
où on peut lire :
« »1.2. De plus en période de crise, il est impensable que l’on favorise la hausse des prix ; or ouvrir 7 jours sur 7 au lieu de 6 jours sur 7 amènera forcément 1/7e de charge supplémentaire donc une hausse systématique de 15 % ceci à salaire égal.
Des spécialistes, comme le PROCOS, estiment que si les salaires doivent être majorés de 100 %, ainsi que le prévoit la proposition de loi Mallié, les prix devront être augmentés de 27 % pour qu’un magasin reste rentable.
Les hypermarchés le savent bien, c’est la raison pour laquelle ils sont opposés à l’ouverture dominicale en dehors des dimanches de décembre et le premier dimanche des soldes d’été et d’hiver.
Il est à remarquer que les hypers et les commerces de proximité sont tout-à-fait d’accord pour limiter très strictement les ouvertures du dimanche car du point de vue économique il faut choisir entre majorer les prix au détriment du consommateur ou supprimer des emplois en raison des charges supplémentaires. » »
Le PROCOS en question est une sorte de groupement des grandes enseignes commerciales. Je suis allée sur leur site sans en apprendre plus sur ces 27% avancés par l’assoc « les Commerçants de France » – Promis, je m’y recolle dès que j’ai 24 h de libre !
🙂