La lecture du billet de David Abiker n’est pas recommandée à qui est susceptible de glousser dans son bureau.
« La société française allant très mal, je crois qu’il faut prendre la pleine mesure de cette idée, ne pas jouer petit bras et faire preuve d’ambition. Il faut songer à supprimer Polytechnique et HEC. Mais si jamais dans les 3 mois qui suivent, les difficultés des Français n’étaient pas résolues, il faudrait alors se pencher sur le cas des IEP de Paris puis de province, des écoles de gestion et de commerce de deuxième catégorie. On verrait après.
La suppression de l’Ena ne doit pourtant pas nous faire espérer une relance immédiate de l’emploi, une résolution rapide des problèmes d’éducation et un financement économe des infrastructures de demain. Il est évident qu’une fois l’école fermée, il restera en poste un certain nombre d’énarques. Il est probable que la décision du Président Bayrou s’accompagnera, dans sa grande mansuétude, d’un moratoire. Erreur car c’est justement dans ce cas qu’il faudra être ferme. (…) »
Et comme je partage pleinement sa position, je vous invite, avec lui, à chasser dès maintenant l’énarque, en utilisant le formulaire qu’il met à notre disposition. Vous noterez toutefois que le formulaire étant destiné au président Bayrou mais à adresser à l’UDF, vous pouvez d’ores et déjà dénoncer votre énarque.
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lol énorme David Abiker ! Je connais pas de méchant énarque mangeur d’enfant mais je connais des gens qui ont voté Magalie à la finale de la Star Ac : ça compte ?
Bon , la baudruche Bayrou commence à se dégonfler. Parce que, pour le candidat des vraies réalités réelles, du pragmatisme anti-partisan, des pieds solidement ancrés dans la glaise pyrénéenne, de la main ferme maîtrisant le volant du tracteur et fustigeant la joue du pickpocket, dire ça:
« J’ai décidé de proposer une réforme en profondeur de l’Etat qui commencera par la suppression de l’ENA et son remplacement par une école de haut niveau, une Ecole des services publics »,
…C’est quand même du grand foutage de gueule.
Faut-il comprendre que l’ENA est « une école de petit niveau »? Ou que l’ENA ne prépare absolument pas, en aucune manière, à diriger l’administration, donc les services publics?
Une fois de plus, c’est le truc français éculé, dégoulinant de démagogie, qui consiste à supprimer un « machin » pour en recréer un autre immédiatement après, qui fera exactement la même chose, mais sous un nom différent.
Pratique soigneusement rodée par des générations… d’énarques.
On appréciera l’explication :
On fait comment ?
Un engagement sur l’honneur de rester sa vie durant un haut fonctionnaire ?
Une interdiction de quitter le public ?
Une amende ?
Oh, le haro sur l’énarque est loin, très loin, d’être l’apanage de l’UDF.
Très drôle le billet d’Abiker ceci-dit
Non, certes, mais quand on voit avec qui il le partage…
Et c’est son remplacement par son Ecole Supérieure des Services Publics qui rend la chose particulièrement comique.
Le problème de l’ENA est bien qu’il sacralise la fonction public et le dirigisme à la français (ce qui rend effectivement la contre proposition de Bayrou amusante).
Un petit aspect colbertiste, ma foi fort déplaisant.
mais bon, on le sait que Sarko n’est pas un libéral. Formons des élites qui nous gouvernent pour notre bien.
halleluia
Cette annonce faite par Bayrou a évidemment un but politique : s’en prendre aux énarques (extrémement facile, vu leur prépondérance aux postes à responsabilités) tout en ne demandant qu’une réforme très sommaire, attendre que les autres s’en prennent à cette annonce, puis accuser d’un doigt vengeur ceux-ci de défendre leurs corporatismes de classe (extrémement facile également).
Donc voilà, maintenant qu’il y a égalité de temps de parole, comme on ne peut plus s’exprimer plus que les autres, il faut chercher à ce que ceux-ci s’espriment sur vous : même pour répondre à une polémique, ça reste du temps qui vous est consacré, et ça fait une impression médiatique. Conclusion : inutile de reprendre les polémiques crées artificiellement par un candidat, aussi stupides soient-elles.
D’autant plus que l’ENA a largement évoluée : section europpéenne, stages dans les entreprises privées… Le constat facile qui en est fait est je pense largement faux, c’est une très bonne école.
Il y a à réformer, mais alors largement, et pas par petites touches poujadistes ou majaxistes.. Plutôt faire évoluer.
Et cette suppression n’empêcherait pas collusions et compromissions de classe. 🙂
D’ailleurs il n’y a que deux candidats énarques, non ? Ségolène et De Villier.
Merci, Koz, de cette précision sur l’anti-énarchisme de Bayrou. Cela me conforte dans mon opinion. Parfois, on se laisse aller à la facilité de se payer la tronche d’un adversaire politique, mais là, ce que vous rapportez de ses propos montre que c’était parfaitement justifié.
Ainsi, sous ses dehors de candidat anti-système (on se demande qui il reste pour le défendre), Bayrou ne s’élève pas contre la confiscation du pouvoir par une minuscule élite d’énarques. Il n’a pas du tout l’intention de lutter contre la mainmise sur l’Etat de gens qui n’ont jamais vécu dans la vraie vie, qui n’ont jamais cherché du travail, qui n’ont jamais travaillé dans l’une de ces entreprises privées qu’ils sont chargés, cependant, d’étouffer de leurs lois, règlements et arrêtés.
Il veut simplement s’assurer que les énarques n’iront pas, un jour, dans le privé, que la France étatiste et administrative sera encore plus coupée aujourd’hui de la France qui doit se faire embaucher, garder son boulot, en retrouver quand elle se fait virer, créer son entreprise, prendre des risques, bref qui vit ans dans la vraie vie, et pas dans les abstractions dorées de la République, confortablement protégée par un statut qui lui garantit l’emploi à vie.
Sinon, concernant votre question, le moyen de s’assurer que les énarques n’iront pas dans le privé existe. Il a été pratiqué, jadis, dans des grandes écoles de la République comme Polytechnique et l’Ecole Normale (peut-être l’est-il toujours): les étudiants sont payés lors de leur passage à l’école; en échange, il s’engagent à servir l’Etat un certain nombre d’années; à défaut, ils doivent rembourser le coût de leur scolarité.
Ce système, en soi, n’a rien d’idiot, d’ailleurs. Il pourrait servir de base de réflexion utile pour l’enseignement supérieur en général.
Mais ce qui me sidère, c’est que quelqu’un qui prétend bouleverser les institutions françaises ne se rende pas compte du caractère anormal et nocif de la surreprésentation des fonctionnaires à vie parmi ceux qui tiennent les leviers de l’Etat, et de la quasi-absence d’anciens chefs d’entreprise, ouvriers, comptables, ingénieurs, chercheurs… qui est évidemment pour beaucoup dans l’incompréhension des élites vis-à-vis des vrais problèmes des Français.
Certes, Robert, ce moyen existe. Mais quand une entreprise veut un tel candidat, elle n’hésite pas à l’indemniser d’un tel montant. Pour autant, une telle restriction à la liberté des uns et des autres me paraît regrettable, outre le fait, comme tu le soulignes, qu’en fin de compte, le passage dans le privé peut être perçu comme une saine respiration.
Allez, il en faut un, je m’y colle de défendre l’idée du Président Bayrou 🙂 quelle que soit la possible maladresse dans la formulation !
Il a présenté au colloque sur la réforme de l’Etat qu’il a organisé il y a un an, sa proposition : remplacer l’ENA par une école de type « école de guerre », c’est-à-dire destinée à des cadres déjà expérimentés.
S’il faut la changer de nom à cette occasion, remplacer « administration » par « service public » me semble plutôt pertinent ! cela remplace le moyen par sa fin.
Je ne dénoncerai pas mon énarque, mais je veux bien dénoncer mon polytechnicien (en étant un) : oui, le caractère militaire de l’X et la rémunération des élèves sont deux aberrations.
Ce type de grandes écoles se justifiait jadis par les besoins des services techniques de l’Etat (corps), mode de recrutement qui est devenu un des archaïsmes français que le monde nous envie pour ses bêtisiers.
La seule raison de les maintenir, c’est de préserver les meilleurs étudiants de la grande misère des universités. C’est à celle-ci qu’il faut mettre fin.
Apparemment, il n’avait pas été clair hier, puisqu’il a repris l’explication aujourd’hui :
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=41035
Ah! Heureusement qu’il nous reste des polytechniciens pour recadrer le débat. Finalement, si le monde entier nous les envie, ce n’est peut être pas pour rien. Donc je n’étais pas le seul à n’avoir pas compris.
Si c’est comme ça, alors effectivement ça change tout et c’est une idée très intéressante. Commencer par gagner de l’expérience dans le monde professionnel, puis apprendre pour se mettre au service de l’Etat, ça, ça tient debout.
Pour achever de me convaincre, il suffirait de ne pas interdire un retour vers le privé (pourquoi donc?), voire de ne pas supprimer l’ENA. Evidemment, ce dernier point ferait perdre une bonne partie de l’impact démagogique de la mesure.
Cependant, autant je suis opposé à l’énarchie, autant je ne vois pas l’intérêt de jeter le bébé avec l’eau du bain, et de se priver du savoir-faire administratif qu’enseigne tout de même, apparemment, cette école, et qui n’est pas forcément inutile pour gérer un Etat.
Le problème de l’ENA, c’est son caractère monopolistique. Sitôt qu’on le supprime, et qu’on crée, à côté, une école qui lui ôte son défaut le plus criant (l’absence d’expérience professionnelle de ses étudiants), pourquoi ne pas profiter des bienfaits de la concurrence, et diversifier d’autant les sources de recrutement de la haute fonction publique?
Cela ne peut qu’inciter l’ENA à évoluer à son tour.
D’ailleurs, je vous renvoie à ce post très intéressant de Guy Sorman sur son blog:
« Le nombre des candidats à l’Ecole Nationale d’Administration qui recrute les hauts fonctionnaires, ne cesse de diminuer : trente candidats pour une place il y a trente ans, cinq aujourd’hui. À Sciences Po, Paris, il y a trente ans, 100% des élèves interrogés en première année désiraient entrer à l’ENA ; moins de 10% l’envisagent aujourd’hui. Les autres ? Ils préféreraient « travailler dans une entreprise internationale ». Sciences Po qui, pendant un siècle, fut l’antichambre du pouvoir d’Etat, s’est métamorphosé en business school internationalisée. »
http://gsorman.typepad.com/guy_sorman/2007/03/la_france_bouge.html#comments
Un leger contrepoint …
Bon , Bayrou n’a pas proposé tout de même la prise de la Bastille , ni la solution miracle à tous les problèmes …
… et beaucoup de réformes de » l’une ou de l’autre » pourraient subir le même gant de crin humoristique …
Mais le billet est excellent et j’ai bien ri avec vous. Vraiment
PS/ Tiens, à propos de « dénonciation » , ça, c’est une ‘invention’ bien française . Sarko ,si élégant avec nos voisins, a oublié d’en parler à Nice.
[quote comment= »11670″]
PS/ Tiens, à propos de « dénonciation » , ça, c’est une ‘invention’ bien française .[/quote]
Vraiment? Vous êtes sur de ce que vous dites?
@ libéral
Vous avez raison le terme est inexact mais en 40/45 on s’est bien exercé quand même .
L’important étant d’être fier ,comme dit Nicolas « de n’avoir pas ‘inventé’ le génocide » , enfin là encore le mot n’est pas exact ! (déjà que certain conteste la chose …)
Ah oui, je me disais bien aussi. C’est bizarre que Koz il en parle pas de ça.
C’est sûr que c’est assez simpliste comme annonce, pour le moment.
En même temps, en ce moment, si tu ne fais pas de petites phrase débiles, tu peux renoncer à ta candidature. Pas facile de rester au niveau, après les coups successifs de l’identité nationale et du drapeau français. Je me demandais comment Bayrou allait faire :
1. pour revenir dans le débat
2. pour imposer d’autres thématiques
Il l’a fait : il veut parler de la réforme de l’Etat. Ca tombe bien, c’est un point clef de son projet.
s’il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord (hors période électorale), c’est sur le fait qu’il faut réformer le mode de recrutement et de formation des élites administratives. Même les élèves de l’ENA, des fois ils font des rapports sur le sujet et ils se font taper sur les doigts.
Ca veut pas dire qu’il faut pas d’élite (hélas, c’est là qu’est l’os : y’en a qui sont plus égaux que d’autres).
Changer de nom, ça n’a l’air de rien comme ça. Mais ça permet de remettre les choses à plat, de repenser complètement les filières de recrutement… et de couper les grands corps d’Etat de leur vivier de recrutement naturel : c’est à dire toucher à un aspect essentiel de notre vie politique, le coeur du système, le noeud, l’origine de la sclérose. En tout cas, l’un des points d’origine.
Je persiste. Puisqu’il faut des petites phrases un peu démago, je préfère ça que des âneries vides de sens sur notre identité nationale, notre drapeau, ou l’amour que je porte à mon pays.
Mon beau pays par l’hiver soumis, comme le disait Servat (http://www.paroles.net/chansons/15668.htm)