En hommage à une longue tradition familiale de têtes de cons bretons, cette répartie digne et maritime :
« Ils ont proposé de me donner 500.000 dollars en échange du retrait de mes plaintes. Je leur ai répondu que s’ils avaient des têtes de Turcs, moi j’en avais une de Bretonne«
‘sont pas sortis de l’auberge, les Turcs.
En savoir plus sur Koztoujours
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
C’est sûr qu’une fois qu’on est bien mariné dans le chouchen, on n’a plus à s’en faire! 😉
En fait, j’ai entendu dire, (je ne sais pas si c’est vrai, et ceci fera sans doute l’objet d’un débat houleux), que Dieu aurait inventé l’alcool pour empêcher les bretons de devenir les maîtres du monde.
Associer Bretagne et alcool est une longue tradition hélas pas infondée, pas démodée. Allez donc le samedi soir dans le centre de Rennes… Mais il faut aller plus loin et connaître toutes les raisons qui nous ont faits ploucs en retard de tout mais en avance au championnat des pochtrons.
Une au moins : le désespoir né de l’humiliation, une humiliation commencée avec le rattachement de la Bretagne à la France, et particulièrement aggravée, ce n’est pas un mince paradoxe, après la Révolution française.
Sur ce thème du désespoir né de l’humiliation, écouter An Alar’ch de Gilles Servat et lire « Comment peut-on être Breton », de Morvan Lebesque, donc voici un extrait :
« J’ai commencé ce livre dans les tumultes de mai 1968. Il m’a suivi toute une année dans mes reportages et le hasard a voulu que je termine un de ses chapitres à la lueur des incendies de Belfast. Cependant, Alger, Cuba, Israël, émeute noire de Newark ou printemps de Prague, mille souvenirs en constituaient déjà la préface non écrite. « Se vivre est une mer », dit Sponde. Notre siècle nous laisse peu le loisir d’en explorer les fonds. Avant de savoir qui nous sommes, il nous faut descendre dans la rue, choisir notre camp, nous qui n’avons même pas eu le temps de nous choisir, épouser les passions d’autrui, nous qui connaissons à peine les nôtres, discerner le juste et l’injuste – et en grande hâte, car avant le soir, le juste vainqueur sera injuste à son tour. Cernés de couteaux et de voix qui nous jettent des ordres, aurons-nous le temps d’entrevoir une seule vérité à emporter dans la mort ? Une vérité, ce serait beaucoup. Je n’ai qu’une croyance et dans ce livre, je me suis borné à l’éprouver, comme celui qui, ayant trouvé un sou dans la terre, le tend aux passants dans le creux de sa main pour savoir si c’est de l’or ou du plomb. Il me paraît que le monde n’a de sens que dans le respect des pluralismes et que son sort se joue à tous les niveaux pour ou contre cette définition. Breton, Français et citoyen du monde, qui me dénie une seule de ces composantes me rejette de la communauté ; je ne veux pas nourrir en moi une part maudite qui maudirait mes frères ; je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même. Cela s’appelle la démocratie, qui n’est que l’ordre naturel des hommes. Sur un point, pourtant, ma foi est plus précise : je crois aux pauvres. Je crois aux peuples qu’on a vaincus, soumis, humiliés, qu’on a faits valets, mercenaires, putains, à qui on a accroché un sabot au cou. Dites-moi si le monde est gardé, demande Glenmor, notre Glenmor, le poète errant qui va de porte à porte avec sa guitare, chantant la nation bretonne ; et partout, dans les villes, les villages, à la Mutualité où l’acclament les Bretons de Paris, la foule répond : Non ! – Non, le monde n’est pas gardé, personne n’a le droit d’apposer des scellés sur un seul de ses domaines. Il est sans honneur de voler son nom à un peuple. Mais ce nom, c’est aussi à vous, démocrates, à vous tous qu’on l’a volé. »
« Je crois aux peuples qu’on a vaincus, soumis, humiliés, qu’on a faits valets, mercenaires, putains, à qui on a accroché un sabot au cou »
« vaincus, soumis, humiliés » : tout est là…
Oui, enfin, de toutes manières, même le « plouc » est un cliché. La Bretagne a eu un retard économique pendant quelques temps mais aujourd’hui c’est l’une des régions de France les plus dynamiques.
Je comprends bien l’attachement des bretons actuels à leur culture. Moi-même, au demeurant… Mais il faut aussi sortir de ce côté revanchard et nostalgique. Aujourd’hui, la Bretagne, c’est bien une région dynamique. Alors, qu’elle porte son identité, oui, mais avec optimisme. Le reste, de toutes façons, c’est un passé sur lequel on ne reviendra pas.
Koz, c’est bien parce que « plouc » est un cliché que je l’ai repris. Cela en réaction aux posts précédant le mien, moqueurs mais ni plus ni moins méchants que d’autres, et bien actuels, eux, qui ne sont pas pour rien dans ma volonté de réagir comme je l’ai fait.
Dynamique, la Bretagne, oui, mais elle le paie très cher, trop, en matière de mitage du paysage et de pollution (nitrates, algues vertes, etc.). Traversez la Bretagne de haut en bas à la belle saison : la moitié du kilométrage vous ne pouvez pas le faire, sauf à aimer l’odeur du lisier.
Que le passé ne puisse revenir, d’accord. Mais ne le faisons pas revivre à d’autres. Les « Maghrébins » d’aujourdhui – toutes choses n’étant pas égales – sont les Bretons d’autrefois. Quand je lis le rapport Bénisti qui recommandait d’empêcher les mères maghrébines de parler en langue maternelle à leur enfant, je me rappelle qu’on a vécu ça en Bretagne (et en URSS, au fait). Couper un enfant de ses racines, lui faire honte de ses origines, c’est un crime. C’est le préparer à devenir au choix un être soumis* ou un être violent.
Le texte de Lebesque, lui, n’est pas nostalgique. Et il n’a pas perdu un centimètre d’actualité. « Je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même ». « Servir les autres » : voilà bien un projet qu’aucun tenant du communautarisme (à quoi certains ont voulu réduire Lebesque) n’aurait écrite ! « Servir les autres » : phrase paradoxale car quasi évangélique dans la bouche d’un incroyant qui ne cessa jamais, dans ses chroniques du Canard, de dialoguer rudement mais correctement avec des croyants. Au fond, le dialogue, c’est la vie…
* Au début du XX° siècle, les prostituées bretonnes avaient chez les barbeaux la réputation d’être les plus faciles à mener.
En Corse les turcs aurait carrément été reçus au bazooka 🙂
PMB vous savez que la Bretagne et les bretons n’ont pas été plus humiliés, vaincus soumis que les autres régions de France. Mais la position « victimaire » leur a permis d’obtenir plus de concessions du pouvoir centralisateur que d’autres régions. Ce n’est toutefois qu’un jeu de rôle. Et pour les mères maghrébines qui seraient méchamment contraintes de parler Français à leurs enfants, ultime avatar d’un stalinisme linguistique, puis-je vous rappeler que même en Bretagne, avant la « contrainte », coéxistaient pas mal de dialectes… et une division linguistique forte entre pays gallo et pays bretonnant… Sans cette contrainte, personne ne comprendrait personne, et entre français nous devrions parler latin ou anglais pour nous comprendre. 😉
La France c’est l’Ile de France et ses colonies, pourrions nous dire. Et donc tous, de quelques région que nous venions, à une échelle ou à une autre, nous sommes des « victimes humiliées ». A tous on a retiré la « langue » de nos origines régionales… Et finalement les bretons avec les basques les alsaciens et les corses, mais finalement plus encore peut-être même que ces autres régions là, ont eu la chance, supposément humiliés et opprimés de garder trace de leurs langues et particularisme régionaux plus que d’autres.
La Bourgogne a été pleinement ratachée à la France plus tardivement (de peu) que la Bretagne… et qui parle bourguignon, qui défend l’identitée bourguignonne, la musique bourguignonne, qui pourtant existaient jadis… ??? Idem pour de nombreuses autres régions. Qui parlera des artésiens humiliés… 😉
D’ailleurs il parait que Dieu aurait inventé le vin pour empêcher les bourguignons de devenir les maîtres du monde.
« PMB vous savez que la Bretagne et les bretons n’ont pas été plus humiliés, vaincus soumis que les autres régions de France. Mais la position “victimaire” leur a permis d’obtenir plus de concessions du pouvoir centralisateur que d’autres régions. »
– Je ne puis que vous inviter à lire ou relire le livre de Morvan Lebesque auquel je faisais allusion, dont j’ai oublié de vous donner l’important sous-titre : « essai sur la démocratie ». Que les autres régions aient été victimes elles aussi ne minore pas ce qu’a subi la Bretagne. Et je ne pose pas la Bretagne comme supérieure à toute autre région de France : ce serait verser dans un nationalisme que j’abhorre. Je possède une sorte d’encyclopédie Atlas du début du XX° siècle, « Merveilles de la France », consacrée à nos provinces. La Bretagne est la seule à être considérée comme quasi un pays du Tiers-Monde.
« Et pour les mères maghrébines qui seraient méchamment contraintes de parler Français à leurs enfants, ultime avatar d’un stalinisme linguistique »
– Oui. Stalinisme linguistique prôné par un type de droite. Va comprendre…
« puis-je vous rappeler que même en Bretagne, avant la “contrainte”, coéxistaient pas mal de dialectes… et une division linguistique forte entre pays gallo et pays bretonnant. Sans cette contrainte, personne ne comprendrait personne. »
– Encore une preuve qu’en France, pour certains technocrates qui nous gouvernent, tout doit être tiré au cordeau, tout doit revenir au centre, merci le jacobinisme. Comment font nos amis d’outre-Manche, Anglais, Gallois, Irlandais, Ecossais réunis en Grande-Bretagne et qui ne sont pas plus bêtes que nous, et si ça se trouve, moins rétrogrades, moins passéistes ? En quoi la conservation de la langue maternelle empêche-t-elle l’acquisition d’une langue d’utilisation plus étendue ?
La contrainte dont vous parlez a eu des effets dévastateurs car elle s’est effectuée de deux façons, ignobles :
– La lutte entre enfants (un enfant qui parlait breton était puni avec le « symbole » et ne pouvait s’en débarrasser qu’en espionnant ses copains, en chopant celui qui parlait également breton). Faire que les gens se combattent se dénoncent : encore une pratique de pays sous régime totalitaire.
– Corollaire : les grands-parents uniquement bretonnants et trop vieux pour apprendre le français se faisaient engueuler par leurs enfants car ils parlaient breton à leurs petis-enfants. Double résultat :
1/ division dans la famille, un peu comme dans la Chine maoïste où on poussait les enfants à dénoncer leurs parents,
2/ perte de la précieuse transmission inter-générationnelle, honte de ses origines. Ceux ici qui savent ce qu’ils doivent à leurs grands-parents et de quel respect ils les entourent s’ils sont encore vivants, me comprendront si je dis que ce massacre fut criminel.
et 3/ monolinguisme généralisé, rendant les Français (dans l’ensemble) à peu près incapables d’apprendre une autre langue que la leur.
« Cobab, le 24.01.08 à 14:57, a écrit : et 3/ monolinguisme généralisé, rendant les Français (dans l’ensemble) à peu près incapables d’apprendre une autre langue que la leur. »
Ben dis donc là, présentement, j’ignorais que les Bretons aient eu une influence aussi négative sur l’ensemble de la France 😉
A part ça, j’ai lu un article (mais où) annonçant une chute vertigineuse du français chez les ados anglais car l’enseignement d’une deuxième langue ne serait plus obligatoire en GB après un certain âge (14 ans ? 16 ans ?) M’est avis qu’en matière de monolinguisme comme en d’autres, messieurs les Anglais ne soient encore une fois plus modernes que nous.
Notre veuve de marin tête de bretonne a eu bien raison d’avoir la tête dure : elle l’aura, son procès en France !
Breizh Atao 😉