"Sur certains aspects de l'évangélisation"

Prosélytisme, ou évangélisation ?

Prosélytisme… Le mot s’est imposé petit à petit, comme l’un de ces mots-clés qui suffisent à clore la discussion. « C’est du prosélytisme ! » J’irai jusqu’à craindre que certains, parfois, ne sachent pas exactement de quoi il s’agit, mais sachent seulement que, s’agissant d’un -isme, il s’agit nécessairement d’un truc sale.

L’origine du terme est débattue. Selon certaines sources, il s’agissait originellement du zèle mis pour faire connaître ses opinions. Par extension seulement, il désignerait désormais quasi exclusivement la religion. D‘autres sources relèvent l’origine juive et neutre du terme, comme le fait que « récemment le terme a pris une connotation négative comme une publicité pour sa propre religion avec des moyens et des motifs contraires à l’esprit de l’Évangile, qui ne respectent pas la liberté et la dignité de la personne. »

Prosélytisme ou évangélisation sont-ils les deux faces d’une même réalité ? On dira plutôt que l’évangélisation peut verser dans le prosélytisme, lorsqu’il ne s’agit plus de faire connaître, mais d’imposer. La qualification de cette réalité dépendra quoiqu’il en soit toujours de la perception de celui qui l’évoque.

Ainsi, Eponymus évoquait dernièrement le cas d’un prêtre qui ne souhaitait même pas porter une croix (visible) pour ne pas faire de prosélytisme. Porter une croix apparente serait-ce, en soi, chercher à imposer sa foi ? Pour ceux que la foi hérisse, c’est probablement suffisant pour constituer du prosélerytisme. C’est déjà une agression. En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu le sentiment que le juif portant kippa que je crois dans le RER entendait me convertir, pas plus que le pope orthodoxe.

Je reste étonné dans ces débats par l’impression de manque de confiance en l’autre que produisent les laïcistes forcenés. Ils entendent ainsi interdire l’affirmation de convictions religieuses, comme si l’interlocuteur du croyant était présumé faible, voire faible d’esprit. Pourtant, dans une société qui me paraît majoritairement non-croyante, dans laquelle le fait religieux me semble assez largement écarté, ne peut-on penser que l’interlocuteur aura les outils nécessaires pour s’opposer, s’il le souhaite, au discours qu’il recevrait ? Le non-croyant ferait-il crédit au croyant d’un ascendant spécifique sur autrui ? Ferait-il crédit aux chrétiens de ce que l’Esprit Saint soit sur eux, comme une substance dopante, illicite, dans le débat ? J’en doute, mais alors, que lui non plus « n’[aie] pas peur« .

L’affirmation de convictions religieuses est ainsi devenue suspecte en elle-même, davantage que l’affirmation de toute autre conviction, qu’elle soit politique ou économique, aussi néfastes que puissent être certaines.

Or, il me semble que le débat souffre aussi d’une triple incompréhension, peut-être difficilement réductible. Première incompréhension : il est difficile sinon impossible de demander à une personne sincèrement croyante de taire, par principe, ses convictions. En effet, quelles que soient les convictions qui nous animent – religieuses ou non – nous développons une tendance naturelle à les partager. Deuxième stade de l’incompréhension : lorsque cette conviction dépasse le stade de la préférence affirmée pour la baguette des prés plutôt que le pain de campagne et s’applique à l’existence de Dieu et l’espérance d’une vie après la mort, il devient incongru de penser que la personne qui en est sincèrement persuadée puisse retenir cette conviction pour elle. Troisième stade : s’agissant de l’Eglise catholique, il est de sa nature même d’être universelle.

*Et puisque l’on en vient à l’Eglise catholique, il se trouve que ce billet est motivé par la publication par le Vatican d’une Note doctrinale de la Congrégation pour la doctrine de la foi « sur certains aspects de l’évangélisation ». Une note dont il a été très imparfaitement rendu compte. Ceux qui ont une vision conflictuelle ou sensationnaliste du rapport entre les religions y auront vu essentiellement voire exclusivement une agression contre les orthodoxes. Ceux qui auront lu la note ne manqueront pas de s’en étonner.

C’est en effet une courte et riche note qu’a produit qu’a produit cette Congrégation, ouvrant même la voie à des réflexions dépassant le seul cadre de l’évangélisation et du prosélytisme, pour effleurer notre rapport à la connaissance, notre édification personnelle.

Je suis à cet égard spécialement frappé par trois réflexions, qui sont au demeurant quelque peu à contre-courant et, de ce fait, intéressantes. Ainsi sur le rapport à la vérité. La note aborde déjà à ce stade le relativisme, y compris venu d’Orient, ce sentiment qui devient majoritaire qu’il n’y a pas une Vérité, qu’il y a plusieurs vérités, dont chacun serait dépositaire, quand bien même elles pourraient être contradictoires. Il ne s’agit surtout pas, évidemment pas, de nier la nécessité du respect de l’autre et du dialogue – le terme revenant à dix reprises dans la note pour évoquer l’évangélisation, ce serait un comble – mais de pointer un autre risque, celui-là méconnu :

« Lorsque l’homme renie sa capacité fondamentale à la vérité, il devient sceptique sur sa faculté à connaître réellement ce qui est vrai et il finit par perdre ce qui, de manière éminente, peut captiver son intelligence et fasciner son cœur. »

Méfions-nous, méfions-nous du caractère stérilisant de ce relativisme. On fustige les fondamentalistes, en grande partie à raison, mais ce n’est pas suffisant pour basculer, en réaction, dans une tiédeur malvenue, qui risque en outre de disqualifier la recherche de sens. Puisque, de toutes manières, on n’atteindra jamais une quelconque vérité…

La deuxième réflexion qui m’a marqué vient dans la suite directe de la précédente. Elle est issue de l’encyclique de Jean-Paul II, Fides et Ratio :

« À ce sujet, il se trompe celui qui pense se fier uniquement à ses propres forces dans la recherche de la vérité, sans reconnaître le besoin que chacun a de l’aide d’autrui. (…) Dans la vie d’un homme, les vérités simplement crues demeurent beaucoup plus nombreuses que celles qu’il acquiert par sa vérification personnelle » »

Il m’est arrivé de regretter qu’en fin de compte, l’humanité soit dans un perpétuel recommencement intellectuel. Combien de débats refaisons-nous dans des termes identiques à ceux de nos aînés ? Combien de fois apportons-nous des réponses partielles à certaines questions que d’autres avant nous ont abordé de façon si complète ? Combien de fois entendons-nous vanter la terrible actualité du propos d’un ancien (je pense en particulier, là, à Saint Augustin) ? Alors, est-ce vain ? Est-ce ridicule ? Est-ce dérisoirement arrogant ? Cette réflexion m’offre une réponse : il faut admettre nos limites, et reconnaître que, quelle que puisse être notre volonté de nous en extraire, nous nous appuierons toujours sur un socle de vérités que nous nous contenterons de croire, que nous ne vérifierons pas de nous-mêmes. Sur le même propos, j’ai cherché pendant trois jours d’où provenait cette autre réflexion qui m’offrait aussi une réponse libératoire. Et j’ai ri en constatant qu’elle provenait de la toute nouvelle encyclique de Benoît XVI, Spe salvi (au point 24) :

« La liberté présuppose que, dans les décisions fondamentales, tout homme, chaque génération, est un nouveau commencement. Les nouvelles générations peuvent assurément construire sur la connaissance et sur les expériences de celles qui les ont précédées, comme elles peuvent puiser au trésor moral de l’humanité entière. Mais elles peuvent aussi le refuser, parce que ce trésor ne peut pas avoir la même évidence que les inventions matérielles. Le trésor moral de l’humanité n’est pas présent comme sont présents les instruments que l’on utilise; il existe comme invitation à la liberté et comme possibilité pour cette liberté. »

Bref, il y a quelque chose de vertigineux à constater ce perpétuel recommencement. Mais plutôt que s’en affliger, on peut se réjouir : c’est même une beauté de notre condition humaine que de recommencer, puisque c’est une expression de notre liberté.

J’en viens – mais je procède à rebours puisque je remonte la note – à cette troisième réflexion qui m’a spécialement touché. Elle se rapporte au relativisme. Elle est, essentiellement, issue d’un discours de Benoît XVI, cité dans la note :

« Toutefois, on se pose de plus en plus aujourd’hui des questions sur la légitimité de proposer à d’autres ce qu’on tient vrai pour soi, afin qu’ils puissent eux aussi y adhérer. Une telle proposition est souvent perçue comme une atteinte à la liberté d’autrui. Cette vision de la liberté humaine, privée de l’indissociable référence à la vérité, est une des expressions « de ce relativisme qui, ne reconnaissant rien comme définitif, adopte comme ultime et seule mesure le moi avec ses désirs, et sous l’apparence de la liberté, devient pour chacun une prison » « 

Le relativisme comme prison… Le moi comme prison. Quand le fait de voir chaque homme individuellement comme la mesure de toute chose, comme le juge ultime de son comportement, devient un enfermement.

Bref, vous constaterez qu’il y a, dans cette note, des richesses qui témoignent du caractère réducteur de la vision sus-évoquée.

*

Revenons-en à l’évangélisation en elle-même, car cette note n’est pas une réflexion éthérée sur le rapport de l’homme à la connaissance, à la vérité. Elle a un enjeu concret et actuel. Car l’Eglise a peut-être excessivement intégré, ces dernières dizaines d’années, une conception du rôle des croyants qui ne relevait pourtant pas véritablement de Vatican II : l’inculturation, la vision de chaque chrétien comme « le sel de la terre« . Des hommes simplement intégrés à la société, dont la présence relève le goût de cette société et dont le témoignage seul pourrait conduire d’autres hommes à la foi qu’elle tient pour véritable.

Cette note entend donc rétablir la légitimité de l’évangélisation et peut-être même faire comprendre – à ceux qui y seraient disposés – que l’évangélisation est de la nature profonde de l’Eglise. Elle s’ouvre ainsi sur quelques références aux évangiles, ou aux lettres de Saint Paul. « Avancez en eaux profondes et jetez vos filets pour prendre du poisson » (Lc 5,4), le plus dur « allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui refusera de croire sera condamné« , « annoncer l’Evangile, ce n’est pas mon motif d’orgueil, c’est une nécessité qui s’impose à moi : malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! » (1 Co 9,16), car Jésus Christ « m’a aimé et s’est livré pour moi (Ga 2, 20).

Quoique veuille le monde, il est donc illusoire d’attendre de l’Eglise qu’elle cesse de faire porter sa voix, des croyants qu’il garde pour eux, pour une quelconque sphère privée la Nouvelle qui les fait vivre s’ils croient authentiquement. J’ajouterais une référence à celles qui précèdent : « Je vous le dis, si mes disciples se taisent, les pierres crieront » (Lc 19, 40).

Ou, pour reprendre la note :

« L’accueil de la Bonne Nouvelle dans la foi pousse en soi à une telle communication. La Vérité qui sauve la vie enflamme le coeur de celui qui la reçoit par l’amour pour le prochain, qui pousse la liberté à redonner ce que l’on a reçu gratuitement »

L’évangélisation ne doit et ne peut toutefois se faire par n’importe quel moyen. Ainsi l’Eglise ordonne le respect de la liberté de l’autre et prône le dialogue, l’échange. Cette condamnation revient à plusieurs reprises, et je ne citerai qu’un passage (point 8 ) :

« L’évangélisation comporte aussi un dialogue sincère, qui tente de comprendre les raisons et les sentiments d’autrui. (…) En outre, c’est justement à travers le dialogue que les hommes de bonne volonté ouvrent plus librement leur cœur et qu’ils partagent sincèrement leurs expériences spirituelles et religieuses. Ce partage, signe d’une amitié vraie, est une occasion précieuse pour le témoignage et pour l’annonce chrétienne.

Comme dans tous les domaines de l’activité humaine, le péché peut aussi s’immiscer dans le dialogue en matière religieuse. (…) C’est pourquoi « l’Église interdit sévèrement de forcer qui que ce soit à embrasser la foi, ou de l’y amener ou attirer par des pratiques indiscrètes, tout comme elle revendique avec force le droit pour qui que ce soit de n’être pas détourné de la foi par des vexations injustes ».

Le motif initial de l’évangélisation est l’amour du Christ pour le salut éternel des hommes. Les vrais évangélisateurs veulent seulement offrir gratuitement ce qu’ils ont eux-mêmes reçu gratuitement (…). »

Certains semblent affirmer que ceci ne serait qu’un discours officiel, et non ce que l’Eglise prônerait effectivement. C’est, je pense, préjuger de la faculté de l’Eglise à tenir deux discours officiels simultanément, car il suffirait de se rendre dans une de ses églises, ouvertes, à l’heure de la messe, pour constater la réalité ou non du propos tenu.

Celui qui prétend évangéliser supporte toutefois une exigence car « dans la transmission de l’Evangile, la parole et le témoignage de vie vont de pair. Le témoignage de sainteté est requis avant tout pour que la lumière de la vérité rayonne sur tous les hommes. Si la Parole est en contradiction avec la conduite, elle est difficilement accueuillie. Mais le témoignage seul ne suffit pas non plus : » il faut « donner les raisons de son espérance » (1 P 3, 15).

Alors certes, la note en vient aux implications oecuméniques de cet appel à l’évangélisation. Car « la mission de l’Eglise est universelle et ne se limite pas à des régions déterminées de la terre« . En évoquant les pays « de vieille tradition et d’ancienne culture chrétiennes« , le Vatican évoque-t-il précisément, spécialement, les pays de religion orthodoxe ? On peut aussi penser aux pays majoritairement protestants (pays du Nord, Suisse, Royaume-Uni, Etats-Unis…). Peut-être l’histoire des relations entre l’Eglise catholique et les patriarcats othodoxes expliquerait-elle que ces derniers soient spécifiquement visés. L’honnêteté supposerait tout de même de préciser que, parmi les pays « de vielle tradition et d’ancienne culture chrétiennes« , c’est semble-t-il dans ces pays que l’Eglise se voit le plus contesté le droit d’agir. On notera en particulier que la note précise que l’on doit respecter la requête de celui qui souhaite « entrer dans la pleine communion de l’Eglise catholique« … ce qui laisse supposer que ce n’est pas toujours le cas.

En tout état de cause, ceux qui ont donc une vision exclusivement conflictuelle et sensationnaliste des rapports inter-églises liront avec profit la page et demie consacrée à l’évangélisation vers les autres chrétiens. Ils constateront qu’elle comporte moins de paragraphes rappelant le droit de l’Eglise à évangéliser dans les pays majoritairement non-catholiques[1] que de paragraphes de précision sur la juste attitude à adopter :

« Avec les chrétiens non catholiques, le fidèle catholique doit entrer dans le dialogue respectueux de la charité et de la vérité »

 » (…) sont requis un véritable respect pour leur tradition et pour leurs richesses spirituelles, et un esprit sincère de coopération »

« Cette perspective exige naturellement d’éviter toute pression indue : « Dans la propagation de la foi et l’introduction des pratiques religieuses, on doit toujours s’abstenir de toute forme d’agissements ayant un relent de coercition, de persuasion malhonnête, ou simplement peu loyaux, surtout s’il s’agit des gens sans culture ou sans ressources » »

Il faut encore préciser à ceux qui croient au double discours que le passage cité dans la note est issu de la Déclaration sur la liberté religieuse « Dignitatis Humanae » issue des travaux du concile Vatican II, soit les textes fondateurs de l’Eglise catholique actuelle.

*

J’ai été long, je le sais. Peut-être cela sera-t-il le meilleur témoignage que je peux donner de ce que le sujet me paraît mériter un traitement moins partiel que celui qui en a été fait et à tout le moins qu’on ne saurait la résumer à « une pierre dans le jardin des orthodoxes« .

Il est peut-être vain de penser avoir contribué à résorber les incompréhensions évoquées plus haut.

Mais il n’est pas interdit… d’Espérer !

  1. notons au passage que ce droit n’est pas contesté par l’Eglise aux autres chrétiens dans les pays majoritairement catholiques, me semble-t-il… []

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30 commentaires

  • —> »Porter une croix apparente serait-ce, en soi, chercher à imposer sa foi ? Pour ceux que la foi hérisse, c’est probablement suffisant pour constituer du prosélerytisme. C’est déjà une agression.  »

    J’ai essayé, pour expérimenter, de porter ma croix ( petite, en or jaune ) sur un pull noir pour aller faire des courses dans une grande surface d’une préfecture de province.
    Je peux dire, avec certitude que nombre de regards noirs que j’ai pu recevoir, m’auraient tués s’ils avaient été remplacés par des fusils !
    Quand bien même je l’avais fait exprès, je l’avoue , et donc qu’il y avait un fond de provocation, je n’imaginais pas que ma petite croix de communion eut pu faire cet effet là.
    Et je ne suis pas certaine que c’était seulement de « la part de ceux que la foi hérisse ».
    mais plutôt de la part de ceux « que la foi de l’autre hérisse ».
    C’est un point de vue.
    je n’ai pas renouvelé l’expérience.

    L’évangélisation ( sereine, donc à l’opposé de l’expérience citée précédemment ) m’a toujours posé question. Elle s’apparente à l’idée d’un don que l’autre ne voudrait pas forcément recevoir.
    Echanger sur sa foi, comme je l’ai encore fait ce soir, avec un ami musulman avec qui nous avons parlé foi et spiritualité, oui.
    D’ailleurs nous avons tellement de points communs sur la façon de vivre notre foi, que nous en rions, car il ne deviendra jamais chrétien, comme je ne deviendrais jamais musulmane et nous le savons tous les deux.
    L’évangélisation dans ce cas ne sert à rien, il y a un partage
    de la foi qui va au delà d’une évangélisation sans pour autant risque de synchrétisme.
    La foi est ici partagée dans l’amour des hommes. Et nous essayons ( car nous ne sommes pas des saints ) que notre viesoit en accord avec notre foi.
    la seule différence ‘ (énorme ) est qu’il fait référence à Mohamed et moi à Jesus .

    « Dans la propagation de la foi et l’introduction des pratiques religieuses, on doit toujours s’abstenir de toute forme d’agissements ayant un relent de coercition, de persuasion malhonnête, ou simplement peu loyaux, surtout s’il s’agit des gens sans culture ou sans ressources »”

    C’est ce qui me gêne le plus chez les catholiques. , le « surtout s’il s’agit de gens sans culture et sans ressources ».
    Je me sens souvent « sans culture », comme si, le fait de douter que l’église soit « une , sainte, catholique et apostolique » et « universelle », faisait de moi une sous douée de la chrétienté, avec un petit relent de charité pour cette pauvre sous douée que je suis.
    Cela ne m’empêche pas de suivre tous les mois l’heure de rencontre évangélique avec d’adorables cathos pur jus.
    Il est évident qu’au delà d’un partage d’une foi commune, de lectures communes, il y a un fossé dans certaines interprétations des textes.
    Et là, l’évangélisation en tant que —> »dialogue sincère, qui tente de comprendre les raisons et les sentiments d’autrui. (…) à travers duquel les hommes de bonne volonté ouvrent plus librement leur cœur et partagent sincèrement leurs expériences spirituelles et religieuses. » — devient —> » une occasion précieuse pour le témoignage et pour l’annonce chrétienne. » …à la façon catholique, c a d essayer de convaincre.
    Et essayer de convaincre l’autre, dans ce qu’il y a de plus profond en lui, ça, ça me gêne.

    —>“Avancez en eaux profondes et jetez vos filets pour prendre du poisson” : ça, ça me gêne aussi.
    Cela me semble antinomique avec :—>« l’Église interdit sévèrement de forcer qui que ce soit à embrasser la foi »

    Il est vrai aussi, que dans mon métier, je suis amenée à accompagner des personnes de tant de croyances différentes, habitées par tant de « vérités  » différentes, que le fait de comprendre qu’il puisse y avoir des vérités ne s’impose pas à moi comme de la tiédeur.
    —>“Lorsque l’homme renie sa capacité fondamentale à la vérité, il devient sceptique sur sa faculté à connaître réellement ce qui est vrai et il finit par perdre ce qui, de manière éminente, peut captiver son intelligence et fasciner son cœur.”
    Je ne pense pas que cela puisse changer quoique ce soit à ma foi. Je reconnais seulement que ce qui est fondamentalement vrai pour moi, ne l’est pas forcément pour l’autre.
    La vérité absolue n’est pas du domaine de l’humain et la vérité relative l’est.
    La vérité relative est en relation avec « la couleur de son âme » ( je n’arrive pas à m’exprimer avec des mots concrets ), faite de culture, de ressentis, d’émotions, de sentiments, qui colorent sa foi. Elle est vraie, mais certainement pas réellement vrai au sens absolu du terme.

    Et je n’arrive pas à comprendre en quoi, le fait de penser que chacun détienne sa propre vérité, puisse affadir la nôtre.

    Et de toute façon, quelque soit notre foi, si elle rayonne, cela se voit.
    De quelque source dont cette foi émane.

    Ma démonstration en ce samedi soir n’est peut être pas très claire. Mais elle tentait d’explique pourquoi je n’adhère pas au principe d’évangélisation…même si je suis persuadée qu’un chrétien doit s’affirmer comme tel sans peur, avec la richesse de sa foi, sans se laisser dévorer par un autre courant religieux, mais sans pour autant aller à la « pêche » avec des filets.
    Si sa foi est tellement resplendissante qu’elle « attire » l’autre tant mieux. C’est qu’elle aura un écho de vérité chez l’Autre.

    Peut être est ce cela —> »offrir gratuitement ce qu’ils ont eux-mêmes reçu gratuitement »

    Maintenant, essayer d’évangéliser un autre chrétien , là je ne situe absolument pas la question…

  • Je n’ai pas repris les quatorze pages de la note… pour votre salut.

    Mais, évangéliser ne signifie pas, à mon sens, chercher nécessairement à convaincre toute personne que l’on rencontre. Le dialogue avec les autres religions existe, et les catholiques savent aussi discuter avec des amis musulmans de leur foi, trouver des points communs, respecter l’autre.

    La note, sur sa première page, indique :

    « L’évangélisation a toute l’humanité comme destinataire. Dans tous les cas, évangéliser ne signifie pas seulement enseigner une doctrine mais plutôt annoncer Jésus Christ par la parole et par les actes, c’est-à-dire se faire instrument de sa présence et de son action dans le monde. »

    Je pense que l’Eglise ne cherche pas à se faire offensive, et certainement pas à agresser, mais à réveiller un peu des catholiques qui sont très en retrait, qui ne témoignent plus de leur foi, qui sont imprégnés du relativisme qui les conduit, tout en confessant une certaine foi, à considérer que c’est du domaine privé.

    Citant une encyclique de Jean-Paul II, Redemptoris Missio, la note poursuit :

    « « Toute personne a le droit d’entendre la “Bonne Nouvelle” de Dieu, qui se fait connaître et qui se donne dans le Christ, afin de réaliser pleinement sa vocation »

    Entendre. Toute personne a le droit de l’entendre. Et les catholiques ont le droit de l’énoncer. Tant que cela se fait dans le respect de l’autre, il ne me semble pas qu’il y ait grand-chose à redire. De toutes façons – et c’est aussi ce que dit la note – quelle serait la pérennité d’une conversion obtenue sans respect de l’autre ? Si la personne qui entend ne souhaite pas aller plus loin, cela s’arrêtera là.

    Lorsque la note parle des personnes sans ressources et sans culture, c’est peut-être un peu maladroit. Mais je pense que l’Eglise veut éviter que ne se produise ce qui a pu se produire en d’autres temps, et pourrait encore se produire dans certains pays, à savoir le fait de profiter d’un ascendant intellectuel pour influencer des personnes « analphabètes ».

    Ensuite, il me semble qu’il faut bien voir qu’il y a trois interlocuteurs possibles, et que l’Eglise a souhaité évoquer ces trois interlocuteurs : les non-croyants, les croyants non-chrétiens, et les autres chrétiens.

    A l’égard des non-croyants, il me semble que nombreux sont ceux qui préfèrent taire leur foi. Probablement – et je les comprends – parce qu’ils doutent beaucoup. Peut-on annoncer si l’on n’est pas absolument certains ? La question se pose : mais annoncera-t-on jamais quoi que ce soit si l’on attend la certitude absolue ?

    A l’égard des croyants non-chrétiens, il s’agit d’affirmer le simple droit à « dire ».

    Même chose à l’égard des autres chrétiens, évoqués en fin de note. Et évoqués, comme je l’ai souligné, avec de multiples précautions pour bien montrer que le propos n’est pas de partir à l’assaut des autres chrétiens mais simplement de continuer à affirmer ce en quoi nous croyons.

    Il me semble aussi utile de bien relever que l’Eglise parle pour les catholiques du monde entier. La situation de la France, pays anciennemtn majoritairement catholique est assez spécifique. Mais, somme toute, il me semble qu’il ne faut pas inverser les choses : je n’ai pas connaissance de pays dans lesquels ceux qui voudraient quitter le catholicisme soient victimes de pression. De l’Eglise, ou de l’Etat. Je n’en dirais pas autant de nombreux pays dans lesquels il est tout simplement interdit de se convertir au catholicisme sous peine de mort ou bien dans lesquels l’activité de l’Eglise est entravée. Au-delà de la France, l’Eglise parle aussi pour des pays dans lesquels les catholiques sont encore persécutés.

    « —>“Avancez en eaux profondes et jetez vos filets pour prendre du poisson” : ça, ça me gêne aussi.
    Cela me semble antinomique avec :—>« l’Église interdit sévèrement de forcer qui que ce soit à embrasser la foi” »

    Pour la première citation, c’est le Christ qui l’a dit et, pour le coup, ce n’est pas un de ces propos dont on peut dire que l’interprétation est malaisée. « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». On peut tout à fait annoncer ce en quoi l’on croit sans forcer qui que ce soit.

    Il me semble que « évangéliser », ce n’est pas « convertir ».

    C’est annoncer, affirmer sans crainte, mais dans le respect et la liberté (et la liberté de l’autre est affirmée à de très nombreuses reprises dans le texe).

  • Deux reflexions a propos du sujet de ton billet (tres interessant, et dans le sens duquel j’abonde, comme souvent) :

    – Tout d’abord, cette note est publiee seulement quelques jours apres une intervention tres interessante du Cardinal W. Kasper (Pdt de Conseil Pontifical pour l’Unite des Chretiens) sur la situation actuelle de l’unite des chretiens. Ce document (disponible sur zenit version anglaise ici : http://www.zenit.org/article-21263?l=english ; j’ai fait une traduction FR dispo sur demande) presuppose que l’unite des chretiens n’est pas un combat d’eglises et ne vise pas a l’absorption de leurs croyants, et ce avec une telle clarte (notamment pour le cas du patriarcat de Moscou) qu’il me semble presque malhonnete pour Le Monde de presenter cette note sous ce jour. (A supposer que ce journal ne choisisse pas le redacteur de tel ou tel article au hasard, auquel cas cela releverait du non-professionalisme)

    – Enfin, sur l’idee selon laquelle l’evangelisation serait l’equivalent de crier un message a quelqu’un qui se bouche les oreilles, et serait donc du proselytisme, j’ai envie de citer trois exemples :
    1. Ste Bernadette aurait dit : « Je ne suis pas là pour vous faire croire (dans la vérité), mais je suis chargé de vous la dire. » La liberte ne peut exister qu’en face de la verite.
    2. Soeur Emmanuelle du Caire a qui l’on reprochait de vouloir convertir les musulmans et Mere Teresa de Calcutta ont toutes les deux etabli clairement que leur but n’etait pas de convaincre mais de temoigner.
    3. A l’oppose, en tant que chretiens, nous pouvons avoir l’impression de crier dans le desert. Rappelons alors que, sur dix lepreux que Jesus a gueri, seul un est revenu rendre gloire a Dieu. Voir cette histoire du cote negatif serait penser que seul un a ete sauve. (independamment de la guerison physique) L’autre maniere de voir cette histoire, c’est de realiser que nous ne connaissons (et ne connaitrons jamais) tous les fruits de l’evangelisation, mais que ceux qu’il nous est donne de voir le sont pour notre edification, et que l’histoire entre les neuf autres « lepreux » et Dieu ne regardent qu’eux !

  • « Il est vrai aussi, que dans mon métier, je suis amenée à accompagner des personnes de tant de croyances différentes, habitées par tant de “vérités ” différentes, que le fait de comprendre qu’il puisse y avoir des vérités ne s’impose pas à moi comme de la tiédeur. »

    Y avoir DES véritéS… Cela me parait assez contradictoire, du moins dans le domaine de la foi religieuse. Il y a pas mal de points de discorde tels que l’on a alors de vérités mutuellement exclusives… Dieu ne peut pas exister et ne pas exister simultanément, sauf à penser en termes quantiques (c’est une blague, mais la superposition d’états pour Dieu, l’indétermination de son existence, ça peut permettre des approches théologiques intéressantes, non ?). Il ne peut y avoir sur le plan religieux, qu’une seule vérité.

    Et si je suis convaincu que ma foi est la vérité en ce domaine et donc La Vérité je peux difficilement admettre que les autres aillent à leur perte en ignorant le salut. Ou alors je ne les aime pas assez pour vouloir leur salut, ou alors je ne crois pas assez pour penser que le Christ est mon/notre salut…

    Pourtant, là encore, c’est une part de l’Evangile assez simple à comprendre et interpréter : « Jésus répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi » » (Jean 14, 6)

  • Je ressens ces différentes vérités, si fortes à l’approche de la mort, dans la profondeur de la foi de chacun comme :
    « il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ».

    Ces personnes ont toutes, grâce à leur foi, un religare avec Dieu. ( même les athées, je confirme, Koz, la plupart des athées que j’ai rencontrés , en cette période cruciale de leur vie, ont peur d’affirmer leur foi, parce qu’ils doutent beaucoup )

    De plus ma foi en Dieu est telle, que je ne puis imaginer qu’un seul être humain ayant cru au point de vivre dans l’amour de l’autre, puisse ne pas être sauvé !

    Lorsque je vous cette flamme de vie au plus profond des yeux d’un homme qui va mourir, cette flamme qui reflète sa vie, il m’est impossible d’imaginer qu’il n’est pas fils de Dieu, quelque soit son religare.
    Je n’imagine pas que Dieu puisse s’arrêter à un concept, qu’on peut décrypter si différemment.
    Pour moi, la Vérité passe par Jésus, parce qu’en tant que chrétienne, j’habite la demeure du Christ.
    Pour d’autres, la Vérité passe par un tout autre, parce qu’il habite une autre demeure du Père.

    Si Evangéliser consiste à affirmer ce que nous croyons, j’adhère, Koz, j’adhère….en dehors du travail
    J’affirme haut et fort que le Christ est MON salut.
    Et j’affirme que j’ai une très forte difficulté avec ce verset de St Luc.
    ( dans le milieu public, nous signons une « charte nous interdisant d’affirmer aucune de nos croyances, quelles qu’elles soient, politiques ou religieuses, sauf les aumoniers -qui ne visitent que les personnes les demandant…)

    Et une partie de mon métier consiste à entendre la parole de l’autre, le dire de l’autre , ses peurs, ses doutes, afin qu’il trouve en lui, ce qui fait sens pour lui ( et non ce qui fait sens pour moi ).
    C’est peut être une des raisons pour lesquelles, ce billet me permet de me poser des questions quant à ma foi et la façon dont je reçois celle de l’autre, sans pour autant tomber dans l’identification projective, et rester ainsi « vraie » dans l’empathie nécessaire à mon métier.

    Bon Dimanche

  • Oui, si quelqu’un a vécu une vie de foi intense, si cette vie de foi l’a poussé à agir pour le bien des autres et à aimer, il est probable que le Seigneur, quand l’heure sera venue l’accueillera en son paradis, puisqu’il est probable que cet homme, l’heure venue accueillera le Seigneur près de lui.

    Mais si aujourd’hui, ou jusqu’à l’heure de sa mort, un homme à reçu le message du Christ et qu’il à craché dessus, qu’il l’a combattu… Bien qu’il ai été religiere et bon avec certains de ses prochains (ceux partageant sa religion, à n’en point douter) je ne suis pas certain qu’il soit sauvé…

    Et même s’il a entendu parler du Christ par deux trois chrétiens, qui n’osaient pas trop en parler, de peur de le froisser, et que dans les enseignements de sa religion il est précisé que ce n’est qu’un prophète, d’importance finalement moyenne, le suivra-t-il vers la maison du Père ? Et ce malgré sa bonne volonté ? Ou n’ira-t-il pas passer un temps plus ou moins long en purgatoire (je n’ose penser qu’il s’enferme à jamais en enfer, s’il était vraiment un homme bon)…

    Nous ne pouvons pas juger, mais cela vaut dans les deux sens… Longtemps on s’est dit brutalement que tous iraient en Enfer s’il n’étaient dans le giron de l’Eglise. Désormais on se dit « On ira tous au Paradis »… mais cela c’est déjà et tout autant contrevenir à l’appel du Christ à ne pas juger…

    Dans l’ignorance de ce qui se passera au Jugement, et dans l’amour des autres j’essaie, dans la mesure du possible et malgré mon appartenance au « public » (éducation nationale), j’essaye, sans brutalité et avec un peu d’a propos, de témoigner du Christ et de mon espérance, un peu plus qu’en étant là 😉

  • Celà dépend, cher Koz, de ce que vous permettez à l’autre?

    Je suis Neo Pagan, accepterez vous de regarder mon Pentacle avec équanimité? Que d’ailleurs je ne porte pas parce que ma foi n’a pas besoin de se porter en bandouillère. Elle fait partie de moi point.

    Il me semble que vous les chrétiens votre problème vient du fait que votre religion est évangélique. Comment fait cohabiter ça avec la tolérance. Difficile. Soit c’est la vérité révélée ou pas. A moins d’être le chat de Schrödinger!

  • « Cette vision de la liberté humaine, privée de l’indissociable référence à la vérité, est une des expressions « de ce relativisme qui, ne reconnaissant rien comme définitif, adopte comme ultime et seule mesure le moi avec ses désirs, et sous l’apparence de la liberté, devient pour chacun une prison »  »

    Quelle vérité ? J’ai du mal à comprendre ce point. La vérité peut elle se trouver en dehors du champs des religions ? Il n’y a pas d’impératif moral sans Dieu ?

    « Je reste étonné dans ces débats par l’impression de manque de confiance en l’autre que produisent les laïcistes forcenés. Ils entendent ainsi interdire l’affirmation de convictions religieuses, comme si l’interlocuteur du croyant était présumé faible, voire faible d’esprit. Pourtant, dans une société qui me paraît majoritairement non-croyante, dans laquelle le fait religieux me semble assez largement écarté, ne peut-on penser que l’interlocuteur aura les outils nécessaires pour s’opposer, s’il le souhaite, au discours qu’il recevrait ? Le non-croyant ferait-il crédit au croyant d’un ascendant spécifique sur autrui ? Ferait-il crédit aux chrétiens de ce que l’Esprit Saint soit sur eux, comme une substance dopante, illicite, dans le débat ? J’en doute, mais alors, que lui non plus “n’[aie] pas peur“. »

    Le mot évangélisation sonne à mes oreils comme « reconditionnement mental ». Ma méfiance envers ce concept vient précisément du fait que je ne considère pas la foi comme un élément rationnel, et le non croyant que je suis n’y entends par définition rien. J’aurais donc bien du mal à dire que quiconque est bien outillé pour y faire face.

    En attendant, j’ai l’impression que vouloir évangéliser, c’est du même ordre que de vouloir convaincre les croyants d’abandonner leur religion. J’imagine que ceux-ci n’apprécieraient pas. Ils diraient qu’on essait de changer qui ils sont sans qu’ils le désirent. D’où le maintien de ces questions, religions comme athéisme, dans la sphère privée.

  • Xerbias, si tu y prêtes attention, tu te rendras compte que Koz, par ce billet, est en train de nous évangéliser gentiment. Et je n’y vois pas trace du moindre « reconditionnement mental ».

    Accessoirement, j’étais à Londres ce week-end, et la presse ne paralit pas seulement de la conversion de Blair. Apparemment il y a dorénevant plus de catholiques que d’anglicans en Grande-Bretagne.

    http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2007/12/23/nchurch123.xml.

  • Quelques pensées me viennent à l’esprit en lisant le billet de Koz et les commentaires.
    Quelle attitude le chrétien, le catholique en ce qui me concerne, doit-il avoir avec les autres qui ne partagent pas sa foi? Doit-il dire et répéter ce qu’il croit (ma foi catholique) même si on ne lui le demande pas ou simplement être (catholique)? Quelle attitude faut-il avoir? Je crois ou je suis?
    Je pense que l’évangélisation sera d’autant plus efficace qu’on saura montrer ce que cela signifie «  »être catholique ».
    Je me souviens de profs formidables au lycée dont j’ignorais la pensée profonde et dont j’ai appris par hasard l’engagement spirituel. Ils ont eu sur moi une influence déterminante à un moment de ma vie où j’aurais facilement douté, non pas tant par ce qu’ils m’ont dit mais par ce qu’ils étaient, et leur foi coïncidait si bien avec ce qu’ils étaient.
    Je crois que c’est le témoignage que Mère Térésa, Soeur Emmanuelle, les moines de Thibérine, voulaient donner.
    Une autre question me taraude en lisant les commentaires : doit-on agir pour être sauvé ?
    Celui qui fait le bien, qui aime le Christ et agit selon ses commandements parcequ’il espère être sauvé me semble être un peu hypocrite.
    Ferait-il le bien s’il avait la preuve qu’il n’y a rien après la mort?
    Je sais que « si Dieu n’existe pas tout est permis ». Mais je préfère celui qui fait le bien sans arrière-pensée et qui s’en remet à Dieu pour la suite ou l’absence de suite, à celui qui prend une assurance sur l’au-delà.

  • @Liberal : quand je vivais en Angleterre, et c’était presque dans une autre vie, les catholiques faisaient déjà preuve d’une vitalité extraordinaire.

  • Ah, ah, Liberal, tu m’as eu. Un moment, ayant lu le commentaire de Xerbias et pensant à ma réponse, c’est un peu ce à quoi je pensais. Mais je suis toujours dans un rapport étrange avec la foi : pratiquant, convaincu mais jamais certain d’être croyant. Et je continue de chercher, parce qu’il me semble que, des voies offertes, celle-là est celle qui m’amènera le plus surement à bon port.

    Alors, je ne me sens pas vraiment d’évangéliser.

    Au demeurant, dans mon billet, je ne vous annonce pas « la Bonne Nouvelle ». J’annonce… la « note doctrinale ».

    Mais ce que tu dis est un peu vrai. Et effectivement, Xerbias, perçois-tu un reconditionnement mental ? Ressens-tu une pression, une contrainte ? Si demain, et je pourrais le faire, je consacrais un billet à expliquer – autant que j’en serais capable – ce que peut signifier pour moi l’espérance, le lirais-tu avec un sentiment de contrainte, de reconditionnement ? Ou conserverais-tu ta liberté, d’entendre ou de rejeter ?

    Je crois que cette note doctrinale, sous ses aspects austères (il s’agit d’une « note doctrinale« , c’est pas top folichon), dessine clairement l’attitude que doit avoir celui qui espère, à défaut de croire : affirmer son espérance, l’exposer, respecter la liberté de l’interlocuteur, et assortir son propos du témoignage de sa vie. C’est ce dont témoigne Dang, et que rappelle Paul (pas le saint, le commentateur – merci pour la mention du discours du Cardinal Kasper).

    Et la note le dit :

    « L’évangélisation ne se réalise pas seulement à travers la prédication publique de l’Évangile, ni uniquement à travers des œuvres de quelque importance publique, mais aussi au moyen du témoignage personnel, qui demeure une voie de grande efficacité pour l’évangélisation.’

    A vrai dire : soyez de bons chrétiens, de bons catholiques. Ce sera peut-être la meilleur évangélisation. Verrais-tu la moindre contrainte dans le seul témoignage ?

    Il me semble que, notre société ayant, à son corps défendant peut-être, intégré nombre de valeurs chrétiennes, il lui est assez difficile d’attribuer certaines attitudes à cette foi. Aussi s’il est demandé au point 11, d’accompagner le témoignage de la source du comportement…

    « Mais le témoignage seul ne suffit pas non plus, car « le plus beau témoignage se révélera à la longue impuissant s’il n’est pas éclairé, justifié ? ce que Pierre appelait donner “les raisons de son espérance” (1 P 3, 15) ?, explicité par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus » »

    … le message est difficilement entendu. Pourtant, certaines attitudes y trouvent leur source. Cela dit, petit à petit, face à une société qui choisit davantage des valeurs non chrétiennes, cette source apparaîtra peut-être plus.

    « Quelle vérité ? J’ai du mal à comprendre ce point. La vérité peut elle se trouver en dehors du champs des religions ? Il n’y a pas d’impératif moral sans Dieu ? »

    Une vérité peut être trouvé en dehors du christianisme en générale, et du catholicisme en particulier. Pour l’Eglise catholique, ce ne peut être la Vérité, celle-ci ayant été apporté par le Christ qui, dans les Evangiles, se présente ainsi : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie ».

    Tu peux atteindre un certain niveau de vérité en dehors de l’Eglise mais la Vérité parfaite est bien la communion avec le Christ.

    L’Eglise ne peut pas dire autre chose par souci de plaire aux autres, de ne pas les heurter, non-croyants, croyants d’autres fois, ou chrétiens non catholiques (avec lesquels le degré de communion est pourtant si élevé). L’Eglise ne peut pas être l’Eglise du Christ fils de Dieu, venu sur Terre pour sauver les hommes, crucifié pour nous, et ressuscité et dire également que, bah non, hein, c’point trop grave de se passer de connaître le Christ.

    Ce que je veux dire, c’est que tu ne peux tout simplement pas demander à l’Eglise d’être incohérente. Ce qu’elle croit, ce qu’elle proclame, ce n’est pas un choix, c’est une conviction profonde, une conviction joyeuse que, parce qu’elle est joyeuse, elle ne peut pas occulter.

    ___

    Je reviens sur ce que disait Tara à propos de cette phrase, que je continuer de trouver vraie :

    « “Lorsque l’homme renie sa capacité fondamentale à la vérité, il devient sceptique sur sa faculté à connaître réellement ce qui est vrai et il finit par perdre ce qui, de manière éminente, peut captiver son intelligence et fasciner son cœur.”

    Tara dit que cela ne changerait pas grand-chose à sa foi. Je me permets de penser que Tara n’est pas nécessairement le public ciblé par une telle phrase.

    Mais dans la société en général, ne peut-on voir que le fait d’affirmer sans cesse cet axiome qu’il y a plusieurs vérités, qu’elles se valent, peut certainement pousser à ne pas perséverer dans une vraie recherche de la vérité, puisque la mienne, au stade où j’en suis, vaut celle d’un autre, et ce même si j’en reste au tout début du chemin que lui a parcouru ?

    Et l’on débouche sur cette autre conséquence pointée par la note : l’enfermement dans son moi, comme seule référence admise.

    Et, crûment, sur un certain abrutissement généralisé.

    ___

    Weemee écrit :

    « Je suis Neo Pagan, accepterez vous de regarder mon Pentacle avec équanimité? Que d’ailleurs je ne porte pas parce que ma foi n’a pas besoin de se porter en bandouillère. Elle fait partie de moi point. »

    J’accepterai votre foi, soit. Avec équanimité parce que je n’ai jamais tué personne 😉

    J’avoue, de toutes façons, que j’ignore à peu près tout du néo-paganisme et que vous pouvez, si vous le souhaitez, retourner adorer les divinités païennes, les dieux romains, ou encore Isis. Je serais probablement toutefois un peu triste pour vous de ce que je considère être un retour en arrière quelque peu absurde.

    Ca manque d’équanimité, ça, hein ?

    Too bad.

    Comme dirait « l’autre », toutes les convictions ne se valent pas, en effet.

  • Nous y voila Koz, l’intolérance. Vous ne savez rien de mes convictions, mais vous estimez que mes convictions ne valent pas les vôtres.

    En somme vous êtes comme les laïques intégristes qui vous méprisent. Tout le monde méprise tout le monde.

    C’est pour ça que je trouve que les signes ostentatoires de religion dans l’espace publique ne sont pas forcément une bonne idée. Je pense que votre religion est pleine de très mauvais choses; je trouve que Genesis est une des choses les plus immorales que je n’ai jamais lu (si,si, je trouve que le pillage de la terre actuel vient de Genesis). D’ailleurs vous commencez à venir nous rejoindre là-dessus. Better late than never comme on dit.

    J’ai lu un article dans la presse ou des personnes par ailleurs très intelligents discutent de la conception immaculée en toute seriosité. Incompréhensible pour le non chrétien: sornettes tout ça.

    Je suis d’accord avec vous, je trouve la relation des Chrétiens avec leurs mariage profondément hypocrite (soit c’est « till death us do part » ou pas). Le PACS convient parfaitement aux pagans. Il est presque pile ce qui certains d’entre nous croient.

    Mais je n’ai pas envie d’avoir cette relation là avec vous: je vous respecte et trouve trop sympathique. Votre religion par contre vous encourage à médire sans retenu du mien. J’ai même distingué de la légerté dans vos propos … c’est pas très chrétien ça, hein :p

    Donc voilà pourquoi je n’aime pas les signes extérieures, surtout à l’école. Ces signes nous séparent les uns des autres, que l’on le veuille ou non.

  • Ce qui est fort drôle WeeMee, c’est que dans tout votre discours transparaît un antichristianisme fondamentalement nourri des apports moraux/sociétaux du christianisme… Vous êtes un digne enfant des lumières et de l’occident moderne, façonnés par la pensée chrétienne et qui se servent de cela et de leur incompréhension volontaire de l’Eglise pour la critiquer…

    En outre, oui, toutes les religions, tous les systèmes de pensée ne se valent pas. Et les arbres se jugent à leurs fruits… Vous vivez des fruits du christianisme, dans un monde qui lui doit tout ou presque. Les autres religions n’ont jamais permis l’émergence de telles sociétés avec un respect de l’autre tel que vous pouvez cracher dans la soupe… Les seuls autres religions qui ont permis le développement économique (confucianisme et shintoisme, principalement) nient l’individu au profit du collectif et ne tolèrent pas la « déviance »… Allez donc être « neo-pagan » ou « bachibouzouk » au Japon ou en Chine 😉 D’ailleurs, être seulement blanc ou noir est déjà très mal perçu, puisqu’ils sont fortement racistes et pas du tout culpabilisés par ce fait.

  • @WeeMee : vous écrivez que la conception immaculée est incompréhensible pour un non-chrétien, ce que je conçois parfaitement bien, mais vous ajoutez « sornettes tout ça ». Là je vous suis mal. Comment pouvez-vous dire que ce sont des sornettes puisque vous écrivez que c’est incompréhensible pour le non-chrétien. Vous portez un jugement de valeur sur un dogme dont vous dites qu’il faut être chrétien pour le comprendre. J’aimerais que vous m’expliquiez cette contradiction.

  • Koz a dit « (pas le saint, le commentateur – merci pour la mention du discours du Cardinal Kasper) »

    De rien, j’espere que tu en as apprecie la lecture. Pour la saintete, c’est encore a venir.. Tres Joyeux Noel

  • Pourquoi parler de « pagans » ? Que je sache, « pagan » se traduit parfaitement en français par « païens ». J’avoue que rien que cette dénomination me laisse perplexe : païen, par rapport à quoi ? S’il ne s’agit que de se définir par rapport au christianisme, c’est déjà partir sur une base qui manque de sérénité.

  • @Koz : WeeMee nous a déjà dit qu’il était anglophone et qu’il aimerait bien que tout le monde parle sa langue comme lui parle la nôtre, ce en quoi il a raison. En revanche je te suis quand tu exprimes ta perplexité devant le terme même de païen. De même que l’athée n’existe que par rapport au croyant, le païen n’existe que par rapport au chrétien. Il y a des moments où je me demande ce que les chrétiens ont pu dire ou faire, ou ne pas dire ou ne pas faire aux hommes d’aujourd’hui pour mériter tant de haine, de hargne, de mépris, d’opposition.

  • « Xerbias, si tu y prêtes attention, tu te rendras compte que Koz, par ce billet, est en train de nous évangéliser gentiment. Et je n’y vois pas trace du moindre “reconditionnement mental”. »

    Ah ça non, c’est sûr. Mais je pensais que l’évangélisation, c’était plus que de la simple information, mais a également pour but de convaincre en faveur d’une religion, de pousser à la conversion. Ce que je n’ai pas vu dans ce billet.

    Dans le cas d’un billet sur l’espérance, ce serait très certainement de l’évangélisation en effet. Ce qui me laisse dubitatif, ce doit surtout être l’évangélisation qui réussit, et très certainement à cause de ma profonde ignorance de comment ça peut être possible. Je le reconnaît sans peine.

    « Une vérité peut être trouvé en dehors du christianisme en générale, et du catholicisme en particulier. Pour l’Eglise catholique, ce ne peut être la Vérité, celle-ci ayant été apporté par le Christ qui, dans les Evangiles, se présente ainsi : “Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie”.  »

    Ok, l’Eglise catholique ne peut reconnaître d’autre vérité que sa Vérité. Eh bien c’est justement pour ça qu’en France on a blindé le concept de laïcité. Pour que l’Eglise ne vienne pas gêner ceux qui n’ont pas cette vision de LA Vérité catholique. En ce sens, j’entrevois bien comment la laïcité est un obstacle plus ou moins bien accepté par l’Eglise catholique. Mais il faut le dire (et je ne prends pas de grands risque à le dire), cette vision d’une Vérité unique est gênante pour ceux qui ne la partage pas.

    Sans accepter une Vérité unique, socle du jugement, nous voilà condamné au relativisme, nous dis-tu, Koz. Le danger est que chacun se limite à juger uniquement à l’aune de sa propre personne. Est-on condamné à ce relativisme en l’absence de cette Vérité ? Je ne crois pas. Déjà parce qu’il ne faut pas partir du principe que « sans foi » (religieuse) équivaut à « sans loi ». Ce n’est parce que quelqu’un n’a pas de religion qu’il ne croit en rien. D’accord, en partant de ce principe, chacun a son propre système de valeurs. Est-il possible qu’un jour l’ensemble de l’humanité s’accorde sur une règle morale qui sortirait du champ des religions ? La question est intéressante. Les droits de l’homme en ont certainement été une tentative, toujours en cours d’ailleurs.

    Dans le cas des religions, vouloir que tous partagent une seule Vérité est tout de même difficile. Laquelle pour commencer ? Je ne crois pas que l’Eglise catholique soit la seule à se vouloir universelle. Si tout le monde avait une religion, sans que tous aient la même, chaque religion continuerait d’essayer de convertir ceux qui sont sur le mauvais chemin.

    « cette note n’est pas une réflexion éthérée sur le rapport de l’homme à la connaissance, à la vérité »

    Une note qui serait sur ce sujet arriverait vite au point d’achoppement à mon avis, qui est le besoin qu’ont la plupart des religions à se vouloir universelles pour garder toute leur force, mais ce faisant exposant leur non universalité de fait. A moins que toutes ne s’accordent sur le besoin d’avoir une religion. Locke, dans sa Lettre sur la Tolérance, affirmait que seuls les athées ne pouvaient être tolérés, car ils compremettaient le bien public. D’une certaine façon, je comprends ce qu’il voulait dire…

  • « Si tout le monde avait une religion, sans que tous aient la même, chaque religion continuerait d’essayer de convertir ceux qui sont sur le mauvais chemin. « 

    C’est possible. Mais si chacune le faisait dans l’esprit de respect que ne cesse de mettre en avant cette note, nous aurions surtout droit à un dialogue des plus enrichissant.

  • « En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu le sentiment que le juif portant kippa que je crois dans le RER entendait me convertir, pas plus que le pope orthodoxe. »

    Et tu le croises sur quelle ligne le pope orthodoxe? 🙂

  • @Dang:

    « Il y a des moments où je me demande ce que les chrétiens ont pu dire ou faire, ou ne pas dire ou ne pas faire aux hommes d’aujourd’hui pour mériter tant de haine, de hargne, de mépris, d’opposition. »

    Le christianisme est la religion dominante, si on veut s’opposer aux religions établies c’est un peu normal de commencer par là.

    Et puis, comme chrétiens nous ne pouvons pas nous plaindre de ne pas avoir été prévenus:
    « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. « 

  • Je trouve qu’on commence à raconter n’importe quoi dans ce billet et dans les commentaires quant au nombre de catholiques et de protestants en Suisse et au Royaume Uni.

    En Suisse les protestants ne sont pas majoritaires. Les protestants et les catholiques sont à peu près moitié-moitié, comme la fondue fribourgeoise qui est faite à parts égales de gruyère et de vacherin. En fait, les catholiques sont légèrement majoritaires. Même dans le canton de Genève où Calvin avait imposé durement la Réforme (n’oublions pas qu’il a condamné l’Espagnol Michel Servet au bûcher), les catholiques sont maintenant majoritaires. Le réservoir de catholiques ne fait qu’augmenter en Suisse ce qui permettra d’envoyer des gardes au Vatican pendant encore 500 ans!

    Quant au Royaume Uni, il y a 25 millions d’anglicans contre 4,2 millions de catholiques romains. La Church of England est nettement majoritaire, me semble-t-il.

  • @Pepito : le titre de l’article du « Daily Telegraph » cité par Libéral est clair : il y a plus de catholiques que d’anglicans en Angleterre. En revanche le corps de l’article est plus nuancé puisqu’il annonce qu’il y a légèrement plus de pratiquants catholiques que de pratiquants anglicans. Qu’une Eglise officielle se retrouve avec environ 850 000 pratiquants réguliers sur 25 millions de baptisés, pour reprendre vos chiffres, montre qu’il y a une crise grave dans l’anglicanisme. Le fait même que ce soit la religion officielle ne lui vaut pas la sympathie de tous. Ses déchirements sur l’ordination des femmes, le mariage des homosexuels, son manque d’unanimité sur nombre de problèmes de société lui ont coûté très cher. Mais je note que déjà dans les années 1960 on construisait des églises catholiques alors qu’on fermait des églises anglicanes et la « Catholic Truth Society » revendiquait plus de mille conversions par mois. A l’époque devenir catholique était le meilleur moyen de s’opposer à l’establishment, de montrer du caractère, de l’indépendance d’esprit. Il faut dire que les catholiques étaient tellement haïs qu’il fallait de la personnalité pour devenir papiste.

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