Servir

drapeau_francaisJe vous écris du bord d’une piscine, à deux pas d’une autre, avec hammam et jacuzzi. Un petit étang artificiel semble s’y déverser. Le vent est doux, l’atmosphère paisible. Des nuages aux formes généreuses poursuivent leur course de la droite à la gauche de ma piscine. Et puis, en haut d’un mât, près d’une tonnelle en fer forgé, flotte – c’est rare – un drapeau français.

C’est rare aussi : en l’observant, je pense aux terrains où il est déployé, je pense aux hommes qui le servent, l’esprit encore pris de l’hommage rendu dans Le Figaro par le Général Hervé Charpentier au Capitaine Thomas Gauvin, mort à 27 ans, tué par la bombe d’un kamikaze en Afghanistan.

M’est revenu très vite à l’esprit ton visage. Comparable à d’autres jeunes lieutenants bien sûr, et pourtant si singulier. Ce visage était doux, illuminé d’un regard bleu clair, ardent, mais que l’on ne pouvait manquer de trouver tendre.

Il reflétait une sérénité surprenante pour ton jeune âge, une franchise absolue, et surtout une immense humilité.

Je lis cet hommage et je ne peux que penser de nouveau à cette mauvaise sortie d’Eva Joly contre le défilé militaire du 14 juillet, appelant à sa suppression, fustigeant une « France guerrière ».

Je repense au regard de Thomas Gauvin décrit par son Général, mais je repense surtout aux regards de trois amis officiers : Ludovic, Paul, Aymeric. Ce serait eux, les représentants d’une France guerrière ?

Leurs trois regards sont différents évidemment. Mais on ne lit, dans aucun de ces trois regards, ni hargne, ni défi, ni violence. Ce sont des regards profonds, des regards paisibles, sereins et forts. Forts d’incarner ce qui les atoujours animés : le sens du devoir, le don, le service.

La mauvaise saillie d’Eva Joly, intervenue en outre après la mort de plusieurs soldats au service de la France, a eu cet effet inattendu de susciter des hommages à l’Armée jusqu’à – c’est tardif mais remarquable – la gauche.

De Manuel Valls, on n’est guère surpris. Mais de Laurent Fabius aussi, et c’est plus original. On s’en voudrait de douter de sa sincérité. De Laurent Joffrin enfin, qui a très justement écrit :

A rebours d’un monde dédié au profit et à l’ambition personnelle, les militaires sont des citoyens désintéressés, qui ont choisi un mode de vie austère pour s’occuper non pas de leur nombril mais du service de la collectivité.

Avec quelques autres, soignants, religieux, policiers, magistrats, enseignants, ils sont les témoins aussi de cette dimension de l’Homme, qui ne s’abandonne pas dans la consommation, l’argent, la réussite personnelle, mais qui joue collectif. Pour les soldats toutefois, peut-on encore parler de dimension, lorsqu’elle va jusqu’à l’acceptation du sacrifice effectif de la vie ?

Le choix des terrains n’est pas leur affaire. Elle sera toujours de la responsabilité des politiques. Il leur revient de ne pas brader leur engagement, leur sacrifice[1]. Eux vivent et meurent pour le devoir, la patrie, pour servir.

Certes, un pays ne peut pas compter que des soldats, que des infirmières, que des professeurs. Un pays a besoin d’ouvriers, d’employés, d’investisseurs, d’entrepreneurs. Et même d’avocats. Chacun a sa place… Je vous écris du bord de la piscine.

Il n’y a pas de vie d’où tout esprit de service soit exclu. Si nous ne donnons pas notre vie pour ce mot, Servir, à nous de lui donner sa part. Si l’esprit de service inspirait plus collectivement nos vies, peut-être serait-ce une autre façon pour nos soldats de n’être pas morts pour rien.

Tu avais 27 ans. Ton prénom était Thomas. J’aimerais tellement que nos concitoyens, le retiennent et comprennent qu’à la question lancinante « pourquoi ? », tu n’apportais, comme nous tous, qu’une seule réponse : SERVIR.

  1. et cessons, d’ailleurs, comme ils le demande, de voir en eux des « victimes » lorsqu’ils meurent. []

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60 commentaires

  • Très beau billet, émouvant et si juste!!! Les réactions choquées de personnalités de droite comme de gauche sont un signe que Mme Joly n’a pas mesuré la portée de ses propos « d’ex juge d’instruction à sang froid »…A-t-elle au moins une seule fois cotoyé nos soldats dont la 1ère mission est le maintien de la paix, quitte à y laisser leur vie? Sait-elle ce que c’est de vivre dans un pays en guerre? Combien de vies sauvées en Côte d’Ivoire, entre autres, grâce aux soldats de la force Licorne? Alors, un seul mot Koz, de la part de tous ceux qui vivent dans la peur et qui comptent sur nos soldats pour les protéger: merci….

  • Cher Koz, il était regrettable votre départ en vacances, bien que légitime, car il y a eu cette sortie déplacée de Madame JOLY. Je me disais que vous auriez pu écrire quelque chose sur la proposition imbécile de cette dame. C’est pourquoi, j’apprécie le beau billet que vous venez d’écrire.
    Il me semble seulement qu’il y a un bémol qui a permis à Madame JOLY de s’en tirer et à la gauche bien-pensante d’opérer avec un autre angle de tir, c’est la phrase maladroite de Monsieur FILLON qui, il faut bien le reconnaître avait des relents , oui disons l e mot, de xénophobie. Et comme par enchantement, l’espace de 24 heures, on a perdu de vue la proposition du défilé ubuesque que Madame JOLY proposait. Bonne continuation à vous et à votre famille !

  • La phrase d’eva joly n’aurait certainement pas du être prononcée au moment de la mort de nos soldats.
    c’était une maladresse choquante sur le plan humain, comme une faute politique.

    pour autant le débat sur le défilé militaire du 14 juillet n’a aucune raison d’être tabou.

    je pense que, si la vie d’un militaire est certainement plus aventureuse et dangereuse que celle d’un civil, si ceux qui partent en opération doivent accepter le risque d’y être blessé, d’y être tué (comme un conscrit d’ailleurs), je ne suis pas certain que cet engagement puisse se résumer au sens du devoir, du service.
    les militaires sont avant tout des hommes et des femmes, avec leurs aspirations personnelles au sein de leur mission collective.

    ce qui, bien sur, ne m’empêche pas d’avoir une pensée de tristesse et de compassion pour les victimes en Afghanistan, d’abord les 70 tués français, les blessés dans leur corps ou dans leur vie, et aussi les autres soldats alliés tués dans cette guerre, les victimes civiles, les innocents au milieu, et les combattants d’en face.

  • Comme d’hab dans notre pays c’est la phrase d’Eva Joly qui est déplacée, mal venue,maladroite, pas la guerre et une fois encore il n’y aura pas débat, pas l’ombre d’un doute sur le bien fondé de l’engagement militaire de la France dans la première guerre du golfe, la deuxième, l’Afghanistan,la Lybie. Ce que je trouve mal venue, maladroit, déplacé c’est la mort de jeunes hommes qui ont effectivement choisi de servir et de mourir pour la patrie parce que des hommes qui ne mourront eux jamais à la guerre ont fait des choix militaires plus que discutables mais jamais vraiment discutés dans notre pays. André Lugardon est mort en captivité à l’âge de 26 ans pendant la seconde guerre mondiale. Quel gâchis!

  • @ jfsadys/andrélugardon/voixdegauche.:
    La question ne porte pas sur les guerres engagées par la France mais sur une proposition déplacée de Madame JOLY sur le défilé miltaire du 14 juillet. D’autant plus déplacée que des soldats sont morts deux jours avant. Or quel était le sens de l’intervention de Madame JOLY sinon d’aller dans le sens d’un vieux fond antimilitariste chez les Verts qui venaient de l’élire. Pour ce qui est des interventions militaires de la France, elles se font en vertu de mandats internationaux et il me semble que vous l’oubliez.

  • @ hélios:
    hélios vous ne me ferez pas changer de position, ce n’est pas la proposition d’Eva Joly qui est déplacée; c’est la guerre qui l’est surtout à notre époque où il y aurait tant d’autres choses à faire; enfin je n’oublie pas que le France intervient par mandat international et cela me navre encore plus c’est alignement sur les USA, le tandem Mitterrand Bush père j’ai pas aimé. Je sais aussi que 87% des Français partagent votre point de vue. Mais je ne changerai pas d’avis. Je trouve que l’on est passé très très très vite de la fin de la guerre froide à la guerre tout court.

  • Je pleure chaque année, lors du défilé du 14 juillet.
    Et ne veux pas évoquer la stupidité de Mme Joly.
    Elle répond à un désir du groupe qui l’a mandatée pour le représenter : la faute est collective.

    Thomas ne fut pas tué par un ennemi, car il n’avait pas d’ennemi !
    Il a été tué par les politiques de sa patrie qui pour des raisons politique l’ont envoyé
    en un lieu où il (et sa patrie) n’avait rien à faire. Il est parti les SERVIR;
    mais pas « défendre la PAIX ».

  • @ René de Sévérac:
    Votre idée des buts de la présence française en Afghanistan me paraît un peu schématique.
    Il y a un beau livre intéressant, je me permets de vous en conseiller la lecture: « Nos luttes cachent des sanglots » de Ahmad Ashraf Bayard 2011. Ce médecin afghan a suivi sa scolarité au Lycée français de KABOUL, chirurgien il a terminé sa formation en France à Grenoble et a acquis la nationalité française. Il est retourné plusieurs fois en Afghanistan en mission pour mieux organiser un sytème de soins plus performant. La France y prend toute sa part. Les choses ne sont jamais schématiques.

  • @helios,

    « Votre idée des buts de la présence française en Afghanistan me paraît un peu schématique »

    Je veux bien. J’observe simplement que notre présence ne me semble aucunement justifiée.

    Effectivement, c’est schématique … mais je n’ai aucun désir de chercher une justification à une intervention qui n’a aucun objectif correspondant ni à une mission « civilisatrice » (hou !) ni à aucun intérêt stratégique de la France.

    Je comprends que de Ahmad Ashraf puisse avoir un point de vue différent.

    Amicalement.

    • La question n’est même pas vraiment la phrase d’Eva Joly, qui m’intéresse bien moins que ces soldats et ce dont ils sont témoins pour notre pays.

  • Merci hélios de votre commentaire. Je respecte votre point de vue tout comme je respecte celui de Koz. Tout comme je respecte tous ces jeunes hommes morts à la guerre, ceux de ma famille, ceux des autres familles. Je respecte « mes » anciens élèves qui ont servi au Liban et dans l’ex-Yougoslavie. J’ai respecté le choix de mes deux garçons quand ils ont voulu s’engager dans l’armée de terre. S’ils ne sont pas allés jusqu’au bout ce n’est pas à cause de ce que j’ai dit ou fait pour les en dissuader. A l’époque je n’ai rien dit du tout. Et je n’ai fait aucun commentaire.

  • @ Koz:

    Bien sûr vous avez raison mais nous sommes partis non d’une phrase mais d’une proposition de Madame JOLY portant sur la suppression du défilé militaire le 14 juillet et des réactions y compris dans le camp des socialistes ( VALLS et FABIUS). Evidemment que représente ce défilé dans la conscience nationale ? C’est la question essentielle. Or il a une symbolique forte pour la plupart des français. Il me semble qu’il y a consensus là-dessus.

  • Bonjour,

    j’ai un peu fréquenté le milieu des armées, en particulier celui des gens réellement partis en opérations dangereuses (tous les militaires ne sont au passage pas dans ce cas: je ne suis pas sûr que les marins du Charles de Gaulle risquent grand chose par exemple, même pendant les opérations en Lybie).

    C’est pour moi, avec les soignants hospitaliers, certains policiers et les pompiers, un des derniers ilots de la fonction publique qui pense d’abord à servir, et pas à se servir. Je n’ai, à dessein, pas mis l’éducation nationale dans la liste car pour moi, les professeurs dévoués sont une minorité, certes significative, mais une minorité quand même.

    La grande majorité des militaires que j’ai côtoyé n’étaient de plus pas des têtes brûlées de type « born to kill » mais des gens conscients des enjeux et de la gravité qu’il y a à se servir d’armes. Ce que les officiers arrivent à faire de gamins de 20 ans est pour moi remarquable.

    Toutefois, il faut signaler un dernier point: rien n’est jamais complètement pur, et l’intérêt financier du départ en opérations étrangères n’est pas négligeable: pour simplifier, je crois qu’une « opex » paie la maison. Cela ne peut pas ne pas être une partie de la motivation pour beaucoup de jeunes dont l’armée est la dernière chance de « réussite sociale ».

  • jfsadys/andrélugardon/voixdegauche. a écrit : :

    Ce que je trouve mal venue, maladroit, déplacé c’est la mort de jeunes hommes qui ont effectivement choisi de servir et de mourir pour la patrie parce que des hommes qui ne mourront eux jamais à la guerre ont fait des choix militaires plus que discutables mais jamais vraiment discutés dans notre pays.

    On peut discuter du bien-fondé de l’intervention française en Afghanistan, mais c’est pour moi un sujet complètement indépendant de celui de la dévotion de l’armée: il s’agit de choix politiques dont les politiques sont responsables: en l’occurrence, l’intervention en Afghanistan est discutable même si l’on pourrait se demander si sans guerre en Irak, l’issue aurait pu être différente. Elle a d’ailleurs dû être décidée par Lionel Jospin et Jacques Chirac en 2001.

    Mais la réalité, c’est que dans un monde dangereux, un grand pays libre aura de toute façon à effectuer des interventions militaires, ou à dépendre des interventions militaires de ses alliés. Le dernier cas est pour moi de la lâcheté et du parasitisme: c’est tellement plus facile de critiquer les américains qui font le sale boulot, et de dépenser l’argent qui devrait être investi dans l’armée en « acquis sociaux ».

  • Il y a deux ans, dans ma commune, la municipalité dirigée par un ancien ministre de sarko-fillon a réaménagé la place du 11 novembre et y a fait ériger une petite stèle marquée « hommage à nos poilus ».
    chaque fois que je passe devant, je me demande comment on peut, 80 ans après l’armistice, avoir une vision si réductrice des plaies de la première guerre mondiale, alors que les combattants souffraient des deux côtés du front, que les victimes furent aussi civils, que les survivants, le pays furent marqués, traumatisés …

    s’il faut exclure quelqu’un de l’hommage et la compassion, je propose les responsables, les politiques : « poincaré la guerre » qui, pour un archiduc autrichien assassiné à l’autre bout de l’Europe mena la France dans cette tragédie, ou émile ollivier qui, suite à la dépêche trafiquée d’Ems ( publiée ces derniers jours en dernière page de La Croix) déclara « j’accepte la responsabilité de la guerre d’un coeur léger ».

  • @ Joyeux Acier:
    « de dépenser l’argent qui devrait être investi dans l’armée en « acquis sociaux ». »
    Je ne vois pas tout à fait les choses comme ça, du moins pas avec l’expression « acquis sociaux ». Je crois oui qu’il vaut mieux construire des écoles et des hôpitaux et des centres de soins que de faire la guerre. D’ailleurs c’est au programme de toutes les guerres « modernes ». Mais je crois bien aussi que je suis conscient que je ne vis pas dans un monde de bisounours. Je sais que le monde ne sera jamais comme j’aimerai qu’il soit. Je reste convaincu que la guerre est le propre de l’homme et que souvent l’Histoire montre son inutilité. et sa monstruosité. Ma conviction c’est que les guerres naissent sur des difficultés économiques, politiques, historiques (la guerre suivante étant souvent la conséquence des points litigieux du traité de paix de la précédente) et sur des facteurs humains, un homme, un groupe d’hommes prend la décision de faire la guerre. Je pense en écrivant cela à la Tchétchénie, à l’Irak, l’Afghanistan. Ma conviction c’est que souvent la guerre est une fuite des hommes devant leurs difficultés à régler autrement les problèmes en cours. Ensuite il y a des questions qui apparaissent ici ou là dans les médias ou sur internet. Faut-il systématiquement s’aligner sur les positions américaines? Pourquoi n’arrivons-nous pas à penser « Europe » sur le plan militaire? Notre Armée qui est aujourd’hui une armée de métier est-elle adaptée, équipée, apte à faire face aux conflits actuels? On peut poursuivre la liste des questions. Pour ce qui est de l’Education Nationale où j’ai passé 55 ans de ma vie ma conviction c’est qu’elle est en voie de démolition comme les PTT, la SEITA, l’ORTF et là aussi on peut allonger la liste, et ce pour des raisons politiques et idéologiques.

  • Désintéressé ? Pff ce qu’il faut pas lire.

    Les militaires ont un emploi garantit, un bon salaire (supérieur au mien en tout cas, et je suis BAC+5), des avantages divers (logement, bouffe, transports, impots, retraite…).

    Désolé, mais les militaires ne me semblent pas désintéressés. Pas plus que la marée de candidats qui afflue systématiquement à chaque concours de la fonction publique.

  • C’est dommage que les commentaires partent dans cette direction, les uns oubliant l’essentiel, les autres nous expliquant doctement que la guerre c’est mechant…

    Le coeur, c’est le service et c’est sacrément chrétien. Encore faut-il croire que l’autre a une valeur, que les hommes sont à peu près égaux et qu’on n’est pas Dieu soi meme, au milieu d’objets disposés la pour la satisfaction de nos sens. Si on a décidé de suivre Jesus, cette dimension est ecrasante : etre le dernier des serviteurs pour etre grand, pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (donner n’etant pas perdre).

    Tous les jours, dans chacun de nos metiers, et dans notre vie personnelle, c’est bien apporter un service aux autres que nous faisons, et le sentiment d’inutilité est difficile à supporter pour un grand nombre de personnes. L’argent, le salaire n’est qu’une garantie immediate que notre service sera compensé par un autre, à un autre moment et d’une autre nature, securité qui pourrit et masque pas mal de bonnes choses malheureusement.

    Reste le sens particulier, l’intelligence et l’esprit critique une fois le but global enoncé : servir qui, aller jusqu’ou, satisfaire le desir d’un autre est-il necessairement le servir? Pour les soldats qui servent la patrie, la question est particulierement sensible. On peut avoir une idee floue de la patrie, une entité non definie mais dont le service est bon, on peut l’identifier a une communauté de personnes mais dont les contours sont flous et dont la superiorité sur les hommes qui lui sont exterieurs est en contradiction avec pas mal de valeurs de base, enfin on peut l’assimiler à un ensemble de valeurs dont la bonne santé et la sécurité du pays permet de faire la promotion. C’est tout l’interet que je voyais au debat sur l’identite nationale : c’est quoi la France, au service de quoi on se met quand on travaille, quand on paie ses impots etc…?

  • Merci Oim, en effet et même sans se référer à notre foi commune mais en restant dans une approche totalement laïque, la dimension de service est essentielle. Comme le dit Joffrin, c’est salutaire, dans notre société, que certains soient au service de la collectivité et non de leur nombril et de leur ambition personnelle.

    Je n’imaginais pas, en revanche, que le débat puisse porter sur la rémunération des militaires. Autant je suis d’accord avec le début de votre commentaire, Joyeux Acier, autant je suis perplexe devant votre approche systématiquement pessimiste du monde. Vos considérations sont d’aillers contradictoires : peut-on imaginer qu’ils souhaitent à la fois servir et non se servir, et se faire du blé pour payer la baraque ?!

    Que certains, une fois engagés, soient spécialement volontaires pour une OPEX pour être mieux payés, c’est possible. Qu’un engagement dans l’armée soit motivé par des considérations financières, c’est risible. Il existe tant de métier dans lesquels exercer sans courir le risque d’une balle dans la tête (ce qui concerne spécialement les militaires en OPEX). Quant à payer la maison, il faudrait qu’elle ne soit pas bien grand et pas trop bien située… C’est déjà le cas pour les officiers mais vous imaginez vraiment qu’un soldat du rang gagne de quoi payer la maison, même en OPEX ?!

    En ce qui concerne les officiers, celui qui est capable de faire Saint-Cyr serait capable de faire bien des écoles d’ingés sans, encore une fois, mettre sa vie dans la balance.

    CJ, j’aime autant ne pas répondre à votre commentaire.

  • Bon, je me lance!
    Désolé de briser la belle unanimité des commentateurs & de l’auteur, mais les propos de Mme Joly ne m’ont pas particulièrement choqué, dispersés qu’ils sont dans la grosse masse de bêtises de tous bords dont les média font profession de nous informer…
    Il y a tant de sujets sur lesquels il semblerait plus sain et constructif de s’enflammer que la traditionnelle parade bleu-blanc-rouge du 14 juillet sur les Champs-E.
    Petit, j’adorais!!
    Tout cet étalage de force virile, de mécaniques pétaradantes, de chevaux alignés (et pétaradants aussi!..) D’avions avec fumigènes tricolores… Pour finir en apothéose sévèrement burnée de képis blancs, tablier de cuir et haches sur l’épaule.
    Je voulais être Pilote de Chasse… ou bien Vétérinaire..
    Mais à 6 ans, une myopie sévère m’a fermé définitivement les portes de Salon de Provence…
    Et puis j’ai vieilli, appris plein de trucs sur l’histoire de France et ses batailles, ses militaires, ses politiciens, qui n’étaient pas dans mes livres du lycée, du collège et a fortiori, de l’école primaire.
    Et puis, surtout, j’ai effectué mon »Service Militaire »!!
    Occasion incroyablement efficace de constater de très près ce qu’était (en 1980) l’Armée Française!!!
    Pas mal de fainéants, de traficoteurs, d’incapables qui noyaient leur ennui dans la picole et la clope… et quelques rares Idéalistes à particule, héritiers du connétable Bertrand Du Guesclin, passablement égarés dans un univers lent et crapoteux…
    Et puis, j’en ai appris sur l’âme humaine, aussi!!
    L’orgueuil, la veulerie, la bouffissure de l’ego, la faiblesse morale, les p’tites magouilles à deux balles pour se « tirer des pattes », l’art de balancer les responsabilités sur la pauv’tarte du grade inférieur, aussi bien chez les appelés que chez les engagés…
    Une humanité plutôt glauque, à la Louis Ferdinand Destouches que j’ai lu bien trop tard d’ailleurs.

    Vous allez me dire: Chirac a changé tout ça, qui nous a fait évoluer vers une armée de METIER, moderne, efficace, propre, performante…
    Voire!

    69 soldats français morts en afghanistan depuis 2001!
    Contre combien décédés accidentellement dans les casernes sur la même période??
    C’est un métier que celui de soldat, alors, comparons avec les accidents du travail:
    les statistiques sont là:
    http://www.inrs.fr/htm/statistiques_accidents_travail_maladies.html
    1286 morts sur les chantiers du BTP entre 2001 et 2008!
    67.832 en incapacité de travail définitive sur la même période!!
    On ne leur avait pas signalé à ceux là qu’ils partaient aussi au casse-pipe!
    Ce risque avéré dans les statistiques, ils ne l’ont pas pris en toute conscience comme l’ont fait tous nos militaires de METIER, et je ne parle pas de la différence de rémulération entre ceux-ci et ceux-là!

    Alors, mes bons amis qui portez la cocarde au chapeau, relativisez le sacrifice consenti par nos militaires face à celui de toutes les petites mains qui contribuent aussi à notre confort au quotidien, ici et maintenant

  • @ ROLLIN_DELAY:
    Votre argumentation est intéressante Mais vous pouvez la développer parce que le débat me paraît mal centré. Madame JOLY s’en est pris à une « parade » qui prend sens dans un ensemble de symboles: l’hymne national, la devise républicaine etc. Donc, le défilé du 14 juillet ce n’est pas une « parade » comme vous l’écrivez, ça fait partie de la symbolique républicaine. Or cette symbolique elle s’est construite dans le temps historique. C’est donc dans ce cadre-là qu’il faut discuter. Au cours de cette histoire, il y a des millions de français qui sont morts sur les champs de bataille et ils n’avaient pas demandé à faire la guerre. Ils ont fait leur devoir. Ils ont servi. Le défilé du 14 juillet représente aussi cela. Et votre comparaison statistique n’a aucun sens dans ce contexte-là. Par contre, effectivement, dans le cadre de l’armée de métier dont vous parlez, après tout, le soldat s’engage, c’est son choix, ce n’est pas n’importe quel choix mais il choisit.

    L’erreur de Madame JOLYc’est d’ignorer l’histoire de France et c’est de ce point de vue que Monsieur FILLON a dénoncé son propos.

    Si vous situez les choses dans le cours de l’histoire, Monsieur, vous me concéderez que votre argumentation ne tient pas la route sauf à mépriser l’histoire qui est constitutive de notre identité nationale. Cordialement à vous. Hélios

  • @ Koz:
    « Qu’un engagement dans l’armée soit motivé par des considérations financières, c’est risible.  »
    André B… était pupille de la nation, son père est mort des conséquences de la première guerre mondiale, il était ouvrier maçon pendant et juste après la seconde guerre mondiale.Il est entré dans la gendarmerie dans les années cinquante et il est parti en tant que gendarme pour la guerre d’Indochine et d’Algérie. Il est resté gendarme jusqu’à la retraite. Il disait que sa vie en tant que gendarme c’était autre chose qu’une vie de manoeuvre maçon. Cyril P… a été « mon » élève. Il s’est engagé dans l’armée et a servi au Liban et dans l’ex-Yougoslavie. Il ne trouvait pas de travail stable et correctement payé. C’est ce qu’il m’a dit quand je lui ai demandé pourquoi il s’était engagé. Lorsqu’il est venu me présenter « son » album photo de ses « voyages ». Je n’ai plus de ses nouvelles. Julien L… a été aussi « mon » élève. Il s’est engagé dans l’armée de l’air. Il est toujours en activité.Son père a été licencié trois fois et a retrouvé trois fois du travail. Après de longues périodes de chomâge. Il ne voulait pas vivre une telle situation. Il a une bonne situation mais il est loin d’ici. On peut s’engager aussi pour des motivations financières. Ce n’est pas risible. Et c’est à mon avis respectable aussi comme motivation.

  • Les miltaires reçoivent une rémunération correcte lorsqu’ils partent en OPEX ? Non seulement ça n’a rien d’anormal, mais on peut dire: encore heureux. Ils ne sont pas désintéressés: non, bien entendu. On peut s’engager pour des motivations financières: oui, bien entendu, cela choque quelqu’un ?

    Merci à qui que ce soit, parmi les commentateurs, capable de se vanter de faire son métier de manière désintéressée ! On parle ici de ceux dont le métier consiste à aller se cogner directement à des gens dont l’objectif est de vous faire la peau. En ce sens, la comparaison avec les accidents du travail dans le bâtiment ou ailleurs est parfaitement ridicule.

  • C’est vrai que le timing du commentaire de Mme Joly n’était pas très heureux mais sur le fond, il ne me choque pas.

    Je comprends parfaitement que l’on veuille rendre hommage à toutes ces personnes qui se sont sacrifiées pour que nous puissions vivre en (plutôt) démocratie et (relativement) indépendants mais pour cela il y a déjà le 11 novembre et le 8 mai.
    Je ne vois pas bien ce qu’il y a de choquant à s’étonner que l’armée (et les pompiers…) représentent à eux seuls la nation le jour de la fête nationale.

    Rappelons qu’avant 1880 date à laquelle le défilé militaire fut instauré on s’en passait très bien. 1880 c’était 10 après la défaite humiliante de 1870, le début d’une ère ultra militarisée pour la France (première et deuxième guerre mondiale) aujourd’hui révolue.

    Le 14 juillet nous ne fêtons pas la prise de la bastille de 1789 mais la fête de la fédération du 14 juillet 1790. Un moment ou toute la nation, des ouvriers aux nobles en passant par le roi et le clergé s’était retrouvée sur le champs de mars pour une célébration de la réconciliation et de l’unité de tous les français. C’était avant qu’on commence à raccourcir les gens et l’ambiance certes légèrement utopiste mais bon enfant avait laissé un bon souvenir, d’où le choix de cette date. Pourquoi ne pas nous réapproprier notre fête nationale en restant dans l’esprit initial de la fête de la fédération ?

  • @ Gwynfrid:
    Vous avez tout à fait raison. Mais il y a une grande différence aussi entre celui qui s’engage pour faire de l’Armée son métier et qui en connaît le risque et celui qui est parti au front parce qu’on lui a demandé de le faire et qui n’avait pas le choix et qui n’est jamais revenu.

    L’Armée de la France a évolué depuis les guerres révolutionnaires mais avec la Révolution française, l’Armée faisait corps avec la Nation. Et à travers le défilé militaire du 14 juillet, prise de la Bastille mais aussi fête de la Fédération, la Nation commémore son passé. Dans les années 1995-1997 est parue une belle somme « Les lieux de Mémoire » de NORA. Ces livres montraient l’importance de ces symboles pour les français. C’était un temps justement où l’on remettait en question l’enseignement de L’HIstoire.

    C’est pourquoi la « saillie » comme dit Koz de Madame JOLY méconnaît cette Histoire et est d’une maladresse sans nom parce que un ou deux jours avant il y a eu la mort de soldats français. Et ces soldats « de métier » s’inscrivent dans une Histoire où le mot SERVIR a un sens.

  • à hélios.
    la phrase d’eva joly était plus que maladroite au moment ou elle a été prononcée, cela a été dit.
    mais le débat sur le défilé du 14 juillet, sur le lien entre la nation et l’armée et la manière dont il se manifeste est légitime…

    servir en tant que militaire, militaire en service, service militaire,
    il y a dans la notion de service un sens du devoir, du sacrifice personnel, matériel ou humain…
    qui ne me parait qu’en partie coller avec la carrière militaire.

  • Je suis un peu affligé par ce genre de billets qui oublient de rappeler deux faits extrêmement simples :

    1) Eva Joly a proposé de supprimer le défilé militaire du 14 juillet, estimant que la date n’était pas propice, et a proposé deux autres dates. Dès lors, tous les commentaires comme quoi ce serait de l’antimilitarisme et de la non-reconnaissance envers l’armée sont simplement hors sujet

    2) Elle n’a fait que répondre à une question qui lui était posée, elle n’a pas « choisi » le 14 juillet pour s’exprimer. Eut-il fallu qu’elle dise « je répondrai à votre question plus tard » ou qu’elle n’exprime pas le fond de sa pensée?

    Ca commence à devenir lourd ces commentaires larmoyants. D’une part on en oublie un peu que la mort d’un soldat est certes un drame mais qu’elle est quand même assez logique dans son métier, il est toujours étonnant de voir qu’on cherche à nous vendre des guerres propres, à base de « frappes chirurgicales » (la métaphore du soin est intéressante) et d’absences de pertes humaines alliées. D’autre part, si les soldats meurent c’est aussi et surtout parce qu’on les envoie à la guerre et sur ce point je rejoins les propos de jfsadys/andrélugardon/voixdegauche.

    Je trouve qu’il y a un manichéisme intéressé à vouloir faire passer les Verts ou Eva Joly pour des neuneus antimilitaristes de base. Ce n’est pas loyal par rapport aux propos tenus.

  • Koz a écrit : :

    Que certains, une fois engagés, soient spécialement volontaires pour une OPEX pour être mieux payés, c’est possible. Qu’un engagement dans l’armée soit motivé par des considérations financières, c’est risible.

    Bonsoir Koz,

    nous sommes d’accord: on ne va pas dans l’armée pour l’argent. Mais une fois que l’on y est, j’ai l’impression qu’en plus de la volonté de servir, qui est je crois la principale motivation, il y en a deux autres: combattre l’ennui de la vie de garnison, et les motivations financières.

    D’autant que l’Afghanistan est quand même une exception dans les OPEX: c’est une mission très dangereuse, ce qu’étaient moins la première guerre du golfe, les interventions en Yougoslavie, au Tchad, les opérations en dessus de la Libye ou même les interventions en côté d’Ivoire. A mon avis, dans ces autres opérations, les risques sont plus proches de ceux de la haute montagne, par exemple.

  • « Avec quelques autres, soignants, religieux, policiers, magistrats, enseignants, ils sont les témoins aussi de cette dimension de l’Homme, qui ne s’abandonne pas dans la consommation, l’argent, la réussite personnelle, mais qui joue collectif »

    D’accord avec cette remarque qui rejoint sur le fond ce que proposait Eva Joly, du moins pour ce que j’en ai retenu. C’est-à-dire que le 14 juillet, fête nationale, soit un jour réservé pour honorer tous ceux qui servent la France, professions auxquelles j’ajouterais les urgentistes, les pompiers, les ONG qui hors de nos frontières portent des valeurs chères à notre république.

    Ceci dit Eva Joly n’a pas choisi le bon jour ni la bonne manière pour avancer cette idée.

    Il est des jours pour rester ancré sur les traditions et d’autres pour proposer de les faire évoluer.

  • Ce qui me surprend dans cette histoire c’est que voilà peu on entendait toute une chorale de bonnes âmes, surtout à gauche, nous expliquer que l’identité nationale est un thème dont il ne faut surtout pas parler et de beaux esprits d’ajouter que ce concept d’identité n’exprime aucune réalité.

    Et voilà que d’évoquer le simple changement des modalités d’un défilé provoque un tollé !

    Franchement, s’il n’y avait pas derrière cette polémique la mort de jeunes hommes courageux, il y aurait de quoi rire !

  • Sur l’esprit de service:

    Je vote pour.

    Sur les militaires:

    « ils sont les témoins aussi de cette dimension de l’Homme, qui ne s’abandonne pas dans la consommation, l’argent, la réussite personnelle, mais qui joue collectif. « 

    J’aurais tendance à voir dans cette envolée un idéalisme sans lien aucun avec la réalité, mais il semble que d’autres commentateurs ont des échantillons représentatifs qui penchent dans un autre sens…

    Il faudrait tout de même modérer l’argument « risque de se prendre un balle dans la tête », parcqu’objectivement le risque n’est pas très grand.

    Sur les politiciens:

    Si la sortie d’Eva Joly relève que d’un mauvais timing, j’ai été particulièrement choqué par la mise en scène et l’exploitation politicienne de la mort de soldats par Sarkozy. Son discours était moins un discours d’hommage qu’un discours politique servant à justifier l’engagement en Afghanistan et à poser en chef des armées en direct sur TF1.

    Sur l’histoire, hélios nous dit:

    Donc, le défilé du 14 juillet ce n’est pas une « parade » comme vous l’écrivez, ça fait partie de la symbolique républicaine. Or cette symbolique elle s’est construite dans le temps historique. C’est donc dans ce cadre-là qu’il faut discuter. Au cours de cette histoire, il y a des millions de français qui sont morts sur les champs de bataille et ils n’avaient pas demandé à faire la guerre.

    D’abord, si, le défilé du 14 juillet est bien une parade militaire.
    Ensuite, parlons de l’histoire. La parade militaire du 14 juillet a été accolé à ce qui était à l’origine une fête populaire en 1880, à des fins de propagande militariste sur le thème « nous reprendrons l’Alsace et la Lorraine ». On connait la suite. Fleurs au fusil, tranchées, millions de mort.

    Donc, ces millions de mort sur les champs de bataille, hélios, vous êtes sur qu’ils aimeraient assister à un nouveau défilé militaire en rang d’oignons?

  • Tolérer le métier des armes, c’est une chose; nous devons bien nous défendre contre l’ennemi extérieur. Mais évitons de l’idéaliser : si l’armée encourage certaines vertus telles que le courage, l’émulation, la solidarité du groupe, son objectif immédiat est le meurtre.

    Le militaire est d’abord celui qui accepte jusqu’à un certain point de sacrifier son intégrité morale au service du bien commun. Et en même temps, s’il est fidèle à l’enseignement de la guerre juste , tel que l’enseigne l’Eglise, il devra toujours se refuser à franchir un certain niveau d’abjection. Exercice d’équilibriste hautement dangereux. Et malheureusement le militaire est davantage enclin à obéir à ses supérieurs hiérarchiques qu’à la voix de l’Evangile. – De ce point de vue le cas de la guerre d’Algérie est accablant.

  • Je n’ai pas gardé un souvenir immanquable de mon court passage dans l’Armée (Aie, je suis fiché…). Mais s’il y a bien quelque chose que l’on y apprend c’est que ce n’est pas un métier comme les autres. Je veux bien relativiser le risque de se prendre une balle dans la tête, par exemple, mais il faut se rendre compte que l’on parle d’une aberration: une armée en paix. Une aberration bienvenue, qui semble s’inscrire dans la durée, mais une aberration quand même puisque la finalité d’une armée reste avant tout de faire la guerre.

    Donc au delà des statistiques sur la dangerosité toute relative du « métier militaire » (qui au passage, ne doivent pas rassurer les familles de soldats partant pour l’Afghanistan…), reste l’inculturation que cet engagement peut aller jusqu’au « sacrifice ultime », pour reprendre le vocabulaire consacré. Quelqu’un qui meurt pour la France semble inspirer du respect à tous, ici. Quelqu’un qui s’y tient eventuellement près, m’en inspire aussi.

    Pour les décalages entre idéal militaire et organisation et personnels militaires, bah, oui. Et ce d’autant plus dans une Armée en paix, pour y revenir. C’est de toute façon souvent le cas quand d’authentiques idéaux rentrent en collision avec de vrais gens. Ensuite, soit on interdit les idéaux, soit on interdit les gens, soit on part de ce que l’on a et l’on essaie de faire avec. Se démerder avec ce qu’on a, ça aussi c’est une valeur militaire, au moins dans l’Armée Française ces derniers temps.

    Sinon, on lui reproche quoi au juste, à ce défilé, avant de vouloir les remplacer par un grand son et lumières ou un happening participatif?

    Célébrer la Nation, le 14 juillet? Les militaires savent faire, certes dans le style qui leur est propre: boutons cirés, tous en rang et en avant.

    Servir? Ils ont un minimum idée de ce que ça peut vouloir dire, au moins sont-ils capable de ne pas assimiller ça à un larbinat et d’en être fier, et c’est déjà pas mal.

    La Nation, l’identité nationale, puisque c’est le terme à la mode? On ne peut ni les accuser de ne pas se confronter à la France dans toute sa diversité, vu leur recrutement actuel, ni de ne pas respecter ce drapeau pour lequel ils se font encore trouer la peau, ne serait-ce que ponctuellement.

    Bref, ils font leur partie du job, j’ai même parfois l’impression que je peux être fier d’eux et le 14 juillet, dès midi, ils ont tout remballé et vous laisse les Champs-Elysée libre. Si l’on a envie de fêter dignement le 14 juillet, c’est curieux de venir leur chercher des poux plutôt qu’à ceux qui ont supprimé la garden party de l’Elysée pour des raisons budgétaires…

  • Sinon, on lui reproche quoi au juste, à ce défilé

    Ce qu’on lui a reproché, il me semble, c’est d’être un reste de propagande militariste comme on n’en voit plus guère dans les démocraties.

    Je n’en fais pas une affaire. Pour ma part, le 14 juillet, je reste dans mon lit douillet.
    Je me réveille le soir pour les feux d’artifice.

    On peut aussi inverser votre question. Joly proposait « un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent ».

    Pourquoi tiendrions nous absolument à voir des fantassins, des chars (qui défoncent les pavés), des canons et des fusils?

  • « Je n’en fais pas une affaire. Pour ma part, le 14 juillet, je reste dans mon lit douillet. Je me réveille le soir pour les feux d’artifice. »

    C’est plus ou moins ce que je dis. Pas même la peine d’attendre le soir, dès midi c’est terminé.

    « On peut aussi inverser votre question. »

    Tout à fait. Ce n’est de toute façon pas avec la solution de remplacement de Mme Joly que j’aurais un problème. Enlevez la formule du défilé qui ne correspondrait à rien dans ce contexte, et vous tombez sur une Garden Party de l’Elysée réformée. L’Histoire est un éternel recommencement…

    Donc le problème, c’est la notion de remplacement même. Eva Joly n’a pas seulement dit qu’elle voulait des petits enfants et des fleurs sur les Champs, elle a aussi dit qu’elle ne voulait plus de chars parce que ça faisait « guerrier ». C’est pas très gentil pour les méchants soldats. Ce qui nous amène à

    « Pourquoi tiendrions nous absolument à voir des fantassins, des chars (qui défoncent les pavés), des canons et des fusils? »

    On est pas obligé d’y tenir, mais je crois que eux, ils y tiennent. Donc on peut aussi les laisser déprimer dans leur caserne en Champagne-Ardennes, mais ce n’est pas très sympa, et (là ça n’engage que moi) pas très respectueux de leur role particulier pour la France, et de sa gravité. C’est surtout que je n’ai pas vraiment l’impression de vivre dans un pays au militarisme exacerbé les 364 autres jours de l’année. Alors, vous ne pouvez vraiment pas les laisser se faire beau ce jour là?

  • Madame « Pastèque » a fait l’IHEDN donc elle n’a aucune excuse de méconnaître l’armée et son engagement.
    J’aurais tendance à trouver inélégante voire assez basses les critiques sur l’hommage à nos morts en Afghanistan (pour une fois qu’il y avait une unité dans notre pays !)
    Par ailleurs, il serait peut-être utile à certains de se renseigner sur ce qui EST FAIT en Afghanistan même si ce pays a toujours connu des  » troubles » et en connaîtra sans doute d’autres. Il faut certes « passer la main » mais l’on ne parle que des morts de la coalition et jamais de ce qu’ils ont réalisé, réouvertures d’écoles pour les filles, plus de jeu du cirque autour des lapidations , ouvertures d’hôpitaux, formation de 350.000 militaires afghans etc…
    Un historien rappelait que nos 70 morts qui nous bouleversent à juste titre, c’était la perte d’hommes en quelques minutes de la guerre 14/18 ! Alors, certes, l’engagement est moins dangereux mais prétendre qu’il est intéressé financièrement c’est risible ou à pleurer !
    N…

  • Alors, vous ne pouvez vraiment pas les laisser se faire beau ce jour là?

    La France organise un défilé le 14 pour faire plaisir aux militaires. Ca se tient comme argument… 🙂

  • Alors, vous ne pouvez vraiment pas les laisser se faire beau ce jour là?
    La France organise un défilé le 14 pour faire plaisir aux militaires. Ca se tient comme argument…

    Rhaaa, et c’est bien pour ça qu’il n’est pas question d’organiser des défilés d’enseignants… 🙂

    Plus sérieusement, on peut appeler ça « valoriser l’Armée et les militaires », comme ça, ça va dans les deux sens.

  • Gatien a écrit : :

    Pourquoi tiendrions nous absolument à voir des fantassins, des chars (qui défoncent les pavés), des canons et des fusils?

    Parce que des étudiants, des profs et autres grincheux qui défilent dans la rue, on en voit régulièrement et bcp trop tout au long de l’année. Vouloir mutualiser le 14 juillet pour y inclure le 1er mai, la gay pride, la love parade, Carnaval et pkoi pas la procession du Vendredi saint, ça n’a simplement pas de sens par chez nous. C’est juste idiot de vouloir transposer ce qui se fait peut-être en Norvège en France : ce n’est ni la même culture ni la même histoire.

    Ensuite, le métier de militaire étant un métier à part (ce serait désolant d’avoir à expliquer pourquoi), il est normal que la nation leur consacre qqs heures dans une journée à part. Et enfin comme les militaires tiennent à se rendez-vous autant que la grande majorité des Français, il n’y a aucune raison de changer quoi que ce soit. Il n’y a certes aucun mal de rappeler un court instant à tous les Français que s’ils peuvent dormir tranquillement ce jour là, dans un pays en paix, independant, et qui aspire à jouer (encore) une partition particulière sur la scène mondiale, ce n’est pas qu’un simple effet de circonstance.

  • Je suppose que le défilé militaire du 14 juillet a pour but de faire étalage de l’excellence de notre armée et de sa puissance de frappe. Mais à l’heure des restriction budgétaires, maintenir ce défilé est désuet. L’armée ne remplit même plus ce rôle de construction de la nation qui fut le sien; le service militaire obligatoire n’existe plus.

    La guerre est aujourd’hui une affaire de spécialistes. Tant mieux car j’ai un oncle qui a dû faire la guerre d’Algérie; il n’en est pas revenu édifié par la façon dont nos soldats « servaient » la nation.

    Bref, le métier des armes est un métier dégoûtant et néanmoins indispensable. Inutile de s’en glorifier.

  • Finalement, au delà des maladresses et des polémiques

    la phrase d’eva joly a bien ouvert un débat sur le défilé, au moins ici.

    oui, on a le droit , sans doute même le devoir,
    de réfléchir à ce que pourrait être une évolution
    de ce défilé du 14 juillet…
    un défilé plus light, ou parfois provincial , ou en alternance, ou franco allemand, ou des volontaires civils, ou…

  • Au delà des polémiques, si vous voulez servir votre pays, c’est possible en devenant Réserviste.
    Pour ma part, je suis heureux de faire partie de la Réserve et de donner à la France (et donc à vous tous) un peu de mon temps libre.

  • Que des militaires défilent le 14 juillet et que par cette parade ils soient honorés le jour de la fête nationale, cela semble parfaitement légitime.

    Là où il y a matière à discussion c’est sur l’opportunité de faire défiler avec les hommes leurs matériels.

    Quel sens donner à cette mise en lumière ? Est-ce pour rassurer le citoyen, est-ce pour rendre plus impressionnant le militaire, est-ce pour lui faire plaisir, est-ce pour offrir un spectacle ?
    Est-ce pour faire la promotion de nos matériels ?

    Ce qui gène c’est que les régimes totalitaires ont tous pratiqué et magnifié ce type de parades alors que les démocraties à ma connaissance sont en général assez pudiques dans ce domaine.

  • @ Gatien:
    Ce qui est certain, cher Gatien, c’est l’importance que les « poilus » donnaient aux cérémonies commémoratives. Il ne s’agit évidemment pas d’en faire un absolu. Une cérémonie commémorative a pour fonction de rappeler aux vivants que nous sommes le sacrifice de ceux qui sont morts.
    Et, vous voyez, Gatien, les hommes vivent aussi avec leur mémoire. Mon grand-père maternel a eu les poumons brûlés à la guerre de 14….Sa fille, ma mère avait toujours à la bouche le mot « servir », celui que Koz a utilisé en titre de son billet. Famille simple, gens de peu mais gens de devoir. Cordialement quand même.

  • des cérémonies commémoratives, comme celles du 11 novembre ou celle du 8 mai, recueillement devant chaque monument, n’ont pas grand chose à voir avec un défilé militaire sur les champs…

  • @ hélios:
    hélios a écrit : :

    @ Gatien:
    Il me semble seulement qu’il y a un bémol qui a permis à Madame JOLY de s’en tirer et à la gauche bien-pensante d’opérer avec un autre angle de tir, c’est la phrase maladroite de Monsieur FILLON qui, il faut bien le reconnaître avait des relents , oui disons l e mot, de xénophobie.

    FILLON xénophobe? Faut-il rappeler qu’il est marié à une étrangère, galloise, en l’occurence?

  • @ Etienne:
    Lisez ce que j’ai écrit Etienne. Je n’ai pas dit que Monsieur Fillon était xénophobe. Je suis convaincu qu’il ne l’est pas. Mais ce qu’il a dit avait des « relents » de xénophobie. Le fait qu’il soit marié à une galloise, c’est sa vie privée. C’est autre chose. Comme c’est un homme intelligent, il a eu l’intelligence de comprendre qu’il avait enfourché un mauvais cheval il n’en a pas rajouté.

  • @ francis:
    Ces cérémonies du 11 nov ou du 8 mai, j’y ai participé pendant des années et il y a toujours l’Armée représentée, même quand on est dans une petite ville, avec des soldats en armes qui, avant d’arriver au monument aux morts défilent dans les rues. Ce défilén’a évidemment pas le même sens.

    En 2011, l’Armée n’a pas que des missions de maintien de l’ordre mais des missions humanitaires. Le défilé militaire contrairement à ce que beaucoup de personnes écrivent n’est pas seulement une démonstration de force. Les choses ont évolué mais l’Armée de la Nation a toujours une filiation avec l’Armée de la Révolution française, les soldats de l’An II et ceux de Bonaparte.

  • @ francis:
    J’ajoute, mon cher Francis, que dans ces petites préfectures où l’on commémore le 11 nov et le 8 mai le bataillon des sapeurs pompiers défile avec son matériel ainsi que le peloton de gendarmerie motorisée. Et dans tout cela, il y a la notion de « Servir » avec la notion de « risque » et de « dévouement » qui sont liées.

  • à hélios. Les cérémonies commémoratives du 8 mai et du 11 novembre sont nécessaires (même si une seule suffirait peut-être, le 9 mai européen pouvant remplacer le 8), elles n’ont pas été remises en cause.
    Je n’y ai pas souvent vu un « défilé », plutôt un hommage, un recueillement, des anciens combattants, des citoyens…mais le débat ne porte pas sur ces moments.

    les notions de « servir », de dévouement, de risque sont très belles. magnifiques, elles doivent être utilisées avec prudence, à bon escient.

  • @ francis:

    La réponse que je vous ai faite n’était pas critique. Mais vous avez raison ce mot « servir » est très beau et doit être utilisé avec précaution. Mais nécessairement il implique la notion de risque et de dévouement ce que le billet mettait bien en exergue. La boucle est bouclée……Cordialement.

  • J’ai du mal avec l’énoncé comme une évidence que la proposition de Mme joly est déplacée ou idiote, juste parce que des soldats sont morts 2 jours avant: le défilé a tout juste une centaine d’année, il ne vise pas à commémorer les soldats qui ont perdu la vie, et je ne pense pas que ces jeunes gens se battaient pour le défilé, mais pour tout un tas d’autres choses qui sont particulièrement bien évoquées.
    La proposition critiquée est juste de supprimer le défilé militaire du 14 juillet. Pas de supprimer l’armée.
    Je m’associe pleinement à l’hommage rendu aux soldats tués en mission, et à la dialectique développée sur le sens du Service. Mais je ne vois pas en quoi cela disqualifie les propos de Mme Joly. Par contre, j’ai trouvé particulièrement déplacées les réactions de la Droite dite populaire.

  • @ Hervé : Je pense que vouloir séparer les hommes de leur matériel, c’est méconnaître une réalité culturelle des armées. Le militaire ne sert pas son pays à mains nues, il sert avec son arme. Un pilote défile avec son avion parce que cela l’identifie comme pilote, un fantassin avec son fusil, un sapeur avec sa hache et son tablier, un officier avec son sabre et ses galons etc. parce qu’il en va de l’identité de chacun comme soldat. A mon avis, ce n’est pas tant pour montrer la puissance de l’armée et impressionner les visiteurs (même s’il y a un peu de ça tout de même) que pour honorer chaque soldat dans son engagement particulier, et non pas tous les soldats de façon anonyme, sans considération pour leur unité, leurs terrains d’action, les missions accomplies…

  • @ hélios: J’ai du mal de suivre vos propos fumeux et contradictoires: je dois être bouché… Mais trêve de polémique. J’ai beaucoup d’amis « issus de l’immigration » (comme on dit pudiquement), ce sont encore eux les plus attachés aux traditions françaises durement acquises par leurs parents.

  • @ Etienne:
    Rien ne vous autorise à porter les jugements que vous portez sur un blog où on est là pour échanger de la manière la plus authentique sur des sujets passionnants. Mais puisque vous en formulez l’hypothèse, que je ne me serais jamais permis de dire, vous devez être effectivement bouché comme vous l’avez écrit.

  • Quelque part tu fais une sorte de synthèse que j’approuve: les soldats sont le pays, les enseignants aussi. Une nation. Après dans certains domaines, on meurt en servant, pas dans d’autres ou moins dans d’autres.

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