Il faut assumer les règles de l’exercice. Si l’on prétend donner une cohérence à l’année écoulée, il faut être partiel, un peu partial, subjectif, nécessairement incomplet. Pas de rétrospective à prétention exhaustive, donc. Celle-ci est la mienne, rien que la mienne. Rien, en particulier, sur la ligue des champions.[1]
Comment ne pas distinguer les huit premiers mois de cette année des quatre qui ont suivi ? Combien de fois entendons-nous, dans une journée, évoquer la crise ? Combien de dîners, combien de réunions, dans lesquels on ne l’évoque pas ? Parlera-t-on un jour d’un Septembre Noir en évoquant septembre 2008 ? Nous avons manifestement vécu une rupture dont la portée dépasse certainement la rétrospective d’une seule année.
Pour autant, je veux y voir une raison d’espérer. Je veux débusquer dans l’année 2008 un « retour du sens » ou de la volonté d’en apporter, qui ne saurait prendre fin avec cette année mais plutôt marquer durablement les esprits et, nécessairement, l’année 2009.
[toc hint= »hover hint » class= »extra css » style= » »]Le « cannibalisme ontologique du marché »
Avant que le monde ne s’écroule vraiment[2], je consacrais un billet à sa refondation, telle que voulue par Jean-Claude Guillebaud. Rétrospectivement (donc), il pourrait faire figure d’involontaire introduction à l’année 2008.
Guillebaud dénonçait la réduction du monde à un bilan coût / avantage, et ce qu’il appelait le « cannibalisme ontologique du marché »[3]
« c’est-à-dire cette tendance à rabattre toute la complexité de l’existence humaine et de la vie en société sur le quantitatif ou le mesurable, à promouvoir un homo oeconomicus tragiquement unidimensionnel, à faire de la loi de l’offre et de la demande un concept aussi tyrannique que pouvait l’être la lutte des classes ou la dictature du prolétariat dans la société communiste ».
Ce n’est que le temps d’un enfantement plus tard que le système entrait manifestement en crise. Qu’on se le dise, j’ai bien entendu les analyses de ceux qui voient dans les régulations antérieures et autres baisses des taux de crédit la source véritable de la crise. Je les intègre très volontiers à une analyse de la crise qui ne peut être univoque, mais le symbole est là, qu’on ne doit pas négliger : la crise est venue du système financier US, temple parmi les temples du marché, et seule l’intervention des Etats a pu éviter le crash ultime.
« Mes bien-aimés, fuyez le culte des idoles »
2008, en France, a également été marquée par la visite du Pape en France.
Et je ne pourrai oublier cette coïncidence entre la chute de la maison Lehman Brothers et son homélie des Invalides, prononcée très exactement le jour où la crise financière commençait véritablement. Comment ne pas voir en Benoît XVI, dont les positions durant ce voyage ont été largement saluées, l’une des figures d’un éventuel retour aux sources, retour au sens, incroyablement mis en lumière par cette concomitance historique ?
« Mes bien-aimés, fuyez le culte des idoles » (1Co 10, 14-22), telle était effectivement la lecture du jour. Pas une lecture opportunément sélectionnée au vu des évènements en cours. Il soulignait ceci : « Saint Paul explique aux Colossiens que la cupidité insatiable est une idolâtrie (Cf. 3,5) ». Quelques jours plus tard, La Croix rapportait ce propos d’un banquier d’affaire, évoqué par le Commissaire européen aux affaires sociales : « Nous avons demandé à l’un d’entre eux comment nous en étions arrivés là. Il l’a résumé en un mot : l’avidité ». L’autre lecture du jour portait sur l’homme qui a « écouté sans mettre en pratique » semblable à celui « qui a bâti sa maison à même le sol, sans fondation » et que le torrent a emporté.
Au moins cet homme-là, qui a vu sa maison emportée, avait-il « écouté ».
Le retour du politique
Il y aura bientôt trois ans, je tâtais de la conceptualisation obscure et présomptueuse en évoquant « les révoltés de l’inéluctable« . Enfin, moins obscure que présomptueuse, car il s’agissait surtout de penser que les révoltes de type fauchage volontaire ou autres refus de l’Europe se nourrissaient de l’inquiétude face à la mondialisation et à l’abdication apparente du pouvoir politique. Dans La refondation du monde, Guillebaud citait Jacques Rancière :
« Que les gouvernements soient les simples agents d’affaires du capitalisme international, cette thèse scandaleuse de Marx est aujourd’hui l’évidence sur laquelle “libéraux” et “socialistes” s’accordent ».
Bon, bon, bon, « agents d’affaires du capitalisme international » est une formulation qui peut susciter quelques haussements de sourcils, mais c’est l’idée, coco : les gouvernements seraient réduits à observer le monde aller… La fin de la présidence Chirac pouvait d’ailleurs accréditer cette idée.
Là encore, on peut affirmer que cette affirmation n’est qu’un constat objectif, réaliste : les gouvernants sont désormais davantage des gestionnaires que des décideurs. Mais il faut prendre garde aux conséquences de ce réalisme, et la désespérance que peut causer l’impression que le monde soit soumis à des logiques non maîtrisées, inspirées par quelques entités irresponsables ou, à tout le moins, non responsables, qu’il s’agisse de la « main invisible » ou des « technocrates de Bruxelles ».
2008 fut aussi, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, le retour de l’Union Européenne sur la scène internationale dans la gestion des crises – crise géorgienne, ou crise financière – qui se sont imposées à la présidence française. Son rôle est évidemment discuté par certains. Mais nombreux sont aussi ceux, de bords divers[4], qui ont salué son action.
Selon Jean-Pierre Jouyet, « Nicolas Sarkozy [lui-même] a appris à aimer l’Europe, car il a vu que l’on pouvait y faire de la politique ». Et de fait, l’Union n’a pas été consignée dans un rôle de spectatrice des évènements du monde, mais comme actrice. On dit aussi que la présidence française a pu « faire de l’ombre à la Commission Européenne« … Pas sûr qu’il faille le regretter, pour le bien de l’Union.
Cela n’aura peut-être été qu’un intermède, rendu possible par la conjonction entre un homme et des évènements. Bien exploité, c’est toutefois un intermède qui pourrait non seulement redonner confiance dans la démocratie, puisque nos dirigeants élus peuvent avoir prise sur les affaires du monde, mais également démontrer par l’exemple la nécessité des changements institutionnels contenus dans le traité de Lisbonne.
Touche à ton dimanche
Ce n’était pourtant pas faute de le lui avoir dit. Ce n’était pas le moment. “Emancipation ? Civilisation ? Culture ? La seule lumière qu’émettent encore l’Europe et l’Amérique s’apparente trop souvent à l’enseigne d’un supermarché » : c’est encore Guillebaud. Il ajoute :
« L’Europe et l’Amérique clignotent de toutes leurs promesses tarifées et de leurs “marques” que l’homélie publicitaire promeut jusqu’à l’autre bout du monde. Elle invite les autres peuples à rejoindre le global shopping center. C’est un peu court ».
Fallait-il, à cet instant précis, choisir l’ouverture des commerces le dimanche ?
L’opposition au travail le dimanche n’est pas économique, elle est civilisationnelle. Elle est exigence de sens. Même si le débat peut être soutenu sur ce point également, son épicentre ne baigne pas dans une appréciation des bénéfices et inconvénients économiques. Son refus est symbolique. Nous ne sommes pas parvenus au XXIème siècle pour tirer comme conclusion que la seule façon d’améliorer notre niveau de vie est de travailler le dimanche. Ce serait oublier notamment que nombre de salariés préfèrent prendre leurs jours de RTT plutôt que les monétiser, ce qui est discutable économiquement, mais est plutôt bon signe quant au sens commun des priorités.
Il n’est pas anodin que l’exécutif ait rencontré sur ce point la plus forte opposition de députés de sa propre majorité. Cette opposition à ce moment-là est un signe. Elle rappelle l’exigence de lien social, elle souligne l’irréductibilité de la société au domaine marchand.
Communes ou pas, nos valeurs
Et tiens ne pourrait-on voir dans l’ouverture, par Christine Boutin, du site nosvaleurscommunes, le signe d’une prise de conscience que la crise appelle au débat sur ce point ?
Enfin, même si cela doit achever de rendre ma chronique plus subjective et personnelle : je ne peux pas clore cette rétro 2008 sans mentionner le collectif que je suis heureux d’avoir rejoint, Plus digne la vie[5]. Ce mouvement est évidemment à classer à part quant à son fait générateur, mais pas nécessairement quant à son inspiration. Motivée par la volonté de placer l’exigence de dignité au centre de l’action politique – depuis la fin de vie jusqu’aux sdf – elle est aussi marquée par la volonté de refuser la réduction de tout débat à la seule liberté. Une liberté chère au cœur de tous certes, mais qui ne saurait constituer l’horizon indépassable de toute question. Plus digne la vie souligne aussi la nécessité de donner un sens, une orientation, un contenu, à l’action politique.
Lancée au mois de décembre 2008, Plus digne la vie se constituera en association au mois de janvier 2009. Comme un passage de flambeau
*
Quel est l’impact de la crise sur cette exigence de sens que je crois pouvoir débusquer sur l’année 2008 ? S’agit-il, quand l’économie, et la croissance, semblent nous faire faux bond, de nous rassembler sur ce qui reste ? S’agit-il d’affirmer qu’une seule logique ne peut prévaloir ? De tirer argument de la crise pour réaffirmer ce que l’on a cru dépassé ?
2009 s’ouvre dans l’appréhension générale. Chacun attend que la crise déploie ses ailes noires. Il y a pourtant matière à espérer. Que la crise soit l’occasion d’une réflexion commune, plus utile que les agitations bitumineuses appelées par certains. Tandis qu’un autre en appelle à la gauche, pour qu’elle tienne enfin un discours sur le contrat social, soyons plus généreux (et perfide, au passage, parce que nous passons après lui) : appelons-en à la société, pour qu’elle assume un débat effectif sur le contrat social.
Formons le vœu – puisqu’il faut y sacrifier – que la crise soit l’occasion rêvée de reprendre ce débat où on l’avait laissé, sur des bases enrichies de cette nouvelle expérience. Que l’exigence de sens qui, peut-être, a marqué cette fin 2008, irrigue 2009…
« L’espérance n’est pas la certitude que quelque chose finira bien; c’est la certitude que quelque chose a un sens, quelle que soit la façon dont cela finit » (Vaclav Havel)[6]
- Remerciement : Nounours cotillon est une création de Stéphane Dupas, avec son aimable autorisation [↩]
- et même si l’affaire Kerviel était concomitante [↩]
- j’aime bien « ontologique« , ça pète [↩]
- à l’exception de ceux qui ont des impératifs de politique intérieure [↩]
- dont vous pouvez toujours lire, et signer, le manifeste [↩]
- « quelque chose » se dit « neco », en tchèque, ce qui serait nettement plus élégant. En tchèque [↩]
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Très belle citation de Havel. Hélas, je crains que les crises, avant de relancer les débats, soient accompagnés d’un peu plus de chaos que de sens. En d’autres termes, si ce vœux me paraît réaliste à moyen terme, il me paraît bien optimiste pour 2009. Que la société tienne un débat serait formidable ; encore faudrait-il que la crise (et ses causes profondes, peut-être) ne laissent pas cette société dans un état de division tel qu’il rendrait tout retour du sens impossible.
Magnifique billet, comme d’hab.On a bien fait de faire ton panégyrique hier avec Erick lors d’un apéro chez moi.
La chose la plus importante à mon sens c’est d’avoir conscience à chaque instant à quel point nous avons de la chance de vivre libre dans un ensemble de pays en paix et prospère. Toutes les autres questions ne sont que détails insignifiants de réajustements à pratiquer pour garder ce merveilleux équilibre « paix/liberté/prospérité et fournir les efforts nécessaires pour aider ceux qui ne l’ont pas trouvé.
En avoir conscience à chaque instant aide à relativiser pas mal de problèmes que nous nous créons nous mêmes dans notre éternelle avidité et insatisfactions ridicules.
Il me suffit de m’imaginer dans la situation d’une famille afghane ou somalienne par exemple pour comprendre que toutes nos jérémiades sont absurdes.
C’est la raison de mon agacement face aux critiques tous azimuts et autres spécialistes du catastrophisme, qui repus, bien au chaud, calés dans leurs confortables fauteuils s’autorisent des pleurnichements sur la gravité supposée de notre situation. En retroussant nos manches et en fournissant un petit effort supplémentaire nous surmonterons les crises car nous avons l’essentiel : paix et liberté.
Bon, là dessus je vous souhaite à tous de tendre vers et d’atteindre le même équilibre et la même sérénité face aux difficultés normales de la vie 🙂
Bonne Année à tous !
Je suis, pour une fois, en accord avec le commentaire de margit ci-dessus:
nous avons la chance; le bonheur immense de vivre dans une société qui, depuis plus de 60 ans, n’a pas connu la guerre sur son sol, ce qui est, à ma connaissance, unique depuis des temps immémoriaux dans l’histoire de notre pays (si un historien veut bien m’éclairer sur ce point: depuis quand avons nous vécu six décennies sans conflit armé majeur ?) , une société donc, de paix et de liberté, j’ajouterais de prospérité et de progrès,
ce qui relativise le catastrophisme, et autres déclinismes,
amis nous oblige à des efforts pour préserver ce patrimoine sans le dilapider, et personnellement, m’incite à faire preuve d’une grande vigilance lorsque, sous les doux noms d’évolution, d’adaptation, de modernisation, on cherche à nous faire passer régresion et détérioration de systémes qui ont été longs à bâtir et dont les imperfections ne doivent pas masquzer qu’ils sont la base d’une civilisation dont nous avons, légitimement une certaine fierté.
C’est mon voeu, dans la ligne de celui de koz: que 2009 nous permette de faire progresser, et le débat, et le contenu, et la réalité de notre civilisation….
Raveline a écrit:
Je préfère, en effet, être un peu optimiste. C’est tout de même plus dynamisant. Mais sinon, oui, effectivement, la crise peut être accompagnée de plus de chaos que de sens. On sent bien que, parallèlement à ceux qui espèrent mettre à profit la crise pour reprendre le débat, il y a ceux qui préfèreront la cristallisation.
Pour autant, c’est justement ce qui m’intéressait : essayer d’entrevoir ce qui pourrait ressortir de bon de ce que l’on appréhende tous.
romain blachier a écrit:
Ah oui, d’office, vous avez bien fait. Et merci.
YALLA !
Koz a écrit:
Il me semble possible de défendre a contrario l’idée que la perception de « l’impuissance » du politique est venue de la tendance sur le long terme de la politique à tout envahir. « Tout est politique » est un slogan de la fin du siècle dernier. Ce sont les promesses vides, celles qui n’engagent que ceux qui y croient, qui sapent la confiance.
J’ai ma part de doute sur certaines des promesses du pouvoir actuel. Illusion peut-être, mais il me semble que la crédibilité du politique est moins atteinte aux USA, en dépit de la crise qui y sévit peut-être plus durement qu’en France, parce qu’on n’y attend pas du pouvoir ce qui ressort de la responsabilité de chacun.
Bien à vous
aux USA,
la victoire d’Obama
réhabilite le politique
et le réconcilie avec le médiatique…
L’espérance serait donc la croyance des Laïques…
Beau résumé, qui met en lumière les réflexions qui comptent vraiment (loin de la dernière polémiquette, du dernier sondage, du dernier SMS, de la dernière manif, de la dernière petite phrase, de la dernière réaction indignée) et que vous avez abordés au long de l’année.
Un petit point perso: c’est en participant à la discussion ici que ma position sur le travail du dimanche a évolué, pour finir par rejoindre plus ou moins la vôtre. J’en parle simplement pour souligner que ce blog, contrairement à beaucoup d’autres forums, n’est pas juste un lieu où chacun vient hurler son avis sans écouter celui des autres.
Merci pour cela, ainsi que pour tout le travail que représente koztoujours.
Comme rétrospective, je vais plutôt me pencher sur la production kozienne de l’année. Certains billets y tiennent une place particulière, comme ceux sur Soljenitsyne, Pie XII ou Soeur Emmanuelle, chacun dans leur style mais tous nous (me) renvoyant aux questions fondamentales. Les billets sur la visite de Benoît XVI aussi étaient inspirés et inspirants.
Tout ce qui se rapporte à la « crise » par contre m’est un peu passé au dessus de la tête. A la fois parce que je prends les événements comme ils viennent et aussi parce que je considère que les situations un peu troublées sont souvent source d’opportunités (optimisme quand tu nous tiens 🙂 ). Bref, je n’arrive pas à être terrifiée, angoissée, inquiétée, déstabilisée par « la crise », bien que je n’en minimise pas l’impact sur les autres.
En parlant « d’autres »: toute la réflexion sur la fin de vie et la dignité ontologique de chaque être humain a particulièrement résonné en moi. J’en profite pour saluer la mémoire d’un avocat général, profondément catholique, philosophe à ses heures et qui commençait de nombreuses phrases par: « comme disait Maritain » (toute ressemblance…)
D’un point de vue politique, les habitués auront remarqué mes efforts pour tirer les billets (et le chat) vers la campagne de l’élection présidentielle américaine, dont le point d’orgue a été la victoire d’Obama. Pour moi, des primaires au 4 novembre, c’était l’événement de l’année, peut-être celui qui, dans quelques décennies, marquera le début historique du XXIème siècle.
Il y a eu aussi quelques billets rien que pour rire ou ceux pour se défouler. Un grand plaisir a été de partager des bons moments sur le chat (quelques nuits aussi, surtout pendant les JO… Epo, Cilia, this one’s for you)
Ah, oui, et bien sur, une mention spéciale pour les billets « PS-itude », avec quelques titres magnifiques (la chute de Reims, le pire tout pire) et un apport continuel de sujets de réflexion sur la politique, le pouvoir, la démocratie etc.
Je rejoins Gwynfrid sur le « petit point perso ». Pour moi aussi Koztoujours et ses commentateurs sont un moyen de m’ouvrir et d’évoluer. Je me ferais certainement plus rare cette année mais merci « d’avoir été là », Koz. Et Epo aussi. Et puis Dang, Cilia, Gwynfrid, JM, Libéral, Luc, Olivier, Aristote et… ben je peux pas citer tout le monde mais le cœur y est.
Le mot « espérance » est un de mes mots préférés. Que la nouvelle année apporte à chacun cette espérance. (Dang, vous saurez savourer ce lien).
Aristote a écrit:
Pourquoi pas, effectivement. C’est une analyse possible. Mais faut-il nous comparer avec les Etats-Unis ? Chacun de ces deux peuples a ses spécificités, qualités ou défauts, et il faut répondre aux attentes de chaque peuple, fruits de leur Histoire et de leur culture propres. Je ne veux pas dire par là qu’il faille s’adapter à ces attentes, mais qu’on ne gouverne pas les Etats-Unis comme la France. L’attitude qui est pertinente aux US ne l’est pas nécessairement en France.
Peut-être, probablement, sommes-nous marqués de façon regrettable par une tradition faite d’absolutisme puis de jacobinisme ?
Ce qui fait aussi que, si l’on remonte un peu dans le temps, tout était, aussi, politique, sauf peut-être ce que le politique négligeait d’assumer.
Enfin, pour prendre par exemple le cas de l’Union Européenne, il ne me semble pas illogique de souhaiter que le pouvoir réside davantage dans les mains des représentants élus des peuples que dans celui d’une administration, aussi compétente soit-elle. C’est la conséquence d’une volonté de ne pas donner trop de pouvoir à l’Union, en ne lui donnant pas de légitimité politique.
Sinon, sur le fond, je suis d’accord sur le fait que tout ne doit pas reposer sur l’Etat, et que le développement de l’Etat peut aussi être une manière de déresponsabiliser le citoyen.
francis a écrit:
C’est encore un peu tôt pour le dire. Pour le moment, il n’a fait que faire campagne, aussi réussie soit-elle. Et ce que vous dîtes d’Obama, vous refusez de le dire de Sarkozy seulement parce que vous n’en partagez pas les vues. Mais lui aussi a pu réhabiliter le politique et le réconcilier avec le médiatique. Seulement, quand c’est Sarkozy, on parle de manipulation.
Gwynfrid a écrit:
Merci pour le paragraphe précédent aussi.
Et heureux de lire celui-ci. C’est un peu la raison d’être de ce blog, essayer de débattre véritablement. Sachant que j’évolue moi-même aussi dans mes convictions en lisant vos interventions.
Philo a écrit:
Merci à toi aussi et, effectivement, merci à tous. Les commentateurs font beaucoup pour la motivation du blogueur, et pour la qualité du blog. Merci à Dang, Liberal, Epo, pour leurs contributions.
Philo, je te regretterai. C’était toujours un plaisir de lire tes interventions sous certains de mes billets. Mais il y a des priorités…. En tout cas, je serai ravi de te revoir passer.
Merci aussi d’apprécier la diversité des sujets. J’hésite, parfois, à passer d’un billet sur la fin de vie à un billet sur le PS. Je me dis aussi parfois que certains vont trouver bien peu empreintes de charité fraternelle certaines de mes réactions politiques. Mais bon, je n’ai pas prétendu être un saint. Bordel.
Philo a écrit:
excellente carte, incroyablement à propos. Si je l’avais trouvée…
Mais sinon, tu es vache, Dang n’a pas connu 1903 !!!
Koz a écrit:
Indeed! Mais c’est le seul ici qui peut reconnaitre Philo ou son étrange sosie des années 1900 (le premier qui me compare à la vieille… 🙂 ) Cette carte, je l’avais trouvée il y a quelques années dans la boîte à souvenir de mon arrière grand’mère. Un petit signe du destin. Bref, une carte qui me ressemble… vraiment!
Sacrés humains que nous sommes, pleins de suffisance, d’agressivité, myopes et parfois sourds mais toujours prêts à palabrer des heures, et pleins de ressources…
Il semble que nous étions 150 millions il y a 2000 ans, 2 milliards il y a 70 ans, plus de 6 milliards aujourd’hui et près de 10 dans cinquante ans.
J’ai beaucoup de difficulté à imaginer plus important que cette croissance humaine ( et ses effets sur l’environnement, les ressources communes, les relations entre des groupes aux valeurs et aux objectifs divergents ) et des évènements signifiants ou essentiels pour certains me paraissent dérisoires à côté de cette déferlante.
Pourtant nous dansons sur le volcan à défaut de savoir l’éteindre et nous transmettons aux générations futures un avenir de moins en moins prévisible.
Mais les Hommes ne sont jamais meilleurs que dans la difficulté et la nécessité urgente, ils trouveront une solution, ils n’auront pas le choix…
Et parce que les rituels ont un effet rassurant et bénéfique, bonne année 2009 aux commentateurs de gauche de droite voire du centre… et bon vent et bonne route à Koz dans ses engagements.
Merci pour cet espace qui sait trouver un équilibre rafraichissant entre polémique stérile et unanimisme grégaire.
Mes meilleurs vœux à tous, et plus particulièrement à ceux avec lesquels il a pu m’arriver de « croiser le fer ».
Bien à vous.
@carredas
la question démographique est en effet cruciale, et la matrice , au sens choisi, des autres grands défis de l’humanité…
mais il n’est pas certain qu’il se présente sous l’aspect si souvent craint d’une explosion exponentielle…
aujourd’hui les « transitions démographiques » vers un nombre d’enfants de l’odre du reouvellement générationnel se font plus vite que prévu, sauf en afrique subsaharienne….
la population devrait se stabiliser assez naturellement dans les cinquante ans à venir autour de 9 à 10 milliards d’êtres humains, la question est ce qui se passera après…
@koz
j’apprécie aussi votre blog dont je suis un commentateur occasionnel (non cité plus haut dans les « réguliers ») mais , sans vouloir polémiquer, je trouve étonnant que vous rameniez sarkozy dans un commentaire sur obama et la politique US, alors, qu’exceptionnellement, il était jusque là absent des commentaires, et que vous reprochez souvent ce type de rapprochement aux intervenants…il faudrait revenir de maniére plus précise sur cette comparaison!
mais c’est chez vous, « ego nominor leo », I Know…
anyways, bonne année, de nouveau….
Francis, you got me. One sarkozy point on me.
@Philo : striking resemblance! Bonne année chère Philo et bonne année à tous les lecteurs de Koz, sans oublier maître Koz lui-même.
Meilleurs vœux à vous, Koz, et à tous les intervenants de ce blog. Je n’écris pas souvent mais je viens lire régulièrement les billets et les commentaires et je suis toujours frappée par la qualité des réflexions. Quel plaisir de trouver sur des sujets aussi variés autant d’intelligence , de sensibilité et d’humour . Merci à tous et très bonne année 2009 !
Bonne année à tous.
koz, merci pour la qualité de tes billets…et des débats qu’ils ouvrent.
Le « cannibalisme ontologique du marché » ressemble furieusement un simple actualisation de l’assaut contre les marchands du temple. C’est facile de cogner contre l’idolâtrie des autres, caricaturés, le plus souvent en négligeant la sienne. N’oublions pas que le consumérisme excessif, les excès visibles de la finance et la vague matérialiste dénoncés aux US ont eu lieu dans un pays qui place la religion et les valeurs universelles bien au-dessus du reste (et je ne parle pas de G W Bush qui s’est assis sur elles). Manifestement, l’attrait matérialiste n’est pas incompatible avec la recherche de spiritualité. Prise entre ses grèves corporatistes (bassement matérielles), ses combats de laïcards anti-religieux et une société civile trop souvent sous tutelle publique (heureusement qu’il y a aussi Emmaüs, les Restaus du Cœur, le Téléthon…), la France ne peut sérieusement pas critiquer les Etats-Unis sur ces questions. Enfin, personne n’a jamais réduit l’homme à un simple agent économique pris entre des courbes d’offre et de demande. Cette attaque, récurrente en France, contre les libéraux est injustifiée et nuit hélas au débat.
La grande question des prochaines années va être celle de la place de l’Etat. Dans le secteur des échanges (marchands ou non), mondialisé et de plus en plus complexe, un Etat seul, fut-il aussi puissant que l’Etat français, n’a ni les ressources, ni l’information, ni les compétences pour intervenir efficacement. Au contraire, nous découvrons que les interventions du gouvernement américain ont largement contribué à la crise actuelle. Et que les actions considérables des banques centrales et des gouvernements dans le monde, si elles ont stoppé la crise bancaire amplifiée par de mauvaises réglementations, n’ont pas d’impact sur la confiance des ménages et des entreprises dans le monde. Les individus sont devenus lucides et croient de moins en moins dans l’action publique. Ils ont raison sur ce point. Le « retour du politique » n’est qu’une agitation ponctuelle permise par la crise, mais dont nous percevrons vite les limites…et les effets nocifs. Dans ce sens, il est intéressant de noter qu’en France, moins les autorités publiques ont de prise sur le monde des échanges, plus elles interviennent dans la sphère privée pour devenir l’Etat nounou si bien dépeint dans le livre de Mathieu Laine.
Cela explique les tentatives, par nos politiques, de former des gouvernements à une échelle supérieure, européenne ou mondiale, avec des arguments séduisants (lutte contre le réchauffement, lutte contre la finance internationale) : pour disposer de davantage de moyens et de pouvoir sur davantage de contribuables captifs. Cela ne changera rien à la question de l’information et des compétences insuffisantes pour comprendre et intervenir dans « les marchés » au sens large. Et surtout, le « marché politique » rend ces négociations interétatiques extrêmement difficiles, les prétendants au trône étant bien plus nombreux sur un périmètre élargi. Les idées servent de prétexte, mais le fond du débat reste concentré autour de la lutte pour le pouvoir. Mais pouvoir de faire quoi ?
Est-ce si désespérant de devoir s’en remettre à un mouvement spontané à l’échelle mondiale, en acceptant les chocs imprévisibles, parfois la brutalité de son autorégulation en contrepartie de ses effets positifs que personne ne semble réellement vouloir remettre en cause dans ses actes ? Cette tendance ne va-t-elle pas permettre de voir émerger une société civile de plus en plus forte et autonome, et laisser davantage d’espace aux individus pour poursuivre librement leurs objectifs, notamment spirituels?
Que cette année 2000 soit neuve (je sais c’est limite), riche, féconde et apaisée pour tous.
Aurelien a écrit:
Pour clarifier, si ça a besoin de l’être, ce qui est en jeu, à mon sens, c’est la contagion de la logique de marché appliquée à tous les domaines de la société. C’est le retranchement derrière un mode de raisonnement qui exclut toute dimension morale, non pas parce que la « morale » (au sens très large) est considérée comme mauvaise, mais parce qu’elle est exclue du raisonnement comme ne devant pas entrer en ligne de compte.
Je ne partage pas cette façon de voir. Je ne suis pas certain que ce soit tellement lié aux « marchands du temple ». Le Christ ne s’est pas fondamentalement opposé à l’argent, il a demandé qu’on ne le serve pas, et qu’on le rende à César. Les marchands du temple, c’est autre chose.
Aurelien a écrit:
Pour autant qu’il soit pertinent de faire une comparaison avec la société américaine, je n’ai jamais affirmé qu’elle soit pleinement cohérente. On connait tous sa pudibonderie coexistant avec une industrie du porno florissante.
« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » est une parole assez claire en soi. Reste à voir à partir de quand on estime que l’on « sert » l’argent. Mais l’attrait matérialiste et la recherche spirituelle ne me paraissent pas spécialement cohérents. Que certains l’ignorent est seulement le reflet de la complexité d’une société, comme de notre propre complexité. Peut-être faudrait-il au demeurant considérer que la superficialité de la société US à certains égards devient le terreau d’une recherche spirituelle ? D’ailleurs, ça tombe bien, c’est aussi aux Etats-Unis que certains ont réussi à transformer la foi chrétienne en business rémunérateur.
Aurelien a écrit:
Non, certes. En revanche, la réduction de tout débat à la seule question de la liberté, à un choix entre des options auxquelles on dénie toute dimension morale, je ne crois pas que cela soit une caricature.
Aurelien a écrit:
Dès lors, effectivement, que l’Etat se préoccupe un peu de ce que devient le pays sur un plan autre qu’économique, on affirme qu’il devient un Etat nounou ou, selon la tendance de ceux qui formulent le reproche, un Etat paternaliste.
Cela étant, je n’affirme pas que tout doive relever de l’Etat. Loin de là. Je considère juste qu’il n’est pas illégitime.
Aurelien a écrit:
C’est effectivement l’explication libérale, que j’ai mentionnée dans mon billet, qui a certainement une part de vérité mais qui non seulement pas suffisante mais a un peu trop tendance à deresponsabiliser les acteurs financiers. Si donc les crédits concernés étaient si risqués, si pourris, fallait-il en organiser la propagation (je sais, le financier préfère parler de « diffusion ») ? Fallait-il organiser une spéculation autour de ces produits ? Avant d’empaqueter leur petit paquet cadeau d’actifs pourris pour les refiler à des personnes qui en ignoraient la nature, n’ont-ils eu aucune hésitation ?
Aurelien a écrit:
Je n’ai effectivement pas fondamentalement confiance dans le mouvement spontané que tu décris. Je ne crois guère à sa vertu et je note que la « brutalité de son autorégulation » s’applique rarement de façon égale. Lorsque le système entre en crise, je ne suis pas certain que ce soient ceux qui en ont le plus bénéficié qui en pâtissent le plus.
Quant à remettre en cause ledit mouvement spontané dans ses actes, on ne doit pas s’interdire l’esprit de nuance.
Le même Guillebaud écrivait également :
Je ne crois pas que mes menus placements me rendent fondamentalement partie prenante d’une financiarisation exacerbée.
Thaïs a écrit:
Aurelien a écrit:
Guenièvre a écrit:
Bonne année à vous, et merci (pour la part des remerciements qui me revient). Et merci encore aux commentateurs.
Ta critique vise l’argent recherché pour lui-même. Tel le « veau d’or » de Damien Hirst qui se moque du système qui l’idolâtre (et le fait grassement vivre). Qui est en mesure de se mettre à la place des personnes qui gagnent des millions ou des dizaines de millions de dollars ou d’euros par an pour les juger ? Ces individus sont-ils vraiment attirés par l’appât du gain ou par autre chose ? Tiger Woods, Leonardo di Caprio, Bill Gates ou le patron d’un hedge fund ne travaillent-ils que pour l’argent, ou bien ont-ils d’autres motivations dont le succès attire des sommes d’argent considérables ? Lorsqu’on parle de morale, il ne faut pas prétendre en savoir plus sur les objectifs intimes et les valeurs des personnes visées qu’elles-mêmes.
J’avoue avoir évolué sur la question morale, notamment en lisant ton blog (allez, je sors la brosse, le cirage et tout le tintouin). Comme tu le dis, « la réduction de tout débat à la seule question de la liberté, à un choix entre des options auxquelles on dénie toute dimension morale » mène à une impasse. Les grands auteurs libéraux ne tiennent heureusement pas ce discours mécaniste. Au contraire, la lente construction sociale, comme celle du droit, est au coeur de leur réflexion.
En revanche, nous divergeons sur ce processus en évolution constante et irrégulière. Contrairement aux pays plus libéraux (incluant les social-démocraties scandinaves), notre classe politique impose à la société sa vision plutôt qu’elle ne suit son évolution. En d’autres termes, la jurisprudence tient très peu de place, au profit d’une production réglementaire excessive qui rend la vie quotidienne de plus en plus complexe, incertaine (il suffit d’avoir une voiture pour comprendre ce que cette incertitude engendre…en PV) et déconnectée de notre réalité.
Note : je ne nie pas la lourde responsabilité de certaines banques qui le payent au prix fort aujourd’hui. Je me permets de la relativiser en soulevant d’autres responsabilités au moins aussi lourdes. Sur ce point, je te recommande l’analyse de la crise par les Gracques, pas franchement favorables au monde de la finance : http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1058318&clef=ARC-TRK-D_01
Ma critique vise l’argent recherché pour lui-même certes, mais pas seulement. Je ne suis pas fondamentalement hostile au libéralisme économique (et évidemment pas hostile à l’économie de marché). Evidemment, je ne suis pas ce que l’on appellera un libéral mais je pense que notre système économique peut se permettre une certaine libéralisation.
Ce qui me heurte le plus, c’est lorsque la logique du marché dépasse le domaine économique pour s’imposer dans d’autres domaines. Comme je l’ai dit dans un autre commentaire, il me semble qu’il y a un mouvement convergent d’un certain gauchisme et d’un certain libéralisme pour parvenir à un relativisme totale. Pour l’un, tout est coool, pour l’autre la liberté de chacun est telle qu’on doit s’abstenir de tout jugement sur son action.
Or, contrairement à toi, et sans pour autant penser que le monde court à sa perte, je ne suis pas par principe confiant dans l’évolution de la société. Et je ne considère pas qu’il faille se contenter de « suivre son évolution« , d’autant que cette évolution est quelque peu télé-guidée, ou plutôt TV-guidée, ce qui n’est manifestement pas un gage de qualité.
Le fait qu’il s’agisse de l' »évolution de la société » (pour autant que l’on parvienne à l’établir précisément) ne suffit pas à asseoir sa légitimité. A certains égards, la société évolue mal, qu’il ne faut pas se priver de l’affirmer. Or, même cela, certains libéraux semblent le contester : le seul critère est la liberté. Ainsi, sur l’euthanasie : je considère notamment que la prétendue liberté de la personne en fin de vie est largement sujette à discussion, notamment par absence d’autres perspectives. Se cantonner à considérer que chacun est libre me semble une bonne manière de s’assurer de rater le débat.
Je crois deviner que parles des jeunes padawan du libéralisme, encore sous le choc de l’illumination ;o))
Ce qui te distingue des libéraux, c’est que tu raisonnes en termes « d’ordre social » avec un objectif fixé à l’avance pour tous. Tu considères que les lois doivent servir cet objectif de société idéalisée, quoi qu’en pensent les individus qui la composent. Ainsi, la démocratie impose à tous la loi de la majorité, parfois au mépris de nos droits fondamentaux qui, eux, ne servent pas un objectif prédéfini. Bon, ce n’est pas si vrai puisque les choix politiques sont dictés par des considérations non pas morales mais, d’une certaine manière, économiques (pour ne pas dire corporatistes).
Si je comprends ta crainte, très tocquevillienne (tiens, un libéral…), je doute que le recours à une autorité publique omniprésente améliore les choses. Le XXeme siècle a vu les gouvernements européens nous entraîner dans des folies aussi meurtrières qu’absurdes. Les interventions publiques, loin d’améliorer (selon quels critères ?) l’évolution de la société, peuvent aboutir à des crises ou à des abus bien plus graves que ce que l’évolution plus spontanée aurait donné. Et je ne parle pas seulement d’économie mais aussi de nos modes de vie, de notre culture, du respect de notre quête de valeurs.
Le débat sur l’ouverture le dimanche illustre bien, sur un point qui me parait surtout symbolique, nos différences sur ce qui constitue un choix de société. L’argument purement utilitariste d’efficacité économique n’est pas celui des libéraux, même s’il se prête à débat. Comme les libéraux, tu peux constater que la société évolue dans ses attentes, dans ses modes de vie, et cette diversité fait émerger des comportements qui ne sont pas toujours faciles à accepter mais que nous devons toutefois respecter (autant que nos propres choix de vie doivent l’être par autrui). Ce respect de la diversité constitue-t-elle un discours libertaire ? Je ne le crois pas, peut-être ai-je tort.
Le débat sur l’euthanasie, sujet autrement plus grave, complexe et essentiel. Les libéraux sont assez divisés sur cette question qui associe le droit et la morale. Elle porte sur le droit à la vie, sur le droit à la dignité ainsi que sur le droit, difficile à cerner avec précision, de disposer de son corps.
Bref, tu devrais relativiser ce cliché sur le libéralisme. Je ne pense pas que tu apprécies ce type de discours simpliste lorsqu’il vise les catholiques. Et je te laisse imaginer ce qu’endurent les catholiques libéraux qui souffrent doublement de ces poncifs éculés ;o))
@ Aurélien: l’analyse que vous mettez en lien est intéressante, notamment parce qu’elle écarte les explications simplistes du type « c’est la faute aux hedge funds ». Je note qu’elle met définitivement à bas l’accusation tout aussi simpliste, émise par certains libéraux, suivant laquelle c’est la régulation qui est à l’origine de la crise. Quant aux propositions des Gracques, trois sur les cinq consistent à mettre de la régulation là où il n’y en a pas ou peu aujourd’hui. Bref, un retour à un certain équilibre, sans aller jusqu’à l’Etat omniprésent, mais avec un minimum de règles du jeu et des arbitres indépendants (les banques centrales).
(Pour ceux qui ne sont pas abonnés au Monde, voir ici).
Koz,
tout d’abord meilleurs voeux pour 2009. De façon un peu égoiste, je te souhaite d’écrire de nombreux nouveaux posts sur ce blog.
Je suis un peu étonné que tu donnes dans cette revue de 2008 la même importance à la crise financière mondiale et l’ouverture des magasins le dimanche en France, une mesure qui ferait passer de 30 à peut-être 35 ou 40% la proportion de salariés travaillant le dimanche, sachant que la France représente 1% de la population mondiale.
J’aurais rajouté à ton inventaire l’absence de tout progrès sur le réchauffement climatique, et l’élection américaine. C’est la première fois depuis 3 ou 4 siècles que la personne la plus puissante du monde ne sera pas un blanc, et je crois que c’est très important pour les trois quarts de la population mondiale qui ne sont pas d’origine européenne, et que nous énervons parfois.
Enfin, j’ai un peu l’impression que l’on annonce le « retour du sens » pour l’année prochaine depuis la fin du moyen-âge. Peut-être que certains financiers vont redescendre sur terre, mais à part cela, je ne suis pas très convaincu.
Donc, bonne année à Koz, Lib et Dang ainsi qu’aux nombreux commentateurs qui enrichissent ce blog, qui lui, n’en manque pas, de sens…
Si, je me livre un peu au jeu de la rétrospective et pour retenir les faits les plus marquants de l’année passée, je rejoins de nombreuses opinions qui place en tête de liste l’élection d’Obama pour son caractère symbolique et sa conséquence directe qui voit Georges W. Bush quitter le pouvoir. Peu importe les possibles « déceptions » à venir, l’espoir est déjà un des moteurs les plus puissants qui soit pour faire avancer les hommes.
De même, si la crise est aussi un évènement considérable qui ne manquera pas d’impacter fortement et plutôt négativement sur nos vies, il peut être aussi porteur d’un certain potentiel de changement, une prise de conscience autant sur la nature, le sens de la croissance que sur la responsabilité des acteurs de la vie économique.
Dans ce cadre et dans bien d’autres, le retour de l’Europe et la modification de son logiciel passant à la version 2, sont tout de même hautement significatifs et donnent une autre occasion d’espérer créer un espace économique dans la paix permettant à plus d’individus de prospérer.
Enfin, on a tendance à oublier, à déjà considérer comme acquis la prise en compte des considérations environnementales et écologiques par les principaux gouvernements et les populations de cette planète. Si l’on regarde mieux, il s’agit pourtant ni plus ni moins d’une révolution des esprits aussi importante que beaucoup d’autres dans l’histoire. Cet aspect des choses est aussi une occasion d’espérer.
Bref, pour conclure, peut être un peu paradoxalement, j’ai trouvé l’année 2008 plutôt riche et porteuse d’un peu plus de futur et de changements potentiels qu’il en existait en 2007. Et pour tout ça, je trouve aujourd’hui à l’occasion de ces fêtes, que mon verre de Sauterne est à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.
Avec un peu de retard, mais bonne année à tous. Et je me joins aux remerciements sur cet espace de discussion et de réflexion.
Merci cher Epo pour tes bons voeux. A mon tour je te souhaite une année 2009 pleine de passionnants commentaires ainsi qu’à Lib et Koz.
Eh ben… Bonne année, Koz. En espérant que vous vous féliciterez chaque jour d’avoir ouvert ce blog.
your copyright!
Je crois que Nico a compris, en lisant mon billet. Il abandonne.
« et seule l’intervention des états a permis d’éviter le pire… »
qu’en sais-tu ? n’est-il pas un peu tôt pour le dire, et comment sais-tu ce qui se serait passé sans cette intervention !
Ca ne me semble pas très difficile à imaginer. D’autres établissements bancaires auraient probablement connu la même déroute que Lehman Brothers. Et il suffit de voir l’impact que la décision de ne pas sauver Lehman Brothers, pourtant pas totalement illégitime, a eu pour imaginer ce qui se serait produit.
En tout état de cause, l’inaction des Etats auraient en tout état de cause ajouté à la défiance réciproque des banques entre elles pour accentuer la crise du crédit. On peut aussi penser que les particuliers auraient été atteints par la même inquiétude et en seraient venus à retirer leur épargne.
Evidemment, je ne peux connaître avec certitude la suite d’une Histoire qui ne s’est pas produite. Mais je ne pense pas que tu puisses dépasser ce constat, toi non plus.
Bon, il lui arrive tout de même de m’écouter :
Spéciale dédicace à Liberal :
🙂