De retour d’un bref séjour en Israël je n’aurai pas la prétention de rendre compte complètement d’une situation politique fort complexe.
Mon unique ambition était de visiter les lieux saints et de rencontrer des chrétiens palestiniens qui se font rares puisqu’ils ne sont plus que 1,4% de la population alors qu’on en dénombrait encore 11,5% il y a une vingtaine d’années.
Tout au plus puis-je transmettre aux lecteurs de Koz quelques impressions et sentiments.
Après avoir parcouru les routes autour d’Haïfa, de Capharnaüm, de Nazareth, de Jérusalem, le premier sentiment qui s’impose est que l’espace est incroyablement exigu. On sait que l’état d’Israël n’est guère plus grand que deux départements français, mais lorsque l’on se trouve sur place on se demande où les habitants trouvent leur espace vital.
Les régions visitées sont largement urbanisées. Les collines arides se hérissent de villages, d’immeubles sans charme. On cherche en vain verdure et campagne. Bientôt, Tel Aviv et Jérusalem formeront une vaste conurbation. Et c’est déjà pratiquement le cas d’Haïfa et Nazareth.
Il faut aller dans la région du lac de Tibériade pour trouver une nature sauvage et grandiose. Les hauteurs pelées du Golan contrastent avec la verdoyante vallée du Cédron. Là, rien n’a beaucoup changé depuis l’époque où le Christ y prêchait l’amour du prochain. Il paraît que d’autres régions, notamment le Néguev, donnent la même impression d’espace et d’authenticité.
Il n’en reste pas moins qu’on se demande comment 6 ou 7 millions de juifs et plus de 3 millions d’arabes peuvent vivre dans un espace aussi réduit. On se demande aussi comment deux Etats pourront se partager un aussi petit territoire : moins de 30 000 km², avec les « territoires occupés ».
Les israéliens rencontrés nous le rappellent tous : sans la Shoah il n’y aurait certainement jamais eu d’Etat d’Israël.
Certes la déclaration de Lord Balfour autorisant le retour des juifs en Palestine sous mandat britannique date de 1917. L’idée des britanniques était avant tout stratégique. Un foyer national juif forcément allié à la Grande-Bretagne permettrait de contrôler le canal de Suez et la route des Indes, il contrebalancerait l’influence française dans la région (les français étaient bien installés au Liban) et il permettrait d’avoir un œil sur le pétrole du Proche-Orient… déjà !
On espérait bien sûr que les juifs américains reconnaissants ne manqueraient pas d’appuyer les initiatives géopolitiques britanniques de par le monde. Dans l’immédiat on comptait sur l’influence des financiers et banquiers juifs américains pour inciter les Etats-Unis à entrer dans le premier conflit mondial.
Les premiers colons juifs venus s’intégrer aux petites communautés juives locales furent plutôt bien accueillis par les arabes palestiniens. La région n’était pas déserte comme certains le prétendent mais elle était sous-peuplée et ces immigrants travailleurs ne pouvaient qu’aider au développement de l’agriculture.
Après la Shoah, les données furent très différentes. Ce n’étaient plus quelques milliers d’immigrants juifs qui voulaient aller en Palestine mais des centaines de milliers.
On savait déjà que l’espace était réduit. On songea même à créer un foyer juif au Paraguay, voire en Ouganda.
Les intérêts de la Grande-Bretagne n’étaient plus les mêmes non plus et les anglais tentèrent de ralentir l’arrivée des immigrants juifs d’Europe centrale. Souvenons-nous de l’épopée de « l’Exodus » qui finit par forcer le blocus anglais.
Le terrorisme sanglant de l’Irgoun (Irgun Zvai Leuni) et de son bras armé, la Haganah, organisations juives qui donnèrent ses premiers dirigeants à Israël, finit par persuader les britanniques de renoncer à se maintenir dans ce territoire qu’ils avaient arraché aux ottomans.
L’indépendance d’Israël en 1948 et la guerre qui s’ensuivit avec les voisins musulmans du nouvel état, fut pour les arabes palestiniens un drame. Seules la Cisjordanie et la bande de Gaza furent sauvées, principalement grâce à la vaillance de la Légion Arabe (jordanienne), formée par les anglais.
Dans ce qui est aujourd’hui l’Etat d’Israël, huit cent mille palestiniens (sur un million) quittèrent soudainement leurs villages après le massacre de toute la population de Der Yassin par des extrémistes juifs.
Ils pensaient revenir chez eux trois semaines plus tard… Leurs enfants et leurs petits-enfants sont encore dans des camps de réfugiés, véritables poudrières de misère. Les vieux, en pleurant, montrent à leurs visiteurs les clefs de maisons qui la plupart du temps n’existent même plus.
Il est à peu près acquis maintenant qu’on ne pourra empêcher l’instauration d’un Etat palestinien.
Les différentes résolutions de l’ONU en réclament la création depuis 1948. Les israéliens modérés l’acceptent au nom du pragmatisme politique.
Une question se pose toutefois au voyageur : où va-t-on pouvoir installer cet état palestinien ? Dans l’ancienne Cisjordanie et à Gaza ?
Il y a 9 millions de palestiniens. Près de quatre millions vivent dans les territoires occupés, plus d’un million ont la nationalité israélienne et resteront sans doute en Israël, quatre millions sont à l’étranger ou dans les camps de réfugiés.
Les israéliens modérés qui acceptent l’idée d’un état palestinien laissent entendre qu’il est impensable que les réfugiés puissent revenir dans cet Etat qui sera déjà incroyablement surpeuplé avec ses quatre millions d’habitants répartis sur 9000 km2.
Quatre millions de palestiniens continueront donc de réclamer leur terre et leur rancœur nourrira le fondamentalisme musulman.
Nos interlocuteurs oublient aussi de mentionner que le petit territoire qu’ils imaginent laisser aux palestiniens est littéralement « mité » par les colonies juives. On en dénombre paraît-il 460 sans compter les colonies sauvages qui ne sont pas recensées. Il sera bien difficile de chasser des juifs pour donner leurs terres à des arabes.
Un Etat sans continuité géographique est-il viable ?
Je n’ai pas rencontré de partisans du « grand Israël » mais en écoutant les juifs de bonne
volonté et en constatant leur désir d’ouverture, on ne peut s’empêcher de penser que les nationalistes arabes font preuve de beaucoup de légèreté en promettant l’anéantissement d’Israël.
L’Etat juif est une réalité qu’il serait insensé de ne pas accepter. Israël a le droit d’exister et de vivre en paix dans des frontières reconnues.
On ne pourra jamais revenir sur ce fait. De même il est tout aussi irréaliste de penser que la solution au conflit est de chasser les palestiniens du peu de terre qu’il leur reste.
« Vous ne savez pas ce que c’est de vivre dans la crainte des attentats suicides » nous dit une israélienne.
On ne peut qu’être d’accord avec elle. Raison de plus pour négocier une paix juste et durable avec les modérés des deux camps. Plus on attendra et plus les positions se radicaliseront.
On l’aura compris aucune solution ne sera satisfaisante ni pour les uns ni pour les autres. C’est le moindre mal qui devra l’emporter.
Pour le moment c’est la radicalisation des deux côtés qui gagne du terrain. Victoire du Hamas à Gaza. Construction du « mur » par les israéliens.
J’avais vu plusieurs fois le mur de la honte à Berlin et je ne pensais pas pouvoir être horrifié par un autre mur. Eh bien, le mur de 700 km de long qui est en train de séparer juifs et palestiniens dépasse tout ce que l’on peut imaginer.
C’est une muraille faite de blocs de béton de 8 mètres de haut surmontée par un grillage d’un mètre cinquante et hérissé de rouleaux de fils de fer barbelés. A intervalles réguliers des miradors aux vitres blindées surveillent le côté palestinien.
Ce mur zigzague au milieu des villages, des champs, des plantations, des jardins, sans logique apparente. Des exploitations agricoles, des quartiers, ont été coupés en deux.
La mère supérieure d’un couvent explique avec quelle brutalité l’édifice a été imposé. Elle s’est réveillée un matin à l’aube pour voir les pelleteuses au travail dans le jardin de son institution. Elle n’avait pas été prévenue. Elle s’est retrouvée en Israël sans que la moindre raison lui soit donnée. Les dix employées palestiniennes de son hôtellerie ont ainsi perdu leur travail du jour au lendemain.
On comprend ce que ce mur représente pour les palestiniens qui ont envie de travailler et de vivre en paix lorsqu’on se rend à Béthléem, dans la proche banlieue de Jérusalem.
Cette ville arabe, où les chrétiens sont encore nombreux, vivait en étroite symbiose avec la métropole juive.
La ville est désormais coupée de tout centre d’activité économique par le mur. On y accède par un ou deux « check-points ». L’attente varie selon les jours : quarante minutes quand tout va bien, deux ou trois heures, voire davantage si les fonctionnaires ont un motif d’insatisfaction. Pire, les palestiniens ne peuvent se présenter au « check-point » que s’ils sont titulaires d’un laissez-passer dont l’obtention est aussi longue qu’aléatoire. Les habitants ne peuvent se rendre librement qu’à Hébron, ville palestinienne elle-même en plein marasme économique.
Béthléem est devenue, au moins économiquement et culturellement, une prison à ciel ouvert, une sorte de réserve indienne où on ne vit que d’expédients. Autrefois les palestiniens de Béthléem allaient travailler à Jérusalem. Beaucoup n’ont pas obtenu leur laissez-passer. Quant à ceux qui en sont titulaires, ils ont souvent perdu leur travail. Aucun employeur ne peut accepter que son ouvrier ne puisse respecter des horaires.
La seule ressource de la ville, le tourisme, les pèlerinages, s’est tarie avec la construction du mur. Des hôtels tout neufs, des restaurants, n’ont jamais ouvert leurs portes.
Il faut se mettre à la place des dirigeants israéliens : comment arrêter le terrorisme aveugle sinon en coupant le pays en deux ? Les résultats sont probants, les attentas suicides sont devenus rares, pour le moment.
Mais combien de temps pourra-t-on maintenir les choses en l’état ? Une explosion générale, sanglante, ne manquera pas de se produire.
Il n’y a pas de solution. On nous l’a répété. Il faudra pourtant bien en trouver une.
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Dang…merci.
Magnifique article Dang, tellement vrai avec les mots qu’il faut… mais tu m’as tuer.
C’est tellement désespérant.
On se prend à rêver de le voir publié comme éditorial d’un journal israëlien ou palestinien. Le choc serait réel – peut être salutaire.
Franchement, sans t’engager plus que ça, as-tu déjà réfléchi à ce que pourrait être une solution ? Si oui, ajoute la en commentaire… vite !
Merci Dang. C’est un article magnifique. Intelligent et sensible.
Désolé pour votre modestie 😉
très bel article
la solution est connue, ou presque…me semble t il,
israël retrouverait les frontières de 1948,
les palestiniens la cisjordanie et gaza,
jérusalem serait partagée en fonction des communautés implantées,
et sous contrôle international
ce sont plus ou moins les « paramètres clinton » ou le « plan de genève »
une question reste bien sûr difficile, celle des quatre millions de réfugiés palestiniens …certains peuvent être indemnisés, aidés à s’implanter ailleurs dans le cadre d’un plan de Paix, d’autres rentrer…combien?
mais il y une autre mesure qui contribue à faire capoter les négociations: pour éviter d’accroître la pression démographique, interdire/limiter l’immigration de masse de familles juives en israël…
je crois qu’elle tétait au coeur du différent avec arafat qui ne voulait pas expliquer aux réfugiés qu’on leur interdisait le retour dans leurs anciennes terres, et qu’en même temps israël allait chercher au loin des immigrants…
cela étant, le plus difficile n’est peut-être pas tant le point d’arrivée, que le chemin pour y parvenir…et la confiance
Billet magnifique et passionnant. Je l’ai lié sur Eldiz, il mérite le plus grand lectorat.
Merci Dang.
Merci aux cinq premiers commentateurs pour leurs réactions positives à mon billet.
@eponymus : seuls les faucons israéliens s’ils acceptent de négocier en lâchant du lest comme le fit Rabin peuvent imposer une solution.
Les faucons ou les Etats-Unis.
La solution sera forcément imparfaite.
Je penche plutôt pour l’action des américains qui doivent favoriser les modérés des deux camps et les amener à s’entendre.
On y était presque parvenu il y a quelques années grâce aux concessions d’Ehud Barak,mais Clinton exaspéré par l’attitude louvoyante d’Arafat avait donné un ultimatum aux parties concernées : 48h pour s’entendre ou rien.
Ce fut rien car Clinton ignorait la mentalité orientale : si Arafat n’avait pas fait mine de résister on aurait dit qu’il avait tout lâché. Et il risquait gros : sa vie.
Je crois que jamais les israéliens n’avaient fait autant de concessions y compris sur Jérusalem (deux états et une seule capitale).
Le mieux serait, comme le suggère francis, de rendre les territoires occupés aux palestiniens mais si on admet là-bas que nombre de colonies seront sacrifiées il est hors de question de tout évacuer.
Plus on attend et plus la solution sera bancale.
Le prochain président américain devra trancher.
Au pays du lobbying il serait temps d’agir pour faire comprendre au puissant électorat juif américain en général et new-yorkais en particulier qu’il faut céder un peu, voire beaucoup pour obtenir la paix.
Ma conclusion est que la paix est en partie entre les mains des juifs américains.
C’est cette opinion là qu’il faut convaincre. Elle n’y est pas forcément prête.
Un grand ami à moi, juif new-yorkais, professeur à l’université de Pittsburgh, après avoir été un faucon en était finalement arrivé à la conclusion qu’il fallait agir auprès de l’opinion modérée.
Il fut victime de l’attentat de Lockerbie et la cause de la paix perdit un défenseur influent.
Espérons que d’autres voix s’efforceront de faire entendre raison aux uns et aux autres.
Un élément positif ces derniers jours : la majorité de l’actuel gouvernement israélien admet qu’il faudra rendre Jérusalem-est aux arabes.
De là à les laisser y installer leur capitale il n’y a qu’un pas.
Le problème c’est que dans un pays où on prend son temps pour négocier il faut maintenant faire vite, très vite.
Merci Dang… en fait, quand je tapais ma remarque sur la publication de ton article dans les journaux locaux, je pensais « et peut être encore plus d’ailleurs dans le New York Times » mais je ne l’ai pas écrit.
Mais, il s’agit plus ici de faire évoluer les mentalités. Je me demande si les solutions ne reposent pas sur un terrain miné.
Mon intuition sur cette solution, plutôt sur la solution en général, serait de rechercher à qui profite le crime dans cette histoire. Quels sont les intérêts en jeu aujourd’hui qui font que cette ou les multiples tentatives de solutions n’ont jamais pu aboutir ?
Je ne parle même pas ici des juifs extrémistes colonialistes ou du Hamas qui arrivent bien tard sur la chaine des causes et des effets. Je parle d’intérêts certainement bien sonnant et trébuchant.
Merci Dang pour ce billet. J’ai néanmoins une remarque sous forme de questionnement à te proposer. Je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de cette crise complexe et durable qui secoue toute la région mais j’ai le sentiment que le « programme terre contre paix » fait de nombreux opposants dans Israël même. Quant aux palestiniens, leurs divisions font la « Une ». Et finalement ce programme pacifique s’il aboutissait, ne déboucherait-il pas sur deux guerres civiles ?
(cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien tenter).
Quelle pourrait être l’influence de l’élection américaine qui se profile ?
Si la situation n’était pas terriblement complexe, elle serait résolue depuis longtemps. Mais tu mets bien en évidence, avec ton constat personnel (j’entends par là de visu) cette donnée qu’est la superficie même du territoire. Je n’y avais jamais vraiment prêté attention.
@Thaïs : tes questions soulignent l’extrême complexité du problème.
Je ne suis pas resté assez longtemps en Israël pour prétendre démêler l’écheveau des parties prenantes dans le conflit.
Il est évident qu’il y a une partie importante de la population juive qui ne pense qu’à en découdre avec les palestiniens et qui rêve d’une victoire totale permettant l’installation du « grand Israël ».
Je n’ai pas rencontré ces gens-là, question de tempérament je suppose. Ils ont évidemment un pouvoir de nuisance aussi dangereux que le Hamas dans le camp opposé.
Ma conviction est que la victoire d’un camp sur l’autre n’est pas possible.
Il faudra donc faire des concessions.
C’est là que les américains peuvent, s’ils le veulent, imposer une paix honorable à leurs protégés israéliens.
Il ne faut toutefois pas oublier que beaucoup des partisans d’Israël aux USA se rangent sous la bannière des faucons, qu’il s’agisse des juifs américains ou des fondamentalistes protestants qui voient dans un « grand Israël » l’accomplissement de la parole biblique.
C’est pourquoi il faudrait, je crois, commencer par persuader l’opinion américaine concernée, de la nécessité d’un compromis.
Pendant ce temps les protecteurs arabes des palestiniens pourraient de leur côté faire entendre raison aux mouvements radicaux.
La Russie n’est plus vraiment partie prenante et c’est tant mieux car cela fait un intervenant de moins à jeter de l’huile sur le feu.
Il y a trop de gens, trop de pays, qui n’ont pas intérêt à ce que la paix s’impose dans cette région.
[quote comment= »53408″]Il y a trop de gens, trop de pays, qui n’ont pas intérêt à ce que la paix s’impose dans cette région.[/quote]
C’est d’ailleurs l’élément principal facteur de complexité à mon avis. Il serait d’ailleurs intéressant d’en dresser la liste et ce qu’ils y gagnent. On commencerait certainement à y voir plus clair.
Koz a écrit plus haut :
[quote post= »504″]Si la situation n’était pas terriblement complexe, elle serait résolue depuis longtemps.[/quote]
Pas sûr…depuis longtemps Etats-Unis et URSS ont eu intérêt à ce qu’aucun réglement équitable intervienne.
De nos jours on peut ajouter le jeu trouble de l’Iran, de la Syrie…
Tout aurait été relativement facile avant la guerre des six jours, depuis les choses ont changé à cause de l’implantation des colonies juives dans les territoires occupés.
Il est saisissant à Béthléem de voir les milliers de maisons construites tout autour de la ville pour y accueillir des immigrants juifs nouvellement arrivés.
Le problème de l’immigration vers Israël ne fait qu’ajouter à toutes les autres difficultés car non seulement Israël accueille toujours beaucoup de juifs venus du monde entier mais aussi de la main d’oeuvre non juive qu’il faut bien loger (cette main d’oeuvre, soit dit en passant, est nécessaire pour remplacer les palestiniens qui travaillaient en Israël et qui ne peuvent plus ‘y rendre à cause du mur).
Merci Koz pour ce carnet de voyage très intéressant. Quand on croise l’exiguité dont tu parles avec le surarmement régional (l’armée israëlienne a davantage d’avions de chasse moderne que l’armée de l’air par exemple, tout ça dans deux départements), cela laisse déprimé …
Dang.
Je serais bien allé en Israël, également, mais c’est Dang, l’envoyé spécial de koztoujours.
Article très intéressant qui fait un bon résumé.
Dang a écrit : « Il ne faut toutefois pas oublier que beaucoup des partisans d’Israël aux USA se rangent sous la bannière des faucons, qu’il s’agisse des juifs américains ou des fondamentalistes protestants qui voient dans un “grand Israël” l’accomplissement de la parole biblique.
C’est pourquoi il faudrait, je crois, commencer par persuader l’opinion américaine concernée, de la nécessité d’un compromis.
Pendant ce temps les protecteurs arabes des palestiniens pourraient de leur côté faire entendre raison aux mouvements radicaux. »
C’est ce que l’on appelle un voeu pieux, sans mauvais jeu de mot…
Ce qui m’étonne toujours sur ce sujet c’est le nombre de gens qui sont « déprimés » par la situation ou qui donnent des solutions, « il faut agir vite ». Sans doute le symptôme s’une forte internationalisation et médiatisation du conflit… Peut-être trop d’ailleurs…
[quote comment= »53458″]
Ce qui m’étonne toujours sur ce sujet c’est le nombre de gens qui sont « déprimés » par la situation ou qui donnent des solutions, « il faut agir vite ». Sans doute le symptôme s’une forte internationalisation et médiatisation du conflit… Peut-être trop d’ailleurs…[/quote]
Peut être aussi une saine réaction face à l’absurde….
Pour ma part, la viabilité même d’Israël me semble mise en cause. Les Etats-Unis, qui prétendent aider Israël, ne réalisent pas le mal qu’ils font aux Israéliens en soutenant les dictatures arabes qui entourent ce pays. Tout cela est tellement compliqué. Merci à Dang pour ce billet d’une grande lucidité.
« Je serais bien allé en Israël, également, mais c’est Dang, l’envoyé spécial de koztoujours. »
Cela m’avait échappé ! Dang est payé maintenant par Koz pour se promener…Bientôt je le sens il va falloir payer pour venir ici 🙂
(Dang as-tu argumenté avec ton joli sourire ? à moins que ce ne soit tes beaux yeux ?…pas juste)
L’idée d’Israël a éclos dans l’esprit de Theodor Herzl, pour qui les juifs ne seraient jamais en sécurité en Europe, imaginant « l’abri permanent » d’un peuple qui a ses racines dans l’éternel ; la première implantation juive en Palestine (déclaration Barfour) est la conséquence du premier lobbying à échelle mondiale de l’histoire humaine.
Israël est ainsi né de la vision prémonitoire de Herzl et du point géographique désigné par le doigt anglo-saxon.
En même temps, par dessus les ruines de l’Empire ottoman, l’empire Brittanique soufflait sur les braises du nationalisme arabe : le pétrole, déjà.
Il nous faut protéger Israël, malgré ses erreurs, le nationalisme arabe s’est métamorphosé en peste fanatique d’inspiration islamique qui ne laisse plus de place à la raison. Montrer sa force pour protégér un pays dont l’armée a perdu son aura d’invincibilité, montrer sa force en étant juste au point de ne pas toujours donner raison à l’état hébreu comme le font les Américains.
all a écrit:
« le nationalisme arabe s’est métamorphosé en peste fanatique d’inspiration islamique qui ne laisse plus de place à la raison »
peste fanatique? sans raison…?
c’est avec ce genre de propos déraisonnables qu’on crée des fanatiques,
dans les deux camps d’ailleurs…
[quote comment= »53869″]all a écrit:
« le nationalisme arabe s’est métamorphosé en peste fanatique d’inspiration islamique qui ne laisse plus de place à la raison »
peste fanatique? sans raison…?
c’est avec ce genre de propos déraisonnables qu’on crée des fanatiques,
dans les deux camps d’ailleurs…[/quote]
Votaire
« Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la Montagne (*) qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait. »
(*)Le vieux de la montagne n’est pas Bin Laden, mais Hasan Al Sabah, chef de la secte de hashishin.
voltaire a fort bien décrit le fanatique et démasqué le fripon derrière lui
son propos s’applique de manière très générale,
dans le temps et l’espace….
« hashishin » : fumeurs de hashish, qui a donné en français le mot « assassin »
http://www.bartleby.com/61/3/A0470300.html
[quote comment= »53408″]
Il ne faut toutefois pas oublier que beaucoup des partisans d’Israël aux USA se rangent sous la bannière des faucons, qu’il s’agisse des juifs américains ou des fondamentalistes protestants qui voient dans un « grand Israël » l’accomplissement de la parole biblique.[/quote]
Merci, Dang, pour ce beau billet.
Je réagis à la phrase ci-dessus. A ma connaissance, les juifs américains ont massivement (70%+) voté démocrate aux 2 dernières présidentielles. La raison du durcissement de l’opinion US est paradoxalement plus à chercher chez les fondamentalistes protestants adeptes de « the rapture » et, par extension, dans l’Amérique moyenne.
En fait, un article comme celui-là serait plus percutant dans USA Today que dans le NYT.
Juste quelques remarques :
concernant l’étroitesse du territoire israélien (où je suis allé assez souvent professionnellement) : à un moment, l’autoroute entre Tel Aviv et Jérusalem (50 à 70 km maximum !) passe entre de hauts murs : naïvement, je croyais que comme chez nous il s’agissait de murs anti bruits… malheureusement non car des villages palestiniens sont très proches sur les collines de chaque côté de cette route (vitale pour Israel) et ce « mur » (sans barbellés ni miradors) évite aujourd’hui aux conduteurs de recevoir des pierres ou … des balles. A un autre endroit de cette autoroute, à quelques km à vol d’oiseau, on voit bien Ramallha, ses buildings et ses villas modernes , ses centres commerciaux, ses casinos, (ce que l’on ne voit jamais sur nos chaînes de TV) … Du Mont des Oliviers (village arabe) on peut voir, comme du Sacré Coeur pour Paris, toute la vieille ville de Jérusalem et constater combien la taille de la « Old City » est ridiculement petite ( taille de l’île de la Cité ?). Dans ce village arabe, beaucoup de constructions neuves sont baties par les arabes dans le style si beau des maisons en pierre de Jerusalem.
J’ai pu constater que la paix est souhaitée dans la majorité des coeurs et des familles du côté israélien ( je n’ai pas eu assez de contact avec les palestiniens pour pouvoir en témoigner) . Mais ce que l’on doit comprendre, c’est qu’après plus de 2000 ans d’errance, les juifs peuvent vivre et se promener « dans leur pays » sans risquer de se faire traiter de « sale juif », de se faire massacrer (souvenons nous non seulement de la Shoa mais aussi des pogroms permanents en Europe et ailleurs pendant des siècles), d’être obligés de se plier aux taxes et autres viscissitudes de la condition de « dhimmi ».
Retrouver son identité et sa fierté, sa liberté pleine et entière, et ne pas risquer de retomber dans cette conditon de citoyen de deuxième zone ou pire être jeté à la mer… voilà ce qui pousse les israéliens à « résister » aux sirènes angéliques de certains et aux attaques haineuses des autres…
Dire que c’est la faute unique d’Israel si les palestiniens sont parqués dans des camps ( là encore on ne montre guère les villas luxueuses de ces « camps ») depuis 60 ans alors que les territoires immenses qui les entourent pourraient être aussi beau et fertiles que les quelques Kilomètres carrés de l’Etat d’Israêl , l’aide internationale aux palestiniens a été estimée récemment à 6 « billions » de $ . Si, au lieu de la guerre certains dirigeants palestiniens et arabes avaient choisi le développement et les liens de coopération avec ce voisin dont la démocratie est un point si singulier dans cette région du monde, la vie des palestiniens n’aurait rien à voir avec leur situation actuelle.
Quand au mur, il est effectivement très haut et très « protégé » dans les zones sensibles ou à géographie difficile; mais ailleurs et sur beaucoup de km ! il est bien moins impressionnant que ceux que l’on trouve dans bien d’autres pays du monde ( au Maroc avec les Sarahouis (3000 km) , entre le Koweit et l’Irak, aux USA avec le Mexique, … ) et son efficacité n’est plus à démontrer…
Le sujet est certe difficile mais je regrette que ceux qui se posent des questions ne fassent pas comme Dang: aller sur place et discuter avec le maximum de personnes pour se faire sa propre opinion .. même si nous devons être modeste quant aux conclusions compte tenu de la complexité de la situation.
En plus (!) il y fait à cette saison un temps incroyable (35° et des plages et hotels fantastiques même à Tel Aviv…) pourquoi ne trouveraient-on pas les mêmes conditions touristiques à Gaza ou ailleurs où il y a eu pourtant beaucoup d’argent donné (voir plus haut) qu’en ont fait les dirigeant palestiniens ?
Je pense profondément que souvent on ne nous montre qu’une seule face caricaturale de la réalité en diabolisant le soi disant fort opprimant le soi-disant faible !
A
@Dressou : c’est bien le drame des juifs de ne pouvoir vivre en paix nulle part, même en Israël.
On sait maintenant que nombre d’erreurs ont été commises en 1947, par l’ONU (que je ne blâme d’ailleurs pas puisque son représentant, le comte Bernadotte, fut l’une des premières victimes du conflit), par les anglais, par les russes, par les américains et encore plus peut-être par les états arabes qui ont instrumentalisé les palestiniens.
L’ONU avait prévu d’arrêter toute aide aux camps de réfugiés à partir de 1960, soit une douzaine d’années après le conflit, ce qui était déjà bien long.
Il est insensé que la situation des réfugiés soit toujours la même 60 ans après la guerre d’indépendance.
Il y a vraiment trop de gens qui ne veulent pas que la situation évolue, qu’elle soit réglée, de tous les côtés.
Ce qui me désespère c’est que les gens de bonne volonté existent des deux côtés mais on ne leur laisse pas assez d’espace d’expression. D’où mon impression : il y a trop de profiteurs de la situation (profiteurs économiques, stratégiques, politiques, psychologiques…)
Comme vous Dressou, je me suis posé des questions en voyant les luxueuses villas posées tout contre le « mur » côté palestinien à Béthléem.
On m’a dit qu’il s’agissait ou bien de profiteurs de toutes les situations troubles, ou bien de riches familles de Béthléem (la ville avait une certaine prospérité grâce au tourisme, aux pélerinages), ou encore de palestiniens exilés aux USA ou dans les émirats et qui y ont fait fortune. Ils ne reviennent pas au pays, sauf pour les vacances, mais il faut montrer qu’on a gagné de l’argent.
La construction de ces somptueuses villas fait d’ailleurs un peu marcher l’économie locale qui en a bien besoin, car dès que l’on s’enfonce dans la ville historique de Béthléem on sent et on voit le marasme économique qui y règne.
Actuellement le tourisme étant au point mort la seule ressource est une toute petite production d’huile d’olive de grande qualité et très réputée mais qui ne couvre même pas les besoins des habitants.
Béthléem ne vit que d’expédients, d’aides internationales, de transferts de la diaspora.
Car c’est là un autre paradoxe, les palestiniens réussissent bien à l’étranger. Ils étaient les arabes les plus éduqués de la région et ils avaient des ingénieurs, des banquiers, des commerçants, des intellectuels très capables.
Si on avait pu faire travailler ensemble, au sein de deux états associés par exemple, les forces vives palestinienens et juives, Israël serait une puissance économique de premier ordre.
C’est peut-être ce qui faisait peur à certains.
[quote comment= »54851″]@Dressou : c’est bien le drame des juifs de ne pouvoir vivre en paix nulle part, même en Israël.
…/…
Si on avait pu faire travailler ensemble, au sein de deux états associés par exemple, les forces vives palestinienens et juives, Israël serait une puissance économique de premier ordre.
C’est peut-être ce qui faisait peur à certains.[/quote]
Je suis d’accord, j’ai travaillé avec des palestiniens dans un organisme de l’ONU et j’ai pu parler d’Israel, des juifs, etc… sans éclat de voix.
J’ai peur que les lavages de cerveaux de la haine anti israélienne diffusée par les infos et les manuels scolaires de l’AP sous YA et par le Hamas aujourd’hui ne soient très difficiles à effacer dans la tête de plusieurs générations récentes de palestiniens … Il faut aussi remarquer, que les palestiniens étaient eux-mêmes multiconfessionnels « autrefois » … : hélas beaucoup de palestiniens chrétiens ont du soit émigrer, soit renier leur croyance , soit la cacher… devant l’islam radical et conquérant .
Il y a quelques décennies, les palestiniens ont vus eux aussi de très près ( à travers le fonctionnement politique d’Israel) combien la démocratie pouvait être une façon de vivre alléchante ( mais il y a déjà bien longtemps que l’on les en a privée!) et cela aussi faisait peur aux dirigeants des pays arabes voisins pour lesquels la démocratie signifie la fin de leur règne…
Je crains qu’il faille plusieurs générations pour juguler le mal et cela même si les nouveaux dirigeants ont la capacité d’aller dans ce sens…
( le papier de Samir El Soudi journaliste palestinien à la Mena n’est guère optimiste…) je cite la conclusion…
« Qu’attendre d’Annapolis, tandis que c’est nous qui ne sommes pas prêts ? Une entente pratique des Etats éclairés, dans le but de nous aider à construire notre soupière et à y placer les fondements impératifs menant à notre indépendance. C’est, je l’admets, beaucoup plus facile à décrire qu’à réaliser. Et puis s’accorder sur la finalité, une fois que ces conditions, clairement définies dans la Road Map, seront réunies, de créer sans tarder l’Etat de Palestine. Si tout se déroule idéalement, cela pourrait advenir dans un laps de quinze à vingt ans. Toute autre évaluation n’est que bavardage sordide et perte de temps. «
Article très très intéressant. Loin des clichés et des partis-pris stériles.
C’est une situation très difficile en effet. Et, un autre problème, c’est qu’il est risqué de faire le premier pas vers la paix, pour un camp comme l’autre, cela peut être interprété comme un geste de faiblesse par les extrêmistes de tout bord…
@dang et dressou
« c’est bien le drame des juifs de ne pouvoir vivre en paix nulle part, même en Israël » dites vous..
je rectifierais …les juifs peuvent maintenant depuis plusieurs décennies, voire un demi siècle, vivre en paix partout: je n’ai (heureusement) pas entendu parler de pogroms depuis 40 ans que j’écoute les infos et lis les journaux…
sauf au proche et moyen orient, dans des régions où le conflit israelo-palestinien prend le plus de force.
il est d’autant plus surprenant que les juifs viennenet en israël, là où les risques de conflit sont les plus élevés… sauf à être véritablement des militants prêts à risquer leur vie, ou des oppportunistes attirés par les promesses du gouvernement israëlien….
à FaceB,
Pas de pogroms depuis 40 ans… (donc après le départ des Juifs d’Afrique du Nord, d’autres pays arabes et des pays de l’Est ? … ) certes, pas à ma connaissance non plus.
Mais un antisémitisme souvent virulant et parfois assassin comme des faits divers le montrent (heureusement peu souvent) de manière dramatique en France, en Argentine, en Turquie, etc… Et une difficulté quotidienne à vivre sa différence sans insultes, quolibets ou pire dans certains quartiers, villes ou pays. (voir les rapports idoines sur les évolutions de l’antisémitisme en France et aiileurs)
Un fait divers m’a personnellement choqué et montré comment pouvait se manifester l’antisémitisme quotidien dans sa version dangereuse et perfide : lors d’un de mes séjours à Casablanca, un grand journal marocain quotidien a présenté dans la rubrique banalisée « faits divers » , la mort d’un médecin juif qui « s’était tailladé le visage et la gorge dans son cabinet entre midi et deux heures à l’aide d’un cutter … pris d’une crise de folie subite… » . Bien entendu aucune suite judiciaire n’a été donnée à ce « suicide » ni à cette présentation des faits par la presse ( et je suppose la police)… j’ai peut être été le seul à trouver extrêment bizarre cette version… ce qui est en soit significatif.
Je ne suis pas juif mais je comprends ceux qui ne se sentent légitimes et en sécurité (peut être paradoxalement si on n’écoute que les média français mais quand on y va on découvre une situation vraiement très différente) qu ‘en Israël …
Je pense que ceux qui se sont sentis dans leur vie « illégitimes » dans la société qui les entourent pour de multiples raisons : sociales, idéologiques, religieuses, raciales, … retrouver une légitimité perdue depuis 20 siècles n’est pas un objectif secondaire et on n’a pas besoin pour cela d’être un militant acharné pour y croire …
Quant à l’opportunisme, il suffit de voir concrêtement les difficultés économiques, linguistiques et autres que rencontrent les nouveaux immigrants en Israel pour se rendre compte que ce n’est pas une partie de plaisir…
@dressou
dans le maghreb, comme dans le proche et moyen orient, il y a des juifs qui sont persécutés pour cela, qui peuvent le payer de leur vie…
mais ailleurs dans le monde l’antisémitisme qui subsiste s’apparente plus , pour moi, à un racisme plus ou moins souterrain, comme celui qui concerne ici les arabes, les noirs, les chinois ailleurs…
par rapport aux persécutions dont ils ont été victimes dans l’histoire, je pense que la situation des juifs dans 90% du monde est « normale »…
cela n’empêche pas les conflit israelo-palestinien d’envoyer des signaux de violence localement puissants , et qui peuvent se propager loin…