Ah, sa race. Je lui en mettais plein la tête, à la blonde. Avec une pointe d’esprit, je l’espère, mais elle dérouillait vegra. J’avais bien sûr réservé l’hypothèse que le propos ait été effectivement sorti du contexte, mais c’était pour la forme. Mon parti était pris. L’intro était lancée. Et puis, j’ai mis ce billet à la poubelle. Avec un certain dépit, et un peu d’amertume.
Dépit, parce que j’y avais pris un certain plaisir, vu le peu de sympathie que j’ai pour la dame, qui ne brille pas par sa finesse, notamment sur le sujet de l’identité nationale. Amertume, parce que je n’ai pas spécialement retenu mes coups, hier, que ce soit sur twitter ou sur facebook. Or, si j’essaie d’éviter d’être manipulé par le pouvoir, je ne souhaite pas davantage l’être par les medias.
Et puis j’ai visionné la vidéo. Or n’en déplaise à Rue89, qui a raison sur le principe mais pas sur le cas d’espèce, oui, le contexte de cette déclaration est déterminant.
Hier, l’AFP a en effet diffusé une brève, immédiatement reprise par l’ensemble des rédactions (à tout le moins des rédactions web). Cette brève démontre d’ailleurs l’importance du contexte, pour ceux qui en douteraient. Car le seul véritable élément de contexte donné par l’AFP est que le débat s’est tenu dans la ville natale de Maurice Barrès, connu pour son nationalisme et son antisémitisme, et que le président d’une association « Mémoire de Barrès » est intervenu. Présenté comme cela…
Le propos, le voici :
« Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c’est qu’il aime son pays, c’est qu’il trouve un travail, c’est qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers »
Or, cet extrait ignore totalement la tonalité de l’intervention de Nadine Morano. Et cette retranscription est, de surcroît, inexacte.
Nadine Morano, ce soir-là, ne prononce pas un discours. Elle n’a pas sous les yeux et la main un texte préalablement rédigé, revu, corrigé. Comme le souligne à très juste titre Laurent de Boissieu, elle « répond du tac au tac à une question ouvertement arabophobe et islamophobe ». Le jeune homme qui l’interroge évoque Charles Martel, les arabes qu’on a fort justement renvoyés à la mer ou, à tout le moins, aux Pyrénées, puis le Premier Ministre turc Recep Erdogan et sa déclaration selon laquelle les mosquées seraient leurs casernes, les minarets leurs baïonnettes etc. L’idée est assez simple : ces gens-là sont des sales types, moi, je suis au chômage, quand est-ce qu’on fout les bougnoules dehors ?
Alors, la réponse de Nadine Morano n’est pas des plus cohérentes et rassemble quelques slogans bien connus du sarkozysme (« je veux un Islam de France, et pas un Islam en France… et dans les caves »). Mais sa tonalité générale est loin d’être stigmatisante. Un représentant du culte musulman présent lors du débat l’a d’ailleurs déclaré assez vite : Nadine Morano « n’a absolument pas stigmatisé la religion musulmane car si elle l’avait fait, croyez-moi j’étais là et j’aurai réagi tout de suite ».
Et en effet, le journaliste de l’AFP aurait tout aussi bien pu relever d’autres phrases de l’intervention de Nadine Morano. C’est ainsi qu’elle a déclaré que c’était une « grande espérance pour les jeunes, de vivre ensemble »[1], ou encore : « ah, ils ont peut-être pas la même couleur de peau, mais ils sont français ! ». Elle affirme encore ceci : « la France est un grand pays qui sait accueillir, mais la France, elle a fait des erreurs ». Peu après, elle déplore que ces gens-là, venus en France, on les ait tous « ghettoïsées ». On a entendu propos plus caricaturaux.
Après avoir évoqué le développement solidaire et le regroupement familial, elle poursuit, certes dans un grand moment de truisme débridé : « il faut respecter les religions des uns et des autres, parce que ce qui est terrible, c’est l’extrémisme. L’extrémiste n’est pas porteur de paix » (merci Nadine !). Et c’est là qu’elle enchaîne plus directement sur le développement qui va donner lieu à la polémique :
« Si l’on veut être porteur de paix, on doit accepter l’autre dès lors qu’il respecte ce contrat d’accueil, dès lors qu’il respecte l’égalité entre les hommes et les femmes, dès lors qu’ils acceptent pas la burqa, dès lors qu’il accepte nos traditions, mais il ne faut pas faire un débat conflictuel entre… euh… guerre de religions… catholiques… euh… musulmans. On ne fait pas le procès d’un jeune musulman… euh… Sa situation, moi, je la respecte. Ce que je veux, c’est qu’il se sente français lorsqu’il est français, c’est qu’il aime la France quand il vit dans ce pays, c’est qu’il trouve un travail, c’est qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers, c’est qu’il essaie de trouver un boulot, c’est qu’on l’accompagne dans sa formation. C’est tout ça. Et je crois que vivre ensemble quand on est jeunes, y’a rien de plus beau en termes d’espérance et d’avenir«
Comme l’écrit Laurent de Boissieu, reprenant le propos de Daniel Schneidermann, Nadine Morano a bien « de la bouillie dans sa tête », mais c’est une bouillie digeste. Pour le dire autrement, le propos est bête, mais pas méchant.
Ce n’est pas un appel aux croisades. Pas une tirade anti-musulman. Bien au contraire, on sent que Nadine Morano essaie de répondre à l’angoisse, voire à la haine, du jeune qui l’interroge. Alors, oui, elle fait erreur en évoquant le « jeune musulman » et, son propos, lorsque l’on a le luxe de l’analyser posément, relève en bonne partie du parfait amalgame. Oui aussi, son propos décousu est plus du niveau du petit zinc que de celui des ors.
Mais, contrairement à ce que l’on a soutenu avec colère ou gravité, son propos n’est pas une stigmatisation des musulmans. On se prend même à penser que la sortie de Nadine Morano pourrait illustrer là l’une des finalités avancées du débat : entendre les peurs, pour y remédier. Sa conclusion, un brin lénifiante, pourrait en effet passer pour un appel à la tolérance et à l’amitié entre les peuples.
Cela étant, si l’intention me semble être là, le résultat, lui, est loin d’être atteint. Et l’on peut douter qu’il puisse seulement l’être, surtout lorsque l’on confie les manettes d’un tel débat à Nadine Morano, comme on peut douter qu’il ait vraiment été nécessaire d’ouvrir les vannes pour entendre des peurs et des haines que chacun peut imaginer. Comme on peut, enfin, douter que ce grand débat débouche sur quoi que ce soit.
Il reste deux points.
Le premier, c’est que la réunion d’un débat sur l’identité nationale sous les auspices de Maurice Barrès est soit d’une bêtise affligeante, soit scandaleuse. Si mon sentiment sur les propos de Nadine Morano n’est pas faux, ce choix pourrait bien illustrer les incohérences de ce « grand débat national », appelant au vivre ensemble sous le patronage du pourfendeur du cosmopolitisme.
Le second, c’est que les médias ont une fois encore complaisamment relayé la brève partiale d’un journaliste de l’AFP qui aura voulu rentabiliser son déplacement à Charmes par une citation soigneusement choisie. L’occasion était trop belle, elle a été saisie à bras le corps. Aujourd’hui encore, ceux qui mettent en ligne une transcription plus longue (l’express, le nouvel obs) se gardent bien de toute exhaustivité. Et cette attitude n’est pas faite pour apaiser le débat.
A manipulation, manipulation et demi. Difficile de rester sur la crête.
- peu important ce que l’on pense de ce genre de pétitions de principe [↩]
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Plutôt d’accord avec ce billet. Morano, comme d’autres sarkozystes, incarne la France bête et populo (elle a vécu en banlieue jusqu’à 23 ans, elle, elle sait la réalité, elle comprend les petites gens). Je ne sais si tu as lu la note de Slate, petit précis d’estrosisme : c’est aussi une partie de l’identité nationale version NS. C’est grave de promouvoir des personnes d’une telle médiocrité, qu’on ne s’étonne pas si la politique dérape de plus en plus dans le caniveau.
http://www.slate.fr/story/14373/christian-estrosi-maire-nice-ministre-moto-derapage
pardon d’être un peu troll
remettre les choses dans leur contexte devrait s’appliquer aussi bien à morano qu’à tarik ramadan
je serais bien curieux de connaitre votre avis sur la bête une fois vous l’auriez (re)lu dans son contexte
merci
@ Praxis: oui, c’est effectivement une part du problème et, malheureusement, ceux qui passent pour de fidèles sarkozystes ne brillent vraiment pas par leur intelligence. Qu’il s’agisse d’Estrosi et de Morano, ce sont des personnes que l’on trouverait bien à la tête d’une fédération locale pour animer les réunions militantes et faire profiter le parti de leur dynamisme, mais leur confier un portefeuille ministériel, et leur permettre de s’exprimer sur des sujets aussi sensibles…
@ ahmed: c’est effectivement un peu troll, car vous ignorez vraiment ce que je pense de Tariq Ramadan, tout en me prêtant de pouvoir voir en lui « la bête ».
On est d’accord, Koz : l’article de Schneidermann résume très bien la chose. Par ailleurs, l’amalgame jeune de cité = jeune musulman est juste ridicule, je trouve dommage que Morano n’ait pas répondu là-dessus plutôt.
Pour avoir vécu dans le Pas-de-Calais (ou on trouve autant de lascars petits-fils de mineurs bien blancs que de lascars avec des origines extra-européennes) , je peux vous assurer que c’est avant tout le niveau social et l’enclavement qui déterminent les attitudes « de ghetto » (ce que confirment les études, cf. le billet de Jules) , qui après s’autorenforcent (et n’aident clairement pas à une éventuelle intégration quand de surcroit se trouve une problématique liée à l’identité) .
Très bonne ta double-conclusion.
Les médias et politiques jouent un jeu qui nous mène à ces débats pauvres. Les politiques faisant monter la pression en communication, les médias vont chercher la toute petite bête, qui n’en est même pas une. Alors les politiques baissent encore d’un cran, sortent des idées de base compréhensibles par tous et bien formatées (des sarkosysmes en somme), qui abaissent bien le débat, mais au moins on sait ce qu’on dit.
Pour en arriver jusqu’à… pondre des Lipdub !
Remarquez il suffit de répéter les paroles qu’on leur dicte ça ils savent faire !
Pauvre Nadine. Pour une fois je compatis. Elle n’a plus qu’à créer un club, auquel pourront adhérer de nombreuses personnalités comme par exemple Brice, Christian, le Pape, etc. il s’appellera : « écoutez-moi en entier, bordel ! »
D’ailleurs j’aime bien le terme de « brève » de l’AFP. Ça reflète parfois assez bien la profondeur d’esprit de ceux qui se contentent de les écrire.
@Koz anéfé, je vous ai prêté inconsciemment une position (malheureusement dominante) sans avoir, au préalable, vérifié. mea culpa
Néanmoins, une recherche dans vos archives ne donne aucun billet concernant ce monsieur, quelques commentaires disparates seulement
au plaisir de lire un vrai billet sur le sujet
Moktarama a écrit:
Un ministre doit savoir contrôler sa parole, nous sommes d’accord. Et, pour reprendre ce que dit Praxis, il est précisément probable que Nadine Morano n’ait pas les qualifications pour être ministre. Mais en l’occurrence, il ne me semble pas improbable que l’amalgame soit le fruit d’un certain emballement (voire un emballement certain, parce que je ne suis pas sûr que le propos du type qui l’interroge méritait un monologue de 10 min), et du fait qu’elle répondait à une question sur l’islam. Mais le fait est que c’est un amalgame et qu’elle devrait savoir, en répondant à une question comme celle-ci, reposer correctement le débat.
Moktarama a écrit:
Oui, et des lascars bien blancs fils de mineurs, portant casquette à l’envers et parlant verlan.
CestoiQuiledis a écrit:
Là, c’est toi qui fait un amalgame ! 😉 Mettre le Pape en si mauvaise compagnie, ressaisis-toi, que diable !
ahmed a écrit:
Non, pas un en 4 ans 1/2, précisément parce que je ne sais pas quoi penser de ce monsieur.
@ Moktarama: oui, mais la question qui était posée à N Morano portait sur le chômage des jeunes et donc sur ceux des « petits lascars » qui sont immigrés, par opposition à ceux qui ne le sont pas et que l’on ne peut pas envisager de renvoyer dans leur pays.C’est pour ça qu’elle a répondu sur les immigrés et les musulmans, et pas sur l’ensemble des français: parce que c’est eux qui étaient visés et qu’elle cherchait à défendre.
Mais oui, elle aurait mieux fait de donner le parcours de son amie du Tchad qu’elle connaît et qui a peut-être réussi à s’intégrer, que de broder sur les préjugés classiques qu’on peut avoir sur ces jeunes quand on ne les connaît pas.
CestoiQuiledis a écrit:
+1
Finalement, les blogs répondent très bien à ce besoin d’analyse différée sur les sujets qu’on choisit d’approfondir. Ici, pas de simplisme, et le niveau des commentaires et des réponses aux commentaires dissuade de s’exprimer sans réfléchir.
Ceux qui disent qu’internet est dangereux feraient mieux de regarder de plus près ce qu’engendre l’AFP en matière de simplisme, de peur, de haine, de cynisme ou d’éducation à l’indifférence!
Je crois qu’une des raisons de ce nouvel « événement » médiatique, en plus de celles pointées ici, est que dans ce débat, on attend des dérapages verbaux de la part des ministres et de l’UMP. D’abord parce que ce débat invite les dérapages comme aucun autre. Et aussi parce qu’on ne prête qu’aux riches. Mme Morano n’est ici que la victime collatérale d’une opération politique hasardeuse, voulue par le président en personne.
Le « gros rouge qui tache », c’est ce que Sarkozy voulait, c’est ce qu’il a eu. Manque de bol, ça tache non seulement les convives, mais aussi ceux qui servent à boire.
@do :
Le truc, c’est que les petits lascars « immigrés » (aka qui ont des grands ou arrière-grands parents d’origine extra-européenne, parce que jamais dans le débat on ne parle des lascars blancs, qui pourtant parlent aussi verlan et portent la casquette à l’envers) sont aussi français que n’importe qui. On ne peut pas les renvoyer chez eux, puisque chez eux c’est la France. Nadine Morano aurait pu répondre ça, plutôt que de se perdre dans un monologue qui confine au ridicule.
Gwynfrid a écrit:
C’est vrai. La vidéo que je mentionne en début de billet, de la part de Morano est bien plus explicite. Demander à un sénégalais s’il a une identité nationale est franchement une preuve d’inculture crasse. Et le pauvre homme a l’air complètement décontenancé devant les questions de la dame.
Et il est clair que, si l’on confie les clés d’un débat comme celui-ci, à une Morano ou à un Estrosi, il ne faut pas avoir peur de la suite. Mais que veux-tu ? Ce sont des « vrais gens ». Ce qui est à la fois populiste et peu respectueux desdits « vrais gens ».
Cela étant, hum, cela ne change pas grand-chose au fait que son propos n’est pas scandaleux.
Moktarama a écrit:
Le fait est qu’elle le dit. Ca se perd un peu dans son propos décousu, mais elle le dit.
Gwynfrid a écrit:
Pas seulement Gwy… pas seulement.
Voici ce que le Président du MJS a déclaré :
«la démission de Nadine Morano», «coutumière des propos stigmatisant à l’égard des musulmans», « et l’arrêt immédiat du débat sur l’identité nationale»
Voici ce que le Président du MRAP a déclaré :
les propos de Nadine Morano «sont particulièrement dangereux et d’une violence extrême», envers les musulmans de France, «à qui on dit qu’ils ne seront jamais des Français à part entière». «Je crois qu’on est aujourd’hui dans une terrible logique inflationniste de propos islamophobes»
Voici ce que Benoit Hamon a déclaré :
«Un dérapage supplémentaire», a malgré tout (après avoir vu la vidéo) asséné mardi le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon. «On est dans une stratégie de bouc-émissaire, de caricature et de stigmatisation permanente, avec toujours les mêmes cibles. (…) C’est consternant».
Voici ce que Montebourg a déclaré :
«C’est renouer avec la conception ethnique de la nation, celle qui a donné lieu à Vichy, a-t-il ajouté. Dans les années 30, quand on a commencé à stigmatiser tous les juifs qui fuyaient les persécutions de l’Est de l’Europe et qu’on a commencé à dire ‘ils ne peuvent pas s’intégrer’, ça s’est terminé comme vous le savez.»
Koz a écrit:
Pas faux… Toutes mes confuses, tu lui diras.
do a écrit:
Oui c’est bon de rappeler que certain prennent le temps d’approfondir l’actualité, eux ! Quitte à changer complètement le contenu de leur article, hein Koz ! Bravo, et courageux ! Je me souviens avoir personnellement posé la question à PPDA sur la pauvreté d’analyse du journal qu’il présentait, mais il a botté en touche, le salaud.
On se goinfre d’actualité, ça doit compenser l’ennui.
Bref, pour en revenir à Nadine, c’est tout de même affligeant de voir que les journalistes se lamentent que le débat tourne au débat sur l’islam, mais c’est exactement à mon avis ce qu’attendaient Eric Besson et Nicolas Sarkozy. Pour preuve son article en plein débat sur l’immigration.
Les Français sont globalement racistes (hein quoi, qu’est-ce tu dis là ???) ou xénophobes, je n’en sais rien, je m’en fous. Mais pour preuve encore, la moitié de la salle applaudit le jeune homme à sa remarque complètement islamo-arabophobe. Pas question donc, pour Nico, les régionales approchant, de laisser partir cet électorat qui l’a tant porté en 2007.
Au fond, Nadine, elle se défend, parce que c’est politiquement correct, mais tout un chacun sait bien que Nico s’en frotte les mains… Il n’y a que le PS pour s’indigner, et donc faire encore plus le jeu de leur ennemi. Il est très fort, quand même, ce Sarko.
Pardon Gwynfrid, je n’ai pas eu le temps de me rendre compte que ton commentaire allait dans le sens du mien (enfin je crois.)
@ Koz : tu offres quoi à Moktarama qui a, malgré tout, posté le 100000ème commentaire de ton blog ?!! Je suis vénère (pardon Nadine, je vais me corriger, promis), j’ai pas dégainé assez vite le mien !
Le point important de cette affaire est d’aider les jeunes des quartiers à trouver du boulot, quelle que soit leur nationalité et quelle que soit leur couleur de peau.
Leur rappeler que de se présenter devant un employeur potentiel en parlant un bon français et en ayant une attitude ouverte relève sans doute du bon sens et de l’évidence.
La pédagogie, c’est dire et redire.
Comme je le disais hier sur un autre fil, les journaleux de gauche, ceux de l’AFP ne font pas exception, ont leur « têtes de turcs » parmi les membres du gouvernement. Lefebvre, Morano, Besson, Hortefeux, Estrosi et Devedjian. Avant il y avait aussi Dati. Ils leur collent aux basques et décortiquent chaque parole prononcée, au besoin l’arrangent ou trahissent carrément une confidence privée pour fournir un papier qui servira de base aux pitbulls du PS.
Ce qui me navre le plus dans ce système ce que les sites du Figaro et du Point que je considère comme les seuls à s’adresser à ma sensibilité politique se servent la plupart du temps bêtement des mêmes dépêches arrangées à la sauce de la gauche.
En ce qui concerne le « parler peuple »: il faudrait peut-être un jour se poser la question à savoir s’il faut que nos dirigeants politiques s’expriment comme une élite supérieure totalement incompréhensible pour une large majorité des gens, s’il faut de grandes envolées lyriques ou s’il doivent trouver un langage simple accessible à tout le monde.
Quand leurs paroles sont trop élitistes certains leur reprochent de mépriser le peuple et de parler la langue de bois quand leurs paroles sont simples on les traite de populistes.
@ Eponymus:
Ah non, désolé Epo, je ne vais sûrement pas pleurer sur le sort de Mme Morano ni m’indigner des réactions – certes excessives – de ses adversaires. Quand on joue avec des allumettes, on prend le risque de se brûler les doigts. Le débat se voulait « clivant », avec pour objectif explicite de provoquer des réactions négatives de l’opposition. Les réactions viennent, elles sont de mauvaise foi, c’est normal. Ne va pas me dire que Sarko ne s’y attendait pas: non seulement il s’y attendait mais il comptait dessus.
« If you can’t take the heat, stay out of the kitchen » (Harry Truman, président célèbre pour son franc-parler).
CestoiQuiledis a écrit:
Oui, en effet, mais je n’y vois pas d’inconvénient, et donc il n’est pas nécessaire de vous en excuser, bien au contraire 🙂
Gwynfrid a écrit:
Aaaaaaah mais non. C’est pas ça. T’as pas compris. C’est juste un révélateur. Beaucoup savaient avant que Hamon était une quiche, Montebourg un opportuniste ambitieux et stupide… les révélateurs de la connerie humaines sont toujours intéressants. Bon c’est sur, que de savoir que Montebourg est un chef de courant et Hamon le porte parole du PS, principal parti d’opposition, ça fait mal, mais hein… faut bien se rendre à l’évidence un jour.
Eponymus a écrit:
Certes, à condition que quelque chose soit révélé. Ici, rien de bien neuf ni sur Montebourg, ni sur Moreno. Ces deux-là en ont déjà sorti des bien plus grosses que ça par le passé (les autres je ne sais pas trop).
Par ailleurs, ceci ne permet pas de juger de la connerie des personnages eux-mêmes: c’est juste leur posture qui est conne. Un type raisonnablement intelligent pourra tout à fait se faire passer pour pas très malin afin de faire peuple: ça permet de traiter les autres d’élitistes et de se faire bien voir pour pas cher (un truc qui a très bien marché pour Bush pendant des années).
Quant à rendre le débat intéressant et utile, il ne faut évidemment pas y compter. Mais nous étions fixés là-dessus depuis un bon moment déjà.
Bonsoir Koz,
quelques réflexions sur ton billet:
effectivement, il n’y a pas de quoi fouetter un chat sur cette histoire. Quand je pense que l’on en a plus parlé que les négociations très importantes qui se déroulent à Copenhague (et qui n’ont d’ailleurs pas l’air de t’inspirer jusqu’à présent).
je pense effectivement que l’attitude « banlieue » n’aide pas à s’intégrer dans la société. J’ai déjà vécu plusieurs cas où un jeune, pourtant compétent techniquement et très méritant de s’être sorti de sa banlieue, n’a pas pu être gardé dans une entreprise à cause de son attitude « aggressive » qui était très difficile à gérer. Ecrire n’est pas indispensable à l’intégration sociale dans un « bureau » (il y a beaucoup de métiers où ce n’est pas nécessaire), la culture encore moins (de toute façon, au bureau, on discute potins, foot et bagnole), mais parler correctement et être poli est toujours nécessaire.
Par contre, la réalité est que les classes populaires sont objectivement des victimes sociales de l’immigration de masse (quelles que soient la couleur et la religion des immigrés), car les immigrés sont en concurrence avec les classes populaires pour les travaux dits « manuels », et ont tendance à faire baisser les prix. C’est peut-être ce qu’exprimait indirectement l’intervenant au débat.
@ Gwy
Le rapprochement Georges Bush / Benoit Hammon est si audacieux que j’avoue que je dois prendre un instant pour y réfléchir posément, au calme, lumière tamisée, doigts sur les tempes. Je te tiens au courant…
Peut-être sont-ils tous les deux autant à côté de la plaque l’un que l’autre, sur des sujets assez différents. Mais il y a quand même une grande différence: George Bush a déjà eu des responsabilités, Benoit Hamon n’a encore rien fait.
Eponymus a écrit:
Tiens, c’est vrai, pas un mot sur Copenhague…
D’accord avec toi sur le fond, même si on pourrait faire un commentaire plus acerbe.
Imagine le dialogue:
Certains agités: « Morano démission! Morano démission! »
Koz: « Attendez les mecs, elle est juste conne, pas méchante. »
Les agités: « Ah… Ah ok alors. Si elle est juste conne, elle est qualifiée pour être au Gouvernement. »
Koz: « Bah oui. »
Non pas qu’il faille la virer juste pour des propos bêtas et sortis de leur contexte, mais bon… T’es pas fier de ton Gouvernement quand le meilleur argument pour le protéger est sa bêtise.
Grâce à toi j’aurais écouté les propos dans leur contexte. J’en retiens une belle bouillie avec néanmoins un message positif de solidarité. Et il faut être de mauvaise foi pour la qualifier de raciste après l’avoir entendue.
Néanmoins, et sans en faire une montagne, elle fait un amalgame plus que malheureux. Je ne comprends pas pourquoi elle parle de casquette à l’envers ou de verlan au sujet du jeune musulman. Elle aurait dit « les jeunes », à la limite. Mais « jeune muslman »… non! Quel lien entre religion et verlan???
Son propos est franchement déplacé, surtout de par sa fonction.
A. a écrit:
Quand elle dit : « on ne va pas faire un débat conflictuel entre euh guerre de religion euh catholique euh musulman », c’est con aussi. Il faut pas chercher à mal : elle était partie sur l’islam, elle ne s’est même pas rendue compte qu’elle amalgamait. Si l’on reprend la tonalité générale de la réponse, ce n’est, effectivement, clairement pas raciste ou « islamophobe ».
PEG a écrit:
Je suis bien d’accord avec toi. Le problème est surtout là : des gens comme Morano et Estrosi n’ont tout simplement pas le niveau. Et Sarko doit assumer la responsabilité de les avoir choisis. Parce que ce n’est vraiment pas une surprise.
Et je ne suis pas fier de ce gouvernement qui héberge des tanches (aussi).
PMalo a écrit:
Eh, la paille, la poutre. Je dis pas que vous devriez écrire, mais demandez-vous ce que vous écririez. Je ne suis pas envoyé spécial et, si j’ai un avis sur presque tout, le « presque » a son importance.
Uchimizu a écrit:
Certainement. Et il ne faut pas faire les naïfs : des jeunes qui se pointent en trainant les pieds, la casquette à l’envers ou, plutôt, pour être de notre temps, la capuche sur la tête, il y en a. Ca ne veut pas dire que ce sont nécessairement des mauvais bougres. Certains le sont, d’autres adoptent cette attitude par principe, par quasi auto-protection.
Gwynfrid a écrit:
Peut-être, mais dans ce cas, ils ne peuvent pas nous en vouloir de marcher dans leur jeu.
Tiens, si on veut du lourd sur Nadine, je trouve ce passage (lié dans mon billet) bien plus parlant. Elle y est vulgaire et inculte, et elle argumente comme un pied (non, ma grande, il n’y a pas de « nation sénégalaise »).
margit a écrit:
Lefebvre, Morano et Estrosi font tout pour.
Besson et Hortefeux sont largement moins cons, mais occupent des postes exposés.
Devedjian n’est pas spécialement attaqué, surtout depuis que Sarkozy l’a lâché de façon guère compréhensible.
margit a écrit:
Non, ça, c’est une pure justification rhétorique. Dire cela, c’est prendre les gens du peuple pour des cons et croire qu’il faut descendre au niveau du zinc pour se faire entendre. Ce n’est ni aimer le peuple ni le respecter. Et l’on peut faire passer des messages simples sans sacrifier l’intelligence du propos.
Ok, il faut reconnaitre que ce n’était pas aussi scandaleux que l’on aurait souhaité. Cela me fait mal car je n’aime pas du tout Nadine (euphémisme).
Il reste que cet incident prouve, outre une part de stupidité (partagée entre l’auteur des propos et ses critiques de gauche qui sont toujours contraints de sur-réagir pour exister), que le débat sur l’identité nationale est une erreur grave au plan politique et au plan social.
Koz a dit : « Non, ça, c’est une pure justification rhétorique. »
Non, je ne cherche pas à justifier quoi que ce soit. Ce gouvernement est un peu le reflet de la population française et j’accepte tout simplement qu’il ne soit pas selon mon idéal personnel dans tous ses composants.
Si par exemple je devais établir une échelle personnelle de préférences parmi les ministres je placerais tout en haut Fillon, Lagarde et Alliot-Marie, puis Woerth, Chatel et Besson (qui a une position ultra difficile et j’admire son courage politique).
Lefebvre fait son job de pitbull face aux pitbulls des autres partis et de la presse. Morano a occupé cette place difficile et a du mal a changer son image. Ce sont de bons soldats. Il en faut. Point.
Selon vous qui faudrait-il pour contrer les Hamon, Montebourg, Mélenchon etc. et la ribambelle de journaleux de gauche plus excités les uns que les autres? Je pense que la droite n’est souvent pas assez combative face à la pugnacité et la bassesse de certains.
Je ne suis pas adepte du précepte de tendre l’autre joue …
Koz dit : « Devedjian n’est pas spécialement attaqué, surtout depuis que Sarkozy l’a lâché de façon guère compréhensible. »
Deux hypothèses pour essayer de comprendre :
Devedjian n’est jamais le premier à passer la brosse à faire luire ce grand Narcisse. Autre différence avec Estrosi-de-la-crèche.
Il a voulu nettoyer le écuries d’Augias-sur-Seine.
Margit, un langage simple n’est pas nécessairement un langage simpliste.
http://tinyurl.com/67j7vy
Koz ; Commencer votre billet sur Nadine Morano par » Ah , sa race . » ne parait pas étre le comble de la finesse ! Etonnant de votre part .
Globalement d’accord avec toi, ce qu’on retient c’est la faiblesse intellectuelle de l’argumentation de Mme la Ministre: bouillie ressasée de bons sentiments. Ce qui est inquiétant, c’est d’organiser un débat à ce sujet avec une oratrice aussi limitée. Comment peut-on imaginer qu’elle n’est pas prête pour une question somme toute très simple et convenue?
Donc au delà du coté ras des pâquerettes du propos, je n’y vois pas une once de racisme.
S’agissant de Besson, j’ai eu l’occasion de le voir lors d’une inauguration la semaine dernière, et ce type est tellement verrouillé qu’il est peu probable qu’on le choppe sur une remarque déplacée.
Enfin, question qui reste en suspend: pourquoi organiser un tel débat sans donner un minimum d’argumentaire aux ministres??
@Min&Fi
Il me semble que comme sur les autres sujets, on leur donne largement plus qu’un minimum d’argumentaire. La preuve? Ils répètent tous les mêmes arguments (la gauche refuse le débat, ce n’est pas le débat mais le non-débat qui fait monter l’extrême droite, etc.)
L’interview de Sarkozy par Denisot confirme qu’il est sur la même ligne que ses ministres : de la bouillie mentale, qui part des incivilités pour arriver par glissements successifs aux étrangers. Mais surtout pas d’amalgame entre immigration et insécurité hein? Sarko l’a dit, ce serait « odieux ».
Merci Koz pour cette vidéo,
La question du jeune homme est effrayante.
Les applaudissements d’après, j’en parle même pas.
Et si je suis moins choqué par les propos de M’Dame la Ministre, je crois que j’en ai par contre un tout petit peu plus honte qu’avant.
Mettez moi en plus Frèche en tête de liste Languedoc et là, n’en jetez plus.
La déprime. Total. Non vraiment, merci pour cette vidéo.
Finalement, on va peut être tous, de tous les côtés, finir par vraiment pleuré sur la misère de notre classe politique. On a mérité, ça ? Vraiment ?
Théorie du complot, en passant : Besson c’est un entriste Miterrandien. Il te remet le FN dans les pattes de la droite républicaine en manœuvrant de l’intérieur de la droite. Balèze.
Charmes étant en lorraine, je suppose qu’il fallait une « pointure » locale pour animer cette réunion. Et pas de bol pour les lorrains, ils n’ont que ça en stock, même si à Toul, ils ont eu la présence d’esprit de ne pas l’élire maire.
Le plus drôle dans cette scène de marché, c’est quand on essaie d’imaginer ce que peut penser un migrant, en règle du point de vue administratif, tombant sur un politicien qui lui explique que ce n’est pas aussi simple que ça est qu’on ne peut pas accueillir tous les gens de son pays d’origine.
Doit-il manger son titre de séjour et réserver illico un billet d’avion?
Il faut quand-même mettre au crédit de Morano le fait qu’elle discute sur un marché avec des étrangers. C’est rare pour un politique. Le problème dans son cas, c’est que ça ne pardonne pas.
bon moi je suis le premier à avoir été écoeuré par les propos de Hortefeux mais depuis il y a une bouilli de politiquement correct quand on voit la vidéo de Chirac et celle de Morano…
Bonsoir,
je suis assez d’accord avec cette remarque: il me semble que la droite doit jouer « à armes égales » avec la gauche dans le domaine politique, et que dans une certaines mesure, c’est ce que Nicolas Sarkozy a apporté: ne pas hésiter à parfois filtrer avec les extrêmes, faire un peu de démagogie, et parfois simplifier certains sujets. Ce qui compte, c’est le résultat final.
Evidemment, je souhaiterais que le débat soit plus élevé, mais malheureusement, c’est le camp « le plus bas » qui détermine le niveau.
Je suis d’accord, on a largement été tournés comme des girouettes par des dépêches peu scrupuleuses.
Reste qu’un débat d’aussi bas niveau avec des questions de comptoir, cela donne… des réponses de comptoir.
Mme la Secrétaire d’Etat répond même très justement à la question posée. Mais finalement elle fout en l’air tout le plan du Débat Identité Nationale par la fenêtre avec.
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« Le premier, c’est que la réunion d’un débat sur l’identité nationale sous les auspices de Maurice Barrès est soit d’une bêtise affligeante, soit scandaleuse. Si mon sentiment sur les propos de Nadine Morano n’est pas faux, ce choix pourrait bien illustrer les incohérences de ce « grand débat national », appelant au vivre ensemble sous le patronage du pourfendeur du cosmopolitisme. »
Tu tiens ça d’où ?
Sur Barrès, on lira avec profit cette chronique de causeur qui rétablité quelques vérités, je ne suis pas sûr qu’il faille en faire le fils de la betimmonde…
http://www.causeur.fr/la-visite-chez-barres,3503
Polydamas a écrit:
Tu devrais toujours baisser de régime, Polydamas. Si c’était tellement évident, je ne doute pas que tu n’aurais pas mis 15 jours, et attendu la tribune de François, avant de le soulever.
Barrès a effectivement modéré ses positions, après avoir notamment déclaré qu’il tenait la culpabilité de Dreyfus « de sa race, bien sûr ! » et avoir effectivement pourfendu le cosmopolitisme.
Au demeurant s’il fallait le lier à la bête immonde, il en aurait été le père, et pas le fils.
Maintenant, cette modération, elle figure aussi dans wikipedia, ce qui ne m’a pas échappé. Avant d’écrire, j’ai regardé un peu ce qu’il en était de Barrès. Mais il reste que, si l’on peut modérer le jugement commun sur Barrès, politiquement, c’est d’une bêtise insigne, si l’on veut éviter les dérapages, de s’en prévaloir.
Je peux pas être partout, tu auras noté que je me fais moins présent sur la toile, et oui, quand j’ai vu passer cette tribune, ça m’a fait penser à ton allusion. Après quinze jours. Mais il n’y a pas de timing pour rétablir certaines vérités. :p
Sur la betimmonde, ceux que l’on associe toujours à Barrès, Maurras, Daudet & co, étaient complètement germanophobes, et anti-nazis, ils n’ont pas cessé d’appeler à la prévention contre le régime nazi, qu’ils voyaient clairement comme une menace.
Sur l’affaire Dreyfus, il me semble que c’est une affaire beaucoup plus complexe qu’une simple histoire d’antisémitisme, je ne sais plus qui était convaincu de l’innocence de Dreyfus mais favorable à sa condamnation, pour ne pas entacher le prestige de l’armée.
Cela n’enlève rien au fait que certains des gaillards de droite de l’époque étaient complètement antisémites. Mais c’était davantage politique que racial, la différence est nette. A savoir qu’ils pensaient non pas que les juifs étaient une « race inférieure » mais qu’ils n’avaient pas de légitimité pour gouverner la France. Par exemple, l’affaire Schrameck, où Maurras appela au meurtre de ce ministre de l’Intérieur, parce qu’il refusait d’enquêter sur les policiers qui avaient tué cinq camelots du roi lors d’affrontements violents. C’était violent, mais je ne suis pas sûr que ce soit assimilable au programme d’extermination de masse nazi, on ne peut pas tout confondre.