Je sais d’habitude ce que je vais écrire avant de commencer un billet. Je ne sais pas quoi dire en commençant celui-ci. A-t-il seulement un intérêt ? Y-a-t-il seulement des mots ? Pouvons-nous regarder en face cette réalité simple : à l’heure où j’écris, dans le calme de cette journée hivernale, quand mes enfants s’occupent à leurs activités d’enfants, d’autres enfants vivent le même temps, la même seconde et le même monde, et courent sous les bombes, ils tremblent, crient, meurent ? Je vois ces images sur les réseaux. Cet enfant au sol la tête dans une mare de sang. Cet autre, qui semble indemne sauf sa jambe en angle droit. Et cette petite Syrienne qui twitte son quotidien. Et leurs pères, leurs mères.
Comment pouvons-nous seulement humainement vivre avec la conscience que coexistent la vie la plus paisible et l’horreur la plus totale ?
Envie de crier quand je vois certains de nos débats, et cette réalité qui se déroule sans fin, ou plutôt jusqu’à ce que leur fin arrive, qui nous permettra de passer à autre chose, un autre sujet, d’oublier celui-là. Je n’ai pas envie d’écrire un grand texte, d’écrire un beau texte. Je voudrais même qu’il soit mal écrit, sale brut et sans effet, qu’il pue comme la mort mais qu’il dise seulement ma douleur de frère.
Nous ne devrions pas nous blinder, nous ne devrions pas savoir qu’ainsi va le monde et qu’il y a toujours eu des guerres, nous devrions nous foutre qu’Assad ou que Poutine et simplement voir des frères qui vivent un enfer. Je me fous que ce soit ingénu, je me fous d’être naïf, et j’emmerde ceux qui le diront et ceux qui le penseront. Je ne veux pas être silencieux seulement parce que je ne peux rien faire.
Je veux juste te dire que de toi, je ne me fous pas, dire ce que je peux, faire un tant soit peu, élever une prière, tendre une main par l’esprit, à travers la mer, pour vous, nos frères.
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