Pédophilie : une commission, mais laquelle ?

Une pétition issue du site Témoignage Chrétien a lancé un débat autour de l’installation d’une commission d’enquête parlementaire consacrée aux actes de pédophilie commis au sein de l’Église catholique en France.

Qu’il me soit permis de donner un avis, sans ignorer le soupçon qui pèsera à son encontre puisque je suis catholique, mais peut-être précisément parce que je suis catholique, et donc personnellement plus concerné que beaucoup.

Cette rentrée, marquée par les révélations en Pennsylvanie, en Allemagne, le suicide en France d’un jeune prêtre, et les mises en cause au sein de l’Eglise, a été particulièrement éprouvante. Il n’y a pas un lieu parmi ceux que je fréquente au sein de l’Eglise, pas une occasion, où la pédophilie n’ait été au centre des discussions et de l’accablement. Croyez bien que la lecture qui a été proclamée ce dimanche, dans nos églises où chaque mot résonne, a sonné pour beaucoup comme un rappel d' »en haut » :

Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer

Mc 9, 42

Oui, sans certainement mesurer pleinement leur souffrance, je pense souvent à ceux qui ont été doublement atteints dans leur intimité, physique et spirituelle – puisque ceux qui auraient dû être leurs guides vers Dieu ont été un obstacle, parfois pour toujours. 

Peut-être ceux qui ne voudraient pas croire à la sincérité de cette préoccupation, s’accommoderont-ils de motivations secondaires et pragmatiques ? Car les enfants susceptibles d’être victimes de pédophiles, ce sont les nôtres, ce sont les miens – pas les enfants de ceux qui ne mettent pas un pied à l’église. Je suis père, d’adolescents et jeunes enfants. Quant aux prêtres, parmi lesquels je compte beaucoup d’amis, c’est une épreuve quotidienne, pour eux qui ont renoncé à une vie « mondaine » et à une vie de famille pour se donner entièrement au Christ et aux autres, de vivre avec le soupçon que l’amour qui les anime serait dévoyé en perversité. Plusieurs m’ont d’ailleurs confié qu’ils préféraient retirer leur col romain dans la rue, pour éviter les regards. Il ne faut pas sous-estimer ce que représente pour eux le fait de masquer leur vocation, leur raison de vivre, sous la pression – réelle ou ressentie. Plus pragmatiquement encore, toute parole catholique est aujourd’hui frappée de discrédit (je ne néglige d’ailleurs pas l’intérêt paradoxal que représente le fait de devoir, de force, « partir du bas »). N’oublions pas non plus les évêques, sur lesquels il serait tout aussi injuste de jeter un soupçon collectif. Il se trouve que j’en connais maintenant quelques-uns, et que je sais aussi leur dégoût viscéral pour ces actes et, parfois aussi, leur tristesse et leur désarroi. Il est détestable de vivre notre vie de chrétiens sous la menace permanente de ces révélations perlées.

Bref, si certains ne sont pas convaincus que le devoir de faire définitivement la lumière sur ces faits anime les catholiques, peut-être peuvent-ils l’être par l’assurance que c’est aussi notre intérêt.

Mais, précisément, une commission d’enquête parlementaire est-elle vraiment l’outil adapté ? Si une commission doit se mettre en place dans notre pays, il faut qu’elle soit crédible, utile et efficace. Nous ne pouvons pas « rater le coche». Il n’y aura pas deux occasions.

Impliquer les politiques et l’Etat dans la démarche ne me semble pas réunir ces conditions. Déjà, au-delà de la tonalité du texte, au-delà du choix même de la publication, très marquée politiquement, certaines signatures de la pétition font supposer à certains une offensive purement politique. Certain(e)s signataires ne sont connu(e)s des catholiques que pour leur animosité ou leur opposition constante aux positions de l’Eglise. De même, au Parlement, ce sont les groupes socialiste et communiste qui ont embrayé le plus rapidement[1]

Pour qui connaît un peu la sociologie politique et l’histoire du catholicisme en France, c’est le meilleur gage que cette commission soit perçue comme une agression des « adversaires de toujours » de l’Eglise, un nouvel avatar des luttes anticléricales.

Ce qui devrait être un enjeu de vérité deviendrait un enjeu, et un champ de bataille, politique. Déjà, certains émettent des soupçons sur la concomitance de cette proposition et des débats bioéthiques, se demandant si elle n’est pas suscitée par une volonté de mettre la voix de l’Eglise sous le boisseau. Et l’on peut tout à fait imaginer qu’au lieu d’éveiller toutes les consciences, une telle démarche ne conduise au contraire à refermer ceux qui commençaient à s’ouvrir, dans une atmosphère de « citadelle assiégée » qu’il n’est nul besoin de renforcer aujourd’hui et qui produit cet effet de corps qu’il est justement indispensable de dissiper dans le cadre de la lutte contre la pédophilie. 

Si la démarche est purement militante et se satisfait de clouer l’Eglise au pilori, alors la commission d’enquête parlementaire pourra être efficace. Si elle est portée par un esprit de « plus jamais ça », en revanche, il est indispensable d’impliquer les fidèles catholiques eux-mêmes, premiers acteurs et premiers concernés, puisque c’est bien en leur sein que se trouvent les victimes et leurs agresseurs. C’est avec eux et par eux qu’il pourra, ou non, être mis un terme à ce fléau.

Au-delà des inquiétudes sur l’impartialité d’une telle commission, quand bien même elle serait politiquement pluraliste, on peut douter aussi de la sérénité de son travail. Sans vouloir méconnaître l’esprit de responsabilité de nombre de parlementaires, comment ne pas craindre que cette commission, vraisemblablement télévisée, ne soit l’occasion pour l’un ou l’autre de se mettre en avant par quelque petite phrase, quelque punchline, ou saillies sur Twitter ? La cause des victimes sortira-t-elle vraiment gagnante de six mois d’un tel traitement ?

L’Eglise a su, par le passé, mettre sur pied une commission qui a produit un résultat sérieux et crédible lorsque le Cardinal Decourtray a souhaité que soit faite toute la lumière sur les complicités dont avait pu bénéficier Paul Touvier dans sa cavale. La commission Touvier, présidée par René Rémond[2], a rendu un rapport largement reconnu pour son impartialité.

Comme d’autres (ici ou ), il me semble plus pertinent de recourir à une mission ad hoc. Au demeurant, et même si l’observation pourrait passer maintenant pour opportuniste, c’est une démarche qui était déjà dans les tuyaux au sein de la Conférence des Evêques de France (CEF). La CEF n’avait d’ailleurs pas craint de confier la présidence de sa Commission nationale d’expertise contre la pédophilie à Alain Christnach qui, homme de gauche et ancien directeur de cabinet de Christiane Taubira, ne passe pas spécialement pour être à la main de l’Eglise. Mais, si certains craignent que soient nommées des personnes complaisantes, pourquoi ne pas réfléchir à d’autres modalités de désignation ? Pourquoi ne pas solliciter telle ou telle instance – la Cour de cassation ou le Conseil d’Etat, le Défenseur des Droits, les services d’aide à l’enfance – pour désigner eux-mêmes un membre expert au sein de la commission ? 

La question de la pluridisciplinarité de ses membres est débattue mais pourquoi ne pas envisager une sous-commission, chargée d’élaborer des recommandations ? Il serait injuste de laisser croire que l’Eglise en France n’a pas elle-même travaillé à mettre en place des procédures et cellules d’écoute, depuis au moins deux ans. Mais il faut aussi prendre acte du fait que la crédibilité de son action est entachée par le fait que ce sont les mêmes instances – pas les mêmes personnes – qui ont failli par le passé qui demandent à être crues dans leur bonne volonté aujourd’hui.

Aussi, pourquoi ne pas, comme un ami me le suggérait, regarder ce qui se fait dans le monde des affaires, au travers des pratiques de compliance ? Certes, certes, c’est le domaine de Mammon et, pour les entreprises qui y recourent, le rétablissement de la crédibilité morale est souvent au service de la crédibilité financière, mais il y a matière à s’inspirer des procédures mises en place notamment dans les entreprises qui ont été convaincues de corruption. Après tout, c’est bien aussi d’une corruption qu’il s’agit ici. Il y a, en entreprise et dans nombre de cabinets de conseil, des compétences qui – conjointement à celles de canonistes et/ou ecclésiologues – seraient utiles à l’Eglise.

Faire la lumière sur le passé et sur les responsabilités est nécessaire, pour tout le monde. Mais il n’est pas moins indispensable de susciter l’adhésion aux conclusions d’une telle commission.

Aujourd’hui, nous savons déjà que des actes pédophiles ont été commis au sein de l’Eglise et que nombreux ont été couverts, de façon systématique.

Une commission d’enquête parlementaire nous en dirait davantage sur l’ampleur de ces actes et de ces couvertures. Soit. Mais n’est-il pas largement temps d’aller au-delà et de passer aux recommandations ?

Pense-t-on vraiment que, dans notre Etat à la laïcité pointilleuse, il soit du ressort d’une commission d’enquête parlementaire de faire des recommandations sur le fonctionnement interne de l’Eglise en France ?

  1. avec, pour ce dernier, la précision qu’il conviendrait d’élargir les investigations de la commission d’enquête. Il serait juste de relever que l’actualité nous donne suffisamment d’exemples de cas de pédophilie ou abus sexuels dans le sport, les conservatoires de musique, les établissements scolaires, parfois couverts de la même manière – sans que quiconque ne songe d’ailleurs à incriminer « le sport » de par le monde, comme l’on incrimine « l’Eglise », que les actes se passent en France, en Allemagne ou au Chili. Etant rappelé, à toutes fins, que oui, je considère évidemment que ces actes sont encore plus odieux dans l’Eglise car contraires à son essence même. []
  2. Il se trouve que je suis précisément en train de lire la biographie que lui consacre Charles Mercier et, spécialement, le passage consacré à ce travail. []

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15 commentaires

  • Sans vouloir paraitre botter en touche, il me semble que la prise de conscience sur cette grave crise que traverse l’Église ne peut aller sans une prise de conscience plus large.

    La question de la pédophilie dépasse de loin L’Église, et l’élargissement du travail d’une telle commission tel que suggéré par le parti communiste me parait fondamentale.

    Aucune des structures auxquelles des enfants sont confiés ne semble immune. Et pourtant, dans ces dernières, pas de célibat des prêtres à mettre en accusation. Et surtout de similaires actions pour simplement éloigner les coupables et étouffer le scandale, avec une double violence, contre les victimes, mais aussi contre leurs proches, familles ou amis. Comme si cette terrible attitude, « se taire, faire taire, minimiser et fermer les yeux », était ancrée dans notre société.

    Il est temps de vider cet abcès terrible qui ne cesse de suinter et de se donner les moyens de combattre ce qui apparait de plus en plus comme un mal profond qui touche l’ensemble de notre société.

    La forme idéale de ce travail de fond ? Je l’ignore. Mais te rejoins sur trois points :
    – « Faire la lumière sur le passé et sur les responsabilités est nécessaire »
    – Le préalable essentiel est de viser, dans les modalités de constitution même, les conditions qui permettront une large et réelle « adhésion aux conclusions d’une telle commission »
    – Un simple constat de ce qui a pu se passer à si large échelle ne saurait être suffisant. Une profonde transformation est nécessaire. Une telle commission aura à s’attacher à formuler les recommandations utiles pour que notre société apprenne à lutter contre ce fléau.

  • Telle qu’elle a été lancée, la demande d’une commission parlementaire a pour seul objectif de rendre inaudible la voix de l’Église dans les discussions qui s’engagent sur la PMA, etc.

    Une enquête menée par les pouvoirs publics n’est légitime que si elle couvre l’ensemble des institutions où sont avérés des faits de pédophilie. C’est la voie qui a été choisie par les pouvoirs publics en Australie. Il ne faut pas se leurrer, les politiques ne seront jamais chauds pour une enquête large. Il est politiquement beaucoup plus risqué de remettre en cause les clubs de foot ou les conservatoires de musique que l’Église catholique. Par ailleurs, il est facile d’enquêter sur l’Église. Celle-ci a la fâcheuse habitude d’avoir un droit canon, des procédures, des dossiers qu’il est relativement simple de récupérer. Les clubs de foot ont la poubelle plus facile. En Australie, l’enquête a duré 5 ans.

    L’Église de France a par ailleurs beaucoup trop tardé à décider d’une enquête indépendante sur ce qui s’est passé chez elle, à l’exemple de l’Église US avec le rapport du John Jay Institute of Criminology de New York (rapport facile à trouver en .pdf sur Internet, à lire par tous ceux qui maîtrisent tant soit peu l’anglais) ou de l’Église allemande. Si elle l’avait fait, la pression pour une commission parlementaire serait bien moindre. Elle pourrait profiter du retard pour affronter directement non seulement les abus eux-mêmes, mais aussi la couverture de ceux-ci.

  • Halte à la chasse aux sorcières

    L’Église catholique souffre et avec elle tous ceux qui partagent la même conviction sur ces scandales qui n’épargnent pas une conscience droite.
    De nombreuses réactions se sont exprimées à la suite de cette demande -parfois qualifiée d’exigence- d’une Commission parlementaire.

    Témoignage chrétien appuyé sans restriction par certains groupes politiques est monté au créneau, pensant qu’il était nécessaire d’impliquer une instance que l’on peut qualifier simplement comme extérieure à défaut d’être vraiment neutre.

    La gravité des faits et leur ampleur exige de ne pas répondre sans plus « Circulez, rien à voir ! ».

    Des autorités pleinement qualifiées et au-dessus de tout soupçon n’ont pas exclu l’initiative. «  Pourquoi pas ? C’est vraiment une question de justice. Si la société juge que c’est important pour d’avantage de clarté, si la situation montre qu’on a besoin d’une intervention extérieure à l’Église pour aller au bout des choses, je ne vois pas d’entorse à la laïcité  », a déclaré Mgr M. Aupetit.

    Dont acte. Il apparaît au moins que des personnes responsables ne ferment pas la porte à la vérité, aussi traumatisante soit-elle. C’est la reconnaissance implicite de la crédibilité du message évangélique justement parce qu’il a été trahi, bafoué et avec lui ceux qui le portent dans leur cœur et leur esprit. Nous souffrons tous et nous adhérons à l’idée que ce scandale a acquis une gravité particulière justement parce qu’il a été perpétré par des personnes qui étaient investies d’une autorité, à l’origine née d’un appel, d’une vocation.

    Nous sommes en droit de nous interroger sur la validité inconditionnelle d’une telle commission. Nous avons le droit de douter de sa totale impartialité dans un contexte où se sont exprimées les passions et qui sont peu propices à la sérénité du travail d’une telle commission.

    Mr Alain Christnacht n’est pas suspect d’être partisan dans la fonction qui lui a été confiée à la tête d’une Commission nationale d’expertise contre la pédophilie. A propos de la demande de création d’une Commission parlementaire il a tenu à préciser : «  Une commission sur la pédophilie dans l’Église ou la manière dont celle-ci traite le sujet semble inenvisageable. On pourrait en revanche imaginer une commission sur la pédophilie en général, qui conduirait à regarder ce qui se passe dans l’Église, mais aussi dans l’Éducation nationale, dans le sport… Des responsables d’Église pourraient alors être entendus.  »

    Il est légitime de vouloir que toute la lumière soit faite sur des scandales qui, faut-il le rappeler avec insistance, n’affaiblissent pas l’Église qui ne peut être tenue comme responsable par sa nature même. Les expressions doivent être lues et comprises sans ambiguïté ni sous-entendu : « une commission d’enquête parlementaire consacrée aux actes de pédophilie commis au sein de l’Église catholique en France ». Ce n’est pas l’Église qui serait l’objet de l’enquête d’une telle commission mais les actes commis par des personnes qui exercent, de par leur fonction dans l’Église, une responsabilité qui les engage personnellement et dont elles doivent rendre des compte à titre personnel.

    • A propos de votre dernière phrase « Ce n’est pas l’Église qui serait l’objet de l’enquête d’une telle commission mais les actes commis par des personnes qui exercent, de par leur fonction dans l’Église, une responsabilité qui les engage personnellement et dont elles doivent rendre des compte à titre personnel. »
      Il me semble justement que c’est aussi l’église en tant qu’entité moral qui est accusé – au sens juridique de personnel moral, et non philosophique. Bien sur que l’Eglise est constitué de ses membres, mais elle dépasse aussi la somme de ses membres. Lorsqu’une telle succession de fait est établi depuis si longtemps, et au niveau mondial, on dépasse la responsabilité de certaines personnes, pour atteindre l’institution elle-meme.
      Et c’est pourquoi il me semble important d’avoir une commission complétement indépendante de l’église pour conduire cette enquète. Jusqu’a aujourd’hui, au moins pour le grand publique, l’église a montré son incapacité à la fois à punir les personnes responsable, et à la fois a se remettre en cause en tant qu’institution.

  • Il est certain que l’Eglise de France est malheureusement en retard dans ce domaine.

    Et que la pression ne vient -hélas- pas du Vatican, François étant lui-même impliqué dans l’affaire Grassi :
    https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Monde/Laffaire-Grassi-embarrasse-lEglise-argentine-2017-03-26-1200834862

    Comme il est urgent de crever l’abcès, et que l’Eglise toute entière est concernée, pourquoi la CEF ne nomme-t-elle pas une commission composée de prêtres et religieux, religieuses et laïques pour enquêter, avec une feuille de route claire ?
    Le P. Philippe Lefebvre semble compétent pour diriger ce type de mission, qui inclurait bien sûr des femmes et des victimes, pourquoi pas des membres de « La parole libérée » ? Par ailleurs, il paraitrait préférable que cette commission n’intègre pas d’ecclésiastique de plus de 60 ans.

  • Bonjour et je vous remercie pour votre commentaire. Il n’est pas question pour moi d’engager une discussion polémique.
    Tout en reconnaissant la validité de votre remarque et en précisant que mon propre commentaire n’avait pas prétention à épuiser un sujet vaste et impossible à épuiser au risque de tomber dans des longueurs incompatibles avec le cadre de simples commentaires.
    Ce que je voulais dire est seulement ceci et cela vaut pour toute institution quelle qu’elle soit.
    Quand des personnes dont l’identité personnelle s’inscrit aussi dans un cadre institutionnel il est requis de pas faire d’amlagame et d’embarquer dans une condamnation l’institution elle-même. Je ne suis pas juriste et n’entrerai pas sur un terrain où je risque de me tromper. La remarque de Mr Christnacht a défini parfaitement les limites dans lesquelles une commission indépendante devrait agir et à juste titre il en a cité quelques unes (sans limitation de la liste …). Des erreurs et des erreurs graves ont été commises par des personnes exerçant une responsabilité dans l’Eglise et n’ayons pas peur de monter haut… voire au plus haut. Je maintiens qu’une commission indépendante qui devrait agir avec toute l’objectivité due n’aurait pas à porter de jugement sur l’institution elle-même. Je retiens ce que vous dites : « l’église a montré son incapacité. Vous divisez cette incapacité en deux volets : « à punir les responsables ». Et vous avez raison. Là encore ce sont des personnes identifiables et identifiées (… et il reste encore un grand travail à faire) ; et « à se remettre en cause en tant qu’institution ». J’ignore comment vous vous situez par rapport à l’institution. Cette institution n’a pas de fondateur humain, c’est Jésus-Christ lui-même, vrai Dieu et vrai homme qui l’a fondée. Il faudra aussi le convoquer à en répondre devant la commission, si vous arrivez à le joindre.
    En revanche, et même si cela a pu paraître à certains une incongruité, il est assez nouveau que l’Eglise, -par la voix de sa tête visible, celui qui représente le Christ sur la terre, le pape- a demandé pardon pour les fautes commises par les personnes au cours de l’histoire (cf. les ates de repentance de Jean Paul II, Benoît XVI, François). C’est en ce sens que l’institution peut être amenée à se remettre en cause.
    J’arrête là une discussion dont je remets entre les mains de Koz, comme modérateur, le soin de la recadrer. Cordialement

  • L’Église de France n’a pas été des plus réactives sur le sujet, du moins publiquement. Une démarche de ce type était déjà dans les tuyaux, soit. Mais ceci est une situation politique, au sens où elle concerne la vie de la cité et la façon dont le pouvoir fonctionne en son sein. Dans un tel cas, il ne suffit pas d’avoir un plan en route, il faut que ça se voie. Sinon, la porte est ouverte à d’autres (à commencer, et il n’y a pas lieu d’en être surpris, par des opposants à l’Église) qui ne se gêneront pas pour s’intéresser à la question: on peut raisonnablement arguer que le Parlement est dans son rôle en le faisant.

    Cela dit, il serait évidemment préférable que le travail soit fait par une commission indépendante, afin d’échapper au risque que des considérations politiciennes, réelles ou supposées, ne vienne entacher le résultat.

  • Le fait de souhaiter qu’une commission parlementaire existe n’implique pas de valider telle ou telle composition. Pour ma part je souhaite ce cela soit fait. Aucune commission interne à l’Eglise, aussi judicieusement et honnêtement composée soit-elle, ne serait crédible. Le seul regard accepté par nos concitoyens serait un regard extérieur. Avec des élus bien sûr, mais aussi des experts, et, bien évidemment, des membres qui soient là aussi au nom de l’Eglise, comme membre de notre société, impliquée comme accusée mais aussi victime de ces crimes. Et sans présence télévisée ou autre (je ne vois pas pourquoi cela serait inévitable). Il ne s’agit pas seulement de donner des recommandations, mais aussi d’éclairer la justice et les victimes sur ce qui s’est passé. Et pourquoi cela serait-il inacceptable? Une commission parlementaire représente les citoyens et elle a tout à fait légitimité à faire des recommandations sur le fonctionnement interne de toute institutions qui participe de la vie publique, Eglise catholique, judaïsme, islam ou autre. Que ce travail soit fait aussi pour les écoles, les clubs sportifs ou les conservatoires est souhaitable, mais le cadre religieux est tout de même spécifique. Les Eglises ne se privent pas de faire des recommandations sur le fonctionnement des institutions, la législation, etc. Et elles ont bien raison. L’inverse est tout à fait acceptable, souhaitable, et souvent fructueux. A l’Eglise ensuite, de toute façon, de se saisir des recommandations et d’en faire ce qu’elle veut.

  • … Encore faudrait-il que vous argumentiez votre commentaire ! Facide de dire sans plus « plaidoirie pas convaincante ».

    • Ce n’est pourtant pas très compliqué à comprendre. La plaidoirie en question d’un commentateur habile (et celle du journal la Vie et de son directeur) n’a qu’une visée : continuer à mettre les pouvoirs publics à l’écart du fonctionnement de l’institution cléricale afin de couper court à sa contestation et aux « désordres » que cela impliquerait . (L’éparpillement judiciaire leur semble préférable ; c’est une tactique de défense). Ce serait un argument recevable, si l’ordre public n’était pas gravement mis en cause. Or l’ampleur des crimes (nous sommes bien au pénal) dont nous avons toutes les raisons de penser qu’ils ont été « camouflés » par le haut-clergé nécessite l’intervention de la représentation nationale dotée des pouvoirs d’investigation nécessaires. Enfin, je pense que le droit canon, même s’il prétend être l’expression juridique d’une « société parfaite » n’est pas en France un ordre de juridiction supérieur à la Loi. Voilà en quelques mots trop rapides les raisons de mon désaccord avec M. Koz, commentateur et acteur de la technostructure cléricale. Bien à vous.

      • Bonjour. Pour commencer : je ne sais pas qui vous êtes et votre commentaire était d’un laconisme qui justifiait par honnêteté des éclaircissements. Dont acte. …et merci.
        Vous êtes peut-être juriste ou en tout cas vous semblez familiarisé avec les questions juridiques. Il aurait été judicieux de vous présenter et d’argumenter quand on veut être audible et crédible.
        Je ne vous importunerai pas avec un long commentaire personnel. Je note simplement que votre réponse comporte des expressions qui en disent assez sur les idées un peu préconçues que vous semblez entretenir sur cette question complexe que vous expédiez en quelques lignes et avec des termes très typés et connotés « … commentateur et acteur de la technostructure cléricale ».
        Je précise aussi que, catholique pour ma part (je ne sais pas quelle est votre relation avec l’institution) et aussi scandalisé que vous pouvez l’être par ces affaires je suis comme tout le monde désireux que toute la lumière soit faite. Mais pas comme elle pouvait l’être dans les procès staliniens ou apparentés. Il me semble que c’est, mutatis mutandis, ce que souhaitent certains qui trouvent là une occasion rêvée de condamner en bloc l’institution pour des faits qui ont certes des responsables dans l’institution mais des responsables qui doivent en répondre personnellement. J’insiste toujours sur ce fait qu’on ne peut pas tomber dans cet excès qui consiste à condamner par amalgame une institution avec ses membres qui ont commis des fautes graves… Vous connaissez l’adage « … tous pourris ! ». Je vous renvoie à l’observation de Mr A. Christnacht qui s’est prononcé sur la validité d’une éventuelle commission indépendante. Pour lui elle n’est pas envisageable. Si une telle commission devait être constituée elle devrait l’être pour s’informer sous le titre des actes de pédophilie et convoquer d’autres institutions, sans exclure l’Église qui bien sûr aurait à répondre : l’éducation nationale, les institutions du sport … etc.
        Sinon et pour répondre avec des arguments que vous saurez reconnaître et que vous attendez (… si vous avez l’honnêteté de les lire et de les recevoir), je vous donne un lien sur article qui répond à vos questions … et pourra peut-être dissiper les malentendus qui pour l’instant sont exprimés comme des sous-entendus : https://srp-presse.fr/index.php/2018/09/14/agressions-sexuelles-dans-leglise-seisme-et-effacement-du-droit/

        Cordialement.

      • « Commentateur et acteur de la technostructure cléricale ». Pas mal, je vais le mettre dans ma bio twitter.
        Pour le reste, je vous laisse à vos procès d’intention.

  • Il est évident qu’une commission parlementaire est un non sens : je suis impatient de lire ses futures recommandations sur le recrutement des prêtres et autres sujets connexes, tout cela dans le parfait respect de la laïcité. Vous avez compris que je suis contre le principe de cette commission.

    Mais ce sera aussi une tribune : peu-être les chrétiens convoqués sauront-ils en faire un lieu de proclamation de l’évangile, et d’expression de l’Esprit Saint : telle est mon espérance. s’exprimer dans ce monde

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