Géraldine, Philippe, Manuel, Nicolas, Françoise se sont abstenus aujourd’hui. Hier soir, à table, Claire, Benoît, Ariane s’interrogeaient encore sur leur vote comme, semble-t-il, 5 à 10% des Français, pendant que d’autres semblaient se résigner à voter. Et le sondage qui soulignait que les électeurs étaient avant tout préoccupés par les enjeux régionaux laisse dubitatif : est-ce une heureuse coïncidence de leurs préoccupations personnelles et des vrais enjeux, ou une inhabituelle extra-lucidité parmi les électeurs ? Car qui, dans votre entourage saurait citer les compétences régionales (sans les googler) ? Qui peut véritablement citer les actions précises de sa Région ?
Celui qui habite à côté du lycée rénové l’an dernier, peut-être. Celle dont la vue est bouchée par un panneau indique que «votre région finance l’aménagement de ce rond-point», aussi. Mais qui, pour donner la liste complète des compétences de la région ? Et quand bien même vous connaitriez cette liste, seriez-vous capable de dire si c’est la commune, le département, la région, ou l’État (sans évoquer l’Union européenne) qui a sauvé l’entreprise Dubois, fabricant de palettes à Saint-Truc-la-Forêt et les 50 emplois qui lui étaient attachés ? Le théâtre des Amandiers, à Nanterre : qui le finance ? La culture, c’est l’État. Oui, mais c’est la région aussi. Et la municipalité, la culture, c’est pas la municipalité ?
La région est donc une autre de ces strates de décisions méconnues, «souffrant d’un déficit de visibilité», selon l’expression consacrée. Et notre État jacobin l’entend peut-être d’ailleurs ainsi : les doter de compétences concurrentes à celles de l’État n’est pas la meilleure façon d’assurer la juste perception de leur action ? Au-delà, combien de régions peuvent se targuer de susciter un sentiment spontané d’adhésion ?
Alors oui, cette campagne aura été peu mobilisatrice. Et l’on s’en étonnerait ? Au-delà encore des raisons structurelles, elle ne s’est réveillée, tristement, que sous l’effet de polémiques parasites, qui ont couvert de leur relatif fracas tout débat sur les enjeux régionaux. Dans une heure, nous saurons probablement que la majorité présidentielle en paiera le prix. Mais l’exécutif n’est-il pas puni par où il a pêché ? Souvenons-nous qu’il a anticipé ces régionales par un pari risqué, en passe d’être perdu : le débat sur l’identité nationale. Débat de mauvais augure, mal lancé, mal mené, occultant les sujets de fond, nationaux comme régionaux, et qui n’aura peut-être même pas permis de contenir le Front national.
Pour finir : les médias… Les articles pédagogiques sur les compétences régionales et les enjeux du scrutin n’ont éclos que dans ces tous derniers jours. Pas de quoi recadrer le débat, alors qu’on pourrait rêver de médias volontaristes, créant l’intérêt des électeurs au lieu de le suivre. D’autant que les surprises ne sont pas exclues : les citoyens présumés désabusés ont déjà détrompé les prévisionnistes de l’audimat.
Compétences ignorées, enjeux méconnus, polémiques parasites, information déficiente, on ne fera pas grief aux citoyens de s’être détournés du scrutin. Et l’on ne pleurera pas ces régionales, débat amputé. On ne pleurera pas non plus les scrutins régionaux si, une fois la réforme des collectivités territoriales adoptée, on devait désormais voter pour des «territoriales» aux enjeux clarifiés. Si seulement ils l’étaient…
également publié sur LeFigaro.fr
Crédit photo : jean_baptiste soufron sur Flick’r
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Vous l’aurez noté, il s’agit du premier billet, publié hier vers 19h30 sur le site du Figaro.
Je publierai également ici dans la journée; peut-être en fin de matinée, le deuxième billet…
les « régionales » seront-elles sauvées par les « territoriales » qui sont dans le projet de réforme des collectivités territoriales? ou un nouveau degré de confusion va t il s’ajouter aux précédents?
j’ai l’impression, qu’au delà de cet aspect « administratif », ce qui est aussi en cause, de fait,dans cette abstention, c’est la réalité de la « décentralisation »…
les français ignorent les noms des présidents de Conseil régional, général, parce qu’ils ont le sentiment que « Paris peut tout », que le pouvoir est centralisé, que l’élection présidentielle avec son côté « combat d’homme à homme » déclasse, de fait les autres… et que les médias se tournent toujours vers la présidentielle, plus facile et « vendeuse »…
et les débats que les compétences croisées des échelons contribuent à rendre incompréhensibles et donc peu démocratiques (cf. un Pécresse/Huchon jeudi dernier sur LCP)ne font rien pour arranger cet état de fait…
la question des échelons, des compétences, des modalités pour y intéresser l’électeur lambda est devant nous, et je ne suis pas certain qu’il ne faille pas revenir sur quelques transferts de compétence plus conçus comme des jeux de mistigri….
Ca faisait longtemps que je ne m’étais pas abstenu.
Déjà, je pense que la région est un échelon inutile, voire nuisible. En plus, le seul candidat pour lequel j’avais envie de voter était Alain Dolium. Mais pour une fois qu’on a un entrepreneur qui se lance dans la politique, il a fallu qu’il aille chez Bayrou 🙁
Mais bon, j’essaierai de me motiver dimanche prochain. Au premier tour on choisit, au 2e on élimine. Et entre Huchon et Pécresse, il n’y a quand même pas photo.
La pauvreté des débats sur les régionales tient au fait qu’aussi bien à droite qu’à gauche, personne n’a d’idées valables et nouvelles à proposer pour sortir de la crise.
Alors journalistes et politiques occupent le terrain médiatique avec des petites polémiques politiciennes.
Les Français ont bien senti que leur vote aux régionales ne changerait pas le cours des choses alors en masse ils se sont abstenus ou ont manifesté leurs états d’âme en votant contre le pouvoir en place au niveau national.
Trouver et désigner un bouc émissaire, ça aide à passer les crises.
Le vote au régional ne changera pas le cours des choses ? J’aimerais croire le contraire, à condition que la gauche fasse un meilleur score encore qu’au premier tour et avec un taux d’abstention moindre.
Je suis frappé par l’autisme de l’UMP, on verra ce dimanche s’ils trouvent encore des arguments pour nous expliquer que tout va bien, qu’il ne faut rien changer alors qu’ils ont réussi l’exploit de remettre en selle le PS (qui n’a pas encore de programme national) et le FN (on commençait un peu à s’en douter que ce climat délétère lui profiterait).
Avec le poids de la dette et les choix clientélistes de l’UMP (paquet fiscal, TVA dans la restauration, etc.) je crois que les présidentielles ouvrent leurs portes à l’alternance, du moins sur le papier.
Peut-être qu’une bonne gifle aux européennes les rendront moins arrogants à droite (à toujours parler au nom des français ils commencent à nous gonfler sévère), ce serait déjà ça de gagné grâce à ces élections.
@ Praxis,
Augmenter les retraites, embaucher des fonctionnaires, pourquoi pas, mais comment financer ?
Le paquet fiscal 15 Mds n’est maintenant qu’une broutille comparés aux déficits abyssaux de la sécu et du budget de l’Etat (140 Mds).
Pourquoi leurrer les Français en leur faisant miroiter de nouvelles dépenses dont personne ne peut raisonnablement imaginer un financement durable ?
Est-ce les respecter que de leur faire croire au Père Noël ?
@ Hervé :
En somme vous êtes persuadé qu’il n’y a pas d’alternative. C’est une pensée de vainqueur ou de vaincu ?
5 milliards aux restaurateurs, 2 milliards d’avantages fiscaux, ça donne une petite marge. Je pense qu’il faut carrément repenser toute notre politique fiscale, supprimer l’ISF, réduire les niches fiscales et repenser intégralement l’impôt progressif, le plus juste qui soit.
On tombera sans doute d’accord pour dire que la politique menée par l’UMP n’arrange pas du tout les finances publiques. Ils sont bien plus mauvais gestionnaires que le fut le gvt de Jospin : pourquoi continuer à leur faire confiance et accorder du crédit à leurs solutions ?
@Praxis,
« En somme vous êtes persuadé qu’il n’y a pas d’alternative. C’est une pensée de vainqueur ou de vaincu ? »
Je fais le constat qu’en termes de compétitivité sur les marchés mondiaux nous sommes effectivement quasiment vaincus.
Nos usines se délocalisent parce que nos produits sont trop chers et si l’on ne fait rien le chômage va perdurer.
L’alternative est donc la suivante :
1-Diminuer les prélèvements obligatoires grâce à un plan de rigueur accompagné de la suppression du bouclier fiscal et autres avantages consentis aux plus favorisés afin de rendre cette rigueur acceptable.
Accompagner cela par une TVA sociale qui redonnera de la compétitivité au « made in France »
2- Sortir de l’euro et donner au nouveau Franc un taux de change par rapport au dollar qui permette d’équilibrer notre balance commerciale.
Hervé : nous sommes d’accord sur l’option 1. La diminution des PO, en même temps, doit se faire de manière beaucoup plus équilibrée et moins idéologique que pratiquée en ce moment. Mais nous sommes d’accord sur l’essentiel.
Vous avez raison les gens non seulement ignorent les domaines de compétences de la région qui effectivement se recoupent souvent avec toutes les autres couches du 1000 feuilles; Ce qu’ils ne savent pas non plus , c’est que la réforme territoriale voudrait recentrer toutes ces responsabilités et supprimer toutes ces libertés prisent par les régions de dépenser par idéologie ou clientèlisme l’argent du contribuable pour la plus grande gloire de quelques uns qui sont reçus sur un tapis de roses mais ne rapportent rien au prestige de notre pays puisque ce sont de parfaits inconnus ; à cela s’ajoute des « ambassades » régionales entre autre à New York qui n’hésitent pas à « doubler » les services de l’ambassade de France…..à méditer ! N…
quelle(s)région (s) a une « ambassade » à new york?