Mardi, c'est philosophie

eh oui.

et c’est aussi kikadi.

« Un homme qui a de la profondeur dans son esprit comme dans ses convoitises, et aussi cette profondeur de la bienveillance qui est capable d’une sévérité et d’une dureté avec lesquelles on la confond souvent, ne peut jamais, quand il s’agit de la femme, penser qu’en oriental. Il doit considérer la femme comme sa propriété, comme un bien qu’on peut mettre sous clef, comme un être prédestiné à la domesticité et qui y trouve son accomplissement. »

Indice : il ne portait pas la barbe et souffrait d’atroces migraines.

Et l’autre :

« Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère »

Indice : il n’était pas pape mais il est mort tout de même.

Règlement : tout recours à Google ou tout autre outil de recherche serait la marque définitive d’un esprit mesquin.


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38 commentaires

  • « Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère.»

    Fin de la citation :
    « Ils ignorent qu’ils tarissent ainsi le goût de vivre d’une source essentielle. »

    Autre indice : il portait une robe mais ça n’est pas Gandhi

    Bonne journée aussi

  • Il portait une robe ?!…
    J’aime beaucoup la citation sur la mort.
    En tous cas, c’est un poète profond.

  • Est-ce une robe d’hopital? Denis Ledogar?

    Et pour le premier, Golda Méir? Est-ce il ou elle? oriental ou occidental?

  • Bon, je ne sais si Philo connaît la source de la citation ou s’il a vilement triché, sans toutefois donner le nom mais il est vrai : il porta (je dirais seulement « porta ») une robe, mais n’est pas Gandhi.

    Sur le second, vous avez déjà de bons indices. C’est donc un homme, qui a porté la robe, et auquel on n’attribuerait pas spontanément cette phrase, avant de se souvenir tout de même d’une parole d’adieu célèbre.

    En ce qui concerne le premier, il s’agit d’un philosophe, qui démontre par là que l’amour de la sagesse est un idéal, qui ne dispense pas de dire des conneries.

  • Pour le premier :

    « Ein Mann hingegen, der Tiefe hat, in seinem Geiste, wie in seinen Begierden, auch jene Tiefe des Wohlwollens, welche der Strenge und Haerte faehig ist, und leicht mit ihnen verwechselt wird, kann ueber das Weib immer nur orientalisch denken: er muss das Weib als Besitz, als verschliessbares Eigenthum, als etwas zur Dienstbarkeit Vorbestimmtes und in ihr sich Vollendendes fassen »

  • @koz : « elle ». Je=féminin en ce qui me concerne

    Sources :

    citation 2 : cours de philo en 2006 sur l’euthanasie
    citation 1 : ma « volumineuse » bibliothèque dans lequel il se trouve que j’avais le texte en VO mais j’ai fait copié/collé depuis le web (éloge de la paresse…)

    Voilou.

  • Bon, on peut donc donner la victoire en chantant à Mademoiselle (Madame ?) Philo qui a brillamment remporté cette épreuve.

    La 1ère est effectivement une citation de ce grand philosophe, Nieztsche, qu’il vaut mieux, semble-t-il, étudier avant de s’en réclamer.

    La seconde est issue de la préface de l’ouvrage de Marie de Hennezel, La mort intime, par François Mitterrand, qui avait conclu (il me semble) une allocution télévisée d’un : « je ne vous quitte pas, je crois aux forces de l’esprit« .

    Mon peu d’affection pour tonton ne m’oblige pas à ignorer une certaine densité intellectuelle chez lui.

    La première est pour moi une nouvelle occasion de constater que Niezstche est certainement un philosophe intéressant, mais qu’il n’est pas ma tasse de thé. Je termine un roman intéressant aussi, Et Nieztsche a pleuré, qui laisse penser que sa philosophie était fortement influencée par son expérience personnelle (ce que, selon le livre – basé sur des éléments réels – il revendiquait pour les autres, donc pour lui). On trouve toujours quelqu’un pour vous assaisonner une conversation d’un pontifiant « Dieu est mort », précisant aussitôt « Niezstche », le fait qu’il soit philosophe et allemand devant accréditer l’intérêt d’une formule lapidaire qui, en tant que telle, en est dépourvu.

  • Koz- Bien dommage que tu trouves sans intérêt la célèbre formule Nieztchéenne. Si je tente de répondre en quelques mots un peu rapides

    Dieu, comme mot, comme idée, comme vérité est par la nature des mots, des concepts et des vérités un produit de l’homme. Cela signifie au moins deux choses
    – Comme produit, Dieu est une construction
    – Comme construction au sens plein du terme, il a bel et bien existé (Notre-Dame de Paris est une construction, n’existe-t-elle pas?)

    La construction, l’effet de la volonté de puissance ou du verbe, n’est pas un phénomène superficiel, elle détermine profondément ce qui est -La bible ne dit-elle pas dans un sens qui pourrait ne pas être éloigné « qu’au début était le verbe »?-

    La formule de Nietzche inscrit le paradoxe de la construction dans ce qui fut la plus haute construction humaine – Dieu a bel et bien été… mais il n’est plus – tout au moins il n’est plus le Dieu qu’il a été – ce sommet ultime de toute construction humaine.

    Existe-t-il? ce n’est pas la question dans une pensée où la « vérité » même est un produit de la construction et de la volonté, où il n’y a pas de nature statique distincte de l’homme, une pensée qui considère qu’au début et encore aujourd’hui est… le verbe

    A Koz encore – je n’ai pas le temps de chercher la référence exacte, mais cette veine de pensée a eu -cela pourrait t’étonner- des filiations chrétiennes et même tout à fait catholiques – ce fut une (petite) partie du travail de Jean-Luc Marion. [ http://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Luc_Marion ] Il faudrait retrouver ses analyses sur Nietzche comme moment de la redécouverte de Dieu.

  • Koz, si tu veux te défaire de cette impression de densité intellectuelle à propos de Mitterrand, je te recommande le portrait (au vitriol, par définition) qu’en a fait Philippe Meyer, dans un bouquin paru en 1995, Eaux fortes, chez Flammarion. Tu y trouverais d’autres citations du « grand homme » non moins passionnantes, percutantes, lucides et originales que les deux citées ici.

    Avoir réussi à se faire passer pour un « sage » restera son escroquerie la plus réussie, et le dernier masque à faire tomber.

  • Tiens, dès que j’ai vu philosophe et migraine, j’ai d’une part tout de suite pensé à Nietzsche, mais aussi immédiatement considéré que le « Dieu est mort » serait rapidement cité.

    Bizarrement, je connais peu de monde qui cite à tout bout de champ Nietzsche. A vrai dire, j’ai longtemps cru, et c’était le cas de nombreuses personnes que j’ai rencontrées, que c’était un espèce de théoricien philosophique du nazisme avec son histoire de surhomme. Mais c’était avant que je ne me mette à le lire. Et oui, mieux vaut le lire avant s’en réclamer, c’est certes assez particulier, mais les conceptions qu’il expose sont vraiment passionnantes à mon avis, et justifient le statut qu’il a outre le fait qu’il soit un Allemand portant le titre de philosophe.

  • N’ayant pas attendu Nietzsche pour penser que Dieu n’existe pas, les énormités qu’il peut sortir me laissent indifférent. Des horreurs, on peut en trouver sous un paquet de plumes. Saletés antisémites chez Bernanos jeune, que pourtant je tiens pour un des rares chrétiens qui m’auraient donné envie de le rester. Haine de la tolérance chez un Claudel, remarquable écrivain qui m’a bien poussé à partir.

    « Je ne vous quitte pas, je crois aux forces de l’esprit ». Là aussi, pas besoin de croire à quelqu’au-delà pour que vive en moi le souvenir de mes parents. C’est la seule survie à laquelle je crois, et elle me suffit bien. Mais (et je vais sortir du cas Mitterrand, tant le bonhomme me déplaît, voir note chez Assouline) il est important que ce « je ne vous quitte pas » ne soit pas comme une sorte de menace. Les morts doivent avoir la politesse de ne pas peser au vivants.

  • Pour autant, je rejoins Mimi le Fourbe sur l’idée de la pauvreté actuelle du rapport à la mort, escamotée (ainsi, observez la rarissimeté de la tournure « est mort » dans les avis de décès). Quant au mystère, qu’il dit qu’on élude, voici ma position :

    « Je n’ai rien contre le mystère. Je vis dans un monde que je ne comprends pas, mais je fais avec. C’est le pouvoir sur leurs ouailles qu’en tirent beaucoup de clercs de toutes religions qui me révulse. »

  • Cratyle, ce que je disais plus haut, c’est que les 3/4 du temps, ceux qui me citent péremptoirement « Dieu est mort » citent à peu près tout ce qu’ils connaissent de Niezstche. Ils agitent une formule et un nom qui fait bien. D’autant qu’il a la réputation d’être prise de tête, donc puissant. C’est le fait de se limiter à cela qui n’a aucun intérêt. Et ce d’autant plus que Niezstche n’a pas seulement fait preuve d’un grand discernement dans ses propos, à preuve la citation que je rapporte.

    Après, la théorie que tu exposes en revanche peut être discutée. Ce n’est pas la théorie que je dis dépourvue d’intérêt.

  • Vous connaissez l’histoire ?

    Un étudiant en philosophie dans une grande faculté de Grande Bretagne écrivit en grosse lettre sur un des murs :

    Dieu est mort… signé F. Nietzsche !

    Un autre étudiant (chrétien) qui passait par là fut scandalisé par cette phrase et il écrivit juste en dessous :

    Nietzche est mort… signé Dieu !

  • Jmfayard, en mai 68, des copains anars avaient écrit sur un mur le bien connu : Ni dieu ni maître ! Des cathos ulcérés étaient passés barrer les deux « ni » sacrilèges et avaient écrit de façon que le slogan devienne : Dieu, le seul maître, et il sera défendu ! Les copains, morts de rire, étaient repassés pour écrire un définitif : Amen…

    Les mêmes, quelques années après, sur le passage d’un procession, avaient tendu un banderole entre deux fenêtres : Dieu n’existe pas, vous pouvez rentrer chez vous !

  • Arrêté de lire au commentaire de Koz du 22 à 10h24, qui m’a mis sur la voie pour le 2e: Mitterrand.

    Pour le premier, c’est Nietzsche, à cause des migraines.

    Bon maintenant je vais lire.

  • Ah, j’ai eu bon, youpi.

    Nietzsche n’est pas un philosophe, c’est un romancier autobiographe. Dire que ses écrits sont influencés par sa vie est une litote… il faut lire le Nietzsche de Zweig, il est très court et très bon. Mais il faut surtout lire Nietzsche, dans l’ordre chronologique. C’est plus un journal qu’autre chose, dans lequel il dit tout et son contraire, obsédé semble-t-il par l’idée d’oublier quelque chose, d’être pris en défaut. C’est un peu le nerd suprême, Nietzsche. C’est aussi l’histoire d’une expérience, d’une private joke de Dieu, dans laquelle on suit la trajectoire vers la folie d’un esprit hyper-rationnel qui se dévore lui-même.

    Nietzsche, c’est du divertissement de haut niveau. En revanche, on n’en retire à peu près rien. Etre Nietzsche ou lire Nietzsche, l’acte gratuit par excellence.

  • La citation « Dieu est mort » se retrouve sous la plume de Hegel, avant celle de Nietzsche…

    Un philosophe migraineux, c’était assez facile à deviner bien que Blaise Pascal n’ait pas non plus été épargné par ce genre de turpitudes… Et il ne portait pas la barbe non plus!

  • Rousseau avait sans doute des migraines et des fantasmes de mâle oriental. L’autre : René Girard ?
    Certifié sans Google.

  • Nietzsche, j’ai parcouru l’oeuvre entière en plusieurs gros pavés prêtés par un copain.

    La première fois ça m’a paru aussi rasoir qu’un texte de loi, quelques mois plus tard j’ai repris les pavés et ça m’a plu, ça m’évoquait plutôt du lyrisme, de la poésie un peu peplum.

    Avec le temps, le reconnais du talent mais ca fait penser beaucoup aux slogans publicitaires, pas pour rien que ceux ci ont repris des aphorismes de Friedrich.

    « Ce qui ne tue pas rend plus fort », ça me parait assez con comme phrase par le côté vérité révélée mais en fait rarement vérifiée.

    Une autre :  » Malheur aux créateurs », nettement mieux, mais le lapidaire est souvent présomptueux.

  • Cela dit, « ce qui ne me tue pas me rend plus fort« , c’est une idée qui me donne parfois du courage pour aller de l’avant, lorsque cela se présente mal.

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