Comme s’il ne s’agissait pas de l’un des choix les plus graves pour la Nation, accompagner au seuil de la mort les plus pauvres, les plus isolés, plus âgés, plus faibles, plus influençables, pour leur proposer un choix « libre et digne », comme si la légalisation de l’euthanasie n’était pas soutenue par 75 à 90% de bien-portants, voilà qu’ils travestissent le lexique, pipent les chiffres, plongent le débat dans la confusion.
D’où vient qu’Emmanuel Macron, Catherine Vautrin sur ses pas, tentent d’imposer l’idée qu’une personne qui s’administre une substance létale sous supervision médicale ne réalise pas un suicide assisté, que celui qui provoque la mort d’une autre, malade, à sa demande, n’accomplit pas une euthanasie ? Ce sont les définitions reconnues. Dans son interview initiale, notre président semi-habile disait lui-même que « le terme d’euthanasie désigne le fait de mettre fin aux jours de quelqu’un, avec ou même sans son consentement » affirmant ensuite que ce ne serait « évidemment pas le cas ici ». Il est pourtant prévu de mettre fin aux jours de quelqu’un avec son consentement. Il y a plus. Emmanuel Macron annonce que la décision prise le sera par une équipe, de façon collégiale ? Son projet prévoit qu’un médecin seul pourra prendre l’avis purement consultatif d’un spécialiste qui ne connaît pas le patient et d’un paramédical qui ne le connaît pas non plus. Rien à voir avec la procédure collégiale que les équipes médicales connaissent aujourd’hui, pour des actes moins graves. Il annonce des conditions strictes ? L’euthanasie pourra être réalisée par un proche dans le huis-clos du domicile. Il affirme mettre en place « une révolution d’humanité et de fraternité en action » en « investissant massivement » dans les soins palliatifs ? Ses 100 millions d’euros supplémentaires par an – à peine de quoi maintenir l’existant insuffisant – font pâle figure à côté, tenez, du milliard deux cent millions investis dans la « baignabilité de la Seine » pour les Jeux Olympiques.
Il y a bientôt deux ans, le Comité Consultatif National d’Ethique écrivait qu’il « ne serait pas éthique d’envisager une évolution de la législation si les mesures de santé publique recommandées dans le domaine des soins palliatifs ne sont pas prises en compte ». Ladite évolution est engagée. Certes, prendre en compte ne signifie pas respecter, mais comment notre comité pourrait-il considérer que la démarche de l’exécutif est éthique ? Au demeurant, parce qu’il fallait être volontairement naïf ou ordinairement complice pour imaginer sérieusement que la légalisation de l’euthanasie serait précédée d’un développement des soins palliatifs et adopter cet avis absolutoire, comment le CCNE qualifierait-il sa propre pratique ? Ethique ? Au seuil d’un bouleversement majeur, on se démène dans la gangue poisseuse de mystification dans laquelle le pouvoir enferme le débat, et la réalité.
Photo de Aziz Acharki sur Unsplash
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On nous présente ce projet de loi sous le couvercle « dignité », mais ne serait-il pas plus « digne » de donner les moyens à tous les acteurs d’´accompagner les personnes en fin de vie ?
Mais il ne faut pas se leurrer, il y a bien une question financière derrière tout ça : il coûtera bien moins cher à la société d’euthanasier ses « vieux » et ses malades que de les faire soigner. Et où sera t il noté que l’euthanasie sera faite dans la dignité ? Avec le peu de personnel soignant, ça me fait rire.
Et quelqu’un se met à la place du soignant qui sera obligé de faire l’injection létale ? Comment allons nous dormir le soir ? Nous avons choisi de soigner, non pas de tuer… merci de former dés bourreaux et de nous épargner ça…