Paris, 23h. Des Veilleurs, assis ou debout, toujours immobiles, sont sur la place. Comme chaque soir ou presque depuis des semaines, ils veillent, leur pays, leur conscience. Arrive le bus désormais connu sous le nom de #GAVbus. Sur un signal, dès les portes ouvertes, en rang par deux, les Veilleurs montent dans le bus. Peut-être décontenancés par cette interpellation volontaire, des gendarmes tentent d’empêcher les Veilleurs restant de grimper dans le panier à salade(s), tandis que, de l’intérieur, résonne ce cri : « arrêtez nos camarades !« . Au bout d’un quart d’heure, les gendarmes se refusant à satisfaire les revendications des interpellés volontaires, les Veilleurs, soucieux de l’ordre public et du bon emploi des forces de l’ordre, plus utiles dans les quartiers qu’à réprimer les libertés fondamentales, insistent : « chauffeur, rue de l’Evangile !« .
Je n’ai pas fait un rêve. Mais cette idée m’a traversé l’esprit.
Il faut dire qu’il y a de quoi se demander si le mouvement des Veilleurs ne devrait pas rejoindre l’exécutif dans son goût pour l’absurde.
Depuis quelques jours, de nombreuses personnes se relaient spontanément pour une protestation silencieuse et immobile contre l’incarcération de Nicolas Bernard-Buss. Le principe est inspiré du protestataire Turc, resté simplement immobilie et silencieux au milieu d’une place. Les Veilleurs Debout sont juste là, immobiles, silencieux. Ils ne scandent aucun slogan, n’entravent pas la circulation, ne portent aucun signe distinctif. Ils restent à bonne distance les uns des autres. Ils disent bonjour à la dame et merci à la crémière.
Eh bien, songez qu’un commissaire a eu l’idée savoureuse de leur ordonner de se regrouper, pour les sommer de se disperser. Les forces de l’ordre ont aujourd’hui un sens consommé du burlesque.
Notez pourtant que cette action n’est pas une manifestation et, à supposer qu’elle puisse constituer un attroupement, ce qui pourrait être discuté compte tenu de l’espacement, il ne peut être dispersé que s’il est « susceptible de troubler l’ordre public ». On sait grande la susceptibilité des commissaires mais ce n’est pas cela que vise le texte, aussi large soit ce critère. Le trouble à l’ordre public est, lui, bien discutable, compte tenu des modalités d’action que j’ai sus visées.
Cela n’a pas empêché les forces police, sur ordre, de procéder à des interpellations. Cela n’a pas empêché Manuel Valls de faire défiler ses petits soldats comme à la parade, en une place Vendôme sur laquelle on peine à seulement distinguer la présence d’un fauteur de troubles. Je serais curieux de savoir comment nos droits gendarmes ont ressenti le ridicule de leur déploiement.
A la longue, la comédie lasse, toutefois. Et le comportement policier choque. Comme choque le comportement de ces socialistes qui, une fois au pouvoir, se vautrent complaisament dans les délices policières. La griserie du pouvoir… Manuel Valls, pourtant, faisait état il y a peu de ses racines espagnoles, du combat des républicains, de sa connaissance intime du fascisme. On aimerait que cela l’inspire à plus de considération pour les libertés, au lieu de cette jubilation policière manifeste.
Vous ne seriez pas curé, je vous foutrais deux baffes !Jean-François Carenco... préfet de la RépubliqueOn est choqués d’apprendre aussi que le représentant de l’Etat, Monsieur le préfet Jean-François Carenco a pu lancer au Père Didier Pirrodon, curé de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, qui venait l’interroger sur les contrôles d’identité en cours à la sortie de son église : « vous ne seriez pas curé, je vous foutrais deux baffes !« . Le propos, lancé en présence de Manuel Valls, ne lui a valu aucune remontrance. Bien au contraire, Manuel Valls s’est montré condescendant à son égard et le Père Pirrodon a été conduit au poste pour un contrôle d’identité. Interrogé, le chef de cabinet du préfet a justifié cette atteinte à sa liberté d’un ridicule : « il fallait bien savoir qui était ce monsieur« . Le monsieur étant le curé du village, inscrit sur la liste des invités et, si cela ne suffit pas, le contrôle de son identité ne justifiant évidemment pas de l’emmener au poste.
Ces évènements ne sont que la suite de trop nombreuses applications autoritaires de la loi, quand les ordres donnés ne sont pas tout simplement illégaux. A l’initiative d’Hervé Mariton et de Jean-Frédéric Poisson, une cinquantaine de parlementaires avait d’ailleurs attiré expressément l’attention de François Hollande sur le respect des lois, dans une lettre somme toute fort mesurée. La question se fait moins burlesque et peut inquiéter le juriste, en ce qu’elle concerne in fine les libertés fondamentales.
C’est d’ailleurs ces ordres qui ont conduit le Conseil de l’Europe à lancer un avertissement à la France, en joyeuse compagnie de la Turquie, contre l’usage disproportionné de la force contre les manifestants. Dans la décision votée, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe rappelle :
« que la liberté de réunion et d’association, y compris lors de manifestations non organisées et non autorisées, est un droit essentiel dans une démocratie[1], garanti par l’article 11 de la Convention européenne des droits de l’homme (STE n° 5), et rappelé de manière constante par la Cour européenne des droits de l’homme dans sa jurisprudence. »
Et l’on s’interroge sur la partialité comme sur l’accoutumance à la répression qui nous (enfin, nous…) amène à considérer normal qu’il soit interdit de se présenter immobile et silencieux devant un bâtiment public. Pour quelle raison ? Parce que l’opinion exprimée déplaît au Prince ? Ou à la ministre ? En Grande-Bretagne, les manifestants occupent régulièrement le trottoir face au 10, Downing Street. Ils arborent des pancartes, crient des slogans. Aux Etats-Unis, les manifestations devant la Maison Blanche sont régulières, et la mère d’un soldat tué en Irak a pu camper devant la Maison Blanche. C’était l’Amérique de George Bush. Elle contraste avec la France, « patrie des droits de l’Homme« , de François Hollande.
Que l’on partage ou non les positions des Veilleurs et celles des Veilleurs Debout, que l’on soit las de leurs actions, aucun Français ne devrait accepter cette situation.
Avec mes salutations citoyennes aux voltairiens de pacotille qui se gargarisent de cette fameuse phrase que n’a d’ailleurs jamais prononcée ni écrite Voltaire, et qui sont bien silencieux aujourd’hui.[2]
photo : jfgornet
- ôtez-moi d’un doute : Nicolas Bernard-Buss n’est pas incaracéré pour l’exercice d’un droit essentiel dans une démocratie ? Mais non, je plaisante : il ne l’est que pour les conséquences de son interpellation. Auparavant, il n’avait « rien fait de mal« . Ah, en prime, pour les adeptes de la pirouette rhétorique du ça-ne-vous-choquait-pas-tant-que-ça-hier pour expliquer qu’ils acceptent tout aujourd’hui : un petit texte, pour rappel, à propos du fichage [↩]
- à une rare et très louable exception près [↩]
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je me croyais en France , terre de la liberté… je me croyais donc en droit de dire ce que je pense .. et je découvre avec stupeur que la France n’est plus la France depuis un an passé et que dire ce que l’on pense n’est plus autorisé , que cela donne droit à une incarcération , alors que d’autres cassent vitrines, voitures, cassent du représentant de l’ordre en toute impunité !! comment accepter que Nicolas soit en prison ?? jusque quand cela va t il durer ?? que faire ?? je suis révolté !!
Tres bon billet la question est pourquoi sommes nous si peu à réagir ?
Je me demande si les Français n’ont pas le pays qu ils méritent nous étions nombreux dans la rue mais combien trouvent des excuses pour faire autre chose?
Nous découvrons aujourd’ hui l arbitraire de la police et la saleté des prisons mais cela fait des années que c’est ainsi, la terreur de l’étudiant pénaliste c’est le contrôle d’identité ou la garde à vue tant ce sujet depuis des années est complexe….et depuis des années les institutions internationales condamnent la France pour cela….
Je n’ai plus trop confiance dans ce pays ai je tort?
@ Alglave Bernard:
Moi c’est pire: après avoir cherché si l’incarcération de nicolas était légale (elle ne l’est pas, allez voir sur mon blog…); ou plutot elle ne l’est que grace à une juriprudence qui donne un périmètre très large aux termes de la loi pénale, pourtant d’interprétation stricte), eh bien…
Ce sentiment de colère, légitime, adapté, je l’ai perdu.
Je m’y suis habitué. Oh, je cvontinue les veilleurs, je rejoint les veilleurs debout, les veilleurs, la manif pour tous, peut être les hommens, même s’ils ne sont pas dans la même catégorie, mais je n’ai plus qu’un sentiment de dégout.
Je regrette cette perte, parce que ce sentiment, surtout si on le controle, était la bonne réponse, l’attitude adaptée.
Ca n’empèche pas la non violence, maisd cela permet de garder sa détermination à faire changer les choses.
Parce que je ne crois pas une seule seconde que cela n’ait pas été favorisé par les lois sécuritaires de nicolas sarkozy lorsqu’il était au pouvoir, notamment sur l’interdicition de s’opposer à des prélèvements d’ADN illégaux, qui date de cette période…
@venot, vous avez écrit: » Je n’ai plus trop confiance dans ce pays ai je tort? » Gardez espoir. Les mineurs français durement réprimés en 1948 ont obtenu réparation de la justice française 63 ans après. Le ministre de l’intérieur de l’époque s’appelait Jules Moch. Il était membre de la SFIO qui deviendra plus tard le PS. Il est mort de vieillesse dans son lit. Pour en savoir plus voir le lien canadien suivant: http://nefacmtl.blogspot.fr/2011/07/france-la-grande-greve-des-mineurs-de.html
Moi ce qui me surprend dans ces manifestations des veilleurs debout ou assis, c’est qu’ils ne comprennent pas que même pacifiquement ils troublent l’ordre public.
En effet pour toute manifestation quelle quelle soit, la loi dit qu’il faut demander une autorisation. Au Royaume Uni comme aux Etats Unis, il n’y a pas autant d’encadrement qu’en France. Est ce que vous imaginez notre pays avec des manifestants pour toutes sortes de causes manifester comme ça à tout moment dans tout lieu à n’importe quel moment. Cette loi sur les manifestations a été faite pour protéger et les manifestants et les non manifestants. Elle permet un encadrement et l’assurance de la libre expression.
Ce n’est pas du tout ce qui se passe avec les veilleurs. Ils occupent un lieux public et en privent les autres personnes. Que diriez vous si une manifestations spontanée avait lieux devant Notre Dame et bloquait son accès? La police interviendrait et c’est tout à fait normal.
Ensuite une loi qui a été voté il n’y a pas si longtemps par l’ancien gouvernement interdisait les prières de rue. Ces veilleurs que font ils ? Ils prient, ils chantent, ils implorent.
Nous sommes dans un état laîc parait il non? Et la place de la religion par ces manifestations de prières et de chants religieux, ne doivent donc se tenir que dans les lieux de culte.
J’ai aussi du mal à comprendre pourquoi une minorité s’acharne après une loi qui a été voté. Cette minorité sait que la loi ne changera pas avec ce gouvernement de gauche. Alors pourquoi ne pas attendre un gouvernement de droite ou d’extrème droite pour relancer ce combat.
A force d’être présent, ce combat n’en est plus, vu qu’il se fond dans le paysage français. Nos touristes sont au courant du combat qui est mené, ça les fait rire et même pour certains si ils n’ont pas pris de photos des veilleurs ils sont déçus, c’est pour eux comme si ils n’avaient pas pu monter à la tour eiffel pour cause de grève des employés.
Le tour de France commence demain, et cette manifestation sportive est regarder dans le monde entier. Les sympathisants de la manif pour tous ont décidé de se mettre sur le parcourt et de montrer au monde que le combat continue. Il faut savoir que une grande majorité des personnes étrangères qui regarde se programme, ne parle pas français. Pour ceux qui comprennent le français, beaucoup ne comprennent pas ce mouvement. Il va y avoir même des amalgames du style, c’est l’Eglise Catholique ou les couples catholiques qui manifestent contre le Tour de France. Vous trouvez que c’est une bonne image à montrer au monde de ce qu’est notre religion Catholique? Moi ça me fait honte que ma foi se trouve autant bafouée.
Pfff, se la péter sur le changement de genre de délice au pluriel et ne pas savoir qu’événement a deux accents aigus…
(je reviens plus tard avec un commentaire plus constructif)
L’idée de début est excellente et serait cohérente avec la stratégie de contre pied des Veilleurs!
Sur le fond je suis assez d’accord sur ce que dit le blog Thomas More sur la nécessité d’un Habeas Corpus à la française: http://thomasmore.wordpress.com/2013/06/21/apres-la-garde-a-vue-pour-tous-un-habeas-corpus-a-la-francaise/
Mais la meilleure loi du monde ne vaut que si elle est servie par des hommes intègres. Il s’en trouve toujours qui ne le sont pas (les violences policières existent aussi dans les pays ayant l’Habeas Corpus). Ce qui rend la situation préoccupante c’est la faiblesse des contre pouvoirs naturels que sont les media. Dans le cas de Nicolas, il faut reconnaître qu’il y a eu quelques réactions y compris de journalistes ouvertement pro mariage pour tous (type Apathie). Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce minimum d’indignation n’est pas à la hauteur de ce déni de justice ni des centaines de GAV. Sans contre pouvoir des lois mal servies deviennent dangereuses. Nous y sommes!
Mme Vallaud-Belkacem a fait une petite phrase méprisante sur le fait que le Conseil de l’Europe mettait la Turquie et la France sur le même plan. Je me demande si on ne pourrait pas la soupçonner de turcophobie et d’europhobie. En plus, comme les autorités turques ont reconnu qu’on ne pouvait légitimement agir contre des gens debout immobiles, on est mal placé pour se sentir supérieur à la Turquie sur ce point… Il faudrait peut-être pouvoir contrôler les personnes immobiles pour vérifier qu’elles n’ont ni explosifs ni armes à feu, cependant, car on peut concevoir que les services de sécurité aient des sueurs froides devant ce genre d’action (au jardin du Luxembourg, de même, le zèle des agents était compréhensible vu qu’il est assez facile de renter de force dans le Sénat par le jardin).
Un certain nombre de gens sont réellement persuadés que les opposants au mariage gay sont tous uniquement animés par des tendances fascisantes, violentes et homophobes. Ils réagissent en conséquence de cette croyance et sont donc en décalage avec la réalité pacifique l’immense majorité des actions. C’est triste pour eux car ils souffrent de voir autant de haine partout alors qu’il leur suffirait de remettre en question leur croyance pour se rendre compte que la haine n’est pas le moteur de la plupart des opposants. Et c’est particulièrement malheureux pour les homosexuels qui se sentent personnellement agressés.
Enfin, après force dénonciations de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, on remarque que la gauche n’a non seulement pris aucune mesure cohérente pour rétablir et garantir les libertés (il faut dire que le garde des sceaux avait d’autres priorités) mais que c’est même grâce à elle qu’on peut constater à quel point ces lois peuvent être interprétées de façon politique et liberticide.
J’oubliais: la multiplication des scènes ubuesques relatées un peu partout conforte la rumeur selon laquelle le pouvoir panique car il ne comprend pas ce qu’il a en face de lui (l’UMP non plus d’ailleurs à quelques exceptions notables près). Et ça c’est une bonne nouvelle! Enfin pas pour ceux qui se retrouvent en GAV ou sous les matraques:)
Je n’ai pas mis les pieds en France depuis un an et je me dis, à la lecture de ceci, que je vais trouver l’atmosphère un brin bizarre lorsque je viendrai en vacances cet été.
L’article en lien, à propos du Père Pirrodon, montre des autorités qui perdent tout sang-froid et sombrent dans un comportement ubuesque. Il en est de même pour les réactions de la police face à l’astucieuse mais inoffensive technique des « Veilleurs debout ».
Le gouvernement n’a pas vu venir l’ampleur de la contestation face à sa réforme sur le mariage, et, par ses réactions maladroites, a contribué à l’amplifier. Une fois la loi passée, le mouvement devrait logiquement refluer. Si cela ne se produit pas, c’est parce qu’il y a eu radicalisation en cours de route, mais aussi parce que les excès policiers entretiennent la fièvre. J’ai du mal à comprendre pourquoi on ne pourrait pas traiter les Veilleurs debout avec une indifférence polie, plutôt que de leur envoyer des paniers à salade.
Pour ce qui est de Nicolas Bernard-Buss, je ne suis pas de ceux qui ont été révoltés par la sentence prononcée. Elle est sévère, peut-être excessive, mais justifiée en droit: aller parler de « dictature socialiste » à cet égard est grotesque. Par contre, sur le plan politique, il y a du dégât. Le gouvernement se grandirait en cherchant l’apaisement, comme le suggère très justement Christophe Girard.
La violence dans l’expression des divisions politiques françaises est le bilan désolant de toute cette affaire. Pour ma part, je trouve que c’est, de loin, la conséquence la plus grave de la loi Taubira.
Lib a écrit ::
Toi, t’es allé à l’école avant la réforme. Moi aussi, et je suis bien content d’avoir encore, par tolérance, le droit d’écrire « événement » comme la maîtresse me l’a appris 🙂
« Avec mes salutations citoyennes aux voltairiens de pacotille qui se gargarisent de cette fameuse phrase que n’a d’ailleurs jamais prononcée ni écrite Voltaire, et qui sont bien silencieux aujourd’hui. »
N’inversons pas les rôles.
Les plus patients, les plus bienveillants de vos détracteurs, vous ont invité, dans un geste assez généreux, à venir gonfler la foule de ceux qui dénoncent, depuis si longtemps les lois liberticides et les réflexes sécuritaires. Pourquoi leur répondre par ce méprisant terme de Voltairien de pacotille ? L’intransigeance du fraichement converti certainement…
Je me demande quand va cesser cette surenchère de provocation de part et d’autres. Un Nicolas, ça ne suffit pas ? Il faut aller jusqu’à un Malik Ossékine ?
Le jusqu’auboutisme a ses limites et la République Française, de Droite comme de Gauche sait elle aussi ne rien lâcher, parfois avec violence.
Gwynfrid a écrit ::
A cet égard, je te rassure, j’ai même de très bons amis qui vivent parfaitement en s’en foutant royalement. Il suffit de ne pas être soucieux des libertés publiques, ou de ne s’en soucier que lorsqu’elles garantissent les droits de ceux qui pensent comme toi.
Gwynfrid a écrit ::
Je suis bien d’accord avec toi à cet égard. Comme je l’ai dit sur Facebook, et avec toute l’admiration que j’ai pour leur action, il aurait pu suffire au gouvernement d’appliquer le bon vieux précepte : « don’t feed the troll« . Ca marche aussi pour l’ordre public. C’est là que le gouvernement semble basculer dans une démarche autoritaire : en gros, il ne veut plus voir une tête qui dépasse. Un slogan, un sweat, un drapeau sont inacceptables pour lui.
Quant aux excès policiers, certains nous reprochent d’être excessifs nous-mêmes. C’est évident : ils ne sont pas venus nous « buter jusque dans les chiottes« . Mais ce que suggère le texte du Conseil de l’Europe, c’est bien la notion de proportionnalité. A l’exception du soir de la dernière manif, les affrontements ont été ridiculement peu nombreux. Alors, ce que l’on attend, c’est bien une réponse proportionnée. Les gens qui manifestaient sont somme toute des gens qui se tiennent bien, ne dégradent rien, n’agressent personne. Se trouver traités comme si nous étions une menace pour le pays, et voir autant d’interpellations, de gardes à vue, pour si peu, en effet, cela radicalise. Ou plutôt cela conduit à manifester contre le traitement des manifestations précédentes. Je connais un bon nombre de personnes qui, au lieu de rester tranquillement dans leur salon, ont fini par aller manifester parce qu’elles ont été interpellées par le traitement policier.
Il faut ajouter à cela le fait que, pour beaucoup, ce qui ets en jeu est une conviction qui ressort de la conception même de l’Homme, de l’humanité. C’est aussi cela qu’ils veillent, de façon parfois funèbre.
Gwynfrid a écrit ::
Là, je diverge un peu. Non pas sur l’expression « dicature socialiste », que je trouve ridicule, mais sur le bien-fondé de la décision. On ne compte pas les militants d’autres causes qui ne font pas de la prison ferme pour les mêmes faits. On me dit que c’est qu’ils ne sont pas passés en comparution immédiate : eh bien j’ai du mal à comprendre que le mode de traitement de l’affaire (à la libre disposition de l’autorité de poursuite) justifie une peine différente pour des faits identiques.
N’oublie pas, non plus, qu’il ne lui est rien reproché d’autre que ce qui relève de l’interpellation. Bref, s’il n’y avait pas eu la rébellion alléguée et le refus de se soumettre à un test ADN, il n’y avait aucune incrimination à son encontre.
zeyesnidzeno a écrit ::
Je sais que la mode est au burlesque, mais c’est se foutre de ma gueule. Un « geste généreux » ? Je peux pouffer ? Et pourquoi pas « magnanime« , tant que tu y es ?
Poursuis donc la lectue jusqu’au bout : quand la question du fichage s’est posée, pour Xavier Matthieu, qui avait eu recours à une action violente, contrairement à Nicolas Bernard-Buss, j’ai écrit que je trouvais le fichage ADN disproportionné et malvenu.
Tes seuls tweets ont pour thème unique : « que disiez-vous avant ?« . En l’occurrence, moi, j’ai dit et écrit. Toi, aujourd’hui, tu es parfaitement silencieuse, tu cautionnes tranquillou, sur fond de quoi ? De vengeance ? Les rôles sont tout à fait bien distribués.
A vrai dire, votre position est moralement indéfendable. Entre ceux qui ne se choquaient pas hier de ce qui concernait le camp d’en face (c’est moche mais c’est humain), et qui découvriraient aujourd’hui les enjeux, et ceux qui appliquent aujourd’hui ce qu’ils dénonçaient avec force hier comme liberticides, franchement, y’a pas de quoi la ramener.
Je suis en tout cas ravi que cette expression t’interpelle, elle me parait parfaitement adaptée et je te sais au moins gré de t’être sentie à juste titre concernée. Mais rassure-toi, vous êtes bien nombreux à communier dans la même hypocrisie et ce, en toute bonne conscience.
Avec mes amitiés républicaines, toujours.
@ Lib : c’est vrai que tu as fait plus puissant 😉 Bon, en l’occurrence, je ne me la pète pas vraiment puisque j’avais d’abord titré « les délices policiers » et que l’on m’a repris, sur Facebook. Du coup, tu te retrouves tout seul à te la péter avefc ta remarque orthographique. Toc.
Amélie a écrit ::
Je suis parfaitement d’accord avec ce que vous écrivez. Ils sont nombreux à penser sincèrement qu’on « les déteste ». Affirmer le contraire ne change pas grand-chose. Et c’est effectivement triste.
@ Fred pfiou, on repart loin, là…
:
Fred a écrit ::
Une autre option serait que le constat de ce que cela ne fonctionne aps ainsi au Royaume-uni et aux Etats-Unis fasse titlt dans votre tête et que vous vous disiez qu’après tout, ces deux pays n’ont pas l’air d’avoir sombré dans l’anarchie. Dès lors, peut-être pourrait-on penser que cet « encadrement » n’est pas très ajusté.
Fred a écrit ::
Là, malheureusement, c’est votre petite définition du trouble à l’ordre public. Par chance, nous n’avons pas versé dans un régime autoritaire et ce n’est pas la conception que retiennent les tribunaux.
Pour info, à retenir vos critères, un groupe de potes qui fait un pique-nique sur le Champ-de-mars troublerait pareillement l’ordre public.
Fred a écrit ::
Ok, là, on délire. Ils « implorent » ? kesskécé ? Et non, ils ne prient pas. Ah bien sûr, j’ai bien conscience qu’une ignorance crasse est largement partagée mais il ne suffit pas d’allumer une bougie dans le noir et chanter un chant pour qu’il s’agisse d’une prière.
Bon, malheureusement, vous vous dites catholique et vous ne devriez pas faire les confusions communes. Comme quoi…
Amélie a écrit ::
Je reviens à vous mais oui, voilà. Nous sommes tout à fait d’accord. Nos donneurs de leçons n’ont pas l’air de vouloir s’interroger sur le fait que la police de ce pouvoir socialiste use à loisir des lois qu’ils dénonçaient avant. Leur seule réponse est : vous ne les dénonciez pas hier (ce qui est, je le répète, faux dans mon cas). On ne les aurait pas dénoncées hier, donc il faudrait les laisser se vautrer dedans aujourd’hui ? Leur totale incohérence n’a pas l’air de leur sauter aux yeux. Il faut dire qu’il doit être très désagréable de découvrir que l’on ne correspond pas à la belle image que l’on avait voulu se forger de soi, et qu’au lieu d’être un glorieux défenseur des libertés, on n’est finalement rien de plus qu’un militant.
Tu m’énerve Koz avec tes toujours excellents billets dont celui-ci que je me suis empressé de partager avec l’intro poilante! 🙂
Mais en fait ton paragraphe sur les manifestations devant de 10 Downing street et la Maison Blanche en contraste avec la France et L’Elysée est vraiment très parlant !
zeyesnidzeno a écrit ::
Vous êtes fort gentille alors… Mais bon, on peut causer. L’abrogation, ou du moins la révision, de la loi de sécurité intérieure de 2003 n’est pas dans les 60 propositions de François Hollande, mais ça n’interdit pas de se poser la question. Je suis prêt à examiner le contenu d’une pétition que vous proposeriez sur le sujet.
Koz a écrit ::
C’est toi le pro du droit, donc je parlerai juste de ce que j’ai compris, qui est peut-être erronné. J’ai compris que 1) quand les flics veulent t’arrêter, tu n’es pas censé courir, mais te soumettre à l’interpellation (si j’ai bien lu mon Eolas, le seul fait de de se débattre qualifie la rébellion), que 2) quand tu déclines ton identité, tu donnes le même nom qui est celui qui est écrit sur ton passeport et que 3) si tu ne veux pas aggraver ton cas, tu ne fais pas le fiérot devant le juge.
Koz a écrit ::
Là, pour le coup, je trouve qu’on est sur un truc important, et qui mérite action, pas juste tristesse. Les homosexuels sont convaincus que l’affaire a causé une résurgence d’homophobie, et il y a des sondages qui vont dans ce sens. Qu’est-ce qu’on fait? Je suis particulièrement inquiet de voir mon Église en situation d’échec complet sur le sujet. Et je ne vois pas venir d’initiative nouvelle, qui tiendrait compte de la situation présente. Malheureusement, je n’ai pas d’idée miracle, non plus.
Cher Maitre Koz,
C’est toujours un plaisir de vous lire.
Que ce soit sur un sujet comme les inondations de Lourdes, qui touche à l’âme, ou sur la situation ubuesque des GAV de Veilleurs, vous avez le do de trouver la phrase qui fait mouche. Du rire à l’émotion…
@koz effectivement en parallèle des initiatives que chaque catho peut faire pour dialoguer avec les homosexuels nombreux à penser sincèrement qu’on « les déteste », il y a une pastorale envers les personnes homosexuelles à construire.
Mais bon il y a des initiatives comme comme http://www.homovox.com qui à toute petite échelle certes a concrètement permis de faire tomber des préjugés parmis les personnes homosexuelles pas cathos et les cathos non homosexuels qui y sont engagés…
Il y a la tournée des lycées et de conférences que Philippe Arino à faites.
Et cet été il y a la session 18-25 à Paray-le-Monial ou 4000 jeunes vont pouvoir écouter et se former à l’accueil des personnes homosexuelles grâce à la présence de Philippe Arino et le dialogue avec lui, même si le thème de ses interventions est plus global…
http://www.forumdesjeunes.com/Annonce-des-parcours-2013
C’est peu certes mais c’est une début…
« Tes seuls tweets ont pour thème unique : « que disiez-vous avant ?« . En l’occurrence, moi, j’ai dit et écrit. Toi, aujourd’hui, tu es parfaitement silencieuse, tu cautionnes tranquillou, sur fond de quoi ? De vengeance ? Les rôles sont tout à fait bien distribués. «
Tu m’as mal lue alors.
Relis moi, tu verras que ma position est bien différente de celle que tu décris. Mais je comprends, tu cherches un homme de paille. Il va falloir que tu cherches encore un peu.
Gwynfrid a écrit ::
Oui, il faut causer. Hollande a bien prévu de revenir sur les lois liées à la récidive, notamment, cette abrogation est prévue dans un grand projet présenté par Taubira début 2014 (j’entends déjà, d’ailleurs, les cris orfraie de l’opposition). Le récent scandale de la NSA, le fichier FNAEG, ou la prison ferme pour des gosses qui n’ont rien à y faire sont autant de sujets qui devraient mobiliser massivement, au delà des positions partisanes. Et ce combat, contrairement à ce qu’on aimerait nous faire croire, n’est pas un combat historiquement mené par la droite.
Mais il n’est jamais trop tard.
« …1) quand les flics veulent t’arrêter, tu n’es pas censé courir, mais te soumettre à l’interpellation (si j’ai bien lu mon Eolas, le seul fait de de se débattre qualifie la rébellion), que 2) quand tu déclines ton identité, tu donnes le même nom qui est celui qui est écrit sur ton passeport et que 3) si tu ne veux pas aggraver ton cas, tu ne fais pas le fiérot devant le juge. »
C’est tout bête, mais c’est ainsi…des témoins qui ont protesté devant des expulsions trop violentes, l’ont appris à leurs dépens. L’application, non des lois, mais des circulaires, est trop souvent très personnelle. Par contre, ce qui s’est passé avec le prêtre « INVITE », est loufoque . Parfaite illustration d’excès de zèle d’humanoïdes soucieux de satisfaire leur hiérarchie. Quant aux contrôles et autres joyeusetés, ils permettront désormais de se voir attribuée la mention (aimée des médias) « connu des services de police »…Tout cela devient vraiment pénible.
@ Fred:
« Que diriez vous si une manifestations spontanée avait lieux devant Notre Dame et bloquait son accès? »
une manifestation comme les veilleurs debout? je dirai d’accord. un gars debout silencieux non menaçant sans panneau injurieux. il aura beau être très très obèse; je n’aurai pas de mal à rentrer dans Notre Dame, ni les 150 000 touristes après.
une manifestation comme les veilleurs assis? je dirai oui. plusieurs, plus ou moins silencieux, chants respectueux, textes philosophiques, sans injures. de jolies loupiottes. ils auront beau être nombreux, je n’aurai pas de mal à rentrer dans Notre Dame, ni les 150 000 touristes après.
Quant au contenu:
les veilleurs debout. sont silencieux. donc peut être qu’ils prient (mais en silence. vos délicates oreilles si compatissantes pour le laïciste qui s’outre facilement n’en seront donc pas offensées) peut être qu’ils lisent, peut être qu’ils bossent un cours, ou même, peut être qu’ils lisent Koztoujours sur leur smartphone… et alors?
les veilleurs assis: et bien le chant de l’espérance, une prière… pas inscrite encore au missel romain, et donc??! Aragon, Victor Hugo, … houla! c’est aggressif comme lecture, je ne vous dis pas!
ils chantent;. ciel! et donc?
ils implorent??? vous auriez pu dire qu’ils sanglottaient et meuglaient aussi.
et dans les deux cas, les veilleurs ne privent pas les autres de ce lieu public. (ah moins que vous vouliez vous faire photographier pile sur cette marche du palais de justice? ah moins que ce carré de pelouse vous manque et que tout soit dépeuplé! lol)
Ce qui m’inquiète aussi, avec ces interpellations, GAV, comparution immédiate, c’est ce qui sera inscrit ou non sur le casier judiciaire. Pas d’inquiétude pour le numéro 3. Par contre, le numéro 2 demandé par les administrations etc…, pour tout dépôt de dossier ou de candidature (?) risque d’être très gênant, ne serait-ce que par l’interprétation qu’en fera celui ou celle qui le lira…et ça, je n’aime pas du tout…
Juste une rectification factuelle : la mère de ce soldat mort en Irak n’a pas campé devant la Maison-Blanche (c’est interdit pour des raisons de sécurité) mais devant son ranch personnel à Crawford au Texas.
Ravi de cette prise de conscience sur l’état des libertés en France. Une précision, plus pour les commentateurs que pour toi : les libertés ne reculent pas en France : elles n’ont que peu ou pas avancé. J’espère que la droite ne l’oubliera pas quand elle reviendra au pouvoir et prendra enfin des lois protectrices des libertés individuelles que la gauche avait promise mais, tétanisée par un FN qui la vire du premier tour, ne prendra pas.
Et pour ceux qui me demanderaient à quoi je pense : un habeas corpus. La possibilité pour toute personne interpellée de saisir un juge pour demander qu’elle soit immédiatement relâchée du fait de l’illégalité manifeste de cette privation de liberté. Car les centaines de manifestants, veilleurs, etc, interpellés, contrôlés ou placés en GAV dont l’affaire ne donne pas lieu à des suites plus graves qu’un rappel à la loi ne pourront jamais faire juger de la légalité de ce qui leur est arrivé par un juge.
Rien ne vaut l’application à tous de la loi commune pour en juger le niveau. Toutes les grandes lois pro-libertés ont suivi des scandales où des ministres ont goûté la paille des geôles.
@à ceux qui parlent du sentiment d’homophobie des personnes homosexuelles
Lors de la veillée place de la République, de part et d’autre du passage piéton et des gendarmes qui nous séparaient, un veilleur a lu un texte de Simone Weil sur le droit et l’obligation. Il l’a ensuite commenté en disant qu’il s’était trouvé coincé entre deux obligations contraires dues à deux constats : la souffrance des homosexuels et la souffrance des enfants. Il avait choisi de défendre les enfants sans oublier l’autre obligation.
La loi permet désormais l’adoption plénière de l’enfant du conjoint fabriqué par PMA en Belgique ou en Espagne. Il n’y a jamais eu de débat de fond sur la PMA et celle-ci est illégale en France pour les femmes homosexuelles.
On peut se résigner : la loi est passée et les tribunaux de grande instance valideront les demandes d’adoption. On peut compatir à la souffrance des personnes homosexuelles qui désirent avoir des enfants au sein d’un couple de même sexe et accepter ces adoptions.
On peut aussi juger inique et consumériste le comportement de ces milliers de femmes qui ont fabriqué des enfants sans père.
A une prétendue homophobie, il est possible d’opposer une réelle marchandisation de l’enfant.
http://www.lepoint.fr/societe/pour-certains-couples-le-mariage-gay-est-un-passage-oblige-avant-d-adopter-27-06-2013-1686374_23.php
Circulaire du 29 mai du ministère de la justice :
http://www.textes.justice.gouv.fr/art_pix/JUSC1312445C.pdf
Pour Gwwinfrid et Blogblog :
Il se trouve qu’il y a dimanche prochain (30 juin) à Ville d’Avray , pour la 2è année, le « Chemin d’Emmaüs », « pélerinage d’un jour ouvert à tous et particulièrement aux personnes directement ou indirectement concernées par l’homosexualité », organisé par Mgr Daucourt (évêque de Nanterre ).
http://92.catholique.fr/Pelerinage-d-un-jour-chemin-d,15075.
Personnellement, je ne suis concernée ni directement ni indirectement, et je n’aurais jamais pensé participer à un tel pèlerinage, mais tous ces mois de débats et discussions m’ont convaincue qu’il est de notre devoir de catholiques d’aller plus loin dans l’accueil des homosexuels que de se borner à leur dire « abstiens-toi, tais-toi et prie » …cette journée pourrait être une première étape en ce qui me concerne, et j’espère que nous serons nombreux …
Un mot que j’ai retenu et très significatif :
Le Père Pirrodon a – je crois – parlé dans un interview d’avoir été choqué d’une extrême facilité à la colère du pouvoir…
Il témoigne qu’il n’a pas eu seulement devant lui des gens hautains ou durs, mais surtout qui réagissaient trés brutalement à la contestation d’une simple discussion !
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@ jfsadys:
mais ce pays avancait droit on avait le sens de l honneur et de l’effort
@ zeyesnidzeno : n’hésite pas à faire un lien vers les tweets concernés. Je suis toujours avide d’apprendre et tu as tout le week-end pour me trouver le tweet qui m’aura échappé.
@ Eolas:
Elle a fait les deux. Camper devant le ranch de Bush et à proximité de la Maison Blanche.
Pour la question de l’habeas corpus, en effet, tu as raison. Je n’ai pas lu ce qu’a écrit Nicolas (Mathey) à ce sujet. Il faut que j’y aille voir.
Et le débat à fronts renversés continue. La droite s’offusque de la répression policière à l’encontre d’un mouvement ami et feint d’oublier que les lois qui s’appliquent en l’occurrence sont les lois répressives votées par son propre camp (et qui ont dû s’appliquer dans d’autres cas analogues sans qu’ils s’en émeuvent et sans même qu’ils soient au courant). Et la gauche utilise, voire défend, ces lois liberticides qu’elle a naguère combattues et qu’elle prétend à juste titre abolir.
Entièrement d’accord avec Eolas : on prend vraiment conscience de ce qu’est une garde à vue et a fortiori un emprisonnement quand on y goûté soi-même ou à tout le moins quand on se sent proche et que l’on peut s’identifier à la victime de cette privation de liberté.
Au final, excepté pour le jeune Nicolas, qui paie cher sa bêtise bravache et la radicalisation du mouvement, c’est peut-être positif pour le consensus pragmatique qui se dessine en matière de sécurité, au-delà de l’angélisme originel des uns et de la tentation populiste des autres.
Pour le coup, je suis assez d’accord avec vous, à ceci près que la remarque ironique sur la « France, « patrie des droits de l’Homme » de François Hollande » (comme toutes les autres accusations ridicules de « dictature socialiste » ou du même tonneau) sent un tout petit peu le foutage de gueule, quand on sait que c’est Sarkozy qui a fait voter les lois liberticides qui ont conduit votre « martyre » à ses deux mois de prison ferme (cf le dernier billet d’Eolas). À l’époque, et jusqu’à très récemment, la droite (en général, il peut y avoir des exceptions) ne s’en préoccupait pas le moins du monde, et demandait au contraire toujours plus de répression, accusant les juges de laxisme…
C’est d’ailleurs une constante des discours des Copé, Sarkozy et consorts. C’est révélateur de voir que c’est le ministre le plus à droite du gouvernement, celui qui prône le plus la répression, qui concentre (à raison) l’essentiel des critiques de l’opposition dans ce dossier. Si on pouvait se débarrasser de ce type-là et de son approche sécuritaire pour le remplacer au ministère de l’intérieur par quelqu’un qui aurait le souci de faire respecter les droits de l’homme, la manif pour tous aurait au moins servi à quelque chose. Mais est-ce vraiment un ministère où on met des gens qui ont le souci des droits de l’homme ?
En tout cas, il est clair que la gauche au pouvoir devrait abroger ce genre de lois au plus vite (et ce, d’autant plus que nous les avons critiquées lorsqu’elles ont été votées…). On ne tombera pas d’accord sur la question du mariage, mais on devrait pouvoir s’entendre sur celle des libertés (à quelques nuances près, certainement). Et la suggestion d’Eolas, justement, de s’unir contre les dérives sécuritaires, ne me paraît pas complètement absurde.
Koz a écrit ::
Oui, je comprends, je dois montrer patte blanche.
Forcement d’ailleurs, la droite dans la rue ne peut être soupçonnée d’inconstance sur les sujets des libertés individuelles. Non, les voltairiens de pacotille, les hypocrites, les tenants du« 2 poids 2 mesures » sont forcément dans le camp d’en face. Et tant pis si toute l’histoire conservatrice indique le contraire, une note de blog, écrite avec sagesse, viendra effacer cette tendance historique d’un seul revers.
Pas grave.
Il nous est demandé aujourd’hui de nous indigner du sort de Nicolas, victime d’une application trop sévère d’un texte de loi qui l’aura malheureusement conduit en prison (Incarcération qui, nous le savons aujourd’hui, n’a finalement rien à voir avec son refus de ne pas s’être soumis à un test ADN). Bien que les faits qui lui sont reprochés soient graves, ils ne justifiaient pas une peine de prison ferme. Ce n’est pas tant le principe d’ailleurs sur lequel nous sommes invités vigoureusement à réagir, mais sur le sort particulier de Nicolas, présenté comme l’alpha et l’oméga des atteintes aux libertés individuelles (Du jamais vu ! Un cas si particulier !). C’est bien connu, les forces de l’ordre sont destinées aux banlieues (défavorisées, that is) – destinées à Barbés (pour faire une rime riche avec CRS), elles ne devraient pas être dirigées vers ces jeunes bien élevés, ayant fait de belles études, mobilisés pour cette belle cause, la défense « du droit des enfants ».
On ne s’attardera pas trop longtemps sur les faits réellement reprochés à Nicolas, faits aggravés par la récidive. Ce n’est pas le sujet. Nicolas sera le martyr du mouvement. La preuve indiscutable de la sévérité d’un pourvoir tapant aveuglement sur une mobilisation qui lui échappe, un pouvoir décidément autoritaire, voire dictatorial. Comment expliquer autrement la radicalisation de Nicolas et des quelques centaines de jeunes qui l’accompagnaient encore dans ses sorties nocturnes?
Ces gosses sont effectivement des victimes. Mais sont-ils victimes du pouvoir en place ? Ou sont ils les jouets de quelques leaders qui ont fait le pari cynique d’exposer ces gosses, fortement idéologisés et disposant d’une faible culture politique, pour mieux maintenir un mouvement qu’ils espèrent voir perdurer ? Des gosses que l’on dresse à défier les forces de l’ordre, à mépriser la justice, que l’on désigne comme « résistants d’une dictature socialiste ». On excite des jeunes, on donne de la légitimité à leur débordements, et quand ça dérape, les mêmes seront les premiers à venir verser des larmes de pyromanes devant nos écrans télé.
C’est toujours extrêmement douloureux, un jeune en prison, qui n’a rien à y faire. Il y a tant d’autres Nicolas qui mériteraient qu’on se mobilise. Mais la mobilisation autour de lui ne se fait pas autour d’un principe, elle se cristallise sur son nom. Elle n’est pas revendiquée au nom de la défense des libertés individuelles, mais au nom de son appartenance à un mouvement, forcement persécuté, forcement injustement traité.
Un mouvement massif et protéiforme. Un mouvement qui fait se côtoyer à quelques dizaines de mètres, des veilleurs pacifistes et des groupuscules d’extrême droite. Un mouvement qui le jour se plie strictement aux règles pour les défier la nuit venue. Un mouvement qui, pour peser lourd, pour peser longtemps, ne veut plus faire la part entre les bonnes et les mauvaises pratiques, ne veut plus trier le bon grain de l’ivraie, prend le tout-venant pour faire masse et s’étonne dans le même élan de créer des situations que les plus jeunes, les plus fougueux, les plus naïfs seront seuls à payer.
Je ne vais pas réitérer ici l’invitation lancée par d’autres à venir défendre les libertés individuelles attaquées sur tant de fronts (tu ne saurais qu’en faire d’ailleurs, étant depuis que je te lis souvent en avant-garde sur ces questions) mais prendre pour décor la MPT pour donner une leçon de constance, de cohérence et d’engagement en la matière, c’était peut être pousser la provocation un peu loin.
Voici les tweets réclamés:
https://twitter.com/zeyesnidzeno/status/347481257782956032 / https://twitter.com/zeyesnidzeno/status/347475597590663169 / https://twitter.com/zeyesnidzeno/status/347639257596301313
@Fred: il vous a été répondu sur la plupart des points, mais il en reste au moins un qui mérite rectification: il n’est pas interdit de prier en public, que diable! Les prières de la rue Myrrha ont été interdites parce qu’elles bloquaient la rue, pas à cause de leur caractère religieux. Et les Veilleurs ne bloquent l’accès à rien du tout, votre comparaison ne tient pas une seconde.
Que puis-je faire pour aider Nicolas Bernard-Buss? Je suis loin de Paris et d’une grande ville.
Je n’interviens pas directement sur le thème de l’article mais sur l’attitude que certains veulent développer à l’égard des homosexuels pour leur montrer qu’il n’y a aucune haine dans vos actions. Je cite ce passage de blogblog :
» Il y a la tournée des lycées et de conférences que Philippe Arino à faites. Et cet été il y a la session 18-25 à Paray-le-Monial ou 4000 jeunes vont pouvoir écouter et se former à l’accueil des personnes homosexuelles grâce à la présence de Philippe Arino et le dialogue avec lui, même si le thème de ses interventions est plus global… http://www.forumdesjeunes.com/Annonce-des-parcours-2013 C’est peu certes mais c’est une début… »
Permettez-moi d’être plus que sceptique sur ce « début » de pastorale homosexuelle. Philippe Arino prétend que la source du désir homosexuel est un désir de viol. Ce n’est pas rien comme thèse. Je ne connais aucun psychologue, psychanalyste, psychiatre ou autre spécialiste de la psychés humaine sérieux qui affirme une chose pareille. Sur une autre de ses pages web, je l’ai vu écrire que l’homosexualité en tant que phénomène social était plus grave que le viol, l’inceste ou le totalitarisme.
Je me permets de copier ici un petit florilège de citations prises sur son site internet :
– « L’amitié est en général un terrain sur lequel les personnes homosexuelles sont arrivées assez tard, et qu’elles associent à la trahison. » (code solitude)
– sur les liens entre homosexualité et viol :
« Ce n’est pas d’abord l’avenir de l’enfant le problème de l’histoire : ce sont les liens non-causaux (mais réels !) entre l’homosexualité et le viol, liens complètement ignorés et diabolisés par le grand public. » (rubrique Je l’ai dit)
« Déjà petites (les personnes homosexuelles), elles ont développé une passion secrète, existentielle même, pour le viol, ou plutôt l’image intérieure de ce qu’elles s’imaginaient être le viol, pour retenir toute l’attention de leur entourage » /
« En fin de compte, beaucoup de personnes homosexuelles n’aiment pas l’amitié car elle fait barrage à leurs pulsions sexuelles. » /
« Le désir de viol n’est pas proprement homosexuel : tout Homme possède, à différents degrés, des fantasmes de viol, quelle que soit sa nature sexuée et son orientation sexuelle. Le désir du viol existe en chaque personne homosexuelle, non du fait de son homosexualité mais simplement de son humanité ; mais néanmoins il convient de rajouter que, compte tenu du fait qu’ensuite ce désir est généralement plus développé chez l’Homme blessé ou désirant être blessé que chez l’Homme moins agressé sexuellement ou au désir moins masochiste, et que les personnes homosexuelles sont dans leur majorité des individus qui ont vécu la différence des sexes comme une blessure, il semble important de dire que le désir de viol chez elles tendance à être plus particulièrement marqué. »/
« Et aux sceptiques qui me diront : « Ouais, mais ce que tu dis sur les homos, c’est pareil pour les hétéros… Tout hétéro a pu vivre ses premières expériences sexuelles comme un viol, car c’est toute la sexualité humaine qui est violente », je leur répondrais que le viol, même s’il n’est pas spécifiquement homosexuel, qu’il ne concerne qu’une minorité de personnes homosexuelles (moi même, je n’ai jamais été violé, au sens « sale » du terme !), et qu’il ne sera jamais (et heureusement) « homosexualisable », est quand même plus présent et plus marqué dans les sphères homosexuelles qu’ailleurs » / « Pourquoi les personnes homosexuelles ont tellement de mal à reconnaître l’existence du lien non-causal entre homosexualité et pédophilie, par exemple ? Parce qu’il les renvoie parfois au douloureux (et enjolivé… par stratégie de survie !) souvenir de leur initiation au plaisir (homo)sexuel par leur violeur, qui s’est présenté à eux comme un guide, un père bienveillant, un amant protecteur. » (code viol)
Toute personne de bonne foi peut se rendre compte de la dangerosité de telles affirmations, surtout auprès de jeunes en questionnement. Quand je vois que 4000 personnes vont être formés à l’écoute des personnes homosexuelles par ce Monsieur, je suis très inquiet. Cela fera-t-il 4000 personnes, qui persuadées de détenir la vérité du désir homosexuel comme M. Arino est persuadé de la détenir, écraseront la parole des personnes concernées sous leurs certitudes ? Seront-ils capable d’entendre tous ceux qui souffrent de s’entendre dire que ce qu’ils ont au fond du coeur constitue « une grave dépravation morale » ? Pourront-ils vraiment accompagner les jeunes qui se découvrent homosexuel vers un chemin de vie épanouissant, qui passe pour beaucoup par la construction d’un couple fécond et durable ?
Pourquoi est-ce seulement Philippe Arino qui est considéré comme celui pouvant parler de ce sujet dans la sphère catholique ? POurquoi la parole de ceux qui tout aussi chrétiens que lui, vivent en couple durable est-elle niée, rabaissée ou ignorée ? Vous voulez débuter une véritable pastorale des homosexuels ? Alors pourquoi ne vous tournez-vous pas vers David et Jonathan, une association fondée en 1972 et qui regroupe plusieurs centaines de chrétiens homosexuels (et d’autres aussi) qui tentent de vivre leur foi et leur orientation sexuelle en cohérence, et qui pour beaucoup ont de beaux exemples de couples féconds à nous présenter ? Ne serait-ce que pour faire pendant à Philippe Arino si vous continuez à accorder du crédit à ses propos (ce qui me laisse profondément perplexe, tant le grotesque et la confusion de la plupart de ses écrits me semblent évidents) ? Ne serait-ce que pour les écouter ? Les écouter vraiment, c’est-à-dire en suspendant votre compassion envahissante, en imaginant, juste l’espace d’une seconde que celui que vous avez en face de vous n’est ni malade, ni pervers, ni souffrant, ni blessé, mais porteur d’une vérité sur sa propre situation.
En tout cas, soyez en sûrs, tant que vous continuerez à mettre en avant des personnes de ce type en ignorant tous les autres et qui sont plus nombreux, la plupart des homosexuels resteront persuadés que vous ne les aimez pas, que vous ne les respectez pas et que vous ne les accueillez pas. Ce n’est pas de la haine, certes. C’est simplement de la condescendance, de la pitié, cette attitude qui, il me semble, à contribué dans le sens commun à faire de la charité , cette vertu théologale, une perversion contraire à la justice et synonyme de domination.
Koz a écrit ::
Personnellement, j’ai du mal à croire que le gouvernement ne monte pas volontairement le truc en épingle.
La situation économique est tout sauf brillante, ceux qui rêvaient du grand soir comme en 81 ont la gueule de bois, et on sent que le gouvernement n’a pas vraiment de politique à proposer.
À côté de chez nous, l’Europe du Sud a tendance à s’enflammer (il faut dire que la situation est économique est bien pire), et on peut faire confiance aux français pour râler et manifester.
Alors on agite le chiffon rouge de la montée du fascisme et de l’intolérance pour faire diversion, et espérer éviter le conflit social.
Après tout, Sarkozy avait fait pareil en désignant les immigrés ou les fonctionnaires comme boucs émissaires… on monte les français les uns contre les autres pour éviter qu’ils ne s’unissent contre le gouvernement. Le « diviser pour régner » fait partie du manuel de survie du politicien.
Interdire aux homosexuels d’élever des enfants, c’est donc cela le Grand Combat pour la protection de l’enfance et pour la Sauvegarde de la Société ? Ces gens ne peuvent pas être sérieux.
J’ai l’impression qu’ils se sont piqués au jeu de l’opposition pour l’opposition, et que le jeu du chat et de la souris avec le pouvoir autour d’un fourre-tout idéologique de contestation est devenu leur motivation essentielle. On va loin avec ça.
fraspi a écrit ::
Entièrement d’accord, enfin on sort de la naïveté. Nourrir le troll, surtout quand il est aussi inoffensif et pacifique, et concentré sur un combat impopulaire, ça l’occupe.
Pendant ce temps, on peut continuer à déconstruire les protections sociales, déstructurer le marché du travail.
Mes jeunes amis restent étonnamment mobilisés contre le mariage gay, comme s’il s’agissait de leur survie. Peut-être manquent-ils de combats plus constructifs. J’avoue ne pas trop comprendre ce mouvement de jeunes plutôt bien éduqués, capables de s’intéresser à plusieurs choses à la fois, et pourtant crispés sur cette loi désormais votée. Crispation que M. Valls entretient fort bien.
Pendant ce temps, on a voté une loi sur l’emploi, qui n’a pas soulevé beaucoup de protestations, alors qu’une de ses mesures prévoit que le refus d’une mobilité géographique est sanctionnable en licenciement pour faute. Si ça ca ne va pas déstructurer la famille !!! Personne n’a rien dit, pas même l’opposition. Qui se préoccupe vraiment de protéger les familles dans ce pays, pour laisser passer un truc pareil?
Syndrome MyGeneration : myp2p mytf1 myspace mybrands mydesign myIpad myvideo myfaith mychurch
En deux exemples :
Nous supposons d’après le contexte qu’il s’agit ici de la foi catholique. Or cette foi est un don. En l’occurence la foi catholique, en son objet, est celle reçue par les apôtres, transmise directement à leurs successeurs jusqu’à nous, sans interruption, de la main à la main. Bref, elle est même, en son objet, partout, pour tous et de tout temps. La seule chose qu’on accordera à votre foi à vous perso tout seul, c’est une qualité subjective : grande, petite, défaillante voire fausse mais sûrement pas bafouée. Si donc votre foi à vous tout seul est réellement bafouée, vous avez là le premier signe certain que vous êtes déjà éloigné de la foi catholique. Autrement il faut expliquer en quoi des Veilleurs qui prient (et il me semble que ce n’est pas dans leur programme) bafouent la foi catholique, et donc par là non seulement votre foi à vous, mais celle de tous les catholiques et l’Eglise entière. Nous n’avons pas entendu les autorités compétentes en la matière être scandalisées dans le sens biblique par les veilleurs ; bien au contraire.
On appartient à une Eglise ; on ne la possède pas comme on possède des des serviteurs ou des actions. Si donc vous l’estimez en échec sur certains sujets, mettez-vous au service de ses responsables.
C’est bien là le scandale de ces affaires : ce ne sont pas ici les gardés à vue qui troublent l’ordre public dans la très grande majorité des cas. Ce sont les forces dites de l’ordre qui les provoquent par l’usage de moyens disproportionnés. Ce faisant elles initient une fracture avec la partie de la population qui lui accordait sans doute le plus sa confiance (à tort donc). Ce n’est pas le moindre des dangers pour une République d’essence bourgeoise (cela dit sans connotation) que de s’aliéner son principal soutien sur un de ses pouvoirs régaliens par excellence. C’est là pour des amateurs jouer avec des allumettes .
Léa a écrit ::
Entièrement d’accord avec vous sur la loi emploi votée récemment, extrêmement dangereuse… sauf que l’opposition, pour le coup, était parfaitement d’accord avec le texte sur le fond, la droite parlementaire s’étant d’ailleurs abstenue lors du vote. Le texte était d’inspiration clairement (ultra)libérale (détricoter le droit du travail créerait de l’emploi), et la droite est tout à fait sur cette ligne. Même sans la question du mariage pour tous, personne à droite ne se serait jamais opposé à ça.
@ blogblog:
Merci, mais je ne pense pas qu’on puisse ranger homovox dans la catégorie des tentatives de rapprochement, au contraire. Se rapprocher, c’est commencer par accepter d’être « d’accord sur le désaccord » en ce qui concerne le sujet du contentieux. Après seulement, on peut chercher des chemins de réconciliation. Quant à Philippe Arino, son engagement est respectable, mais trop controversé, à mon sens, pour pouvoir aisément s’adresser aux homosexuels qui ne sont pas de sont avis (à savoir, autant que je sache, l’écrasante majorité d’entre eux).
@ Béatrice:
Je vous remercie pour l’info, et je suis entièrement d’accord avec vous.
@ zeyesnidzeno:
OK. Et pour les prélèvements ADN pour les délits mineurs, y a-t-il des choses en route ? Je vous demander ça non dans un esprit de polémique, mais pour m’informer.
Par ailleurs, je ne pense pas utile de reprocher ses positions ou actions passées à la droite, en la matière. Il serait plus constructif de profiter de l’attention subite qu’elle porte au sujet pour avancer vers un consensus et faire reculer de la caractère parfois excessif du maintien de l’ordre en France.
Courtlaius a écrit ::
J’entends « mon Église » au sens « l’Église à laquelle j’appartiens », et non l’inverse, qui n’aurait aucun sens. Je vous prie donc de remballer votre petite leçon générationnelle. Quand à être à son service, je vous remercie pour le conseil, mais c’est déjà fait – pas au niveau, toutefois, où j’aurais une quelconque action possible sur le problème que je soulève.
Maintenant, si votre réponse sous-entend que le problème n’existe pas, je comprends mieux.
@ zeyesnidzeno:
merci d’avoir indiqué ces trois tweets, dont chacun pourra voir qu’ils ne disent aucunement ce que tu crois pouvoir leur faire dire.
@ Plusieurs : le débat sur l’attitude à adopter vis-à-vis des personnes homosexuelles est certes intéressant, mais il est assez éloigné du sujet du billet. On ne peut pas refaire tout le débat sous chaque billet.
@ venot:
Je vous concède que notre pays n’avance plus mais il y a toujours des femmes et des hommes qui ont le sens de l’honneur et de l’effort.
Jor a écrit ::
Bon, je vote à droite… et je ne me reconnais pas tout à fait là-dedans. C’est vrai que je ne protestais pas contre ces lois… mais parce que je me trouvais devant « comme une poule qui a trouvé un couteau », selon l’expression consacrée, et puis, aussi, il faut le dire, parce que j’avais l’impression que la gauche, qui les dénonçait, le faisait pour le principe… non pas celui de lutter pour les liberté, mais celui de critiquer une loi faite par la droite uniquement parce qu’elle est faite par la droite (ceci expliquerait pourquoi la même gauche n’a aucun scrupule à appliquer lesdites lois aujourd’hui: ce n’est pas le fond de la loi qui gênait ces hommes politiques, mais le fait qu’elle émane du camp adverse. Pour que les choses soient bien partagées, je dirai qu’il y a un certain nombre d’homme de droite qui n’ont pas d’autre motivation pour critiquer la loi sur la mariage gay: c’est exactement le même principe, on critique le gouvernement, et il y a peut-être des voix à récolter…)
Par ailleurs, je n’ai pas soupçonné les juges de laxisme, mais d’incohérence: je n’ai pas oublié qu’au moment où l’on découvrait l’erreur monumentale d’Outreau (dont MM. les juges s’excusaient en disant en substance qu’on les obligeait à être très sévères), on voyait dans les journaux l’histoire d’un récidiviste qui avait enlevé, torturé, violé, massacré une petite fille.
Et là… on se dit qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays: que font des gens innocents, ou au moins inoffensifs, en prison, pendant que des types potentiellement dangereux (et qui l’on prouvé!) sont entièrement libres? même si l’on n’est pas d’accord avec ses idées, même s’il a eu tort de se sauver ou de refuser de donner son ADN (soit!!!), que fait Nicolas en prison, pendant que les agresseurs du RER sont sortis libres du tribunal?
Je ne comprends pas la logique de cette justice, et … je parlerai volontiers d’une justice inique!
Koz,
« Les forces de l’ordre ont aujourd’hui un sens consommé du burlesque. »
Ben, non, justement, je crois qu’elles n’ont absolument pas le sens du burlesque… ou du ridicule. Ou alors, ce sont de fameux pince-sans-rire!
Si le regard d’en face peut vous intéresser…par en face, j’entends ceux qui sont dans la rue régulièrement tous les ans depuis l’âge de la puberté politique ! La gauche de la base, quoi…
Laissez moi vous détromper : ce n’est pas une férocité vindicative qui y règne actuellement, mais un gigantesque fou rire, teinté d’incrédulité ; j’ai comme ça de vieux copains qui ont plus de lacrymo dans le sang que de globules rouges (je suis, personnellement, une toute petite pointure à côté d’eux). Ils ne parviennent tout simplement pas à y croire : il y a donc dans ce pays des gens qui arrivent à un âge plus que de raison sans savoir que dans une manif, on use de gaz lacrymogènes ? Que la police ratisse large dans ces cas là ? Que des jeunes, pour trois fois rien, peuvent se retrouver en garde à vue, voire en taule ? C’était le cas des enfants de la concierge de notre établissement, maîtresse femme qui a élevé impeccablement ses trois fils, tous parfaitement intégrés. Elles m’a raconté qu’ils avaient renoncé à sortir le samedi soir de leur quartier de banlieue en 2005 parce qu’ils en avaient assez d’être plaqué au sol au cours du contrôle qui ne manquait pas d’intervenir (origine algérienne…). Quand j’ai dit à mon mari (homme fort raisonnable) que la police avait récemment étendu un coup de filet à tous les jeunes en polo, mocassins et kilts d’un quartier chic, il en pleurait! « Délit de faciès ! »…dans quel monde vivent donc ceux qui découvrent ça ? Ne me répondez pas…
Un collègue à moi, citoyen irréprochable, est allé, pendant un mouvement, en 2003, féliciter des lycéens en lutte. Hop, tout le monde dans le panier à salade et en garde à vue ! On l’aurait beaucoup étonné en faisant de lui un prisonnier politique, et nous tous, ses collègues, étions pliés en deux ! Mauvais réflexe, direz vous ; il ne faut pas consentir aux mauvaises habitudes de la République. C’est vrai. Mais ces mauvaises habitudes sont là depuis si longtemps…mieux vaut en rire qu’en pleurer, et cela évite de se prendre au sérieux, voire au tragique.
Quelques cœurs généreux et pétris de bon sens espèrent sur ce fil que l’expérience récente amènera à droite une prise de conscience par rapport aux excès sécuritaires. Je n’en crois rien, hélas. Ce ne sont pas les excès qui choquent, mais que d’autres que leurs victimes sociales désignées en soient la cible. Banlieusarde, je ne suis pas près d’oublier que l’un des slogans les plus populaires de la MPT aura été : « CRS en banlieue ! ». C’est décidément notre emploi…
Un dernier mot : le commentaire de Martin me donne l’impression bizarre de lire un texte que je m’apprêtais à écrire, moins bien que lui. Je ne saurais trop recommander ce solide bon sens et cette sagesse à tous ceux qui perçoivent obscurément qu’il y a une casse symbolique considérable à réparer. Ce n’est pas un fossé, c’est un gouffre que la MPT a creusé, et pas seulement avec les homosexuels ; avec les familles monoparentales, les familles recomposées, les enfants de ces familles… moi -même, simple(!) mère adoptive, j’ai lu et entendu des choses que je n’oublierai jamais.
Abîmer est facile. Réparer peut prendre des dizaines d’années. Là, c’est le cas.
On ne peut pas occuper le trottoir face au 10 Downing Street : cette rue est fermée au public.
Un londonien
J’ai aimé la lecture de ce billet et l’ai diffusé. Un ami m’a fait remarquer
« On ne peut pas occuper le trottoir face au 10 Downing Street, pour la simple raison que cette rue est fermée au public. »
Personnellement, je transmets donc, curieux.
Bonsoir Koz,
Pour porter ma pierre à l’édifice, il me semble que ce qui fonde en partie l’indignation dans le cas de Nicolas et ce qui donne cette nouvelle vigueur aux « veilleurs debout », c’est qu’un « opposant politique » soit traité comme un « droit commun » alors qu’il n’aurait pas commis de violences ou de destructions.
Il n’y a pas longtemps (http://www.rue89.com/2013/05/15/deputes-socialistes-osez-lamnistie-sociale-environnementale-242329), on voulait amnistier des syndicalistes au motif que leur action, parfois violente, était fondée sur une motivation politique. Aujourd’hui un opposant politique pacifique est traité comme un « droit commun ». On lui applique des lois votées pour lutter contre la délinquance, sous les acclamations de ceux là même qui était plutôt favorables à « l’amnistie syndicale ». Or l’opposition politique (d’un opposant au Mariage pour Tous ou d’un syndicaliste) n’est pas une délinquance comme les autre, comme le découvrent peut être aussi ceux qui étaient hostiles à « l’amnistie syndicale ».
Outre le double « standard habituel », il y a une sorte de malhonnêteté à assimiler une opposition politique générant une confrontation aux « forces de l’ordre » à une agression contre les biens et les personnes. Souhaiter défendre une vision de la Nation, de la solidarité, du contrat social, du « bien commun »… ce n’est pas la même chose que voler, molester, ou détruire dans le but de nuire ou de tirer un avantage personnel. Et en droit pénal, on n’est pas sensé s’assoir sur l’aspect « moral » de l’infraction.
Alors, les « Docteur-Tant-Mieux » nous expliquent que tout est légal, circulez il n’y a rien à voir…
Certains nous disent, « il n’avait qu’à pas la ramener, devant un juge on s’écrase… »
D’autres nous indiquent qu’il faut soigner ceux qui pensent pas juste (http://lelab.europe1.fr/t/il-faut-faire-soigner-les-maires-qui-refusent-de-marier-des-couples-homosexuels-lance-pierre-berge-9208).
Mais aucune de ces réponse n’est satisfaisante. Et puis, traiter en « droit commun » ou vouloir faire soigner les opposants, souhaiter qu’ils fassent leur « auto-critique » devant les juges est un grand classique des pouvoirs autoritaires. Ceux ci sont d’ailleurs souvent extrêmement légalistes… Discipline, discipline…. Règlement, règlement ! Alors certes, nous ne sommes pas encore en « dictature », mais la pente est glissante, et qui peut dire que la rhinocérisation ne guette pas?
Dans un monde où les juges sont syndiqués, où ils publient des « murs des cons » où figurent des parents de victimes; alors que le régime juridique de « l’infraction politique » demeure fluctuant (http://www.u-picardie.fr/labo/curapp/revues/root/42/jose_lefebvre.pdf_4a093a0597097/jose_lefebvre.pdf); et que notre République semble être tentée par un pratique politique de tyrannie quinquennale (« une majorité écrasante qui écrase, un parti dominant qui domine, des pouvoirs absolus qui gouvernent de façon absolue » : Hollande, morceaux choisi (http://www.lefigaro.fr/debats/2007/06/16/01005-20070616ARTFIG90797-qui_se_souvient_de_la_chape_rose.php) où une majorité de circonstance écrase l’autre partie de la France, le temps fugace d’un mandat; il serait peut être temps de briser les cercles vicieux et d’oser moderniser les garanties des citoyens.
Briser les cercles vicieux, cela pourrait vouloir dire pour l’Etat de « lâcher la matraque » vis à vis de laquelle il a semble-t-il contracté une addiction tant nocive que coupable et d’intégrer dans la réforme qui avait été initiée sous le précédent quinquennat à propos du « statut de l’opposition » (http://dpa.u-paris2.fr/IMG/pdf/Constitutionnel_-_expose_Marti.pdf), un régime pénal spécifique pour les « infractions à caractère politique », bref améliorer, construire au lieu de toujours détricoter…
@ Jeremy,
@ Charles le Simple : chez moi, on appelle cela affectueusement de la quadripilosection, ou un peu moins affectueusement, de la sodomimucyne. Il ne s’agit évidemment pas du trottoir d’en face dans la rue même, mais du trottoir qui fait face à l’entrée de la rue. Maintenant que ce point essentiel est éclairci, je suis sûr que le bonheur de votre lecture est complet.
@ zeyesnidzeno : un complément, tout de même : ne prend pas ces jeunes pour des imbéciles. Quand il s’est agi de déterminer le mode d’action, ce sont eux qui ont mis sur pied les Veilleurs. Ils ne sont pas davantage « dressés », un vocabulaire qui illustre bien tout ton mépris : ce ne sont pas non plus des chiens. Et loin de les exciter, les moins jeunes aimeraient parfois plutôt que certains jeunes soient un peu moins fougueux.
Ces veilleurs étant très pacifiques d’après ce que je lis, je me demande si le fait que la police les embarquent de temps en temps ne sert pas leur cause.
En effet, si la police les laissait veiller tranquillement, personne ne parlerait d’eux dans les médias.
C.C. a écrit ::
Certains à gauche ont cette attitude, malheureusement (notamment ceux qui occupent aujourd’hui une partie des responsabilités), mais de ce que j’en vois au sein du PS, et un peu plus à gauche, ce genre de lois répressives/liberticides a plutôt tendance à hérisser les poils… Le problème est que ce sont les partisans de la ligne la plus dure (ou la moins respectueuse des libertés) qui sont aux manettes à l’intérieur, et à certains autres postes clés. On est d’accord que ce n’est pas du tout acceptable.
C.C. a écrit ::
D’après Eolas, il s’agit de deux situations bien différentes: « Pour les agresseurs du RER, c’était une audience jugeant des mineurs, certains âgés de moins de 16 ans. La loi fait du mineur délinquant avant tout un enfant à protéger. ce qui fait que des peines de prison avec sursis (jusqu’à 10 mois!) sont objectivement sévères ». Et quand à Nicolas, la loi s’est appliquée également, même si c’est une mauvaise loi. Il ne s’agit pas de laxisme ou d’incohérence des juges: ils appliquent la loi votée par le législateur, qu’ils l’approuvent ou non.
Par contre ce qui me gêne le plus, c’est un certain discours que je lis beaucoup ces temps-ci, comme quoi le gouvernement, en plus de la possibilité d’abroger, aurait aussi eu le choix de « ne pas appliquer » la loi. Sous-entendu, même si la loi sur les prélèvements ADN votée en 2003 par Sarkozy est mauvaise, il aurait suffi de ne pas l’appliquer. Ce qui permet accessoirement de rejeter plus facilement la responsabilité sur le gouvernement actuel, en oubliant d’où viennent ces lois… Certains vont même jusqu’à différencier explicitement le cas de Nicolas « prisonnier politique » du cas d’un délinquant « classique », et à demander un traitement spécifiquement plus clément pour les manifestants contre le mariage pour tous que pour le reste de la population !
Ces demandes-là me choquent vraiment, parce que c’est se moquer totalement de l’indépendance de la justice: du fait de la séparation des pouvoirs, le gouvernement n’a pas à dire qu’une loi votée ne doit pas s’appliquer, ou pire, ne devrait pas s’appliquer à certaines personnes. Le gouvernement n’a pas non plus à influer sur le cours de la justice d’aucune manière, ni à donner des instructions aux procureurs (par exemple). Les opposants au mariage pour tous, s’ils enfreignent la loi, doivent être traités comme n’importe quelle autre personne qui enfreint la loi ! Si, comme ici, c’est la loi qui est mauvaise, il faut l’abroger. Et c’est ce qui devrait être fait au plus vite (ce qui bénéficierait à TOUS les citoyens, mais aurait aussi l’effet bonus de faire sortir Nicolas immédiatement, il me semble ? S’il y a un juriste pour me confirmer ça…).
@ Jor:
Justement, la loi ne s’applique pas à tous de la même façon. Ainsi, les types installés sur le site de Notre-Dame-des-Landes sont laissés plutôt tranquilles (il y a quelques jours, un pique-nique illégal sur une propriété privée a valu à deux d’entre eux de la prison avec sursis). Évidemment, on a peu d’occasions de les condamner pour rébellion, puisque la police n’intervient guère et ne cherche pas souvent à les interpeler ou à les contrôler (en matière d’occupation illégale de territoire, les veilleurs, c’est du pipeau à côté, pourtant). Autre exemple : les Femen, qui n’ont même pas été emmenées au poste après leur action à Notre-Dame, alors que, techniquement, elles auraient pu être poursuivies pour attentat à la pudeur, atteinte à l’intégrité physique d’un gardien, insultes et incitation à la haine religieuse. Bref, face à un événement illégal, il y a plein d’étapes de réaction (actions immédiates des forces de l’ordre et décision de poursuivre ou non en justice ensuite) qui dépendent des autorités et de leur appréciation de la situation plutôt que de la loi. La police essaie souvent de trouver un arrangement à l’amiable (c’est le cas pour la plupart des soirées de veilleurs : même si la discussion est parfois tendue, il est plus simple et plus intelligent de laisser les gens s’en aller d’eux-mêmes que de tous les arrêter avec des bases légales contestables) ou ne réagit pas si le risque d’émeute violente est trop fort (comme au Trocadéro, où le pillage a été préféré à une bataille rangée). Et même quand ça finit devant un juge, celui-ci a pour rôle d’appliquer intelligemment la loi au cas particulier et d’ajuster la peine, pas de plaquer automatiquement la peine la plus lourde (c’est pourquoi on continue à avoir des humains pour juges et non des ordinateurs). La sanction de Nicolas a été alourdie en raison de son attitude insolente à l’audience, ce qui se comprend, bien que, personnellement, je préfère un type bravache qui assume ses opinions à de fausses excuses hypocrites.
Par ailleurs, même s’il est normal que les mineurs soient traités différemment des adultes, il est choquant que l’âge des inculpés soit le premier argument donné pour expliquer la différence de traitement entre Nicolas et les bandits du RER. En effet, juger d’abord en fonction des personnes qui ont commis un acte plutôt qu’en fonction de l’acte lui-même, c’est de la justice d’Ancien Régime. Le vrai argument juridique de droit moderne (qui aurait pu marcher dès l’Ancien Régime, en plus), c’est qu’il n’a pas été possible d’établir les responsabilités individuelles précises pour l’attaque du RER : comme on ne sait pas qui a fait quoi, on ne peut pas condamner. « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », ça n’a jamais été recommandé comme façon de rendre la justice.
Surtout, comme Koz l’a dit à plusieurs reprises, il y a un gros problème dans l’affaire de Nicolas : il a été condamné pour des actes commis pendant et après une interpellation pour des faits n’ayant eux-mêmes donné lieu à aucune poursuite. Juridiquement parlant, il a donc été interpellé pour rien. Qu’un homme arrêté pour rien se rebiffe ne devrait étonner personne ; on devrait en revanche être surpris qu’il soit condamné sévèrement. En plus, il a été traité comme un récidiviste, alors qu’il avait fait appel de sa condamnation précédente (l’appel empêche qu’on passe en récidive puisqu’il est susceptible d’annuler la première condamnation).
Enfin, cette histoire de fichage ADN systématique pour n’importe quel soupçon de n’importe quel délit devrait susciter une indignation générale. J’avoue que je n’imaginais pas qu’on puisse être condamné pour refuser de donner son ADN alors qu’aucune procédure judiciaire n’a seulement commencé et qu’il n’est pas question de crime grave. Je m’étonne que le gouvernement n’ait pas encore régulé cette pratique : c’était bien la peine de nous promettre le changement pour « maintenant » si, un an après, on attend toujours. Mais comme certains militants de gauche ont l’air de croire que seule la droite pourra changer cette disposition (l’argument, « ben comme ça, vous vous rendez compte du caractère liberticide des lois et vous les changerez quand vous reviendrez » : que ne les change-t-on tout de suite !), on risque d’attendre encore…
Donc pour résumer la vision de certains, Sarko voit un fait divers, fait une loi sur les controles ADN/rebellion/recidive. Taubira voit le cas Nicolas (là j’deconne evidemment) elle revient dessus. C’est completement absurde, decidement. Une loi est générale, elle fixe une echelle, au juge d’apprecier le niveau correct de severite a appliquer. Donc aucun regret sur le soutien aux lois antirecidive anterieur et quand meme scandalisé par l’application stupide, politique, et vraisemblablement peu legale dans le cas de Nicolas : on enleve ses gros sabots, et on se fatigue a analyser en detail au cas par cas! Sinon on ne pleurniche pas de se faire traiter de voltairien de pacotille!
De ma fenetre, le gars se fait interpeller sans raison (il est jugé pour rebellion OK, mais la rebellion ne peut preceder l’interpellation, donc pour quel motif l’interpellation?), se debat ce qui est approuvé par la decla des droits de l’homme, ce qui brise accidentellement quelques assiettes. Le jugement extrêmement severe qu’il subit va le dissuader de quoi déjà : ah oui, faire des manifs non declarées, ca en vaut vraiment la peine, pour faire une blague a la hollande. C sur que l’antifa qui a gazé des CRS ne merite qu’un rappel à la loi 4 mois plus tard, c’est vraiment moins grave. Je ne parle meme pas des detrousseurs du RER, de gentils bambins qui n’ont pas du tout traumatisé un train entier de voyageurs innocents. Tandis que Nicolas, ouaouh, lui il est vraiment dangereux, il lit des poésies et fait des blagues aux flics, peut etre meme ose-t-il prier derriere ses paupières, chanmé, ca fait froid dans le dos. Mais les donneurs de leçons continuent de se couvrir de ridicule, nient les problèmes graves et font preuve d’une totale absence de jugement pour les problèmes secondaires, et ils s’etonnent qu’on ne se précipite pas pour soutenir leurs initiatives…
Vous etes de gauche, vous voulez federer pour l’un de vos combats? Commencez par reformer vos comportements inadmissibles ou denoncer ceux de vos petits copains à leur vrai niveau de gravité. Sarko a-t-il fait de la police politique, des syndicalistes mis en GAV pour port de Tshirt CGT? Non? Alors on veut vous entendre dire les mots suivants « Hollande est bien plus dangereux pour la democratie que Sarkozy ». Le sermon reçu du parlement européen ne dit rien d’autre d’ailleurs. Quand on est sectaire et qu’on ne s’excuse meme pas quand on est pris la main dans le sac, on ne se plaint pas de la division de la société francaise et des oeilleres du camp d’en face.
C’est donc le choix du juge qui choque pour Nicolas, ce qui apres le mur des cons et maintenant la difference de traitement entre Tapie/son juge arbitral ami et Gentil/son experte temoin de mariage, me pose plus fortement la question encore : dans notre democratie, quel contrôle le peuple a-t-il sur ses juges? Sur le service public televisuel, les membres du SM sont toujours considérés comme des témoins/experts valables pour les reportages, le journaliste qui a fait son boulot est lui suspendu…
@ Martin:
Merci pour ces précisions. Comme le boss nous a rappelés à l’ordre et au sujet, je n’en dirai pas davantage.
zeyesnidzeno a écrit ::
C’est tout à fait fascinant à observer: vous, militante de gauche, vous jouez ici le rôle du brave bourgeois conservateur quand on le met en face d’une manif d’étudiants. Manipulés par de cyniques agitateurs extrémistes, ces jeunes déboussolés et sans grande culture politique ont grand besoin qu’on leur mette un peu de plomb dans la tête, c’est ça ? Louis Pauwels ne vous aurait pas reniée ! La teneur du discours est exactement la même qu’à la grande époque de la loi Devaquet… Vous n’avez fait qu’en inverser la couleur politique.
Amélie a écrit ::
Il me semble que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne dans un état de droit: le citoyen est censé obtempérer aux injonctions de la police, systématiquement, même si celles-ci lui semblent injustifiées, quitte à ensuite porter plainte pour procédure abusive. Si ce n’était pas le cas, et que chacun pouvait tenter de se soustraire parce qu’il pense que ce n’est pas légitime, la police ne pourrait pas faire son travail dans de bonnes conditions.
Sinon, pour ce qui est de la question d’être interpellé pour rien, je suis d’accord avec vous: c’est inacceptable. Mais signalons quand même que des centaines de personnes sont contrôlées chaque jour en France à cause de leur seule couleur de peau, en totale illégalité il me semble. Des centaines de personnes sont mises en garde à vue pour rien, également. Chaque jour. Et un nombre incalculable d’autres atteintes aux droits fondamentaux des citoyens est commis, quotidiennement, par la police, et ce depuis bien avant que la manif pour tous ne s’en rende compte. Se présenter comme des opposants victimes de la répression politique, c’est simplement faux.
Pour la sévérité de la condamnation, Il faut relire le billet de Maître Eolas. D’après lui, « la peine est sévère, sans être d’une sévérité inouïe, et conforme à ce qui est prononcé en comparution immédiate ». Rien donc d’exceptionnel, et pas lieu de considérer qu’il ait été traité plus sévèrement que la moyenne des citoyens.
Amélie a écrit ::
C’est Sarkozy qui a fait cette réforme en 2003. Je suis d’accord avec vous, cette loi devrait être abrogée au plus vite.
J’espère aussi que le gouvernement le fera rapidement (et pas seulement pour celle-ci, il y a un certain nombre d’autres lois répressives/liberticides en place à abroger d’urgence), parce que d’une part ce serait effectivement ne pas tenir nos engagements, et d’autre part, on sait pertinemment que la droite ne reviendra pas dessus quand ils reviendront au pouvoir. Donc si on ne le fait pas maintenant, personne ne le fera. Après, encore une fois, avec des gens comme Valls aux manettes, le respect des droits de l’homme n’est malheureusement pas la priorité.
@ oim:
Désolé, je n’ai pas l’expérience d’Eolas (ni son endurance), je vous prierai donc de lui adresser vos questions juridico-trollesques, il saura mieux que moi y répondre.
Il y a une question que ne pose pas Eolas, peut-être pour ne pas y répondre : pourquoi choisit-on dans un cas la comparution immédiate et pas dans d’autres cas similaires, si ce n’est identique (comme nous en avons des exemples récents) ?
Koz a écrit ::
Je ne suis pas juriste, et j’avoue une certaine ignorance (je n’avais pas trop fait attention à l’existence même de la comparution immédiate jusqu’à aujourd’hui, et je ne m’étais certainement pas posé la question de ce que ça changeait du point de vue de la défense par rapport à une audience classique). De ce que j’en ai lu ici et là, on dirait que Nicolas était déjà passé en comparution immédiate trois semaines avant l’affaire qui nous intéresse là, et s’en était plutôt bien tiré alors. Et la comparution immédiate peut aussi être refusée par la défense apparemment. Ce serait intéressant de savoir pourquoi ça n’a pas été refusé si c’est vraiment désavantageux comme procédure (mauvais choix stratégique ?).
Sinon, de ce que j’ai compris après quelques brèves recherches sur
Big BrotherGoogle, la comparution immédiate resterait « à ce jour très largement utilisée », y compris donc pour des manifestants pas de droite (le lien pointe sur un site du Syndicat de la Magistrature…). Donc je ne sais pas quel critère a joué dans le cas précis de Nicolas pour décider de ce type de procédure, mais c’est loin d’être quelque chose de spécifique aux opposants au mariage.« cette action n’est pas une manifestation », dites-vous.
Il me semble que si : pour qu’il y ait manifestation, il suffit que des personnes se regroupent en public pour exprimer une opinion. Ici, les veilleurs protestent silencieusement mais ils protestent; ils sont espacés de quelques mètres, mais il constituent néanmoins un attroupement repérable : la preuve, on les repère, et ils sont là pour être repérés…
Que les « Veilleurs » aient inventé une nouvelle forme de manifestation, particulièrement digne et courageuse importe peu : ils manifestent dans l’illégalité.
Pour ma part, j’ai manifesté à trois reprise contre le mariage gay, j’ai signé un certain nombre de pétitions, j’ai milité et je milite encore contre la prétendue « théorie » du gender (qui n’est pas à proprement parler une théorie mais peu importe) etc. Je n’ai donc aucun désaccord sur le fond avec les Veilleurs. Mais je pense qu’ils devraient revoir leurs méthodes d’action. Et je déplore que votre blog, que j’apprécie énormément par ailleurs, les encourage à s’enfermer dans une impasse.
Physdémon a écrit ::
Enfin quand vous lisez Judith Butler, Trouble dans le genre : Le féminisme et la subversion de l’identité
http://www.amazon.fr/dp/2707150185
Vous voyez que comme toute idéologie il y a une théorisation avant. Alors quand NVB explique que non non il n’y a pas de théorie du genre, non mais allô quoi!
Qu’ensuite cette théorie se décline en méthodes et stratégies qui en soit permettent de dire que « non il n’y a pas de théorie du genre ce sont juste des pratiques permettant de mieux comprendre les différences homme/femme et de réduire les inégalités… »! D’accord mais croire qu’il n’y a pas de pensée du genre sous jacente c’est naïf! Par définition Butler and co veulent être subversifs! Ils ne vont pas l’avouer dans les méthodes et stratégies utilisées, mais l’intention elle, est très claire et explicite: faire chuter la société phallogocentrique hétéronormée (Butler dans le texte)! 🙂
à Blogblog,
La notion de » théorie du genre » est impropre pour au moins deux raisons :
1° parce qu’il y a de multiples théories autour de la notion de « genre » et pas une théorie unifiée.
2° parce que la « théorie » de Butler, généralement visée par ceux qui se disent opposés à la « théorie du genre » (dont je suis) vise en définitive à la déconstruction de la notion même de genre.
Tout cela fait que l’emploi de l’expression « théorie du genre » a un usage polémique commode mais, au bout du compte, nuit à la clarté des débats.
Pour clarifier le débat, je vous suggère de consulter ces deux études :
http://lescalier.wordpress.com/2012/03/18/une-breve-histoire-du-genre-i/
http://lescalier.wordpress.com/2012/06/12/une-breve-histoire-du-genre-ii-aux-origines-dun-concept/
Un autre lien sur le genre (qui n’est pas le sujet du billet, rappelons-le) :
http://www.letempsdypenser.fr/2013/06/gender-limpossible-debat/
Gwynfrid a écrit ::
Avec toujours cette même différence qui ne semble pas sauter aux yeux de notre aimable contradictrice : toujours aucun cocktail Molotov.
Ces jeunes « qu’on excite » s’asseyent, allument des bougies, lisent des textes ou restent debout. Au pire, ils défilent à des endroits non déclarés. Pas de biens dégradés, pas d’agressions de personnes.
Quand la gauche « excite [ou « dresse »] des jeunes », ça ne se passe pas de la même manière. Mais gageons que Zeyesnidzeno, prompte à nous dire que nous aurions découvert les lois liberticides, fera preuve du recul nécessaire pour constater à quel point son propos colle parfaitement à des causes qu’elle soutient, et aux modalités bien plus violentes.
Physdémon a écrit ::
1-Il y a une théorie qui a une visée politique qui est la déconstruction du « genre », sauf que ce qui créé la confusion c’est que « gender » en Anglais a trois sens:
http://en.wikipedia.org/wiki/Gender
sexe biologique, identité de genre (se sentir homme ou femme) et rôles sociaux (des tâches ou rôles culturellement associés plus aux hommes ou femmes ».
Butler le dit clairement dans son titre « subversion », le but est bien la confusion des genres (sexe et rôles sociaux qui permettrons l’émergence de l’identité de genre qu’on choisira au gré de ses humeurs)
Il y a peut être pleins de théorie mais Butler est l’auteure la plus aboutie et complète et j’encourage à la lire…
2- Oui la déconstruction du genre est précisément la raison pour laquelle il faut lire Butler pour comprendre tout ce travail de subversion mis en place par les politiques pour déconstruire les stéréotypes de genre qui permettent de créer de la confusion dans l’identité sexuée, et fera que les enfants et gens seront de plus en plus paumés pour savoir qui ils sont, alors que le genre « sexe biologique » lui, est une réalité qu’il est difficile à nier!
Pardon Koz pour le hors sujet, un nouveau billet qui démonterait Butler et tous les acteurs qui font du zèle à subvertir la notion de genre « identité sexuée » soit le fait qu’il y a des hommes et des femmes, et non des personnes définies par leur orientation sexuelle?
Ce n’est pas le sujet, mais il est difficile de laisser passer des contre-vérités sans réagir :
Blogblog, si vous avez lu Judith Butler et que vous en avez tiré la conclusion que d’après elle on peut choisir en fonction de son humeur son identité de genre, il me semble que votre lecture était plus que distraite. Je vous encourage donc aussi à la relire, et ce de manière un peu plus rigoureuse.
Martin a écrit ::
Contre-sens évident puisque l’oppression des conditionnements socio-culturels d’une société patriarcale machiste oblige les petits garçons à jouer avec des autos et les filles avec des poupées.
Une question me trouble. Admettons que les efforts de Butler & Co. aboutissent effectivement à désarmer ces conditionnements oppressifs. En fonction de quels critères choisirait-on son genre dans une société libérée de tout conditionnement ?
Blogblog a écrit ::
Tu parles d’une soirée en perspective 🙂 ! Vous ne voulez pas nous faire une petite fiche de lecture, qu’on lirait avec des chip et du Fanta entre deux épisodes de plus belle la vie ?
Martin a écrit ::
Parce qu’en plus il s’agit de lire ces âneries rigoureusement ? C’est de la mortification ; ça devrait être payé en indulgences.
Jor a écrit ::
Le billet d’Eolas est très habilement rédigé pour laisser cette impression, mais si on le lit attentivement, on s’aperçoit que non.
Ce qu’on doit à Sarkozy, c’est le fichage d’ADN, lequel est passible d’une amende. Ce qui a envoyé Nicolas en prison, c’est le chef de rébellion et la comparution immédiate, qui ne doivent rien à Sarkozy.
Nicolas a été incarcéré pour rébellion, point barre. Aucune violence, destruction, menace. Rien de tout cela. Rébellion. Comme Luke Skywalker ou Han Solo.
Sinon, puisque les socialistes semblent vouloir à la fois réécrire le passé et placer des mots dans la bouche de leurs adversaires, Koz a raison d’avoir fourni le lien avec cette (pas si) vieille discussion sur le cas des Conti.
On se rend compte que les gens sont finalement très cohérents.
Moi, le libéral, j’expliquais très clairement mes réticences envers le fichage génétique. J’expliquais tout aussi clairement mon inquiétude face aux perspectives d’une justice politique : ie une justice qui (en l’occurrence) se serait montré particulièrement clémente envers Xavier Mathieu en raison de l’orientation politique de sa démarche.
Je n’ai pas changé d’avis concernant le cas Nicolas B. Je suis toujours opposé à ce qu’on impose un fichage ADN hormis les crimes les plus graves. Et je suis de plus en plus inquiet face à une justice de plus en plus politique.
Je constate que les socialistes sont également très cohérents sur le sujet de la justice politique. Ils étaient pour à l’époque des Contis (clémence pour un combattant syndical). Ils sont encore pour aujourd’hui s’agissant de Nicolas (sévérité pour un petit con de droite, haha ça leur apprendra).
La tentative de repositionner le débat sur l’axe « plus ou moins de sévérité » est une magnifique diversion. Le débat n’a rien à voir avec ça.
Je ne suis pas pour plus ou moins de sévérité. Je suis pour une justice neutre politiquement, qui juge les actes et non les idées. Je suis pour une justice qui soit sévère envers les agressions, les destructions, les violences, les viols, les meurtres et inoffensive envers la proclamation pacifique et non-violente de leurs opinions par les citoyens.
Je comprends avec tristesse que les socialistes ne sont d’accord en rien avec moi sur ce sujet.
@lib
Pouvez vous éclairer ma lanterne ?
En effet concernant le refus de prélèvement j’ai lu ceci sur legifrance:
« II.-Le fait de refuser de se soumettre au prélèvement biologique prévu au premier alinéa du I est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. »
Lib a écrit ::
Au temps pour moi. Je plaide la précipitation dans la rédaction de ce commentaire, mais vous faites bien de le préciser.
Néanmoins, en l’occurrence, cette erreur n’a pas beaucoup d’importance dans la démonstration. Le délit de rébellion, punissable de 1 an de prison ferme et de 15 000 euros d’amende, s’applique à tout le monde, et n’a pas été instauré par la majorité socialiste actuelle. Il existait d’avant. Mieux, une petite vérification sur Legifrance apprend que, jusqu’à il y a quelques années, ce délit était puni de « seulement » six mois de prison ferme, et 7 500 euros d’amende. Ces peines ont été doublées pour être portées à un an de prison et 15 000 euros d’amende par la loi « relative à la prévention de la délinquance » n° 2007-297 du… 5 mars 2007 ! Rappelez-moi qui était ministre de l’intérieur à l’époque ? Sûrement quelqu’un qui n’aimait pas Luke Skywalker en tout cas…
Lib a écrit ::
Si vous étiez moins occupé à caricaturer les socialistes, que visiblement vous n’aimez pas beaucoup, à « placer des mots dans la bouche de vos adversaires », peut-être auriez-vous pu trouver le temps de lire les commentaires avant d’y répondre. Par exemple celui-ci, où je tente d’expliquer que la loi a été appliquée pour Nicolas comme pour d’autres, et que le gouvernement et la majorité n’ont pas à intervenir dans l’application des lois, mais seulement à les rédiger (trois derniers paragraphes). Ou celui-là, deuxième paragraphe, où je rappelle que des centaines de personnes sont contrôlées sans motif chaque jour en France (notamment pour leur couleur de peau), que des centaines de personnes, chaque jour, sont mises en garde à vue pour rien, et que nombre d’autres atteintes aux droits fondamentaux des citoyens sont commises quotidiennement. Votre Nicolas fait juste partie de ces citoyens. C’était le cas bien avant que la manif pour tous ne s’en rende compte et ne cherche à se victimiser.
Inutile donc de délirer sur la supposée politisation de la justice par les socialistes: c’est dans votre tête tout ça.
Jor a écrit ::
La justice est certes sensée être indépendante, mais les prélèvements ADN ont été demandés par la police, qui dépend bien du ministère de l’intérieur.
En admettant que l’agenda du parlement ne permette pas en un an d’abroger cette loi sur le prélèvement ADN, on pouvait toujours en attendant mieux envoyer une circulaire à la police demandant de ne pas effectuer de prélèvement ADN il me semble.
@ fraspi:
@ Jor:
c’est une possibilité. L’autre possibilité aurait été de ne pas utiliser la procédure de comparution immédiate. Celle-ci, à circonstances identiques, n’a pas été systématiquement utilisée. Or on sait que les verdicts sont plus sévères en comparution immédiate. Bref, quand on veut se donner toutes les chances de faire un exemple, on sait quoi faire.
Manque de chance, ça ne fait que susciter de nouvelles vocations.
En ce qui concerne le renforcement des sanctions, c ‘est certainement un débat intéressant mais qui n’aurait pas changé grand-chose aux deux mois fermes pris par Nicolas Bernard-Buss.
@ Courlalus :
C’est vrai ça, pourquoi prendre la peine de chercher à savoir ce qu’à vraiment dit un auteur, quand on peut se contenter d’une caricature ou d’une déformation mensongère qui sont beaucoup plus faciles à ridiculiser que l’œuvre originale ? Si on commence à faire des débats en prenant la peine d’écouter ou de lire son interlocuteur et de le respecter, ce sera la fin de notre civilisation et de ses saints piliers !
fraspi a écrit ::
Ce serait probablement une possibilité, mais qui ne résout pas le problème pour toutes les personnes dont l’ADN a déjà été prélevé et qui sont déjà fichées. Si on conclut que cette loi sur les prélèvements ADN est mauvaise et doit être abrogée (une position qui me semble faire largement consensus parmi les lecteurs de ce blog), alors il paraît logique de voter en même temps que son abrogation la suppression des données déjà recueillies à cause de cette loi (donc, à cause d’un délit mais pas d’un crime). Et bien sûr, à partir du moment où on décide que cette loi devra être abrogée « dès que possible », alors c’est logique de faire une circulaire de ce type pour arrêter les prélèvements « en attendant » (tout simplement pour éviter de faire des prélèvements inutiles). Mais l’enjeu de quelques prélèvements de plus ou de moins pendant cette période me semble relativement secondaire par rapport à l’enjeu de l’abrogation en lui-même (étant bien entendu que de toute façon ces prélèvements-là seront supprimés avec les autres quelques mois plus tard, dès que la loi sera abrogée).
Koz a écrit ::
Ce n’est pas la seule chose qui a pu jouer, bien sûr. Mais est-ce que ce ne serait pas logique que, pour des faits identiques, le juge prononce une peine plus sévère si la peine maximale prévue est plus sévère ? Autrement dit, une même peine de deux mois de prison ferme « a l’air » plus sévère si la peine maximale prévue est de 1 an au lieu de six mois. Donc si la loi fixait encore une peine maxi de six mois, le juge n’aurait-il pas été tenté de prononcer une peine moins lourde ? À l’inverse, si la peine maximum prévue pour rébellion était de dix ans (par exemple), est-ce que ça n’encouragerait pas le juge à prononcer des peines plus lourdes ?
Je ne dis pas que sans ce renforcement des peines, Nicolas n’aurait rien eu du tout, mais simplement que si on parle de l’infraction de rébellion, les peines encourues ont certainement été très fortement alourdies par N.S.
Je ne comprends pas vraiment. C’est bien un juge qui décide de l’opportunité d’utiliser la procédure de comparution immédiate, je me trompe ? Est-ce que le gouvernement a des leviers d’action pour décider de qui comparaît avec cette procédure, et de qui y échappe ? Et si la défense peut effectivement refuser ce mode de comparution, pourquoi ne l’a t-elle pas fait, sachant que les verdicts y sont plus sévères ? (D’ailleurs pendant qu’on y est, ça poserait aussi la question de savoir pourquoi il y aurait plusieurs types de procédures différents, si l’une d’elle est systématiquement pire que l’autre. Est-ce que ce n’est pas un facteur d’inégalité de traitement entre justiciables, si certains peuvent être jugés de manière classique, et d’autres doivent « subir » une comparution immédiate toujours défavorable ? Mais je digresse…)
Encore une fois, si je me fie à ce que j’en ai lu sur le site du « guide du manifestant arrêté »: « Même si la circulaire de politique pénale de la nouvelle garde des sceaux rappelle le principe d’individualisation des décisions de poursuite et demande de prendre le temps nécessaire à cela, la procédure de comparution immédiate reste à ce jour très largement utilisée. »
Donc, cette procédure était déjà beaucoup utilisée sous les gouvernements précédents, et elle l’est encore beaucoup aujourd’hui. J’avoue avoir un peu la flemme de chercher les chiffres correspondants, mais je les crois sur parole. Donc si cette procédure reste vraiment « très largement utilisée », ça renforcerait l’idée que son utilisation dans le cas de N2B n’était pas un choix de répression politique pour « faire un exemple », mais qu’au contraire d’autres circonstances ont dû jouer, non ?
Oulà, je me suis emmêlé les pinceaux à un endroit. Je voulais bien sûr dire: « une même peine de deux mois de prison ferme « a l’air »
plusmoins sévère si la peine maximale prévue est de 1 an [que si la peine maximale prévue est de seulement] six mois ». Les auditeurs auront rectifié d’eux-mêmes.Jor a écrit ::
Vous racontez que Nicolas est allé en prison à cause d’une loi votée par Sarkozy, ce n’est pas vrai. Libre à vous de considérer que ça n’a pas beaucoup d’importance dans la démonstration. Mais vous gagneriez en crédibilité en abandonnant ce terrain glissant.
Jor a écrit ::
Vous n’avez pas participé à la discussion d’il y a 18 mois, mon commentaire ne vous visait donc pas particulièrement. Maintenant, si vous tenez à entrer dans cette discussion, je vous repositionne les faits.
En janvier 2010, pour avoir saccagé une sous-préfecture, Xavier M., syndicaliste CGT a pris 4000 euros d’amende. En juin 2013, pour avoir tenté d’échapper à la police, Nicolas B., militant MPT a pris 2 mois fermes.
L’un comme l’autre ont également écopé d’une amende de 1000€ pour refus de prélèvement ADN.
Je constate que mettre à sac un bâtiment public quand on est de gauche sous un gouvernement de droite est infiniment moins puni que partir en courant quand on est de droite sous un gouvernement de gauche.
Je rappelle également que ledit gouvernement de droite était régulièrement (et est toujours) qualifié d’épithètes extrémistes par son opposition mais que tout le monde trouve exagéré de parler de « dictature » pour ledit gouvernement de gauche.
Je souligne enfin que l’amende pour refus de prélèvement ADN par Xavier M. avait entraîné moult commentaires enflammés, manifestations, tribunes de soutien d’à peu près tous les officiels de la gauche dont FH en campagne : « j’ai le devoir de solidarité. Quand il s’agit de la dignité d’une personne, je suis du côté de ceux qui sont mis en cause. » Elle avait même été critiquée sur les meilleurs blogs de droite. Mais vous parlez de victimisation quand des voix s’élèvent pour regretter la peine de prison infligée à Nicolas B.
Les deux commentaires que vous mettez en avant pour justifier votre position sont malheureusement éloquents. Dans le premier vous niez tout simplement que la peine ait été sévère. Dans le deuxième vous noyez le poisson en comparant avec des contrôles d’identité ou des GAV.
Trouvez moi un type qui a pris 2 mois fermes sans avoir commis de vol, de violence, de menace, de destruction ou autre et je n’aurais aucun mal à dire que c’est sévère. Pourquoi est-ce si difficile pour vous?
khazan a écrit ::
Aucune idée, je ne suis pas juriste. A ma connaissance, personne n’a jamais été envoyé en prison pour refus de prélèvement ADN, je serais le premier navré si cela arrivait.
@Lib
Je précise ma question: puisque le refus de prélèvement ainsi que la rébellion sont passible de prison, en vertu de quoi associez vous la peine de prison à laquelle est soumis Nicolas à la seule rébellion ? Est-ce que dans l’énoncé du jugement, les peines associés à chacun des délits est détaillé ?
@ Martin:
Pourriez vous me citer où j’écris ce que vous me faites dire? Car je ne le trouve pas ce qui est logique vu que je ne l’ai pas écrit! Merci! 🙂
Lib a écrit ::
Et cette fois, c’est par crédulité que j’ai pêché: je n’ai pas pris la peine de vérifier votre affirmation comme quoi « Ce qu’on doit à Sarkozy, c’est le fichage d’ADN, lequel est passible d’une amende. », qui est fausse, comme l’a fait remarquer khazan, et comme nous le confirme Legifrance:
« II.-Le fait de refuser de se soumettre au prélèvement biologique prévu au premier alinéa du I est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. » (c’était déjà le cas depuis mars 2007).
Il s’agit de la même peine que pour la rébellion, notez. J’ai effectivement repris (par paresse) ce que j’avais interprété de l’affirmation d’Eolas comme quoi « tous les dégâts de cette affaire [étaient] dues à UNE loi ». Mais je n’ai pas de copie du jugement, donc je ne sais pas si les deux mois sont pour le refus de prélèvement (comme je l’avais compris initialement, et comme Eolas le laisse entendre) ou pour la rébellion (comme vous l’affirmez), voire pour un mix des deux. Si vous avez plus d’informations, je suis preneur. En attendant, l’infraction de rébellion, que vous sembliez abhorrer pour elle-même, a bien vu sa peine doublée de six mois à un an de prison par l’équipe Sarkozy.
Lib a écrit ::
Et à quoi attribuez-vous exactement cette différence de traitement ? Quel levier le gouvernement a t-il utilisé, d’après vous, pour faire pression sur les juges ? Il me semblait que le gouvernement et la majorité n’ont pas à influer sur une décision de justice (dans un sens comme dans l’autre), et à ma connaissance ils ne disposaient pas de beaucoup de moyens de le faire dans ce cas précis. Il y aurait bien le manque actuel d’indépendance du parquet (qui est un vrai problème), mais ce n’est pas le parquet qui juge, il ne fait que requérir, et il n’est pas toujours suivi (ainsi dans l’audience du même Nicolas trois semaines plus tôt, le parquet avait fait appel car la condamnation à seulement 200 euros d’amende avec sursis lui semblait insuffisante, toujours d’après Eolas).
À priori, et à ce que j’ai compris, ce manque d’indépendance du parquet est plutôt un problème dans le cas d’affaires politico-judiciaires, où il pourrait s’abstenir de poursuivre des prévenus alors que la situation le justifierait. Mais le parquet ne peut forcer un jugement à être sévère. Donc, je redemande: quel levier le gouvernement a t-il utilisé pour forcer le ou la juge qui a condamné Nicolas à être plus sévère qu’avec un citoyen lambda ?
Lib a écrit ::
Non, je ne dis pas ça. Je dis qu’il s’agit de la sévérité habituelle de la justice (que certains à droite voient souvent comme trop laxiste). Je regrette d’une manière générale cette sévérité, et y compris dans le cas qui nous intéresse, car je considère moi aussi que ces deux mois de prison ferme sont une peine excessive. Ce qui me gêne c’est d’une part l’indignation sélective d’une partie de la droite (encore une fois, pas tous), qui se moque éperdument du fait que les droits des citoyens soient piétinés et demande plus de répression sauf quand ça la concerne, et d’autre part, le fait de prétendre que cette sévérité serait due à l’opposition de Nicolas au mariage. C’est ça la victimisation.
Lib a écrit ::
Je ne sais pas comment vous pouvez déduire ça de la lecture de ces deux commentaires. Je laisse entendre au contraire à plusieurs reprises que cette condamnation me paraît excessive. Je tente simplement d’établir que la justice n’a pas été plus sévère avec lui qu’elle ne l’est avec le justiciable moyen, et que donc le problème n’est pas une répression politique ou une utilisation supposément politique de la justice, mais au contraire une justice trop sévère avec tous les citoyens. C’est pour tenter de démontrer ça que je parle des contrôles d’identités ou des GàV abusives. Pour moi « l’affaire » Nicolas n’en est pas une en elle-même, c’est juste la partie émergée de l’iceberg.
http://www.soutien-nicolas.com/ecrivez-lui.php
@ blogblog
Vous l’avez dit ici : « Butler le dit clairement dans son titre « subversion », le but est bien la confusion des genres (sexe et rôles sociaux qui permettrons l’émergence de l’identité de genre qu’on choisira au gré de ses humeurs) Il y a peut être pleins de théorie mais Butler est l’auteure la plus aboutie et complète et j’encourage à la lire… »
Si j’ai mal compris votre phrase je m’excuse, mais il y a bien mentionné l’idée d’une identité de genre qu’on choisira au gré de ses humeurs.
@khazan: Eolas l’explique dans un twitt, je crois, je n’en trouve pas mention dans son post (mais j’ai regardé rapidement). La condamnation pour refus de prélèvement est séparée des autres. Et comme, dans les deux autres motifs, rébellion et fausse identité, seule la rébellion est passible de prison, on peut bien dire que la prison est liée au seul motif de rébellion.
@ Martin:
J’ai peut-être mal compris Butler, mais il me semble qu’elle dit les deux choses suivantes, qui ne sont pas contradictoires : « dans la société actuelle, on ne peut pas choisir son genre » et « dans une société idéale il n’y aurait pas deux genres, mais toute une palette de genres aux contours fluides, entre lesquels nous serions libres de choisir et de changer ».
@ Aristote : merci pour la fiche de lecture, c’est un soulagement 🙂 J’aime les contours fluides. Finalement c’est comme les directives Taubira. Enfin si je trouve le bouquin de Butler au format contour fluide, promis je l’achète. Je le mettrai à côté de l’encyclopédie en 120 tomes du savoir superficiel que m’a prêté Achille Talon.
Formellement aucun sans doute, mais ça fait longtemps, au minimum depuis le mur des cons pour les plus incrédules, que plus personne ne se fait d’illusions sur la neutralité politique de la magistrature. Quand vous en retrouvez certains ayant traité des affaires sensibles ‘pantoufler’ dans les partis politiques divers, il y a de quoi s’interroger. Quand il s’agit de juger d’un retrait de permis ça n’a pas de grandes conséquences, mais dans des affaires politiques, vous ne pouvez plus empêcher le soupçon et la défiance. Cf Juppé : coulé à Nanterre et repêché à Versailles.
Courtlaius a écrit ::
Ah d’accord. En gros le gouvernement donne en sous-main des instructions aux juges, juges qui sont tous des cocos convaincus (ce qui est bien connu), et prêts à condamner tout militant de droite qui passerait par là avec la plus extrême sévérité. C’est pas mal, mais on doit pouvoir faire encore plus vague comme accusation.
Sinon pour info, Nicolas B.B a été condamné à ses deux mois fermes par une juge du nom de Nathalie Dutartre, qui est tellement de gauche qu’en février 2009 le Syndicat de la Magistrature lui avait reproché d’avoir dénoncé pour les intimider des juges d’instruction allés visiter des lieux de détention.
Mais à part ce détail, ça se tient.
@ Courtlaius:
Je suis un fan inconditionnel d’Achille Talon. 🙂
Jor a écrit ::
C’est la mode des contours flous, que voulez-vous. Mais comme vous glosez sur ce que je n’ai pas écrit, ça n’a pas vraiment d’importance j’imagine.
@Aristote : attention, hors-sujet aux proportions talonnesques en vue 🙂
Bravo pour ce bel article, tout en mesure, qui appelle à un apaisement du débat et à une prise de recul. Je vous rejoins entièrement sur la réaffirmation du droit de manifester, pilier essentiel de la démocratie, et ce bien que je sois en désaccord avec les opinions des veilleurs.
En revanche, je m’attriste de la prise de partie en note de bas de page qui vient un peu ternir une belle réflexion, en rentrant dans le domaine de l’idéologie. En effet, je crois que dans le cadre de l’arrestation de Nicolas B., la justice a même fait preuve d’une certaine clémence. Ainsi, par exemple, le hasard du calendrier judiciaire a permis à Nicolas de ne pas être inquiété des conséquences de sa récidive alors qu’il aurait du avoir à exécuter une peine prononcée contre lui avec sursis (ce qui est une forme d’avertissement) 2 mois plus tôt. Je vous invite à regarder d’un oeil objectif ces 2 excellents articles de Maitre Eolas – sans que le défaut pardonnable qu’il partage avec vous, à savoir la petite « pique » qui trahit une opinion personnelle, ne vous fasse perdre de vue le fond. Un témoin occulaire qui rapporte des faits, même avec un parti pris, vaut toujours mieux que la rumeur de la rue.
Article 1, sur le procès en première instance : http://www.maitre-eolas.fr/post/2013/06/24/Bref-commentaire-sur-lrsquo%3Baffaire-ldquo%3BNicolasrdquo%3B
Article 2, sur le procès en appel : http://www.maitre-eolas.fr/post/2013/07/12/Je-suis-pret-a-pardonner-a-la-justice-si-elle-me-relaxe
Je vous remercie mais, en matière de témoins oculaires du procès, j’en connais d’autres, moins partisans.