C’est votre beau-frère, c’est votre oncle, c’est un ami ou c’est un @ sur un réseau. Ce genre d’hommes – et quelques femmes – sait comment il aurait fallu gérer cette épidémie dès janvier. Il sait quand et comment il faudra déconfiner. Il sait s’il faut ou non retourner en classe et, avec le renfort d’experts en plateaux et de professeurs aux micros, il sait même quel traitement est efficace. En d’autres temps, à la fin du dîner, vous lui auriez donné 1 000 hommes et, Bon Dieu ! il vous la finissait, cette guerre !
Auditionné par le Sénat, le professeur Jean–François Delfraissy a confié la liste de ce que lui, à l’inverse, ne sait pas. Lui, président du Conseil scientifique, immunologue et spécialiste des maladies infectieuses, ne sait pas si les enfants sont véritablement un vecteur privilégié de transmission de la maladie. Il ne sait pas si avoir contracté le Covid-19 offre une immunité, et pendant combien de temps. Il ne sait pas si la contamination de 50 % de la population offrira une immunité collective suffisante. Il ne sait pas pourquoi le Sud-Ouest est épargné. Et il ne sait pas non plus si le virus disparaîtra avec l’été. Voilà une liste qui suscitera l’ironie goguenarde des premiers ; c’est que les choses sont simples, quand on ne porte pas la responsabilité des décisions.
Quelles que soient les réserves que le professeur Delfraissy peut susciter dans d’autres fonctions, cette audition était une ode à l’humilité, et l’on aimerait que nos ignorants péremptoires et bruyants s’inspirent un tant soit peu de cette trop rare capacité à reconnaître ce que l’on ne sait pas, mais avec autorité. Car oui, décidément, ce virus nous renvoie à l’humilité et nous révèle désarmés. Il le fait bien au-delà de notre ignorance sur ses caractéristiques et sur les mesures appropriées : il dévoile la fragilité de nos projets et il ridiculise nos velléités de plans à 5 ou à 10 ans quand, en moins de temps qu’il n’en faut à un pangolin pour dire « coronavirus », tout est bouleversé.
Oui, il nous rend humbles, ou du moins le devrait, lorsqu’un ciel d’azur immaculé comme jamais, parcouru de trilles d’habitude étouffés vient souligner la vanité de notre activisme. Qu’ajoute donc l’Homme par son agitation ? Peut-être ce virus rappelle-t-il à cet Homme qui rêve de maîtrise la grâce de l’abandon. Le Covid-19 serait alors un virus d’humilité. Même si ce n’est pas la plus contagieuse de ses propriétés.
Photo by Serkan Turk on Unsplash
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Mille mercis!
Tout à fait d’accord avec vous, c’est merveilleux que vous ayez relevé ce » cas ». Un savant qui reconnaît certaines limites…
Cela valait bien en effet l’objet de votre chronique!
Cordialement,
Par contre il annoncait avec beaucoup de certitude le 3 mars que :
« On se lave les mains, avec au mieux, des solutions hydroalcooliques. Les masques ne sont pas nécessaires. Ils doivent être réservés aux professionnels de santé et aux personnes qui sont suspectes et dont on ne sait si elles ont une pathologie ou pas »
Les masques ne sont donc pas nécessaires …
En effet. Peut-être la découverte de toutes les inconnues sur ce virus l’aura amené à plus de modération.
De toutes façons, il ne s’agit pas véritablement, dans cette chronique de faire l’éloge d’un homme, mais d’une attitude.
100% en accord avec votre analyse. Merci!
« L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit. »
Toujours aussi humble ?
https://www.lefigaro.fr/sciences/coronavirus-la-rentree-ne-sera-pas-normale-avertit-le-president-du-conseil-scientifique-20200709
Je ne vois pas bien le rapport.