Il y a l’ensemble des coûts cachés, des manques à gagner, et puis il y a les coûts bien identifiés, comme celui qu’annonce la RATP dans son bulletin d’information.
La RATP regrette les désagréments subis par sa clientèle. Elle s’efforcera tout au long de la journée d’assurer un retour à un service normal. Par ailleurs, elle rappelle qu’en raison de l’Engagement de Service elle paiera 2 millions d’euros au STIF (Autorité Organisatrice des Transports en Ile-de-France), au titre des pénalités.
Ce qui ne manque pas de me rappeler ce que disait Sindelaar, et que j’avais d’ores et déjà apprécié.
Il semble au demeurant – mais cela souffrirait une analyse plus approfondie – que nous nous soyions appliqués à généraliser un système qui offre un moyen de pression supplémentaire aux syndicats. Gaudeamus.
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peut-on raisonnablement penser que chaque journée de grève coûterait ce prix ?
On peut l’imaginer (outre les pénalités payées par la SNCF) et en ajoutant l’ensemble des autres coûts pour le pays. Sur le seul plan des pénalités, je ne sais pas si c’est dégressif, ou pas.
Curieux que ça choque ici, ça me semble être une mesure d’inspiration plutôt libérale.
Cette mesure a été introduite parce qu’en fin de grêve, patrons et syndicats avaient intérêt à s’entendre sur le dos de la collectivité de cette manière : imaginons que le patron disons de la RATP accepte de lâcher une augmentation de salaire un peu audacieuse. Aussi sec le ministre des finances passe un copieux savon au ministre des transports, qui en tant que ministre de tutelle déverse aussi sec ce trop plein d’aggressivité sur le patron de la RATP. Pas agréable. Par contre s’il y a une entente tacite du type : ok pour tant, mais je ne peux pas dire oui aujourd’hui, laissez trainer un peu les choses. Là à l’inverse, le ministre des finances engeule le minstre des transports, non mais tu me la termines oui ou merde ta connerie de grêve.
Que reconait-on aisément ? Une externalité. Deux larrons qui concluent un accord bénéfique pour eux sur le dos d’un troisième pas impliqué dans les négociations mais qui en subit néanmoins des conséquences négatives certaines. Un bon libéral proposera normalement d’internaliser ces externalités, c’est à dire de donner un coût au préjudice subi par le syndicat des transports d’île de france, de manière à ce que le contrat débouche peu ou prou sur un équilibre optimum pour les troies parties. D’où l’intérêt de cette amende.
Je pense que la différence entre le service minimum et le service garanti est que l’un va devenir obligatoire sans choix entre amende et service, tandis que l’autre permettait de se dédouaner sur le dos, comme d’habitude, des contribuables.
Maintenant, à propos de cette grève, encore aujourd’hui, je n’arrive pas à comprendre comment les syndicats ont pu mobiliser des fonctionnaires déjà alignés ( en partie seulement il est vrai ) sur le système général !
Faire grève pour avoir la joie de payer, avec ses deniers, les privilèges des autres, me semble du pur masochisme !
Il y a des jours où je rêve qu’une proposition de grève soit d’abord déposée sur le bureau d’un juge honnête ( mais cela existe il ? ) et qu’elle soit autorisée ou non en fonction de sa crédibilité et de sa conformité avec la démocratie et les droits des citoyens.
Il me semble tellement choquant que, pour pouvoir se dorer au soleil 10 ou 15 ans plus tôt que les autres, avec un salaire d’environ 10 à 20% supérieur aux autres, ces « travailleurs » empêchent ceux qui payent pour eux d’aller travailler!
Quant à la façon d’imaginer que ce principe de choix entre l’amende et le service minimal soit libéral, cela me laisse songeuse.
Car si ce choix existe pour les syndicats, il n’a aucune contre partie concurrentielle, ce « mouvement passif » aboutissant à un blocage du pays et non pas à une augmentation du transport « privé », sinon minime ( à part les taxis et quelques autres cars ou bus de compagnies privées n’ayant pas une flotte suffisante pour être véritablement concurentielle )
D’autre part, la valeur absolue de cette pénalité me semble minime par rapport à la réalité des déficits cumulés des entreprises françaises, lors d’une journée de grève des transports.
Je n’avais pas cette analyse là d’une valeur libérale.
Eh bien, il nous fait un petit délire, jm ? Quel est le rapport entre une éventuelle augmentation de salaire finale et les pénalités payées au STIF ? En quoi les pénalités payées excluent que, de surcroît, la grève se termine sur une augmentation de salaire ? On peut essayer de tout justifier mais il faut s’efforcer de rester un peu crédible. Quant au libéralisme, on se demande un peu ce qu’il vient faire là, si ce n’est servir de gimmick.
Sur Europe, ce matin, Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF indique le coût de la grève est de 20 millions d’euros auxquels s’ajouteront « plusieurs » millions d’euros de remboursement aux voyageurs…
[quote comment= »51952″]Sur Europe, ce matin, Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF indique le coût de la grève est de 20 millions d’euros auxquels s’ajouteront « plusieurs » millions d’euros de remboursement aux voyageurs…[/quote]
Je l’ai aussi écouté ce matin, mais le moment qui m’a le plus marqué fut quand elle a expliqué que tous les voyageurs étaient parfaitement informés des conditions du trafic, arguant que les sites dédiés avaient reçu plus de deux millions de connexions. Je sais pas si elle a confondu connexions et tentatives de connexion, mais hier soir, aucun de ces sites n’était accessible, la radio censée donner des bulletins pour l’Ile de France toutes les dix minutes n’en donnait pas (mis à part d’aller sur le web), et le numéro de téléphone de renseignements indiqué (0805 700 805) passait une bande vocale demandant aux gens d’aller sur le web, ou d’appeler le 0805 700 805. Hum…
La boite vocale de la RATP indiquait bien que deux millions d’euros allaient être payés au STIF, ce qui, j’imagine, aurait du me réconforter.
Oui, c’est un scandale, et apparemment la récente loi sur le service minimum fonctionne aussi de la même façon. Mettez-vous d’accord, sinon c’est l’entreprise qui raque.
Je rappelle que dans le métro de New York, où les syndicats sont très puissants et où la grève est interdite, ce sont évidemment les syndicats, et leurs chefs, qui doivent payer personnellement des amendes faramineuses quand ils décident malgré tout de faire grève — ce qui arrive peut-être une fois tous les dix ans. Je crois bien qu’il y a aussi des peines de prison à la clé. Et ces peines sont appliquées, faut pas croire.
La prison pour Bernard Thibault si les cheminots font grève: voilà la seule façon d’assurer le service minimum.
Tout le reste est usine à gaz imbitable, indémerdable et ingérable à la française — et c’est toujours les mêmes qui raquent. Jamais les responsables, toujours les usagers, les contribuables, les travailleurs du privé, les entreprises privées, les chômeurs, les malades, les proches de malades, l’économie en général.
Rendez-vous compte qu’ici même, sur un blog fréquenté pas que par des abrutis, on est incapables de se mettre d’accord sur l’effet incitatif de cette amende! C’est vraiment vachement efficace! Ca c’est de l’ingénierie sociale à la française! Faut vraiment être sorti de l’ENA ou de Polytechnique pour inventer des trucs pareils!
[quote comment= »51978″]La prison pour Bernard Thibault si les cheminots font grève: voilà la seule façon d’assurer le service minimum.[/quote]
Ah. On l’exécute plus ?
[quote comment= »51978″] La prison pour Bernard Thibault si les cheminots font grève: voilà la seule façon d’assurer le service minimum.[/quote]
Pardon Robert, mais Koz a elliptiquement raison : là vous vous emballez. L’état de la France, dont fait partie sa mentalité, a besoin pour évoluer de tout sauf de martyr syndical. Cela aurait l’effet inverse. En compensant l’inconséquence des syndicats par de l’autoritarisme, on ne ferait que la nourrir.
Ce qu’il faut, et c’est la stratégie sarkozyste, c’est la terre brûlée. C’est comme ça que Bonaparte fut vaincu en Russie. Pas de bataille, rien à conquérir. Une armée qui s’arrête non parce qu’elle a cédé, mais parce que son ennemi n’existe pas. Les syndicats n’ont personne à combattre : on est d’accord avec eux sur (presque) tout. Ils sont malheureux? Nous aussi. Ils veulent négocier? Nous aussi. Ils se pensent indispensables? Nous aussi, ils nous manquent déjà. Leur métier est pénible? Tout à fait. Mais la volonté du peuple français, et la survie de son modèle social sont souveraines. Point barre.
Le changement de mentalités s’opère pour autant, comme en prend note Roger Cohen dans son edito du IHT, en parlant de Christine Lagarde :
http://www.iht.com/articles/2007/10/17/opinion/edcohen.php?page=1
Pour en finir sur la notion de martyr – ben quoi, moi aussi je peux m’emballer – il y a ce vers d’Aragon à Pierre Laval :
« Même ton meurtrier n’aura pas de statue »
Je le trouve d’une violence éblouissante, complètement disproportionnée avec notre sujet, si l’on excepte le clin d’oeil de Koz, mais cela signifie aussi autre chose, à d’autres niveaux : la pire des punitions, ce n’est pas la disgrâce flamboyante, qui reste gravée dans l’histoire… mais c’est l’agonie de l’obsolescence, première étape de l’oubli. C’est là que Sarkozy amène les syndicats révolutionnaires, « tranquillement », comme il dit.
Et croyez-moi, ils le savent.
Koz et Damoclès, je vous trouve bien solennels, soudain. Avez-vous perdu votre sens de l’humour, de la distance, du relatif?
Koz, votre pirouette sur la peine de mort pour Thibault, que je souhaiterais, ressemble typiquement à la réthorique gauchiste: déformer jusqu’à la caricature la position de l’interlocuteur pour la tourner en ridicule. Naturellement, toute réponse à ce genre de trait d’esprit est impossible. Je vais malgré tout répondre.
Il est évident que si j’étais maître du monde — euh, juste de la France, c’est à dire à la place de Sarkozy — je ne proposerais pas d’interdire la grève sous peine de prison, vu l’endroit d’où nous venons. Vu la mentalité collective. L’échec serait assuré.
Le rapprochement que j’ai fait avec les lois de l’Etat de New York n’en est pas moins riche d’enseignements, et devrait faire réfléchir.
1) Les syndicats du métro de New York sont puissants, craints et respectés. Beaucoup plus que les syndicats français. En gros, leur puissance est comparable à celle de la CGT chez les dockers français.
2) La négociation salariale est obligatoire, périodique, à date fixe, et strictement encadrée. Les employés du métro de New York ont des salaires très avantageux, beaucoup plus élevés que ceux de professions comparables dans la région.
3) La grève est interdite. Pas de pseudo-service minimum à la française, pas de trouducutages genre « on informe les voyageurs de la manière dont on va les enculer, donc ils devraient être contents ». Les New Yorkais mènent jusqu’au bout la réflexion démocratique: le métro est un service public, il est essentiel au fonctionnement de la société, c’est un monopole, donc la grève est interdite parce qu’elle contreviendrait gravement à l’interêt général.
4) Et donc, si une chose est interdite parce qu’elle lèserait gravement la société, l’infraction à cette règle doit être sévèrement punie. Et c’est le responsable qui doit être puni, c’est à dire le syndicat, et non la victime, c’est à dire l’entreprise! C’est cela la justice, c’est cela la démocratie.
Voilà. Je considère que tout cela relève plus ou moins de l’évidence, de la reconnaissance du réel. Cette évidence que nous avons tellement de mal à admettre en France, pays qui vit en permanence dans le déni de réalité.
Au point de punir la victime d’un acte socialement nocif, et non le coupable, comme vous-même, Koz, l’avez souligné dans votre billet — et je m’étonne d’autant plus de votre réaction que j’abondais dans votre sens.
Donc, oui, si la France était un pays sain d’esprit, pragmatique, adulte, démocratique, elle devrait interdire la grève dans les services publics en situation de monopole, essentiels au fonctionnement de la société.
C’est d’ailleurs le cas dans certains d’entre eux. Tout le monde trouve normal que les policiers, ou les médecins des hôpitaux, sauf erreur de ma part, ne puissent pas faire grève. Pourquoi en irait-il autrement pour les transports publics, dont l’absence peut fort efficacement paralyser un pays?
Et qui dit interdiction, dit sanction à la clé.
Votre réaction, Koz, montre à quel point la dictature syndicale a réussi à soumettre les esprits en France. J’écoutais cette nuit une interview de la grande journaliste pacifiste et féministe Louise Weiss, réalisée peu avant sa mort, dans les années 1970.
Louise Weiss a interviewé Trotski à Moscou dans les années 1920, à une époque où l’URSS était interdite aux étrangers, et ce dernier a tellement été impressionné par leurs échanges qu’il lui a donné carte blanche pour entrer comme elle le voulait au ministère de la Guerre, et l’interroger quand elle le voudrait.
Quand on lui a demandé, cinquante ans plus tard, quel était le plus grand problème des Français, elle a dit: ils ne savent pas ce qu’ils veulent; et quand on lui a demandé quel était le plus grand péril pour la France, elle a répondu: les syndicats.
Il y a trente ans, déjà.
Avant d’aller quelque part, il faut déjà savoir où on veut aller. Après, il y a le comment. La tactique.
Et là, je suis assez d’accord avec ce que vous dites, Damoclès: les syndicats n’existent pas. Ce ne sont, en réalité, que des tigres de papier. Ils n’ont pas d’adhérents, et ne survivent que grâce aux subventions de l’Etat et aux valises de billets du patronat.
Il suffit donc que ces derniers disent: ça suffit, on arrête, vous n’êtes plus drôles, on ne joue plus, pour que tous ces intermittents du spectacle social s’effondrent comme un château de cartes.
C’est d’ailleurs ce qu’a récemment reconnu, avec une rare franchise, l’un des responsables les plus extrémistes de la CGT, celui qui a réussi à avoir la peau du CNE devant une cour d’appel: les syndicats n’ont du pouvoir que dans la mesure où les gouvernements croient qu’ils ont du pouvoir, a-t-il dit, et ces derniers ont désormais compris qu’il n’en était rien. Cette déclaration, qui aurait dû faire les gros titres du 20 h de TF 1, est passée totalement inaperçue, bien sûr.
Sarkozy, un gouvernement, des négociateurs, doivent naturellement trouver la manière. Mais la manière est conditionnée par le but, et le but, ce sont les Français qui le désignent.
Fort heureusement, je ne suis pas Sarkozy, et je suis donc libre de dire: si les choses étaient bien faites, si la justice et la démocratie régnaient en France, Bernard Thibault irait en prison pour fait de grève, pour fait de sabotage social et économique.
Et c’est parce que de plus en plus de Français pensent comme moi que Sarkozy a la possibilité de se livrer à tous les ronds de jambes et trouducutages qu’il veut pour ne pas faire bobo à l’ego fragile de ces pauvres syndicalistes, pourvu qu’il nous débarrasse enfin de ce problème.
Chacun son boulot.
Post-scriptum sur le métro de New York: si ça se trouve, d’ailleurs, il est exploité par une entreprise privée. Il serait intéressant de vérifier ce point.
Un service public peut être assuré par une entreprise publique ou privée. Des obligations de service public, comme ici l’interdiction de la grève sous peine d’amende (certainement) et de prison (à vérifier), peuvent fort légitimement être imposées à des entreprises en position de monopole, qu’elles soient publiques ou privées.
C’est vous, Robert, qui vous faites inutilement solennel. Suggérer seulement qu’il faille envisager l’emprisonnement des responsables syndicaux est absurde. Et il n’est pas besoin pour cela d’invoquer « l’endroit d’où nous venons » ni « les mentalités ».
Le fait que vous ayez besoin pour asseoir votre raisonnement de considérer que ma réaction témoigne de ma soumission aux gauchistes et aux syndicats ne fait qu’ajouter à l’absurde.
[quote comment= »52032″]Post-scriptum sur le métro de New York: si ça se trouve, d’ailleurs, il est exploité par une entreprise privée. Il serait intéressant de vérifier ce point.
Un service public peut être assuré par une entreprise publique ou privée. Des obligations de service public, comme ici l’interdiction de la grève sous peine d’amende (certainement) et de prison (à vérifier), peuvent fort légitimement être imposées à des entreprises en position de monopole, qu’elles soient publiques ou privées.[/quote]
Ben voilà, ça vous fera des devoirs de vacances : vérifier si, à tout hasard, dans notre droit, il n’y aurait pas comme une affirmation du droit de grève (certes au même titre que d’autres droits « concurrents », comme la liberté du travail), de sorte qu’interdire la grève sous peine d’emprisonnement serait un poil anticonstitutionnel. Cela étant, je raisonne à droit constant. Et j’imagine aussi que vous préconisez une révision constitutionnelle.
Mais au point où nous en sommes, si mon esprit est perverti par le gauchisme, j’en viens à m’interroger sur l’idéologie qui influence le votre pour en venir à de telles propositions.
N’accablez pas Robert, il n’a pas complètement tort.
Il est des situations (notamment dans les infrastructures de transport : ports, aéroports, métros…) où il est difficile voire impossible de faire vivre la concurrence. La solution idéale est donc de confier un monopole à un exploitant unique, souvent public. Mais les monopoles publics ne sont pas moins dangereux que les privés. Il convient de mettre en place les dispositifs permettant de prémunir l’intérêt général contre les tentatives d’abus de ces monopoles.
Beaucoup de pays démocratiques ont donc mis en place des restrictions forte au droit de grève dans les monopoles publics, c’est notamment le cas de l’Allemagne, dont je ne crois pas qu’on puisse dire que les syndicats y soient particulièrement faibles.
En fait, on a le choix entre 3 possibilités, 3 modèles:
Le modèle britannique : on privatise à l’aveugle, sans s’assurer qu’on sera capable de faire vivre une saine concurrence. Et on se retrouve avec une nuée de petits monopoles privés locaux, avec les conséquences classiques du monopole : service de piètre qualité à prix d’or.
Le modèle français : on confie un monopole à une entreprise publique sans se prémunir contre les abus de ce monopole et on obtient là encore les conséquences classiques du monopole : service médiocre et cher (un peu moins médiocre que chez les Britanniques; pour le prix, impossible à dire, trop de subventions déguisées polluent les comptes de la RATP ou de la SNCF)
Le modèle allemand : on confie un monopole à une entreprise publique en contrepartie d’engagements destinés à protéger l’intérêt public contre les abus de monopole. Pas question d’emploi à vie, droit de grève très sévèrement encadré, gestion serrée. Résultat, on évite l’essentiel des inconvénients du monopole, on a un service convenable à un prix convenable.
Les principes sont importants mais il faut les hiérarchiser. Les Allemands placent manifestement l’intérêt général devant le droit de grève. Nous, c’est le contraire.
Ni faire ce constat ni suggérer d’inverser cet ordre de priorités ne me paraissent être des positions extrémistes.
Ca, non, Liberal, ce n’est effectivement pas ce qui pose problème. Ce qui tend à m’agacer, c’est le discours de droite « quelque peu » excessif qui revient à envisager l’emprisonnement des leaders syndicaux – tout en précisant qu’on ne le recommande… parce que ça ne passerait pas dans l’opinion. Ce n’est que parce que Robert considère déjà que mes réactions sont prédéterminées par le gauchisme ambiant que je ne précise pas davantage à quoi cela me fait penser mais je trouve le propos très excessif et même stérile (on croirait entendre un gauchiste rêver du Grand Soir, lorsqu’il pendra les bourgeois haut et court, sauf qu’il ne s’agit pas, là, des bourgeois) et il me semble envisageable de développer une certaine fermeté face à la grève sans en venir à de telles extrémités.
Oui, d’accord avec toi.
[quote comment= »52037″] Suggérer seulement qu’il faille envisager l’emprisonnement des responsables syndicaux est absurde. [/quote]
C’est à dire qu’il serait intéressant d’apporter un argument à l’appui de cette assertion. Personnellement, j’ai apporté les miens. Vous faites comme vous voulez.
Il y a déjà 250 millions d’Américains (à la louche) qui semblent en désaccord avec vous là-dessus. Suggérer sans plus d’explications que ce sont 250 millions d’abrutis me paraît un peu rapide.
Surtout si l’on compare les performances économiques des deux pays. Regardez qui a la croissance la plus forte, le chômage le plus bas, les universités les plus prestigieuses.
Puis regardez quel pays punit les syndicats fauteurs de grève de prison — dans les rares cas précisés par la loi où celle-ci est interdite –, et regardez quel pays punit les entreprises victimes de la grève.
Faut pas venir se plaindre après qu’on ne trouve pas de travail en France, que les étudiants français les plus brillants — et d’autres — émigrent par fournées aux Etats-Unis.
Voici, au hasard, l’avis d’un blogueur anonyme de l’Arizona qui suit de près l’actualité française:
« As i am sure your realize, such strikes would be illegal in the u.s., and the ringleaders, if they defied court orders, would go to prison –‘ol monsieur TEEBOH, of beatle hair fame, would have to get his hair cut if pulled the same shit here. — Azloon »
http://timescorrespondents.typepad.com/charles_bremner/2007/10/ccilia-sarkozy-.html#comments
Quant à l’argument ultra-usé de la constitution, je vous en prie, il n’est pas digne de vous. La constitution n’interdit nullement les restrictions au droit de grève, puisqu’elle précise qu’il s’exerce dans les limites des lois qui le régissent.
Quand bien même elle les interdirait, il serait alors urgent de modifier la constitution. C’est parfaitement prévu… par la constitution elle-même, et il se trouve qu’on le fait tous les quatre matins pour des raisons souvent futiles, et beaucoup trop souvent à mon goût.
Il y a d’ailleurs, dans la constitution française, un certain nombre de choses parfaitement regrettables et tout à fait contestables, en particulier du côté des traités internationaux droits-de-l’hommistes.
Je veux bien que l’on considère la Constitution comme un monument intouchable, mais alors il ne fallait pas la changer un nombre incalculable de fois depuis 1789, contrairement à la constitution américaine, qui, elle, a fort peu bougé depuis la fondation des Etats-Unis, et fait l’objet d’un vrai consensus parmi les citoyens, quel que soit leur bord politique.
La constitution française est un texte de loi éminemment historique, volatile et contingent, où chacun vient piquer ce qui lui chante quand ça lui chante, en oubliant le reste.
Si les gauchistes qui font des bonds en criant: Constitution! Constitution! à chaque fois qu’il est question de marquer « ADN » dans une loi, ou de limiter un tant soit peu la dictature syndicale, avaient vraiment lu dans quels termes le texte en question sacralise le droit de propriété, et à quel rang il le place dans les droits fondamentaux, ils sauteraient beaucoup plus haut et beaucoup plus fort.
Cette volatilité de la constitution face aux caprices de la politique et de l’histoire est une manifestation directe du caractère peu démocratique de la France, au contraire des Etats-Unis.
En complément: mon idéologie est simple, il suffit de demander. C’est la démocratie et le libéralisme.
La France, contrairement à ce qu’elle croit, est fort peu démocrate (et encore moins libérale). C’est valable avant tout pour la gauche, qui n’a que le mot de démocratie à la bouche mais le trahit à chaque seconde, mais aussi pour la droite.
L’une des pierres de touche les plus sûres de la démocratie d’un peuple est sa volonté de se soumettre à la loi et à l’intérêt général.
En France, quand vous avancez cela, on vous répond: comment! moi! me soumettre! mais je ne suis pas un mouton, moi, Monsieur!
En France, chacun s’emploie à mettre la loi et l’Etat au service de ses intérêts particuliers. La France est un pays profondément corporatiste. La Révolution avait tenté d’éradiquer cela. Le tropisme est bien vite revenu. Vichy l’a fait briller de plus belle. La Libération, tout en prétendant s’inscrire à l’opposé de Vichy, a, en réalité, maintenu et approfondi ce corporatisme.
Les régimes spéciaux de retraite, qui sont à l’origine de cette discussion, en sont l’une des manifestations les plus éclatantes.
Mais the-times-they-are-a-changing. Les militants d’Alternative Libérale, qui tractaient contre la grève dans les gares parisiennes, témoignent que la plupart des voyageurs rencontrés étaient favorables à leur démarche, alors que quatre ans seulement auparavant, dans les mêmes circonstances, leurs réactions étaient majoritairement hostiles.
Bravo Sarkozy.
[quote post= »499″]La grève est interdite. Pas de pseudo-service minimum à la française, pas de trouducutages genre “on informe les voyageurs de la manière dont on va les enculer, donc ils devraient être contents”. Les New Yorkais mènent jusqu’au bout la réflexion démocratique: le métro est un service public, il est essentiel au fonctionnement de la société, c’est un monopole, donc la grève est interdite parce qu’elle contreviendrait gravement à l’interêt général.[/quote]
Sur ce point précis, je suis d’accord, et je rejoins tout à fait Libéral pour privilégier l’interêt général sur le droit de grève. Il faudra certainement que la question se pose un jour, vu que le service minimum prévu devrait être bien faible pour tenir le choc. Après, la prison, je ne vois pas pourquoi, un manquement serait davantage une faute grave dans le cadre de l’exercice de la profession.
Il va peut-être falloir s’habituer à voir des leaders syndicaux (patronaux et salariés) en prison.
j’hallucine !
combien ça coûte la grève ?
A la fin du 18e siècle, y a-t-il eu des imbéciles pour savoir combien avait coûté la Révolution française ?
Les crétins qui veulent mettre les syndicalistes en prison ont des congés payés conquis par nos ancêtres (les miens, en tous cas) avec des grèves d’une autre ampleur que celles qu’on connaît aujourd’hui.
Pffff…
[quote post= »499″]Regardez qui a la croissance la plus forte, le chômage le plus bas, les universités les plus prestigieuses.
Puis regardez quel pays punit les syndicats fauteurs de grève de prison — dans les rares cas précisés par la loi où celle-ci est interdite –, et regardez quel pays punit les entreprises victimes de la grève.[/quote]
Si je comprends bien le raisonnenement de Robert, si les USA ont une croissance forte et des universités prestigieuses, c’est parce qu’ils punissent les grèves !!!
Diantre, en voilà une théorie intéressante. Je pense qu’on tient notre prochain Nobel d’économie.