Est-ce une conversion, est-ce une révolution, à laquelle appelle François dans cette encyclique, la première écrite intégralement de sa main ? Nous le savions, son air bonhomme, ses mines joviales et ses saluts patelins cohabitent avec une radicalité déterminée mais sereine. Laudato Si n’est pas un robinet d’eau tiède écologiste même si, à très juste raison, le pape y rappelle l’importance déterminante de la capacité d’admiration et d’émerveillement devant la nature, sans laquelle il n’est pas d’écologie possible. Mais son propos est vif et acéré lorsqu’il s’agit d’évoquer le modèle politico-économique actuel. Sa vision est proposée à tous : François insiste sur le fait qu’elle est donnée à « tous les habitants de la planète ». Pourtant, parmi eux, tout spécialement, les chrétiens ne peuvent pas se dérober à un examen de conscience rigoureux. Car, explique-t-il, « vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne » (pt 217).
Ses mots sont aiguisés, contre le « paradigme technocratique » et, assurément, c’est un projet pleinement politique que le pape propose. Si, comme à l’ordinaire, le pape ne décrit pas par le menu les actions précises à mettre en place, il ne se contente pas d’une vision qui serait aimablement balancée, gentiment équilibrée : le projet est un projet chrétien, d’« écologie intégrale » et il commande une mise à jour, une remise en question, de chacun. La tiédeur n’est pas de mise : « il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. Il s’agit simplement de redéfinir le progrès. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès » (pt 194).
Moi, pape François, actuellement à Rome, j’invite tous les hommes de cette planète à se mettre en rapport avec moi et à résister au paradigme productiviste. Quoiqu’il arrive, la flamme de la résistance humaine ne doit pas s’éteindre et s’éteindra pas Pape François, 18 juin 2015 (sort of - ceci n'est qu'un pastiche kozien)Au préalable, François souligne que « la culture écologique (…) devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à l’avancée du paradigme technocratique » (pt 111). Une résistance, rien de moins. Et le pape refuse très clairement de se satisfaire des vertus présumées du marché. Si, classiquement, la doctrine sociale de l’Eglise reconnaît la validité de l’économie de marché parmi les systèmes économiques, elle est très éloignée de l’idolâtrie (au sens propre) du marché qui anime certains : « le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral ni l’inclusion sociale » (pt 109).
Oui : développement humain intégral et inclusion sociale. Dans une encyclique sur l’écologie. C’est que « tout est lié ». L’expression revient à neuf reprises dans l’encyclique (pts 16, 70, 91, 92, 117, 120, 138, 142, 240). Non, contrairement à ce que pourraient craindre des écologistes historiques de tendance non chrétienne, le pape ne se contente pas d’un vernis écolo pour refourguer les vieilles lunes catholiques. Mais non, il n’est pas davantage possible de se croire cohérent en célébrant la biodiversité sans accueillir la vie humaine. Fraternité, justice, nature et vie : tout est lié. « Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap (…) on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié » (pt 117 et, pt 120 : « puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement »).
Tout est lié, tout est intimement lié. Les espèces entre elles, espèces animales et végétales, que l’on ait déjà perçu leur équilibre ou qu’il nous échappe encore. Tout est lié, de la pollution visuelle à la biodiversité à la pollution atmosphérique. « Les habitants de cette planète ne sont pas faits pour vivre en étant toujours plus envahis par le ciment, l’asphalte, le verre et les métaux, privés du contact physique avec la nature » (pt 44). Comment demander à une personne d’attacher du prix à la grenouille des Pyrénées quand son horizon n’est que bitume et béton ? Comment espérer d’elle qu’elle trouve alors un autre horizon qu’une surconsommation marquée par la « culture du déchet » ? Tout est lié… et encore l’urbanisme, qui peut créer les conditions d' »un « nous » que nous construisons ensemble ». Ainsi, « il faut prendre soin des lieux publics, du cadre visuel et des signalisations urbaines qui accroissent notre sentiment d’appartenance, notre sensation d’enracinement, notre sentiment d' »être à la maison » dans la ville qui nous héberge et nous unit » et seule cette conviction d’être à la maison, d’être chez nous, peut nous conduire à attacher du prix à la préservation de ce cadre, à la sauvegarde d’espaces intouchés, à l’émergence de la nature.
Qu’un homme politique assume ces responsabilités avec les coûts que cela implique, ne répond pas à la logique l’efficacité et d’immédiateté de l’économie ni à celle de la politique actuelle ; mais s’il ose le faire, cela le conduira à reconnaître la dignité que Dieu lui a donnée comme homme, et il laissera dans l’histoire un témoignage de généreuse responsabilitéLaudato Si, pt 181Tout est lié, et encore la capacité d’émerveillement et d’étonnement des Hommes. Tout est lié et jusqu’à la gouvernance d’un pays, comme la gouvernance mondiale. Politique et économie s’accusent l’une l’autre dans la dégradation de l’environnement, nous dit le pape, mais elles obéissent chacune à des impératifs de court terme. La politique, ou ce qu’il en reste, sous la pression de courts mandats et de « populations consuméristes », « conduit à la nécessité de produire de la croissance à court terme ».
Si le pape emploie l’expression de « décroissance », que je n’apprécie guère, il souligne aussi les gains qui peuvent surgir d’une croissance soutenue par l’exigence de respect de l’environnement. Surtout, il évoque longuement la sobriété, véritable vertu chrétienne – « la sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice » et la garantie d’une vie meilleure, intense, relationnelle. Dignité de la personne humaine et sobriété, voilà bien deux guides qui pourraient animer nos politiques, politiques auxquels le pape délivre une adresse solennelle, qui doit tracer sa voie jusqu’à leur conscience : « Qu’un homme politique assume ces responsabilités avec les coûts que cela implique, ne répond pas à la logique l’efficacité et d’immédiateté de l’économie ni à celle de la politique actuelle ; mais s’il ose le faire, cela le conduira à reconnaître la dignité que Dieu lui a donnée comme homme, et il laissera dans l’histoire un témoignage de généreuse responsabilité » (pt 181).
Voilà pour les politiques. Et pour les simples citoyens ? On ne rend pas justice à une encyclique en une seule lecture, en un seul article, on ne rend pas justice à l’« écologie intégrale » en quelques mots. Nous laisserons-nous (é)mouvoir par ce texte ? Nous laisserons-nous bousculer ? Le laisserons-nous infuser ? Acceptons-nous cette « conversion écologique » que le pape appelle de ses vœux ? Ou regarderons-nous ailleurs une fois encore parce que la consommation satisfait nos désirs immédiats ? Car « c’est la manière dont l’être humain s’arrange pour alimenter tous les vices autodestructifs : en essayant de ne pas les voir, en luttant pour ne pas les reconnaître, en retardant les décisions importantes, en agissant comme si de rien n’était » (pt 59). Le constat posé par le pape de « ce qui se passe dans notre maison » (pts 17 à 62) ne nous en donne pas le droit.
Son intervention est essentielle. Elle l’est car sa voix est entendue du Canada aux Philippines, en passant par le Brésil, Paris et Brazzaville. Elle l’est car elle vient soustraire l’écologie au seul champ politique, au petit échiquier politique, la soustraire à un camp, non pour l’en dépouiller mais pour l’offrir à tous et la rendre véritablement intégrale. Hier, Laurent Joffrin écrivait que le pape est « sans doute le chef d’Etat le plus à gauche de la planète ». Voilà bien la meilleure manière de cantonner bien vite son message. Le plus à gauche ? Non. Mais, sans risque de me tromper, évidemment le plus catholique. Le pape n’est pas à gauche, il n’est pas à droite, il est complet, total, intégral : catholique. Quant aux catholiques que Laurent Joffrin imaginait nécessairement embarrassés, la vérité oblige à dire que, pour beaucoup – et l’auteur de ces lignes au premier chef – dont des catholiques aisés, trop bien insérés dans le paradigme, il s’agisse d’un champ nouveau. Fort bien. C’est un défi à relever. Puisque nous aimons à rappeler que la défense des plus fragiles est d’une cohérence non négociable, depuis le plus pauvre et le migrant jusqu’à l’enfant à naître et le malade en fin de vie, à nous de faire toute sa place, dans cette vision globale et cohérente, à la biodiversité et à la sobriété. Nous en avons le goût et souvent la sensibilité. Entre ici, grenouille des Pyrénées, avec ton cortège de rousserolles et bouscarles des confins de la grande ville…
Oui, à nous de faire les efforts les premiers mais, permettez : pas seuls. Ce serait trop facile. L’effort de cohérence ne peut pas être unilatéral. A la gauche et à l’écologie de gauche de se laisser interroger. A chacun de se laisser bousculer !
Car tout est lié.
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🙂 je crains que la sobriété ne puisse passer que par la décroissance, en tout cas personnelle…
Je suis imperméable à ce vocable. Je le trouve laid et inutile. La sobriété est une vertu, en revanche, et de cette manière il est possible de mettre ce comportement en avant. « Décroissance » sonne comme « récession » ou « privation », pour beaucoup.
Comme souvent et à l’image de Joffrin, la gauche prompte à taper sur le catho bien comme il faut, ne va retenir de ce texte que ce qu’il l’arrange et va tenter de nous faire croire que le pape s’est prononcé pour le mariage homo. Mais oui, laissons nous interpelés par cette encyclique et agissons, c’est la meilleure réponse à donner.
« Car tout est lié. »
Oui, tout est lié.
J’ai eu la chance d’être éduquée à l’écologie jusque dans l’abandon des produits ménagers chimiques, jusque dans le tri sélectif, le recyclage, jusqu’aux moyens de transports, etc. Je découvre qu’il n’en est pas ainsi partout, à commencer par ma belle-famille. Aussi écolo que je sois sans même m’en rendre compte, il reste encore beaucoup d’efforts à faire pour diminuer mon impact écologique. L’écologie à laquelle j’ai été éduquée est facile à appliquer pour moi. Mais je mesure la difficulté pour ceux qui n’ont pas été habitués à ces gestes simples parce que certains gestes supplémentaires que je pourrais faire me coûtent.
Et cela fait des années que je ris jaune en voyant certaines copines écolos qui contribuent à bousiller la planète avec leur pilule contraceptive.
Décidemment, tout est dans tout…
D’accord avec toi sur deux points :
– le chemin proposé est exigeant (même si pas si nouveau)
– les conditionnements naturels humains et politiques vont rendre compliquée pour beaucoup la réception de ce texte, notamment parmi les catholiques.
Cette encyclique a l’immense mérite de regrouper et de mettre en perspective les différents éléments épars relatifs à la Création et la responsabilité de l’homme face à cette Création. Comme un pendant écologique à la doctrine sociale de l’Eglise, ou plus probablement un développement supplémentaire l’approfondissant.
Ce qui est certain, c’est qu’elle va en dérouter plus d’un, tant la tentation sera forte chez chacun pour y aller de son étiquette sur le pape et l’Eglise. Et reposer l’éternelle question de la foi et de l’adhésion à ce que dit l’Eglise pour ceux qui se disent catholiques.
Mon côté écolo s’est réveillé avant que je ne comprenne que je suis chrétien (je suis un recommençant, bientôt confirmé 🙂 ), et ce texte, ainsi que ton article, me touche profondément !
Fervent défenseur du vivant, de notre Terre, qui pour moi est comme notre mère, voila quelques années j’ai commencé à amener dans ma vie ces dites grenouilles, cette sobriété heureuse (comme l’appelle Pierre Rabhi).
Je suis d’ailleurs depuis 6 mois passé au végétarisme. En le devenant, j’ai découvert que certains vont jusqu’à dire que la Bible nous pousse à ces choix (http://www.vegactu.com/divers/debat/vegetarisme-dans-la-bible-lanalyse-du-pere-robert-10914/). Avec celle qui sera ma femme d’ici quelques mois, nous cheminons progressivement chaque jour et évoluons un peu plus, pas à pas, vers quelque chose de plus sain et plus respectueux du monde et du vivant.
Je l’applique jusque dans mon travail, refusant les contrats pour des entreprises allant dans le sens contraire à mes convictions (acceptant bien évidemment celles qui vont dans un sens différent plutôt que contraire).
Alors de voir notre Pape, dont les interventions depuis qu’il a été nommé à cette charge ont beaucoup participé à me ramener sur le chemin de la Foi, prendre cette prise de position, ça me rempli réellement de joie 🙂 J’espère que les chrétiens et chrétiennes du monde sauront s’approprier son message et commencer ce nouveau cheminement dans leur vie si ce n’est pas déjà le cas 🙂
@Koz : Il y a bien une question de vocabulaire qui n’intervient pas sur les mêmes partie de nos respectifs et respectables cerveaux…
J’aime le mot décroissance parce qu’il nous fait perdre nos illusions :), on peut avoir l’illusion d’être sobre (et je l’ai, cette illusion…), en revanche le mot décroissance, dans la rudesse de son son, dans la rudesse de son sens (oui, j’aime aussi les allitérations), nous fait perdre les sus-dites illusions, nous ramène à la réalité de notre style de vie, nous oblige à être concrets dans notre sobriété, à pousser plus loin cette sobriété.
Et puis… j’aime voir une proximité entre décroissance et la petite voie de Thérèse : « Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus » ; ou encore entre décroissance et Jean-Baptiste qui s’efface devant le Christ.
@ Vieil Imbécile:
Comme l’auteur de l’article, je n’aime pas tellement le mot » décroissance » car il appelle par consonance et rime avec déclin, avec déchéance, démission. Mais j’abonde aussi dans votre idée qu’il y a nécessité pour tous les humains des pays développés et privilégiés, d’accepter de faire descendre son niveau de vie, son confort, ses façilités pour passer de plus d’avoir à plus d’être, et pour partager avec les démunis.. don en fait d’accepter ce mot juste, mais à priori repoussant de » décroissance «
Le journal de la joie de vivre:
http://www.ladecroissance.net/
Ceci dit pour le lire parfois ce n’est pas pour moi la joie de lire.
C’est un journal qui me rappelle le journal La Gueule ouverte.
Je me fais l’impression d’être un dinosaure en écrivant cela.
http://lgopje.free.fr/la_gueule_ouverte_pourquoi.htm
Je vais faire quelque chose de très mal : je vais commenter sans avoir lu le billet, mais c’est volontaire : j’ai commencé à lire l’encyclique et je veux éviter de lire des commentaires avant d’avoir fini l’encyclique elle-même.
Je voulais juste signaler que, contrairement à ce que certains écrivent sur twitter, il ne s’agit pas de la première encyclique dont le titre ne soit pas en latin : avant elle, on trouvait déjà « Au milieu des sollicitudes » de Léon XIII en 1892 (en français) ; « Non abbiamo bisogno » de Pie XI en 1931 (en italien) et « Mit brennender Sorge » de Pie XI en 1937 (en allemand).
Ces 3 encycliques étaient essentiellement destinées à un épiscopat national particulier (France en 1892, Italie en 1931, Allemagne en 1937), d’où leur rédaction dans la langue de ce pays et elles avaient toutes une finalité très « politique » : appel au Ralliement à la République en 1892, condamnation du fascisme (et de sa persécution de l’Eglise) en 1931 et du nazisme (idem) en 1937.
Je pense que d’autres que moi vous corrigeront pour Au milieu des sollicitudes et Mit brennener Sorge, mais je pense que je serai un des seuls à connaître Non abbiamo bisogno 😉
Voilà, sinon on se retrouve quand j’aurai fini l’encyclique.
j’ai fini les trois premiers chapitres, je prends une pause.
je suis admiratif de ceux qui ont déjà tout absorbé et commentent en conséquence !
je vais lire ce long billet mais en voyant l’image d’illustration, j’ai pensé à Animals.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Animals_%28album%29
Il ne faut pas exagérer non plus : le mot décroissance n’est utilisé qu’une seule fois (sur 91 pages) et son utilisation est suivie d’une citation de Benoît XVI sur la réduction des besoins énergétiques. A priori, rien à voir avec ce qu’il veut dire désormais en économie.
Sinon, à part cela, j’avoue que ma curiosité (je sais, c’est un vilain défaut) a été quelque peu déçue. Une certaine presse nous avait présenté cette lettre encyclique comme révolutionnaire et je n’y ai trouvé que du classique. Son grand mérite est de récapituler ce qu’ont dit ses prédécesseurs, Jean-Paul II et Benoît XVI entre autres, mais je cherche, après ma première lecture, certes rapide,ce qui pourrait bien être considéré comme « révolutionnaire ». De toutes les façons, après le « scandale de la croix », que peut-il y avoir de vraiment révolutionnaire ?
Un regret : le chapitre sur la question de l’eau qui me semble un peu court et qui se termine en queue de cochon : pourquoi terminer par « le contrôle de l’eau par de grandes entreprises mondiales deviendra l’une des principales sources de conflits de ce siècle. » ? Pour l’heure, ce sont les États, les individus qui se font la guerre pour l’eau. Les conflits actuels au moyen-Orient, en Afrique, etc. ne peuvent se comprendre sans regarder une carte ! N’importe quel candidat à l’École de guerre s’est entraîné à plancher sur ce sujet et ce ne sont pas généralement de grandes entreprises qui déclenchent ces guerres, mais des États en bonne et due forme. Même Daesch s’y est mis, c’est pour dire :
http://www.rts.ch/info/monde/6836653-l-etat-islamique-engage-une-guerre-de-l-eau-en-irak.html
Le commentaire est parti sans l’avoir fini ….
En bref, que devons nous faire au delà du tri de nos poubelles, éviter le gaspillage, tenter d’orienter des achats responsables … on vit en Europe. A notre humble échelle, je ne vois pas comment « résister » au niveau de la grande échelle
@ François:
Il y a une petite musique « alter » qui court dans tout le texte.
Pourtant la performance « écologique » des pays qui ont été ou sont encore « socialistes » laisse quelque peu à désirer.
Je comprends bien que les « marchés » ne sont pas (toute) la solution au problème, mais au vu du comportment des politiques de tout bord, il me paraît difficile de croire sérieusement que leur sens de l’intérêt général est par principe supérieur à celui des acteurs de la vie économique. Je ne vois pas que prendre une décision en fonction de son efficacité électorale soit moralement supérieur à prendre une décision en fonction de sa rentabilité supputée.
@ Aristote:
Une « petite musique alter » dites-vous. Sans doute, mais qu’entendez-vous par « alter » ? Est-ce mon alter ego ?
Bizarrement, l’encyclique me fait parfois penser aux modes antiques d’expression qui déclaraient « anathèmes » ceux qui professaient des opinions contraires à la foi. Ainsi, une bonne partie du texte est consacrée à corriger de opinions erronées sur la doctrine de l’Église, par exemple une interprétation maximaliste de l’homme comme seigneur de la création. C’est dit plus gentiment, mais c’est bien de cela qu’il s’agit.
Deux choses me gênent, outre la petite musique « alter », qui reste discrète.
Pourquoi prendre position sur la réalité et les raisons du réchauffement climatique ? Je ne suis pas particulièrement climatosceptique, mais le sujet est controversé et ni l’Église ni le Pape n’ont de compétences particulières dans ce domaine. Mais la cause est entendue diront certains. Il était évident que la terre était plate et que le soleil tournait autour de la terre. Un peu plus de prudence était de mise.
La théologie de la Création me semble incomplète. Au chapitre 1 de la Genèse Dieu vit que cela était bon, et c’était bon. Mais peu de temps « après » intervenait la « catastrophe originelle » et la nature à laquelle nous avons accès n’est pas, n’est plus, celle du chapitre 1. Quid des tsunamis, des éruptions volcaniques, des cyclones, etc. Des épidémies de peste, de choléra, etc. Dieu regarde-t-il vraiment avec tendresse le virus du sida ? La biodiversité, c’est bien, la mouche tsé-tsé aussi ? Et l’on dit que si les dinosaures n’avaient pas disparu, il est peu probable que l’ordre des mammifères aurait eu la place qui a permis à l’homme d’apparaître. Bref, cela me fait un peu penser à Bernardin de Saint Pierre, lequel n’était pas pape en dépit de son patronyme.
@ François:
alter au sens par exemple d’altermondialiste.
D’abord, faire à François le crédit de la bienveillance, sans lequel il n’y a pas de compréhension possible.
Je vais m’y efforcer pendant que je rédige ce commentaire. Me rappeler qu’il est à l’évidence un homme d’une grande bonté et d’une non moins grande sagesse. Que si des écrits qui émanent d’un tel homme heurtent mes convictions, c’est la meilleure occasion de les mettre à l’épreuve. Me souvenir aussi que souvent les propos du pape sont déformés lors de leur retranscription, et que même toi Koz, n’es pas à l’abri de surinterpréter.
Ensuite souligner ce que j’approuve volontiers, ça m’aidera peut-être à mieux considérer ce qui me choque. Bien sûr respecter la création de dieu. Bien sûr, la sobriété. Bien sûr, vécue avec liberté. Bien sûr la dignité de la personne humaine, dont on comprend en creux dans le billet qu’elle passe tout de même dans l’encyclique avant la grenouille des Pyrénées. Bien sûr également, la critique du consumérisme, encore qu’on soit souvent plus prompt à le voir chez les autres que chez soi-même.
Après, impossible de ne pas penser à ce cartoon, tout au long du billet. Car il y a malheureusement quelques moments WTF. Je n’ai pas la moindre idée de ce que signifie « paradigme technocratique » ou « paradigme productiviste ». Peut-être François définit-il les termes dans l’encyclique, tu ne te donnes pas cette peine, dommage. De même la phrase entre guillemets « le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral ni l’inclusion sociale ». Ben évidemment. Le marché n’est rien d’autre que la somme des actions des humains en liberté. Et chaque chrétien sait que depuis le péché originel, le développement humain intégral, quoique cela signifie, n’est pas pour ce monde-ci. Le marché (qui n’est idolâtré au sens propre que par ses ennemis) ne saurait garantir un but inaccessible. En revanche, le socialisme garantit bien en soi le sous-développement humain et la guerre sociale. Notre pape argentin a pourtant l’exemple du sort tragique de son pays pour le lui rappeler.
En fait il n’y a que deux choses qui me heurtent vraiment, curieusement dans le même paragraphe (pt194)
« Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès ». Je comprends que la division par deux en 20 ans du nombre de personnes vivant en situation d’extrême pauvreté ne peut être considérée comme un progrès si dans le même temps les rousserolles sont délogées par l’expansion urbaine. Franchement, ça coince. D’abord parce que c’est pour le coup la meilleure façon de bloquer tout progrès et sacralisant le conservatisme. Ensuite, et ça explique le premier point, parce que cela revient à nier l’essence de la liberté de l’homme. Etre libre, c’est faire des choix et donc renoncer à ce qu’on n’a pas choisi. La condition du progrès est donc qu’il ne soit pas intégral (du moins à court terme).
« il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès ». Ces oppositions, présentées comme des évidences, sont absurdes. Le profit est défini comme l’excès de la valeur créée sur les ressources consommées. Il est donc l’exact contraire du gaspillage, et donc l’ami de l’environnement plutôt que son ennemi. De même, l’environnement n’est nulle part mieux protégé que dans les pays riches où le progrès (quelle que soit la définition qu’on lui donne) est le plus rapide. François croit-il qu’on protège mieux l’environnement au Yemen qu’aux Etats-Unis ? Qu’on attache du prix à la grenouille des Pyrénées quand son enfant meurt de faim ?
Au-delà de ces exemples particuliers, il ressort de ce billet un esprit de conflit, d’opposition assez troublant. Je n’ai rien contre les mots aiguisés (le Christ en a eu quelques-uns), mais il me semblait que le christianisme était à la base un message d’amour. Un espoir que l’ennemi d’aujourd’hui deviendra l’ami de demain. Qu’il faut l’aimer malgré tout. Le Christ est né dans une étable et mort sur la croix. Difficile de trouver meilleure illustration de l’effort sur soi-même. Mais non. Quand la prière et la tradition chrétienne nous enjoignent de résister à la tentation, à nos démons intérieurs, à notre égoïsme, le pape appelle les hommes « résister au paradigme productiviste. Quoiqu’il arrive, la flamme de la résistance humaine ne doit pas s’éteindre et s’éteindra pas ». Il ne s’agit plus de combattre notre ennemi intérieur et trouver la force de nous réconcilier avec l’autre. Il faut maintenant combattre un ennemi absolu extérieur avec lequel aucun compromis n’est possible. Je ne sais pas si c’est de gauche comme dit Joffrin, mais c’est assurément Marxien.
Le crédit de la bienveillance. Je finis sur une note plus positive. Je l’avais craint mais je ne trouve pas d’appel à la contrainte dans ce billet. Le pape exhorte les chrétiens et les hommes, libre à nous de l’entendre et de soumettre ses propos à notre conscience et notre intelligence. Bien sûr des politiques en tireront prétexte pour imposer taxes, interdictions, obligations (ils ne savent faire que ça), mais cela ne peut pas être reproché à François.
Au final, ce billet atteint son objectif, il donne envie de lire l’encyclique. Bien joué Koz.
@ Aristote:
Je vous faisais marcher, Aristote 🙂
Plus sérieusement, n’oubliez pas que notre pape est un jésuite. Regardez lorsqu’il parle du réchauffement climatique. D’un côté, il nous dit « consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique » (page 8), mais qu’il tempère dans le & Diversité d’opinions en écrivant : « Sur beaucoup de questions concrètes, en principe, l’Église n’a pas de raison de proposer une parole définitive et elle comprend qu’elle doit écouter puis promouvoir le débat honnête entre scientifiques, en respectant la diversité d’opinions »
@Lib : si j’entends ta définition du profit, et la partage en partie, il ne faut toutefois pas sous-estimer la capacité des individus ou des entreprises à ne pas se limiter à la définition que tu en donnes.
» Le profit est défini comme l’excès de la valeur créée sur les ressources consommées. Il est donc l’exact contraire du gaspillage. »
Cette phrase est vrai, si le profit ainsi dégagé tient compte de l’ensemble des effets, positifs et négatifs, attaché à la valeur ainsi créée. En pratique, ce n’est pas toujours, voire rarement le cas.
Deux exemples pour l’illustrer:
– l’abus de position dominante : un producteur/vendeur dans cette situation peut, par sa force, tirer un profit nettement supérieur à la valeur réellement créée, au détriment de l’acheteur alors floué.
– l’externalité négative : c’est le « fait que l’activité de production ou de consommation d’un agent affecte [négativement] le bien-être d’un autre sans qu’aucun des deux reçoive ou paye une compensation pour cet effet (cf. Encycl. Universalis). Pour le dire autrement, mon profit peut entrainer dans certains cas des pertes économiques réelles pour un individu ou la société sans aucune contrepartie. En évitant certains sujets polémiques, l’exemple de l’industrie du coton autour de la mer d’Aral illustre bien le problème. L’irrigation massive mise en place par l’état pour la culture du coton a conduit à un assèchement quasi total de la mer d’Aral, conduisant à la désertification de la région et au changement de son climat. Si les producteurs ont tiré profit de cela à court terme, l’ensemble de la région ne s’en est pas remise et a subi un externalité négative majeure. Dans le même ordre d’idée, l’industrie du tabac fait des profits (et génère des taxes pour l’état), mais économiquement, la somme des deux est bien inférieure aux frais induits pas la consommation de tabac par la collectivité.
La phrase de François (« il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès ») est donc beaucoup plus lourde de sens qu’elle n’y parait. Et ne saurait se réduire à des « oppositions, présentées comme des évidences, […] absurdes ».
Elle questionne le lien ou l’opposition que chacun voit entre profit et nature. Idem pour le lien entre progrès et environnement. Les deux mentions « en un juste milieu » et « qualité de vie intégralement supérieure » doivent être prises sérieusement (même si cela est très complexe) et nous renvoient à nos choix individuels, mais aussi aux choix de nos entreprises ou sociétés.
La rhétorique marxisme vs capitalisme parait alors trop humaine et limitée pour être adéquate appliquée à ces sujets sur lesquels nous avons tous une opinion, pas nécessairement éclairée, moi le premier.
Je te rejoins en tout cas sur ta conclusion : j’ai du coup envie de lire cet encyclique avec application.
« Par tous les animaux de la terre et de l’eau,
Par le chant des oiseaux, par le chant de la vie,
Par l’homme que Tu fis juste moins grand que Toi
Et par tous ses enfants… «
Le pape n’a pas choisit pas hasard de s’appeler François. Tout est lié.
Merci pour ce billet qui remet les choses à leur place au sujet de cette encyclique. On a entendu tellement de bêtises à ce propos.
@ Elodie:
@ Sébastien Drouin : je ne prétendrai pas être écolo. Cela n’a jamais été ma première préoccupation, et cette encyclique vient en revanche m’inviter fermement à la placer en haut de liste. Je ne suis pas végétarien, et je respecte la volonté de l’être, tout en notant que le Christ a tout de même bouffé un maximum de poisson. Sur la pilule, Elodie, je note aussi cette incohérence que vous évoquez. C’est évidemment mâtiné de considérations personnelles, de contraintes etc. mais c’est certain qu’en termes de cohérence, se défier des OGM et avaler des hormones n’est pas très édifiant.
François a écrit :
Vous charriez. D’une part, parce que c’est un peu déloyal tout de même de placer la barre à « révolutionnaire ». Comment vous répondre pour vous dire que, si, le texte est révolutionnaire ? Bon, en même temps, c’est moi qui emploie le terme de « révolution » au début de mon billet. Mais si, très certainement, c’est un très grand texte. Jean-Marie Guénois, qui n’est pas précisément d »une certaine presse » me le disait, l’édito du Figaro, dont la citation reste recevable dans un certain milieu qui se défie d’une certaine presse le souligne encore :
Et en même temps, il dit très bien les choses : c’est évidemment totalement en lien avec les vertus cardinales, dont l’énoncé n’a rien de « révolutionnaire ». Mais la fermeté du ton, l’urgence décrite, sont assurément marquants.
Enfin, si une certaine presse vous a semblé en faire trop sur le sujet, une autre qui se dit très catholique n’a de cesse d’insinuer que le pape ne serait guère fidèle à l’enseignement de l’Eglise. Le fait que le texte ne soit pas « révolutionnaire » devrait les satisfaire. Mais je doute que ce soit le cas.
Aristote a écrit :
Il y a une petite musique « alter » qui court dans tout l’Evangile aussi. Nous sommes, nous, catholiques, « alter ». Et je ne veux accorder ma fidélité à aucun système de pensée, économique, philosophique, sinon à la doctrine sociale de l’Eglise. Qui est alter. Pour la plus grande gloire de Dieu, et pour le bien du monde 😉
Aristote a écrit :
Mais le pape est au moins aussi réservé dans l’encyclique contre la politique telle qu’elle fonctionne aujourd’hui que contre l’abandon aux marchés.
Aristote a écrit :
La prudence n’est pas toujours de mise. Le pape n’a pas écrit ce document de son seul chef. Comme le rappelle notamment ce membre du conseil pontifical Justice et Paix, le pape s’est entouré d’experts de tous les domaines touchés par l’encyclique. Au demeurant, ce qui est véritablement controversé n’est pas tellement le réchauffement en lui-même – qui n’est mis en doute que par quelques jusqu’au-boutistes – que l’origine anthropique. A ce sujet, le pape mentionne l’existence d’autres causes de réchauffement, tout en soulignant la part majeure de l’activité de l’homme. J’avais déjà entendu sur d’autres sujets l’idée que la vérité n’est pas toujours au juste milieu. Parfois, il faut larguer les amarres de la prudence.
@ Lib : tout d’abord, je prends bonne note de ce que tu approuves, et ne l’oublie pas, même si, classiquement, je répondrai davantage à tes objections.
Lib a écrit :
Je sais ce qu’est un cartoon mais précisément, il est dommage de garder en tête pour sa perception d’un tel texte une approche aussi caricaturale. Le pape ne l’est pas. Ainsi du point 103 :
Car, inversement, ce cartoon inviterait à oublier que tout développement technologique n’est pas nécessairement bon.
Lib a écrit :
Si tu fais appel à un libéralisme raisonné, c’est parfait. Mais je suis loin d’être persuadé que cette conception prévale si souvent. Tu me répondras que le monde n’est pas libéral, c’est probable (de toutes façons, pour un libéral pur sucre, le monde ne sera jamais assez libéral). Mais l' »esprit de marché » a grandement gagné la bataille de l’opinion. Combien de sujets sont tranchés en fonction du bénéfice économique escompté ? Combien d’oppositions morales justifiées sont écartées au nom de la rentabilité ou de l’emploi ? Et combien de libéraux, s’ils ne satisfont pas à ta conception du libéralisme – et je m’en réjouis – idolâtre le marché et la liberté. Ce sont au sens propre des idolâtries car c’est placer des moyens au rang de fins. Pour prendre un exemple, l’un de mes interlocuteurs s’est ainsi prononcé pour la GPA après avoir beaucoup réfléchi pour, a-t-il revendiqué, être « pleinement cohérent avec son libéralisme ». Ainsi le libéralisme, la liberté, remplace la bonté (au sens de justesse) et la vérité. Il n’était pas pour la GPA parce qu’il estimait cela bon et vrai, mais « cohérent avec son libéralisme ». Précisément, si un système de pensée me semble m’éloigner du bon et du vrai, je ne pense pas que ce soit le bon et le vrai qu’il convienne d’abandonner. Cet exemple est un peu extrême mais assez révélateur d’une réalité généralement moins outrée. Il y a, oui, une idolâtrie du marché, et une confusion entre la loi l’offre et la demande, y compris morale, et la vérité. Tout le monde ne tombe pas dedans et, bien évidemment, les penseurs libéraux ne la prônent pas, mais c’est une réalité.
Lib a écrit :
Il me semble difficile de reprocher au pape de faire des oppositions binaires et, en retour, d’écrire ceci.
Au demeurant, le pape écrit explicitement : « Les pays pauvres doivent avoir comme priorité l’éradication de la misère et le développement social de leurs habitants « .
Donc, non, il ne place pas la grenouille avant les enfants. Mais il faudrait vraiment le prendre pour un abruti pour imaginer qu’il le fasse, tu ne crois pas ?
Il me semble que la lecture s’impose en effet, parce que tu reproches un peu au pape des oppositions binaires inexistantes… au prix d’oppositions binaires.
Lib a écrit :
Bon, là, il faut que j’explicite que c’est une parodie de ma plume, et pas du tout un extrait de l’encyclique.
@ Koz:
Je pensais à la une de Libération où l’on voyait S.S. François brandir une table de la loi sur laquelle était inscrite : « Tu ne pollueras pas ».
Quant à votre dernier commentaire, je ne sais pas où vous avez été pêché cela. Allez donc faire un tour par exemple sur le « Salon Beige » ou encore sur « Boulevard Voltaire » et trouvez-moi des critiques négatives. Ce n’est pas de côté qu’il faut rechercher, mais bien plus dans ce que la pseudo-droite a à nous proposer.
Enfin, concernant le ton employé par le pape, j’ignorais que ses prédécesseurs écrivaient pour la collection Harlequin !
J’ai toujours pas lu l’encyclique mais j’ai lu tous vos commentaires. Et ça prend du temps et de l’énergie! Allez je me risque à quelques commentaires. Il affirmait que la terre tournait autour de soleil. L’Eglise l’a fait taire. Le temps a passé et lui a donné raison. Le temps a passé et donné tort à l’Eglise. Peut-être que l’Eglise d’aujourd’hui n’a pas envie de s’opposer aux scientifiques qui affirment que l’homme est responsable du réchauffement climatique? L’an dernier j’ai participé à une formation du CCFD Terre solidaire où par le travail en groupe, en ateliers de réflexion, nous avons été emmené à prendre conscience de nos impacts écologiques sur la planète mais aussi des efforts que nous faisons individuellement ou en groupe pour être plus écolos. Je me souviens qu’il y a eu des personnes qui ont dit » les éruptions volcaniques font plus pour le réchauffement climatique que toutes les voitures réunies et toutes les fumées d’usines réunies ». Je suppose qu’il doit être difficile de mesurer exactement les unes et les autres? Alors le réchauffement climatique c’est notre faute notre très grande faute? ou pas? Et les guerres sont-elles aussi responsables du réchauffement climatique?
Pour ce qui est de l’aspect alter mondialiste du texte du Pape François peut être qu’il s’explique parce qu’il vient d’un autre monde que le nôtre?
« Décroissance » de la société de (sur)consommation …
« Croissance » du Partage, de la Tolérance, de l’Amour …
Comment faire ?
Tous les jours un petit pas de plus ?
@Koztoujours : merci pour votre site 😉
Koz a écrit :
Mais cet « alter » n’a pas grand chose à voir avec l’altermondialisme….
P.V. a écrit :
Il y a deux ans je faisais passer des colles d’économie à des élèves en deuxième année de prépa aux écoles de commerce.
J’ai passé plus d’un mois sur les externalités : négatives (pollution par exemple) mais aussi positives (éducation, R&D), car on ne parle que rarement des externalités positives…
Cela fait très longtemps que la problématique est repérée, étudiée par les économistes tant pour leur impact que pour les remèdes qu’on peut éventuellement y apporter (la taxe carbone !!!).
Le fil à couper le beurre a été inventé il y a un certain temps. Le refus de l’utiliser doit s’analyser politiquement ; pression des lobbys, préoccupations électorales, parfois difficulté à dégager un consensus des « experts »,…
@ Lib:
Je rejoins ici le commentaire de Lib, que je trouve assez pertinent. Ce qui ne m’empêchera pas de remercier aussi Koz d’avoir pris le temps d’expliquer son point de vue et sa lecture de l’encyclique.
Bonjour,
je n’ai pas lu l’encyclique, mais je partage complètement à la fois le besoin de faire sortir l’écologie du ghetto soixante-huitard qui la prend en otage en France, et la nécessité de secouer certains hommes politiques: malgré le progrès général sur le domaine de l’écologie, il reste certains points scandaleux sur lesquels nous avons peu de chance de progresser (par exemple l’absence d’un accord sur les rejets de gaz à effet de serre)
Je pense que l’on peut parler aussi des limites du capitalisme pour résoudre les problèmes écologiques. Même si on adjoint aux marchés la pression de l’opinion publique qui l’accompagne dans les pays libres, c’est encore probablement insuffisant et on n’échappera pas à des accords politiques pour les sujets relevant de la « tragedy of commons » (l’intérêt particulier d’un pêcheur est de pêcher le plus de poissons possibles, quitte à éradiquer la population, l’intérêt commun est de pêcher juste ce qui permet de maintenir un équilibre, mais cela ne marche que si tout le monde joue le jeu).
J’ai par contre deux grandes réserves: d’abord, on ne peut parler selon moi d’écologie sans parler du besoin de limiter la croissance des populations humaines, et ce, quel que soit le niveau de « gadgets technologiques » dont dispose les populations. Les hommes font des ravages sur l’environnement d’abord en utilisant une proportion majoritaire de la surface planétaire pour se nourrir, avec une surface directement proportionnelle à la population. Et cela suppose donc en pratique presque toujours de donner accès à la contraception moderne le plus largement possible.
Mon autre grand réserve est que la technologie est pour moi « neutre » dans ce débat, voire favorable à l’environnement et pas l’inverse. Même le charbon au 18è siècle était un progrès écologique par rapport à la technologie précédente: le charbon de bois polluait plus et était un facteur de déforestation dramatique: c’est par exemple la Royal Navy qui a poussé à l’emploi du charbon en Angleterre car elle était inquiète de ne plus trouver d’arbres pour ses mats de bateau. La technologie offre pour moi le meilleur espoir d’obtenir, à court ou moyen terme, un niveau de vie très proche du notre mais écologiquement acceptable: on ne va évidemment pas revenir au charbon de bois pour se chauffer (sinon adieu les forêts), la solution sera dans une meilleure isolation, un mode de vie légèrement adapté (pas besoin de chauffer à 25 en hiver) et probablement des panneaux solaires ou une autre nouvelle technologie.
Pour terminer, je ne sais pas si le pape François a évoqué l’aspect contre-intuitif de l’impact environnemental sur l’environnement. Ainsi, pour faire un clin d’oeil au titre de ce blog, la viande bovine est probablement la plus grosse source de pollution évitable dans notre mode de vie actuel, à la fois pour les gaz à effet de serre et pour la consommation d’eau et de surface agricole. C’est pourtant rarement ce sujet-là qui est mis en avant en premier, car il cadre mal avec les différents « romans écolos » qui, plus que les chiffres, orientent malheureusement la réflexion.
P.V. a écrit :
En fait non. Au pire, le fournisseur en position dominante peut récupérer jusqu’à la totalité de la valeur créée, mais jamais plus dès lors que le client a la liberté de refuser le service. Exemple flagrant avec la téléphonie mobile. Quand Free est entré sur le marché, ma facture mobile est passée du jour au lendemain de 70€ à 20€. Clairement la concurrence m’a fait gagner 50€ par mois, mais étais-je perdant avant? Certainement pas. Je payais volontairement 70€ parce que la valeur que j’accordais au service était supérieure à ce montant. Il faut faire l’exercice intellectuel de se demander à quel prix devrait être l’abonnement pour que je choisisse de me désabonner. La réponse dépend de chacun, notamment de la valeur qu’il donne à une connexion 4G, à ses moyens financiers etc… Pour moi, c’est certainement 200€ ou plus. Ca veut dire que même à 70€, Orange m’apportait une valeur très significative.
Il n’y a que deux possibilité pour qu’un fournisseur puisse extraire une valeur supérieure à celle qu’il apporte et appauvrisse donc son client. La première nécessite qu’il ait un monopole absolu sur un produit indispensable à la survie (air, eau, nourriture…), mais cela n’arrive jamais.
La deuxième repose sur l’usage de la violence. Achète mon produit/service sinon je te mets en prison, te saisis tes biens etc… Un tel comportement est bien entendu totalement opposé aux préceptes libéraux. Et d’ailleurs, il ne se produit effectivement que dans un contexte étatique. Exemple la protection sociale. Nous sommes tous contraints par la violence d’état à acheter notre protection sociale (chômage, santé, retraite) à un prix très largement supérieur à la valeur que nous en retirons. Les étatistes font tout pour cacher ce fait pourtant essentiel, en éludant la contrainte (c’est pour notre bien, c’est de la solidarité…) ou en rendant l’analyse coûts-bénéfices presque impossible (qui sait combien il paie en cotisations retraite et la valeur des droits qu’il acquiert en contrepartie?) A contrario, ils adorent inventer une violence dans le marché libre : la publicité nous force à acheter un iPhone 6, il est impossible de vivre aujourd’hui sans téléphone portable…
Pour finir, c’est ironique que tu invoques cet argument dans une discussion sur cette encyclique assez critique avec le « progrès » quand la recherche suggère que seule une infime fraction des bénéfices apportés par les progrès technologiques récents est captée par le producteur, l’immense majorité retombant sur les consommateurs.
P.V. a écrit :
Comme le dit Aristote, les externalités (positives ou négatives) et des outils pour les prendre en compte (taxes pigouviennes…) sont connus depuis longtemps. Une fois qu’on a dit ça il faut avoir le courage de reconnaître qu’il est extrêmement difficile de mesurer ces externalités et encore plus de concevoir et implémenter des mécanismes destinés à les corriger. Parlons d’environnement pour recoller au sujet. Personne n’a besoin du Giec ou d’une encyclique pour savoir que celui qui pollue une rivière nuit à ceux qui vivent en aval. Ces problématiques sont résolues au niveau local (la subsidiarité est une valeur chrétienne et libérale) sans avoir à construire des usines à gaz.
Parlons maintenant du CO2, devenu l’alpha et l’omega de l’environnementalisme. D’abord ce n’est pas un polluant, il entre au contraire dans le cycle alimentaire des plantes en étant consommé lors de la photosynthèse, ce qui explique que la couverture végétale de la planète augmente, notamment dans les régions désertiques.
Tout le monde semble d’accord pour dire que les concentrations en CO2 ont augmenté notamment sous l’effet des rejets humains et qu’une augmentation de la concentration en CO2 pousse les températures vers le haut. En revanche il semble y avoir de profondes divergences scientifiques pour savoir (i) si la température moyenne du globe (si tant est qu’une telle grandeur ait un sens) augmente (ii) si elle va (continuer à) augmenter, (ii) de combien, (iv) si c’est positif ou négatif pour l’humanité et la planète, (v) si c’est dangereux, (vi) ce qu’il faut faire pour l’éviter le cas échéant.
Dans ces conditions, déterminer un objectif optimal de rejets de CO2 et les moyens les plus efficaces d’y parvenir relève d’un processus beaucoup plus politique que scientifique. Car il est bien sûr possible de surréagir. Le sort des plus pauvres de la planète s’améliore rapidement (même si c’est toujours trop lent) ; il faut prendre bien soin de ne pas enrayer ce phénomène en restreignant le progrès ou l’accès à l’énergie.
Enfin, il est également ironique que tu invoques le cas de la mer d’Aral pour illustrer ton propos. Ce désastre écologique intervenu en Russie soviétique ne peut servir à démontrer les dangers de la liberté mais plutôt ceux de la régulation étatique.
Koz a écrit :
Marrant que tu assimiles toute approche économique au libéralisme. Peut-être est-ce parce que l’économie est tellement administrée qu’on entend surtout les libéraux intervenir sur ce sujet. Pourtant c’est Marx qui réduit tout rapport humain à un rapport économique.
Le libéralisme est moral bien avant d’être économique. Nous refusons de violer les droits de notre prochain parce que ce serait immoral, pas pour des raisons d’efficacité économique. Il se trouve que cette démarche est aussi le plus souvent la bonne économiquement, mais c’est un bénéfice collatéral. La liberté est bonne pour les humains dans tous les domaines : moral, politique, culturel, scientifique, économique, religieux…
Koz a écrit :
Ca, c’est intéressant et ça appelle plusieurs réactions.
D’abord, rien n’indique que son libéralisme s’oppose chez lui à la bonté. Il s’en sert probablement comme d’un guide moral, qui peut laisser à désirer. Si quelqu’un te disait qu’il est favorable à la GPA par bonté pour les parents qui ne parviennent pas à enfanter, rejetterais-tu la bonté?
Ensuite, il y a beaucoup de libéraux (dont je suis) qui ne parviennent pas à la même conclusion sur la GPA. Nous pensons qu’il y a de grandes chances pour que la GPA viole la liberté de l’enfant, d’abord en en faisant l’objet d’un contrat, ensuite en commettant à son égard la violence de la séparation avec la femme qui l’a porté.
Enfin, il ne me semble pas que le libéralisme soit le moteur essentiel de la poussée en faveur de la GPA. Je vois beaucoup plus de raisonnement égalitariste ou « welfaristes ».
Ceci étant dit, je comprends l’argument de « la proie pour l’ombre » et le risque d’aveuglement que fait courir une doctrine prise trop littéralement.
Koz a écrit :
C’est malin !
Lib a écrit :
L’argument est amusant : tu n’es pas volé, puisque tu as toujours cru que ça le valait. Mais si l’on prend l’exemple du portable et de la concurrence, alors allons-y jusqu’au bout, puisqu’en la matière, il faudrait aussi constater que l’acheteur a la liberté de se passer du service. On pourrait penser qu’il avait la liberté d’aller voir les concurrents, mais ce serait compter sans l’entente horizontale entre les opérateurs, plus connue sous le nom de « yalta des portables ».
Ceci étant dit, j’ai peine à voir ce que cela vient faire dans ce débat.
Lib a écrit :
Ce n’est pas ce que j’écris.
Lib a écrit :
Non, en effet. J’aurais même tendance à penser qu’il y a là une confusion assez libérale entre la liberté et la bonté, voire même entre la liberté et la vérité.
Aristote a écrit :
Lib a écrit :
Saluons au passage l’efficacité des lobbys pétroliers qui ont réussi à instiller dans le grand public un doute sur le changement climatique d’origine humaine.
http://www.lemonde.fr/climat/article/2015/06/04/la-pause-du-rechauffement-climatique-etait-un-mirage_4647745_1652612.html
Mais les changements se produisent sur une échelle de temps humaine, et nombreuses sont les personnes qui ont été bernées (ou, pour celles qui ont une culture scientifique minimale, qui ont choisi de ne pas voir et choisi de se laisser berner) et qui constateront de leurs yeux à quoi mène l’intérêt particulier quand il est porté au pinacle de la « réflexion » politique et économique.
Cela ne fournit hélas qu’une piètre consolation intellectuelle par rapport aux ravages supplémentaires causés.
Pingback: Quelle conception de l’Ecologie pour le pape François ? | Le Blog d'Antoine Billot
@ Uchimizu:Je suis sans doute influencé par mes lieux de vie: le département des Landes, du Lot-et-Garonne et du Tarn. Des départements avec de vastes zones « désertiques » où l’on vit pour l’instant sans trop ressentir de manière catastrophique les changements climatiques en cours et loin des problèmes de surpopulation mondiale. Nous jetons beaucoup de nourriture et de fruits et légumes. Nous pourrions mieux gérer l’eau potable et l’eau d’irrigation. Vu de ces trois départements l’avenir semble possible. Et l’élevage de la vache bazadaise ou de la blonde d’aquitaine n’est pas ressentie comme une menace pour la planète. http://www.midatest.fr/blonde-daquitaine-2
Cher Lib,
J’indiquais que je rejoignais en partie ta définition du profit, mais en partie seulement. Et c’est peut-être de là que vient notre désaccord. Il m’aurait fallu être plus explicite.
Plutôt que de polémiquer sur des définitions, je me permets de citer Edgard Morin, dans une interview surle site de la Croix: http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Edgar-Morin-L-encyclique-Laudato-Si-est-peut-etre-l-acte-1-d-un-appel-pour-une-nouvelle-civilisation-2015-06-21-1326175. Il dit sans doute mieux que moi ce que je ressens face à ce texte, sans vouloir lancer un débat pour moi stérile sur le libéralisme :
« Plus profondément, [le pape François] critique un paradigme « techno-économique », cette façon de penser qui ordonne tous nos discours, et qui les rend obligatoirement fidèles aux postulats techniques et économiques pour tout résoudre. Avec ce texte, il y a à la fois une demande de prise de conscience, une incitation à repenser notre société, et à agir. C’est bien le sens de providentiel : un texte inattendu, et qui montre la voie. »
Si je peux me permettre une digression, l’illustration est fort appropriée : http://www.20minutes.fr/societe/1637347-20150623-agneau-genetiquement-modifie-proteine-meduse-assiettes-erreur
@ DEF:
Il n’était pas assez fluo c’est pour ça qu’il est passé inaperçu. Je pense qu’il faut poursuivre les recherches avec des gènes de ver luisant. Cela aiderait les bergers à retrouver les brebis égarées en montagne par temps de brouillard. 🙂
Bonjour,
Je me permets de diriger les « climato-sceptiques » vers une source qui me paraît scientifiquement fiable : http://www.manicore.com/documentation/serre/confiance.html (il s’agit du site de Jean-Marc Jancovici).
Ses analyses sont intéressantes et rejoignent totalement l’encyclique sur le point « tout est lié », si vous voulez écouter son Audition sur le changement climatique de J-M Jancovici, à l’Assemblée Nationale, trouvable sur internet facilement, c’est très enrichissant (mais ça prend un peu de temps).
Sur son site vous trouverez également des pistes d’actions à mener pour réduire son empreinte carbone (http://www.manicore.com/documentation/serre/lutte_individuelle.html).
Koz a écrit :
C’est mon point. Même quand il n’y a pas de concurrence, tant qu’on a la liberté de refuser le service on n’est pas perdant. Mais tu as raison pour le hors-sujet, comme d’hab.
P.V. a écrit :
Franchement, ça manque beaucoup de clarté tout ça. Ca postule l’existence d’un gros truc menaçant qui « ordonne tous nos discours ». Perso, le seul gros truc menaçant que je vois ordonner tous nos discours, c’est le politiquement correct et les lois de restriction de la liberté d’expression.
S’il y a bien quelque chose qui peut nous protéger du paradigme « techno-économique » (quel que soit le sens qu’il faille donner à ce truc), c’est la philosophie de la liberté qui se fout totalement de ces sujets. Exemple d’actualité avec Uber. Si des gens rendent service à d’autres gens sans nuire à personne, il n’y a aucune raison de les en empêcher.
Enfin il est croustillant de fustiger un paradigme « techno-économique » en défendant un environnementalisme scientiste dont l’argument est explicitement « les scientifiques le disent, il faut les croire ».
@ Numéro N:
Je pose 5 questions précises, vous me répondez lobby, tromperie, égoïsme, catastrophisme. C’est triste.
@ Nathalie:
Merci pour le lien. Si vous vous intéressez aux idées des sceptiques, vous pouvez visiter Watts Up With That.
Lib a écrit :
C’est exactement la même chose. Non pas un gros truc organisé qui comploterait mais comme le dit clairement P.V un état d’esprit généralisé, qui ne nous écarte pas de la logique productiviste. Une mentalité générale. Toi tu vois une mentalité générale dans le politiquement correct – ce qui n’est pas faux – et dans les restrictions à la liberté d’expression, ce qui soit dit en passant a peu d’influence sur la biodiversité, le pape voit autre chose.
Lib a écrit :
Es-tu tellement certain qu’avec Google et Uber Pop, on ne soit pas dedans ?
Lib a écrit :
*.sceptiques…
Ca manque un peu de couilles, tout de même, parfois, le scepticisme. C’est une hostilité ou une opposition qui n’a pas le courage de s’affirmer comme telle. Et qui, en plus, se pare d’une étrange vertu. Il y aurait donc les sceptiques, et les crédules. Ceux qui ne s’en laissent pas compter, et les gogos. On a finalement peu ou prou la même chose sur l’Europe ou sur le climat. Finalement, dans un cas comme d’ans l’autre, il s’agit d’accepter d’agir dans un environnement imparfait. Avec le climat, le « scepticisme » conduit à quoi ? A rester inactif en attendant les preuves certaines. Tant pis s’il est bien probable que, le jour où ces preuves certaines seront incontestablement sur la table, il soit trop tard pour engager la moindre action efficace. En l’occurrence, il s’agit plutôt d’agir dès maintenant avec un consensus scientifique certes pas unanime mais suffisamment étendu pour qu’il soit inconscient de ne pas le prendre en compte. Et nous ne parlons là que du climat, qui n’est qu’une partie du sujet. Sur bien d’autres sujets abordés par l’encyclique, l’influence de l’Homme est évidente, directe et établie, et les conséquences de l’industrie sont patentes.
Koz a écrit :
Oui. Certain. Juste un moyen de se rendre service quand c’était difficile voire carrément interdit avant. Tu peux choisir de te focaliser sur l’aspect techno-économique pour en conclure tout le mal qu’il faut en penser. Tu peux aussi oublier tes épouvantails 2 minutes et te demander pourquoi on nous emmerde avec ces interdictions depuis des décennies. Te demander, puisque l’écologie humaine semble être ton truc, si cloisonner les gens, les ranger dans des cases étanches est si bon que ça pour la société?
Prends un Uber et tu réaliseras que c’est le meilleur argument qu’on puisse trouver contre le racisme. Que des blacks et des arabes polis, bien habillés, pros, sympas. La liberté permet aux hommes de donner le meilleur d’eux-mêmes et améliore la société. Je me fous de tes croquemitaines, si la techno-cyber-écono-finance permet de passer outre les interdictions autoritaires destructrices, je prends.
Koz a écrit :
Ouais, le christianisme aussi. Ce truc de pédés avec la joue droite et tout ça. Même pas capable de dénoncer l’islam comme une religion barbare alors que les mecs décapitent à tout va.
Ben non, on n’est pas comme ça. Paix, amour, charité, vérité. Impossible de renoncer sciemment à ça tout en restant chrétien. Alors on explique, on tend la main, on rappelle que les cinglés sont une infime minorité des musulmans et que ces derniers en sont les premières victimes.
C’est sûr que l’alarmisme c’est plus couillu. D’abord on commence par appeler ceux qui ne sont pas 100% d’accord des « négationistes », ensuite on organise des chasses aux sorcières. Ca a l’air sympa. Ca doit te parler à toi qui t’es fait traiter d’homophobe non-stop pendant un an.
Koz a écrit :
C’est déjà trop tard si on en croit les alarmistes. Si l’ensemble des engagements de la conférence de Paris sont tenus, ça retardera d’un grand total de 8 mois le moment où la température aura pris 2 degrés selon leurs modèles (dernier tiers de la page 12).
La science ne fonctionne pas par la peur. La science ne fonctionne pas par la contrainte. La science ne fonctionne pas par l’autorité. Les deux modes de diffusion de la science sont la conviction (on part d’observations que tout le monde peut répéter et on propose un raisonnement que tout le monde peut critiquer) et la prédiction (on construit un modèle prédictif et les prédictions se réalisent).
Malheureusement, la science du climat n’arrive pas à convaincre et se trompe depuis 15 ans dans ses prédictions les plus emblématiques. C’est pas très grave, difficile de trouver un système plus complexe que le climat d’une planète. Ca n’invalide pas toute la science et les progrès qu’elle peut réaliser.
Mais ça suffit pour rejeter les approches autoritaires.
Et puis merde, si vous êtes si convaincus de votre truc, agissez en chrétiens; allez le faire vous-mêmes au lieu d’exiger des autres qu’ils participent. Depuis quand un chrétien a-t-il besoin d’être imité pour faire le bien?
J’aime bien votre réflexion sur le « scepticisme » dans le dernier commentaire. Effectivement, pour ma part je ne suis pas « eurosceptique » : je suis contre l’Union européenne que je pense néfaste pour la France et l’Europe. Et je souhaite donc le départ de la France de l’UE (conformément à l’article 50 TUE) et la dissolution de l’UE. Beaucoup d’hommes politiques sont d’accord avec moi mais préfère s’appeler « eurosceptique » uniquement parce que ça fait plus cool.
Et les climatosceptiques ne sont pas « sceptiques », ils pensent fermement que le réchauffement n’est pas dû (significativement) à l’activité humaine.
Comme l’écrivait Chesterton : “It is assumed that the sceptic has no bias; whereas he has a very obvious bias in favour of scepticism.”
Lib a écrit :
Tu peux lire ce que je twitte depuis hier et éviter ces paragraphes inutiles.
Je n’ai pas bien compris le sens de ta deuxième réponse. Il s’agit juste de cesser de se dire « sceptique », sans a priori, et d’assumer sa conviction. Je ne pense pas que cela doive donner lieu aux développements que tu fais.
Lib a écrit :
Tu parles de quel « truc » exactement ? Et de quel « truc » que je ne ferais pas et devrais faire ? Depuis quand un chrétien a-t-il besoin de ne pas être seul pour que le bien existe véritablement ? Depuis toujours, mais tout particulièrement depuis que l’enjeu n’est pas une relation de personne à personne mais, en particulier, le climat. Les chrétiens commenceront, mais s’ils sont seuls à le faire, il est certain que l’impact sur le climat sera nul.
Lib a écrit :
Je ne sais pas, c’est possible. Mais c’est un étrange raisonnement : puisque nous avons réussi à bloquer suffisamment les meilleurs décisions, n’envisagez même plus d’en prendre de bonnes, elles seront inefficaces.
Lib a écrit :
Il y a pourtant un moment où il faut accepter les preuves et démonstrations accumulées. Un peu comme pour l’évolution darwinienne. Les sceptiques des deux sont souvent les mêmes d’ailleurs.
Bon exemple. Voilà quelqu’un (Antony Watts, le responsable du site) qui a construit son identité sur son opposition à l’origine anthropique du réchauffement. Quelle autre explication avance-t-il ? Aucune. Quelle qualification a-t-il ? Présentateur météo sur une radio californienne, sans aucun diplôme sur le sujet.
J’ignore ses motivations pour entrer dans ce combat. On notera simplement que sur le réchauffement climatique comme sur d’autres sujets, et particulièrement ceux ou des intérêts personnels sont en jeu, on trouve des gens assoiffés de reconnaissance ou s’opposant par principe à tout consensus.
Votre première question « savoir si la température moyenne du globe (si tant est qu’une telle grandeur ait un sens) augmente » n’en est pas une. Personne ne pose plus cette question depuis une bonne dizaine d’années. Même Antony Watts ne conteste pas le réchauffement planétaire. Je ne sais pas si cette question est le simple indice d’une totale ignorance du sujet de votre part ou si elle a d’autres motivations.
La réponse à votre deuxième question » si elle va (continuer à) augmenter » est oui, puisque les causes du réchauffement sont identifiées et qu’elles ne sont pas près de s’inverser (sauf épisode volcanique majeur par exemple).
Les réponses détaillées à vos questions 4 et 5 dépendent de la réponse précise à la 3 « de combien » et sont ouvertes à débat.
Mais pour prendre une comparaison, vos questions reviennent à savoir si on doit envoyer notre voiture commune dans le mur « pour être sûrs de l’ampleur des dégâts », ou bien si on doit prendre en considération les calculs de résistance des matériaux qui ont réussi à reproduire les incidents de tôle froissée du passé récent.
Bon exemple. Même la « sorcière » citée dans l’article reconnaît le réchauffement planétaire, reconnaît son origine anthropique, reconnaît qu’il va s’aggraver, et reconnaît que les conséquences en seront néfastes. Le débat porte simplement sur la date et l’ampleur des conséquences. Vous ne semblez pas en être encore là.
Si je comprends bien, votre proposition est de ne rien faire ?
Numéro N a écrit :
Bonjour ! à l’occasion de l’encyclique, je m’intéresse à nouveau à cette question ; ces preuves sont-elles accessibles facilement ?
Le constat est à peu près unanime quelque soient les disciplines scientifiques ( je travaille dans le milieu marin, l évolution de l aire de répartition des espèces le confirme par exemple)
http://www.ocean-climate.org/?page_id=1664
La cause est encore sujette à débats, mais les modèles s affinant, Le début de l ère industrielle est nettement visible sur les courbes.
La prédiction, quant à elle, a encore des progrès à faire, mais c est un peu comme en matière de sécurité : l adage de proportionner les actions de prévention paraît sage?
Bonjour Exile ! content de vous voir, mais je ne voulais pas rentrer en débat avec vous, car j’appréciais vos interventions… je trouvais que Numéro N ne répond pas à Lib, qui je suis sûr, connait les réponses précises à ses 5 questions
Serge a écrit :
Vu que ces preuves sont partout sur le Net (les rapports du GIEC sont en ligne, des blogs spécialisés comme celui de Jancovici cité plus haut en font la vulgarisation, les blogs généralistes scientifiques en parlent également), la question intéressante serait plutôt de comprendre ce que vous refusez chez elles et pourquoi.
Pour affiner un peu, j’aimerais savoir si vous contestez que le CO2 soit un gaz « à effet de serre » qui provoque un réchauffement planétaire, ou si vous contestez que l’excès de CO2 dans l’atmosphère dont le taux est historiquement haut et croissant, est d’origine humaine ?
Et de manière plus générale, j’aimerais savoir si vous rejetez systématiquement tous les résultats scientifiques, ou bien si vous rejetez seulement ceux-ci et pourquoi ?
Il serait alors la seule personne au monde à avoir la réponse précise à sa question 3. Permettez-moi d’en douter.
Exile
Votre travail est en relation avec le milieu marin ? c’est un sujet passionant !
Bien sûr que le milieu marin joue un rôle majeur dans les variations du climat ; j’ai vu votre lien, mais je savais déjà que les océans ne sont pas bien pris en compte aujourd’hui dans la recherche des paramètres climatiques.
Déjà intutivement, on peu remarquer qu’il existe un rapport d’environ 1000 à 1 entre la densité de l’eau des océans, et de celle de l’air, ce qui favorise leur capacité à échanger la chaleur (l’accumuler et la restituer, sur plusieurs siècles) sans commune mesure avec celle de l’atmosphère (qui, de plus, réagit en quelques jours), et ils sont animés d’amples mouvements d’oscillation encore peu connus : il y a beaucoup de choses à découvrir de ce coté là pour l’incidence sur le climat. Le soleil y serait aussi pour quelque chose (paraît-il 🙂 ).
Comment avez-vous perçu l’encyclique ? j’ai été étonné et déçu que le Pape fasse le choix de s’appuyer sur l’analyse faite par les organismes étatiques et les prescriptions qu’ils avancent.
Pour moi, le Pape, sachant qu’il existe une remise ne cause de leurs hypothèses, aurait du être plus neutre sur cet aspect technique, afin de ne pas s’exposer à la contradiction, ce qui risque de dévaluer sa parole. Cela m’étonne un peu (en fait, beaucoup) que lui et son entourage aient pris ce risque.
Bien sûr que personne ne peut contester le réchauffement récent d’un peu moins d’un degré ! puisqu’il est mesuré. Pas la peine d’être prudente en disant « à peu près unanimes ». Pour les causes et les prévisions, je suis d’accord, il y a quelques progrès à faire (non, beaucoup !).
Oui, l’adage de proportionner les actions de prévention en les corrélant aux risques est sage. Mais il faut alors définir ces risques sans ambigüité.
Je reviens sur deux points.
1) D’abord cette encyclique est un plaidoyer pour l’écologie humaine : refus de l’avortement (cf par. 117) et mise en garde de ceux qui veulent « effacer la différence sexuelle » (car l’homme a « une nature qu’il ne peut manipuler à volonté », cf. par. 155).
2) Concernant les aspects économico-politiques.
Sur la « décroissance », il est faut noter que dans le texte anglais apparait le terme « decreased growth » (croissance affaiblie ou croissance négative) et en italien « decresita » ; ces deux expressions ne semblent pas avoir le sens politique du terme décroissance en français.
De plus la référence à une « autorité politique mondiale » (p.175) est largement atténuée par le rappel du principe subsidiarité (p. 196)
Ce est frappant c’est la référence à la corruption (6 fois dans le texte, sans compter la référence aux mafias, au narco-trafic) qui est présentée comme le chancre principal.
Il y aurait beaucoup à dire mais le pape rappelle que « l’Église n’a pas la prétention de juger des
questions scientifiques ni de se substituer à la politique » (p.188) , il veut surtout mettre à distance les idéologies qui nuisent au bien commun
Vous ne pouvez pas vous imaginer le bonheur que j’ai éprouvé en lisant il y a une semaine sur le vol Paris-Kinshasa la sortie de l’encyclique Laudato Si. J’étais sûr que Koz allait faire un billet là dessus. Je suis allé au Congo pour un problème lié à l’environnement parmi l’énorme quantité de problèmes environnementaux qui frappent la planète. Je n’ai pas encore analysé Laudato Si, mais tous les éléments importants semblent y être.
Je n’ai pas beaucoup de temps pour écouter les arguments des « climatosceptiques », car il existe déjà assez de catastrophes écologiques incontestables et quasiment irréversibles dues aux activités économiques du passé, du présent et malheureusement du futur.
On peut encore justifier les erreurs du passé en évoquant l’ignorance, mais aujourd’hui on sait quels sont les effets à long terme des atteintes à l’environnement. Par exemple l’effet de certaines substances chimiques sur les humains, les animaux et les écosystèmes. Il est incontestable qu’on peut faire plus de profit en polluant qu’en respectant les normes environnementales. Nous les Européens on se fait manger par la concurrence asiatique, même en termes de destruction de l’environnement, ils sont incontestablement plus forts que nous. Un Indien n’a rien à cirer s’il augmente son profit en polluant la rivière et la nappe phréatique des populations pauvres africaines. Ce n’est pas lui qui va développer le cancer en buvant l’eau ou en mangeant les poissons contaminés.
Dernier point qui contribue à mettre les bâtons dans les roues de la préservation de l’environnement est cette maladie qui atteint la population des pays les plus pauvres qui s’appelle corruption.
Numéro N a écrit :
je ne conteste pas, je fais la part des choses :
0,04% : taux de CO2 atmosphérique
0,002% : taux de CO2 imputable à l’homme (6% de la totalité du CO2 atmosphérique)
0,0002% : taux d’augmentation du CO2 total, par an
Il n’y a jamais eu aussi peu de CO2 dans l’atmosphère (voir deuxième graphique, de Berner) :
http://www.geocraft.com/WVFossils/Carboniferous_climate.html
Le CO2 est un gaz susceptible d’absorber une partie du rayonnement solaire, il entre donc en jeu dans les échanges de chaleur. La preuve qu’il a provoqué le réchauffement des dernières décennies n’est pas établie.
Mais non, je ne rejette pas tous les résultats scientifiques; je doute de ceux qui ne reposent pas sur des faits.
Non, il n’est pas le seul, puisque je l’ai aussi. Mais il va peut-être vous répondre ?
Serge a écrit :
C’est inévitable dans ce genre de débat, il faut en arriver aux batailles de graphiques.
Allez, voici un article du site de JM Jancovici, qui complète le vôtre en faisant un zoom sur les dernières années et en remontant vers le passé, et il finit en montrant le même graphique que vous.
http://www.manicore.com/~pascalrene/documentation/serre/anthropique.html
Par contre, la conclusion est sensiblement différente :
Ah ! c’est sûr que les graphiques et les chiffres sont un p’tit peu nécessaires et inévitables…
Comment Mr Jancovici prouve t-il un risque d’élévation de 10 degrés dans quelques siècles ? on n’avait pas prévu la stagnation des températures pour la période actuelle et la décennie passée.
@ Serge:
1) Vous présentez les chiffres de manière trompeuse
Taux de CO2 atmosphérique 0,04% : exact. Ce qui suffit largement à provoquer un effet de serre.
Taux d’augmentation du CO2 total par an de 0,0002% : faux. Ca c’est le taux d’augmentation de la part du CO2 dans l’atmosphère. Le taux d’augmentation du CO2 total est de 0,0002/0,04 soit 0,5%. Par an. C’est-à-dire 10% en 20 ans et 60% en un siècle. Et les effets n’en sont pas linéaires.
2) Votre mise en perspective est trompeuse
La période couverte par votre graphique inclut quelques événements mineurs comme la formation des continents actuels, l’apparition des courants océaniques, l’apparition et la disparition des dinosaures, quelques impacts météoritiques avec effets planétaires, des périodes volcaniques intenses, une couverture et des espèces végétales n’ayant rien à voir avec la situation actuelle, etc.
Ce que votre graphique nous dit c’est que des changements de température qui prennent habituellement des millions d’années et qui sont dus (par exemple) à une redistribution des continents, se produisent maintenant à l’échelle du siècle.
La question n’est pas de rappeler que le climat de la terre change au fil de centaines de millions d’années, c’est de constater que désormais c’est l’homme qui le fait changer sur des échelles de temps qui n’ont rien à voir et qui ne permettent pas à la vie de s’y adapter comme elle l’a fait par le passé.
3) Vous prétendez que les climatologues ne sont pas des scientifiques.
4) Vous prétendez détenir une information ignorée de tous les spécialistes. A part vous, nul ne prétend savoir de combien la température va augmenter.
Faux. Il n’y a pas eu de stagnation. http://www.lemonde.fr/climat/article/2015/06/04/la-pause-du-rechauffement-climatique-etait-un-mirage_4647745_1652612.html
Serge a écrit :
Ben il semble que justement, les températures aient augmenté durant la décennie passée :
http://www.manicore.com/~pascalrene/documentation/serre/commence.html
Sur les prévisions et la confiance dans les modèles climatiques, le lien a déjà été fourni par Nathalie.
Je suppose bien sûr qu’il n’est pas nécessaire de vous expliquer que dans ce contexte, il ne s’agit de voir si nous avons constaté par exemple une hausse moyenne de 5°C sur les 10 dernières années en France. C’est un peu plus subtil que cela.
Enfin.. je vous laisse lire tout cela. L’avantage, par rapport à d’autres sources, est que c’est bien vulgarisé, et en français.
Vous voyez bien que le Pape n’aurait pas du engager cet aspect technique dans son encyclique !
Ou alors si, puisque cela permet le buzz ; comme ça on parle du Pape.
Félicitations Numéro N , vous êtes attentif sur les chiffres. Toutefois, j’avais prévu le coup :
si vous regardez bien, tout mes taux sont donnés relativement à la totalité de l’atmosphère, pour rester dans la même référence, ce qui est honnête, avouez. Donc je ne cherche pas à tromper, c’est vous qui choisissez de présenter un chiffre de façon beaucoup plus parlante (puisque l’augmentation d’un volume très faible, exprimé par rapport à lui-même, même si elle atteint 50%, donne toujours un volume résultant très faible ; mais 50%, ça paraît beaucoup ; enfin, je vais pas vous expliquer les pourcentages, là 🙂 ).
2) ma mise en perspective est trompeuse : oui, ça se défend. Mais comme je n’ai pas envie de tromper, je ne sais que dire.
3) mais non; je demande des faits, c’est tout.
Jib et Numéro N : j’essaye de prendre les infos à leurs sources. c’est le GIEC lui-même qui vient de communiquer les mesures faites par les scientifiques:
depuis l’an 2000, les températures mesurées varient dans une plage de 0,05°C par décennie, soit 0,005°C théorique par an. Cette variation est bien inférieure à la précision des mesures collectées, ce qui veut dire que depuis l’an 2000, on ne SAIT PAS dans quel sens évolue la température (puisqu’on ne mesure que des incertitudes); tout au plus peut-on dire que globalement, elle est la même depuis au moins 15 ans.
Serge a écrit :
L’effet de serre se déclenche avec des seuils très faibles. Donc une variation en chiffres absolus paraît encore plus faible alors qu’elle a un impact sensible.
C’est ça qui a été révisé. Comme le mentionne mon lien « Leur réanalyse des données de température rend obsolètes les calculs du GIEC et montre que la tendance au réchauffement a été identique entre 1951 et 2014 et entre 1998 et 2014. » Attendez le rapport du GIEC de l’an prochain, ils intègrent tous les ans les nouvelles mesures et nouvelles découvertes.
Ce qui accessoirement tend à prouver ce que clament la plupart des climatologues depuis des années : le GIEC pèche par excès de prudence, il s’appuie systématiquement sur la fourchette basse et la situation peut être beaucoup plus grave que ce qu’ils disent.
Dommage que ce ne soit pas le sujet, car je vois plusieurs choses à dire dans le document que vous donnez en lien. Attendons qu’un billet aborde le climat et le CO2 (avec la COP qui arrive, ça devrait le faire), on pourra voir combien le sujet est clivant 🙂
Le problème n’est pas que le CO2, qui ne joue que sur 60 % de l’effet de serre. Déjà, sur le CO2, les tendances (énergies fossiles qui ne baissent pas d’un côté, tandis que le nettoyage par la photosynthèse baisse à cause de la très forte déforestation, qui augmente) ne sont pas favorables. La plupart des calculs anticipent déjà des hausses supérieures à 2° car il y a le méthane, 25 fois le CO2 en terme de potentiel de réchauffement, et le protoxyde d’azote, 298 fois plus puissant de son côté. On en revient toujours aux mêmes causes… Le méthane augmente avec la consommation de viande, liée à l’augmentation du niveau de vie dans certaines régions. Comme quoi, sortir de la pauvreté sans changer le modèle ne fait pas forcément de bien à la collectivité humaine… Quant au protoxyde d’azote, on parle là autant des bombes de chantilly que des engrais industriels (donc agriculture dite moderne), des décharges, etc. . Les 15 % restants viennent des gaz réfrigérants (climatisation et réfrigérateurs). Quels que soient les gaz, il y a donc bien un souci global sur le « modèle » : le modèle de production qu’il soit industriel ou alimentaire, le modèle énergétique, le modèle de consommation. Et c’est bien cette critique « globale » ou chacun-e -, individus comme collectivités, doit se remettre en question qui est magistrale. En Amérique du sud, on est déjà à une augmentation entre 0.5 et 1° sur les 15 dernières années, et on constate également des modifications significatives des épisodes de pluies et sécheresses, que les anciens n’ont jamais vus…
Tout est dans tout et inversement .
Fallait-il toute une encyclique pour rappeler aux chrétiens cette loi fondamentale de la pataphysique ?
Et la Terre, qui est notre corps et dont nous sommes l’esprit, ne sera-t-elle pas sauvée par ce qui naît et est déjà né de notre esprit ? L’Afrique peut-elle restée vivante sans qu’on réduise massivement la fécondité des africaines ? Les efforts de sobriété n’ont-ils pas déjà abouti, notre consommation d’énergie de nos objets n’a-t-elle pas déjà massivement réduite par les progrès de la technique ? Sauverons-nous les océans sans un immense effort d’épurations des eaux qui s’y déversent ? La Terre n’est pas une grande planète mais elle ne sera pas sauvée par des actes individuels, aussi bienfaisants qu’ils le soient .
Et ne pas dire la vérité aide-t-il ? A quoi rime d’écrire que ceux qui acceptent l’IVG sont incapables de travailler à la sauvegarde de le Terre, alors que c’est manifestement faux ? A moins qu’il faille entendre que c’est spirituellement qu’ils en sont incapables .
Mais le hic, c’est que le but de l’écologie est le salut de ce monde, pas dans l’autre .
@ eczistenz:
Faites donc confiance à Lib et Serge : tout cela n’a rien à voir, on vous dit. Vous voulez faire baisser mes actions dans les sociétés d’électroménager, c’est ça ?
Numéro N
Pourquoi déformer mes messages ? je n’ai pas dis que cela n’avait rien à voir, je demande seulement une preuve de la relation de cause à effet entre taux de CO2 atmosphérique et température atmosphérique. Lorsque vous aurez donné cette preuve, je pourrais vous faire confiance, n’en doutez pas.
@ Serge: Je vois. Vous me demandez de prouver que les gaz à effet de serre produisent un effet de serre ; vous me prenez un peu au dépourvu c’est vrai. Comme si, alors que nous verserions quotidiennement des centaines de millions de tonnes de sel dans la mer, vous me demandiez de prouver que cela influe sur sa salinité.
J’avoue être un peu démuni face à ce type de question : je ne vous connais pas, je ne connais pas vos convictions politiques, ni votre environnement familial, ni vos implications professionnelles, j’ignore donc quels ressorts psychologiques peuvent vous pousser à de telles extrémités. Il me paraît en tous cas inutile de poursuivre cet échange.
Numéro N
La mer reçoit 4 milliards de tonnes de sel par an du fait des fleuves qui se jettent en elle,
et son taux de salinité n’augmente pas pour autant.
Avec vos centaines de millions de tonnes quotidiennes (200 milliards de tonnes/an), là je dis pas, vous sortez l’artillerie lourde.
Mais la question que je posais n’était pas celle-là. Bien sûr que oui que le taux de CO2 augmente un tout petit peu quand on en rajoute dans l’atmosphère.
La question était, pour reprendre votre analogie : si on ajoute du sel dans la mer, est-ce que cela la fait chauffer ?
(au passage, vous expliquerez le mécanisme de l’effet de serre).
Vous avez 4 heures.
@ Serge: Le sel dans la mer était un exemple. J’aurais pu
tout aussi bien écrire « si j’ajoute du sucre dans la soupe est-ce qu’elle
devient plus sucrée ? » ou bien « si j’ajoute de l’acide dans ma solution est-ce
que le pH va baisser ? », ou encore » si j’ajoute du gaz à effet de serre
dans l’atmosphère est-ce que ça produit un effet de serre ? »
La question que vous posez ne relève pas de la physique ou de la chimie
mais de la psychologie.
Numéro N a écrit :
Ce sont essentiellement des modèles qui n’ont pas prévu adéquatement la pause dans le réchauffement des 15-20 dernières années.
Numéro N a écrit :
Je vous parle science, vous me parlez respectabilité. La science se fout du diplôme des gens, la seule chose qui compte ce sont les mesures et les raisonnements.
Numéro N a écrit :
Perdu. Tout le monde reconnaît, même le GIEC, que la température moyenne a connu une pause depuis 1998 (une année exceptionnellement chaude, il est vrai). C’est assez bien expliqué ici. Il y a un mois ou deux, une étude est sortie faisant disparaître la « pause » en modifiant à la baisse les données de températures passées.
Numéro N a écrit :
L’effet de serre n’est pas la seule cause possible de l’évolution de la température. L’activité solaire, l’albedo (lui-même lié à la couverture nuageuse), les échanges avec l’océan et des phénomènes oscillatoires de diverses périodes ont également un impact. Dire « les causes du réchauffement sont identifiées » passe totalement à coté de la complexité du sujet et sous-entend un niveau de confiance très exagéré.
Numéro N a écrit :
C’est mon point. Même les gens qui sont essentiellement d’accord avec le dogme se font trucider s’ils ont le malheur d’en questionner un aspect mineur. La politisation est telle sur ce sujet que le fonctionnement normal du questionnement scientifique est impossible. Bjorn Lomborg, qui lui aussi est d’accord avec un grand nombre de stipulations officielles se fait harceler parce qu’il persiste à dire que les programmes proposés de réduction d’émission de CO2 coûtent horriblement cher et qu’il y a de bien meilleurs moyens d’utiliser de telles ressources pour atteindre l’objectif (partagé).
Ce n’est pas un fonctionnement normal de la science. Pour une raison très simple : la science du réchauffement est utilisée pour justifier des programmes politiques extrêmement lourds. Personne n’a jamais passé des taxes ou des subventions sur la gravitation ou la relativité générale, aussi ces domaines ont-ils été essentiellement protégés de l’influence politique.
Numéro N a écrit :
Dépenser des sommes monstrueuses pour se couvrir contre un risque incertain, de façon incertaine. Entraîner une augmentation du coût de l’énergie dont vont précisément pâtir les pays pauvres qui ont besoin d’énergie bon marché pour se développer. Tout cela est très nuisible si les modèles se révèlent faux.
Pourquoi voulez-vous forcer le monde entier à vous suivre? Avez-vous si peu confiance dans vos théories qu’il faille les imposer par la contrainte? Si vous y croyez vraiment, faites-le, mais ne forcez personne. Est-ce si difficile à envisager?
@ Lib: Je ne vois pas bien où vous voulez en venir à pratiquer un trollage aussi caricatural.
Même lorsque l’on croyait qu’il y avait eu une « pause » après 1998 (avant d’avoir montré que le changement des techniques de mesure en était la cause), il ne s’agissait que d’un accroissement moins rapide des températures, pas d’un plateau et encore moins d’une baisse. Depuis une bonne dizaine d’années, tout le monde, même Watts, reconnaît l’augmentation constante des températures. Il n’y a plus que vous. Sans doute disposez-vous d’informations uniques au monde.
On notera d’ailleurs que l’année 2014 vient de battre le record de l’année la plus chaude jamais enregistrée. http://www.noaanews.noaa.gov/stories2015/071615-international-report-confirms-2014-was-earths-warmest-year-on-record.html
Lib a écrit :
Oui. On pourrait dire cela aux Californiens aussi : que ceux qui s’inquiètent de la sécheresse se privent d’eau, et qu’ils laissent les autres prendre leurs aises après tout. Que ceux qui croient aux limitations de vitesse ralentissent, et laissent les autres rouler comme bon leur semble. Etc etc.
C’est curieux, j’aurais été prêt à parier pourtant que vous aviez déjà entendu parler de la « Tragedy of the Commons ».
Quel que soit l’investissement sur son sujet, je rappelle – et c’est la deuxième fois sous ce billet – qu’une des règles de ce blog est l’absence de prise à partie, de moi ou des commentateurs. Merci d’éviter des expressions du type « trollage caricatural », qui n’apportent rien au propos d’ailleurs.
Laudato Si est un grand document, dont on peut raisonnablement penser qu’il laissera une trace durable, et espérer qu’il influe sur le cours de choses; ce serait le cas, notamment, s’il recevait l’écoute qu’il mérite chez les catholiques américains, dont l’impact politique est non négligeable.
J’ai particulièrement apprécié la netteté et la fermeté du langage employé. C’est parfois un peu rapide, mais c’est sans ambiguïté. L’attention prioritaire à donner aux pauvres, la subordination du droit de propriété au principe de destination universelle des biens, tout cela n’est pas nouveau mais la piqûre de rappel est appropriée.
Cette définition de Lib mérite un peu de décorticage::
Lib a écrit :
Cette définition du profit est entièrement dépendante de ce qu’on entend par « valeur »; laquelle diffère selon les personnes et les situations. Il est parfaitement possible qu’une organisation réalise un profit sur une activité qui constitue un gaspillage du point de vue global (exemple: la construction immobilière consécutive à la spéculation sur les subprimes qui a conduit à la crise de 2008). La valeur pour les uns n’est pas la même que la valeur pour les autres; la mesurer exclusivement en euros est une approximation grossière, et la focalisation exclusive sur sa mesure financière, caractéristique de notre temps, peut nous empêcher de poser les bonnes questions.
En ce qui concerne le débat sur le réchauffement, je crois qu’il est illusoire de chercher à convaincre en se jetant des graphiques à la tête. Nul ici, à ma connaissance, ne dispose d’une maîtrise suffisante sur le plan scientifique pour se faire une opinion sur la base des quelques sites Internet qu’il aura eu le temps de parcourir. Je me contente d’observer l’existence d’une opinion largement majoritaire chez les scientifiques spécialisés sur le sujet, lesquels ne font pas mystère des incertitudes qui existent, notamment avec de très larges fourchettes prédictives.
Un point me semble également éclairant: c’est la corrélation très forte entre le climatosceptiscisme et les options politiques conservatrices (au sens anglo-saxon) ou libérales (au sens français). La science est la même pour tout le monde, les faits observés aussi. Je ne crois pas que le scepticisme, ou le discernement soit une caractéristique liée à une préférence politique quelconque. J’en conclus donc que c’est le préjugé politique qui colore toute la lecture du sujet (oui, je sais: c’est valable pour moi aussi). Dans ce contexte, l’apport d’une lecture spirituelle, et non politique, comme celle de François, est considérable, car elle sort du cadre étriqué de la pensée politique classique et peut ainsi aider à franchir certaines barrières.
Au-delà des louanges qu’il serait incorrect de ne pas émettre à l’égard d’un discours qui exprime une juste préoccupation sur la santé future de notre environnement naturel, au-delà du droit et du devoir pour un pape, d’expliquer que la foi chrétienne est un support nécessaire à des réponses adéquates au défi d’un développement durable et global, l’encyclique suscite néanmoins des réserves qui relèvent de la culture qui imprègne notre Eglise et qu’il convient de verser au débat.
L’encyclique porte d’abord cette attitude spontanément répulsive vis-à-vis du progrès technique et du développement. Cela est typique de la culture catholique longtemps restée centrée sur celle du paysan collé à sa terre et dont le temps est celui de la lente poussée de ce qu’on a semé, de la germination et de la fructification, et qui, de ce fait, manifeste de la méfiance face aux changements artificiels . Le Pape maintient à ce sujet un discours à consonance négative, alors même qu’aujourd’hui, on peut dresser un bilan qui ne peut ignorer les bienfaits de la démocratie, du confort matériel, des facilités de communication et de la qualité des soins apportés à la santé. Il faut attendre le point 102 (page 81) pour que l’encyclique concède ces bienfaits tout en les minimisant par leurs conséquences négatives tant d’un point de vue écologique que spirituel ou moral et en maintenant un regard incrédule sur les possibilités offertes par de nouvelles avancées technologiques pour répondre aux défis à venir. Y croire serait irrationnel et signe de mythomanie. C’est ce que le Pape nomme le paradigme technocratique ou techno-économique qu’il dénonce au point d’écrire que « si personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes, cependant il est indispensable de vouloir ralentir la marche pour…récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane » (point 114 page 91). Il termine le premier chapitre consacré au constat, par ce jugement : « si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’homme a déçu l’attente divine » (point 61 page 51).
S’il est vrai que le développement, fruit de la démocratie et de l’économie de marché, comprend sa part d’ombre, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Pour pasticher Churchill, on dira que démocratie et économie de marché sont de mauvais systèmes, mais après tous les autres. Permettez-nous, au contraire, de louer le monde magnifique que l’homme a pu faire émerger depuis deux siècles. Opéré de la cataracte grâce au laser, doté d’un appareil acoustique électronique et d’une prothèse de hanche, voici un homme qui me fait dire « les aveugles voient, les sourds entendent et les boiteux marchent » comme une réponse du Seigneur à la question de la venue de son royaume.
L’homme peut aujourd’hui exprimer librement sa pensée, se déplacer comme il l’entend, bénéficier de procédures judiciaires qui le protègent de l’arbitraire du pouvoir. Contrairement à ce que dit trop péremptoirement l’encyclique, nos villes sont plus propres et plus belles que par le passé, la culture plus étendue que jamais, les rapports sociaux plus simples et plus authentiques. N’est-ce pas au cours de ce XXème siècle que la tiare et le trône papal porté par des hommes , ont disparu ? Il y a un peu plus d’un demi-siècle, sur 3 milliards d’hommes, un tiers vivait correctement, un tiers pauvrement et un tiers misérablement. Les famines sévissaient régulièrement. Aujourd’hui, on estime que sur 7 milliards d’habitants, 800 millions connaissent encore cet état de misère, soit 11% au lieu de 33 %. Les grandes famines n’ont plus cours.
Nous avons appris aussi à être moins matérialistes. Si vous pensez que la dénonciation du consumérisme est un discours neuf, détrompez-vous. Dans un mandement de carême d’avant la grande guerre de 1914 -1918, l’évêque du diocèse de Namur vilipendait ce qu’il appelait « la société de consommation », la montée de l’esprit matérialiste, parce qu’à l’époque, nos arrières grands-parents pouvant accéder à l’acquisition d’un mobilier, ne vivaient plus que pour satisfaire cette ambition : posséder son salon et sa salle à manger. Ensuite, l’enrichissement se poursuivant, chacun rivalisait pour son paraître social, soucieux d’imiter le mode de vie bourgeois.
La deuxième réserve porte sur cette tentation dirigiste à laquelle l’encyclique succombe. Cette tentation nait du sentiment qu’une maîtrise consciente des événements et des réponses qu’on y apporte, est plus recommandable qu’une attitude de laisser-aller. Elle anime les hommes de pouvoir appelés à diriger et les intellectuels qui rêvent d’en être les éclaireurs parce qu’eux, bien sûr, ont cette intelligence du fonctionnement du système à maîtriser. La perception critique de l’économie de marché mue par des forces « invisibles » traduit cette tentation dirigiste. Hélas, l’histoire démontre que les forces visibles sont plus malfaisantes, influencées qu’elles sont, par des jeux de rivalité et par l’amitié de ceux qui savent être bien en cours quand il ne s’agit pas de vulnérabilité aux manœuvres de corruption. Ces forces sous-estiment la complexité des problèmes et, plus grave encore, étouffent les potentiels de créativité. Non qu’il ne faille diriger ni encadrer la liberté de gérer notre maison commune. Mais face à l’écologie qui fixe le résultat et dicte des comportements – le « logos », il convient de laisser place à l’économie qui recommande un dispositif tel que, quels que soient les événements futurs, la voie la meilleure sera choisie- le «nomos ». C’est toute la différence entre gouvernance et gouvernement. La première est un dispositif tel que les meilleures décisions seront prises, sans que celles-ci ne soient prédéfinies ; le second est une fonction qui prend les décisions pour fixer un cap et y faire conduire l’organisation gouvernée. Les deux volets se complètent, mais il faut être attentif à ce que le gouvernement ne se libère de la gouvernance. La maxime de saint Augustin « Aime et fais ce que tu veux » relève du «nomos ». Jésus fait de même : « je vous commande de vous aimer » et ainsi vous porterez beaucoup de fruits. Mais Jésus ne dicte pas la nature de ces fruits, par ailleurs effectivement imprévisibles. La seule certitude, c’est que si l’on s’aime, ce seront les fruits qu’il importait de produire, qui surgiront.
La troisième réserve nait d’un sentiment de frustration ; celle de ne pas entendre l’Eglise s’exprimer plus longuement sur le domaine où réside cependant sa compétence spécifique, à savoir la vision qu’elle peut nous esquisser sur le futur de l’humanité dans une dimension eschatologique. Quand le Pape écrit que « les meilleurs mécanismes finissent par succomber quand manquent les grandes finalités » (point 181 page 139), il met le doigt sur l’essentiel, ce qui doit nous interpeller et qui peut prendre la forme de questions ainsi posées par l’encyclique : « Pour quoi passons-nous en ce monde ? Pour quoi venons-nous à cette vie ? Pour quoi travaillons-nous et luttons-nous ? » (point 160 page 124). Mais l’encyclique reste silencieuse sur ces questions. Or, seule une mobilisation de l’humanité fondée sur la réponse à celles-ci, lui donnera le ressort nécessaire pour vaincre, grâce à une mise en marche vers la terre promise, la tentation d’un repli sur soi destructeur. C’est d’un Moïse dont l’humanité a besoin, non pour critiquer le chemin parcouru et encore moins pour nous ralentir, mais, au contraire, pour magnifier ce progrès accompli, pour saluer les artistes, les savants, les entrepreneurs et tous les travailleurs qui y ont contribué, et donner ainsi une motivation à sa juste poursuite par laquelle se dévoilera peu à peu le contour du destin du peuple de Dieu ; un destin qui ne peut être que glorieux, parce que construit par l’Esprit qui nous habite en vertu de l’alliance qui nous unit au Père, à tout jamais.
J’acquiesce pleinement à ces 3 réserves. En effet, comment entrer dans une attitude de louange, comme nous y invite le titre, si l’accent est mis sur ce qui ne va pas (alors que ça va quand même plutôt bien).
Et puis si l’Histoire commence par un jardin mythique, ce n’est pas pour y retourner : c’est une cité que nous attendons, celle de l’Apocalypse qui descend d’auprès de Dieu. Le jardin et la création, donc l’écologie, c’est des moyens pour faire advenir la Ville, symbole de l’échange et de la relation.
Bonjour,
« décroissance » signifie « fin de l’économie de croissance », c’est-à-dire de « l’économie de l’accroissement perpétuel de biens produits ».
En économie de croissance, il faut presque 2% de croissance chaque année pour créer l’emploi.
Ca signifie un doublement de la production (de biens et services) tous les 7 ans !
L’économie de croissance sembla fonctionner parce qu’elle ne concerna longtemps qu’une minorité de la planète. En réalité elle n’est pas viable car iceberg progressant par diminution carbone concomitante (transformé en CO2).
Cette économie n’aura duré que trois siècles.
Une économie à nouveau « pas de croissance » ne connaît pas le chômage puisque le travail n’y est pas une variable du marché, mais la satisfaction de réels besoins insatiables.
Amicalement,
Delphin
Numéro N a écrit :
Tout le monde reconnaît que la hausse des températures depuis 98 est très faible, voire inexistante, ce qu’aucun des modèles n’avait prévu. Une étude récente entend faire disparaître ce plateau en corrigeant à la baisse les mesure historiques pour diverses raisons dont j’ignore si elles ont fait l’objet dune revue critique.
Numéro N a écrit :
Mais bien sûr que l’homme de bien doit faire le bien même s’il est le seul à le faire. C’est un des principaux messages de l’évangile. Donner l’exemple. Aimez vos ennemis, tendez la joue droite. Celui qui refuse d’agir dans le sens qu’il pense être le bien parce d’autres ne le font pas peut-il encore se dire chrétien? Et que penser de celui qui veut contraindre les autres à faire le bien? Y a-t-il un comportement plus contraire à l’enseignement de l’évangile? Le Christ s’est laissé mourir sur la croix, croyez vous qu’il n’avait pas le pouvoir de forcer les soldats romains à l’épargner? Et si le Christ a renoncé à user de la contrainte, quel homme lui est supérieur moralement pour se le permettre?
On ne combat pas la tragédie des communs en élargissant le domaine commun mais en le réduisant.
Gwynfrid a écrit :
Le terme subordination n’est pas approprié. Le christianisme, à la différence notamment de l’islam, sépare nettement le temporel et le spirituel (ie. la religion et la loi.) La destination universelle des biens est un principe moral que tout chrétien doit respecter. Le droit de propriété ne lui est pas subordonné : nul ne peut invoquer la destination universelle des biens pour violer le droit de propriété de son prochain.
Gwynfrid a écrit :
Tu as parfaitement raison, c’est pourquoi un verre d’eau ne vaut rien à Paris et vaut tout l’or du monde dans le désert. Un mécanisme de prix libres est généralement très efficace pour rendre compte de ces préférences.
La théorie économique identifie quelques rares situations où ça marche mal, notamment en présence d’externalités. Malheureusement elle ne fournit pas de méthode systématique pour corriger des externalités. C’est là que la plupart des critiques du marché se trompent à mon avis lourdement. Mus par une foi quasi-mystique en la vertu du politique, ils sont convaincus qu’il suffit de donner à une autorité le pouvoir de contraindre pour corriger les imperfections. Pourtant l’expérience montre que le politique ne les corrige presque jamais et ajoute au contraire son lot de corruption, tromperie et gaspillage.
Pour revenir au profit, il a une définition comptable qui est celle que je donne plus haut. La conséquence en est que dans les cas (très majoritaires) où les prix traduisent correctement la valeur, il est le contraire du gaspillage. Ironiquement, les fans des externalités devraient réaliser qu’un système de prix libres constitue une externalité positive qu’il convient de préserver. Les soviétiques qui avaient aboli le marché ne disposaient plus d’un système de prix et avaient perdu tout moyen de hiérarchiser les besoins et les valeurs, cela se traduisait par d’immenses gaspillages et, bien sûr, des dommages environnementaux catastrophiques (mer d’Aral par exemple). De façon générale, les initiatives des autorités pour modifier les prix rendent difficile l’appariement des ressources et finissent en catastrophe. On le voit quotidiennement sur le marché de l’emploi, sur l’immobilier ou les marchés financiers (le soutien des cours par le gouvernement chinois a foiré dans les grandes largeurs) ou dans la sécheresse californienne (où la décision politique criminellement absurde de distribuer l’eau gratuitement a conduit à d’effroyables gaspillages et à la pénurie.)
Gwynfrid a écrit :
Oui, les climato-alarmistes sont très souvent socialistes ou étatistes. Cela me paraît assez cohérent.
Les tyrans ont toujours essayé d’utiliser des peurs intangibles pour imposer leur autorité sur la population. Le sorcier de Rahan avec les esprits, le moine médiéval avec l’enfer, les nazis/communistes avec les exploiteurs ou Cazeneuve avec le terrorisme, tous disent « il y a un grand péril, moi seul peux vous sauver, donnez-moi votre argent / votre liberté. »
Bref, quand les grands mages du climat déclarent « il fait chaud, on va tous mourir, donnez-nous votre argent et votre liberté » (oui, je connais déjà les conclusions de la COP21, je suis un devin), il y a globalement deux attitudes.
Le libre-penseur, presque toujours minoritaire qui dit « Ouais, on m’a déjà fait le coup. Trouve un vrai job et cesse de nous gonfler. »
Celui qui a besoin de se rassurer en plaçant son salut dans les mains du grand mage. Il considère le non-croyant au mieux comme un mécréant, au pire comme un complice du mal. Comme il a besoin d’être rassuré, le fait d’être majoritaire est un puissant argument (cela finit par être le seul) pour demeurer dans le rang.
Mottoul a écrit :
Bravo pour tout votre commentaire absolument remarquable. Je mets en exergue cette deuxième réserve qui résonne particulièrement avec mes préoccupations, mais les deux autres sont tout à fait pertinentes également. Ainsi que la louange générale.
Un petit conseil de mise en forme : faites des sauts de lignes (avec double enter), vos commentaires seront plus lisibles.
Merci pour votre appréciation. J’adhère à votre remarque sur la présentation trop serrée du texte