Langage inclusif : Back off, Microsoft !

Vous connaissez la parabole de la grenouille, Al Gore l’avait utilisée pour souligner la menace climatique. Plongée dans l’eau bouillante, la grenouille s’en extirpe par mouvement réflexe. Mais, soumise à ébullition progressive, la batracienne s’épanouit jusqu’à cuisson. Pour les Français, c’est pareil.

Trêve de grenouilles, comme on sait, les Français sont des veaux. Ou plutôt, les Françaises et les Français sont des veaux et, tant que nous y sommes, des velles. Ils ont accueilli la nouvelle d’une surveillance institutionnalisée de leur expression et partant, de leur pensée, avec le regard impavide de la bête que l’on mène par le col.

Les uns ne voient rien venir, les autres diraient bien quelque chose certes mais quoi, et les derniers tendent à penser que Microsoft part d’une bonne intention. Que l’on me pardonne cette expression aussi potentiellement sexiste qu’offensante : bougres de cons, l’intention ne change rien à l’affaire !

Microsoft vient d’installer une porte dérobée dans vos crânes.

L’intégration du « langage inclusif » dans les corrections et suggestions de Word est loin d’être indifférente : c’est un basculement, un vrai changement de nature, et un changement inquiétant. Car il ne s’agit plus de corriger les fautes d’orthographe, d’appliquer des règles de grammaire, à la rigueur d’alléger votre style, toutes fonctionnalités classiques d’un traitement de texte. Non, en intégrant à Word le « langage inclusif », Micro$oft nous dit quoi écrire, nous dit quoi penser. Les suggestions étaient stylistiques, elles sont idéologiques. Une entreprise opère des choix idéologiques, et elle nous les impose.

Ne vous y trompez pas : le vocabulaire est un champ de bataille. Chacun sait qu’en changeant les mots, on change la pensée. C’est d’ailleurs pleinement revendiqué par les tenants du « langage inclusif » et de l’ « écriture inclusive ».

Alerté par ma nièce, j’ai pu constater sur son ordinateur les suggestions ou injonctions du « langage inclusif ». Je dis bien « injonctions » car le propos est à l’impératif : « Évitez ». Word m’enjoint de ne pas écrire « les sourds », car « ce terme est potentiellement offensant ». Il faut écrire « les personnes sourdes ». « Évitez » aussi d’écrire « les handicapés » : écrivez « les personnes ayant une limitation fonctionnelle ».

Et surtout, surtout, n’écrivez plus « épouse ». « Épouse » est discriminatoire. Contrairement aux autres, ce terme n’est pas potentiellement discriminatoire, il l’est. Par nature. Par principe. L’avertissement de Micro$oft ne ménage aucune exception. Évoquer mon épouse, c’est employer un mot discriminatoire. Car voici que la world company nous l’enjoint : « évitez ce mot discriminatoire ». Oubliez le fait que j’ai bel et bien épousé, et par deux fois, ma femme. Oubliez que le terme est factuellement et juridiquement le bon : il est discriminatoire. En l’utilisant, je discrimine ceux qui ne sont pas mariés. Il me faut donc écrire « conjoint(e) ou partenaire ». Mon épouse serait… ma partenaire.

Il n’y a rien de cocasse là-dedans, quoique l’on aimerait s’en amuser.

Et n’allez pas invoquer les logiciels libres : ils sont utiles et méritoires, ils sont surtout anecdotiques. Même la Commission Européenne, qui condamne fréquemment Microsoft pour abus de position dominante admet qu’elle « ne peut pas faire sans » ses produits. Microsoft abuse ici de sa position dominante, cette fois à des fins idéologiques, et non commerciales. Notez d’ailleurs que si les logiciels libres disposaient de modules de « langage inclusif », il vous appartiendrait de les télécharger, ou non.

Rien de cela dans notre cas, contrairement à ce que je pensais d’ailleurs. Dans un premier temps, je voulais avertir qu’une option à cocher finirait par devenir une option cochée par défaut. Je me trompais : tel est déjà le cas. Ma nièce ne se souvient pas de l’avoir activée, et le chemin est tel (Fichier > Options > Vérification > Grammaire > Paramètres) qu’il n’est pas pensable qu’elle l’ait fait par mégarde. Lorsque vous envisagerez de le désactiver, vous vous demanderez comme moi si vous ne seriez pas un salopard oppressif en revendiquant le droit d’utiliser le mot « épouse » sans qu’un logiciel ne vienne y souligner une faute. Bientôt, d’ailleurs, l’option n’en sera plus une.

Vous pourrez toujours choisir d’ignorer cette recommandation mais à terme, comme une goutte d’eau vient éroder le rocher, elle viendra à bout de votre volonté. Et si ce n’est pas elle, vos collègues vous interrogeront sur votre obstination à utiliser un « mot discriminatoire ». La Direction de la communication publiera des lignes directrices imposant de respecter les « conseils » de Microsoft. La Direction des Ressources Humaines saura que M. Lefebvre persiste à écrire « époux » ou « épouse » dans ses « slides Powerpoint ® ». Vous cèderez…

A quoi bon ?, demandent déjà certains. De fait, moi aussi, j’aime les gens. Je ne tiens pas à les oppresser par un « langage exclusif ». Je ne tiens pas absolument à écrire « les sourds » plutôt que « les personnes sourdes ». Je me préoccupe suffisamment par ailleurs d’une identité qui rapproche et si l’usage s’imposait, comme il se doit pour l’évolution du vocabulaire, si la société s’accordait sur lui, je m’y plierai.

Mais, au-delà encore d’une nouvelle soumission de l’humain à la technique, je dénie radicalement le droit à une entreprise commerciale de venir poser ses grosses pattes sur ma liberté de conscience ! Car c’est véritablement une question de liberté d’opinion, d’expression, de conscience. Je refuse qu’une instance inconnue, non représentative, non élue, hors de tout contrôle, décide de ce qui est discriminatoire. Je veux être libre d’écrire « les experts » sans que Word vienne m’imputer un sexisme (quand bien même il n’y aurait que des hommes). Je veux être libre d’écrire « les sourds » et de ne pas le faire. Je veux même pouvoir faire pire. Pouvoir écrire des saloperies, et ne pas le faire non parce que Word me demande de l’éviter, mais parce que ma conscience me le dicte. Je veux aussi pouvoir évoquer ma chère et tendre épouse, sans subir la réprobation des nouveaux dévots. Je refuse qu’un logiciel juge de l’opportunité de mon vocabulaire. Je refuse absolument de laisser à Microsoft cette fois, à quelque entreprise commerciale que ce soit une autre fois, une backdoor dans mon traitement de texte, dans ma tête.

Une fois le principe accepté, que contiendront les prochaines mises à jour ? Quels mots seront jugés discriminatoires demain ? Quelles nouvelles options idéologiques seront promues ? Que ceux qui se satisfont de ce changement-ci s’interrogent sur les perspectives politiques qui s’ouvrent. J’évoque souvent dans mes interventions la « stratégie du vocabulaire » revendiquée par Bruno Mégret[1]. Sans aller jusque-là, quelles garanties avons-nous que le champ des mots proscrits, et des mots à substituer, ne s’élargira pas – au sein du « langage inclusif » et à d’autres registres ?

C’est un refus de principe qu’il faut opposer, et opposer maintenant. C’est un principe qu’il faut poser, de même que l’on a entendu imposer la neutralité du web, un principe qu’aucune bonne intention ne peut permettre d’enfreindre : l’outil doit être neutre, le logiciel n’a pas d’idées, Word n’a pas d’opinion, seul l’utilisateur en a. Back off, Microsoft, l’oppressif ici, c’est toi !

Illustration : Mathilde Heu (creative commons).

  1. « on a lancé le mot « identité » dans le débat public (…) De même, on parlera de « communauté » plutôt que de société, etc. Il s’agit, par ces substitutions, d’imposer une nouvelle grille de lecture du monde, dont le programme frontiste serait le débouché naturel » []

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28 commentaires

  • Curieux article.

    Sur le fond, bien sûr, on est d’accord.

    L’écriture agressive est bien entendu une abomination. Orwell a bien décrit comment le langage contrôle la pensée. On voit bien comment avoir accolé l’épithète « inclusive » tend à la rendre sympathique. Cette démarche est effectivement d’essence totalitaire.

    Mais là où je pense que tu te fourvoies, c’est quand tu vois l’origine privée du forfait comme un élément aggravant.

    Je refuse qu’une instance inconnue, non représentative, non élue, hors de tout contrôle, décide de ce qui est discriminatoire.

    A contrario, quand c’est une instance connue, représentative, élue, c’est open bar. C’est ça?

    Microsoft (de grâce, renonce à écrire Micro$oft, on se croirait sur Slashdot en 97!) n’a aucun pouvoir réel sur nous. Comme tu l’indiques, il est facile de désactiver le machin, on peut aussi utiliser d’autres logiciels, on peut aussi boycotter ou faire une campagne publique. Microsoft n’est pas hors de tout contrôle car c’est une entreprise commerciale dont la survie repose sur le fait que ses clients achètent volontairement ses produits. Le mot important est « volontairement ».

    Aujourd’hui on a un président incapable d’aligner trois mots sans dire « cellezéceux » et on n’a aucun contrôle là-dessus. On a des profs du public qui enseignent l’écriture agressive et on n’a aucun recours : si on refuse d’envoyer nos enfants, on est arrêté par la police. On a des émissions de l’audiovisuel public qui font la promotion de l’écriture agressive et on n’a aucun recours ; si on refuse de payer pour ça, on est arrêté par la police.

    Le langage est un combat. Celui qui parvient à imposer ses éléments de langage rend quasi impossible de combattre ou soutenir l’idée de son choix.

    Qui peut être contre le « mariage pour TOUS » , l’ « impôt de SOLIDARITE sur la fortune », la « JUSTICE sociale », l’ « énergie RENOUVELLABLE », le « DROIT de mourir » ou l’ « écriture INCLUSIVE »? Qui peut être pour « le DEREGLEMENT climatique », la « DISCRIMINATION salariale », les « CADEAUX aux riches », les « INEGALITES de revenu », la « culture du VIOL » ou le « white PRIVILEGE »?

    Le langage est un combat. C’est un peu curieux que tu choisisses de t’attaquer à une entreprise en perte de vitesse ou un politicien de seconde zone à la retraite.

    Je ne crois pas qu’ils soient les plus menaçants.

  • Ça, il est certain qu’avec toi en revanche, dès que c’est le marché qui s’en charge, le blanc-seing est prêt d’avance. Je me demande s’il t’arrive, parfois, d’aborder des sujets autrement que selon une dichotomie public/privé. Ainsi parce que la puissance publique peut aussi avoir une influence, il conviendrait de ne pas regarder ce que font les entreprises ?

    Je ne crois pas mon billet « curieux » mais ton raisonnement est étrange.

    Si nous avions du contrôle sur Microsoft, nous changerions aisément de produit, si nous avions du contrôle sur Microsoft, cela fait longtemps que le produit se serait amélioré. Si nous avions du contrôle sur Microsoft, la Commission Européenne changerait de suite bureautique. Tu as une confiance attendrissante dans le système capitaliste et une naïveté confondante dans le pouvoir que tu as sur des entreprises.

    Microsoft, entreprise en perte de vitesse ? Grands dieux ! Elle occupe encore 90% de parts de marché avec son système d’exploitation, mais c’est vrai, elle était à 95% en 2007, fait 21 milliards de dollars de chiffre d’affaires, 5,2 milliards de bénéfices, réalise un chiffre d’affaires en hausse de 47 % pour Office 365 entreprises et de 22 % pour les offres grand public. Situation alarmante, je verse une larme. Je gage que, si je me désabonne ou leur envoie un courrier, ils vont reconsidérer leurs positions.

    A côté de ça, ton tableau de la vie publique est assez cocasse. Si on refuse de payer la redevance, on est arrêté par la police ? Les prisons sont d’ailleurs pleines de gens qui ne paient pas la redevance télé, un vrai goulag. Allons…

    La vie publique est critiquable mais à tout le moins, une instance élue procède un tant soit peu de la volonté citoyenne et, si cela n’est pas aisé, il est possible de se faire entendre, voire de ne pas voter pour ceux dont tu déplores le vocabulaire.

    Quant au fait qu’il soit facile de désactiver cette « option », tu m’amuses. Pour toi et moi, oui. Pour d’autres, c’est préjuger de leur familiarité avec les réglages de Word, ou de tout logiciel.

    Le reste, y compris l’intrusion sur mes propres outils de travail, est développé dans mon billet.

  • je n’arrive pas à me décider si je dois dire les conzélesconnes ou les connezélécons…
    mais alors, je suis perdue, doit-je écrire les connard-s-asse-s
    je crois que je vais laisser tomber l’écriture inclusive…

  • Koz a écrit :

    Je me demande s’il t’arrive, parfois, d’aborder des sujets autrement que selon une dichotomie public/privé. Ainsi parce que la puissance publique peut aussi avoir une influence, il conviendrait de ne pas regarder ce que font les entreprises ?

    C’est pourtant toi qui fais cette dichotomie, précisément dans le passage que j’ai cité plus haut. Tu indiques qu’une entreprise privée mérite, selon toi, plus de contrôle. Puisque tu mets le sujet sur la table, je dis que je pense le contraire.

    Je n’ai pas dit que Microsoft est mourant, j’ai dit qu’il était en perte de vitesse. Il n’est plus dominant que sur un marché de plus en plus secondaire, le pc de bureau. Au global Windows n’a que 36% de pdm, derrière Android. Il y a 15 ou 20 ans, Microsoft était un ogre surpuissant, aujourd’hui il ne fait pas partie des GAFA, et ne parlons pas des BATX.

    Enfin si tu connais un moyen de ne pas payer ses impôts sans aller en prison, ce serait sympa de partager.

  • Là où je te rejoins, ceci-dit, c’est qu’effectivement, en contrôlant Word, un outil de travail très répandu, Microsoft peut exercer une pression large et diffuse.

    Ceci dit, le truc est tellement intrusif que je pense qu’on est en fait assez loin de la parabole de la grenouille. Par ailleurs, la plupart des gens qui utilisent Word professionnellement le font dans un cadre corporate avec l’IT qui configure les postes.

    Bref, j’espère que ce truc finira comme Clippy, le ridicule avatar en forme de trombone qui a fait de Microsoft la risée des utilisateurs.

    Sur le fond enfin, je pense que ce billet peut contribuer à challenger la décision. Notamment, tous les tweets que je vois adressés @microsoftfrance pointant l’aspect intrusif et inapproprié peuvent amener l’entreprise à reconsidérer.

  • « Je dénie radicalement le droit à une entreprise commerciale de venir poser ses grosses pattes sur ma liberté de conscience » : déjà que la chose est pénible lorsqu’il s’agit d’une « autorité reconnue » (disons, pour faire vite, les pouvoirs publics), elle l’est au moins autant, en effet, lorsqu’il s’agit d’une entreprise commerciale. Dans le cas de l’Etat, cette intrusion dans notre vocabulaire (donc dans notre pensée) tendrait à faire de nous les bons petits soldats de je ne sais quelle « révolution » (ou autres fadaises) ; dans celui d’une entreprise commerciale, il s’agirait de faire de nous des hommes-sandwiches (j’ignore comment cela se dit en « inclusif ») qui, en plus, paieraient pour exercer ce noble métier. Il n’est d’ailleurs pas exclu de voir dans cette initiative de Microsoft le fruit d’un calcul voulant que se conformer à des usages encouragés par quelques hurluberlus soit lucratif (« Microsoft, agent du bien », etc., etc.). Reste cependant un point où je suis en désaccord avec vous : la cocasserie. J’ai la naïveté de penser qu’un éclat de rire massif et tonitruant pourrait avoir quelque effet contre cette déplorable manipulation, tant qu’il est encore temps.

  • De l’achat d’une licence logicielle jusque dans les années 2010-15, le logiciel se tourne vers le Software as Service. Bref on loue le logiciel. Là où les conditions générales de vente étaient écrites sur papier, elles sont désormais en ligne et modifiable unilatéralement par l’éditeur. Libre à nous d’y adhérer.
    Il existe d’autres logiciels comme Libre Office, AbiWord, et même Latex pour les plus puristes.
    Le logiciel conditionne dès maintenant et très largement, notre façon de penser. Il existe au US des associations prônant l’étique logicielle car le besoin est prégnant. Des logiciels comme Facebook, Twitter, … sont réalisés pour nous faire passer plus de temps sur leurs applicatifs et donc pour consommer de la pub.

    Libre à nous de ne pas utiliser les avantages des correcteurs, et des analyseurs syntaxiques mais cela risque de cliver la société. Ceux qui pourront se passer de ces aides, et les autres. On peut imaginer aussi que Google indexera de façon préférentielle les textes qui adhéreront à cette syntaxe. L’avenir est encore à écrire…

  • @ Bernard:
    « cela risque de cliver la société », cela clive déjà le monde: un deux trois milliards ? d’êtres humains n’ont pas accès à Internet, à l’informatique. Avant hier avant d’avoir lu Koz je suis allé acheter un Pilot pointe fine et un cahier et je me suis remis à écrire à la main. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir avant de me précipiter à nouveau sur un clavier d’ordi et une connexion internet. 🙂 Déjà ce soir premier accroc à mon désir de décrocher.

  • Sans vouloir comme Lib faire une génuflexion automatique devant l’autel sacré de la libre entreprise dans un marché le moins régulé possible, je crois que tu exagères un brin.

    Microsoft, c’est une boîte privée, effectivement. Son job est de faire du profit, ce qui exige de faire évoluer ses produits de façon à correspondre aux besoins de ses clients, tels qu’elle les comprend. Elle se plante parfois sur ce point, comme tout le monde; le client est un animal divers, capricieux, qui ne sait pas très bien lui-même ce qu’il veut. Mais bon, elle se débrouille.

    Le job de Microsoft n’est absolument pas de répandre une idéologie, et comme toutes les boutiques de technologie, elle s’en garde de son mieux, surtout en ces temps de division où un pet de travers fait hurler de rage la moitié des États-Unis et une bonne partie du reste du monde. La preuve en est dans ce billet lui-même, et dans les réactions similaires dans la presse de droite. On peut donc estimer que les responsables du marketing chez Microsoft se sont plantés en activant cette fonctionnalité en France, en sous-estimant les réactions du public. Cela dit, Office 2016 a été lancé en France le 22 septembre 2015 et personne n’avait rien remarqué jusqu’ici: je ne sais pas quel est l’élément déclencheur de cette mini-tempête médiatique à l’automne 2017.

    Une entreprise opère des choix idéologiques, et elle nous les impose.

    Quand je lis ce type de phrase, je me rappelle irrésistiblement certains débats enflammés sur ce blog, lorsque l’Église, la MPT, ou toi-même, Koz. étaient accusés de vouloir « imposer » une idéologie. Dans tout les cas, ces diverses entités, ou leurs adversaires, ne faisaient qu’exprimer une opinion et n’avaient pas le moins du monde le pouvoir d’imposer X ou Y.

    Tu me répondras que Microsoft a beaucoup plus de pouvoir que l’Église. Ça se discute, mais incontestablement, c’est une entreprise puissante, qui peut influer au travers de ses outils lorsque nous les utilisons.

    Mais Microsoft n’essaie évidemment pas de prendre parti: ce serait mauvais pour le business. Si une option qui donne des conseils (et non pas des injonctions) pour adopter un style politiquement correct est mise sur le marché, c’est qu’elle correspond aux besoins des clients tels que l’entreprise les perçoit. Elle ne fait que refléter la pression sociale, qui n’est pas neuve, c’est le moins qu’on puisse dire: j’étais encore adolescent qu’on se moquait déjà du remplacement du mot « aveugle » par « malvoyant » dans le langage journalistique.

    Si on me fournit une telle option et que je dois écrire un texte s’adressant à un large public, je pourrais trouver bon que Word me signale les termes que certaines personnes pourraient trouver vexants. Je peux décider que ces personnes ont des idées ridicules, mais il m’est quand même utile de savoir que je risque de les fâcher avec des mots que je trouve innocents. Si je n’ai pas besoin de cette option parce que je suis un grand garçon, je la désactive ou j’ignore ses conseils, comme je le fais avec l’option de correction de la nouvelle orthographe.

    La pression sociale pour changer le langage est agaçante et parfois même oppressante. S’il faut blâmer quelque chose, ce n’est pas une entreprise mais la société dans laquelle nous vivons, à la fois hyper-individualiste et toujours prête à faire la police du comportement social d’autrui.

    @ Colibri:
    L’accès à Internet dans les pays en développement concerne plus de 40% de la population, en augmentation constante d’environ 3% par an depuis 10 ans (source).

  • Sven Laval a écrit :

    Reste cependant un point où je suis en désaccord avec vous : la cocasserie. J’ai la naïveté de penser qu’un éclat de rire massif et tonitruant pourrait avoir quelque effet contre cette déplorable manipulation, tant qu’il est encore temps.

    Je ne vois pourtant rien de tel, aussi je crains qu’il ne soit plus temps.

    @ Gwynfrid : et je crois que vous vous leurrez gentiment, tous les deux. Des entreprises, ici aussi, mais plus encore aux Etats-Unis, se dotent de chartes diverses, « charte de la diversité », « charte inclusive », « charte LGBT », se dotent de groupes de travail chargés de promouvoir la diversité (selon le langage convenu). C’est particulièrement vrai dans les entreprises américaines, y compris dans leurs filiales françaises. Et l’objet n’est pas seulement de s’assurer que les personnes représentatives de cette « diversité » ne fassent pas l’objet de discrimination, ce qui serait très louable, mais de promouvoir leurs droits. La fondation Bill et Melinda Gates est, pour sa part, connue pour conditionner les aides au développement qu’elle accorde à des modifications législatives conformes à leurs convictions. J’ai bien noté que Bill Gates ne dirige plus Microsoft mais cela en dit suffisamment long sur leur capacité à user des moyens d’influence les plus variés, y compris en ne respectant pas la souveraineté des pays concernés.

    J’ai suffisamment expliqué pourquoi l’insertion d’une telle option (dites, il ne vous est pas venu à l’esprit que si Microsoft respectait tant notre liberté, elle n’aurait pas introduit cette mise à jour d’office et n’aurait pas activé cette option par défaut ?) est bien plus intrusive et bien plus efficace que tous les mouvements d’opinion et campagnes féministes ou autres. La preuve en est que vous refusez déjà d’y voir une option idéologique. Tu as, en réalité, Gwynfrid, déjà intégré le truc. Microsoft ne ferait que s’adapter à une réalité. Je ne sais pas ce que tu vis au Canada, Gwynfrid, et je ne doute pas que vous soyez bien plus empreints de cette idéologie, mais ici, il n’est toujours pas communément admis que « épouse » soit un mot discriminatoire.

    Gwynfrid a écrit :

    Si je n’ai pas besoin de cette option parce que je suis un grand garçon, je la désactive ou j’ignore ses conseils, comme je le fais avec l’option de correction de la nouvelle orthographe.

    Et rien ne t’interpelle dans le fait que l’idée n’ait pas été : « si je souhaite recevoir ces conseils et parce que je suis un grand garçon, j’active cette option » ?

    Et tu ne vois pas de différence entre une suggestion orthographique et les suggestions de fond qui sont faites ? Entre lire que « cigne » s’écrit « cygne » et qu' »épouse » est un mot que tu dois éviter ?

    Il ne devrait même pas être nécessaire d’illustrer par un quelconque exemple : une entreprise n’a pas à interférer avec le fond d’un texte.

    Gwynfrid a écrit :

    Cela dit, Office 2016 a été lancé en France le 22 septembre 2015 et personne n’avait rien remarqué jusqu’ici: je ne sais pas quel est l’élément déclencheur de cette mini-tempête médiatique à l’automne 2017.

    Un processus informatique que l’on appelle « mise à jour ».

    Quant au fait qu’il y ait une tempête médiatique, même mini, ça ne correspond à rien. Au contraire, ça rentre comme dans du beurre.

    Bernard a écrit :

    Il existe d’autres logiciels comme Libre Office, AbiWord, et même Latex pour les plus puristes.

    Avec toute ma sympathie pour les logiciels libres, leur part est toujours epsilonesque. L’absence d’autres suites bureautiques commerciales en dit suffisamment long sur l’impossibilité de challenger Microsoft sur ce marché.

    Lib a écrit :

    C’est pourtant toi qui fais cette dichotomie, précisément dans le passage que j’ai cité plus haut. Tu indiques qu’une entreprise privée mérite, selon toi, plus de contrôle. Puisque tu mets le sujet sur la table, je dis que je pense le contraire.

    Ce qui, alors que c’est un point accessoire du billet te conduit à une appréciation d’ensemble : « curieux billet ».

  • Bonjour
    Merci pour votre judicieuse analyse.
    Outre le fait qu’il ne me semble pas prioritaire de debattre de ce genre d’évolution linguistique, à l’heure où bien des enfants n’ont pas les acquis essentiels, la mise sous « normes » de tous les pans de notre société risque effectivement d’aboutir à un abêtissement généralisé et à formater des gens incapables de penser…l’histoire contient déjà maints exemples dont on aurait pu croire que nos bigots bien-pensants avaient retenu les leçons.

  • Totalement d’accord avec vous !
    Mais maintenant on fait quoi ? Mon entreprise m’oblige à utiliser Word, et de toute façon, elle est d’accord et ça fait belle lurette qu’elle m’assomme de formation séminaire, conférence et autres plaquettes et animation sur, par exemple la semaine dernière, le partage des tâches ménagère.
    Enfin, les hommes politiques sont d’accords avec ce genre évolution

  • Koz a écrit :

    @ Gwynfrid : et je crois que vous vous leurrez gentiment, tous les deux. Des entreprises, ici aussi, mais plus encore aux Etats-Unis, se dotent de chartes diverses, « charte de la diversité », « charte inclusive », « charte LGBT », se dotent de groupes de travail chargés de promouvoir la diversité (selon le langage convenu). C’est particulièrement vrai dans les entreprises américaines, y compris dans leurs filiales françaises. Et l’objet n’est pas seulement de s’assurer que les personnes représentatives de cette « diversité » ne fassent pas l’objet de discrimination, ce qui serait très louable, mais de promouvoir leurs droits

    Mon employeur a ainsi affiché il y a un mois, devant les ascenseurs, un poster « coming out day 2017 ».

    Et envoie régulièrement à tous les salariés de la filiale des messages électroniques conseillant aux « LGBT » de rejoindre leur « communauté » au sein du Groupe.

    Koz, ce type de pratiques est-il conforme avec le principe de neutralité en entreprise ?

  • On a longtemps promu la « responsabilité sociale » des entreprises, puis leur « responsabilité écologique ».

    Les méchants libéraux objectaient que ce n’était pas la responsabilité des entreprises, que celles-ci se devaient de respecter les lois, dont les lois sociales et environnementales, mais sinon de faire du business.

    La pression sociale en a voulu autrement et les entreprises se doivent aujourd’hui d’être citoyennes à défaut d’être festives.

    Il n’y a donc rien d’étonnant au comportement de Microsoft, qui est « responsable ».

    Le totalitarisme mou des sociétés démocratiques a été parfaitement diagnostiqué par Tocqueville il y a bientôt deux siècles.

    Je pense ressentir ce qu’un Romain cultivé ressentait quand la culture antique s’est effondrée en Europe. Et cela me donne espoir, parce que après un petit nombre de siècles une civilisation brillante s’est épanouie à nouveau. En attendant, l’hiver approche.

  • Billet intéressant mais écrit sous le coup de l’émotion (un des raisons pour lesquelles j’ai du plaisir à lire les articles de Koz, c’est qu’ils sont très posés, c’est toujours très agréable à lire).

    Juste un détail amusant à relever pour Koz, pour aller dans son sens : la plupart des sourds se désignent eux-mêmes comme étant sourds…(pas « personnes sourdes », « malentendants », « personnes déficientes auditives » et ENCORE MOINS le très à la mode « personne en situation de handicap » !). Pour nous – car je suis aussi sourd – ce n’est pas un gros mot, mais un mot bien commode pour nous désigner nous-même. Alors j’encourage bien sûr Koz à continuer à écrire « les sourds ».

    Pour conclure, voici une parole de Qohéleth qui est très parlante : Voici la seule chose que j’ai comprise : Dieu a fait les êtres humains simples et droits, mais ceux-ci ont tout compliqué (Qo 7,29).

    Bonne suite à vous, Koz, et au plaisir de vous relire!

  • Koz a écrit :

    @ Gwynfrid : et je crois que vous vous leurrez gentiment, tous les deux. Des entreprises, ici aussi, mais plus encore aux Etats-Unis, se dotent de chartes diverses, « charte de la diversité », « charte inclusive », « charte LGBT », se dotent de groupes de travail chargés de promouvoir la diversité (selon le langage convenu). C’est particulièrement vrai dans les entreprises américaines, y compris dans leurs filiales françaises.

    Oui. C’est là une des conséquences de la mondialisation, notamment dans les grandes entreprises dont le recrutement se fait sur toute la planète. Elles font cela parce qu’elles ont encaissé, et perdu, des procès et des campagnes d’opinion, et qu’elles ont bien vu que s’arc-bouter sur des fonctionnements anciens était perdant, à la fois sur le plan juridique et sur le plan commercial. Ces entreprises réagissent à la pression sociale, et en faisant cela, elles y participent. Mais elles n’en sont pas à l’origine.

    Et l’objet n’est pas seulement de s’assurer que les personnes représentatives de cette « diversité » ne fassent pas l’objet de discrimination, ce qui serait très louable, mais de promouvoir leurs droits. La fondation Bill et Melinda Gates est, pour sa part, connue pour conditionner les aides au développement qu’elle accorde à des modifications législatives conformes à leurs convictions. J’ai bien noté que Bill Gates ne dirige plus Microsoft mais cela en dit suffisamment long sur leur capacité à user des moyens d’influence les plus variés, y compris en ne respectant pas la souveraineté des pays concernés.

    Tu l’as noté… mais tu mélanges quand même les deux. Cela fait maintenant 10 ans que Bill Gates n’est plus un chef d’entreprise mais un activiste à la tête de son ONG personnelle. On peut critiquer son activité, mais ce n’est pas l’activité de Microsoft.

    Cela dit, évidemment, si une charte de diversité est définie, c’est bien sûr pour éviter la discrimination, mais le simple fait de l’afficher sur le mur peut être perçu comme un acte de promotion des groupes minoritaires ainsi protégés, c’est difficilement évitable.

    J’ai suffisamment expliqué pourquoi l’insertion d’une telle option (dites, il ne vous est pas venu à l’esprit que si Microsoft respectait tant notre liberté, elle n’aurait pas introduit cette mise à jour d’office et n’aurait pas activé cette option par défaut ?) est bien plus intrusive et bien plus efficace que tous les mouvements d’opinion et campagnes féministes ou autres. La preuve en est que vous refusez déjà d’y voir une option idéologique. Tu as, en réalité, Gwynfrid, déjà intégré le truc. Microsoft ne ferait que s’adapter à une réalité. Je ne sais pas ce que tu vis au Canada, Gwynfrid, et je ne doute pas que vous soyez bien plus empreints de cette idéologie, mais ici, il n’est toujours pas communément admis que « épouse » soit un mot discriminatoire.

    Qu’un logiciel prévienne que l’emploi du mot « nègre » n’est plus vu, de nos jours, comme respectueux d’autrui me paraît raisonnable. La présence du mot « épouse » dans la liste, par contre, m’a surpris. Je ne sais pas quel est le raisonnement derrière, et a priori je trouve ça excessif.

    Mais tu m’interpelles à juste titre en disant que j’ai intégré le truc. Je ne le conteste pas, mais je n’y vois pas vraiment de souci. Mais pour m’expliquer, tu m’obliges à parler un peu de moi.

    Je suis un immigrant, installé depuis une dizaine d’années au Canada anglophone. Bien entendu, j’ai absorbé, tout à fait consciemment et volontairement, les éléments essentiels de la politesse locale: cela s’appelle l’intégration. C’est ce qu’on demande, à raison, aux immigrants qui viennent en France, il n’y a pas de raison qu’on en demande moins aux Français qui s’expatrient. Me comporter autrement serait non seulement impoli, mais me vaudrait des problèmes professionnels et personnels, et je trouve cela bien normal.

    Incontestablement, le Canada est beaucoup plus influencé par la notion de diversité et par le langage politiquement correct que la France. C’est lié à l’histoire du pays, peuplé à plus de 95% de descendants d’immigrants; à sa structure politique fédérale avec des provinces très différentes les unes des autres; à la cohabitation de deux langues officielles avec les différences culturelles qui vont avec, sans parler des problèmes aigus rencontrés par les communautés autochtones; et enfin à l’afflux constant de nouveaux venus, avec une immigration annuelle considérable (un peu moins de 1% de la population), venant de tous les continents. C’est encore plus net dans les grandes villes: un habitant de Toronto sur deux est né à l’étranger.

    Dans ces conditions, il est naturel qu’on cherche à éviter les frictions que pourrait causer un langage mal maîtrisé. Dans l’ensemble, cela se passe plutôt correctement, même si le pays n’est pas immunisé au type de tensions qui se manifestent au sud de la frontière (ahem).

    Et rien ne t’interpelle dans le fait que l’idée n’ait pas été : « si je souhaite recevoir ces conseils et parce que je suis un grand garçon, j’active cette option » ?

    C’est toujours un choix compliqué: on sort une nouvelle fonction, évidemment on peut la désactiver, mais quel doit être le réglage par défaut à la sortie du produit? En général on tend à activer par défaut, ne serait-ce que pour mettre l’utilisateur au courant de l’existence de l’option. Dans le cas présent, je pense que c’était plutôt une erreur.

    De mon côté j’ai vérifié les réglages de l’Office 365 fourni par mon employeur (une grande boîte américaine avec toutes les chartes de diversité, les formations obligatoires, etc, qui vont avec): cette fonction n’est pas disponible. Je ne sais pas si c’est le résultat d’un calendrier de mise à jour différent pour nous, ou d’une décision délibérée.

    Il ne devrait même pas être nécessaire d’illustrer par un quelconque exemple : une entreprise n’a pas à interférer avec le fond d’un texte.

    Certes, mais de ce point de vue Microsoft n’est qu’un micro-poisson. Il est bien plus important de s’intéresser à ce qui se passe chez Facebook, Twitter, et consorts: ce sont là les entreprises qui décident ce que tes lecteurs voient.

    Quant au fait qu’il y ait une tempête médiatique, même mini, ça ne correspond à rien. Au contraire, ça rentre comme dans du beurre.

    Si c’est le cas, c’est peut-être parce que la société y est, finalement, plus prête que ta réaction ne me le donnait à penser? Je ne sais pas.

  • Le hasard d’un commentaire lu dans un récent article d’Ingrid Riocreux m’amène à découvrir votre site et votre billet.

    Que reprocher à Micro$oft (graphie employée, et de manière justifiée, depuis les années 1980, soit dit en passant), sinon de ne pas exploiter ses compétences informatiques pour redéfinir cette nouvelle orthographe (une nouvelle API !) aux prétentions « inclusives » ? Cette modeste proposition, méditée depuis quelques années, publiée voici quelques mois, avait de l’avance sur tous les délires de l’heure :

    http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2017/03/07/carte-blanche-10-5918811.html

  • Koz a écrit :

    Microsoft, entreprise en perte de vitesse ? Grands dieux ! Elle occupe encore 90% de parts de marché avec son système d’exploitation, mais c’est vrai, elle était à 95% en 2007

    Bonjour,

    je pense que Microsoft a une vraie rente sur Office, et en particulier Excel et Powerpoint, qui sont à mon avis d’excellents produits. On peut passer aux alternatives libres (je le fais chez moi sur mon PC perso), mais ça pique un peu. On pourrait encore nuancer en disant qu’Excel est seul au monde, et que powerpoint a plus d’alternatives (y compris Keynote et les alternatives web à la prezzi). Et cela n’évoque même pas toutes les alternatives web à l’écriture d’un document office (WordPress).

    Sur les systèmes d’exploitation, il faut bien choisir le périmètre, à mon avis de façon artificielle, pour trouver que Windows a 90% de parts de marché. C’est vrai uniquement sur les PC de bureaux et portables (encore que j’aurais dit qu’Apple a plus que 10% du marché), un secteur en déclin, et complètement faux dans les téléphones mobiles et tablettes, où Android et Apple règnent en maître.

    Je ne vais pas détailler ici les parts de marché sur les serveurs, mais Microsoft est loin d’une évidence sur ces sujets, même s’il est connu comme faisant des produits en moyenne plus corrects que la plupart des concurrents, et donc choisi de façon pragmatique dans certains cas.

    Sur l’écriture inclusive, je n’ai pas vraiment d’idées: je pense que Microsoft fera ce que l’opinion générale ou les gouvernements demandent de lui. Cette entreprise ne prendrait certainement pas le risque de perdre des parts de marché pour de l’idéologie.

    • Où avez-vous vu que l’opinion générale ou les gouvernements lui aient demandé d’introduire le langage inclusif ?

      Puisque tel n’est pas le cas, votre deuxième proposition doit être inversée : Microsoft prend le risque. Elle n’a de toutes façons rien à craindre.

  • Sur le fond, cette dérive de contrôle explicite du langage est très inquiétante, qu’elle provienne du public ou du privé.

    Contrairement à Gwynfrid, je ne vois pas la relative apathie du public comme un signe que les gens acceptent cette évolution. Asch a montré il y a longtemps l’importance du conformisme. Si ceux qui disent que 1=2 font suffisamment de bruit, beaucoup de gens les suivront ou choisiront de ne pas se mouiller.

    Taleb décrit un phénomène qu’il appelle la dictature de la minorité intransigeante. Si une petite minorité refuse catégoriquement A et que la majorité peut tolérer B, alors B va progressivement supplanter A qui disparaîtra complètement.

    A mon avis, on voit ici la combinaison des deux phénomènes. Un.e minorité intransigeant.e qui exige l’.a. écriture inclusif.ve. Et une crainte disproportionnée d’apparaître machiste ou sexiste qui rend conformiste la majorité des prudents ou des lâches.

  • Pour moi, l’écriture inclusive est surtout le meilleur moyen offert aux « harceleurs » de s’offrir une superbe couverture. Ça ne coûte pas très cher à utiliser, et qui irait soupçonner de mauvaise conduite celui qui s’affiche à la pointe du « droit des femmes » ? L’écriture inclusive ne nuit pas seulement à la langue française ; en faisant primer ce type de combat puéril sur ce qui serait utile (au hasard : mieux défendre les femmes enceintes ou de retour de congé maternité), elle nuit aux femmes (qui n’ont par ailleurs pas demandé d’être tenues responsables de ces ajouts de points ridicules…)

  • Moi je n’ai aucun souci avec l’écriture inclusive, et je l’utiliserai au maximum à l’oral et totalement à l’écrit, quel que soit l’avis des vieilles badernes de l’Académie. J’ai un peu de mal avec l’idée qu’une invisibilisation langagière, couplée à des dizaines de phénomènes sexistes (sexualisation des petites filles, porno soft dans la pub, tolérance sur la culture du viol, culpabilisation des victimes, etc.) n’aie aucun impact dans les violences faites aux femmes. Après, qu’une multinationale surfe là-dessus, ce n’est pas étonnant. Le libéralisme est très fort en ceci, il réussit aussi à créer de la « richesse » avec du vol, de la spoliation, des pollutions, alors l’écriture inclusive…

    • Il y a des femmes et des hommes à l’Académie. Baderne étant un mot féminin, je trouve discriminatoire votre formulation.

      Soyez un sentinel de ces invisibilations langagières cohérent! vous deviendrez le star incontournable du post compréhensible! 🙂

      Oublier que notre langue tient du latin, et qu’il existe un masculin jouant le rôle de neutre (la fameuse règle du « masculin l’emportant sur le féminin » horreur!) aboutit vraiment à des trucs rigolos. Essayez!

      Pour le reste, éduquons.
      Luttons contre la pornographie.
      Remettons nous en cause, avec notre credo que tout désir peut être assouvi s’il est encadré.

  • Article très intéressant. Les relations public/privé ?
    Ne serait-ce pas la suite de ça:
    http://www.20minutes.fr/societe/1925119-20160915-pourquoi-partenariat-entre-microsoft-education-nationale-fait-polemique

    http://www.numerama.com/business/190924-partenariat-avec-microsoft-leducation-nationale-devant-les-tribunaux-pour-la-rentree-scolaire.html

    A se demander si Microsoft n’a pas été payé pour cela.
    Cela me fait froid dans le dos.
    L’idéal serait que ce cauchemar finisse dans un éclat de rire.
    Il faut éclabousser de rire

  • J’aimerais partager mon avis personnel concernant les logiciels libres.
    Je ne pense pas qu’ils soient anecdotiques. Je pense au contraire qu’ils se présentent comme alternative aussi efficace que les produits Microsoft, voir potentiellement meilleure.
    J’utilise des distributions Linux depuis des années dont certaines sont aussi « user-friendly » que Windows. J’utilise LibreOffice, alternative à la suite Office de Microsoft. Aucun de ces outils ne m’a coûté le moindre centime. Leur code source est à la disposition de tout un chacun, et chacun est libre de les modifier.
    J’ai mon cloud, ma boîte mail,… tout sur ma machine à mon domicile.
    Tout cela pour dire : les alternatives sont là et elles sont valables. La seule chose qui manque est la volonté des utilisateurs à franchir le cap.
    Petite parenthèse : Microsoft a peut-être 90% de part de marché sur les ordinateurs de bureau. Mais toutes machines confondues (téléphones portables, GPS, serveurs, systèmes d’automobiles, tablettes, télévisions, NAS,…), c’est très loin d’être le cas.

    • Il n’y a aucune critique, aucun dénigrement, des logiciels libres, de ma part. Ce n’est pas une appréciation, c’est un constat. Aujourd’hui, malgré leur qualité, leur distribution est numériquement anecdotique. Word s’est imposé comme un standard et, de fait, s’il se met à avoir des considérations idéologiques, il a une certaine puissance de prescription.

      • Pas de soucis, je n’avais vu ni critique ni dénigrement dans ton article. Je voulais simplement partager mon avis sur la question, et démystifier un peu le sujet. Un grand problème pour les logiciels libres (Linux et cie) est qu’on pense encore qu’ils sont réservés à une élite, alors qu’ils sont utilisables par tout un chacun (j’installe des distributions Linux chez des personnes âgées quand elles m’appelles en dépannage et elles en sont contentes).
        Je suis d’accord que Word s’est installé comme un standard (de même qu’Excel, Windows,…). Pour autant, la suite LibreOffice rend les mêmes services et est compatible (lecture/écriture des fichiers Word).
        Bref, mon avis est le suivant : on n’est pas condamné à utiliser les produits Microsoft. Si on le fait, c’est qu’on le veut bien. Au vu de ton article, il est peut-être temps de remettre en question la souveraineté Microsoft.

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