L’affrontement chrétien

Présenter ce texte d’Emmanuel Mounier est une gageure. Aussi m’en suis-je abstenu durant plusieurs semaines. Presque trois mois. Précaution préliminaire d’usage : je dois avouer que livrer mon sentiment enthousiaste sur l’Affrontement chrétien c’est, une fois encore mais peut-être davantage cette fois-ci, passer le sens et la langue vibrante de l’auteur par le filtre maladroit de mes synapses. Tant pis. Ceux qui m’aiment prendront le train, et liront ce texte. Un texte rare. Bref, fort, beau. Prophétique peut-être.

Mounier, sortant des prisons de Vichy, l’écrit en 43 à Dieulefit. Il s’y affronte avec Nietzsche. Guy Coq, qui signe la préface, explique que ce texte « exprime l’effort salutaire que le chrétien Mounier fait sur lui-même pour comprendre comment l’anti-christianisme le plus virulent de Nietzsche se construit à partir de la trahison des chrétiens eux-mêmes[1] ». Ce sont bien, en effet, les chrétiens que Mounier admoneste, dans une langue vibrante qui pousserait à citer le texte en entier. Il exhorte  «  ces héros lymphatiques (…) ces vases d’ennui, ces sacs de syllogismes, ces ombres d’ombres… ». Exhortation vigoureuse autant que fraternelle.

Mounier, nous dit Coq, désignait ce texte comme « un grand machin sur le christianisme et l’époque ». Il n’était pas en retard sur la sienne, dénonçant les causes d’une crise que l’on ne pointera que plus tard, dans une société que l’on ne disait pas encore déchristianisée, et avant même qu’elle ne produise des effets que d’aucuns attribueront par erreur à quelque Concile postérieur.

Mounier évoque ce christianisme dévirilisé[2], ce christianisme qui « devient rapidement dans nos pays une religion de femmes, de vieillards et de petits bourgeois ». Il cite cet ouvrage qui fit date[3], La France, pays de mission, lorsque les auteurs concluaient « que l’ouvrier moderne, pour entrer dans une sphère de vie chrétienne, n’est pas tant arrêté par le saut spirituel de l’incroyance à la foi, que par le dépaysement sociologique où l’appelle le style de vie moyen[4] des chrétiens pieux. « Il leur semble que, pour aimer le Christ, il leur faudrait accepter comme une déchéance, comme un amoindrissement de leur personnalité de rude travailleur » ».

Aussi fustige-t-il, secoue-t-il le croyant, le chrétien et dénonce-t-il l’esprit bourgeois qui a confisqué le christianisme.

« Plus souvent qu’il ne conviendrait, à vrai dire, on rencontre dans le monde, sous le nom de christianisme, un code de bienséance morale et religieuse dont le souci principal semble être de décourager les élans, de combler les abîmes, de ramener à une conversation domestique les appels de l’Infini et d’apprivoiser les angoisses de notre condition. »

Il a des lignes de feu sur l’exigence de la foi, sur le temps spirituel. Pourquoi me retenir de les reprendre, si c’est pour les paraphraser sans talent ?

« Le temps spirituel n’est pas un déroulement continu de consolation, un épanouissement heureux et spontané. Il ne bat ni dans la catégorie du bonheur ni dans celle du progrès. Il est fait de sauts violents, de crises et de nuits qu’interrompent de rares instants de plénitude et de paix. (…) On pourrait y écrire en fronton : à la certitude par l’ambiguïté, à la joie par la désolation, à la lumière par la nuit. A la limite, le mystique dira : à la plénitude du Tout par l’épreuve du Néant. »

Mounier s’en prend aussi spécialement à l’éducation donnée aux jeunes chrétiens, soumis à des injections de « moraline » plus qu’à l’initiation au feu, à la force, la vigueur, qu’appelle pourtant aussi le combat chrétien. Combien sont-ils, combien sommes-nous, à voir dans le christianisme une soumission, alors qu’il est une insurrection ? Nous parlions de Sœur Emmanuelle, nous parlions de l’Abbé Pierre. Et nous devrions parler aussi de tant d’autres, moins médiatiques, mais pas moins actifs. Ils étaient amour, mais ils étaient aussi révolte. On lit avec intérêt, dans l’Affrontement chrétien, ce que certains ont cru découvrir ensuite :

« A trop s’approprier les grandeurs qui ne sont à personne, à trop oublier dans les cours et près des pouvoirs sa condition de dissident, il a gardé souvent l’insupportable prétention de se vouloir privilégié dans les affaires ordinaires (…) Un catholique français imaginait-il volontiers, dans les cent dernières années, que les prisons pussent être une place plus normale pour lui que la bienveillance rassurante des discours officiels ? »

Plus loin, il attaque le pharisaïsme, qui « dévirilise », affadit, casse l’élan par cette « conscience diffuse d’une contradiction intime » qui interdit à celui qui connaît trop bien ses renoncements de se montrer affirmatif. Que le chrétien sache qu’il doit être en lutte ou que, à tout le moins, il conserve, pour ceux qui le sont, le regard favorable qu’il leur doit. Après tout, lutte-t-on jamais trop pour les droits des plus faibles ? Et qu’on le fasse sans pitié, qu’on le fasse par une véritable compassion, mais une compassion active.

« Une main tendue, un regard offert veulent un homme debout. Qu’on ne fasse plus à nos jeunes chrétiens de ces regards sans acier dont on ne sait s’ils offrent ou s’ils mendient l’amour ou je ne sais quel sentiment qui reste entre l’offre et la demande, entre l’amour ou le néant. Qu’ils apprennent à marcher dans le vent et seuls. »

Apprendre à marcher dans le vent, et seuls… Mounier signe dans L’affrontement chrétien l’un de ces textes dont on redoute que, comme trop d’autres, il n’ait fait que vous faire rêver à ce que vous pourriez être. Dont on craint que l’effet s’estompe, la dernière page tournée. Car avant de conclure sur cet appel au ton véritablement prophétique, exhortant le chrétien à mettre « la grande voile au grand mât, et, sorti des ports où il végète, qu’il cingle vers la plus lointaine des étoiles, sans attention à la nuit qui l’enveloppe« , pendant quelques 100 pages, Mounier lui fouette l’âme sans égards, comme le vent frais vous fouette le sang, et vous laisse ardent et volontaire.

  1. graissé par ma pomme []
  2. n’ayez crainte : il consacre le développement nécessaire à souligner le nécessaire équilibre, et les excès dans lesquels entraîne l’invocation de la « virilité », surtout à son époque []
  3. et marqua notamment celui qui deviendrait Jean-Paul II []
  4. graissé par ma pomme []

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13 commentaires

  • Je tiens a commenter tout de suite, votre texte n’eclaire pas tres bien la doctrine de l’auteur, je trouve cela tres confus, je ne comprend pas du tout meme … cesait t’il possible un eclaircisement ulterieur ?

  • Bonjour Koz,

    Mon esprit simple souffre des mêmes tourments que le premier commentateur.

    Quel est le message que tu as reçu de ce livre et essaie de transmettre ? Qu’être chrétien ne peut se faire dans un confort « plan plan » d’occidental aisé et repu avec une petite messe le dimanche, une confession de temps en temps et des dons aux œuvres pour s’acheter une bonne conscience ? Qu’il faut nécessairement être révolté par toutes les injustices vues, et entièrement voué à les détruire ? Que tout combat pour aider les défavorisés ne peut être que total, avec toute son énergie et sans repos ni compromission ?

    C’est en tout cas ce que j’ai cru comprendre de ton billet du jour, m’abusè-je ?

    Si c’est son propos, très peu de gens, voire aucun ne mérite le nom de chrétien !

    A bientôt de te lire pour les clarifications.

    Luc

    P.S., ne serais-tu pas en congés, entièrement dévoué à ta petite famille et donc totalement hors du blog cette semaine ? 🙂

  • Ynapanam, je ne vous éclairerai utilement que si vous m’éclairez sur les éclaircissements dont vous avez besoin. Je crains sinon que votre question soit trop ouverte.

    Luc, et cette façon de présenter, n’est-ce pas parfois, aussi, une façon de couvrir nos renoncements ? Je n’ai pas écrit que seuls ceux qui consacraient toute leur vie, toutes leurs nuits et toute leur énergie pouvaient se prétendre chrétiens. Si tel était le cas, je serais le dernier à pouvoir me dire tel. Et j’avoue ne pas parvenir à résoudre le dilemme entre ce qui semble « raisonnablement » demandé aux chrétiens, et des appels plus absolus (exe : va, vends tout et suis-moi).

    Il y a toutefois une marge entre ce que tu décris et ce que dénonces Mounier (dont le propos est bien plus large que les seules questions sociales, même si mes exemples peuvent le laisser penser). Il y a, je pense, une façon « petit-bras », « petite bourgeoise » de concevoir le christianisme. Et je pense assez fondé de considérer que cette façon de voir sape le christianisme. En bref, le christianisme n’a pas vocation à être le supplétif de l’ordre établi. Non pas qu’il doive conduire à mépriser l’ordre établi, mais il devrait être davantage (je veux dire : dans la conception que chacun en a, personnellement, pour soi-même) un aiguillon.

    Alors, si, bien sûr, être chrétien, ça commence dans ses relations quotidiennes, avec les plus proches, si bien sûr être un bon mari, un bon père, un bon fils, un bon collégue, c’est déjà un challenge de tous les jours – et je ne prétends pas être à la hauteur – rien n’interdit d’avoir une idée encore plus haute, plus exigeante, du christianisme, qui ne se confond pas avec une simple morale commune.

  • Etre présent, ardent et volontaire sans détourner plus loin son regard de la réalité.
    Etre présent, sans se soucier des jugements surtout là où personne ne souhaiterait se trouver.
    Ne pas renoncer, rester fort dans ses convictions encore plus quand elles sont moquées par d’autres.
    Dans les sables mouvants de la bonne conscience qui s’éxonère toujours trop vite d’agir au motif de telle ou telle raison.
    VIGILANT et ACTIF, voilà ce que je retiens moi perso !

  • @Luc et ynapanam

    Je pense qu’il ne faut pas chercher dans ce livre dont parle Koz « une doctrine » ou un « message », mais bien le récit d’une expérience spirituelle, qui dans un second temps découche sur un regard assez incisif et parfois au vitriol de la « société catholique ».

    C’est à lire comme du Varillon ou du Zündel, du Theillard ou du Saint Athanase, comme le récit brulant d’une expérience mystique.

    Car sinon effectivement on va vite tomber dans une religion où seul certains initiés porteurs de la lumière seront nos grands évangélisateurs. Le grand, l’immense défi des Eglises chrétiennes, c’est de maintenir l’ouverture à tous, car cela serait contraire aux Evangiles, et dans le même temps conserver la spécificité de l’initiation chrétienne en la faisant exister en dehors des sacrements de l’initiation (ça c’est raté et on a pour encore au moins 200 ans pour en sortir…) et en conservant son caractère d’expérience mystique totale.

    Il faut vraiment repartir des Evangiles en observant l’initiation des disciples, les allers-retours, ceux qui restent, qui passent, qui viennent,… nous ne sommes pas tous appelés à une seule et même vocation : à chacun ses charismes, ses aptitudes, ses expériences.

    Sur le regard de petit bourgeois de l’Eglise catholique, c’est évident que le propos de Mounier est encore aujourd’hui d’une grande pertinence… malheureusement cela ne risque pas trop de changer tout de suite…

  • Les Evangiles ont été écrits il y a presque 2000 ans par les premiers chrétiens dans un contexte eschatologique, dans une région en pleine effervescence religieuse parcourue par toute sorte de prophètes, dans laquelle les juifs et parmi les sectes juives les chrétiens, attendaient la fin de ce monde et la venue du royaume de Dieu.

    C’est l’excellente série documentaire de Jérôme Prieur et Gérard Mordillat  » Corpus Christi  » et  » L’origine du christianisme  » qui m’a permis de comprendre un peu mieux cette extraordinaire histoire.

    Aujourd’hui, le monde ne se réduit plus au Proche-Orient ou au monde méditérranéen, la fin de notre système solaire est programmée par la science, et les prophètes sont des « délirants ».

    Repartir des Evangiles comme suggère Marc, ne serait-ce pas d’abord s’extraire de ce contexte dans lequel ils ont été écrits par des hommes de leur époque, pour chercher un sens profond et symbolique sur lequel les chrétiens d’aujourd’hui qui sont aussi des hommes de raison et de sciences, puissent s’appuyer ?

    A titre personnel je n’apprécie que moyennement l’évocation d’un « christianisme dévirilisé qui devient rapidement une religion de femmes, de vieillards et de petits bourgeois « 

    Passons sur les bourgeois, petits de surcroît, qui concentrent sur eux tout les mépris possibles, mais y accoler dans une même faiblesse physique et morale, les femmes et les vieillards, c’est sexiste !

    L’initiation au feu à la force à la vigueur, c’est un langage guerrier qui fait appel à la testostérone et j’attends avec intérêt la réaction de Polydamas…

  • C’est effectivement plutôt de cet ordre. Guy Coq, dans sa présentation, souligne que le lecteur peut être décontenancé par une présentation non linéaire. J’ai évoqué une « exhortation » et je pense qu’effectivement ce texte est un long développement d’une même idée maîtresse, bien davantage qu’un corpus de doctrine.

    Pour ce qui est du christianisme, et pour autant que je puisse vraiment énoncer une opinion un peu étayée, il y a une ligne de crête à suivre (Mounier parle au demeurant d’une ligne entre le pasteur savoyard, et son christianisme cucul, et Jansénius, et son austére exigence qui entraîne la foi hors des réalités) entre un tempérament qui devrait être subversif – notamment sur le plan politique (ce qui ne désigne pas un seul camp) – et une action qui ne reléve pas de la révolution terrestre (cf Jesus Christ vs Les Romains).

    Je ne veux pas non plus être trop sévère avec l’Eglise actuelle – comment le pourrais-je alors que beaucoup de ses membres font bien davantage que moi ? Guillebaud, dans Comment je suis redevenu chrétien, explique aussi comment il s’est réconcilié avec l’Eglise en la fréquentant davantage (je dis ça plus à l’attention d’autres lecteurs qu’à la tienne, Marc).

    Les « initiations » ? Elles sont utiles à une vie de foi, non ? A tout le moins tant qu’elles ne se limitent pas à constituer un simple rythme social.

    *

    Ras le bol, merci pour votre commentaire.

    *

    Ardalia : on voit tout de même encore souvent la silhouette de Guy Gilbert dans les « réunions d’Eglise ». J’imagine que le temps de Guy Gilbert reviendra. Tiens, je pense aussi à Tim Guénard, dont on a un peu parlé, et dont on ne parle plus.

  • Carredas, j’avais raté votre commentaire… Je ne pourrai pas être très précis, mais il me semble que « Corpus Christi » a suscité bien des réserves, d’horizons divers.

    Le propos de Mounier est-il « sexiste » ? Il ne se soucie, c’est certain, pas d’apparaître comme tel. Mais (i) j’ai bien rappelé dans quel sens Mounier entend « virilité », et il faut bien voir que ce texte est une « prise en compte » des critiques de Nietzsche, pour lequel (si j’ai bien saisi, n’ayant jamais lu N) le christianisme est une religion de faibles et (ii) il est bon, de temps à autre, d’avoir un langage clair, débarassé de la crainte de la façon dont il peut être reçu. C’est aussi comme cela que l’on peut apporter une réponse aux critiques, pas en se leurrant. Or, pour beaucoup, la foi est « une affaire de bonnes femmes ». Il faut aussi aller dans certaines églises (pas toutes, et notamment peu souvent en ville) pour faire le même constat : l’assemblée est majoritairement constituée de femmes et de personnes âgées. Ce n’est pas les insulter que de le relever. Il est au contraire évidemment indispensable de constater ce déséquilibre – qui n’est pas dans la nature du christianisme – pour se donner les moyens d’y répondre. Fermer les yeux sur cette situation parce que le constat pourrait heurter ne serait évidemment pas une attitude utile.

  • Le « sex-ratio » dans les églises n’est il pas simplement le résultat de la pyramide des âges et de la plus faible espérance de vie des hommes?

  • @Carredas

    Je suis parfaitement d’accord sur l’importance d’avoir une démarche historitico-critique des Evangiles et plus globalement de la Bible.

    Mais nous devons aussi redécouvrir tout ce qui touche au symbolisme, à la quête spirituelle, aspect beaucoup plus présent dans la théologie orthodoxe que dans le Catholicisme qui sort de 50 ans d’étude de la Bible avec en France la création après le Concile Vatican II de Centre Théologique dans les Diocèses qui à mon avis ont un peu trop mis l’accent sur l’approche scientifique du texte, ce qui est très bien, mais sans doute en oubliant un peu l’aspect « Lectio Divina » que l’on semble redécouvrir aujourd’hui dans le renouvellement de la Catéchèse en France.

    La Bible n’est pas qu’une compilation de livres sacrées, c’est aussi le récit de l’expérience divine d’un Dieu qui se révèle encore à nous aujourd’hui.

    Après, comme toujours, tout n’est que question d’équilibre… et de sensibilité 😉

  • Je ne sais pas si la série  » Corpus Christi  » a été critiquée et par qui.

    Sans doute l’a-t-elle été, nécessairement même, compte tenu de son sujet…

    Mais si les critiques venaient d’horizons divers, c’est qu’elle était sans doute réussie.

    Les auteurs expliquent qu’à l’origine, ils voulaient écrire une fiction sur le suaire de Turin.
    Au cours de leur travail de recherche, ils ont lu les écrits d’un chanoine, Ulysse Chevalier, qui réfutait l’authenticité du suaire en s’appuyant sur l’Evangile selon St Jean qui ne parle pas de suaire mais de bandelettes.

    Le chanoine a cherché en hébreu, en araméen, en copte, en syriaque, mais dans aucune de ces langues pas plus qu’en grec ( langue dans laquelle est écrit le papyrus Bodmer, le plus ancien manuscrit connu de l’Evangile selon St Jean écrit vers l’an 170 de notre ère ) dans aucune de ces langues donc, le même mot signifie à la fois suaire et bandelettes.

    Cette évidente importance de l’écriture des Evangiles a poussé J.Prieur et G.Mordillat à changer de projet, et ils ont alors demandé à une trentaine de chercheurs, savants, historiens, exégètes, parfois en même temps prêtres pasteurs ou rabbins, de lire et commenter quelques versets du récit de la Passion selon St Jean.

    J’ai eu parfois l’impression au cours de ce commentaire à plusieurs voix, de sentir le souffle de ces hommes qui ont écrit il y a 18 siècles et c’est émouvant.

    Je n’en suis pas sortie croyante, pas plus qu’un croyant n’y risque sa foi, mais il me semble mieux comprendre leur monde et leur démarche.

    Après, comment les hommes d’aujourd’hui interprètent ces récits, c’est une autre histoire…

    Si vraiment le christianisme est vécu comme dévirilisant par beaucoup, alors il est normal que les femmes aient moins à y perdre, les vieillards je comprends aussi, mais les bourgeois…? ils seraient petits, faiblards, et sexuellement inintéressants en plus ?

    Il y a peut-être confusion entre force et agressivité, non ?

    Les ouvriers dépaysés par le style de vie moyen des chrétiens pieux où sont-ils ? ils sont déjà remplacés par les classes moyennes.

    Contre quel ennemi doit se dresser le chrétien en insurrection ?

    J’aurais tendance à répondre contre lui-même, l’exaltation peut nuire fortement à l’intelligence.

    Mais bien que faible femme donc non concernée par cet élan puissant qui fouette le sang, je comprends la tentation que représente cet appel pour des navigateurs en mal de conquêtes, en mal de place dans un monde trop doux.

    Presque autant qu’un désarroi de chrétien, j’entends un désarroi masculin face à une société qui ne ressemble plus aux hommes.

    J’espère que Koz et les hommes sur ce blog ne m’en voudront pas de cette interprétation, si ça se trouve, je suis gentiment à côté de la plaque…

  • carredas a écrit:

    Les ouvriers dépaysés par le style de vie moyen des chrétiens pieux où sont-ils ? ils sont déjà remplacés par les classes moyennes.

    Contre quel ennemi doit se dresser le chrétien en insurrection ?

    Là encore, désolé, je fais une réponse rapide mais, précisément, dans son texte, Mounier n’engueule que les chrétiens. Le seul ennemi qu’il désigne est « l’ennemi intérieur », je veux dire par là : en chacun. Pour Mounier, c’est bien précisément parce qu’il estime que le christianisme a été dévoyé et privé de substance qu’il se retrouve dans cette situation.

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