Entendu ce matin l’interview de Delanoë par Aphatie. Un point parmi d’autres me fait « sourire« .
« – La diabolisation de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle était une mauvaise idée, Bertrand Delanoë ? »
« Il faut bien se battre. Il y a eu des excès de part et d’autre, honnêtement. Il y a eu aussi de la part de l’équipe de Nicolas Sarkozy et de lui-même des excès et des injustices dans les critiques sur Ségolène Royal ou sur ses concurrents. Donc, la page est tournée. Soyons honnêtes intellectuellement, essayons de nous rendre utiles aux Français. Les Français ont besoin à la fois que ce Président soit respecté et aussi qu’il y ait dans la démocratie française, de la vitalité, de l’honnêteté et de l’efficacité. Et à nous de jouer notre rôle. »
Le militant sincère s’étonnera peut-être de ce que la stratégie de « diabolisation » apparaisse à ce point acquise que la question ne porte même pas sur son existence, que Bertrand Delanoë ne prenne même pas la peine de la contester en réponse, et qu’il la range au rang des nécessités de la campagne. « Il faut bien se battre« … D’ailleurs, il y a eu aussi des injustices et des excès chez Sarkozy. Bref, il est admis que les propos tenus, la stratégie suivie, étaient injustes et excessifs.
A ce train, peut-être peut-on se demander si le fait d’avoir dépeint Ségolène Royal en incompétente – mais après les responsables socialistes eux-mêmes – se place au même plan que d’avoir dépeint, et dépeindre encore parfois Nicolas Sarkozy en fasciste. Au lendemain de l’élection, nombre de français sont ainsi persuadés d’avoir un facho à la tête de l’Etat, et l’on peut comprendre que, tout à leur conviction intime, certains aient envisagé d’entrer en résistance… Avoir à la tête du pays une incompétente, en revanche, ça ne suscite pas les troubles. Les français sont déjà tellement persuadés que de toutes façons « ce sont tous des incompétents« .
Je ne peux d’ailleurs pas véritablement en vouloir à ceux qui persistent à croire que Nicolas Sarkozy soit un facho : je ne suis toujours pas certain que Ségolène Royal soit compétente.
Cela étant dit, comme le souligne Bertrand Delanoë, « la page est tournée. Soyons honnêtes intellectuellement« . Sage résolution.
Je souris alors en lisant cette brève dépêche, titrée « La SDJ de Pais-Match se plaint de Rachida Dati« . Allons donc, si Rachida Dati « s’y met« . De quelle atteinte à la liberté de la presse s’est-elle donc rendue coupable ?
La Société des journalistes (SDJ) de Paris-Match proteste contre « des pressions exercées par la garde des Sceaux » Rachida Dati visant à empêcher la publication de photos de jeunesse « dont la reproduction avait pourtant été autorisée par son père ». Olivier Royan, directeur de la rédaction de Paris-Match, a expliqué que Mme Dati lui avait fait savoir que « ni elle ni ses frères et soeurs ne souhaitaient la publication de photos de famille dans ce reportage ». « Comme ces photos ont un caractère privé, et malgré leur côté un peu banal – il s’agit de scènes d’enfance – nous avons décidé de respecter la loi », a ajouté M. Royan.
Ainsi Rachida Dati a fait « des pressions« . Elle s’est permise de faire savoir qu’elle ne souhaitait pas la publication de photos personnelles. Insupportable. Ca mérite bien son communiqué, ça. Au final, Paris Match a pris une décision courageuse : ils ont décidé… de respecter la loi ! Bref, la SDJ dénonce des pressions : Rachida Dati a fait valoir son droit le plus strict.
Ayant achevé ce matin la lecture de La Femme fatale, je ne peux m’empêcher de déplorer l’absence de réactivité des Sociétés de Journalistes de tous poils, qui n’ont guère protesté contre certains faits rapportés : ainsi du déplacement de la journaliste suivant François Hollande sur demande de Ségolène Royal, ainsi de l’interdiction de publier une photo de Ségolène Royal avec Julien Dray le soir du premier tour, tout ce qu’il y avait de plus banal, mais jugée trop négligée par la dame, la demande très claire faite par Ségolène Royal elle-même à Dominique de Montvallon, directeur de la rédaction du Parisien, « je ne veux plus que cette journaliste suive ma campagne« …
Allons, comme dit l’autre, « la page est tournée. Soyons honnêtes intellectuellement« .
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Amusante la réponse de Delanoé. J’aurais tendance à la lire ainsi (avec mon esprit facho évidemment, on fait ce qu’on peut) :
La diabolisation de Sarkozy n’a pas été une stratégie gagnante au delà de la gauche. Hier au Havre, Nicolas Sarkozy en a fini avec « la politique de papa », avec la politique politicienne (manipulation, mensonge, etc.) Depuis des mois il donne un coup de modernité à la politique, et cela place bien des comportements au musée.
Avant l’élection présidentielle, la stratégie de Nicolas Sarkozy n’était pas forcément donnée gagnante. Il y avait encore de la place pour la politique de papa. Plus maintenant, vu sa popularité.
Alors soit Delanoé coule avec le bateau PS, soit il essaie de se moderniser. Mais est-ce que cette volonté « d’être honnête intellectuellement » est sincère ou pas ? Peut-être que la sincérité est importante en politique, maintenant.
Koz, vous avez un point commun avec François Hollande, vous surestimez largement le pouvoir d’influence du PS sur la société française. Lui s’imaginait en convoquant un référendum interne fin 2004 que (je cite de mémoire) « les militants vont avoir une très grande responsabilité, leur vote décidera de l’avenir de l’Europe » (raté !), vous vous imaginez que la crainte qu’a inspiré Sarkozy est du principalement à une manoeuvre électoraliste de la direction du PS.
Hors il n’en est rien, cette crainte est principalement due à Sarkozy lui même, le PS n’a fait au pire que tenter de surfer dessus pour tener de masquer ses luttes intestines qui le détruisent à petit feu depuis le congrès de Rennes.
Une illustration parmi d’autres : voilà comment la presse anglaise a rendu compte du fameux meeting de Sarkozy à Paris Bercy d’entre les deux tours :
[quote]30 avril 2007 – The Independent
………………………………
Sarkozy : I am no fascist (even if I sound like one)
By John Lichfield in Paris
After a week in which his opponents accused him of everything but eating babies, Nicolas Sarkozy was bound to adopt a gentler tone for his last big election rally in Paris.
Except that he didn’t. The centre-right candidate gave a cheering crowd of 20,000 people a piece of vintage « Sarko » – 80 minutes of finger-jabbing indignation against the political system to which he has belonged for 20 years.
http://www.pkarchive.org/economy/ForRicher.html
True, M. Sarkozy, 52, the centre-right candidate for the presidency, angrily denied that he was a fascist or even a « nationalist ». He reminded the crowd that France’s greatest, modern political hero, Charles de Gaulle, had also been accused of having fascist, anti- democratic leanings. True, M. Sarkozy promised, if elected, to introduce a small dose of proportional representation into one of the two houses of the French parliament. That is a long-standing demand of supporters of the centrist UDF party who hold the key to Sunday’s election.
Otherwise, it was a high-octane performance of controlled populism, touching every button of anger and indignation in a country with as many grumbles as cheeses. M. Sarkozy said that he wanted to be the « spokesman for France ».
He wanted to stand up to all those who fleeced the French people, which included « politicians, technocrats, trades unionists and fraudsters ». Presumably, M. Sarkozy does not count himself as a politician.
This was the language of the extreme, populist right, in the name – M. Sarkozy insisted – of consensual, pragmatic, liberalising reform. M. Sarkozy may not be a fascist but he is not afraid of sounding like one. This may be the secret of his success but it also explains why a large part of France – and not just on the left – is scared of the prospect, even the probability, of a Sarkozy presidency.[/quote]
Sur le fond, Sarkozy n’est évidemment pas une graine de fasciste et crier « Sarko facho » a contribué à le faire élire.
Si Sarkozy représente pour moi bel et bien un danger, c’est de manière bien plus subtile (ce qui explique peut être la maladresse de ceux qui n’arrivent pas à mettre les mots sur l’inquiétude qu’ils ressentent) :
* c’est premièrement à cause du pêché originel de la Ve république : une concentration incroyable de pouvoirs dans les mains d’un seul homme. Le pouvoir absolu corrompt absolument, peut-être pas son créateur qui était exceptionnel, mais tous ses successeurs sans exception et sans monopole de la droite « humains, trop humains ». De ce qu’on a cru comprendre, au lieu de lutter contre cet effet pervers connu de longue date et bien documenté, Sarkozy va accroître cette concentration des pouvoirs au nom de la nécessité d’avoir les « coudées franches » (comprenez que les contre-pouvoirs sont vus comme une gêne non comme une garantie) pour mener à bien ses réformes. Ainsi le premier ministre va disparaître pour devenir une sorte de chef de cabinet, les ministres vont être tenus en laisse par des une feuille de route détaillant ce qu’ils ont à appliquer et les conseillers du président, le président de l’assemblée va être choisi pour être docile et en permanence joignable au téléphone. Sans parler de l’hyper-médiatisation oragnisée autour sa personne.
* c’est deuxièmement parce que le principal danger qui menace notre république, celle qui est née des réflexions du conseil national de la résistance pour construire une société plus solidaire, ce n’est pas le retour militaire du fascisme.
C’est de se vider à petit feu de son sens sous l’effet d’une batterie de mesures qui vont systématiquement privilégier les couches moyennes supérieures voire plus si affinités. Les vrais motifs d’inquiétude sont ceux expoés dans cet article : Paul Krugman – For Richer où PK décrit la foudroyante spirale inégalitaire qui en l’espace de quelques décennies bouleversé la société égalitaire – et performante ! – qu’étaient les Etats-Unis entre le New Deal et 1970.
—
Bien entendu, je n’espère qu’une chose, c’est que la suite démontre que j’ai eu tord.
Ce que j’adore en lisant le court extrait de l’interview de Delanoë c’est l’usage, bien dispendieux, de ces « honnête » et « honnêtement ». Trois fois en 5 phrases – et courtes les phrases ! Tout homme politique devrait pourtant bien savoir qu’à chaque fois qu’il invoque l’honnêteté, surtout intellectuelle, son auditoire entendra l’inverse…
Et ce n’est pas un tic de langage, c’est bien l’expression profonde de la malhonnêteté du raisonnement qui s’exprime dès ce premier « honnêtement » de Delanoë
Merci Koz, de me donner l’occasion ce matin de faire une observation sur ma perception des diverses interventions pendant la campagne électorale notamment aussi ceux d’hier soir lors des rassemblements du Havre et de Paris.
Ce qui m’a toujours intéressé en écoutant les uns et les autres en essayant d’être le plus impartiale possible c’est le niveau intellectuel, la finesse, l’humanité et la sincérité ressentis lors d’un discours ou interview d’un « acteur » politique.
Conclusion : NS et les principaux membres de son équipe me semblent bien au dessus de la mêlée …
Il y a un monde entre le discours « raéliste » sectaire, la critique souvent mensongère et la dureté sous-jacente d’un discours de SR ; du mauvais sketch coluchesque d’un FH accoudé comme un plouc à son pupitre ou gesticulant convulsivement comme un pantin ; la mauvaise foi et la langue de bois de LF, DSK ou d’un BD ; et les discours d’une tranquille assurance, pédagogiques, responsables et sérieux mais pas sans points d’humour de NS, FF etc.
Une nouvelle génération doit émerger et balayer cette médiocrité des dirigeants actuels du PS, fossoyeurs de leur parti et d’une opposition constructive. Peut-être un petit espoir côté M. Valls, espoir que F.O.G. semble partager avec moi …
http://www.france5.fr/chez-fog/
Paris-Match « a décidé de respecter la loi »? Ils sont bien bons, ces gens-là. Il faudrait leur dire merci.
Koz, c’est marrant, je me suis fait ce matin sur mon blog la même réflexion que celle que tu expliques par rapport à Rachida Dati, mais de mon côté c’était par rapport à ce titre musclé mis en Une du monde.fr :
Accusé de « mensonges » sur l’immobilier, Nicolas Sarkozy désavoue Bercy
… qui je trouve, à la lumière du contenu insipide de l’article, aborde empiriquement le problème de la malhonnêteté intellectuelle 😉
Ce qui me réjouit, jmfayard, c’est que je suis certain que votre raisonnement vous amènera vous-même à concéder que « le peuple » n’avait nul besoin de l’UMP pour percevoir l’incompétence de Ségolène Royal.
Cela dit, votre réaction ne m’étonne pas. Comme je l’écrivais, le militant reste plus longtemps sur son impression, bien convaincu qu’il a été. Tandis que le responsable tend davantage à « tourner la page« . Ne vous en déplaise, ce n’est pas moi qui évoque la diabolisation, c’est Jean-Michel Aphatie, et c’est Delanoë qui ne conteste pas, c’est lui qui parle d’excès. Le fait est, et à vrai dire, c’est l’objet de mon billet, qu’il y a bien eu une stratégie de diabolisation de Nicolas Sarkozy de la part du PS.
Maintenant, pour ce qui est de l’honnêteté intellectuelle, il faudra visiblement patienter, le PS allant jusqu’à dénier à Rachida Dati le droit de faire respecter sa vie privée (le tout en donnant des leçons que ce que l’on apprend sur Royal ne le qualifie vraiment pas à donner).
Damocles, pour ce qui est du Monde, j’ai bien aimé le passage de La femme fatale (écrit rappelons-le par… deux journalistes du Monde) : « C’est François qui (…) dîne avec celui de Libération, Laurent Joffrin, ou celui du Monde, Jean-Marie Colombani. A ces deux-là, elle pardonne d’avoir aimé François, puisque leurs journaux la soutiennent aujourd’hui« .
pour ce qui est de l’honnêteté, delanoë connait ses classiques:
« c’est quand la chose manque, qu’il faut mettre le mot »
Oh oui il y a eu de l’excès, mais je crois aussi une très habile utilisation de ce thème par l’équipe de Nicolas Sarkozy : c’est tout simplement ridicule de le traiter de fasciste, ça ne peut marcher que sur une frange de la population qui de toute façon n’aurait jamais voté pour lui, et au contraire ça permettait, face aux autres, de le monter en victime.
J’ai toujours pensé, Koz, que les choses sont beaucoup plus complexes que ce que tu montres là. On ne peut pas juste dire : pendant la durée de la campagne, les socialistes ont diabolisé Nicolas Sarkozy, et ça a échoué.
Quand il était ministre, Sarkozy a largement joué sur un côté autoritaire dont il savait très bien qu’elle plairait à une partie de la population, en répondant à son attente, et qu’elle déplairait beaucoup à une autre (mais peu importe). J’ai cru pendant longtemps que c’était un mauvais calcul, qu’il s’était rendu très impopulaire, probablement par excès de parisianisme (et je dis ça d’un ton désolé). C’était faux. Ca l’a rendu très populaire. N’empêche qu’il n’a pas eu peur de prendre une image de méchant. Tellement pas peur qu’il a pu réutiliser des thèmes un peu étranges dans sa bouche au moment de la campagne. Pour mordre sur l’extrême droite, avec l’efficacité qu’on a vue.
La gauche n’a fait que réagir à cette stratégie. Au lieu de parler de bilan, de politiques, de programmes, elle s’est contentée (à peu près) de dire que Sarkozy était méchant. Bouh.
Je continue à me méfier beaucoup de lui, même si mon travail en tant que fonctionnaire est de contribuer à la réussite de sa politique pour ce qui me concerne. Mais ce n’est pas parce qu’il serait méchant. C’est parce que son programme économique est inabouti, et qu’en l’état il ne peut pas réduire la dette (mais bon pour le moment en s’en fiche) ni relancer l’emploi (ah, les heures supp…). Parce que je ne fais toujours pas la même analyse que lui sur la nature de la crise que traverse notre pays (je ne pense pas que ce soit une crise des valeurs, je crois que c’est d’abord une crise de la démocratie). Et, enfin, parce que je ne partage pas sa conception de la pratique du pouvoir, et que je la crois dangereuse, parce que à terme inefficace : un pouvoir sans contre-pouvoir est voué à l’échec. (le pouvoir pervertit et éloigne du réel, et plus le pouvoir est fort, plus ces effets sont importants)
Pour moi, le mot de danger n’est pas trop fort, et il s’appliquait également à Ségolène Royal. Cependant, je sais très bien ce qui va se passer maintenant que je l’ai écrit : Koz, ou d’autres, vont m’expliquer que je diabolise.
C’est faux.
Quand un moniteur de colo (ou un chef scout, lol) maltraite les enfants et les enfants par la terreur, il est diabolique et dangereux. Quand un moniteur de colo fait des erreurs, en laissant les enfants se coucher trop tard, manger n’importe comment, et en les laissant désigner une tête de turc, il n’est pas diabolique, mais tout de même très dangereux.
En résumé : les socialistes ont renchéri sur une image que Sarkozy lui-même n’a pas eu peur de se donner, et laissé les militants franchir des limites … tout en contribuant finalement à leur défaite finale.
Mais on peut tout de même penser que la victoire de N. Sarkozy représente un danger pour la France. Et souhaiter de toutes ses forces faire en sorte que les écueils puissent être évités.
PS : si j’étais moi-même très très très diabolique, et si je suivais tout ce que dit D. Schneidermann, j’expliquerais que la non publication dans le Monde des infos diffusées dans La Femme Fatale sont expliquables par la position de Colombani : le seul duel acceptable pour la démocratie est Ségo/Sarko, donc ne trucidons pas Ségolène Royal qui doit parvenir au second tour à tout prix. Et je rappellerai les dernières aventures de Colombani. Même moi je trouve que c’est un peu tiré par les cheveux, tout ça… Mais quand même.
Bon, en même temps la diabolisation de Sarkozy via le TSS a été, je crois, une grande réussite pour le PS.
Je suis convaincu que Sarkozy, avec la qualité et la force du projet qu’il a porté durant la campane, aurait obtenu tout près des 60 % sans le TSS.
On voit bien maintenant après quelques petites semaines de recul sur la campagne que personne au PS ne prédisait Royal Présidente; Et quasiment aucun de ses dirigeants ne le souhaitait d’ailleurs (!); Battre Sarkozy étant devenu improbable depuis des semaines, le seul moyen pour le PS d’éviter une débâcle mémorable et fatale résidait dans la nécessité impérieuse d’accentuer le clivage droite/gauche pour d’une part virer Bayrou du second tour et d’autre part obtenir le score le moins mauvais possible à ce même second tour.
Bayrou le divin n’a rien vu venir; Pis, il n’aura ramassé que des miettes : les peureux de Sarkozy ajoutés aux peureux de Royal … ce qui lui a permis d’obtenir 18%; Sans le TSS il serait resté dans les 8-9%, score qu’il va péniblement faire le 10 juin avec son parti débranchable;
Sans le TSS, Royal n’aurait probablement pas été présente au second tour.
C’était peut-être là l’objectif premier de la mise en scène du TSS … Y être !
[quote comment= »24289″]Tellement pas peur qu’il a pu réutiliser des thèmes un peu étranges dans sa bouche au moment de la campagne. Pour mordre sur l’extrême droite, avec l’efficacité qu’on a vue.[/quote]
Honnêtement, Lisette, je ne sais pas, j’ai tendance depuis quelques temps à voir les choses autrement.
Je me surprends parfois, quand je fais attention à ce que je pense, à considérer que ce qui peut paraître « étrange », pour reprendre ton euphémisme, dans une vision chiraco-mitterrandienne de la politique qui veut qu’on ne gouverne qu’au centre, droito-centriste, gaucho-centriste, « niniste », l’est moins dans un véritable clivage droite-gauche.
Il n’est pas impossible de penser que si Sarkozy a empiété sur les plates-bandes du FN, c’est que le FN avait auparavant bien poussé la barrière loin de ses origines, sur un terrain laissé à l’abandon par un Chirac trop obnubilé par sa propre élection (et ré-élection) pour ne pas suivre l’exemple de 88 de son prédecesseur, trop obnubilé également par le conflit ouvert contre le Front National qui l’a amené finalement à en considérer les électeurs comme des lépreux à éviter et à fustiger.
Il n’est pas interdit de penser que Sarkozy n’a finalement que reconquis un électorat naturel de droite, qui se considérait laissé à l’abandon, sans considérer qu’il portait les stigmates de l’infamie.
Il n’est pas exagéré non plus d’imaginer que depuis le temps qu’on dit sur tous les tons que le vote frontiste était majoritairement contestataire, il était grand temps de rappeler les ouailles à de plus chastes engagements électoraux.
Il est vrai, on the other hand, que ce jeu d’idées a pu choquer nos oreilles bercées depuis 25 ans par des discours emporte-tout, et que la bataille idéologique menée par Sarkozy fut par moment à la limite de la borne.
Mais au final, là où le PS fustigeait un discours nationaliste, qui proclamerait la supériorité de la Nation et l’honneur d’en être une composante, il semble que nombre ont entendu un discours proclamant la prééminence de la Nation et la fierté d’en être partie prenante. La nuance n’est pas négligeable.
C’est sûr qu’il y a eu des excès de part et d’autre durant la campagne. Dire « Sarko = facho » ou « Ségo = nulle » en sont deux exemples.
Ceci étant dit, je suis assez d’accord avec jm fayard et Lisette : le PS et Bayrou n’ont fait que tenter de surfer avec le succès que l’on sait sur l’anti-sarkozysme, qui est en fait aussi vieux que le sarkozysme lui-même, et remonte à bien plus loin que l’élection… et vient avant tout de la personnalité et des postures de l’intéressé lui-même.
Car avouez que nous sommes en présence d’un personnage assez « clivant », qui ne laisse pas indifférent : on aime ou on n’aime pas, voire on adore ou on déteste. Un seul exemple, significatif : de la même manière que sa posture et son vocabulaire musclés de ministre de l’Intérieur (sur la sécurité, sur l’immigration, sur l’identité nationale) ont à l’évidence séduit beaucoup de personnes, ils en ont aussi effrayé pas mal d’autres. On pourrait citer d’autres exemples concernant sa relations aux pouvoirs (politique, financier) et aux contre-pouvoirs (justice, presse), ainsi que dans le domaine économique et social (« la France qui se lève tôt » contre les « assistés », etc.).
Il est difficile de faire d’abord tout ce qu’il faut pour siphoner l’électorat du Front national, puis dès le lendemain d’être crédible en président « de tous les Français ». Mais il est vrai que l’homme est un grand illusioniste…
Petit pronostic quand même : ses principales mesures fiscales, qui consistent à redistribuer l’argent de l’Etat à ceux qui en ont le moins besoin, ne vont pas non plus l’aider à endosser ce nouvel habit de rassembleur.
C’est bizarre comme les Français (et la presse) semblent se rendre compte seulement maintenant que le bouclier fiscal concernera seulement 93 000 foyers, que la suppression des droits de succession ne concernera pas 80% des successions (les petites et moyennes), déjà non imposables de fait, etc. Autant de mesures qui n’auront aucun effet sur la croissance et, nous dit-on, ne sont même pas de nature à faire revenir les exilés fiscaux. Alors, pourquoi ? Idéologie ? Simple politique de classe, maquillée par des slogans vendeurs ? Seulement pour creuser le déficit et la dette et rendre ainsi le défi plus intéressant ?
Quant aux relations avec les médias, même si je reconnais que « l’affaire Rachida Dati » est assez anecdotique en elle-même, il faut voir que celle-ci intervient dans un climat très lourd pour les journalistes des nombreux titres du groupe Hachette (Paris-Match, JDD,…). Ce n’est que le nième épisode d’un feuilleton, toujours en cours, mais qui va commencer par poser un vrai problème (lire cette dépêche AFP : http://fr.biz.yahoo.com/30052007/202/crise-d-eads-malaise-dans-ses-medias-lagardere-traverse-une.html… et je crains que les relations entre Nicolas et son « frère » Arnaud ne soient plus aussi bonnes d’ici quelques mois…).
Je crois que Sarkozy a pris très au sérieux la menace de diabolisation dont il était victime. Pompidou avait eu du mal à se remettre de l’attaque de Maurice Clavel (« messieurs les censeurs, bonsoir ») qui l’accusait de détester la Résistance. Je suis à peu près certain que l’hommage aux fusillés de la cascade du Bois de Boulogne, la lecture de la lettre de Guy Môquet, encore aujourd’hui l’éloge de Germaine Tillon, font partie d’une stratégie habile pour ne pas être accusé de fascisme.
p.s : j’aurais bien aimé voir la photo dont on parle dans « la femme fatale » avec Julien Dray affalé sur la canapé, tel un gros chat coupé, en train de sabler le champagne avec S.R devant les reliefs d’un goûter. S.R m’aurait peut-être parue presque humaine après tout.
[quote comment= »24386″]p.s : j’aurais bien aimé voir la photo dont on parle dans « la femme fatale » avec Julien Dray affalé sur la canapé, tel un gros chat coupé, en train de sabler le champagne avec S.R devant les reliefs d’un goûter. S.R m’aurait peut-être parue presque humaine après tout.[/quote]
Effectivement. C’est étonnant d’ailleurs cette volonté de maîtrise totale de son apparence. Est-ce parce que c’est une femme ? D’autres n’hésitent pourtant pas, sans vulgarité pour autant, à se montrer proche du peuple. Son côté fille de colonel » ? La distance qu’elle impose, qu’elle maintient est tout de même un peu excessive. Cela la rend tellement froide, malgre « le sourire ».
Alors, voilà, la photo présente un tableau trop négligé : on interdit à Gamma de l’utiliser. On s' »amusera » de constater le sort réservé au cas Dati qui, pour le coup, concerne sa vie privée, et l’ignorance absolue de cette oukaze Royal. Non que je me fasse d’illusions sur qui que ce soit mais je relève.
question diabolisation de l’adversaire, qui a dit qu’il faudrait choisir entre ceux qui aiment la France et ceux qui affichent leur détestation de la France?
Qui a dit que la gauche était du côté des fraudeurs et des voleurs?
Qui a dit que les élus PS préféraient leur parti à leur patrie (ce n’est pas le même auteur cette fois).
Question coup bas c’était quand même du lourd, non?
[quote comment= »24378″]
Petit pronostic quand même : ses principales mesures fiscales, qui consistent à redistribuer l’argent de l’Etat à ceux qui en ont le moins besoin, ne vont pas non plus l’aider à endosser ce nouvel habit de rassembleur.
[/quote]
ahhh bon, j’en apprends tous les jours ! L’argent de l’état … Bêtement je pensais tout simplement que ces mesures consistaient pour l’état tout simplement à pomper un peu moins des poches du contribuable et à l’inciter à investir un peu plus dans l’économie en France …
[quote comment= »24270″]Ce qui me réjouit, jmfayard, c’est que je suis certain que votre raisonnement vous amènera vous-même à concéder que « le peuple » n’avait nul besoin de l’UMP pour percevoir l’incompétence de Ségolène Royal.
Cela dit, votre réaction ne m’étonne pas. Comme je l’écrivais, le militant reste plus longtemps sur son impression, bien convaincu qu’il a été. Tandis que le responsable tend davantage à « tourner la page« .[/quote]
Joli retour à l’envoyeur, bien lifté.
Mais je vois quand même un argument pour soutenir que le sarkozysme était plus une « génération spontanée » :
fin 2006, Sarkozy avait déjà fait l’objet d’un bon milliers de reportages télévisés, et de nombreux gens avaient un ressenti direct des effets de sa politique, et pour une partie d’entre eux en étaient extrêmement mécontents (contrôle d’identités au faciès, arbitraire dans la régulation des sans papiers, …).
Dans ces conditions, le poids des commentaires autorisés du parti adversaire ou de Le Monde/Libé/Le figaro pèse beaucoup moins que dans celui de Royal, que peu cernaient réèllement fin 2006.
Il y a un parallèle à tirer avec l’éviction d’Alain Lipietz de la présidentielle de 2002, quelques organes de presse autorisée comme Le Monde et France info ayant rivalisé de bêtise et de malveillance pour le dépeindre en, pêle-mèle, partisan d’une amnistie pour les terroristes corses, rédacteur de leur programme économique et admirateur de Ben Laden. Si de telles insanités ont pu faire leur effet, c’est outre qu’il a commis des maladresses sur la forme, qu’il était peu connu (on le découvre via les commentaires en période électorale donc chaude), qu’il avait une personnalité atypique (pas formatée pour subir le choc de l’extrait de 15 secondes qui tourne en boucle sur France Info), qu’il dérangeait quelques puissants (les annonceurs qui financent les médias), et qu’il avait de bons petits camarades au sein de son propre parti qui n’avaient rien de mieux à faire que d’espérer ou d’hâter la chute du candidat élu démocratiquement par les militants de leur parti en se répandant dans les médias.
On retrouve tous ces ingrédients qui ont joué contre Ségolène Royal.
Nicolas Sarkozy lui n’a pas eu souffrir pendant sa cmpagne des bisbilles intestines qui mettent de l’huile sur le feu des procès d’intentions venus de l’extérieur, mais auparavant si, quand c’était la guéguère avec Villepin. L’anti-sarkozysme a sans doute crû à cette époque là.
[quote comment= »24459″]ahhh bon, j’en apprends tous les jours ! L’argent de l’état … Bêtement je pensais tout simplement que ces mesures consistaient pour l’état tout simplement à pomper un peu moins des poches du contribuable et à l’inciter à investir un peu plus dans l’économie en France …[/quote]
C’est une question de présentation : aujourd’hui, l’Etat perçoit ces recettes et demain, il ne les percevra plus, et cela pèsera donc sur le déficit (cela se fera, effectivement, en percevant moins d’impôts auprès de ceux (un tout petit nombre) qui en paient le plus… et qui risquent d’ailleurs avant tout d’affecter ce nouveau surplus à l’épargne).
[quote comment= »24489″]
C’est une question de présentation : aujourd’hui, l’Etat perçoit ces recettes et demain, il ne les percevra plus, et cela pèsera donc sur le déficit (cela se fera, effectivement, en percevant moins d’impôts auprès de ceux (un tout petit nombre) qui en paient le plus… et qui risquent d’ailleurs avant tout d’affecter ce nouveau surplus à l’épargne).[/quote]
Génial comme les banques ont un facteur multiplicateur de 20. Cela va en faire du pognon à investir…
Ahhh tu ne sais pas pourquoi c’est un facteur 20, normal tu parles de choses que tu ne connais pas…
Eh! un millier de reportages tv, çà fait 3 par jour pendant un an… je veux bien qu’il ait le lobby médiatico-financier à sa botte mais quand même…
Le parallèle entre Lipietz et Ségo est réel en effet… Au-delà de la « bêtise malveillante » de tel ou tel média, faut reconnaître que certains de leurs propos (à Ségo/Lipietz) sont d’une transcendance intellectuelle rare… Entre « l’amnistie corse » unanimement controversée de l’un et les fonctionnaires qui raccompagnent les fonctionnaires, tout çà dans une saine colère, de l’autre…
Alors d’accord pour une certaine naîveté (?) de la part de Lipietz, au bénéfice du doute (quoiqu’il ne s’agit pas là d’un perdreau de l’année et que son « vécu » est loin d’être le parcours d’un candide), mais pour Ségo, je n’y crois pas une seconde : aucun doute il n’y a et même « j’en ai la certitude » comme dirait tintin au pays des oranges bleues!
Je rappelle que des bisbilles il y a eu! Pas uniquement avec le 1er ministre, mais également avec MAM et surtout avec Chirac qui à mon avis aurait voulu se représenter, s’il y avait eu une opportunité quelconque qu’il a attendu en vain…
Mais Ségo a eu raison au moins une fois, quand elle a dit que durant cette campagne, la droite avait été « disciplinée »…
Amitiés…
cela a été souligné ici: la personnalité de NS est « clivante »:
il a créé un mouvement de rejet fort, en même temps qu’une adhésion de la même eau…
cela l’a desservi parmi des personnes à priori peu susceptibles devoter pour lui… mais l’a servi dans sa reconquête des électeurs de la « droite perdue »…
reamrquons que SR a aussi une personnalité « clivante »
l’addition de ces deux facteurs représentant sans doute, comme noté par olivier, la moitié des électeurs de FB…
mais SR était, à mon sens, sauf grande gaffe, certaine d’être au secont tour: elle fait le score habituel de l’ensemble PS+MRG, il eut fallu que FB soit très fort pour lui en prendre beaucoup plus….
le probléme des personnalités clivantes c’est qu’elles réglent leurs comptes quand elles gagnent, mais qu’elles sont au milieu des revolvers quand elles perdent….
à tous!!!!
vous êtes un peu fatiguant dans vos commentaires qui traînent en longueur, facile de dire que 80% des successions sont exonérées, mais quand il n’y a qu’un ou deux enfants, croyez-moi celà mouille encore surtout si bien immobilier il y a et la plus part du temps le bien est vendu et les frais restent encore élevés surtout si c’est en région parisienne.
certaines personnes âgées n’ont pas les moyens de faire de donations de leur vivant….
attendons de voir dans toutes les mesures proposées leur coût et leur implication…
l’effet moteur d’une confiance retrouvée permet une consommation soutenue qui par les biais que nous connaissons ont un effet levier sur les recettes de l’état…
quant à SARKO, quoiqu’il fasse, au moins 30% vomiront toujours en le regardant ou en l’écoutant, la diabolisation a bien réussi et il faudrait être naîf pour penser que ce problème soit résolu….
Evidemment, l' »indignation » des journalistes contre Dati est risible. Voire méprisable. Mais, quitte à relancer le maronnier, je ne comprends pas que tu continues à vouloir « régler leur compte » à ceux qui ont diabolisé Sarko.
Tu sais que je suis bien loin d’avoir donné dans le Sarkofacho.
Mais tu ne peux ignorer que celui qui a construit son image sur la mise en pièces des tabous (lesquels, comme le disait Onfray -ne le diabolisons pas lui non plus : il ne dit pas que des conneries- ont parfois une raison sociale d’être) joue avec le feu. Il a lui même attisé des feux pour exister et s’expose à la contre-attaque.
Qu’il parle de « racailles » ne m’a pas choqué. Mais à l’inverse, la riposte était parfaitement fondée : un Ministre, qui plus est aspirant aux plus hautes fonctions de notre République, n’est pas censé parler comme un loulou de banlieue. C’était une tactique de comm’, ça a marché, mais il était légitime de l’attaquer en considérant qu’il faisait de la provoc (sur un terrain très sensible…). Aurais-tu admis qu’il traite une autoproclamée caillera d' »enculé de sa mère » ou de négro? Certainement pas. Et pourtant, Sarko s’est défendu en disant qu’ils s’appelaient eux-mêmes racailles… Tu me suis?
Tout comme Sarko pratique en effet l’humiliation publique -on l’a vu à Toulouse lorsqu’il a signé l’arrêt de mort de la police de proximité. Le souligner n’est pas de la diabolisation.
N’oublie pas le Ministère de l’immigration et de l’identité nationale…dont on voit aujourd’hui (me semble-t-il) que la facette « identité » n’est que de l’administratif, certes. Mais en campagne, il est resté flou et a surfé sur un amalgame douteux, stigmatisant.
Facho, peut-être pas. Mais il était légitime de considérer que le fait qu’il ait fondé son existence médiatique en grande partie sur la remise en cause des tabous verbaux (et moraux) représentait certains dangers pour la paix sociale.
Il semble ne plus jouer à ça. Il semble avoir « juste » utilisé cela pour se faire élire en récupérant les voix du FN. On verra si la bonne fin aura justifié ces moyens.
Mais la campagne est finie, Koz : tout comme la bien-pensance de gauche a frisé, après 2002, le ridicule en prétendant que le débat sur la sécurité n’avait été qu’une manipulation médiatique cherchant à instiller un sentiment fondé sur du vent, la rhétorique de droite qui considère que la « diabolisation » de Sarko n’était qu’une manoeuvre de comm’ politique gauchiste me paraît soit de la plaidoirie malhonnête soit transpirer encore trop l’esprit revanchard.
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Toujours en revenir à « Sarko facho » me fait doucement rigoler car ce ne fut qu’un épiphénomène dans la campagne et je ne suis pas sûr du tout que ce soit le PS qui soit l’auteur de ce slogan.
Il y avait, IL Y A bien d’autres choses à reprocher à Mr SARKOZY.
Je m’y suis employé à ma manière et je continue de le faire du mieux possible sur mon propre bloc-notes.
Ce qui, au passage, m’a amené à dénoncer, comme vous, la fausse affaire Rachida Dati et même à féliciter le nouveau Président à propos de la (non) amnistie.
C’est cela le vrai débat.
jf.
http://www.lamauragne.blog.lemonde.fr