La frite, la banane ! Et nous changerons le monde.

Combien nous coûtent les bougons, les grincheux, les grognards, les grogneurs, les grognons, les grondeurs, les râleurs, les revêches, les rogneux, les ronchonneaux, les ronchonneurs, les rouspéteurs ? On cherche du blé, des recettes, des rentrées ? On rogne les niches, on impose les riches ? Taxons les pisses-vinaigre et les pisses-froid, les chagrins et les aigres, les amers et les cyniques, les raseurs et les enquiquineurs, tous ces p… de prophètes de malheur !

Sérieux ? Grave.

On ne mesure pas que pour rire le moral des ménages, celui des entrepreneurs. De leur moral dépend la consommation, dépend l’investissement. Ce que je pense confusément, Oswald Spengler semble le décrire précisément en disant : « la pensée et l’action économiques sont un côté de la vie. Chaque vie économique est l’expression d’une vie psychique »[1]. Alors je le demande : combien nous coûtent les mauvais coucheurs ?

Car quoi que vous disiez, quoi que vous fassiez, ils sont là, les bilieux, les chicaneurs pour vous brider. Vous arborez un grand sourire ? C’est que vous êtes naïfs. Si vous saviez, vous ne souririez pas. Et puis, après tout, on sait. L’immobilier, par exemple : ne me parlez pas de l’immobilier, surtout en ce moment. La dette : qui n’a pas entendu parler de la dette aujourd’hui ? La dépendance et la hausse des dépenses de santé. Les retraites. Le changement climatique. Et l’euro, hein, l’euro… L’euro, et les Chinois d’ailleurs. Les Chinois, vous y pensez aux Chinois ? Si les Arabes nous ont pas tout bouffés, c’est les Chinois qui le feront. La France décline. L’Europe perd la main. Inexorablement.

Si vous ne le croyez pas, les Américains vous le disent, de façon tout à fait désintéressée.

Aux US. En Europe. En Asie.

Jusqu’au Pacifique Sud !

Alors, nous sommes sur la pente glissante et c’était mieux avant ?

Avant ? Mais quand, avant ? Quand nos aïeux faisaient des enfants entre deux guerres ? Et puis, « avant »… Un évêque de notre connaissance citait récemment cet auteur, fameux, qui disait :

« Des gens récriminent sur leur époque…Si l’on pouvait les ramener à l’époque de leurs parents, est-ce qu’ils ne récrimineraient pas aussi ? Le passé, dont tu crois que c’était le bon temps, n’est bon que parce que ce n’est pas le tien. »

Mounier ? Hugo ? Madame de Sévigné ? Vous n’y êtes pas. Ca remonte encore un peu : Saint Augustin, mort le 28 août 430. Tu la vois, la permanence du caractère humain et, dans le même mouvement, le ridicule de l’attitude ?

Sur un temps plus court, le niveau de vie en France a augmenté de 50% (!) depuis 1980 et l’espérance de vie a gagné 40 ans depuis 1900.

Depuis quelques mois, un courant se fait jour : l’optimisme. Dans les circonstances actuelles, il remplit déjà son but, puisque ça fait sourire. C’était Karine Berger et Valérie Rabault, avec Les Trente Glorieuses sont devant nous, Thierry Saussez et son Manifeste pour l’optimisme, Michel Godet et ses Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur, Jean-Hervé Lorenzi et le Fabuleux destin d’une puissance intermédiaire, pour ne parler que de ceux que je connaissais parmi ceux qui sont cités ici. A ceux-là, j’ajouterais Jean-Christophe Fromatin et son Village dans un monde global, dans lequel il s’attachait notamment à distinguer les « avantages différenciateurs » de la France.

Et pour ne mentionner que ceux que j’ai lus  – en attendant Godet – Jean-Christophe Fromantin et Jean-Hervé Lorenzi, l’un et l’autre, cumulent la lucidité devant les défis de la France et la confiance dans ses atouts.

Il est déjà en fin de compte scandaleusement indécent de nous voir, nous Français, nous épancher sur notre pauvre sort de 5ème pays le plus riche du monde. D’après Jean-Hervé Lorenzi, « au pire du pire, la France sera dans les huit premières puissances mondiales dans vingt ans ». Or, un sondage mené dans 53 pays nous plaçait dernièrement comme le peuple le plus pessimiste au monde, avant même les Irakiens, les Afghans ou les Pakistanais… En bref, on chigne la bouche pleine. Tenez, ma tendre épouse, géographe, me faisait également remarquer que, sur la question de l’eau, les pays les plus alarmistes étaient en fin de compte… les mieux dotés.

Et nos amis à l’étranger nous le disent. L’avocat belge Luc Simonet souligne notre incapacité à voir ce qui va bien en France. De même, le polonais Bronislaw Geremek, cité par Lorenzi (p. 46) s’interrogeait : « la France se porte bien quand on la regarde de l’extérieur. Mais la vraie question est de savoir pourquoi elle ne se porte pas bien quand elle se regarde ». Et ce ne sont pas les seuls à s’élever contre notre vilaine tendance à nous pourrir de l’intérieur. Fernando Carvallo, philosophe péruvien, nous admonestait encore affectueusement ce dimanche, avec un « plaidoyer contre le pessimisme à la française » ! Ainsi nous dit-il :

J’ai souffert aussi entre 1983 et 2009 de tout ce qui démentait mon rêve de la France : le chômage de masse et le malaise des banlieues, la peur de l’avenir et le doute de soi, le refus de l’autre et l’illusion de la pureté. J’ai lu les champions de l’autodénigrement et les spécialistes qui établissent la montée de la délinquance, la persistance de l’échec scolaire et la perte de compétitivité des entreprises françaises. Ayant toujours gardé un pied au Pérou, je n’ai jamais cru les prophètes du malheur. À chaque fois que j’ai senti l’appel du chagrin, je me suis tourné vers la réserve d’espoir que nourrissent l’histoire de France et sa littérature.

Lorenzi, citant Lucian Boia, exprime particulièrement précisément le caractère irréel de notre sentiment de déclin, une lubie, une « psychose » française. Pour lui, ce sentiment vient surtout d’une fausse représentation du temps passé, de l’idéalisation d’un faux âge d’or qui nous conduit à percevoir, en comparaison, notre temps présent comme le temps d’une déchéance. La France de Louis XIV serait cet âge d’or. Or tel n’est pas le cas sur le plan économique (et même si cela m’agace de voir traité le sujet en ces seuls termes) car, à cette époque, « la France est loin derrière les Pays-Bas, déjà derrière l’Angleterre, en-deçà de l’Italie ». Or, comme l’indique Lucian Boia, en comparaison avec les pays constituant les pelotons de tête de l’époque et d’aujourd’hui, la France a plutôt gagné du terrain depuis ce temps.

Prenez ceci comme une introduction à l’optimisme. Il s’impose. C’est le seul vrai choix, le choix du non-conformiste. En période de crise, c’est même le seul qui ait du panache. Le pessimisme nous projette dans le fossé qu’il décrit. Les pessimistes ne font que flatter notre mauvaise pente. En prime, ils la savonnent, et nous y précipitent.

Un site s’est ouvert au printemps, et ouais je le découvre maintenant : Tous OptimistesSa démarche me paraît intéressante[2]. Pas de guimauve. Comme l’indiquent La Croix et Philippe Gabilliet :

« Certes,« l’optimiste fait, comme le pessimiste, le constat que le monde, tel qu’il est aujourd’hui, ne va pas bien »,  mais il anticipe la mise au jour, dans un avenir plus ou moins proche, de possibilités nouvelles qui pourront permettre de le guérir ».

Lucidité et confiance sont ainsi les maître-mots de l’optimiste. Au Canada, le chef de l’opposition, Jack Layton, au moment pourtant de prendre congé de la vie, a conclu ainsi sa lettre à ses compatriotes :

« Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors, aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde. »

Nous sommes le 29 août : grosso modo, vous êtes tous là. Jeudi, c’est septembre. C’est la rentrée. Si vous me lisez, c’est qu’à la différence de Jack Layton, vous êtes vivants. Si vous vivez comme moi en France, alors vous êtes dans un des pays les plus riches du monde, les mieux pourvus, avec une Histoire riche, une culture enviée, une qualité de vie admirée. Alors, cette rentrée, on y va, on se la prend, lucides, confiants, et optimistes !

« Et nous changerons le monde ».

crédit photo : Nazer Khalid

  1. Oswal Spengler, Le déclin de l’Occident, Paris, Gallimard, 1948, cité in Le fabuleux destin d’une puissance intermédiaire, Jean-Hervé Lorenzi, Grasset, p. 47 []
  2. pourvu qu’elle sache rassembler et éviter l’écueil partisan, compte tenu des positions déjà exprimées de JH Lorenzi, Karine Berger et Valérie Rabault []

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146 commentaires

  • Mouais… c’est très sympa, l’optimisme. Mais quand je lis que le « niveau de vie » a augmenté de 50% depuis 1980… Ca veut dire quoi ? Qu’on peut s’offrir aujourd’hui des ordinateurs et des téléphones portables ? Parce que, même en 1980 (et encore plus avant) une famille pouvait vivre décemment avec un seul salaire, alors qu’aujourd’hui il faut plus d’un salaire pour se loger à peu près correctement.

    Et le fait que mon pays (ce n’est pas la France, juste celui d’à-côté), ma culture etc… soient riches, ne m’empêchent pas de constater que des gens crèvent de faim, sans toit, devant nos portes. Bien plus qu’en 1980.

  • La finale « Et nous changerons le monde » est capitale ! car le danger de l’optimisme est de se résigner. L’optimiste est un imbécile heureux… le pessimiste est un imbécile malheureux ! disait Bernanos. S’il faut choisir… ben mieux vaut être heureux…

  • Eh ouais.

    Il y en aurait des causes à lister pour comprendre notre sentiment de déclin.

    Bon, moi, l’optimisme, je m’en détourne instinctivement au moins autant que le pessimisme. Nul besoin de rappeler l’attitude d’un Bernanos à l’égard de cette double engeance. Tu me diras, la condition d’imbécile heureux est toujours préférable à celle de l’imbécile malheureux.

    Permets-moi donc de distinguer deux types d’optimistes.
    L’optimiste laïc est un benêt qui ferait mieux d’adopter le réalisme comme ligne de conduite.
    D’ailleurs, dans ton billet, l’optimisme devrait aller de soi. Nous sommes en France, tout va bien, malgré « la crise », on y mange encore trop, on jouit de l’eau potable avec laquelle nous nous lavons les pieds, même les défavorisés des banlieues ont leur iPhone, etc. Et pourtant, les Français osent râler.
    Peut-être leur manque-t-il un truc, alors. L’Histoire, la culture ? Actifs aggravants ! Elles nous rappellent justement que notre passé serait meilleur que notre avenir !
    Et si ce qui manquait aux Français, plus que l’optimisme, concept marketing bien senti, c’était l’espérance, mot qui n’apparaît bizarrement qu’une fois dans ton billet (« espérance de vie ») ?
    Si c’était l’espérance de Vie qui nous manquait le plus ?
    Encore une fois, la société désacralisée cherche à remplacer une valeur (théologale) par un concept fumeux.
    Tu devineras donc aisément la nature de mon second type d’optimiste.

    Bon, je sais d’où vient ton optimisme à toi, alors ne te sens pas visé (je te sais susceptible, comme tous les Bretons méridionaux). Mais je trouve quand même cette citation de Bernanos bien sentie pour ma première catégorie d’optimistes :
    « L’optimisme m’est toujours apparu comme l’alibi sournois des égoïstes soucieux de dissimuler leur chronique satisfaction d’eux-mêmes. Ils sont optimistes pour se dispenser d’avoir pitié des hommes de leur malheur. »

    Bon, j’arrête de troller et te souhaite une bonne année 🙂

  • Bonjour,

    Ce sondage BVA auquel vous faites référence est, pour le moins, assez discutable. Les modes de recueil ne sont pas du tout homogènes d’un pays à l’autre (comparer du face-à-face ou du téléphone à un mode de recueil auto-administré est impossible) et il est méthodologiquement infaisable d’interroger des échantillons prétendus représentatifs de la population dans certains pays.
    Dans le cas présent, la comparaison des résultats d’un pays à l’autre ne peut donc être faite.

  • @ lambertine : bravo Lambertine, vous avez décroché le premier prix. Voilà notre premier ronchon. Pourtant bien décrit dans mon billet (oui, je me lance des fleurs), nous tenons le spécimen. Il n’a pas pu s’en empêcher. Tu souries ? Tu es optimiste ? C’est parce que tu ne vois pas qu’il y a des gens qui crèvent de faim devant ta porte. Ah ? Vraiment ? Mais si. Mais si. Je les vois. Mais tirez une gueule de six pieds de long ne va pas vachement améliorer leur sort. Quant à ce qu’il y en ait plus qu’en 1980, faites-moi sourire : c’est votre pif, ou votre doigt mouillé qui vous le dit ? L’augmentation du niveau de vie, ce n’est pas une hypothèse, c’est une mesure. Quant aux défis, aux risques, je les vois, on les voit, les optimistes les voient. Mais ils veulent surtout voir les moyen de relever les défis, d’éviter les risques.

    Rassurez-vous, lambertine, vous êtes notre première prise pessimiste, mais vous n’êtes pas la dernière. Je ne me mouille pas beaucoup en vous prédisant qu’on va les voir affluer. C’est tellement plus facile d’être pessimistes qu’il n’y a aucun doute qu’ils seront plus nombreux (je ne parle même pas de ceux qui diront doctement que la vérité… est entre les deux).

    Vieil Imbécile a écrit : :

    le danger de l’optimisme est de se résigner

    Vous croyez vraiment ? J’aurais plutôt tendance à penser que c’est le danger du pessimisme. Pourquoi s’arrêterait-il de l’être et pourquoi aurait-il confiance en son action, le pessimiste ?

  • Koz a écrit : :

    C’est tellement plus facile d’être pessimistes qu’il n’y a aucun doute qu’ils seront plus nombreux (je ne parle même pas de ceux qui diront doctement que la vérité… est entre les deux).

    N’y aurait-il pas là une pointe de pessimisme ? 😉

    Allez hop, en avant. Notre Espérance ne nous contraint-elle pas finalement à être d’éternels optimistes ?

  • Ah zut, j’ai oublié de dire : ton billet fait du bien, un peu comme un envoi après la messe. Bon, sauf la messe de dimanche dernier où on s’est fait rappeler bien comme il faut qu’on risquerait d’en baver un peu sur le chemin qu’on a pris, du coup… on y va quand on trempe l’orteil dans l’eau trop froide, mais bon… le grand large nous appelle quand même, et une fois qu’on est dedans… elle est bonne.

  • Je ne suis pas pessimiste, Koz. Au contraire. Mais, pardonnez-moi, je viens de passer pas mal de temps en compagnie de jeunes gens qui crèvent de faim, de maladie, de misère, et de ceux qui les aident et qui sont aussi misérables (socialement, pas spirituellement) qu’eux. Alors…

    Alors, je trouve que c’est facile, d’être « optimiste » quand on ne voit pas ce qui se passe devant sa porte, oui. Je trouve que c’est facile de sortir des statistiques de « niveau de vie » quand on ne se rend pas compte « pratiquement » de ce à quoi correspondent ces « niveaux de vie ». J’ai beaucoup de respect pour vous, mais… si j’ose dire.

    Ce n’était pas « mieux avant », mais « avant », mon grand-père ouvrier pouvait faire vivre sa famille avec un seul salaire. Et il a pu, au fil du temps, offrir à sa femme le « confort ménager moulinex », et à ses enfants, des études supérieures. Evidemment, il n’était pas question d’ordinateur et de téléphone portable… qui n’existaient pas. Aujourd’hui, la maison qu’il louait se loue pour l’équivalent d’un salaire d’ingénieur débutant.

  • Je suis plutôt d’accord avec Henry le Barde sur ce coup : c’est très bien quand l’optimisme et le pessimisme se cantonnent à être des habitudes ou des traits de caractère. Revendiquer l’un ou l’autre comme vision du monde est à la fois une confusion des genres et une erreur de raisonnement. Quand il a dit que Dieu avait créé le meilleur des mondes possibles, Leibniz ne souhaitait pas spécialement faire preuve d’optimisme, il se contentait d’observer et de raisonner.

    Après, je suis d’accord que nous faisons partie d’une génération de blasés, qu’un peu de foi (dans l’univers, au moins), remettrait sur pieds. Bref, pour moi, foi plutôt qu’optimisme!

  • PS : à l’époque, mon père, ingénieur débutant, payait le loyer en plus du sien et vivait « comme un prince » avec ce qui lui restait, en étant père de famille.

  • @ Henry le Barde,
    @ Pneumatis : vous pouvez envisager de vous adresser à la société en lui disant qu’il y a des raisons d’être optimistes puisque le Christ est ressuscité, mais je ne suis pas certain que cela vous garantisse la meilleure réception. Et je ne suis pas certain qu’il nous faille caser la foi et le Seigneur systématiquement dans nos propos. Ok, ne perdons pas de vue qu’il faut évangéliser le monde entier. Mais, d’ici là, si on peut tout de même proposer au monde une version allégée de l’espérance, je ne crois pas que ce soit du temps perdu.

    lambertine a écrit : :

    Je ne suis pas pessimiste, Koz.

    Alors, soit. Vous n’êtes pas pessimiste. Mais vous êtes, au choix, un ronchon, un râleur, un grogneur, un revêche. L’exemple type de l’interlocuteur qui vient vous expliquer qu’être optimiste, c’est se leurrer sur le monde, c’est être égoïste, c’est ne pas voir le malheur à nos portes (si vous saviez le nombre de trucs dont on m’a dit que je ne les voyais pas, depuis que j’ai ouvert ce blog. Ca et l’invasion musulmane… C’est horrible, ça me ruinerait presque le moral). Et puis tenez, même votre respect à mon égard semble sujet à condition. Désolé, mais ça me fait rigoler.

    Oui, il y a des défis, des écueils, des dangers. Et oui, au passage, le « niveau de vie » n’est pas l’alpha et l’omega de l’appréciation de notre bonheur (allez, permettez que je vous le souffle, c’est là que vous devez caser un : « c’est facile quand on a à manger tous les jours » bien senti). Mais oui, nous avons les moyens de faire face. Et quand on a autant de moyens que nous d’y faire face, geindre est vraiment une attitude d’enfants gâtés.

  • Sur ce coup-là, je ne peux pas être d’accord. L’appel à l’optimisme des pays riches sonne souvent comme l’ordre de « fermer sa g… » quand ça va mal. Je préfère le terme d’espérance à celui d’optimisme, car malgré le fait que je sois vivante, que j’ai un toit sur ma tête, un salaire qui tombe chaque mois et de quoi manger convenablement, j’ai du mal à être optimiste quand je contemple, très égoïstement, mon propre avenir. Vivre dans un pays riche ne protège pas des malheurs ou de problèmes de santé.
    Et je suis totalement d’accord avec Lambertine: mes beaux-parents, qui n’ont pas le bac, vivaient beaucoup mieux à notre âge que mon mari et moi, qui avons fait tous les deux de longues études et qui réfléchissons à changer radicalement de style de vie vu que nous n’avons pas les moyens financiers de concilier nos aspirations personnelles et la vie dans l’agglomération dans laquelle nous vivons.
    Ma foi me donne de l’espérance, mais pas de l’optimisme.

  • Ally a écrit : :

    L’appel à l’optimisme des pays riches sonne souvent comme l’ordre de « fermer sa g… » quand ça va mal.

    Aaaaaaah.

    L’optimisme est un impérialisme.

  • @Henry le Barde : non, bien sûr, c’était une hypothèse d’école 🙂
    @Koztoujours : je pensais à une certaine forme de résignation, celle qui consiste à se contenter des choses telles qu’elles sont. Le pessimisme est une autre forme de résignation, celle qui consiste à se borner à constater notre impuissance.
    Mais, à mon sens, [optimisme] + [volonté de changer le monde] = [espérance] 😉

  • Bravo Koz, tu fais ici acte de salubrité publique.

    Je pense néanmoins que l’optimisme est assez peu lié au niveau de vie mais beaucoup plus à un sentiment de progrès, de maîtrise de sa vie et de son destin. c’est pourquoi on était beaucoup plus optimiste entre 45 et 75 qu’aujourd’hui. On était plus pauvre, il fallait tout reconstruire mais on s’en foutait, on avait notre destin en main.

    Mon sentiment est que nous avons collectivement pris un tournant très conservateur au moment du choc pétrolier. Nous nous sommes enfermés dans la conservation de l’existant au lieu d’aller chercher du nouveau.

    Je pense que l’aphorisme de Ben Franklin : « They who can give up essential liberty to obtain a little temporary safety, deserve neither liberty nor safety » s’applique très largement au-delà du domaine politique et couvre également l’économique et le social. Ca fait 40 ans qu’on veut sécuriser, assurer, en restreignant la liberté (1973 : inversion de la charge de la preuve pour les licenciements abusifs, une date-clé selon moi)

    Mais il y a lieu d’être optimiste. Les créations d’entreprises n’ont jamais été si nombreuses. De plus en plus de gens réalisent que le salariat ne fournit qu’une sécurité illusoire et que la vraie sécurité c’est d’être compétent et à attentif aux besoins des clients. Bref, on est plus en sécurité dans une barque en sachant nager que sur le Titanic sans savoir nager. Et pour apprendre à nager il faut se jeter à l’eau.

    C’est à dire être optimiste 🙂

  • Que voulez-vous, j’ai une petite idée de là où me vient mon optimisme, le lâcher prise, et une certaine capacité d’abandon. Mais je ne suis pas en train de faire une catéchèse 😉

    Lib a écrit : :

    Je pense néanmoins que l’optimisme est assez peu lié au niveau de vie mais beaucoup plus à un sentiment de progrès, de maîtrise de sa vie et de son destin. c’est pourquoi on était beaucoup plus optimiste entre 45 et 75 qu’aujourd’hui. On était plus pauvre, il fallait tout reconstruire mais on s’en foutait, on avait notre destin en main.

    Je te suis très volontiers là-dessus. La question du niveau de vie n’est là que pour souligner l’incongruité de notre perception négative du pays et de son évolution. D’ailleurs, il suffit de voir comme le pessimisme est apparemment présent d’abord dans les pays les plus développés, pour voir que les deux questions ne sont pas jointes.

    Il y a pas mal de débats en cours autour de la « capacité ». Capacité économique, personnelle, politique. Une certaine façon de voir nos vies, effectivement trop souvent à l’étroit dans des « statuts », a certainement pu contribuer à nous faire perdre la confiance dans notre capacité à agir, notre maîtrise de notre destin. Il est bien possible aussi qu’une certaine forme d’Etat-providence ait eu pour conséquence une forme de déresponsabilisation, qui nous panique d’autant plus qu’on a le sentiment qu’il ne va pas durer longtemps. J’ajouterais aussi la mondialisation / globalisation, qui accentue le sentiment que les lieux de décision s’éloignent de la personne. Que ce soit avec l’Europe, les marchés, ou les organisations mondiales diverses.

  • Je suis un affreux pessimiste et j’assume… mais cela me conduit plutôt à penser que les choses n’étaient pas mieux avant puisque tout va toujours mal !
    A un collègue qui me disait que le catho était un réac par nature, j’ai répondu que si le réac est celui qui pense qu’il faut nécessairement revenir au passé pour trouver mieux alors le catho n’est pas réac ; en principe il pense (comme tout chrétien en principe) que tout ira mieux à l’avenir dans cette vie ou une autre…
    En toute hypothèse, ni l’optimisme, ni le pessimisme ne dispense d’agir pour que le bien l’emporte. C’est là la limite de ces -ismes qui ne sont que des perceptions du monde. L’action ne dépend pas (seulement) de la perception que l’on a du monde.

  • Mais, Koz, qu’est-ce que je vous ai fait, là ?
    Je ne suis ni ronchon, ni râleur (râleuse). Seulement quelqu’un qui vient de voir la misère en face et qui est révoltée. Et qui l’est encore plus quand un catholique pratiquant et militant comme vous vient me parler du niveau de vie de années 80. Mais zut, à la fin ! Est-ce que vous vous rendez-compte de quoi je parle, ou pas ? De gens qui n’ont droit à rien et qui doivent voler des pâtes pour manger ?
    En fait, je me fus du « niveau de vie ». Mais je ne me fous pas des gens qui doivent coucher dehors… à mins qu’un gamin qui sort de prison leur offre son canapé, contre l’avis des voisins qui appellent la police parce que des gens moches trainent dans le quartier…

  • @ Koz: Non, c’était plus une tentative de compréhension ce qui n’allait pas dans l’esprit de nos compatriotes qu’un modus operandi pour redonner le sourire aux Français. Je te rejoins même car je me suis fait la même réflexion en voyant 90% des réactions catholiques qui pensent s’opposer ainsi au gender, par exemple.

    Si on ne cherche pas les causes du « pessimisme » de nos contemporains en se limitant à les affubler de qualificatifs peu sympathiques, on risque de tomber dans une nouvelle querelle stérile où, justement, tu vas te prendre la kyrielle de ceux qui ont « vu de leurs yeux vu » la misère humaine qui vont te faire la leçon, toi le sale nanti des beaux quartiers.

    Ce qui m’interpellait dans ton billet, c’était le décalage entre les raisons objectives d’être optimistes et les plaintes continues. On ne va pas les faire taire du jour au lendemain en leur parlant du Christ, c’est un fait. Mais à mon avis, la liste des atouts matériels (contemporains) et culturels (passés) ne suffira pas non plus. Il manque autre chose.

    L’optimisme comme moteur de l’action, soit (et mille fois oui). Le problème de ce phénomène des optimistes, c’est qu’ils semblent le placer à la source de leurs analyses et de leur perception de la société. C’est là que le bât blesse, à mon avis.

  • PS, Koz,

    Quand j’ai vu ce gamin, méprisé par tout le monde, menacé d’être renvoyé en tôle parce qu’il ouvrait son appartement à des gens malades, rejetés, sans droits, je lui ai dit de penser d’abord à lui. Et il a dit non. Et il les a fait entrer. Et je suis fière de lui, pour ça. Et ça, ça me rend optimiste. Sur quelques personnes.

    Mais ça ne me rend pas plus optimiste sur le monde.

  • @ lambertine : mais que croyez-vous me décrire ? La France de 2011, strictement 2011, rien qu’elle ? Enfin, là, c’est vous qui vous aveuglez : alors comme ça la pauvreté n’existait pas en 1980 ? Elle n’existait pas en 1945 ? Il n’y avait pas en 1960 des bidonvilles aux portes de Paris, à Nanterre par exemple ? Et vous imaginez m’apprendre l’existence de la misère ?Allons… Bien sûr que tout n’est pas rose. On peut partager le constat. Mais, le constat posé, qu’est-ce qu’on en fait ? On le remâche et on le ressasse ? La misère, je la vois. Mais une fois que je l’ai vue, je ne vois pas quel service cela rendra aux pauvres de m’enfoncer dans l’idée que la France est sur le déclin.

    Alors que m’avez-vous fait ? Rien, rassurez-vous. Je ne vous en veux pas. Je suis juste mi-amusé, mi-agacé d’avoir vu si vite arriver une réaction comme la vôtre, tellement prévisible que je l’avais décrite d’avance. Parce que non, tout ne va pas bien mais nous avons toutes les raisons de penser que nous sommes bien armés pour y faire face.

  • Lib a écrit : :

    Je pense néanmoins que l’optimisme est assez peu lié au niveau de vie mais beaucoup plus à un sentiment de progrès, de maîtrise de sa vie et de son destin. c’est pourquoi on était beaucoup plus optimiste entre 45 et 75 qu’aujourd’hui. On était plus pauvre, il fallait tout reconstruire mais on s’en foutait, on avait notre destin en main.

    (…) Nous nous sommes enfermés dans la conservation de l’existant au lieu d’aller chercher du nouveau.

    Voilà des éléments de réponse à la question que je posais !

  • Mais oui, je suis une imbécile pour avoir eu une réaction tellement prévisible . Le genre de réaction que vous vous attendiez à devoir contrer, n’est-ce pas ?
    Je suis désolée d’avoir passé la dernière semaine en compagnie de sans-abris. Et je suis désolée de n’avoir jamais eu à faire ça quand j’étais bénévole aux environs de 1980.
    Je m’en fous éperdument du soi-disant « déclin » de la France (ou de la Belgique). Ce que je vois, c’est que la misère (pas la pauvreté, la misère) progresse. Et que ça m’empêche d’être optimiste, quoi que disent les statistiques.

  • Koz a écrit : :

    Ally a écrit : :

    L’appel à l’optimisme des pays riches sonne souvent comme l’ordre de « fermer sa g… » quand ça va mal.

    Aaaaaaah.

    L’optimisme est un impérialisme.

    Je n’ai jamais dit ça. C’est même le contraire: combien de fois ai-je entendu qu’il était indécent de se plaindre même quand ça va très mal dès lors qu’on a un toit sur la tête, du boulot et de quoi manger alors que les pauvres petits africains meurent de faim?

  • Henry le Barde a écrit : m
    L’optimisme comme moteur de l’action, soit (et mille fois oui). Le problème de ce phénomène des optimistes, c’est qu’ils semblent le placer à la source de leurs analyses et de leur perception de la société. C’est là que le bât blesse, à mon avis.

    Je suis assez d’accord avec ça. On peut tout à fait être pessimiste dans sa perception de la société (sans être pour autant dans le trip « c’était mieux avant » parce que, non, ce n’était pas mieux avant, vraiment pas) mais avoir des raisons et des motifs d’espérer. Le fait de se plaindre ou de faire des constats alarmés n’empêche pas l’espérance.

  • @ lambertine: a écrit « même en 1980 (et encore plus avant) une famille pouvait vivre décemment avec un seul salaire, »

    là encore, c’est faux! mes parents travaillaient tous les deux en 1966, avec 2 salaires à plein temps dans une moyenne ville de province. ils avaient un F2 avec WC sur le palier et pas de salle d’eau, pour une famille de 4. et une petite voiture vieille de 10 ans pour sortir le dimanche. ils allaient au boulot en vélo + mobylette. ma tante, mère célibataire, travaillant à plein temps aussi, n’avait qu’une seule pièce, pour elle et sa fille. aucune de mes grand-mères n’avait de WC ni de douche. l’une n’avait pas d’eau chaude au robinet.

    aujourd’hui, TOUS mes ami(e)s au chômage vivent dans des studios ou F2 tout confort, ont un vélo et/ou une voiture, et aucun ne meurt de faim. je continue à parler de ma moyenne ville, mais si vous ne vous en sortez pas avec un boulot à Paris, venez habiter ici avec un RSA, alors, puisque apparemment on vit mieux! (et je ne parle pas de mon cousin qui vit à la campagne, a acheté une ferme pour pas cher, fait des jouets en bois et les vend sur les marchés: lui, il trouve qu’il a largement tout ce qu’il lui faut. pourtant, il ne vend pas des tonnes de trucs. mais il n’a pas les frais de vie parisienne que vous avez: c’est aussi un choix!)
    si vous restez à Paris malgré tout, c’est que vous avez exagéré: prenez en conscience.

  • Koz a écrit : :

    @ Henry le Barde, @ Pneumatis : vous pouvez envisager de vous adresser à la société en lui disant qu’il y a des raisons d’être optimistes puisque le Christ est ressuscité, mais je ne suis pas certain que cela vous garantisse la meilleure réception.

    C’est pas faux, il paraitrait même que Saint Paul se serait fait jeter de l’agora à coup de tomates (ou d’autres choses) pour ce genre de raisons. Ceci dit, après quelques pérégrinations, il est quand même revenu à la charge, hein. Nous ne sommes pas chargé de convaincre les gens, mais au moins de leur dire. Si en plus tu leurs dit avec optimisme, joie, bonheur, tout ça… tu fais d’une pierre deux coup : tu transmets ton optimisme (parce que c’est contagieux) et sa raison profonde avec, pour le même prix.

    Entendons-nous bien, je suis bien conscient qu’il ne s’agit pas forcément d’aller lire la Bible sur la place publique, hein. Je dis juste que l’optimisme, pour être assimilé, a besoin d’une raison profonde, d’une racine… ce qu’en ont d’ailleurs dit d’autres : il a besoin d’une espérance. Sans quoi il reste creux.

  • Bonjour cher Koz ^^
    Sais-tu que bon nombre d’études très sérieuses ont démontré qu’outre ses autres bienfaits l’optimisme accroît l’espérance de vie ? Souriez, vous vivrez plus ! (et mieux)
    Accolade 🙂

  • On peut gloser sur les conditions « objectives » de la France.

    Reste que depuis le choc pétrolier, la France renonce collectivement, comme elle avait renoncé entre les deux guerres devant la montée du nazisme.

  • A la lecture de votre billet, un pessimiste impénitent pourrait se dire : « tout va tellement mal que même le pessimisme ne se porte plus très bien ! »

    Tout en étant assez d’accord avec votre billet, je suis un peu gêné que certains de vos lecteurs lient trop vite l’optimisme avec la foi chrétienne. Si l’on veut dire que la religion chrétienne est portée par une espérance fondée dans la foi en la résurrection et la béatitude future, il n’y a rien à redire. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’espérance chrétienne consiste à espérer quand on a la conviction que tout va mal et ne peut qu’aller plus mal. Tandis que l’espoir consiste à espérer quand on a de bonnes raisons d’espérer, l’espérance consiste à espérer quand on a toutes les raisons de désespérer.

    Il y a des théologiens contemporains qui se demandent si l’Eglise n’est pas appelée à connaître d’ici la fin des temps des épreuves analogues à la passion du Christ : bref, des épreuves qui la conduirait à une quasi disparition en raison d’une apostasie universelle. J’ignore ce qu’en pense le magistère, mais cette hypothèse théologique a le mérite de bien rendre compte de certaines prophéties eschatologiques contenues dans les Ecritures. On peut donc être très bon chrétien et penser que le monde tel qu’il est, Eglise visible comprise, court à sa perte. Je ne dis pas que c’est ma position, mais je crois que c’est une thèse qui mérite considération. Elle a été défendue par exemple par le Père Marie-Dominique Philippe dans Les Trois Sagesses ainsi que par le Père Jean-Miguel Garrigues dans son autobiographie.

    Aussi, quand vous rabrouez les pessimistes qui viennent s’exprimer sur votre blog, je ne peux pas m’empêcher, sauf tout l’immense respect que j’ai pour vous, de vous trouver des ressemblances avec les ministres du roi Sédécias qui avaient jeté le prophète Jérémie dans une citerne pour avoir prophétisé la chute prochaine de Jérusalem et la déportation du peuple élu à Babylone (cf. Jérémie, ch. 37-38).

    Bon, cela dit, je vous concède que la tournure d’esprit pessimiste des Français a sans doute quelque chose de pathologique dans ses causes et des effets nocifs sur le dynamisme de son économie. A ce sujet, Le philosophe et sociologue Raymond Boudon a émis des hypothèses sur ce sujet dans La Logique du social : les périodes de croissance économiques sont souvent cause de frustrations car elles poussent à prendre des risques des acteurs économiques qui n’en prennent pas d’ordinaire et qui voient donc leurs attentes facilement déçues. En revanche, dans les périodes de crise, ceux qui prennent des risques sont des personnes plus audacieuses, plus « joueuses », et prêtes à faire face à d’éventuels revers de fortune. Boudon, que je cite de mémoire, cite la déception de la génération des nouveaux boursicoteurs des années 1980 qui s’étaient sentis floués par le krach de 1987. On peut voir là d’ailleurs une des causes, en France, de la réélection de Mitterrand en 1988, les programmes de privatisation ayant déçu les attentes des classes moyennes qui venaient de découvrir les joies de la spéculation.

    Mais on peut aussi tirer des analyses de Boudon des conclusions toute autre que les siennes et reconnaître au pessimisme quelques vertus économiques: il a peut-être le mérite d’éviter que les personnes peu aptes à prendre des risques s’endettent dangereusement. En revanche, un état d’esprit collectif pessimiste laisse aux plus compétents le soin de s’endetter et de prendre des risques, à des taux d’intérêt moindre puiqsque la demande de crédit est moins abondante.

    A l’opposé, n’est-ce pas l’optimisme excessif des Américains qui est à l’origine de la crise des subprimes ? Si les subprimes d’outre-Atlantique n’avaient pas été excessivement optimistes, les banques américaines n’auraient pas pris les risques qu’elles ont pris au point de frôler la faillite et les Etats-Unis auraient peut-être encore leurs trois A…

    On peut donc se demander si nos banques ne doivent pas une part de leur stabilité au pessimisme de nos compatriotes… En ce cas, le fait que nous autres Français soyons pessimistes serait peut être à recevoir comme une bonne nouvelle…

    Nous sommes pessimistes: voilà une bonne raison d’être optimistes !!!

  • @ lambertine: je ne peux pas comparer avec la Belgique, je ne connais pas les aides sociales ni les différences entre les viles.

    mais en France, pour moi, ce qui ne va pas, c’est que beaucoup de gens ont été éduqués sans aucune contrainte. les enfants, dans les familles peu nombreuses, croient toujours que tout leur est dû, et une fois adultes, les politiciens les draguent pour se faire élire, et il en résulte des choix qui ne font que flatter les égoïsmes individuels à grande échelle, et ça plonge dans la misère des tas de gens. ce n’est pas l’économie qui va mal, c’est le bon sens et la charité.
    des tas de gens ont des boulots hyper bien payés mais qui ne produisent rien, voire qui ne servent à rien. les gens qui produisent sont de plus en plus rares et mal payés. Mais qui a envie de se retrousser les manches pour produire de la richesse? personne!
    du coup on achète tout chez des pays comme la Chine qui produit dans des conditions qui frisent l’esclavage, des conditions de vie que jamais on n’accepterait pour nous. et les devises sortent.

    on pourtant est encore très riches, mais on veut chacun le maximum, et on se fiche pas mal d’élire des gens pourris qui font des lois immondes, du moment qu’ils font ce qui nous arrange, nous.
    il suffit d’une toute petite loi qui avantage une catégorie de gens pour que des milliers d’autres soient désavantagés. c’est un processus mathématique, mais qui voudra renoncer à ses assurances?
    par exemple en France, les locataires ont eu une loi hyper avantageuse sous Mitterrand: la loi Quillot. en 1985, il n’y avait qu’un seul clochard, vieux, vraisemblablement malade psy, dans chaque station de métro. en 1990, on marchait presque sur les SDF. date de la loi Quillot: 1982! les locataires qui ne payaient pas ne pouvaient pas être expulsés, les propriétaires (souvent des commerçants retraités avec une pension très faible), ne pouvaient pas augmenter le loyer, ni récupérer leur appartement pour le vendre avant 6 ans, et encore, ils devaient justifier d’en avoir besoin: conclusion, les particuliers, avec en plus les taxes sur la propriété qui avaient augmenté considérablement, n’ont plus acheté ni fait construire d’appartements, seuls les agents immobiliers se sont développé, en ne louant pas, mais en faisant de la spéculation. tout ça au départ pour faire plaisir à l’électorat socialiste qui voulait un petit avantage sur les logements loués. tout ça à cause de l’égoïsme d’une catégorie au départ, et à la caisse de résonance que leur parti leur a donné. on aurait autant d’exemples à droite je suppose.

    mais le moteur, c’est l’égoïsme des gens. et l’ampleur, c’est qu’il y a des partis politiques pour donner à chaque égoïsme particulier une caisse de résonance. et l’égoïsme de gauche ou de droite, ça ne change rien: des deux côtés (patrons, banquiers, traders, comme fonctionnaires, rmistes, immigrés…), chacun essaie de tirer la couverture à soi. alors tant que l’Etat essayait de chercher le bien commun, ça allait. maintenant qu’il dit oui à tous les bonus catégoriels, d’un côté comme de l’autre, le bien commun n’existe plus. il n’y a plus que des groupes d’électeurs plus ou moins significatifs.

    à droite, c’est les immigrés dont on veut se débarrasser parce qu’ils nous « piquent » notre boulot: du coup, ils ne peuvent pas vivre décemment parce qu’ils n’ont pas le droit de travailler, et ils vivotent à côté des lois.
    à gauche, c’est les vieux qu’on veut passer à la trappe avec l’euthanasie: ça va résoudre des tas de problèmes économiques: retraites, soins hospitaliers, maisons pour personnes dépendantes…
    mais est-ce qu’on vivra mieux quand les + de 70 ans iront se cacher dans les forêts pour pas se faire « piquer »?

    parce que c’est vrai, si on veut aller par là, ça sert à rien, les personnes âgées dépendantes!
    …les adultes non plus, remarquez.

    le bonheur, c’est basé sur plus que des bons sentiments. il faut des repères. le principal, c’est la famille, un père et une mère avec leurs enfants à eux. les autres schémas, c’est quand on ne peut pas faire autrement, mais c’est toujours de la souffrance. il y a d’autres repères pour une société juste. mais des orgueilleux se sont cru plus intelligents que les hommes des siècles passés, que la sagesse qui existe depuis des milliers d’années dans tous les pays: ils ont voulu ne penser qu’à eux, ils ont construit des théories en niant tout ce qui avait existé jusque là: et voilà. On parle de « structures de péché »: il ne faut pas voir ça d’une façon moralisatrice: on a fait des structures économiques, éducatives, sociales, politiques, qui ne sont plus basées sur le bien, mais sur les égoïsmes. comment voulez vous que ça donne un résultat positif?

    Alors je suis tout à fait d’accord pour l’optimisme, car le pessimisme nous replie encore + sur nous mêmes.
    mais j’ajouterais la lutte contre nos égoïsmes, soit un tas de choses qu’on nommait auparavant les « vertus », pour que tout soit cohérent. la prudence pour ne pas faire une loi si elle risque de désavantager des gens. la tempérance pour consommer moins et préserver nos ressources non renouvelables. la chasteté pour ne pas coucher avec n’importe qui dont on n’a rien à fiche et rompre ensuite légèrement, parfois avec des enfants au milieu, alors que l’autre personne va peut-être en être marquée pour toute sa vie et finir en dépression. la persévérance pour faire des études efficacement, et apprendre un métier qui servira à tout le monde, et non pas un métier où on apportera le moins possible en se faisant payer le plus possible (pensez à la pub, par exemple!), etc etc…
    il faut toutes ces valeurs qu’on cultive depuis toujours dans chaque peuple, sans les réduire à des trucs moralisateurs comme ça a pu se voir dans certains milieux, mais en se souvenant que si ça s’appelle des « valeurs », c’est peut-être pas pour rien.

  • @ lambertine : bon, il semble que je doive modérer mes propos. Ma tendre épouse, celle-là même que je cite dans mon billet, l’a lu et lu les commentaires et trouve que je vous suis « rentré dedans ». Malheureusement, quand je dis que j’étais « mi-amusé, mi-agacé », c’est bien ce que je veux dire, mais apparemment pas ce qui transparaît. Seul l’agacement est visible, semble-t-il.

    C’est que je commence à en avoir l’habitude et, en même temps, un peu assez des commentaires qui ne manquent jamais de venir doucher l’enthousiasme, les initiatives etc. Reprenez mon billet sur le Oui. Vous écrivez « dîtes oui » et on vous répond, du tac au tac, « mais il faut aussi savoir dire non » et « c’est pas aussi simple que ça ». Je ne veux pas, bien évidemment, brider la discussion, mais je ne suis pas idiot, je sais que le monde n’est pas binaire, qu’il ne faut pas dire « oui » tout le temps et que tout n’incite pas à l’optimisme. D’une part, c’est un billet, qui choisit une thèse, d’autre part… c’est une disposition d’esprit préférentielle.

    Alors voilà, j’écris mon billet, je m’amuse dans les premier et quatrième paragraphes à évoquer le fait que l’optimisme est facilement taxé d’aveuglement, et, paf, le premier com’ dit très exactement cela…

    Bref, je vous présente mes excuses pour ma virulence. Mais je maintiens que l’optimisme ne signifie pas ne pas voir les défis et les difficultés – comme en témoignent les livres de Lorenzi et de Fromantin, ainsi que la charte du site Tous Optimistes – mais souligne la confiance, pas assez répandue, dans notre capacité collective et individuelle à nous en sortir.

    @ Pneumatis : mais j’ai dans l’idée que mes lecteurs ont une petite idée, depuis le temps, de là où je puise mes intentions profondes, sans qu’il soit nécessaire que je le martèle à chaque billet.

    Il me semble d’ailleurs qu’il existe aussi des personnes pleines d’entrain, qui ne sont pourtant pas croyantes.

    @ pikipoki : chic. Comme ça on sera, en plus, davantage d’optimistes en fin de parcours 😉

    @ do : j’ai un peu tendance à vous suivre là-dessus. Des familles ouvrières (sans parler des familles paysannes) dans lesquelles une seule personne travaillait, et qui vivaient bien, je ne suis pas certain que cela ait été très répandu.

    Physdémon a écrit : :

    Mais il ne faut pas perdre de vue que l’espérance chrétienne consiste à espérer quand on a la conviction que tout va mal et ne peut qu’aller plus mal.

    J’aurais du mal à vous suivre là-dessus. Ou alors il faut que j’aille reprendre mon catéchisme, et peut-être aussi tout ce que je sais sur la foi qui est la mienne. A l’opposé des thèses que vous évoquez, il y a aussi des théologiens et non des moindres qui soulignent la responsabilité de l’Homme (ou sa contribution) dans l’établissement du « règne de Dieu ». Et puis, l’idée que l’Eglise devrait pratiquement disparaître est peut-être compatible avec certaines prophéties que j’avoue mal connaître, mais elle me paraît aussi peu cohérente avec l’envoi par le Christ : « allez, de toutes les nations faites des disciples« . C’est vraiment inciter à se donner du mal pour pas grand-chose.

  • Merci pour la citation de Jack Layton, homme politique exemplaire qui je sera sans doute une source d’inspiration au Canada et ailleurs pour les prochaines générations désireuses de s’engager.

    Pour moi optimisme et pessimisme ne sont pas des antagonismes. Le second est un humeur quand le premier est un état d’esprit, une volonté. On peut être les deux à la fois, et ni l’un ni l’autre n’empêche d’être en même temps réaliste.

    « Le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer, le réaliste ajuste ses voiles. » W.A. Ward

  • Koz a écrit : :

    « allez, de toutes les nations faites des disciples«

    Peut se comprendre, a été compris par certains, comme voulant dire

    • au sein de toutes les nations, faites des disciples, i.e., le message est universel, il ne s’adresse pas qu’aux juifs,

    • et non « faites des disciples de tous les membres des nations ».

    Que tout homme soit de façon ultime appelé au salut n’implique pas que tout homme soit appelé à devenir ici-bas disciple du Christ.

  • « Et nous changerons le monde ».

    Pourquoi le changer, si tout va bien ? 😉

    « alors vous êtes dans un des pays les plus riches du monde, les mieux pourvus, avec une Histoire riche, une culture enviée, une qualité de vie admirée. » La richesse fait-elle le bonheur ? Notre Histoire n’est plus enseignée que par petits bouts ridicules et misérables (le Fig Mag de ce WE). Nos enfants apprennent le français en lisant Grand Corps Malade, et Hugo n’est plus le nom d’un grand auteur, mais seulement un des prénoms les plus donnés aux nouveaux-nés. Et notre qualité de vie se pète la gueule à chaque instant.

    Alors l’optimisme… je lui préfère l’Espérance.

  • Si,l’on pouvait inverser le courant grâce à tous ces billets sur l’optimisme ,on déplacerait des montagnes .
    A force de pilonner à 20h toutes les catastrophes que l’on va chercher à l’étranger s’il n’y en a pas ce jour en France ,à force de s’autodénigrer car on pense que cela fait plus intelligent que l’inverse ,on finit avec une nation de pleureurs , avec une jeunesse qui veut à 75% être fonctionnaire , quelle pitié.Je pense pour ma part que même si c’est dans les gènes des français de  » pleurnicher la bouche pleine  » ,ils sont quotidiennement entretenu dans ce travers par des médias qui ont pour objectif premier de vendre du papier ou de l’audimat .Retrouver de la combativité c’est possible ,distiller de l' »antigène  » ,c’est possible et ce billet fait du bien ,il y contribue .Courage , on les aura tous ces pisse-froid

  • « Mais, d’ici là, si on peut tout de même proposer au monde une version allégée de l’espérance, je ne crois pas que ce soit du temps perdu. »

    Ça m’apprendra à lire les commentaires AVANT de commenter…

  • J’aurais dû écrire plus haut :

    « Mais il ne faut pas perdre de vue que l’espérance chrétienne consiste à CONTINUER D’espérer MÊME DANS LE CAS Où on a la conviction que tout, EN CE BAS MONDE, va mal et ne peut qu’aller plus mal ».

    Cela aurait évité des malentendus.

    Sur l’espérance, je vous conseille cette perle dans Hérétiques de Chesterton :

    « La différence réelle entre le paganisme et le christianisme se résume parfaitement dans la différence entre les vertus païennes ou naturelles et les trois vertus chrétiennes que l’Église de Rome appelle les vertus théologales. Les vertus païennes ou rationnelles sont des choses telles que la tempérance ou la justice, et le christianisme les a adoptées. Le trois vertus mystiques que le christianisme n’a pas adoptées mais qu’il a inventées sont la foi, l’espérance et la charité. Toute une rhétorique chrétienne facile et creuse pourrait être aisément répandue sur ces trois mots, mais je veux me borner à constater deux faits évidents à leur propos. Le premier fait évident, en contradiction absolue avec la théorie du païen couronné de fleurs et dansant, dis-je, c’est que les vertus païennes, telles que la justice et la tempérance, sont des vertus tristes, alors que les vertus mystiques, la foi, l’espérance et la charité sont des vertus gaies et exubérantes. Le second fait évident, qui est encore plus évident, c’est que les vertus païennes sont des vertus raisonnables et que les vertus chrétiennes, foi, espérance et charité, sont, en leur essence, aussi déraisonnables que possible.
    Comme le mot déraisonnable prête au malentendu, j’exprimerai plus exactement mon idée en disant que chacune des vertus chrétiennes ou mystiques comporte en soi un paradoxe et qu’il n’en est ainsi d’aucune des vertus typiquement païennes ou rationnelles. La justice consiste à découvrir une certaine chose due à un certain homme et à la lui donner. La tempérance consiste à trouver la limite convenable à un plaisir et à ne pas la dépasser. Mais la charité, c’est pardonner ce qui est impardonnable, sinon ce n’est pas du tout une vertu. L’espérance, c’est espérer quand les choses sont désespérées, sinon ce n’est pas du tout une vertu. Et la foi, c’est croire l’incroyable, sinon ce n’est pas du tout une vertu. »
    CHESTERTON, Hérétiques, chap. 12

  • @ Physdémon : ah, en effet, formulé comme cela, ça lève mes réserves.

    @ Fikmonskov : j’ai voulu évoquer cet article avec ma femme (toujours elle), géographe, et historienne. Et qu’est-ce que j’avais pas dit ! Elle qui n’est pas vraiment une militante FSU trouve que ces articles sur l’Histoire et son enseignement actuel sont démagogiques…

  • On connaît tous autour de nous des personnes dont on dit : « Il (ou elle) a tout pour être heureux et pourtant il (ou elle) déprime » .
    On dit cela parfois avec une légère teinte de mépris, parfois simplement en avouant notre incompréhension devant la complexité de l’âme humaine et parfois on évoque les explications qui nous paraissent les plus plausibles.

    Pas facile en tous cas d’intervenir dans une telle situation, mais qui ne tente rien…

  • Heureux de voir qu’un politicien canadien, un homme au bonheur contagieux, Jack Layton, ait eu un écho jusque dans un billet de Koz ! Dans notre univers politique actuel, tant pour l’ensemble du Canada que celui plus proche du Québec, cet homme a apporter un vent d’air frais. Nous souhaitons tous ici que la brise aura du souffle encore longtemps, bien que le cynisme est là, plus fort que tout. Le cynisme est certainement une arme redoutable aux mains du pessimiste…

  • Pardon, Koz. Vous étiez mi amusé, mi agacé. Moi, j’étais révoltée tout court, parce que j’étais dans le bain tout court. Et je le suis encore plus « maintenant », parce que je viens d’avoir au téléphone ces gens qui n’ont rien, mais alors rien du tout, et ce gosse qui partage avec eux le peu qu’il a, à savoir son toit. Et peut-être devrais-je être optimiste, en effet, pas parce que nos lois sont géniales, et que l’économie va se remettre à flot, et que la sécurité sociale permettra aux vieux de vivre correctement, et que les nouveaux entrepreneurs sont l’espoir de la France, et que les chrétiens partagent l’Espérance avec leurs voisins. Mais parce qu’un enfant de rien réussit à offrir un peu d’amour, et un canapé, à un couple de clochards.

  • Bon, je vais essayer de rester mi-agacé, mais mi-amusé aussi, hein. Personne ne vous demande d’enjoliver les choses, ni de croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je pense que la nuance entre les deux attitudes ne doit pas être si difficile à saisir.

  • Je ne suis pas particulièrement pessimiste, mais je gage qu’on peut aisément me classer parmi la longue liste des ronchons-pichrocholins. Notre niveau de vie aurait augmenté. Fort bien. Mais qu’en fait-on, entassement imbécile de gadgets technologiques mis à part ? Notre espérance de vie aurait grimpé de 40 ans. Super. Et puis quoi ? Devrait-on s’en réjouir pour peu que l’on veuille bien considérer l’imbécillité de la société moderne qui n’en finit pas de s’atomiser, de se séculariser, soumise aux mots d’ordre crétins du style « manger-bouger« , … Pour ce qui me concerne, je n’ai jamais placé l’économique au centre de mes préoccupations. Non pas que je sois cousu d’or, les fins de mois sont justes, mais le déclin de la société traditionnelle, celle de la France moisie diraient certains, me touche bien plus.

    Pour autant j’arrive à me satisfaire de plaisirs simples tels que les instants passés avec mes enfants, ma famille, mes amis, mes collègues de travail, le fait d’avoir sorti quelqu’un de la galère qu’il traverse, un bon bouquin, un vieux film, un paysage,…

  • Je n’enjolive pas les choses, Koz. Je dis juste ce que je vis, en temps réel. Et je dis que des gens comme ce garçon-là sont des graines d’espérance. Que c’est en eux que nous pouvons trouver l’optimisme qui nous permettra d’aller de l’avant.

  • @ Harald : et, justement, dans cet ordre-là, n’y a-t-il pas des raisons de se montrer optimistes ? Après tout, la crise n’est-elle pas aussi la meilleure occasion de mettre en avant un mode de vie plus sobre, moins axé sur l’avoir, dont tout le monde peut percevoir qu’il est de bon sens ? Allez promouvoir ce discours en période d’euphorie économique…

  • C’est marrant, en lisant ça, je m’attendais à ce que tous les commentaires commencent par « Merci et yalla ! »
    Bon, en tous cas moi c’est ce que ça m’inspire : allons-y, changeons le monde et surtout pensons à sourire 🙂
    Merci Koz !

  • Merci Koz.
    Ce billet me convient tout à fait. J’ai écouté les deux auteurs de les trente glorieuses sont devant nous. Re-mar-qua-bles !
    Une seule envie, celle de vous dire, non, on n’a pas envie de commenter car ce billet eh bien oui, j’aurais voulu l’écrire.

  • Koz a écrit : :

    Il est bien possible aussi qu’une certaine forme d’Etat-providence ait eu pour conséquence une forme de déresponsabilisation, qui nous panique d’autant plus qu’on a le sentiment qu’il ne va pas durer longtemps.

    Oui. Plus que « déresponsabilisation », je parlerais de perte de « capacité », pour reprendre ta terminologie.

    Ca me rappelle une anecdote. En 2000, j’ai eu un stagiaire allemand âgé d’une vingtaine d’années à l’époque. Il était originaire d’ex-RDA. On avait un peu parlé et il m’avait dit quelque chose de surprenant. Il avait le sentiment de faire partie d’une génération radicalement différente de celles qui l’avaient précédée. Ils avaient 10 ans quand le mur était tombé et ils étaient la première génération dont l’autonomie s’était construite dans l’après-communisme. Ils étaient… démerdards. Par contraste, les gens de la génération de ses parents, même ceux qui n’avaient que 10 ans de plus avaient vu le monde s’effondrer alors qu’ils étaient déjà adultes. Et la disparition du cocon-carcan qui décidait de tout pour eux les avait plongé dans un cocktail de panique-désarroi. Ils se sentaient extrêmement démunis quand ils devaient prendre des décisions.

    Je force un peu le trait et sans doute lui-même le forçait-il un peu. Mais ça m’a renforcé dans ma conviction que la protection sociale ne devrait pas isoler les plus faibles de la dureté du monde (parce que ça les affaiblit encore plus) mais les aider à devenir plus forts pour l’affronter (ce qui est beaucoup plus difficile).

    Koz a écrit : :

    Après tout, la crise n’est-elle pas aussi la meilleure occasion de mettre en avant un mode de vie plus sobre, moins axé sur l’avoir, dont tout le monde peut percevoir qu’il est de bon sens ? Allez promouvoir ce discours en période d’euphorie économique…

    Et pourquoi pas? C’est pourtant surtout quand on est aisé qu’on peut mesurer que l’argent ne fait pas le bonheur. Il n’y a pas de mauvais moment pour rappeler que le bonheur c’est l’amour, l’amitié, la santé, la beauté, la vérité… Voir grandir ses enfants et se dire qu’ils ont l’air heureux, donner un coup de main à un ami… Entreprendre, voir ses amis entreprendre, pourquoi pas réussir…

  • Koz a écrit : :

    @ Fikmonskov : j’ai voulu évoquer cet article avec ma femme (toujours elle), géographe, et historienne. Et qu’est-ce que j’avais pas dit ! Elle qui n’est pas vraiment une militante FSU trouve que ces articles sur l’Histoire et son enseignement actuel sont démagogiques…

    Vous nous parlez beaucoup de cette femme. Y aurait-il quelque chose entre vous ?

    Pour le reste, ce n’est pas l’endroit d’en discuter, mais si par chance vous ou votre femme avez quelques lectures qui pourraient contredire ces articles du Fig, je suis preneur.

  • @ Koz:
    Bien sûr. Cependant je suis un indécrottable nostalgique. Je regrette la France d’avant 1968. Bien sûr j’étais encore jeune à cette époque mais j’ai engrangé tellement de souvenirs de cette période que je mesure l’étendue de ce que nous avons perdu. Déjà que gamin je ne me sentais pas vraiment à l’aise dans mon époque, je vous laisse imaginer dans quel état d’esprit je me trouve aujourd’hui. D’une manière générale je suis extrêmement circonspect face à ce qu’on nous présente invariablement comme un progrès. Ceci dit, je suis d’accord avec vous, la période d’austérité que nous allons traverser risque de changer la donne. Il y a certes de quoi se montrer optimiste. Néanmoins, est-ce que les changements imposés par les évènements seront durables ? Rien n’est moins sûr.

  • J’entends les appels à avoir une attitude positive (qui résonnent heureusement ici et là,
    dans l’océan de la société démoralisée), comme un rappel personnel à puiser dans mes aptitudes,
    pour garder ou reprendre courage : peut-être qu’un peu de mon surplus, quel qu’il soit,
    débordera sur ceux qui en ont besoin ? peut-être qu’une partie de mon bonheur
    doit être voulue, et que cela commence par mon attitude perso, justement ?

    Car si cet appel est compris comme un slogan pour galvaniser les autres,
    vu les difficultés réelles dans lesquelles sont bloqués ceux dont Lambertine
    parle, je comprends qu’on se fritte sur le sujet 🙂

    J’ai lu des choses intéressantes ici ! la pêche et la frite, c’est nos ressources
    personnelles ; et l’espérance chrétienne, c’est celle qui espère contre toute espérance…
    qui s’appuie donc sur au-delà de nos raisons d’espérer.

  • Il est vrai que le pessimisme fait bien du mal a une economie basee sur l’emprunt. les banques deviennent frileuses, les menages n’empruntent plus, les entreprises n’embauchent plus… bref, moins d’argent en circulation et nous voici dans un cercle vicieux.

    Pourtant, je suis ronchon et je l’assume. J’ecoute mon pere nous raconter comment, dans sa jeunesse, il lui suffisait de frapper a la porte de l’usine d’en face pour changer de travail. Mon frere est au chomage, ma soeur aussi. Moi, j’ai quitte le bateau. Dans notre region, l’economie s’etait fondee sur la construction automobile. Les emplois ont ete remplaces par les machines, puis les machines ont ete installees dans des pays a main d’oeuvre bon marche. L’avenir, pour grand nombre de nos jeunes, c’est des contrats a la petite semaine et de longues periodes avec ou sans assedic. Ils n’ont pas les moyens d’aller ailleurs chercher du travail. Certes, ils ne sont pas dans la rue. Tant que leurs parents sont en vie, ils peuvent louer un appartement: la retraite de leur papa leur servira de caution. Ensuite ?

    Vous pouvez certainement vous permettre le luxe de critiquer les pessimistes. Vous etes a peu pres sur que d’avoir les moyens de votre vie, demain, l’annee prochaine. C’est un peu plus qu’un effort de volonte qu’il faut a ceux qui n’ont pas ces certitudes pour se dire « Tout ira bien ».

  • Bonjour Koz,

    sur les grandes lignes, tu as raison, nous vivons dans un pays riche et en paix. Et même en prenant en compte les probables ajustements des prochaines années (dette, montée en puissance des pays émergents, écologie), le résultat est largement bon.

    Par contre, il ne faut pas transformer ce bon bilan en prétexte pour ne rien faire. Le déclin peut aussi être rapide. Se souvient-on qu’au début du siècle, l’Argentine était un vrai pays riche, plus, en moyenne, que la France ?

    J’aimerais ajouter un autre point, sur lequel les catholiques jouent à mon avis les pessimistes très souvent: les moeurs. Notre société connait certes le divorce, mais c’est mieux que le mari alcoolique qui bat sa femme. On couche avec son(a) petit(e) ami(e) un peu tôt, mais cela vaut sans doute mieux que la prostitution massive. Il y a des avortements, mais au moins se font-ils dans la sécurité, et sans stigmatisation qui enfoncera un peu plus des gens déjà dans la difficulté. On consomme certes un peu de drogues, mais cela vaut mieux que la société massivement alcoolique et tabagique d’il y a 50 ans. Notre société athée se cherche un peu (et gagnerait sans doute à se ré-évangéliser intelligemment), mais cela vaut sans doute mieux que la bigoterie étouffante d’il y a une centaine d’années.

  • Harald a écrit : :

    Je regrette la France d’avant 1968. Bien sûr j’étais encore jeune à cette époque mais j’ai engrangé tellement de souvenirs de cette période que je mesure l’étendue de ce que nous avons perdu.

    Moi c’est pareil, quand j’étais jeune les escaliers étaient moins raides.

  • Koz a écrit : :

    j’ai un peu tendance à vous suivre là-dessus. Des familles ouvrières (sans parler des familles paysannes) dans lesquelles une seule personne travaillait, et qui vivaient bien, je ne suis pas certain que cela ait été très répandu.

    Je ne suis pas sûr que la définition de « vivre bien » maintenant soit également la même qu’il y a cinquante ou cent ans. Pour rappel, le kilo de farine coûte moins d’un euro, les légumes bon marché (choux, carotte) à peine plus, le sucre aussi, et on peut trouver de la viande à 5-6 Euros le kilo (certes des bas morceaux, mais croyez vous que tout le monde mangeait du filet il y a 50 ans), et l’eau du robinet est gratuite (le dimanche on peut prendre du sirop, la bouteille à 3 euros durera bien un mois). On doit pouvoir habiller quelqu’un pour 20 à 30 Euros. Certes le logement coûte cher en ce moment, mais une famille peut vivre à 4 dans 50m2 (beaucoup de mes amis de la classe moyenne au Japon ont connus ces conditions), et on n’est pas obligé d’habiter en centre ville non plus. Tout cela sans mentionner les aides sociales qui ont aussi une valeur marchande, la piscine municipale, la bibliothèque… J’oubliais de dire que l’on peut acheter une voiture qui durera encore quelques dizaines de milliers de kilomètres pour 2000 Euros (en s’en servant avec parcimonie, elle durera 5 ans), meubler une maison chez Ikea pour peut-être 1000 Euro, et s’acheter le minimum du confort moderne (lave linge, radio, télé, ordinateur) pour à peu près la même somme.

  • Petit éloge de la ronchitude : cf Mt 21,28 (pas vraiment en fait, mais bon…)

    @ Joyeux Acier : tous vos chiffres ne veulent rien dire. La « Cité de la Joie » n’a pas été écrit dans un supermarché Carrouf. Et on pourra discuter à l’infini du prix à payer (surtout humain)pour avoir un lave-linge à pas cher.

  • mais en France, pour moi, ce qui ne va pas, c’est que beaucoup de gens ont été éduqués sans aucune contrainte. les enfants, dans les familles peu nombreuses, croient toujours que tout leur est dû, et une fois adultes, les politiciens les draguent pour se faire élire, et il en résulte des choix qui ne font que flatter les égoïsmes individuels à grande échelle, et ça plonge dans la misère des tas de gens. ce n’est pas l’économie qui va mal, c’est le bon sens et la charité. des tas de gens ont des boulots hyper bien payés mais qui ne produisent rien, voire qui ne servent à rien. les gens qui produisent sont de plus en plus rares et mal payés. Mais qui a envie de se retrousser les manches pour produire de la richesse? personne! du coup on achète tout chez des pays comme la Chine qui produit dans des conditions qui frisent l’esclavage, des conditions de vie que jamais on n’accepterait pour nous. et les devises sortent.

    Et c’est moi qui suis taxée de pessimiste ? Je ne crois peut-être pas beaucoup dans l’économie, ni dans la « société actuelle », mais au moins, je crois en les gens.
    Il y en a peut-être quelques uns qui ont été éduqués « sans aucune contrainte », qui croient que « tout leur est dû », mais ils ne sont pas si nombreux, et ils comprennent très vite que, s’ils veulent ne serait-ce que survivre, ils auront à se battre. Le bon sens et la charité manquent ? Oui. mais pas toujours là où l’on croit qu’ils manquent. Ils peuvent se trouver aussi bien chez des aristos libéraux pétés de thunes que chez des délinquants des cités. Qui a envie de se retrousser les manches pour, non pas produire de la richesse, mais produire de l’utile, voire de l’indispensable ? Mais des tas de gens. Encore faudrait-il qu’ils en aient la possibilité. Non, la majorité des gamins n’ont pas envie de glander au chômdu, et si beaucoup rêvent d’être fonctionnaire, c’est parce qu’ils vient les ravages de ce même ch^mage dans leur entourage. S’il y avait moyen de bosser ici pour produire la même chose qu’en Chine (mais dans des conditions qui ne soient pas dignes de l’esclavage, juste humainement dignes), vous croyez que les usines (l’usine textile qui se trouve à cent mètres de l’appartement dont je parlais plus haut, ou la papeterie dont j’ai commercialisé les produits à travers le monde il n’y a pas si longtemps) désaffectées ne trouveraient pas de personnel ? Des gens prêts à se battre, il y en a, et pas qu’un peu. Mais ils rament contre le monde et les conditions économiques. Et, malheureusement, là, il y a des raisons d’être pessimistes.

    (Au sujet des aides sociales belges : elles sont plutôt généreuses… à condition de ne pas passer à travers les mailles du filet)

  • PS : Joyeux Acier, vous me faites rires avec vos chiffres, et particulièrement avec vos « 4 dans 50 M2 ». Vous savez ce que c’est de vivre à 5 dans 15 M2 ? Et pas au centre de Paris, mais dans la banlieue d’une ville de province ?

  • Courtlaïus a écrit : :

    Et on pourra discuter à l’infini du prix à payer (surtout humain)pour avoir un lave-linge à pas cher.

    Peut-être pour le lave linge, mais en l’occcurence, la farine, le chou et la viande à pot-au-feu, elle n’est pas fabriquée en Chine. Et avec un peu de mécanisation, on peut même le fabriquer en grande partie chez nous, le lave-linge pas cher.

  • Samedi dernier, Mariage du fils d’un vrai bon copain (un ami de trente ans, comme on dit!)
    Sympa, bon chic-bon genre, plutôt « high-brow » comme diraient les Britishes…
    Repas…Nourritures raffinées, Chambertin 86 et Latricières 87… Rien à jeter!
    A ma droite, Annie: infirmière anesthésiste, en face Annete, épouse d’origine hollandaise (mais naturalisée Fr because la hollande n’admet pas la double nationalité…) d’un Dentiste local…
    Nos propos dérivent tout naturellement sur les systèmes de santé, hors hexagone vu qu’annie suit depuis 20 ans son bâtisseur de mari aux quatre coins du monde… USA en particulier où elle a voulu exercer son métier!
    Et là! Horreur, malheur et stupéfaction, découverte d’un système de santé basé sur le tout-pognon (comme le reste de la société US d’ailleurs..).
    Description d’un système hallucinant, très coûteux et apparemment nettement moins efficace, où l’on vous demande en premier lieu, ni votre identité, encore moins de quoi vous souffrez, mais votre NUMERO DE CARTE DE CREDIT!! Sésame obligatoire avant tout examen, même superficiel ( j’vous raconte pas les examens complémentaires!…)
    Bref, pour quelqu’un comme moi qui a récemment testé les services d’urgences, cause coliques néphrétiques, le contrastre est sidérant…
    Alors, oui, soyons heureux de vivre dans un pays qui prend encore soin de ses citoyens!…
    Mais on ne m’empêchera pas de virer pessimiste quand on constate à quelle vitesse le service peut se dégrader, surtout si la doxa néolibérale vient y mettre du sien!

  • Courtlaïus a écrit : :

    La « Cité de la Joie » n’a pas été écrit dans un supermarché Carrouf. Et on pourra discuter à l’infini du prix à payer (surtout humain)pour avoir un lave-linge à pas cher.

    Vous croyez vraiment que les Indiens ou les Chinois vivent moins bien aujourd’hui qu’il y a 50 ans?

    lambertine a écrit : :

    S’il y avait moyen de bosser ici pour produire la même chose qu’en Chine (mais dans des conditions qui ne soient pas dignes de l’esclavage, juste humainement dignes), vous croyez que les usines (l’usine textile qui se trouve à cent mètres de l’appartement dont je parlais plus haut, ou la papeterie dont j’ai commercialisé les produits à travers le monde il n’y a pas si longtemps) désaffectées ne trouveraient pas de personnel ?

    Le problème, c’est que les conditions de travail standard d’il y a 40 ou 50 ans sont aujourd’hui considérées comme dignes de l’esclavage. Pour protéger les gens des conditions horribles qu’ont vécu leurs parents et grand-parents, on a choisi de les foutre au chômage, ce qui doit être plus digne.

  • Hum… Lib, pourriez-vous me dire quelles sont les « avancées sociales » qui ont été mises en place depuis 40 ans (en gros, depuis le premier choc pétrolier) et qui ont conduit à la fuite des industries dans des pays moins rigoureux ?

  • Des nombreuses citations sur l’optimisme, je retiens celle de Bernanos, écrivain chrétien:
    « L’optimisme m’est toujours apparu comme l’alibi sournois des égoïstes soucieux de dissimuler leur chronique satisfaction d’eux-mêmes. Ils sont optimistes pour se dispenser d’avoir pitié des hommes, de leur malheur. »

    et celle ci dont l’auteur ne me dit rien: « L’optimiste croit que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, le pessimiste craint que ce ne soit vrai ».

    les français sont pessimistes, la société de défiance, cela est vrai, mais en même temps ils ont une natalité assez forte, qui prouve une certaine confiance dans l’avenir, ils sont souvent taxés de trop de fierté,etc… il est vrai que les politiques ne leur présentent pas une vision, une ambition, insistent plus sur ce qui divise, clive, plus que sur ce qui fédère, les médiatiques aiment les divergences et la résonance des plaintes…

  • « Le problème, c’est que les conditions de travail standard d’il y a 40 ou 50 ans sont aujourd’hui considérées comme dignes de l’esclavage ».

    cela me parait être un progrès de prévenir les accidents de travail, d’éviter les jugements « à la gueule », d’en terminer avec le travail  » à la pièce », de limiter les licenciements à la suppression du poste tenu, et à l’impossibilité d’en fournir un équivalent, ou à l’incapacité à le tenir…

    « Pour protéger les gens des conditions horribles qu’ont vécu leurs parents et grand-parents, on a choisi de les foutre au chômage, ce qui doit être plus digne ».

    Qui est on ? « on » est un con, pour sûr, mais ce « choix », s’il a existé, n’a jamais été explicité…

  • Merci Koz pour ton papier, c’est toujours sympa de lire un peu d’optimisme au réveil.
    @ Lamartine: Je ne m’aventurerai pas à discuter des origines et des causes du pessimisme français, mais je constate qu’il est des pays dans lesquelles les conditions de vie sont bien plus dures, et dans lesquels pourtant les hommes savent se réjouir de ce qu’ils ont tout en ayant conscience de la cruauté de la vie. Ainsi, la vie au Brésil est beaucoup plus joyeuse en dépit de la violence économique et sociale, de l’absence totale d’aides sociales, du racisme, et j’en passe… Ce constat pour dire que c’est justement parce que nous sommes des privilégiés, même lorsque nous vivons dans des conditions très difficiles. Alors un minimum de pudeur impose de ne pas se plaindre en permanence et de se contenter d’un pessimisme facile. C’est,il me semble le premier pas nécessaire pour agir et aider ceux qui souffrent ici ou ailleurs.
    Sur ce, bonne journée à tous!

  • « Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou. » Albert Camus

  • Ce qui influe sur le moral collectif je crois, ce sont les représentations que l’on se fait de l’avenir, pour nous et pour nos enfants. Le monde, dont fait partie la France, sera-t-il meilleur ou moins bon, dans tout les domaines, économique, sociétal…?

    Par exemple, sera t il plus juste ? Y aura t il moins de conflits…

  • Merci Koz, j’adhère au message

    Mais comme on peut être optimiste (sur l’homme et le sens de la vie) et ronchon à la fois, je voudrais rouspéter contre un vrai thermomètre à pessimisme constant (voire augmentant), une purge que l’on nous sert à intervalles réguliers et qui sert à fabriquer du malaise social: j’ai nommé le fameux seuil de pauvreté.

    Encore ce matin on nous martelait sur les ondes avec effroi que le nombre de personnes vivant en France sous le seuil de pauvreté avait augmenté à 8,2 millions.

    Est-ce donc que tout va plus mal ? Et bien pas nécessairement. Je me permets de copier ici un extrait de Wikipedia sur la définition du seuil de pauvreté en tant que valeur relative:

    « Cette méthode de calcul tient compte du niveau de vie d’un pays. Le plus souvent on utilise une fraction du revenu médian : 50 % pour la France, 60 % pour l’Union européenne (Eurostat).

    Si le revenu de tous les habitants augmente de 20 %, le seuil augmente lui aussi de 20 %, et le taux de pauvreté reste identique, et même dans certains cas une augmentation de certains revenus augmente le nombre de pauvres, en faisant monter le revenu médian qui sert de référence (et ça n’est pas une situation seulement théorique, selon l’IFRAP La forte hausse du SMIC a provoqué une augmentation du nombre de pauvres en France).

    Cette mesure apporte un éclairage objectif sur la pauvreté ressentie par une partie de la population. Mais elle est davantage une mesure d’une certaine inégalité de répartition des revenus : si le taux de pauvreté est élevé, cela signifie qu’il y a quelques personnes très riches et un grand nombre de personnes pauvres. » (ou encore me semble-t-il on peut trouver un taux et un seuil de pauvreté élevés avec un grand nombre de personnes moyennement riches)

    Je ne crois pas du tout que supprimer ce pseudo-indice serait un cache-misère. Je crois que ce serait une oeuvre de salubrité intellectuelle.

  • Hum ! Certains commentaires sont durs à lire sur un billet aussi positif !
    Je ne crois pas qu’optimisme et réalisme soient incompatibles. Ma définition de l’optimisme n’est pas la perception benoîte et passive du bien couplée à la cécité du mal qu’il y a autour, ce serait plutôt une force qu’on se donne pour mettre en valeur le bien quelque soit l’étendue du mal, quitte à imaginer les moyens d’évolution positive possible, et à les mettre en oeuvre soi-même. Ce qui implique que plus le mal est présent, plus l’optimisme est nécessaire, en tant que carburant. Personne ne dit que c’est facile ! Mais je pense, comme Koz et quelques autres ici, que c’est bien plus efficace qu’avancer tête baissée en maugréant sur les malheurs du monde, ou juste les siens propre.

    Je vais peut-être me décrédibiliser un peu face au pragmatisme de certains, mais personnellement j’ai une vision du monde qui se rapproche de la philosophie chinoise du feng shui (et je ne parle pas de positionner des meubles dans les pièces d’une maison) : tout peut être interprêté en énergies. Mais ce n’est pas une logique binaire : les mêmes causes peuvent avoir des conséquences positives ou négatives selon le contexte (temporel, spatial, émotionel, ou que sais-je encore étant donnée l’infinité de combinaisons possibles) ; et le but n’est pas d’imposer le bien à tout prix, mais de rechercher un équilibre. S’il y a malaise, c’est qu’il y a déséquilibre, et toute la problématique consiste à identifier la véritable source du déséquilibre pour compenser avec les énergies appropriées.
    Dans cet ordre d’idée, je pense que l’optimisme (tel que je l’ai défini plus haut) est une forme d’énegie très positive qui si elle est bien utilisée ne peut qu’aider à compenser la plupart des déséquilibres.
    Mais ça n’engage que moi. 🙂

  • D’autres l’ont déjà fait, mais je voulais te remercier, Koz, d’avoir cité la conclusion du magnifique testament politique de Jack Layton. Voilà un politicien qui redonne espoir en la politique, en tant que service de ses concitoyens.

    Autrement, impression mitigée sur ce billet. Évidemment, je suis, d’instinct, tout à fait d’accord, d’autant plus que je vis dans un pays (celui de M.Layton justement) où on ronchonne considérablement moins qu’en France, alors que pourtant tout n’y va pas si bien pour tout le monde. Cela dit, les objections (notamment celles de Lambertine) sont valables: ceux qui sont dans la vraie misère ne sont pas spécialement rassurés de s’entendre dire que c’était encore pire il y a 30 ans ou 50 ans.

    En particulier, la notion de hausse de 50% de notre niveau de vie (le PIB par habitant) est sujette à caution. D’abord parce qu’il n’y a pas que l’économie dans la vie (oui je sais, tout le monde sait ça, surtout les lecteurs de Koz). Mais aussi parce que la répartition de cette hausse est, depuis quelques années au moins, proportionnellement beaucoup plus favorable aux plus riches. Ça y est, Lib va me tomber dessus… je ne veux pas dire par là que les riches sont à blâmer, mais que les moins riches ne voient pas forcément leur niveau de vie monter tant que ça.

    Cela dit, il y a quand même eu progrès social.

    lambertine a écrit : :

    Hum… Lib, pourriez-vous me dire quelles sont les « avancées sociales » qui ont été mises en place depuis 40 ans (en gros, depuis le premier choc pétrolier) et qui ont conduit à la fuite des industries dans des pays moins rigoureux ?

    On peut citer le RMI (maintenant RSA) et la CMU, pour rester basique. Je suis certain, aussi, que les victimes d’accidents de la vie sont bien mieux traitées qu’elles ne l’étaient il y a 30 ans. Et, sauf erreur de ma part, la proportion de pauvres a tout de même baissé (mais je manque de temps, il faudra que je vous cherche les sources une autre fois).

    Par contre, je doute fortement que ces progrès soient à l’origine du départ d’une bonne part de nos industries manufacturières vers les pays émergents. Le phénomène est beaucoup plus lié au progrès technique en général, et en particulier à l’amélioration des communications et des transports, au sens large (lisez Thomas Friedman, il n’a sûrement pas raison sur tout mais il est passionnant). Pour finir, je souligne que les « conditions dignes de l’esclavage » dans les usines chinoises se traduisent par la sortie de la famine pure et dure, pour des centaines de millions de personnes. Voilà des gens qui ne regrettent certainement pas les années 70.

  • L’optimiste croit que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, le pessimiste craint que ce ne soit vrai Elle me plaît bien, cette phrase.

    Dolorès, je l’attendais, celle-là : « ils crèvent de faim mais ils ont le sourire »… Comme quoi je ne suis pas la seule à être « prévisible ». Eh bien, beaucoup de très très pauvres, ici, sourient, rient, font la fête avec le peu qu’ils ont, quand ils le peuvent. Ca ne les empêche pas de crever. Ni de pleurer. Et au Brésil non plus. Quant à « nous sommes des privilégiés »… vous, peut-être, mais pas tout le monde. Des gens qui se demandent comment ils vont manger aujourd’hui, et où ils vont dormir, il y en a.

    Gwynfrid, vous avez sans doute raison au sujet des Chinois : il y en a moins qui meurent de faim aujourd’hui que dans les années 70, et l’esclavage est sans doute préférable à la mort. Le problème, c’est quand l’esclavage devient la référence socio-écnomique au niveau mondial.
    Quant à ma question, vous n’y avez pas répondu : quelles sont les avancées sociales, permettant aux salariés de ne pas être considérés comme des esclaves, mises en place depuis 40 ans, et qui font perdre tant de sous aux « patrons » qu’ils sont obligés de délocaliser pour subsister ?

  • lambertine a écrit : :

    quelles sont les avancées sociales, permettant aux salariés de ne pas être considérés comme des esclaves, mises en place depuis 40 ans, et qui font perdre tant de sous aux « patrons » qu’ils sont obligés de délocaliser pour subsister ?

    Le problème est mal posé. La migration de « vieux » emplois vers les pays en voie de développement n’est pas spécifique à la France. Ce qui compte pour maintenir l’emploi, c’est la capacité d’un pays à créer des emplois « nouveaux », financés par une demande solvable et compétitifs sur le plan international, brefs pas des postes de fonctionnaires. Cela suppose un environnement qui supporte les donneurs d’emploi.

    Il arrive au système étatique français de supporter ses « champions », globalement des entreprises dont la contribution nette à l’emploi en France est au mieux faible. Pour le reste, et nonobstant ce qu’il a pu dire quelques fois, il a presque toujours arbitré en faveur des consommateurs contre les producteurs, de la fonction publique (notamment territoriale) contre l’emploi privé.

    Le tout couronné par la chambre sociale de la Cour de Cassation qui a décidé une fois pour toute que tout employeur privé était un criminel en puissance.

    Pour voir les résultats, intéressez-vous à l’évolution comparée des exportations de l’Allemagne et de celles de la France. L’environnement mondial est le même pour les deux, nous partageons la même monnaie, la même banque centrale…

  • lambertine a écrit : :

    Hum… Lib, pourriez-vous me dire quelles sont les « avancées sociales » qui ont été mises en place depuis 40 ans (en gros, depuis le premier choc pétrolier) et qui ont conduit à la fuite des industries dans des pays moins rigoureux ?

    D’abord, je récuse le terme « avancée sociale » pour décrire quelque chose qui (i) se résume à ajouter une contrainte sur les employeurs et (ii) a pour conséquence le chômage de masse.

    Mais pour répondre plus directement à votre question, depuis une quarantaine d’année :

    • passage de 3 semaines de congés payés à 4 semaines en 68 et 5 semaines en 82;
    • passage de 40h par semaine à 39 en 82 et 35 en 2000;
    • forte croissance du SMIC au-delà de l’augmentation du coût de la vie;
    • augmentation météorique des charges sociales pour faire de la France le champion du monde toutes catégories de la taxation du travail;
    • restrictions croissantes au droit de licencier, ça a commencé par l’inversion de la charge de la preuve pour les licenciements abusifs en 73 (la présomption d’innocence, ça ne s’applique pas aux gens qui créent des emplois, il ne s’agirait pas qu’ils recommencent…), culminé avec l’autorisation administrative de licenciement pour s’engluer dans un maquis inextricable de procédures complexes sans la moindre sécurité;

    Franchement, si quelqu’un avait cherché consciemment tous les moyens de réduire l’offre d’emploi dans notre pays, il ne s’y serait pas mieux pris.

    Le résultat, prévisible, est que les PME qui sont les principales victimes de ces « avancées sociales » et qui créent tous nos emplois (les grands groupes se développant surtout à l’international) sont largement moins profitables que leurs voisines européennes (je ne parle pas des Chinois, je parle des Néerlandais, Allemands, Danois, Anglais…) et donc moins bien financées et au final créent moins d’emploi.

    Tant pis pour les chômeurs. On leur dira que c’est de la faute des « spéculateurs » et on prétendra les aider en collant un nouveau coup sur la nuque de ceux, de moins en moins nombreux, qui continuent envers et contre tout à leur offrir des emplois.

    francis a écrit : :

    cela me parait être un progrès de prévenir les accidents de travail, d’éviter les jugements « à la gueule », d’en terminer avec le travail » à la pièce », de limiter les licenciements à la suppression du poste tenu, et à l’impossibilité d’en fournir un équivalent, ou à l’incapacité à le tenir…

    Bien d’accord avec vous pour les accidents du travail. Pas sur le reste. Les jugements « à la gueule » par exemple sont un fonctionnement humain naturel et sain. On choisit les gens en qui on a confiance ou qu’on apprécie sur la base de critères parfaitement subjectifs et c’est très bien ainsi. C’est ainsi que j’ai choisi ma femme, mes amis, mes associés… Si on interdit à l’employeur d’user de son humanité dans son interaction avec ses salariés, il ne faut pas se plaindre de voir les relations sociales se déshumaniser.

    Mais, de même que pour le choix inconscient du chômage de masse, personne n’a jamais explicitement proposé de déshumaniser les rapports sociaux. On s’est contenté de présenter comme une « avancée sociale » le fait d’interdire aux employeurs le jugement « à la gueule ».

    Gwynfrid a écrit : :

    Mais aussi parce que la répartition de cette hausse est, depuis quelques années au moins, proportionnellement beaucoup plus favorable aux plus riches. Ça y est, Lib va me tomber dessus…

    Pourquoi veux-tu que je te tombe dessus quand ce que tu dis est vrai? Deux bémols néanmoins 🙂

    1. Ce n’est pas si vrai que ça. Surtout quand on tient compte de la porosité entre les classes sociales. Les riches sont plus riches qu’il y a 20 ou 40 ans mais ce ne sont pas les mêmes personnes, en assez grande partie.

    2. Cette augmentation des inégalités s’est réalisée dans un contexte de forte augmentation de l’implication de l’Etat dans l’économie et la redistribution (part de l’Etat croissante, fiscalité de plus en plus créative, subventions débridées, droit social rigide…) Là c’est toi qui va me tomber dessus, mais on est obligé d’envisager sérieusement l’hypothèse que l’Etat, loin de gommer les inégalités, aurait plutôt tendance à les amplifier.

  • Oui, et ? En clair ? Pourquoi la migration de « vieux » emplois ? Quels sont ces empois « nouveaux » (et productifs. Pas « tertiaires ») ? Oui, bon, je sais « ça coûte moins cher là bas ». Mais à quel prix ?

  • lambertine a écrit : :

    Le problème, c’est quand l’esclavage devient la référence socio-écnomique au niveau mondial. Quant à ma question, vous n’y avez pas répondu : quelles sont les avancées sociales, permettant aux salariés de ne pas être considérés comme des esclaves, mises en place depuis 40 ans, et qui font perdre tant de sous aux « patrons » qu’ils sont obligés de délocaliser pour subsister ?

    Ma réponse était sans doute trop indirecte. Plus clairement, mon avis est: il n’y a dans l’histoire de nos pays aucune avancée sociale répondant à votre définition. Les « patrons » qui prennent prétexte des coûts salariaux et sociaux pour délocaliser ne donnent qu’une présentation partielle, voire faussée, du problème. Ce faisant, ils contribuent au pessimisme ambiant, au moins autant par leur discours que par la délocalisation proprement dite.

    Par ailleurs, je suis en complet désaccord avec votre prémisse: non, l’esclavage n’est pas devenu la référence socio-économique au niveau mondial. C’est exactement le contraire: le niveau de vie de la classe moyenne occidentale est devenu la référence. Le reste du monde a longtemps dû se contenter de la regarder avec envie. Désormais, une partie de ces pays peuvent aspirer, de façon réaliste, à rejoindre cette référence. Voilà la révolution à laquelle nous faisons face. Elle ne comporte pas que des bons côtés, loin de là: on pourrait parler de consumérisme, de gaspillage, de pollution et d’épuisement de ressources non renouvelables. Mais même cela ne justifie pas la nostalgie des conditions de vie sur la planète en 1981.

    @ Lib: contrairement à ce que ce que pourrait faire croire ma réponse à Lambertine ci-dessus, je ne contredis pas ton diagnostic des causes du chômage. Je pense simplement que ce n’est qu’une explication partielle.

    Par contre:

    Lib a écrit : :

    Ce n’est pas si vrai que ça. Surtout quand on tient compte de la porosité entre les classes sociales. Les riches sont plus riches qu’il y a 20 ou 40 ans mais ce ne sont pas les mêmes personnes, en assez grande partie.

    Certes, mais ce constat n’arrange en rien la position des moins riches, ni ne change quoi que ce soit au devoir des plus riches de contribuer à un meilleur équilibre, par des moyens dont on peut bien sûr débattre.

    Lib a écrit : :

    Cette augmentation des inégalités s’est réalisée dans un contexte de forte augmentation de l’implication de l’Etat dans l’économie et la redistribution (part de l’Etat croissante, fiscalité de plus en plus créative, subventions débridées, droit social rigide…) Là c’est toi qui va me tomber dessus, mais on est obligé d’envisager sérieusement l’hypothèse que l’Etat, loin de gommer les inégalités, aurait plutôt tendance à les amplifier.

    Total désaccord sur ce point. En effet, les inégalités sont en hausse également dans les pays où l’implication de l’État est en recul depuis trente ans. Tout au plus pourrait-on dire que l’État, en France, est peu efficace dans la lutte contre les inégalités… comme en bien d’autres domaines.

  • Lib a écrit : :

    Vous croyez vraiment que les Indiens ou les Chinois vivent moins bien aujourd’hui qu’il y a 50 ans?

    J’en sais foutrement rien. Faudrait demander aux mouflets de là-bas qui passent leurs journées à coudre des ballons de foot ou à cuire des briques. Ou aux ouvriers qui vont être remplacés par des robots pour régler le problème de suicides sur des chaînes de montage. Ce que je crois savoir en revanche c’est que le lave-linge à pas cher s’est fait ici au prix de quelques millions de chômeurs et de violents chocs sociaux- ce depuis maintenant une bonne trentaine d’années non stop ; d’une déliquescence du lien social avec les tensions qui vont avec; d’une promotion d’un individualisme sans frein qui tue sûrement le vivre ensemble ; d’une société shootée au mieux aux divers traitements sociaux, sinon aux prozacs, aux ordonnances médicales ou aux consultations de gourous en tous genres. Bref, le prix que la société paye pour maintenir ce bien-être (qui ne rend pas plus heureux sauf dans « Plus belle la vie ») est simplement exhorbitant et ça se traduit aussi dans les comptes de l’Etat : les déficits servent aussi à ce que l’on dispose à la fois de lave-linges bon marchés, et de prozacs pour ceux qui les achètent (à crédit). Si on donne dans les comptes d’apothicaire, autant y aller à fond.

    Ceci étant dit il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire; un temps pour gémir et un temps pour danser comme dirait l’Ecclesiaste. D’ailleurs je me demande si sur ce coup là je suis pas légèrement à contre-temps : Alleï hein, je m’achèterai bien un petit lave-linge histoire de me remonter le moral ^^

  • Gwynfrid a écrit : :

    En effet, les inégalités sont en hausse également dans les pays où l’implication de l’État est en recul depuis trente ans.

    Ce qu’on oublie toujours de souligner, c’est que si les inégalités ont tendance à se creuser au sein des pays, l’inégalité entre les pays diminue. L’écart entre un riche américain et un pauvre américain augmente, l’écart entre un pauvre chinois et un pauvre américain, ou celui entre un riche américain et un riche chinois diminuent.

    Au total, l’inégalité mesurée à l’échelle mondiale diminue. Cela ne change pas le ressenti en France, mais « la mondialisation creuse les inégalités », ce n’est pas aussi évident que cela en a l’air !

  • Courtlaïus a écrit : :

    Ce que je crois savoir en revanche c’est que le lave-linge à pas cher s’est fait ici au prix de quelques millions de chômeurs et de violents chocs sociaux-

    Brisons les métiers à tisser !

    Plus sérieusement, la relation de cause à effet reste à prouver. Sauf à vivre en autarcie, et quel que soit par ailleurs le choix de société, la dynamique de l’environnement international oblige un pays comme la France à s’adapter en permanence. La Suède, autre modèle social, itou. La France a choisi de faire porter tout le poids de cet ajustement au secteur privé, en protégeant sa fonction publique et les employés des entreprises peu concurrencées, comme les banques et les assurances. Comme en plus elle a dramatiquement rigidifié le marché du travail, le seul levier d’ajustement qui reste, c’est le chômage. C’est un choix politique, qui n’a pas grand chose à voir avec le prix des lave-linges, et beaucoup avec le poids politique exorbitant de la fonction publique.

    Fillon la rigueur, c’est 100 % d’impôts en plus, aucune réduction du train de vie de l’État. C’est caricatural !

  • C’est tout de même dommage, dès que quelqu’un exprime un souhait d’optimisme, on s’acharne à lui donner toutes les raisons du monde de ne pas l’être.
    Eh con, la bouteille, elle est à moitié vide ou à moitié pleine ?

  • Quelques remarques en vrac :

    Dans la série des citations, en voici une, de Platon : « Mieux vaut Socrate malheureux qu’un pourceau satisfait ».

    Sur le pessimisme supposé des Français par rapport à celui des habitants des autres pays, je pense qu’il existe un biais culturel important qui rend ces sondages peu évidents à interpréter. En caricaturant, par exemple, en France, pessimisme est quasiment synonyme d’intelligence, tandis qu’aux Etats-Unis, le pessimisme caractériserait plutôt les « loosers ». D’où la tendance à se dire plus volontiers « pessimiste » chez nous qu’aux US par exemple. Mais cela mesure-t-il le pessimisme « réel » d’un peuple ? J’en doute. La natalité est généralement aussi considérée comme un indicateur de l’optimisme d’une nation, et sur ce plan-là, les chiffres disent autre chose.

    Entièrement d’accord avec vous, Koz, pour dénoncer l’auto-dénigrement de la France et de ses atouts (largement utilisé, soit dit en passant, par les ultra-libéraux dans leur lobbying forcené pour casser le modèle français, supposé archaïque et peu compétitif), ainsi que ce pessimisme qui vire à la peur sur les questions d’identité.

    Le pessimisme est sans doute nécessaire pour pousser la critique d’un système qui part en vrille, mais l’optimisme est indispensable pour créer le monde d’après (chapitre qui reste à écrire, même si certains lancent quelques pistes…).

  • Lamartine, ce n’est pas « ils crèvent de faim, mais ils ont le sourire, mais plutôt « ils ont du courage ».
    J’ai enseigné pendant un an à Rocinha, une favela de la zone sud de Rio. C’est une favela de « privilégiés » par rapport à celles de la zone nord. Par privilégiés, il faut entendre qu’il y a l’eau courante, l’électricité, mais aussi des commerces et dans les intérieurs des consoles de jeux et des télévisions. Les gens qui y vivent ne meurent pas de faim mais leur situation est précaire. Du jour au lendemain, ils peuvent être à la rue ou voir un proche malade mourir sans pouvoir compter sur personne, et surtout pas l’Etat. Et pourtant, ces gens sont courageux et joyeux.
    Alors quoi, il vous est insupportable d’imaginer que l’on puisse tout de même aimer la vie en dépit d’une montagne de misère?
    Je trouve révoltant d’entendre les gens râler toute la journée en France quand leurs conditions de vie sont bien meilleures qu’ailleurs. Etre optimiste ne signifie pas être aveugle, nous savons bien que la misère existe aussi ici, mais le premier pas pour aider c’est de prendre conscience de sa propre chance.

    @ lambertine:

  • Koz,

    j’ai réfléchi de nouveau à ton post, et j’ai fait un parallèle avec l’attitude au travail. J’ai souvent constaté que l’attitude la plus efficace quand on a une équipe à gérer est un mélange de deux choses:

    • d’abord rappeler que réussir est possible. C’est très important, car j’ai constaté qu’il y a souvent plus de craintifs que de glandeurs. Comme en montagne, chacun s’effraie de voir le sommet si haut et si loin et si raide, donc il faut vraiment rassurer. Dans la société, ce doit être le rôle des politiques. Le « on a tout essayé contre le chômage » de Mitterand était sur ce plan terrible.

    • ensuite bien faire comprendre qu’il y a des erreurs aux graves conséquences qu’il faut aussi éviter. Pour filer la métaphore montagnarde, on peut mourir dans une crevasse de glacier ou à aller se soulager près d’une falaise sans faire attention, et un bon guide gueulera sur ses clients dans ces cas-là. Pour revenir à la société, un homme politique courageux doit aussi avoir ce rôle.

    Tout ceci est une question de dosage, je dirais 60% de « on peut réussir » (et pas « on va réussir »), et 40% de « mais pour cela, il faut éviter les grosses bêtises ».

  • @ Dolores:

    Je ne crois pas que la joie de vivre soit principalement liée au niveau de vie. Je crois qu’elle est liée à la richesse des rapports humains. J’imagine que dans cette favela malgré la misère et peut-être à cause d’elle les gens se soutiennent et sont proches les uns des autres.

  • lambertine a écrit : :

    Oui, et ? En clair ? Pourquoi la migration de « vieux » emplois ? Quels sont ces empois « nouveaux » (et productifs. Pas « tertiaires ») ? Oui, bon, je sais « ça coûte moins cher là bas ». Mais à quel prix ?

    Bonjour Lambertine,

    j’aimerais partager quelques faits:

    • Parmi les emplois industriels productifs en France, il y a l’aviation: ça, c’est du solide, avec de la technologie et du savoir-faire. Regardez la liste des clients de l’A380: une majorité viennent de pays émergents (Inde, Chine, Corée, Thaïlande, Singapour, Dubai…). Le commerce ne marche pas que dans un sens.

    • L’Allemagne connait actuellement presque le plein emploi. Le pays a un excédent commercial avec la Chine. Cela prouve que l’on peut être un pays riche, et gagner dans le commerce avec des pays émergents.

    • certaines entreprises choisissent de réimplanter une production industrielle en Europe, car, avec l’envolée des salaires chinois, les deux mois de bateau et les divers désagréments, il devient plus rentable de produire chez nous. Il est possible que le pire du choc de la mondialisation soit derrière nous;

    • Personne ne force les chinois ou les vietnamiens à aller travailler dans les usines délocalisées. S’ils font ce choix, c’est que même une semaine d’ouvriers de 60 heures dans une ville est pour eux préférable à la vie de paysan pauvre à la campagne.

  • Dolorès,

    C’est lambertine, pas Lamartine. Je n’ai pas, hélas, le talent du poète.
    Je ne nie pas le courage des Brésiliens, mais je crois, non, je suis certaine, qu’il n’y a pas moins de courage dans nos banlieues, ou dans nos villes sinistrées. Et que beaucoup de gens y aiment la vie (qui vous a dit que je ne l’aimais pas ?) malgré la misère. On le leur reproche assez, d’ailleurs, quand ils s’amusent. Est-ce une raison pour ne pas la voir, la misère ? Pour ne pas voir le manque d’espoir (je n’ai pas dit : d’espérance) ? Est-ce une raison pour trouver normale la précarité, que ce soit ici, ou là-bas ? C’est peut-être le cas pour beaucoup, ici, et c’était mon cas, autrefois. Ca ne l’est plus.

    Joyeux Acier,

    Je ne prétends pas qu’il n’y a pas moyen d’avoir des emplois productifs et rentables en France. Juste que pour qu’on puisse les mettre en place, il faudrait accepter que le premier but d’une entreprise ne soit pas le profit maximum et à outrance. Juste un profit normal qui permette aux employés de vivre correctement et aux actionnaires d’avoir un bénéfice raisonnable.
    Et il est vrai que vous trouverez toujours des très pauvres pour travailler dans des conditions indignes parce que « c’est toujours mieux que ce qu’ils avaient dans les champs ». Vous trouverez aussi toujours des gamines pour vendre leur corps pour nourrir leur famille. Et ? L’idéal des travailleurs est peut-être le niveau de vie de la classe moyenne occidentale, il n’empêche que l’idéal, la référence d’un certain « patronnat » (qui n’a de patronnat que le nom), ce sont ces ouvriers taillables et corvéables à merci dans des pays sans lois sociales. Alors, bon, ils bossent, eux, au moins. C’est vrai…

  • lib récuse le terme « avancée sociale » pour décrire quelque chose qui (i) se résume à ajouter une contrainte sur les employeurs et (ii) a pour conséquence le chômage de masse.

    depuis deux siécles et demi, vu des employeurs, il n’y a pas d’avancée sociale, il n’y a que des contraintes impossibles à tenir qui cassent la productivité et créent du chômage. De la suppression de l’esclavage aux congés payés, en passant par la journée de 8 heures, toute « avancée » est vue comme un mortel danger. Heureusement que les gouvernants, certains dirigeants, le peuple, ont compris depuis longtemps que la valeur ajoutée est du pouvoir d’achat, que c’est elle qui fait marcher l’économie…le chômage n’est pas qu’un phénomène compétitif ( même les nations exportatrices le connaissent), c’est aussi une arme de pression sur les salaires, comme très bien écrit par Marx, et une modalité de respiration du système salarié….

  • @ Dolorès et @ Hervé,

    Nous avons effectivement tous parfois constaté dans certains pays pauvres, où le minimum de confort occidental reste un rêve inimaginable, une joie de vivre que nous semblons avoir perdue (même s’il faut se garder des clichés)…

    Je pense que dans nos sociétés modernes et individualistes, fondées sur la performance et la compétition et régies par des codes imposés avec une implacable douceur par la communication et la publicité, ce n’est pas la valeur absolue du niveau de vie qui compte mais la comparaison avec celui des autres. D’où une frustration quasi-généralisée. Le creusement des inégalités entre les plus pauvres et les plus riches au cours des vingt-cinq dernières années et l’étalage quotidien de la richesse et de la célébrité dans les médias ne font qu’accroître cette frustration.

    C’est pourquoi le sentiment de justice, d’efforts et de récompenses partagés, est un préalable à toute réforme d’envergure et à toute dynamique. La réélection de quelqu’un qui n’a manifestement pas compris cela ne serait pas, pour le coup, un signe d’optimisme.

  • Sans entrer dans l’analyse vocabulariste, le pessimisme réel est basé sur le décrochage d’avenir relatif aux autres pays : l’avenir français est celui d’un pays vieillissant (comment payer les retraites dans 15 ans avec la pyramide des âges?), créant comparativement de moins en moins de richesses (taux de croissance bien moindre que ceux des pays émergents) et gérant l’initiative dans une dépendance fortissime vis-à-vis d’un Etat interventionniste et souvent incompétent. A ce titre, et causant ici comme petit connaisseur des pays émergents, on doit être pessimiste : notre avenir est à ce titre moins rose que celui de nos parents. Et la dégradation morale générale (individualisation des repères généraux, égoïsme en matière personnelle) ne fait que renforcer ce pessimisme.

    A l’inverse, l’optimisme dont Koz se veut le défenseur n’est pas un optimisme de long terme, mais celui d’une attitude de foi projective, irrationnelle dans son essence, sans laquelle aucun avenir n’existe. Et tout entrepreneur doit jouer avec sa propre foi, avec ses forces -incontestables en France-, la « chance » des opportunités et des aléas de l’histoire -voir le mur de Berlin ou autres-. C’est cet optimisme qui fait naitre, qui construit, qui développe.

    Et au final, dans une conclusion bien anti-cartésienne, ce n’est pas parce que l’on est pessimiste sur un plan macro-économico-politique -les civilisations sont mortelles- qu’il faille l’être sur un plan personnel !

  • @ Jeff:
    Je trouve très curieux cette façon de voir:

    Ces pays pauvres où vous constatez de la joie de vivre sont des pays beaucoup plus inégalitaires que le nôtre. Voyez le coefficient de Gini qui classe les pays par un indice de disribution des revenus: la France est dans les 20 pays les plus égalitaires (presque tous des démocraties occidentales), la Chine est 89ème, le Brésil 117ème (sur 124 pays. Prenons ces chiffres avec précaution car les séries statistiques sont de date très différentes et anciennes. Source rapport PNUD 2005).

    Il devrait logiquement vous venir à l’esprit que ce n’est pas en visant encore plus de redistribution par l’Etat que l’on créera plus de joie de vivre. Ne sommes nous pas déjà à des niveaux records de prélèvements ? Ce système n’a-t-il pas créé la frustration et le pessimisme ambiant, plus qu’il n’en est le remède ?

    Rawls a théorisé l’idée que la justice est la fonction de la distribution de biens premiers parmi lesquels on trouve liberté, richesse et respect de soi-même. Ce dernier bien, l’estime de soi, beaucoup de choses nous laisse penser qu’elle est moins élevée pour un simple bénéficiaire de RSA que pour un salarié participant à la réussite d’une entreprise. J’irais jusqu’à placer le fonctionnaire entre les deux. Et même à faire le constat que le statut de fonctionnaire, qui existe encore pour certains dans une entreprise comme France Telecom, n’est certes pas la garantie du bonheur et de l’épanouissement.

    Appliquons-nous à l’optimisme:

    • yts, il ne faut pas dire « la France est un pays vieillissant » mais « la France a une plus forte natalité que tous ses voisins ».

    • lambertine, si vous dites « la référence d’un certain « patronnat » (qui n’a de patronnat que le nom), ce sont ces ouvriers taillables et corvéables à merci dans des pays sans lois sociales », ajoutez que bien heureusement la France offre un modèle bien plus protecteur auquel adhère ses patrons (sinon ils ne seraient déjà plus là).

  • Un des hommes les plus optimistes du XXème siècle s’appelait… Jean-Paul II. ça lui a plutôt réussi non?
    Il ne s’est jamais résigné et à continué son combat jusqu’à son dernier souffle. Il a toujours vu le misère dans les pays qu’il a visité. Mais il a aussi vu l’espérance de ces miséreux qui sont souvent bien plus optimiste que nous. Il a vu aussi les améliorations, les bonnes choses qui sont arrivés (comme par exemple la chute du mur de Berlin), et surtout il avait confiance en l’Homme. Un jour un journaliste lui a demandé « Croyez-vous en Dieu? » et il a répondu « Et vous, croyez-vous en l’homme? ». Et cette espérance il la tenait de sa foi, de sa lecture de la Bible.
    Si nous voulons devenir optimiste : lisons la bible. « Et nous changerons le monde ».

  • @ pulp,

    Les inégalités ne sont pas forcément vécues de la même façon dans différents pays, surtout si les niveaux de développement d’une part et la croissance d’autre part ne sont pas comparables, sans parler de la culture du pays. De plus, je suis bien conscient que la France n’est le pays développé le plus inégalitaire. Le phénomène est mondial et, je vous l’accorde, moindre en France que par exemple aux Etats-Unis.

    Par ailleurs, vous vous focalisez sur la redistribution (et, en filigrane, sur l’assistanat) et sur le niveau des prélèvements. Je ne me situais pas sur ce plan. La question de la redistribution ne se pose d’ailleurs que parce que le marché crée des inégalités de revenus surréalistes.

    Enfin, prenez un travailleur pauvre (qui gagne le Smic), en région parisienne, qui fait trois heures de transport par jour pour aller travailler, qui a du mal à se loger et à boucler ses fins de mois, qui ne part jamais en vacances, etc. : vous croyez sincèrement que le fait de « participer à la réussite d’une entreprise » lui apporte de la joie de vivre ?

  • Gwynfrid a écrit : :

    Certes, mais ce constat n’arrange en rien la position des moins riches

    Bien sûr que si. Quand on dit « les X% plus pauvres ont vu leur revenus stagner alors que les X% plus riches ont vu les leurs augmenter de 20% » on ment. Une partie des x% plus pauvres sont passé dans les classes moyennes ou même les riches et une partie des plus riches ont rétrogradé. En seulement 10 ans, plus de 60% de la population du quintile inférieur (les 20% qui gagnent le moins) sort de ce quintile (voir http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/dossiers_web/partage_VA/rapport_partage_VA.pdf , tableau 2.1, page 55). C’est énorme. Et cela contredit une illusion tenace (et fortement génératrice de pessimisme) selon lequel l’ascenseur social ne fonctionne plus du tout.

    Gwynfrid a écrit : :

    ni ne change quoi que ce soit au devoir des plus riches de contribuer à un meilleur équilibre

    C’est quoi un meilleur équilibre? Comment on le définit? Il y a un très bon billet d’Authueil sur notre détestable fascination pour les inégalités. Ca aussi, ça engendre du pessimisme et ça détruit le vivre-ensemble. Qu’est ce que j’en ai à faire que Liliane Bettencourt soit infiniment plus riche que moi? Est-ce qu’elle m’a pris quelque chose? Elle n’a eu que la peine de naître? Peut-être, et alors? Tant mieux pour elle. A quel titre puis-je prétendre bénéficier de ce qui est à elle? Depuis quand l’envie est-elle devenue une vertu?

    Gwynfrid a écrit : :

    En effet, les inégalités sont en hausse également dans les pays où l’implication de l’État est en recul depuis trente ans.

    Tu crois? Pourtant des pays où l’implication de l’Etat est en recul depuis 30 ans, il ne doit pas y en avoir des masses. La Nouvelle-Zélande, le Danemark, la Chine, la Russie et le bloc communiste… Les inégalités y ont-elles augmenté?

    francis a écrit : :

    le chômage n’est pas qu’un phénomène compétitif ( même les nations exportatrices le connaissent), c’est aussi une arme de pression sur les salaires, comme très bien écrit par Marx,

    Je suis d’accord avec vous (et avec Marx, ça n’arrive pas tous les jours), le chômage est l’arme absolue contre les salariés, il réduit à néant leur pouvoir de négociation. Les « avancées sociales » ont engendré le chômage de masse et sont donc selon moi les pires ennemis des salariés.

    Historiquement, l’amélioration du sort des salariés a suivi le développement économique, pas les lois sociales. Ainsi, à l’époque du SMIG indexé sur l’inflation, personne n’était au salaire minimum car les salaires croissaient naturellement au rythme de la productivité, soit plus vite que l’inflation. Depuis qu’on fait croître le SMIC plus vite que la productivité, on a 15% des salariés au SMIC et 5 millions de chômeurs.

    Placer des contraintes sur les employeurs est inutile ou contre-productif. Soit ces contraintes sont en dessous de ce que proposerait spontanément l’employeur et elles ne servent à rien (exemple du SMIG). Soit elles sont supérieures et cela inhibe l’offre d’emploi et génère du chômage en excluant de facto les moins productifs du marché du travail. Les « avancées sociales » ne servent dans les faits qu’à créer une société à deux vitesses en permettant à ceux qui ont un CDI avec un employeur solide financièrement (Etat ou grande entreprise profitable) d’être traité mieux que ce qu’ils auraient obtenu naturellement. En contrepartie, les autres (chômeurs ou employés d’entreprises fragiles) sont dans la précarité absolue.

    Mais il y a lieu d’être optimistes. Des voisins immédiats (Danemark, Pays-Bas, Allemagne…) ont compris que pour résorber le chômage il fallait que le fait d’employer des gens redevienne rentable. Ils ont mis en place des mesures pour cesser de désinciter les employeurs à employer et les résultats se sont fait sentir en moins de 10 ans.

    Bien sûr pour les imiter il faudrait sortir des postures de boucs émissaires adoptées par 99% de notre classe politique (tous nos problèmes sont la faute des riches, des patrons, des Chinois, des immigrés…). Mais les crises sont là pour faire émerger les idées nouvelles.

  • Aristote a écrit : :

    Sauf à vivre en autarcie, et quel que soit par ailleurs le choix de société, la dynamique de l’environnement international oblige un pays comme la France à s’adapter en permanence.

    J’ai bien l’impression que vous dites in fine la même chose que moi par conséquent. Que par millions de chômeurs on entende « variables d’adaption », soit. Si on assume clairement que l’homme n’est pas au centre de la problématique, alors bien des malentendus seront dissipés. Donc ze primordiale question is : qu’est-ce qui favorise le business ? L’optimisme ou le pessimisme ? Probablement qu’une bonne étude de marché apportera la réponse, et conditionnera les « variables d’adaptation » en conséquence. Pour leur bien (il n’y a pas plus humaniste qu’une étude de marché si on écoute leur traduction marketing), il faudra de toute nécessité qu’elles soit ou bien optimistes, ou bien pessimistes.

  • @ Courtlaïus:

    Vous me lisez mal. Je ne considère absolument pas que le chômage, et plus particulièrement le chômage à long terme, soit une variable d’adaptation acceptable.

    Le choix de la France de privilégier la dépense publique et d’asphyxier le tissu économique privé, ce qui conduit à la ruine de l’emploi privé, est un choix politique. Ce n’est pas le mien.

    Je rappelle que la dépense publique française est en pourcentage du PIB de 7 à 8 points supérieure à celle de l’Allemagne, pays effectivement régionalisé et dont l’administration, l’enseignement, le système de santé, la justice, etc., n’ont rien à envier à leurs équivalents français. L’inefficacité du système étatique français est dramatique. Et les agents de la fonction publique n’en sont pas plus heureux, bien au contraire.

  • @ yts:

    « Et au final, dans une conclusion bien anti-cartésienne, ce n’est pas parce que l’on est pessimiste sur un plan macro-économico-politique -les civilisations sont mortelles- qu’il faille l’être sur un plan personnel ! »

    Je partage votre conclusion. La situation « macro-économico-politique » me semble objectivement inquiétante mais la France a connu des situations pires, notamment au XXème après les deux guerres et elle s’en est sortie.

    Alors il faut garder confiance.

  • Jeff a écrit : :

    prenez un travailleur pauvre (qui gagne le Smic), en région parisienne, qui fait trois heures de transport par jour pour aller travailler, qui a du mal à se loger et à boucler ses fins de mois, qui ne part jamais en vacances, etc. : vous croyez sincèrement que le fait de « participer à la réussite d’une entreprise » lui apporte de la joie de vivre ?

    Je le lui souhaite vraiment. Et c’est possible bien sûr: pendant le temps de travail, il n’est plus une individu confronté aux difficultés que vous décrivez, il est un rouage d’une entreprise et incarne donc un collectif. Le plaisir du commercial qui vend, de l’artisan qui façonne son produit, de l’hotesse qui fait que les visiteurs sont bien accueillis, du cuisinier qui a nourri 30 personnes, du maçon qui a levé son mur, vous l’avez sous les yeux tous les jours. Pourquoi nier que lorsque ce plaisir est présent, les choses vont tout de suite mieux ? Pourquoi vouloir à tout prix que le monde du travail ne soit pas une fenêtre sur l’extérieur, sur les autres, où l’on trouve une satisfaction à agir ?

  • Aristote a écrit : :

    Ce qu’on oublie toujours de souligner, c’est que si les inégalités ont tendance à se creuser au sein des pays, l’inégalité entre les pays diminue. L’écart entre un riche américain et un pauvre américain augmente, l’écart entre un pauvre chinois et un pauvre américain, ou celui entre un riche américain et un riche chinois diminuent.

    Au total, l’inégalité mesurée à l’échelle mondiale diminue. Cela ne change pas le ressenti en France, mais « la mondialisation creuse les inégalités », ce n’est pas aussi évident que cela en a l’air !

    Euh, bon, honnêtement, je crois que la comparaison entre le pauvre américain et le pauvre chinois… les deux s’en foutent un peu. Beaucoup, en ce qui concerne la comparaison entre riche américain et riche chinois.

    La question intéressante, dans une discussion sur l’optimisme, est de savoir si la pauvreté a reculé. Au niveau mondial, c’est indiscutable. Au niveau français, c’est moins évident. Et pourtant… j’entendais hier à la radio (française) les commentaires de ceux qui s’inquiètent de la hausse du coût de la rentrée, notamment pour les parents défavorisés. OK. Et j’apprends qu’il est nécessaire d’avoir 2 paires de baskets, ce qui coûte cher. Je ne nie pas que c’est un problème. Mais je ne peux m’empêcher de me souvenir que, quand j’étais collégien, il aurait été inconcevable que ma mère me paye plus d’une paire. C’est un petit détail. Mais il révèle que nos exigences, en ce qui concerne un niveau de vie « minimal acceptable », ont fortement évolué vers le haut depuis 30 ans.

  • @ pulp,
    Votre vision est, pour le coup, très optimiste. Bien sûr (et heureusement), il y a des gens qui prennent du plaisir dans leur travail et dans leur entreprise. Mais, ne nous voilons pas la face, il y a aussi une grande masse de personnes qui ne sont pas heureux dans leur boulot. Et plus le travail est inintéressant, pénible et mal payé, et moins on a de chances d’y trouver du plaisir. Non ?

  • Gwynfrid a écrit : :

    je crois que la comparaison entre le pauvre américain et le pauvre chinois… les deux s’en foutent un peu.

    Le pauvre américain, sûrement ! Le pauvre chinois, cela se discute…

    Derrière tout cela, il y a quand même une question pas si innocente. Le même qui s’offusque parce que son voisin gagne 5 fois plus que lui, et voterait volontiers pour qui voudra bien taxer plus ce salopard, trouve très légitime de bénéficier d’un niveau de vie au moins 5 fois supérieur à celui d’un habitant du Darfour, et ne voterait pas pour qui proposerait d’augmenter la TVA pour financer un grand programme d’aide au développement !

  • Je pense qu’une partie du bonheur et de l’estime de soi dépend de la place dans la société, plutôt que du niveau de vie réel.

    J’avais lu un article très intéressant qui comparait un chômeur américain à un médecin au Zaïre: il se trouve qu’ils avaient le même revenu, mais, comme le médecin entretenait toute sa famille élargie, sur tous les critères objectifs (qualité de l’éducation pour les enfants, alimentation, logement, soins de santé), le chômeur américain était légèrement mieux loti que le médecin de Kinshasa. Par exemple, le chômeur américain peut manger de la viande tous les jours, a une chambre pour lui alors que ce n’est pas possible pour le médecin zaïrois.

    Pourtant, le médecin zaïrois était plus heureux car il avait la reconnaissance de ses pairs, et était un membre honorable de la société de sa ville, alors que le chômeur américain était vu comme un « rebus » de la société.

    C’est peut-être une piste de réflexion intéressante: comment s’assurer que tous les membres de bonne volonté de notre société peuvent avoir l’impression d’être estimés et utiles?

  • Cela me rappelle une blague soviétique (et aujourd’hui russe : je l’ai beaucoup entendue en Russie) que je n’ai pas trouvée dans les commentaires, mais j’ai peut-être mal regardé. Il s’agit d’une devinette. La voici :
    Quelle est la différence entre un pessimiste et un optimiste ?
    – Le pessimiste dit : ça ne pourrait pas être pire !
    – L’optimiste répond : mais si, mais si !

  • Jeff a écrit : :

    @ pulp, Votre vision est, pour le coup, très optimiste. Bien sûr (et heureusement), il y a des gens qui prennent du plaisir dans leur travail et dans leur entreprise. Mais, ne nous voilons pas la face, il y a aussi une grande masse de personnes qui ne sont pas heureux dans leur boulot.

    Mais nous sommes tous à la fois responsables et victimes de cela. Chacun d’entre nous peut réfléchir à comment mieux se comporter pour rendre le travail le plus agréable possible pour ses collègues. Et cela peut-être des choses simples, comme dire bonjour, pratiquer un humour de bon aloi (juste gras comme il faut), organiser un tournoi de boules entre collègues, installer des plantes dans le bureau: et aussi faire tout son possible pour éviter la mauvaise foi et le chaos. Je crois qu’au travail, un peu de « charité chrétienne » peut vraiment aider. Même une négociation tendue peut être menée dans le respect des deux parties.

    Tous les gens que j’ai connu qui se plaignaient de l’ambiance d’une entreprise ne faisaient rien pour arranger les choses.

  • Lib a écrit : :

    Bien sûr que si. Quand on dit « les X% plus pauvres ont vu leur revenus stagner alors que les X% plus riches ont vu les leurs augmenter de 20% » on ment. Une partie des x% plus pauvres sont passé dans les classes moyennes ou même les riches et une partie des plus riches ont rétrogradé. En seulement 10 ans, plus de 60% de la population du quintile inférieur (les 20% qui gagnent le moins) sort de ce quintile

    Bon, OK, j’aurais dû plutôt écrire « cela n’arrange en rien la position des moins riches à l’instant t », si tu veux. La discussion portait alors sur la hausse (ou non) du niveau de vie pour les moins riches. Le fait de pouvoir sortir de cette catégorie dans quelques années est un bon élément d’espoir, c’est déjà ça, mais ça ne met pas de pain sur la table du jour.

    Et puis, ton argument est à deux tranchants. D’après le tableau que tu mets en lien, dans le même temps, un petit tiers de la population du second quintile, ainsi qu’une portion non négligeable des 3e, 4e et 5e quintiles a rejoint les rangs du premier quintile. Voilà donc un facteur qui explique bien le pessimisme chez beaucoup…

    Lib a écrit : :

    C’est quoi un meilleur équilibre? Comment on le définit?

    Je n’en sais rien. Les optimistes (les riches ?) pourraient peut-être prendre quelques instants pour y réfléchir, comme l’ont fait certains célèbres milliardaires américains ? Je suis d’accord avec Authueil pour dire que les inégalités sont, beaucoup trop, l’alpha et l’omega du discours politique de la gauche, alors qu’au pouvoir elle n’a pas tellement réussi à les réduire. Mais pas d’accord pour dire qu’elle devrait abandonner entièrement ce terrain: comme toujours, Authueil exagère quand il s’agit de donner des conseils à ceux de l’autre camp.

    Lib a écrit : :

    Tu crois? Pourtant des pays où l’implication de l’Etat est en recul depuis 30 ans, il ne doit pas y en avoir des masses. La Nouvelle-Zélande, le Danemark, la Chine, la Russie et le bloc communiste… Les inégalités y ont-elles augmenté?

    Toi, tu n’as jamais entendu parler de M.Reagan ni de Mme Thatcher et encore moins de M.Blair… Voir le document que tu as mis en lien, p.61-63. Au passage on y voit également que les inégalités (salariales, telles que mesurées par ces instruments) n’ont pas augmenté en France, jusqu’à une période très récente. Peut-être que finalement l’État n’est pas si nul que ça en la matière, contrairement à ce que toi et moi disions plus haut.

  • N’y aurait-il pas deux façons de changer le monde : ceux qui ont la pêche, la banane,
    et qui, chacun dans leur coin, s’activent à améliorer leurs situations personnelles;
    par effet d’entraînement et de diffusion, le monde s’en trouve changé petit-à-petit;

    et ceux qui, n’en pouvant plus, finissent par se regrouper pour provoquer un changement
    plus … rapide.

    La question pourrait être : quels seront ceux qui vont provoquer le prochain changement ?

    (j’ai hésité à placer un smiley rigolo ici)

  • @ Lib:

    L’étude qui vous sert de référence pour apprécier les inégalités traite uniquement de la distribution des revenus.

    Or la richesse s’analyse selon deux paramètres aussi importants l’un que l’autre : la perception de revenus et la détention de patrimoine.

    Les écarts de patrimoine se sont fortement accrus en France depuis 30 ans aussi la seule analyse de la dispersion des revenus ne donne qu’une vision tronquée de la réalité de l’évolution des inégalités de richesses en France.

  • Gwynfrid a écrit : :

    Le fait de pouvoir sortir de cette catégorie dans quelques années est un bon élément d’espoir, c’est déjà ça, mais ça ne met pas de pain sur la table du jour.

    Tsss, on a dit que le sujet du moment c’était l’optimisme. Comment veux-tu recevoir un bon point de Koz si tu me réponds de la sorte? 😀

    Gwynfrid a écrit : :

    Toi, tu n’as jamais entendu parler de M.Reagan ni de Mme Thatcher

    Il ne faut pas croire tout le bien qu’on dit de Reagan et Thatcher. Ils ont un peu réduit l’influence de l’Etat pendant leur mandat mais leurs successeurs n’ont pas été dignes de leur héritage 🙂 On oublie toujours l’entropie : si on n’applique pas une énergie contraire coordonnée, l’influence de l’Etat augmente. Toujours.

    Non, les pays qui ont véritablement réduit l’influence de l’Etat sont rares. Mais cela nous éloigne du sujet des inégalités, lequel ne mérite d’ailleurs pas toute la focalisation qu’il reçoit et n’a par ailleurs pas grand chose à voir avec l’optimisme.

    Joyeux Acier a écrit : :

    C’est peut-être une piste de réflexion intéressante: comment s’assurer que tous les membres de bonne volonté de notre société peuvent avoir l’impression d’être estimés et utiles?

    Voila, ça me semble une très bonne piste. Soyons même un peu plus ambitieux. Visons à ce que chaque membre de bonne volonté de notre société SOIT estimé et utile. Lui en donner l’impression n’est pas assez; si ce n’est pas vrai, il s’en rend compte. Là encore, on dire que je prêche pour ma paroisse, mais tout ce qui peut entraîner une augmentation de l’offre d’emploi va dans le bon sens. Et quand je dis offre d’emploi, je parle d’une démarche volontaire d’un employeur qui veut vraiment employer la personne à des conditions qui lui conviennent. Pas une usine à gaz subventionnée qui va attirer tous les chasseurs de subventions. Ni un bidule contraignant où l’employeur ne conserve son employé que parce qu’on lui tord le bras.

    Serge a écrit : :

    ceux qui ont la pêche, la banane, et qui, chacun dans leur coin, s’activent à améliorer leurs situations personnelles; par effet d’entraînement et de diffusion, le monde s’en trouve changé petit-à-petit;

    Je préfère cette façon-là. On peut améliorer non seulement notre situation personnelle mais celle de nos proches (familles, amis, collègues…) par une attitude concrète de tous le jours. Avec simplicité et sincérité comme disait Koz sous un autre billet.

  • Concernant le tableau fourni par Lib, il est bon de préciser qu’il ne concerne que les personnes qui ont conservé un revenu salarial sur la période concernée (plus précisément, qui avaient un revenu salarial la première année et la dernière année de l’analyse). Les gens qui sont devenus chômeurs, ou qui sont partis à la retraite, ou qui se sont mis à leur compte, n’y sont donc pas (j’étais intrigué par les 100%, qui impliquaient que personne n’était mort en 10 ans). Les gens qui ont commencé à avoir un revenu salarial pendant la période n’y sont pas non plus (et on peut imaginer que ce n’est pas les mieux payés). Ça aide un peu à comprendre le résultat.

    On peut en conclure que quand on n’est pas viré par son patron, ça va plutôt bien.

  • @ niamreg : oui, certes, cette étude est limitée au salariat… si vous avez des données avec un spectre plus large, soyez gentil de les partager.

    Par ailleurs, Lib a raison sur un point: on s’éloigne petit à petit du sujet. La question des inégalités n’est qu’une petite partie de la question de la pauvreté qui n’est elle-même qu’une partie de la question de l’optimisme.

    Lib a écrit : :

    Il ne faut pas croire tout le bien qu’on dit de Reagan et Thatcher. Ils ont un peu réduit l’influence de l’Etat pendant leur mandat mais leurs successeurs n’ont pas été dignes de leur héritage

    Tss. Les successeurs de Reagan et Thatcher (Clinton, Blair) ont davantage réduit la part des dépenses publiques dans le PIB et davantage dérégulé. Les successeurs de ces successeurs, par contre, sont repartis en sens inverse. Il n’en reste pas moins que le poids de l’État, surtout en GB, est aujourd’hui largement moindre que ce qu’il était dans les années 70.

  • Aujourd’hui, après (et pendant ?) la crise, on ne voit pas vraiment d’exemple de pays qui montrerait que la dérégulation, la privatisation, la baisse des impôts et la facilitation des licenciements amélioreraient le sort du plus grand nombre. Et pourtant, certains continuent à en faire l’alpha et l’omega de toute politique économique. De grâce, des idées nouvelles pour booster notre optimisme !

  • en matière de pauvreté et de pessimisme,je suis surpris par le peu d’analyse derrière le 8,2 millions de français pauvres avec moins de 954 euros par mois et par unité de consommation présentés hier par l’INSEE. leur tableau donne une approche de la composition de cette population qui grossit avec l’accroissement des chômeurs, et non l’augmentation du taux de pauvreté par sous population, mais surtout à 950 euros par mois, un célib est il pauvre ?

    j’ai échangé là dessus avec quelques étudiants, j’ai réfléchi au budget que je donne à mes enfants en stage, et franchement ma réponse est qu’on peut vivre décemment, au moins hors paris et quelques métropoles, avec ce montant: 350 de loyer cc, 450 (15/jour) alim et loisirs, 150 d’abonnements et charges fixes. on n’économise pas, mais je pense qu’on vit chichement plus qu’on ne survit: repas, santé, toit, confort sont assurés…
    ok, c’est un troll, mais je suis optimiste, je pense que koz le laissera….

  • Bonsoir,

    il me semble que l’on mélange un peu deux choses. La régulation est la quantité de contrôle de l’économie par l’état. L’état doit il par exemple posséder directement des industries, et doit-il réglementer très fortement l’activité économique (depuis les AOC des vins jusqu’au droit social) ? Mon impression est que les sujets qui posent un risque systémique à la société (la pollution, la finance) doivent être réglementés par l’état, et que certaines activités (la médecine hospitalière par exemple, ou les centrales nucléaires) sont probablement peu adaptées à une société privée, mais que pour le reste, l’état ferait mieux de laisser les entreprises tranquilles.

    Mais le sujet de la réglementation et de la déréglementation est différent de celui de la redistribution. On peut parfaitement imaginer un pays qui laisse les entreprises tranquilles, mais taxe de façon très progressive les revenus (70% d’impôts au delà de 100.000 Euros de revenus, patrimoine compris). C’est d’ailleurs à peu près le modèle australien. Dans ce contexte, il me semble parfaitement légitime de discuter de la fiscalité en France, qui est injuste sur bien des points: immobilier et revenus du capital pas assez taxés, niches fiscales pour les entreprises et les particuliers inefficaces et injustes, et au contraire trop de charges sur le travail, ainsi que peut-être sur la consommation. Il me semble d’ailleurs que pour un président qui a beaucoup fait par ailleurs, la réforme de la fiscalité est le grand oubli du mandat de N Sarkozy.

  • Le problème n’est pas que l’étude est limité au salariat, mais qu’elle est limitée au salariat qui reste salarié. Le pb surtout, c’est que Lib lui fait dire ce qu’elle ne dit pas (je cite: « Quand on dit « les X% plus pauvres ont vu leur revenus stagner alors que les X% plus riches ont vu les leurs augmenter de 20% » on ment. Une partie des x% plus pauvres sont passé dans les classes moyennes ou même les riches et une partie des plus riches ont rétrogradé. En seulement 10 ans, plus de 60% de la population du quintile inférieur (les 20% qui gagnent le moins) sort de ce quintile »). De toutes évidence, l’étude ne permet pas de dire que la première phrase est un mensonge, une accusation pourtant dénuée de précaution oratoire. Par contre, prétendre que le tableau en question permet les affirmations subséquentes est une idiotie, ou un mensonge.

    Quant à l’optimisme, je suis d’accord. On peut aussi être optimiste parce que la situation économique, politique, morale, nous conduit évidemment à une crise profonde, d’où ne pourra sortir, finalement, que du meilleur.

  • Avec un taux de chômage aux alentours de 10%, le salariat qui reste salarié c’est la majorité de la population active.

    Toutes les publications et tous les commentaires sur l’évolution des inégalités balancent sans la moindre vergogne des affirmations du type « les revenus des x% les plus pauvres ont stagné » ignorant totalement la mobilité sociale (mais sans l’expliciter bien sûr). Je vous trouve une étude qui établit que pour la majorité de la population active, la mobilité sociale est massive. Vous choisissez de l’ignorer puisqu’elle ne couvre QUE la majorité de la population active et de continuer à considérer que la mobilité sociale est inexistante.

    Je ne peux rien pour vous.

  • Parlons de mobilité sociale, au-delà des statistiques. Concrètement, c’est quoi ? Le jeune travailleur qui a des diplômes et des atouts personnels va multiplier en moyenne son salaire par deux ou par trois en dix ou quinze ans. OK, et c’est très bien. D’autres personnes, pas forcément diplômés, vont créer des entreprises qui vont marcher et vont accéder à un niveau de vie significativement supérieur. OK, et c’est très bien. On pourrait sans doute trouver d’autres exemples… Mais tous ceux qui connaissent le monde professionnel savent bien que l’ouvrier ou même l’employé ne deviendra (quasiment) jamais cadre, que parmi les cadres, seul un tout petit nombre (en fonction de leurs qualités personnelles mais aussi d’autres paramètres) deviendra cadre supérieur, et que si on se place tout en haut de la pyramide, le job que font les 40 PDG des entreprises du Cac 40, plusieurs centaines (voir quelques milliers) de personnes seraient capables de le faire, mais au-delà des leurs indéniables qualités, les 40 heureux élus bénéficient surtout pour se distinguer de leurs réseaux, de leurs appuis politiques, voire, pour certains, simplement de leur naissance…

  • Optimistes ou pessimistes se retrouvent dans le regard critique sur les évidences assénées et si l’espace temps, la conclusion, diffèrent, le pessimisme local ne vaut guère mieux que l’optimisme mondial.
    Le terrain de jeu n’est plus le même et le jeu d’équipe est incontournable pour changer le monde.

    De toute façon l’optimiste ne peut exister sans le pessimiste et, en la matière, supprimer l’autre c’est se faire Hara-kiri.

    Reste à se mettre d’accord sur l’objectif à atteindre ensemble.

  • Le jour se lève et je relis votre billet. C’est à ce moment-là qu’il faut le lire parce que, ensuite, il y a la raison raisonnante qui va l’étouffer de la gangue des commentaires.
    Optimisme est un mot qui n’est pas adapté, je parlerais plutôt de confiance comme celle qui s’exprime dans la prière.
    Oui, la lecture de votre billet est utile au début du jour qui commence……………………..

  • @ Lib:

    Je reviens sur l’analyse de l’évolution des inégalités en France, désolé de m’écarter du sujet du billet:

    Prenez deux jeunes couples parisiens, cadres ou profession libérale, deux enfants, ayant un même niveau de revenu, habitant le même quartier dans un même type d’appartement. Précisons maintenant que l’un est locataire et que l’autre habite l’appartement hérité de grand-maman. Ces deux ménages sont bien dans le même décile en terme de revenus et pourtant leur niveau de vie est très différent. L’un dispose en fait d’au moins 2000 euros de plus par mois.

    Cet exemple banal illustre bien le fait que les statistiques sur écarts de revenus sont un outil qui ne rend compte que partiellement des inégalités sociales et de leur évolution dans notre pays.

  • L’obsession de l’égalité détourne du bonheur. Elle empêche de voir le chemin devant nous, elle empêche d’avancer.

    C’est clairement l’impression qui se dégage en lisant tous ces messages (et bien plus encore la marée quotidienne qui va dans le même sens dans tant de médias) qui scrutent et dissèquent tout ce qui est inégal en ce bas monde, pour mieux échapper à la question de départ: comment faire pour progresser, individuellement et collectivement, dans la sphère économique mais aussi spirituelle.

    C’est une maladie ben plus prégnante et handicapante qu’une simple tendance au pessimisme.

  • Jeff, c’est toujours la même chose. Vous vous focalisez sur les patrons du CAC40 pour évacuer la réalité de la mobilité sociale. Effectivement, on ne passe pas de tout en bas à tout en haut de l’échelle sans avoir du talent, de la chance, le goût du risque ou une combinaison des 3. Mais on peut évoluer significativement le long de l’échelle seulement par le travail, l’honnêteté, le bon esprit. Il y a des secteurs économiques entiers qui recrutent des gens sans formation et permettent des ascensions vertigineuses : distribution, restauration… Pareil pour le commercial, dans à peu près toutes les entreprises. Bien sûr ce sont des fonctions et des secteurs difficiles, ingrats.

    Hervé a écrit : :

    Ces deux ménages sont bien dans le même décile en terme de revenus et pourtant leur niveau de vie est très différent. L’un dispose en fait d’au moins 2000 euros de plus par mois.

    Vous avez raison mais on s’en fout un peu. En quoi le fait de savoir que les voisins ont hérité de leur appart devrait-il avoir la moindre influence sur notre bonheur ou notre optimisme?

    pulp a écrit : :

    L’obsession de l’égalité détourne du bonheur. Elle empêche de voir le chemin devant nous, elle empêche d’avancer.

    Je n’aurais pas dit mieux.

  • @Lib

    Vous pouvez vérifier plus haut que, contrairement à ce que vous dites, je ne me focalisais pas, dans ma remarque, sur les patrons du Cac 40. J’essayais seulement de chercher en quoi, concrètement, consistait la mobilité sociale mise en évidence dans les statistiques. Je précisais d’ailleurs qu’il y avait d’autres exemples que ceux que je citais… Et vous en ajoutez vous-même dans la distribution, la restauration, le commercial. Fort bien. Mais vous savez comme moi que cette mobilité sociale reste quand même limitée. Il y aurait également beaucoup à dire sur la limitation de la mobilité sociale de génération en génération et sur la reproduction des élites (des études existent sur le sujet et personnellement, je me rappelle que dans ma prépa, il n’y avait quasiment (sauf une poignée d’exceptions) que des fils d’ingénieurs, de cadres sups, de médecins et de profs).

    Plus généralement, personne ne demande « l’égalité » au sens strict, certains se demandent simplement si les niveaux d’inégalité surréalistes atteints aujourd’hui sont acceptables moralement et socialement. Et si l’on peut raisonnablement construire là-dessus. Quand on pointe le corporatisme de telle ou telle catégorie de fonctionnaires qui s’accrochent à leur régime spéciaux, on a sans doute raison dans l’absolu, mais pas en relatif dans un contexte où les élites sont les première à défendre égoïstement leur bout de gras. Je suis désolé mais quand le même patron s’augmente de 20 ou 25% et dit en même temps à ses salariés les moins bien payés qu’il ne peut pas les augmenter, je ne vois pas comment l’édifice peut tenir debout et comment on pourrait ensuite revendiquer les formules entrepreneuriales classiques du type « on est tous dans le même bateau », « on forme tous une équipe qui vise le même objectif », « on doit tous tirer dans la même direction »… Et comment on pourrait s’étonner que chacun défende son propre intérêt au-delà de toute considération pour l’intérêt général.

    L’obsession de l’égalité détourne peut-être du bonheur mais l’acceptation d’inégalités injustifiables contribue à l’évidence au pessimisme ambiant (et ce, dans tous les pays, quelle que soit la portion congrue à laquelle ait pu être réduit l’Etat).

  • Jeff a écrit : :

    Le jeune travailleur qui a des diplômes et des atouts personnels va multiplier en moyenne son salaire par deux ou par trois en dix ou quinze ans. OK, et c’est très bien.

    Bonjour,

    il ne faut pas trop fantasmer là-dessus non plus. Je vais prendre un exemple réel: diplôme d’ingénieur groupe 1 (centrale, mines, X, Ponts, Telecom), 10 ans de carrière exigeante (nombreux mouvements internationaux et travail en anglais, jamais moins de 60 heures par semaine (heures sup non payées), beaucoup de stress, nécessité de ‘rester à niveau’ sur la technologie), salaire de débutant: environ 2700 Euros, salaire actuel: 4000 Euros. Cela fait une hausse de 60% ou 40% hors inflation.

  • Jeff a écrit : :

    Plus généralement, personne ne demande « l’égalité » au sens strict, certains se demandent simplement si les niveaux d’inégalité surréalistes atteints aujourd’hui sont acceptables moralement et socialement.

    Le problème des privilégiés « de masse » (régimes spéciaux…), c’est que quand on fait la somme, vu le nombre de personnes concernées, cela fait des montants énormes. Et il n’y a pas que l’impact financier dans ces histoires de régimes spéciaux, il y a souvent aussi le refus d’une organisation de travail efficace, qui coûte aussi très cher.

    Je pense aussi cependant qu’il y a un chantier sur la rémunération des patrons. Un des moyens serait d’ailleurs de donner plus de pouvoir aux actionnaires. Un autre moyen serait de taxer très fortement les rémunérations extravagantes, ce qui n’inciterait pas à des packages absurdes.

    Ceci-dit, il me semble important, pour motiver les gens aux postes de responsabilité, qu’il y ait de vrais différences de salaires entre les niveaux dans les entreprises. Avec 8 à 9 niveaux dans une grosse entreprise, et un saut de salaire significatif à chaque fois (+40-50% ?), on arrive probablement au patron payé 30 à 40 fois le SMIC (40.000 Euros par mois). Le chiffre me semble pas mal. Au Japon, c’était traditionnellement 10, et cela n’était probablement pas assez. Actuellement, on est parfois à 400 ou 500 ce qui est trop.

  • Lib a écrit : :

    Hervé a écrit : :

    Ces deux ménages sont bien dans le même décile en terme de revenus et pourtant leur niveau de vie est très différent. L’un dispose en fait d’au moins 2000 euros de plus par mois.

    Vous avez raison mais on s’en fout un peu. En quoi le fait de savoir que les voisins ont hérité de leur appart devrait-il avoir la moindre influence sur notre bonheur ou notre optimisme?

    Sans être obsédé toute la journée par les injustices, on peut quand même souhaiter avoir un système fiscal le plus juste possible, c’est à dire:
    – que la contribution au coût de l’état soit fait le plus possible en fonction de la capacité de chacun à payer. Dans ce cadre, on peut vouloir remettre en cause, par exemple, la fiscalité favorable sur les héritages ou la possession de résidence principale;
    – que la fiscalité favorise le dynamisme économique. Cela veut dire principalement favoriser le revenu du travail, mais aussi taxer à leur vrai coût des comportements contre-productifs (par exemple avoir une maison individuelle en ville,habiter dans une campagne perdue où les services publics seront plus coûteux, voyager en avion (carburant détaxé)).

    Cela ne doit pas devenir une obsession, mais il est intéressant de voir la même réthorique (ne vous braquez pas sur les inégalités) employée par Lib, et par les syndicats de salariés bénéficiant d’un régime spécial.

  • Jeff a écrit : :

    Mais vous savez comme moi que cette mobilité sociale reste quand même limitée.

    Limitée bien sûr, mais elle demeure significative. En 5 ans, plus de la moitié du quintile inférieur en sort, ce n’est pas rien.

    Vous avez en grande partie raison sur dans les exemples que vous donnez, mais vous vous focalisez sur des minorités. Les classes prépas sont insuffisamment diverses mais elles ne représentent que quelques pourcents d’une classe d’âge. Et si j’entends souvent parler de la sous-orientation des élèves « lambdas » vers la prépa, j’entends beaucoup moins souvent proposer des explications ou des corrections. De même, les patrons qui décident de leur propre rémunération sont une infime minorité. Cette question, ainsi que le note JA, peut se traiter facilement en donnant plus de pouvoir aux assemblées générales des actionnaires.

    Vous parlez de niveaux d’inégalités « surréalistes » mais il me semble que la France est un des pays développés les moins inégaux. Alors quoi? Au final, on excite les Français en leur bourrant le crâne avec des inégalités présentées comme extrêmes et injustes en évitant soigneusement de proposer toute piste d’amélioration afin que la seule issue soit l’augmentation des impôts. Si on veut revoir le code des impôts, la première chose à faire est de le simplifier, le rendre moins opaque, virer les milliers de cas particuliers. Après on pourra jouer sur les taux et les tranches. Si on fait dans le mauvais sens, on va effectivement frapper ceux qui se sont enrichis « à la régulière » en laissant toujours aux petits malins plein de façons d’échapper à l’impôt.

    Jeff a écrit : :

    Et comment on pourrait s’étonner que chacun défende son propre intérêt au-delà de toute considération pour l’intérêt général.

    Je n’aime pas ce genre de raisonnements fondés sur le « c’est pas moi qui ai commencé ». Il finit toujours par justifier moralement des comportements inacceptables au nom d’autres comportements plus ou moins réels. C’est un cercle vicieux dangereux.

    Joyeux Acier a écrit : :

    Cela veut dire principalement favoriser le revenu du travail, mais aussi taxer à leur vrai coût des comportements contre-productifs (par exemple avoir une maison individuelle en ville,habiter dans une campagne perdue où les services publics seront plus coûteux, voyager en avion (carburant détaxé)).

    Oui et non. Oui notre fiscalité est dysfonctionnelle et défavorise les revenus du travail. Il y a à l’évidence des choses absurdes : record du monde des cotisations sociales, défiscalisation des plus-values immobilières, défiscalisation des stock-options etc… Mais je ne pense pas qu’il soit sain de vouloir trop utiliser la fiscalité comme outil d’incitations. C’est comme ça qu’on en est arrivé à des milliers de niches, exceptions, plafonds etc… Il est très difficile de définir ce qu’est un comportement productif ou non-productif et les opinions changent avec le temps et les tendances politiques. On finit par subventionner à la fois un comportement et son contraire (la consommation ET l’épargne ET l’investissement) ou à la fois taxer ET subventionner le même comportement (création d’emplois). Au global, on a juste créé de l’injustice et de l’inefficacité et de l’incertitude.

  • @Lib

    Votre tableau est établi à partir des fichiers DADS au 1/25ème, soit chaque année environ 1 million de personnes. On peut imaginer (bien que la méthodologie ne soit pas explicitée dans le document), qu’il a fallu restreindre l’échantillon aux personnes figurant dans le fichier DADS de 1996, 2001, et 2006. Il ne s’agit pas d’enlever 10% de chômeurs, car ce ne sont pas toujours les mêmes, mais bien les gens qui étaient chômeurs, étudiants, au RMI, en retraite, morts, travailleurs indépendants, en congé parental, sans profession, à l’une quelconque de ces trois dates. Savoir combien cela représente est difficile, non documenté dans la source que vous fournissez (c’est bien dommage), et pourtant nécessaire pour tirer les conclusions que vous tirez. En particulier parce que la taille de l’échantillon restant conduit peut-être à des marges d’erreur (non fournies, malheureusement) importantes.

    Il parait qu’on peut être victime d’un biais de confirmation dans l’interprétation de certains chiffres.

  • Lib a écrit : :
    Mais je ne pense pas qu’il soit sain de vouloir trop utiliser la fiscalité comme outil d’incitations. C’est comme ça qu’on en est arrivé à des milliers de niches, exceptions, plafonds etc… Il est très difficile de définir ce qu’est un comportement productif ou non-productif et les opinions changent avec le temps et les tendances politiques.

    C’est pour cela que je propose de neutraliser fiscalement trois sujets:

    • l’immobilier: être propriétaire d’un logement ou d’autres investissements est un choix personnel qui devrait être neutre fiscalement. On peut le faire par exemple en exonérant les revenus du capital à hauteur du loyer de la résidence principale, ou taxer le « loyer négatif » que constitue la possession de sa résidence principale;

    • l’aménagement du territoire: je propose de supprimer toutes les subventions cachées vers des modes de vie inefficaces, en ayant un impôt proportionnel au coût de fourniture des services publics dans la zone d’habitation (campagne = cher), et en taxant principalement le foncier en ville, plus que les immeubles, pour inciter à faire de la densité (l’étalement coûte cher).

    • une taxe uniforme sur l’énergie d’origine fossile, sans distinction pour le chauffage (subventionné), l’automobile (taxé) et l’avion (exonéré). L’électricité mérite aussi d’être un peu taxée, car le nucléaire a un certain nombre de coûts cachés, mais probablement un peu moins.

  • Quelques mots sur l’entreprise et sur sa capacité d’entraînement :

    L’entreprise est une belle idée et peut être, dans la réalité, une belle aventure collective. Le problème, c’est qu’elle ne remplit pas, sauf exception, les conditions pour que ce soit le cas. Ses discours politiquement corrects sur l’emploi, les salaires, et la responsabilité sociale et sociétale, apparaissent pour ceux qu’ils sont le plus souvent : de la com. Les représentants des entreprises font avant tout du lobbying au service de leurs intérêts propres (c’est leur mission et c’est la règle aujourd’hui à tous les niveaux de la société et pour toutes les catégories socio-professionnelles). Si elles étaient capables de montrer, au moins de temps en temps, qu’elles sont prêtes à sacrifier un peu leurs intérêts au profit de l’intérêt général, elles seraient à l’évidence plus crédibles.

    De même, la fameuse règle des trois tiers pour répartir les bénéfices (un tiers pour les actionnaires, un tiers pour le développement et un tiers pour les salariés), serait une mesure forte pour améliorer l’image et la capacité d’entraînement des entreprises. Elle fut un jour proposée par notre président actuel : et oui, cela lui arrive, avec tout ce qu’il dit (et son contraire), il émet parfois de bonnes idées (ça sent le Guaino)… Mais les ayatollahs de l’économie libérale et du cercle de la raison nous ont vite expliqué en termes savants et compliqués (trop pour nous, mais ce n’est pas grave, il y a des spécialistes pour s’en occuper, il suffit de leur faire confiance) que c’était tout simplement impossible à mettre en oeuvre (circulez, y a rien à voir).

    Il se trouve que j’ai eu récemment l’occasion de croiser une entreprise japonaise, leader mondial avec 50% du marché dans son domaine industriel, et présente sur tous les continents, qui applique depuis sa création en 1956 cette règle des trois tiers. Le PDG de sa filiale française, qui vient de porter en un an sa part de marché dans l’Hexagone de 45 à 65%, me disait avec conviction que la motivation de salariés qui avaient le sentiment d’un juste retour sur leur investissement professionnel était un facteur de perfomance capital.

    Pourquoi ne pas enclencher ce type de cercle vertueux ? C’est seulement avec du concret (et pas du bla-bla) que l’on parviendra à réconcilier les Français et l’entreprise.

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