La campagne est-elle "nulle" ?

Il flotte, au sein de la blogosphère – mais pas uniquement – comme un sentiment amer : la campagne serait décevante. Pis, elle serait même nulle. On n’y aborderait pas les vraies questions de fond. On ignorerait les enjeux. Qu’on me pardonne, mais le propos et la démarche me voient quelque peu réticent.

Je ne remets pas en cause la sincérité qui anime majoritairement ceux qui se font l’écho d’une telle dénonciation, d’autant que, disons-le tout net, hein, il y a parmi eux de bons camarades. D’autres moins. Mais voilà, si ce propos n’est pas dépourvu de toute réalité, j’y vois tout de même comme un snobisme. Oui, snobisme. Pourquoi « snobisme » ? Parce que si fatuité et présomption s’appliquent à certains, d’autres sont foncièrement sincères alors voilà, je fais une petite moyenne, entre les gentils et les pas gentils, et je tombe sur : snobisme.

Voilà. Donc, j’y vois du snobisme. Pensez-donc, ces imbéciles de candidats et leurs états-majors patauds ne les ont pas vus, les « vrais-sujets-de-fond« . Mais nous allons vous dire ce que c’est qu’un vrai-sujet-de-fond, un véritable-enjeu. Pour les avoir identifiés, eh oui, et avoir identifié les solutions à apporter.

Je me faisais ces remarques – probablement en partie injustifiées – en constatant que, voulant consacrer quelques billets de fond aux discours de Nicolas Sarkozy pour agrémenter de façon positive ce blog plutôt qu’en débinant ceux qui n’ont pas ma préférence – ce qui ne manque pas de sel, certes, mais est plus facile – j’avais déjà trois discours de fond de retard.

C’est le discours de Bordeaux, prononcé le 1er mars, sur le thème de la « politique de la vie« , dans lequel on peut lire, notamment :

« On ne sauvera pas l’humanité en appauvrissant tout le monde et en partageant le travail. Je refuse que l’on somme l’homme de choisir entre la croissance et l’environnement. Je veux le progrès économique dans le respect de la planète. »

Ou encore :

« La politique de la vie c’est une politique de civilisation qui part du principe que la vie n’est pas une marchandise, que tout ce qui touche intimement à la vie ne relève pas d’une logique commerciale, que l’éducation, la santé, la culture ne peuvent pas être livrées au seul jeu du marché. »

Ou :

« La politique de la vie c’est le contraire de l’égalitarisme et de l’assistanat qui sont dégradants pour la personne humaine. Ils empêchent ceux qui veulent réussir de réussir. Ils démoralisent ceux qui se donnent du mal. Ils rendent toujours plus dépendants et plus vulnérables ceux qui en bénéficient. Ils tirent tout le monde vers le minimum au lieu de tirer chacun vers le maximum. »

Et :

 » La politique qui fait prévaloir le point de vue de la vie c’est une politique de responsabilité. Pour préserver l’avenir il faut que les générations présentes cessent de préempter toutes les ressources des générations futures. Il faut que chacun d’entre nous cesse de tirer des traites écologiques sur les générations à venir. La vie détruite ne ressuscitera pas. Les ressources épuisées ne reviendront pas. L’équité entre les générations est une nécessité vitale et morale. Elle exige que chacun paye ce qu’il consomme. Elle exige que chaque génération supporte entièrement le coût des décisions qu’elle prend sans le reporter sur les suivantes. »

Aussi :

« L’homme a perdu sa foi aveugle dans le progrès. L’angoisse que son existence est sans cesse menacée le ronge et lui gâche la vie. Hier il avançait sans réfléchir, persuadé de son bon droit, soumettant la nature à sa volonté au nom du progrès, tirant sur les générations futures des traites non remboursables, causant des dégâts à jamais irréparables. Aujourd’hui il n’ose plus bouger, lesté par le remords, la culpabilité, et le principe de précaution. Hier on faisait trop. Aujourd’hui pas assez. »

C’est la conférence de presse du 28 février, sur la politique étrangère (ne pas hésiter à écouter « On refait le monde » de ce 28 février, entre Askolovitch et Duhamel, notamment, moins cyniques que nombre de blogueurs). Entre continuité et « dépoussiérage« … Conférence dans laquelle il développe huit points institutionnels concrets pour l’Europe : (i) une présidence stable du Conseil européen, (ii) un Ministre européen des Affaires étrangères, (iii) l’extension du domaine de la majorité qualifiée, notamment en matière judiciaire et pénale et d’immigration, (iv) l’extension du domaine de la codécision qui augmente le rôle du Parlement européen, (v) double majorité, (vi) « clause passerelle » permettant le passage de l’unanimité à la majorité qualifiée, (vii) un mécanisme d’alerte précoce et (viii) un droit d’initiative citoyenne.

Conférence dans laquelle il évoque trois grands objectifs à long terme de la politique étrangère française : « assurer la sécurité de la France et des Français d’abord, de nos amis et alliés ensuite« ; « promouvoir les libertés et les droits de l’homme sur la scène internationale« ; « promouvoir nos intérêts économiques et commerciaux« . Conférence que je n’ai fait que parcourir du regard, et à laquelle ce bref aperçu ne rend évidemment pas justice, mais dont le moins que l’on puisse dire est qu’il y aborde largement les « questions de fond« .

C’est enfin le discours de Strasbourg du 21 février, sur l’Europe, dans lequel il affirme avec force tant sa volonté d’une Europe politique, que la véritable nécessité qu’il en soit ainsi. Une Europe politique, dotée de frontières, et une Europe qui protège, se protège.

Un discours dans lequel on lit aussi, ce qui surprendra ceux qui veulent l’être :

« Je ne crois pas à la pérennité d’un capitalisme dans lequel l’homme ne compterait pas, dans lequel le chef d’entreprise n’aurait de responsabilité que vis-à-vis de ses actionnaires sans en avoir aucune vis-à-vis de ses salariés, de la société, de son pays, des générations futures.

Je ne crois pas à la survie d’un capitalisme financier qui exige des rendements tellement exorbitants qu’aucun investissement à long terme n’est possible.

Je ne crois pas à l’efficacité d’un capitalisme où m’on s’enrichit plus en spéculant qu’en entreprenant et en travaillant.

Je ne crois pas à l’efficacité d’un capitalisme où l’on s’enrichit par la rente sans rien faire ni prendre aucun risque.

Je ne crois pas à la survie d’un capitalisme déshumanisé où toute la propriété est diluée dans la Bourse, où l’actionnaire n’a plus aucun lien avec l’entreprise et avec ceux qui y travaillent, où l’entreprise n’est plus une communauté humaine.

Je veux l’Europe, mais une Europe qui contribue à rééquilibrer le capitalisme financier dans un sens plus favorable à l’entrepreneur et au capitalisme familial.

Je veux l’Europe, mais une Europe qui travaille à humaniser et à moraliser la mondialisation.

Je veux l’Europe, mais une Europe qui revalorise le travail et qui rende plus équitable le partage des richesses entre le capital et le travail. »

Il se trouve que – mais je suis mal placé pour en faire le reproche à quiconque – je n’ai guère lu de billets à leur égard. Cynisme de ceux qui auraient décidé une fois pour toutes qu’il n’y aurait dans ces meetings que discours généraux, sans fonds ? Attrait irrésistible, mais involontaire, pour l’écume médiatique des choses ? Manque de pratique du tri sélectif ?

N’ y-a-t-il pas, pourtant, matière à débat ?

Et si je n’évoque pas ici les discours de Ségolène Royal ou de François Bayrou, ce n’est que parce que ce ne sont pas leurs discours que je suis allé chercher en dernier. Mais, imaginez que le retard que j’ai dans la lecture des discours de Sarkozy (il ne s’agit là que de survols), il faudrait probablement que je le multiplie par trois… Pour cela, il faut aller les chercher ces discours.

Les sujets de fond ne sont-ils pas abordés dans la campagne, ne sont-ils pas suffisamment apportés sur un plateau ?

De télévision ?

* * *

Oui, je sais ce qu’il me reste à faire.

* * *

Mise à jour du 5 mars 2007 : parce que Frednetick et Charles-André ne sont ni fats ni présomptueux, parce que, sur Europe 1, ce matin, la revue des blogs se concluait en disant qu’il « ne pourra en tout cas plus être dit que les blogs ne font rien pour relever le débat« , ce qui suffit peut-être à donner une raison d’être à cet appel, je vous signale donc l’une de ces initiatives, l’Appel du Net (également chez Frednetick)


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34 commentaires

  • J’accuse ! J’accuse les médias de se faire le relais de sornettes, et de ne pas parler du fond.Ce sont les médias qui devraient être les relais de ces discours que les gens n’ont peut-être pas envie ou pas le temps d’aller chercher…

    C’est seulement grâce au net que je peux suivre cette campagne et non grâce aux médias qui tronquent l’info.

    On donne du sensationnel et du sondage aux français, et on se plaint du creux…

    ppppfffff, ça m’fatigue, j’vais m’coucher.

  • @ jmfayard et Koz
    Ravie de vous retrouver, et exceptionnellement, cher Koz, je me permets de poster ici le même commentaire que je viens de déposer sur le blog de Jean Quatremer.

    « Je vous lis maintenant depuis assez longtemps pour savoir que la majorité d’entre vous appartient au camp de oui-istes, y compris vous, Jean Quatremer.
    Etant moi-même une fervente européenne mais de droite libérale je peux vous tranquilliser sur les discours de N. Sarkozy que j’approuve totalement et suis sans aucune inquiétude pour mon idéal européen.
    Permettez moi de vous rappeler que le non était largement majoritaire en France (et de droite et de gauche) et qu’il faut bien tenir compte de ce fait si nous voulons avancer rapidement et sortir de la paralysie actuelle.
    La critique serait malsaine s’il n’y avait ensuite aucune proposition d’amélioration. Il me semble qu’au contraire N. Sarkozy, contrairement aux autres candidats qui restent dans un flou artistique avec l’horizon lointain d’une nouvelle constitution et rien sur les détails et la manière d’y parvenir, est le seul à proposer une sortie rapide de l’impasse et je ne pense pas qu’il ferait de telles propositions s’il n’avait pas déjà reçu quelques soutiens et encouragements des autres gouvernants européens…

    A ce sujet un petit extrait d’un article qui me semble aller dans la même direction :
    « Cependant, sur certains objectifs correspondant à des attentes manifestes des citoyens, il existe d’ores et déjà un large consensus : améliorer la gouvernance économique et sociale, lutter plus efficacement contre la délinquance transfrontalière, renforcer l’action extérieure de l’Union, clarifier les responsabilités entre l’Union et les Etats membres… »
    http://www.robert-schuman.org/notes/note40.htm »

  • Il existe une véritable complicité du silence envers les discours de Sarkozy (et pas seulement ceux qui sont cité ici), qui disent tout autre chose que ce qu’on veut lui faire dire.

    C’est à dire le Kärcher, la racaille et la-photo-avec-Bush, qui, eux, tournent en boucle sur les blogs et les médias.

    Au sujet de cette photo, d’ailleurs, elle en occulte commodément une autre, qui montre Sarkozy avec un Barak Obama souriant, complice et chaleureux:

    http://legauchisterepenti.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=1240824

    Curieux, ça. Un Démocrate, et noir de surcroît? Normalement, il aurait dû accueillir Sarko avec un cocktail Molotov, à en croire ce qu’on lit sur les blogs de gauche. Mais non: il le rencontre, il a l’air content, et il le touche, même. Il n’a pas l’air d’avoir peur de se salir.

    Alors que l’autre candidat démocrate, Hillary Clinton, a refusé de recevoir Maman Royal qui avait dit du mal des Etats-Unis au Liban.

    Ces Américains sont des gens bien étranges. Il ne font jamais comme les Français leur disent qu’il faut faire. Ils ne pensent jamais comme les Français disent qu’ils pensent. Ca ne va pas du tout. Ces gens-là n’ont pas compris qui était le plus beau, le meilleur, le chef, quoi. La France.

  • Mais si, les billets de fond existent !

    Les vrais sujets sont bien évoqués désormais par les candidats, le problème se situerait davantage dans le choix des reprises par les médias, avec des journalistes politiques qui voient l’évenement dans le canard enchaîné ou les sondages plutôt que dans les propositions.

  • [quote comment= »6239″]Si fait, Jean Quatremer s’est chargé d’analyser le discours de Strasbourg : Le « coming out » eurosceptique de Sarkozy[/quote]

    Oui, certes, mais Quatremer est avant tout journaliste, correspondant permanent à Bruxelles. Cela fait de son blog un blog un peu particulier.

    Par ailleurs, vous me fournissez matière à un nouveau billet. Plutôt qu’eurosceptique, je le verrais eurovolontaire, Sarkozy.

    [quote comment= »6250″]Au sujet de cette photo, d’ailleurs, elle en occulte commodément une autre, qui montre Sarkozy avec un Barak Obama souriant, complice et chaleureux:

    http://legauchisterepenti.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=1240824

    Curieux, ça. Un Démocrate, et noir de surcroît? Normalement, il aurait dû accueillir Sarko avec un cocktail Molotov, à en croire ce qu’on lit sur les blogs de gauche. Mais non: il le rencontre, il a l’air content, et il le touche, même. Il n’a pas l’air d’avoir peur de se salir.[/quote]

    On s’éloigne un peu du sujet, mais ça en valait la peine. 😉

  • à magrit :

    La critique serait malsaine s’il n’y avait ensuite aucune proposition d’ amélioration.
    L’argument de Jean Quatremer est que le réquisitoire de Sarkozy, à force de se prendre là aussi pour l’homme providentiel, va bien trop loin dans sa critique au point de se retourner contre son initiateur. En effet, le bilan qu’il dresse de l’Union Européenne est tellement calamiteux (parfaitement caricaturé également) que ce ne sont pas deux 2-3 avancées institutionnelles, discutées à 27 et donc forcément limitées, qui seraient susceptibles de renverser la vapeur ; un Philippe de Villiers aura beau jeu de lui ressortir son discours.

    ll me semble qu’au contraire N. Sarkozy, contrairement aux autres candidats qui restent dans un flou artistique avec l’horizon lointain d’une nouvelle constitution et rien sur les détails et la manière d’ y parvenir, est le seul à proposer une sortie rapide de l’ impasse

    Alors là je vous arrête tout de suite et je vous renvoie au plan de relance du processus constitutionnel européen de ma candidate.

    C’est ambitieux et réaliste à la fois, détaillé à la virgule près, et ça me plait largement plus que la solution préconisée par Nicolas Sarkozy (en gros : on conserve la substance du TCE en rescussitant la méthode du traité de Nice). D’un côté, on a mieux que le TCE, de l’autre on a certes mieux que Maastricht-Nice mais moins bien que le TCE.

    à Robert Marchenoir

    Qu’est-ce que vous voulez déduire d’une photo sortie de son contexte comme ça ? Il m’est arrivé de serrer la main de Chirac pourtant entre lui et moi… Par contre, faire un discours sur l’arrogance Française dans son opposition à la guerre d’Irak, ça c’est un acte politique. Souffrez donc qu’on en parle.

    Pour Hilary Clinton, je ne trouve plus le lien, mais le courrier international a montré qu’elle s’inspirait de la démarche de Ségolène, jusqu’à se faire appeler « Hilary » pour faire elle aussi oublier son mari un peu trop encombrant.

  • Oui mais tout est médiatique, même ce blog, donc la partie intellectuelle ne passe pas -trop-, celle de la campagne : il faudrait dire, entre Média et Politique, peut-on parler vrai?
    Hé, sinon, s’exclamer sur le sens de la gauche de Nicolas (hé,hé) c’est une découverte pour ceux qui découvrent ce sens là, ah! bah non, alors, moi ça ce n’était pas extérieur à ma pensée, si j’ose dire!!
    La politique de la vie, il faudrait expliquer ce qu’est la vie, or la vie c’est surtout pensé comme quelque chose de non politique, on est dans le contre-sens, ou au fond, d’un sens caché? L’égalitarisme fonde la justice, être à égale distance, c’est le fondement de la démocratie, quand les premiers chasseurs se partageaient leur butin, il le déposait au milieu d’un cercle…
    L’égalitarisme est le résultat d’une action, le partage en commun, ce qui ne veut pas dire aussi sens de la proportionnalité! L’assistanat n’est pas un concept, mais en fait la mauvaise foi de ceux qui peuvent le décrire. Il y a plus de mérite à survivre comme pauvre qu’à réussir comme riche, soulignons survivre…
    Enfin, personne n’a perdu la foi -il y a à redire ici, car passion n’est pas raison- dans le progès, le progrès est partout, mais qui dit encore que nous sommes dans une société de concurrence où tout le monde n’a pas sa place, mais où tout le monde a la possibilité de faire ses choix, quand choisir ce n’est pas toujours réussir; là est le sens de l’humanisation -le progès- et du principe de réalité de notre société…

  • Je me sens un peu visé.

    Finalement, en ce qui concerne notre texte pompeusement dénommé ADN (Appel du Net), nous nous sommes peut-être légèrement trompés de cible : comme un être brillantissime le disait ce matin sur la chronique des blogs d’Europe 1, ça s’adresse en réalité + aux media (au premier rang desquels la télé, mais je dirais aussi la presse écrite), qui semblent considérer que plus c’est près du caniveau ou des paquerettes mieux c’est.

    Car on ne peut pas dire que les media à la plus forte audience relaient en priorité les grands choix de société proposés par les candidats…

    Concernant le snobisme, je ne vois pas trop où tu peux trouver de trace selon laquelle nous considérons que ces balourds de candidats/d’état-majors n’ont pas compris. Nous évoquons leur parole, pas leur intellect !
    Mais snobisme un peu, en effet, dans la mesure où notre dada est en particulier de traiter de politique et d’actualité : nous nous permettons d’émettre un regard critique en demandant que cette campagne soit le moment de la pédagogie. Car, quel que soit le Président qui sera élu, il ne pourra agir que s’il a exposé clairement, en amont, le projet, le dessein, qui constitue le cadre légitimant les réformes qu’il voudra mener.

    Aujourd’hui, je ne vois que Sarkozy qui propose un projet de société clair. Je ne me réjouis pas que les autres se contentent largement de « n’être pas Sarko » (c’est flagrant, comme tu l’avais aussi remarqué, dans l’avant-projet législatif de l’UDF). Car ce débat est une chance que nous disions clairement quelle société nous voulons construire. Pour que ce débat ait lieu, il faut plusieurs locuteurs et des médiateurs…

  • Tiens, j’avais loupé ton actualisation…

    J’en profite pour un peu de fatuité : André, c’est mon nom. C’est pour la clarté du débat démocratique que je l’écris en majuscule… donc tu peux zapper le tiret !

    Et effectivement, tu as bien vu : le simple fait que les media tendent généralement à relayer ce qui vient du web comme tirant le débat vers le bas, comme s’acharnant sur de l’anecdotique, montre que cet appel n’est pas vain puisque le journaliste a conclu sur : « on ne pourra pas dire qu’ils n’essaient pas ».

    Où l’on revient donc à mon propos précédent : il importe aujourd’hui surtout de faire savoir l’essentiel.

  • @ Robert

    Merci d’avoir fourni ce lien, ça fait des mois que je google en vain pour trouver une trace de cette rencontre dans les media français (vous savez, ceux qui sont vendus à Sarko). Il est vrai que ça salirait le joli costard de neo-conservateur Bushiste à passeport français que ces media (vendus au pouvoir de l’argent, rappelons le) sont occupés à lui tailler.

    Pendant ce temps Royal, surfant sur la xénophobie chic (j’ai nommé l’antiaméricanisme primaire), va dire tout le mal qu’elle pense des US à un député du Hezbollah et à un officiel Chinois sans qu’aucun media français (pourtant vendus aux intérêts capitalistes) ne réagissent à cette curieuse inversion de valeurs. Ils devaient être trop occupés avec ces histoires de nazisme et de bravitude.

    Résultat des courses, la gauche anglo-saxonne (Blair, Clinton, Obama…) se sent infiniment plus proche de Sarkozy que de Royal mais il ne faut surtout pas en parler. La position officielle est Sarko=Bush=méchant; Ségo=Blair=gentille. Si les faits prennent position pour Sarkozy, il faut les virer comme de vulgaires Duhamel.

  • [quote comment= »6256″]à magrit :
    Qu’est-ce que vous voulez déduire d’une photo sortie de son contexte comme ça ? [/quote]

    Ni plus ni moins que ce que déduisent des milliers de gauchistes qui reprochent à Sarko, ad nauseam, sa photo avec Bush. Et qui insinuent de surcroît, sans le moindre commencement de début de preuve, qu’elle a été truquée, puisque Nicolas Sarkozy est petit. Et qui basent là-dessus tout un « argumentaire ».

    Mais je m’étonne de votre étonnement, qui prouve une fois de plus le deux poids, deux mesures de la gauche. La gauche a le droit de diaboliser un homme politique sans fin, sur la foi d’une photo sortie de son contexte. La droite, non. Pas même pour, simplement, réfuter la photo antérieurement brandie par la gauche.

    La mauvaise foi est ici grosse comme une maison, mais on est tellement habitué, depuis des décennies, à ce genre de réthorique de la part de la gauche, que le procédé revient encore et toujours, comme si de rien n’était.

    Règle n°1: la gauche a raison.

    Règle n°2: c’est à la droite de prouver qu’elle n’a pas tort.

    [quote comment= »6256″]à magrit :
    Par contre, faire un discours sur l’arrogance Française dans son opposition à la guerre d’Irak, ça c’est un acte politique. Souffrez donc qu’on en parle.

    [/quote]
    Non seulement je souffre qu’on en parle, mais j’aimerais bien qu’on en parle bien davantage. Et en prenant en compte les discours de Sarkozy dans leur intégralité, s’il vous plaît. Car ils le méritent largement.

    Le discours de Sarkozy aux Etats-Unis est un très grand discours de politique étrangère, admirable, et que je soutiens entièrement. Ce n’est pas « un discours sur l’arrogance française ». Celle-ci a été évoquée parmi d’autres points, et c’est une très bonne chose.

    L’arrogance française envers le monde entier — et pas seulement envers les Etats-Unis et les pays prospères — est une réalité. Elle cause un tort considérable aux Français. A l’étranger, bien entendu, où cette attitude nous dessert auprès d’un nombre croissant de pays. Mais aussi en politique intérieure, où l’anti-américanisme est un dérivatif commode pour éviter de regarder en face les problèmes qui nous assaillent, et qui sont de notre responsabilité exclusive.

    Sarkozy a donc eu parfaitement raison d’en parler.

    Je m’étonne que la gauche pleurnicharde, celle qui n’a de cesse que la France se repente de ceci ou de cela, de la colonisation, de l’esclavage, de cinquante trucs qu’ont fait des types morts depuis deux cents ans et dont les Français de 2007 ne sont nullement responsables, se scandalise quand l’un de ses représentants les plus éminents regrette une attitude contemporaine de son pays, dont ses compatriotes actuels sont entièrement responsables, et qui cause le plus grand tort à autrui.

    Bien entendu, cette même gauche malhonnête et déformatrice omet de tenir compte du reste du discours, qui se prononce sans ambigüité contre la guerre en Irak, et pour une France indépendante, libre de critiquer les Etats-Unis quand elle l’estimera bon.

    Le vrai crime étant celui-ci: Sarkozy a dit que la France était l’amie des Etats-Unis. Et pour des générations d’ « intellos » de « gauche » élevés dans la croyance que plus on est anti-américain, plus on est vertueux et « de gauche », c’est un péché capital.

  • Quitte à se mettre à jour, Koz, cette semaine, c’est la semaine Défense. Et tu risques d’avoir encore quelques déclarations de retard.
    Royal a fait un discours chevénementiste qui a eu le bon goût de laisser de côté certaines approximations (rappelez-vous, l’armée ennemie de l’enseignement), et mercredi, c’est la journée Défense de l’UMP, avec discours de Sarkozy à la clé.

    Ils sont enquiquinants à se complaire dans le superficiel.

    Je n’ai sans doute pas beaucoup cherché, mais je ne sais pas ce que prépare Bayrou (je le cite car maintenant, la règle est le tripartisme exacerbé). Je vais être bêtement négatif, mais peut-être attendra-t-il de savoir ce que chacun pense pour faire une synthèse.

  • Le discours de strasbourg est très bon, et je suis assez content d’y retrouver des idées défendues depuis longtemps par certains altermondialistes un peu pragmatiques et par moi même d’ailleurs.

    Le problème désormais est et demeure: comment faire?

    1) La fiscalité des plus values n’est pas dissuasive, les intradays sont monnaie courante sur toutes les bourses du monde

    2) L’actionnariat salarié n’est pas assez répandu et quand un homme politique l’envisage c’est pour ensuite dire qu’il ne faut pas de vrai pouvoir décisionnel..

    Il reste du chemin a faire pour « discipliner » le capitalisme financier et permettre que le « vrai » capitalisme entrepreunarial continue à faire fonctionner l’economie française..

  • Pingback: » Le “coming-out” eurovolontariste de Sarkozy

  • à Robert Marchenoir

    Vous êtes gonflant à tout voir en noir et blanc.

    Même sur Fox News, on n’ose plus traiter d’anti-américain quelqu’un qui est contre la guerre en Irak, pour la hausse massive du SMIC (mesure qui figure dans le programme démocrate), contre le rôle politique et social qu’ils accordent à la religion, contre les coupes sombres dans les impôts des riches et de leurs droits de sucession et son parallèle qui est l’augmentation du budget militaire et les coupes sombres dans medicare, bref contre le néo-conservatisme américain, aujourd’hui minoritaire aux Etats-Unis comme l’ont montré les dernières élections.

    Est-ce un fait ou de la xénophobie de dire qu’un peu partout dans le monde des gouvernements ont été élus qui ont mené une politique qui s’inspirent de cette idéologie ? Est-ce outrancier que d’être vigilant à ce que ceci ne survienne pas en France ?

    N’a t’on pas le droit de souligner que Sarkozy en rupture avec l’héritage aussi bien républicain (au sens français : Egalité) que libéral (pas dans le sens de la vulgate actuel mais dans son sens originel : Liberté) s’apprête à tailler comme Bush dans les droits de succession ? N’a t’on pas le droit de demander à Nicolas Sarkozy de clarifier sa position sur la laïcité comme le fait Henri Pena-Ruiz dans Le Monde ?

  • Vous avez aussi le droit de considérer ce formulaire de commentaires pour ce qu’il est, un formulaire de commentaires et non un endroit où coller l’ensemble de vos griefs contre Nicolas Sarkozy. Le débat peut-être un peu dévié, mais je ne vois pas ce que l’Irak, les droits de succession et la laïcité viennent y faire.

    Ne vous comportez pas en colleur d’affiche, même si c’est à titre personnel. Merci. Je ne voudrais pas avoir à intervenir directement.

  • Tiens, Nicolas Baverez est sur le même mode.

    « NON, LA CAMPAGNE N’EST PAS NULLE

    Il est de bon ton de déplorer la nullité de la campagne présidentielle de 2007 et de dénoncer le populisme des principaux candidats. Avec pour principal argument l’émission de TF1 qui instaurerait une confrontation directe entre les candidats et un panel de Français au détriment de la médiation assurée par les journalistes ou les intellectuels, ou encore les mises en cause des prétendants à propos de leur patrimoine. (…) »

  • je ne prendrais pas N.Baverez pour modèle d’exemplarité pour étayer mes dires si j’étais toi.

    Ceci dit il semblerait que la campagne se densifie ENFIN serais-je tenté de dire.

    Très bon le Guaino de strasbourg..

  • Je ne prends pas Nicolas Baverez pour « modèle d’exemplarité ». Je signale son billet.

    Par ailleurs, il me semble qu’il y aurait bien pire « modèle d’exemplarité » à prendre. Un peu d’humilité…

  • JM Fayard, je crois qu’il y a un malentendu. Mon propos ne consistait pas à contester une par une les positions que vous décrivez, avec lesquelles on peut être — ou pas — en accord.

    Il consistait, entre autres, à dénoncer l’anti-américanisme virulent, de principe, historique, qui est caractéristique d’une bonne partie de l’opinion française et plus particulièrement de la gauche (mais aussi de Jean-Marie Le Pen, par exemple).

    Cet anti-américanisme ne date pas de Bush et de sa politique. Il est devenu plus virulent avec Bush. Mais c’est un phénomène beaucoup plus ancien et plus durable, qui date au moins de 1945.

    Son existence me paraît difficilement contestable. Il est revendiqué par la gauche elle-même. Des milliers de posts de blog s’en réclament. De Gaulle est la figure emblématique de cet anti-américanisme, qui a imprégné durablement la pensée politique française.

    Je n’ai jamais vu de l’anti-américanisme dans le fait d’être opposé à la guerre en Irak. J’y suis moi-même opposé, et je soulignais que si l’on se donnait la peine de lire véritablement les discours de Sarkozy — comme il est instructif de lire celui de Bordeaux, celui de Strasbourg mentionnés par Koz, si l’on veut comprendre les positions des uns et des autres — on verrait qu’il y est, lui aussi, opposé. Et pourtant, il se proclame ami des Américains.

    Donc, bien loin d’avoir une vision en noir et blanc comme vous le déplorez, j’invitais chacun à découvrir une vision nuancée des choses dans ce que dit réellement Sarkozy, différente de la caricature qu’en proposent ses adversaires.

    Une vision qu’il faut aller chercher en lisant le texte intégral de ses discours, comme le disait Koz au sujet des interventions sarkoziennes de Bordeaux, de Strasbourg et de sa conférence de presse de politique étrangère.

    Et c’est cela qui m’a frappé dans sa note: moi aussi, j’ai dû « aller chercher », sur Internet, en jouant de Google, ce que Sarkozy avait vraiment dit aux Etats-Unis, un jour où je lisais un millième commentaire de blog expliquant que Sarkozy était un caniche bushiste favorable à la guerre en Irak, et que j’ai voulu en avoir le coeur net.

    Ce qui est très différent du bruit médiatique et bloguistique général. Ce même bruit qui affirme que la campagne n’aborde pas les sujets de fond, ce qui n’est pas du tout le cas, d’après moi.

    Bien au contraire: cela fait longtemps que les vrais problèmes ne sont pas, à ce point, sur la table. Il y a certes, en plus, beaucoup de boules puantes. Mais cela fait combien de temps que l’on n’a a pas parlé comme cela, dans une campagne, de la dette? de la carte scolaire? du pédagogisme? de la valeur travail et de l’anti-assistanat?

  • Je suis d’accord avec toi sur les deux points : je me suis plaint du démarrage de campagne, et j’avais tort : il y a toujours le jeu des petites phrases et des coups sous la ceinture (à base d’appartements…) mais aussi, parfois, des discussions de fond.

    Et je suis aussi d’accord avec toi sur le fait que peu de gens signalent le fait que Nicolas Sarkozy tient sur l’économie un discours qui vogue entre le corporatisme et la reprise des thématiques d’extrême-gauche. C’est assez compréhensible : des partisans de Ségolène Royal ne vont pas aller dire aux électeurs d’extrême-gauche que Sarkozy est plus proche que Ségolène de leurs idées…

  • [quote comment= »6295″]Je ne prends pas Nicolas Baverez pour « modèle d’exemplarité ». Je signale son billet.

    Par ailleurs, il me semble qu’il y aurait bien pire « modèle d’exemplarité » à prendre. Un peu d’humilité…[/quote]

    J’ai lu le livre « que faire » de N. Baverez, qui pour moi est un programme de rêve. Dur de revenir à la réalité et de constater que nous en sommes loin, vraiment loin et qu’il y a peu d’espoir qu’il se réalise un jour.

  • De Koz : Désolé, mais ceci relève pour moi d’une prise à partie personnelle qui n’a pas lieu d’être

  • [quote comment= »6302″]Et je suis aussi d’accord avec toi sur le fait que peu de gens signalent le fait que Nicolas Sarkozy tient sur l’économie un discours qui vogue entre le corporatisme et la reprise des thématiques d’extrême-gauche. C’est assez compréhensible : des partisans de Ségolène Royal ne vont pas aller dire aux électeurs d’extrême-gauche que Sarkozy est plus proche que Ségolène de leurs idées…[/quote]

    Assez d’accord avec toi, sur le fait que certains de ses propos pourraient être tenus par des gens de gauche (peut-être pas d’extrème). Je pense qu’il force un peu le trait, pour contrebalancer l’image libéral qu’on lui reproche.

    Pour autant, j’apprécie qu’un homme de droite tienne certains propos. Ainsi lorsqu’il dit que le capitalisme tel qu’il fonctionne, en exigeant des profits à court terme, le versement de dividendes etc… pénalise l’investissement, cela ne me semble pas aberrant, et même plutôt sain à souligner.

  • [quote comment= »6313″]De Koz : Désolé, mais ceci relève pour moi d’une prise à partie personnelle qui n’a pas lieu d’être[/quote]

    Pardon Koz, mais cela fait bien longtemps que la moutarde me monte devant l’arrogance de certains. et parfois ça déborde.
    Toutes mes excuses.

  • Je comprends bien mais bon, les règles sont les règles et la personne « en cause » a au moins le mérite, sur certains, d’argumenter ses positions.

  • [quote comment= »6316″]Ainsi lorsqu’il dit que le capitalisme tel qu’il fonctionne, en exigeant des profits à court terme, le versement de dividendes etc… pénalise l’investissement, cela ne me semble pas aberrant, et même plutôt sain à souligner.[/quote]

    Sauf, que c’est pas vrai. Le capitalisme n’est pas fixé sur le court terme comme presque tous les commentateurs le caricaturent.

    Je recommande la lecture de ce billet instructif (et très lisible de Thesmar et Landier) : http://www.telos-eu.com/2007/03/et_si_les_marches_financiers_n.php
    ainsi que celui d’Alexandre Delaigue http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2007/02/27/790-le-grand-ecolo-marche

    Alexandre a raison de souligner que les positions économiques de Sarkozy sont très anti-libérales.

  • Pingback: La campagne ne serait pas nulle : Frednetickworld

  • Rhâ. J’étais prêt à parier que tu me contredirais. Et le pire, c’est q ue je ne suis même pas certain de ne pas te donner raison au final.

  • En fait je crois que « nous » sommes des enfants gatés effectivement. Nous en attendons toujours plus, ça me parait naturel mais cela ne l’est peut être pas…

    Pour ce qui est du discours de NS il est peut être anti-libéral mais je ne le crois pas. Même le libéralisme demande des règles. Adam smith le disait dès le début..

    Un lasso autour du cou d’un cheval ça ne l’empeche pas d’avancer mais ça l’empeche d’aller n’importe où…

  • En revanche, les 4 jambes dans un bloc de béton, ça l’empêche aussi d’avancer.
    La difficulté, c’est de mettre le lasso (ou les rênes) sans tomber dans le bloc de béton.
    L’autre difficulté, c’est de réaliser que parfois, le cheval sait mieux que le cavalier où il faut aller et par où il faut passer.
    Mais ça, ça demande une qualité rare chez nos cavaliers, l’humilité.

  • Pour continuer dans la métaphore animalière et équestre en particulier, le cheval si on le laisse libre de tout il sort de l’enclos, va brouter les fleurs et chier là où il faudrait peut être pas. C’est la liberté mais quand le cheval, que l’on présuppose être au service de l’homme, finit par faire n’importe quoi, il faut bien un lasso.

    Les chevaux sauvages qui marchent au pas d’eux même ça n’existe pas (déjà que les chevaux dréssés le font pas..)

  • Je voudrais revenir sur les déclarations sur un ministère de l’immigration et de l’identité nationale.

    Avec le PS, on sait que s’ils arrivent au pouvor la liberté d’expression sera intedite, la pensée unique fera son grand retour.Si Sarkozy dira que le ciel est bleu aujourd’hui et que Le Pen aura le malheur de dire la meme chose, on criera au scandale, flirt poussé avec le FN etc…Avec le PS, la France de demain ressemblera à l’URSS de Staline!!!On déjà le flingue sur la tampe pfff…

    Vous constaterez qu’il y a un eu de provocations dans tout ça mais je me mets au niveau de ces ges qui veulent nous diriger.

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