Pourquoi ? Puisque aussi bien, ils ne s’en prennent pas à moi, à nous. Pourquoi, alors qu’ils vont jusqu’à affirmer défendre la foi catholique, défendre nos crèches, nos villages, nos églises ? Pourquoi, alors que, moi aussi, l’immigration et l’islam m’interpellent, et très brutalement quand s’y mêlent les derniers massacres ? Pourquoi, alors que je ne sais pas si l’Église que je connais et la France dont je suis issu, de mes quatre lignées occidentales, existeront encore demain ? Pourquoi donc, alors que certains clament qu’ils défendent mon identité ethnique jusque dans leurs choix du quotidien ? Je suis chrétien, blanc et Français de longue génération. Pourquoi alors ne pas me laisser représenter et défendre par les Identitaires ? Pourquoi ne pas, moi aussi, ce serait plus simple, assurer cette défense des miens ?
Pourquoi écrire ce livre ?
Parce que je ne marche pas. Parce que ma foi, précisément, m’enseigne que si j’ai des proches, les miens ne sont pas d’une race ou d’une ethnie. Parce que le pape n’est pas le « défenseur de la chrétienté ». Parce que les crèches ne sont pas des étendards que l’on plante pour marquer un territoire, mais le tableau de la Nativité. Parce que ma foi n’apprécie guère d’être soumise à la politique et qu’elle ne supporte pas d’être asservie par ceux qui n’en brandissent que des symboles, en abandonnant le sens. Parce qu’il est impensable que le christianisme soit un outil d’exclusion. Parce que je n’ai pas, quand l’occasion se présentait, entrepris de défendre comme je pouvais à la fois l’Église et le christianisme contre les attaques extérieures pour les laisser flétrir de l’intérieur, par effraction.
Un jour prochain nous aurons peut-être à rappeler que le christianisme est une religion de paix, qu’il ne faut pas faire d’amalgame, que la violence n’a rien à voir avec le christianisme. C’est à nous de le dire, maintenant et de l’intérieur, avant que cela ne nous saute au visage.
Sont à l’œuvre aujourd’hui en France des groupes politiques divers qui imaginent concilier le christianisme avec la violence, le Christ avec les dieux païens, la foi catholique avec le racisme le plus évident. La question n’est pas seulement politique, elle est culturelle et spirituelle. Les groupes politiques revendiqués comme identitaires[1] sont finalement peu nombreux, mais ils sont bruyants. L’impact culturel est en revanche profond, recherché avec d’autant plus de zèle sur les divers réseaux d’influence – spécialement numériques – que l’on sait que la bataille idéologique se gagne d’abord par la culture et le vocabulaire. Il n’y a pas jusqu’au vocable d’«identité » qui ne soit piégé, conduisant chacun à se justifier de ce qui serait chez lui tout à la fois différent, unique, essentiel et intangible.
J’ai voulu examiner aussi à ce titre les raisons de notre sensibilité particulière – nous, catholiques français – à cette question de l’identité. Car il ne s’agit pas de la rejeter : ce serait me renier moi-même. Ceux qui me connaissent et ceux qui me lisent savent mon attachement à ma foi, à mon pays, à sa culture, à ses paysages, à ses clochers.
Mais si notre inquiétude est vraiment celle de trouver notre place dans une société qui semble se dérober sous nos pieds, si notre angoisse est véritablement celle de l’avenir du catholicisme en France, alors je crois qu’il nous faut dépasser le réflexe simpliste de défense et d’affirmation identitaires pour chercher le sens et l’apport que peut avoir la présence catholique dans la société française.
C’est une nécessité pragmatique et stratégique, mais c’est également une démarche spirituelle. En écrivant ce livre, je me suis aperçu que, du livre de Jérémie à la Passion du Christ, c’est comme si Dieu nous demandait avec insistance de savoir nous détacher de la pierre pour nous attacher à la parole vivante. Peut-être pouvons-nous trouver dans cette démarche le viatique qui nous donnera la force de traverser avec confiance une période troublée et troublante.
Voilà succinctement exposé le propos – difficile parfois à écrire, difficile peut-être à entendre – que j’ai voulu aborder dans ce livre. Il paraît en librairie le 13 janvier . Vous pouvez d’ores et déjà en lire la quatrième de couverture (en cliquant sur l’image ci-contre ou là) et le commander chez votre libraire ou sur ces divers sites :
- Place des libraires ou Les Libraires
- La Procure
- La Fnac
- Chapitre
- Amazon
- Et en version numérique, Kindle ou Kobo
- J’aurai le plaisir d’en faire une présentation et la dédicace à la libraire La Procure de la rue de Mézières (place Saint Sulpice) à Paris le jeudi 12 janvier de 18h30 à 19h30.
- que ce soit Les Identitaires (ex Bloc Identitaire), Génération Identitaire ou la myriade de groupuscules régionaux, régionalistes ou « localistes » [↩]
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« Ce n’est pas à la façon dont un homme me parle de Dieu que je sais qu’il est chrétien, mais à la façon dont au nom de Dieu, il traite l’homme »
Simone Weil, philosophe
Je répète cette phrase à qui veut bien l’entendre.
Vous avez encore une fois tout dit, et bien dit !
Nous ne pouvons pas nous laisser enfermer dans cette identité (supposée) étriquée. Nous sommes tous issus de mélanges, le monde change, l’intelligence est de s’adapter, non de s’accrocher comme la bernique à son rocher, désespérément et inutilement. Rares, trop rares, sont ceux qui le comprennent.
Je n’ai pas voté Fillon à cause de cette vision étroite de ce que doit être notre pays.
Démarche intéressante, je vais mettre ton livre sur ma todo liste.
Si les identitaires ont tort parfois sur la forme, sur le fond il n’y a rien de plus légitime que leur combat ou plus généralement la « cause » qu’ils veulent défendre. …
Si on veut bien se renseigner sur le plan Kalergi et le gloubi boulga que le N.O.M est en train de mettre en place…
Prétendre ou supposer que l’on est supérieur c’est du blablabla… mais vouloir préserver son Histoire et la défendre c’est plus que louable.
Nota Bene: les identitaires sont plus souvent athées ou plutôt païens que catholiques pratiquants.
Bref… je ne sais si le livre relate tout cela, mais voilà ce qui me vient à la lecture du billet.
Bonne année !
Pas de version électronique prévue, Kindle par exemple?
Emmanuelle Fontenit a écrit :
L’adaptation est une obligation. Cela peut ne pas nous plaire et, tel que je suis, j’aurais toutes les raisons de ne pas vouloir que la France change. Mais que je ne le veuille pas n’y changera rien.
@ Allegria : la forme m’intéresse peu. C’est le fond qui est essentiel. Et c’est bien sur ce fond que leur idéologie est irrecevable et, sans hésitation, incompatible avec la foi chrétienne.
Quant au NOM et au Plan Kalergi, il faut faire attention aux sites que l’on fréquente…
@ FAVREAU Marc : merci à toi 😉
Ambroise Nève a écrit :
Si, mais elles sortent toujours avec plus ou moins de décalage sur la sortie papier, selon les maisons d’édition. Avec le Cerf, il semble que cela tourne autour d’un mois.
Merci d’être un des rares témoins du fait que si le conservatisme est compatible avec le catholicisme, le rejet ou la haine de l’autre ne le sont pas.
Votre propos ne touchera probablement pas le noyau dur identitaire, qui est plutôt athée ou païen comme tout vrai fasciste qui se respecte, mais si vous pouvez permettre à d’authentiques catholiques conservateurs de ne pas se perdre dans le miroir aux alouettes vous aurez fait gagner beaucoup aux brebis qui ne s’égareront pas, à l’Église, et peut-être même au paysage politique français.
Le noyau dur est en effet païen ou athée. Mais un certain nombre d’entre eux cultive de nouveaux liens avec le christianisme, certains évoquent même leur conversion ce qui me laisse perplexe tant qu’ils continuent de professer des opinions politiques radicalement étrangères au christianisme (l’un d’entre eux s’enorgueillit toujours d’être l’auteur de la « déclaration de guerre » de Génération Identitaire qui proclame notamment « nous avons cessé de croire que l’humanité soit notre famille », ce qui contredit terme à terme l’Evangile et Saint Paul notamment (voir Ephésiens 3, 3-6, « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. »). D’autres (Vardon) tentent de développer l’idée que le paganisme et le christianisme cohabiteraient très bien dans le coeur de l’Homme.
Comme vous l’écrivez très justement, c’est à ceux que vous appelez les « authentiques catholiques conservateurs », mes frères, que je pense (même si je ne suis pas un grand fan du terme « conservateur »).
Indéniablement des loups sont dans la bergerie et ce livre est salutaire. Néanmoins, aujourd’hui, dans le contexte actuel mondial, ce qui attire dans le message radical de ces identitaires, c’est en quelque sorte leur virilité, leur radicalité justement, qui refuse tout compromis. Laissons de côté le ralliement des peureux, mais envisageons uniquement la sympathie à leur égard des authentiques catholiques. Nous constatons que, de plus en plus, dans nos sociétés déchristianisées, nous, les véritables chrétiens, serons appelés à témoigner de notre foi dans un contexte qui nous deviendra toujours plus hostile. Oui, à l’instar des Chrétiens d’Orient, de ces martyrs, bientôt, dans notre Occident apostat, il nous sera demandé de nous positionner radicalement, les compromis ne seront plus possibles si nous voulons suivre le Christ… Jésus n’était-il pas l’exemple de cette radicalité ? Dieu « vomit les tièdes » Ap 3:16. Pour illustrer mon propos, je vous donne un exemple récent d’un fait qui m’a beaucoup déçue : l’accueil favorable de la part du Vatican et la publicité qui a été faite par celui-ci à un film, tout sauf catholique : « Silence » de Martin Scorsese, qui n’est qu’un plaidoyer pour l’apostasie par « charité »… Alors que, justement, notre monde a besoin du message contraire, un message fort de la part des chrétiens (je pense notamment à l’euthanasie et à l’avortement…) à savoir : notre ferme attachement aux enseignements du Christ, Matt. 10:37
Je ne peux juger du film, et regrette si c’est bien le cas, que tel soit son message. Cela me surprend aussi. Pour le reste, je suis bien d’accord avec vous : la difficulté est que la radicalité que nous devons poursuivre est un effort sur nous-mêmes. Elle nous demande de combattre nos tentations premières et, en premier lieu, de répondre à la force par la force. Elle nous demande de concevoir autrement la virilité que dans le muscle et le physique. Mais oui, le contexte actuel, qu’il soit sécuritaire ou simplement celui de la perte de sens, appelle cette radicalité.
Je n’ai pas encore lu votre livre , je peux donc d’autant plus dire beaucoup de sottises. Quelques remarques cependant, qui sont plutôt des interrogations angoissées que des certitudes:
Il me semble tout d’abord que le mot « identitaire » n’est pas le mauvais génie du seul christianisme; qu’ensuite, si ces « identitaires » d’extrême droite, la plupart du temps athées comme vous le rappelez, tentent effectivement parfois des chrétiens, c’est parce que ceux-ci se sentent bien seuls. Nous voyons tous que des chrétiens sont en butte à des difficultés, parfois graves dans certains endroits du monde. C’est, il me semble par le soutien qu’on peut leur apporter, par le refus de l’injustice et de la calomnie dont ils sont victimes ( en Occident aussi, où le meurtre est seulement commis de façon symbolique ) qu’on peut éviter de la part de certains chrétiens occidentaux une radicalisation qui ressemblerait à une vengeance, dommageable pour tout le monde mais compréhensible à défaut d’être excusable.
Je pense, enfin, qu’il faut distinguer le plan de la foi et le plan de la politique: constatons-nous une volonté d’hégémonie, traduite en actes violents, en projets politiques violents, de la part du christianisme actuel, ou la constatons-nous dans de nombreux pays islamiques, tout comme dans une forme excessive de la laïcité? Sous peine de disparaître, il me semble qu’on ne peut pas dénier à certains pays / à certaines idéologies le fait qu’ils qui nous considèrent comme « ennemis ». Nous pouvons ne pas faire d’amalgames, nous devons ne pas en faire; nous pouvons ne pas confondre les musulmans et les islamistes, nous devons ne pas le faire; mais nous ne pouvons pas nier que d’autres nous ont condamnés.
La dimension narcissique explosive, à l’oeuvre dans la « fierté » que vous refusez, est présente partout, dans toutes les cultures. La nier pourrait conduire, pour moi, au retour du refoulé, donc à plus d’identitaire encore, ou à notre disparition. En somme, l’adage pascalien, « qui veut faire l’ange fait la bête » résonne, pour moi, comme une exigence de modestie: comme vous le dites, évoquer notre identité ne doit pas faire de nous des identitaires, ce qui serait contraire au christianisme, mais il y a aussi des illusions néfastes, qui consistent à confondre, d’une façon nouvelle, l’ordre de César et l’ordre de Dieu : en niant l’ordre de César, en se croyant en dehors du combat, au-dessus de la mêlée. Il y a là possiblement comme un orgueil problématique. Penser les choses seulement sur le mode du conflit est dangereux, mais l’ignorer aussi. Soit le christianisme s’imposera à tous parce qu’il est la religion de l’amour ( je ne suis pas assez chrétienne pour le croire et notre passé nous a montré les limites de l’expansion chrétienne), soit nous risquons de disparaître devant ceux qui n’ont pas cet idéal pacifiste. Il y a une autre alternative: la coexistence non communautariste. Elle me paraît peu assurée.
Je pense que je vais acheter ton livre et le lire. Le sujet m’intéresse. J’aimerai qu’on s’entende aussi sur le mot « identitaire ». Faut-il le limiter dans un sens politique ? N’y a-t-il pas aussi un sens sociologique ? : ceux qui se disent catholiques (ou chrétiens) de culture, ceux qui se disent « croyants non pratiquants » mais qui demandent le baptême pour leur enfant, se marient éventuellement et dont enterrés à l’église.
Pour vous répondre un peu, sans réécrire le livre, je suis parfaitement d’accord pour dire que l’identitarisme n’est pas que le mauvais génie du christianisme. Il est aussi celui du pays, ce que j’aborde aussi dans le livre. Mais il s’implante parmi les chrétiens qui devraient pourtant être vaccinés contre lui. Que le reste du pays y soit sensible est une chose, à contrecarrer, mais voir le christianisme récupéré dans cette dimension identitaire est pour le coup insupportable.
Pour le reste, être conscient que nous sommes les ennemis des islamistes, être conscient que l’islam recèle un problème particulier par rapport à la violence, cela n’implique pas que nous soyons contraints de répondre par une crispation identitaire.
Quant à la fierté, à laquelle je suis assez peu sensible – je conçois que l’on soit fier de ce que l’on accomplit, moins de ce que l’on est et pour lequel nous ne sommes pour rien – elle n’implique pas les conséquences que les groupes identitaires en tirent.
@ Père Louis de Villoutreys : merci pour cet intérêt 🙂 Et je suis d’accord avec vous, cette notion n’est pas exclusivement politique. Elle est au demeurant très fuyante. Si on l’entend au sens le plus strict, elle ne devrait s’appliquer qu’aux seuls groupes politiques définis comme tels. C’est évidemment plus large et je traite de cet état d’esprit, de cette tentation, qui nous guette un peu tous.
Galates 2,20
« si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi »
On peut difficilement faire plus identitaire.
@ Aristote:
Je ne sais pas trop quelle définition du terme « identitaire » vous employez à faire ce rapprochement? Cette citation me conduirait plutôt à la conclusion inverse de la vôtre: si le Christ, fils de Dieu, vit en moi, alors c’est tout l’univers que j’embrasse; cela exclut toute possibilité de définir le christianisme comme identité pour seulement une fraction de l’humanité.
@ Gwynfrid:
La définition du terme « identité » est de fait élusive. Un livre récent de Vincent Descombes, « Les embarras de l’identité », publié dans la collection essais de Gallimard, en propose une analyse éclairante.
J’ai un problème avec l’instrumentalisation politique du christianisme, moins avec l’idée d’une identité chrétienne.
@ Aristote : je ne le verrais pas franchement comme cela 🙂 Si le Christ vit en toi, c’est sa parole qui t’anime.
Le terme « identité » est en effet bien difficile à cerner, et ce n’est pas un hasard s’il est tant utilisé par l’extrême-droite : je rapporte, dans mon livre, le propos tenu par Bruno Mégret expliquant qu’à une époque, chargé de la doctrine au Front National, il s’est employé à redéfinir le vocabulaire (constatant à raison que le vocabulaire oriente la politique) et qu’ils ont choisi de mettre en avant le terme identité.
Cela étant, il ne s’agit pas de condamner l’idée d’identité en elle-même mais d’être bien conscient du fait que le terme n’est pas neutre.
@ Koz:
Le terme d’identité n’est pas neutre et on peut vouloir éviter de l’utiliser.
Mais ce n’est pas si simple. Le FN défend une identité nationale visant à exclure, une partie de la gauche aime l’identité, à condition qu’elle soit plurielle et de l’ordre du folklore, une autre partie (les fanatiques du genre, etc.) vomit toute idée d’identité comme en contradiction avec leur prétention délirante à s’autoproduire.
Pourtant, accueillir l’autre suppose qu’il ne soit pas le même et dire « nous » implique de pouvoir dire « eux ». Pas de leur faire la guerre.
Aristote a écrit :
Là n’est pas la proposition, me semble-t-il.
… Et dans aucun de ces contextes, une notion d' »identité chrétienne » ne peut tenir la route, à mon sens. À moins de dévoyer complètement l’Évangile, comme les « identitaires » ci-dessus décrits cherchent à le faire.
Je ne crois pas que quiconque conteste cela, même pas les amateurs d’identités plurielles (au contraire, ils proposent de reconnaître des identités multiples, ce qui étend les possibilités de différences au lieu de les effacer).
Le chrétien, lui, peut dire « eux » naturellement. Mais il le fait sur un plan autre que celui de la foi. En tant que chrétien, il dira plutôt « mes frères », et reconnaîtra d’abord des enfants de Dieu.
Aristote a écrit :
Tout à fait. J’ai noté l’image la plus juste-là dessus, en tout cas la plus parlante pour moi, chez Tugdual Derville (mais il l’avait peut-être reprise d’ailleurs elle n’est sans doute pas neuve) : on bâtit des ponts sur des rives, pas sur des marécages.
Gwynfrid a écrit :
Justement, « on » les étend tellement que la notion d’identité elle-même commence à n’avoir plus de sens à force de vouloir en avoir trop – puisque ce trop est précisément contradictoire avec le « id » de l’identité, il n’y a pas un « cela » délimité, id-entifiable.
Pour koz : si le boulot ne me bloque pas je devrais venir m’offrir une dédicace comme cadeau d’anniversaire. (Même si j’ai l’impression que tout twitter a déjà lu le livre et que la pré-sortie officielle sera déjà à la limite de la réédition, les réseaux sociaux conduisent vraiment à une péremption ultra rapide de toute info, je l’observe encore à cette occasion…)
Merci.
Je suis tellement frappé par l’occupation médiatiques de cette frange identitaire
Une frange sur laquelle se construit cet intégrisme laïque.
Merci d’être cette voix !
Bonjour Koz,
Je n’ai pas encore lu le livre, mais une remarque peut être formulée : le manque de substance, de chair, bref de contours, n’est-il pas la motivation même de nos concitoyens tentés par la violence? Vouloir se préserver d’une forme de visibilité, qui est la première forme de canalisation de la violence, ne revient-il pas à pousser ceux qui ont moins creusé l’intériorité de leur Foi – mais faut-il pour autant les abandonner?- vers une forme de violence, qui est elle est irréparable car assumée? Au fond, la tentation « intellectualliste » a toujours existé mais a toujours débouché vers un élitisme catholique. Il est tentant, mais :
1. Ne nie t-il pas la nécessité d’une forme canalisatrice et fédératrice
2. Ne constitue t-il pas un échapatoire esthétique, mais finalement peu nourissant.
Merci
Ghislain
Il y a toujours eu des familles politiques de la droite extrême pour tenter de capter le christianisme. L’Action française par exemple : sa condamnation en 1926 par Rome a été un véritable séisme à la mesure de son influence… et après ? La sécularisation a continué. Plus encore, la fuite des fidèles s’est accentuée, la moyenne d’âge des pratiquants est devenue élevée, le manque de prêtres menace l’institution de l’intérieur, et ajoutons y : la chute du nombre de baptêmes des enfants, la paresse intellectuelle du haut-clergé, l’absence de véritable travail théologique… etc. bref la tendance sociologique (ou ecclésiologique) reste inchangée : l’Occident chrétien ne veut probablement plus se reproduire à l’identique. Les identitaires dont vous parlez ne changeront pas cette tendance lourde de notre histoire : ils n’en sont que des symptômes. RV dans trente ans.
Bonjour Koz.
Je suis frappé par le ton de certains commentaires sur ton livre. Je parle des réseaux sociaux pas de ce blog qui reste accessible pour ceux qui veulent débattre sereinement. Certains t’accusent d’être un catho mou voire un faux catho (en passant, qu’est ce donc qu’un vrai catho?) d’autres d’être anti-français et mondialiste acharné. Je n’ai pas encore lu le mot « collabo » mais ça ne va pas traîner à mon avis, c’est comme ça que certains appellent ceux qui aident les réfugiés. Et tous ces mots doux sont écrits par des gens qui n’ont pas lu ton livre car il n’est pas paru! Au mieux, ont-ils lu quelques extraits! Je voulais donc t’exprimer mon soutien parce que je pense que ce genre d’insultes peut faire mal, malgré tout. Je sais que tu es authentiquement patriote car je lis tes posts depuis 10 ans maintenant et je crois aussi que tu es un catholique sincère. Par ailleurs, cela m’amène aussi à m’interroger sur l’utilité d’être présent sur ces réseaux sociaux. Bien souvent, ils permettent l’expression désinhibée de commentaires primaires sans aucune réflexion, même élémentaire. Ils appauvrissent le débat et tournent à la caricature et finalement à une forme de violence.
@ Samuel Duval:J’approche des 65 ans. J’ai grandi et travaillé dans un milieu a-religieux de gauche mais pas bouffeur de curé. J’ai toujours été en contact avec des cathos. J’ai beaucoup aimé Mai 68. Je viens souvent lire Koz. Je laisse souvent des commentaires qu’il accepte de publier. Ce que je trouve intéressant chez lui c’est qu’il pourrait ne rien dire, ne rien écrire et que pourtant il le fait. Et souvent ce qu’il écrit dérange et fait réfléchir et fait avancer. C’est le cas d’ailleurs aussi de beaucoup des commentaires faits sur son blog. Je pense qu’il est bon que sur internet en général, sur les réseaux sociaux en particulier il y ait des prises de position qui enrichissent le débat, évitent la caricature et la violence. C’est un contre-poison aux horreurs effectivement que nous pouvons y trouver parfois. C’est toujours avec plaisir que je rencontre « Aux Captifs la libération » ans ainsi que dans les paroisses que je fréquente des jeunes de 20 à 40 ans qui sont cathos et qui le vivent bien et qui s’engagent au service des autres. Ils sont très différents de ce que j’étais à leur âge. Mais c’est intéressant de faire des bouts de chemins avec eux.
Peut-être qu’il est bon de relire cette analyse produite par ICHTUS sur la Nation selon St Jean Paul II. le lien est ici :http://www.ichtus.fr/la-nation-selon-jean-paul-ii/
« Lorsque les croyances politiques n’ont plus rien de religieux, ce sont les religions qui deviennent politiques » dit Régis Debray.
Le problème n’est pas simple, en effet, il faudrait dissocier la foi de la religion. Qu’est ce que la Foi, qu’est ce qu’une religion ?
La religion s’inscrit dans un groupe, dans une histoire, un héritage, des moeurs, des traditions, une culture,bref dans un NOUS qui est bien plus fort que le petit moi privé. Donne-NOUS notre pain de chaque jour. Pardonne – NOUS nos offenses. La religion ne se défini pas uniquement par le fait de croire, d’avoir la FOI, mais par le fait de se réunir au nom d’une croyance. Ainsi donc, on peut se définir comme catholique sans avoir la FOI, de même on peut se reconnaître musulman uniquement par la naissance ou juif tout en étant athée. Une chose est évidente, lorsque les groupes se démembrent, la croyance décline.Sans la religion, le vivre ensemble n’est qu’une incantation. Le collectif a ses raisons que la raison individuelle ne connait pas.
La maoïsme, le stalinisme furent les plus fantastiques délires religieux du XX°siècle et étaient pourtant reçus et théorisés par de nombreuses » têtes pensantes et froides » professeurs et philosophes compris, comme le stade suprême de la rationalité historique. Finalement, les religions séculières ont toujours eu la vie courte.
Sur ce sujet, Régis Debray fait une analyse et une étude absolument remarquable » sans instruction à charge, ni à décharge » selon son affirmation. Lire son dernier livre » Allons aux faits: croyances historiques, réalités religieuses ».
« Nous sommes tous fils de Dieu au-delà des races, des frontières »
« Chacun de nous est le maillon d’une chaîne ininterrompue que nous devons avoir à coeur de faire perdurer »
» Nous sommes interdépendants les uns des autres, nous formons une unité, un tout, au sein d’une même cité. L’existence d’une nation est engendrée par la conscience de ce « nous commun ». Elle est donc le cadre de vie, le milieu dans lequel vit l’homme, au-delà de la famille. De ce fait, la nation façonne et imprègne profondément l’être humain. »
« On ne peut comprendre l’homme en dehors de cette communauté qu’est la nation. Il est naturel qu’elle ne soit pas l’unique communauté. Toutefois, elle est une communauté particulière, peut-être la plus intimement liée à la famille, la plus importante pour l’histoire spirituelle de l’homme »
« L’histoire, dit Jean Paul II, montre que dans des circonstances extrêmes, comme celles qu’a connues la terre où je suis né, c’est précisément sa culture qui permet à une nation de survivre à la perte de son indépendance politique et économique »
« La nation est un bienfait mais, comme toute réalité, la nation, peut être détournée de sa fin propre et utilisée à des fins nocives.
Comment ? En devenant un absolu. Le 8 mai 1995, Jean-Paul II a fustigé, « l’idolâtrie du culte de la nation », lors de son message pour le cinquantenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale; et dans un autre discours, en janvier 1994, il a dénoncé « un nouveau paganisme, la divinisation de la nation », devant les représentants de 146 Etats entretenant des relations diplomatiques avec le Saint-Siège. «
« Jean-Paul II considère que l’Europe ne saurait avoir d’avenir durable si elle s’édifie selon un processus qui vise à écraser les nations ou leur souveraineté. «
Source: le lien indiqué par Cacqs
Anecdote vraie: En 1871 Anaïs D… est une enfant vivant dans un paisible village des Ardennes françaises. Elle s’enfuit à l’arrivée des Allemands qui détruiront sa maison familiale. La paix revenue cette maison est reconstruite. En 1914 Anaïs D… est une jeune femme qui s’enfuit avec sa famille à l’arrivée des Allemands. La maison familiale est détruite. La paix revenue la maison est reconstruite. En 1940 Anaïs D… est une vieille femme. A l’arrivée des Allemands elle refuse de partir. Elle reste dans la maison familiale qui est bombardée, détruite. Elle meurt dans les décombres de sa maison familiale. Sa fille est partie sur les routes en direction du Sud de la France avec huit enfants dont l’un mourra pendant l’exode. Elle se réfugie en Lot-et-Garonne.
La famille d’Anaïs D… n’a pas la même idée de la nation et de l’identité nationale qu’une famille française qui n’a jamais connu la guerre et les destructions massives des villes, villages et des populations civiles.
humpty-dumpty a écrit :
C’est vrai. Encore faut-il que la volonté de bâtir des ponts existe (je ne parle pas dans ce cas de Tugdual, qui a un sens du dialogue affirmé). Je remarque que, parmi ceux qui affirment assez aisément que, pour dialoguer, il faut savoir qui l’on est, un certain nombre s’arrête juste à l’étape préliminaire, mais n’entend pas dialoguer ensuite.
humpty-dumpty a écrit :
Twitter will always be Twitter.
J’expérimente pour la première fois, avec les réseaux, ce que j’ai entendu de la part d’auteurs (et qui avait d’ailleurs un peu tendance à m’agacer) : j’ai hâte que les gens puissent se prononcer sur le contenu du livre. Certains semblent imaginer des choses bien surprenantes, qui seraient en fait en contradiction avec tout ce que j’ai pu écrire depuis longtemps.
Ghislain Dupré a écrit :
Dans la mesure où j’assume une certaine forme de visibilité depuis quelques années – avec les désagréments qui vont parfois avec – pensez-vous vraiment que ce soit cela que je critique ?
Samuel Duval a écrit :
Samuel, je te remercier très sincèrement pour ce commentaire. Elle fait du bien, au milieu de l’hystérie qui semble saisir certains – qui, comme tu le soulignes, n’ont pas pu lire le livre. Ves reproches sont en contradiction totale avec ce que j’écris depuis longtemps, et avec ce que j’ai pu écrire dans mon premier livre, mais je ne crois pas que cela soit susceptible de les effleurer. Ils sont fidèles à eux-mêmes, obsédés par l’envie de discréditer la personne. Je n’en suis pas spécialement surpris (« collabo » est sorti, bien évidemment).
Mon propos est justement (et entre autres) de souligner que l’on peut être catholique, assumé, et patriote tout à la fois, sans avoir besoin de céder au syndrome identitaire. Mais bon, d’autres, de bonne volonté, liront le livre et le comprendront je l’espère.
Merci encore.
@ Picard : on peut très vraisemblablement se dire catholique parce que l’on a été baptisé. Mais être catholique, être chrétien, c’est bien autre chose que d’avoir un jour reçu le baptême. C’est un enjeu quotidien.
Pourtant, l’histoire nous a prouvé , déjà depuis quelques années que quand les systèmes totalitaires s’effondrent la religion ancestrale refait surface. Exemple: la vitalité actuelle de la religion en Russie, en Pologne, en Serbie, en Croatie pour le christianisme et même pour l’islam au Kosovo et en Bosnie. Dans une société atomisée et versatile comme la nôtre, celle d’un individu en » complète autogestion « , la religion catholique n’est pas bien vue, mais par contre les spiritualités se portent très bien puisqu’elles sont misent au service du seul ego et appelées » méthode d’accomplissement personnel « . Régis Debray dans son dernier livre écrit » Les spiritualités, cela a un avantage,cela n’exige pas de discipline de groupe,d’étude préalable, et le consumérisme ambiant peut en faire ses choux gras. L’élévation sans contrainte et sans obligation c’est idéal pour un monde égoïste et aux capacités d’attention de plus en plus limitées. L’obligation, le fait d’être obligatus, lié, ( car la religion relie ),attaché à autrui est essentiel à la nature de l’homme car sans cela il ne vit plus en société, mais en » dissociété « .
Votre ouvrage (que je n’ai pas lu, moi non plus ^^) a l’air de mettre le doigt sur quelque chose qui germait depuis longtemps dans la population catholique.
Sur ce thème, précis, de l’identité, des nations, etc., je me suis fait traiter, au sein de mon aumônerie de prépa, dans un très grand lycée parisien, d »internationaliste marxiste » (sic), simplement parce que j’osais soutenir que, non, le projet européen, quoique perfectible, ne me semblait pas en soi contraire à la doctrine de l’Eglise. Un autre m’avait expliqué que c’était un devoir de bon catholique que de lire quotidiennement le Salon Beige… (je regrette encore de ne pas avoir eu le cran de lui dire, ce qui était vrai, que la lecture dudit blog se retrouvait fréquemment parmi les péchés que j’accusais en confession).
Nous étions très jeunes (je fêtais mes vingt ans, et les autres parties prenantes à la discussion devaient avoir vingt ou vingt-et-un ans), mais j’ai le sentiment que l’évolution des temps, la crise, les attentats, a été saisie par ces gens-là, et surtout leurs grands frères et parents, pour pousser leurs idées, leur vision de l’Eglise, etc. Alors, simplement, merci pour votre livre, parce que, d’après ce que je lis depuis, justement, cette époque de la prépa sur votre blog, je sais qu’il sera nuancé, pas du tout collabo ou quoi.
En revanche, suivant l’adage « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge », faites attention à la pub qui pourra vous être faite par des gens peut-être trop agressifs envers ceux dont j’ai parlé plus haut. Il faut, absolument, que nous puissions continuer à nous parler.
Picard a écrit :
Je découvre un peu les choses par le prisme de l’édition, depuis peu. Il est frappant de voir qu’il est préférable d’être dans un rayon « religion » que « spiritualité » pour vendre. Et lorsque vous regardez le rayon virtuel « spiritualité » sur Amazon, tous les premiers titres portent sur la méditation.
@ Edel : il semble en effet, aux réactions et attaques d’ordres divers, que beaucoup se sentent directement concernés, par principe.
Je me reconnais tout à fait dans ce que vous écrivez ensuite, même si je n’ai jamais ressenti la nécessité de confesser les rares fois où j’allais regarder ce que faisait le Salon Beige 😉
Pour ce qui est des réactions des autres, de la pub et de la récupération, au bout d’un moment, je vous dirais que c’est entre les mains de Dieu. J’ai déjà assez à m’occuper avec mes propres réactions pour ne pas essayer quoi que ce soit sur celles des autres, auxquelles je ne peux rien.
Merci en tout cas pour votre commentaire. La réception n’est pas évidente, je m’y attendais, mais je continue de penser que c’était nécessaire.
Koz a écrit :
Il serait également insupportable que certains, que vous dénonciez dans
https://www.koztoujours.fr/vous-ne-me-ferez-pas-taire-au-nom-de-la-liberte-dexpression
exploitent une lecture littérale du titre et prétendent effectivement que l’identitarisme n’est le mauvais génie QUE du christianisme.
Puisqu’on vous dit que « les religions »…
Vous savez, quand on écrit un livre, on entretient toujours l’espoir confus que les gens lisent davantage que le titre. Mais il faut un titre à un livre.
Cher Koz,
N’ayant pas encore lu votre livre, il est fort possible que mon commentaire tombe à côté, et j’en suis désolé si tel est le cas. En outre, je trouve votre démarche salutaire, et je crois que faire du christianisme un simple outil d’affirmation identitaire serait un appauvrissement terrible de cette religion – de la même façon que l’islam politique appauvrit considérablement la tradition de l’islam en la vidant de sa spiritualité.
Néanmoins, permettez-moi de réagir à deux points de votre post.
« Un jour prochain nous aurons peut-être à rappeler que le christianisme est une religion de paix, qu’il ne faut pas faire d’amalgame, que la violence n’a rien à voir avec le christianisme. »
Le choix des termes faisant clairement référence à l’islam, rappelons tout de même que le rapport à la violence est fort différent dans les deux religions concernées (comme le rappellent courageusement de nombreux auteurs musulmans, dont on trouve un florilège par exemple dans le dernier hors-série du Courrier international « les libres-penseurs de l’islam »).
Attention, il y a eu (et il y a) des actes de violence commis au nom du christianisme, et il y a des appels à la paix au nom de l’islam. Néanmoins, là où les Evangiles disent de « tendre l’autre joue », le Coran évoque favorablement à plusieurs reprises la possibilité de tuer au nom de Dieu.
Comme l’écrit fort justement un certain blogueur catholique : « être conscient que l’islam recèle un problème particulier par rapport à la violence » !
« concilier le christianisme avec la violence, le Christ avec les dieux païens » et « D’autres (Vardon) tentent de développer l’idée que le paganisme et le christianisme cohabiteraient très bien dans le coeur de l’Homme. »
N’ayant rien lu de ce M.Vardon, je ne peux que m’appuyer sur votre commentaire pour penser que sa vision du paganisme est sans doute assez différente de la mienne !
Le père Benoît-Dominique de la Soujeole le rappelle dans son article parlant de votre livre : « Benoît XVI, à la suite de Jean-Paul II et repris par le pape François, a clairement affirmé que cette rencontre de l’Évangile et de la culture gréco-latine entrait dans le plan du gouvernement divin. »
Dans le De natura deorum de Cicéron, on peut lire par exemple : « Nous devons croire que, de même qu’ils ont soin de nous, les Dieux ont soin de ces peuples dont nous ignorons tout et qui vivent dans des pays si lointains que nous n’en imaginons même pas l’existence. » Nulle crispation identitaire dans ces propos !
A mon sens, aux plans anthropologique et théologique, le christianisme est beaucoup plus proche du paganisme de l’Hymne à Zeus de Cléanthe, ou des réflexions de Cicéron, que de tout islam qui découlerait d’une lecture littérale du Coran.
Dit brièvement, là où le Dieu farouchement unique de l’Islam surplombe ses créatures et agit sur elles, le Dieu trinitaire se tient au milieu de ses enfants et agit avec eux. Je trouve donc plus d’échos au christianisme (sans nier évidemment les différences) dans ce que l’Iliade et l’Odyssée montrent d’Athéna, qui discute et débat avec ses protégés et dit à Achille « Aujourd’hui, nous allons remporter ensemble une grande victoire », que dans l’idée d’un Coran « éternel et incréé » qui s’impose à l’homme sans possibilité de dialogue, sans que la créature ne puisse devenir co-auteur de la création.
Quant à la violence, et pour quitter un instant la sphère occidentale, le Jaïnisme par exemple prouve bien que paganisme et non-violence peuvent aller très bien ensemble.
Bien à vous.
Cher Monsieur,
Tout d’abord, je vous remercie pour votre commentaire. Dans le concert des réseaux sociaux, il n’est pas désagréable, comme le notait déjà Samuel Duval, de pouvoir échanger de façon plus ajustée. Et je vous rassure votre commentaire tombe moins à côté que ceux qui critiquent publiquement mon livre, tout en ne l’ayant pas lu non plus.
De fait, je suis d’accord avec vous sur les deux points.
Le premier est évidemment une interpellation délibérée de ma part. L’agression commise à Sainte Rita cet été par un gars qui a interrompu son « Je vous salue Marie » pour aller cogner un passant (peut-être provocateur, ce à quoi un chrétien doit savoir résister – cf les Veilleurs) a suscité des interpellations sur les réseaux sociaux, appelant les chrétiens à se désolidariser. Aujourd’hui, cela nous semble totalement ubuesque. Mais, comme je le précise dans le livre, l’inculture religieuse, l’ignorance du christianisme, nous conduiront peut-être demain à devoir répondre à ces injonctions par un autre #notinmyname. C’est aussi, dans une certaine mesure, ce que j’entends faire dans ce livre, car je vois monter ces comportements qui, quoique minoritaires, entâchent de façon disproportionnée l’Eglise et ne manquent pas d’être instrumentalisés par ceux qui ne nous veulent pas que du bien.
Cela ne m’empêche pas, parallèlement, d’être pleinement conscient du fait que l’islam a un problème autrement plus grave à gérer avec la violence. Je faisais hier un entretien croisé avec Laurent Dandrieu pour La Croix et je l’ai rappelé.
En ce qui concerne le paganisme, si je ne pense pas que ces milieux excluent radicalement les racines grecques, ce n’est pas véritablement à ce paganisme-là qu’ils multiplient les références, mais bien davantage au druidisme ou aux mythologies germaniques / nordiques. C’est, pour moi, tenter de mélanger l’eau et l’huile. C’est d’ailleurs le titre de mon premier chapitre : « Par Odin et par Notre Seigneur Jésus Christ ?« .
A mon tour de vous remercier pour votre réponse !
Dans ce concert des réseaux, votre blog est une voix harmonieuse fort bienvenue, tant vous réussissez à allier sincérité dans l’émotion et rigueur intellectuelle dans l’argumentation, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Vous lire est toujours stimulant, même (surtout ?) en cas de désaccord.
Deux points, cependant, sur « Odin et Notre Seigneur Jésus Christ » (le titre évidemment, pas le chapitre, que je me réjouis de lire mais n’ai pas encore lu….).
En ce qui concerne les paganismes celtes et germaniques anciens, leur rencontre avec le christianisme a déjà eu lieu, et s’est avérée magnifiquement féconde !
L’idéal de la chevalerie médiévale, incarné notamment dans la tradition littéraire arthurienne, en est l’une des manifestations les plus admirables. La présence de Siegfried/Sigurd sur le portail de l’église de Hylestad, comme la survivance de divinités celtes dans certains saints « non historiques » (Sainte Brigitte, par exemple), en témoignent également.
Si vous me permettez un peu de pub, quelques bouquins assez éclairants sur le sujet : « Mythologie chrétienne », de Philippe Walter, « Yggdrasil » de Régis Boyer, « The germanization of early medieval christanity » de James Russel, et « Les druides, des philosophes chez les barbares » de Jean-Louis Brunaux (qui rappelle qu’au 2ème siècle avant JC un disciple d’Aristote, Poseidonios d’Apamée, soulignait les points communs entre les druides qu’il avait rencontrés lors de ses voyages en Gaule et les philosophes de la Grèce, surtout les pythagoriciens).
En ce qui concerne les néo-paganismes se référant à ces religions anciennes, il y a un monde entre (par exemple) le druidisme d’un Philip Carr-Gomm et la récupération de symboles vikings par des groupuscules néo-nazis ! Et on remarquera que les groupes extrémistes prennent rarement la peine de suivre les débats universitaires relatifs aux religions dont ils se réclament, contrairement à ce que fait une structure comme l’OBOD.
Il n’y a manifestement pas que dans les religions monothéistes que les extrémistes ont du mal à accepter l’exégèse….
L’article du Monde du 7 janvier sur votre livre (annoncé en Une, félicitations !) semble faire porter au pape François une responsabilité particulière dans les divisions des catholiques sur l’immigration et l’idée de nation. Je relisais avec intérêt les propos de Jean-Paul II au corps diplomatique à Rome le 15 janvier 1994 :
« Nous nous trouvons face à un nouveau paganisme: la divinisation de la nation. L’histoire a démontré que, du nationalisme, on passe bien vite au totalitarisme et que, lorsque les Etats ne sont plus égaux, les personnes finissent, elles aussi, par ne plus l’être. Ainsi la solidarité naturelle entre peuples est-elle anéantie, le sens des proportions, perverti, le principe de l’unité du genre humain, méprisé.
L’Eglise catholique ne saurait accepter une telle vision des choses. Universelle par nature, elle se sait au service de tous et ne s’identifie jamais à une communauté nationale particulière. Elle accueille en son sein toutes les nations, toutes les races, toutes les cultures. Elle se souvient – bien plus, elle se sait dépositaire – du projet de Dieu sur l’humanité: rassembler tous les hommes en une même famille. Et cela parce qu’il est Créateur et Père de tous. Voilà pourquoi, chaque fois que le christianisme – qu’il soit de tradition occidentale ou orientale – devient l’instrument d’un nationalisme, il est comme blessé en son cœur même et rendu stérile. »
Comme quoi, il y a plus de continuité entre les différents papes qu’on ne l’entend parfois dire…
Bien cordialement
Meme si ce n etait pas leur ambition,la une de « la vie » se rapproche trop tristement de celle de Liberation il y a quelques semaines « Au secours Jesus revient » . cela donne de l eau au moulin des antis-cathos, c est dommage. Nous, catholiques, pouvons eventuellement faire la difference. Mais comment ensuite expliquer cela a nos relations anti cathos qui vont l utiliser contre nous? ….
un excellent article de La Croix expose une étude des catholiques de France, loin des clichés, des raccourcis et des cloisonnements où certains voudraient enfermer les cathos:
http://www.la-croix.com/Religion/France/Qui-sont-vraiment-les-catholiques-de-France-2017-01-11-1200816414
Merci de ce rappel bien utile en ces temps de repli identitaire L’épître à Diognète (IIe siècle) nous rappelle que les chrétiens « vivent dans leur patrie, mais comme des étrangers domiciliés ».
Marianne vous fait un papier plutôt bien non?
http://www.marianne.net/instrumentalisation-identitaire-monte-puissance-les-catholiques-100249258.html?utm_medium=Social&utm_campaign=Echobox&utm_source=Facebook&utm_term=Autofeed#link_time=1484635138
J’ai acheté le livre et je l’ai lu en entier.
Je le trouve tout simplement excellent ! Il y aurait beaucoup à dire.
D’abord, en tant que chrétien, catholique « pratiquant régulier », hors de toute appartenance à un groupe ou mouvement politique quel qu’il soit, cela fait plaisir de lire un livre dont l’auteur est imprégné et se réfère en permanence à la Parole de Dieu, directement à la source, que ce soit dans l’ancien ou dans le nouveau Testament. Par opposition à ceux qui utilisent des citations approximatives ou incomplètes. Qui n’hésite pas, et n’a pas peur de se référer à cette Parole pour éclairer ses propres remarques ou réflexions, et en particulier dans la « Conclusion », et pour montrer l’absurdité, voire la contradiction de certaines prises de position ou attitudes de personnes ou groupes qui s’auto-définissent comme « catholiques » et donc chrétiennes (qui devraient se référer au Christ et à son message), mais qui ne disent pas réellement à quoi ils croient, quelle est leur foi.
Le hasard du calendrier fait que ce livre arrive quasi simultanément à l’article (déjà signalé dans ce forum) du journal « La Croix » du 11 janvier 2017 sur « Qui sont vraiment les catholiques de France ». Article qui reprend l’étude publiée en 2014 sous la direction du même auteur, Yann Raison du Cleuziou, dans le livre « Qui sont les Cathos aujourd’hui en France ».
A la lecture de ce livre ou de l’article, on constate une fois de plus qu’il y a « plusieurs chapelles » parmi les catholiques français. Et qui, hélas, dans certains cas, entrent en conflit les unes contre les autres, comme le décrit aussi bien le livre de Erwan Le Modhedec. On se demande donc où ces groupes vont puiser l’eau pour arroser leurs racines « chrétiennes ». Certainement pas dans l’Evangile, car, comme il est dénoncé dans « Identitaire », ils oublient des textes fondamentaux de notre foi come « Vous avez appris qu’il a été dit « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi ». Eh bien, moi je vous dis aimez vos ennemis, etc », page 154. Ou bien encore la citation de St Paul « il n’y a plus de juif ni de Grecs » (page 110). Etc.
J’apprécie aussi les citations d’écrits chrétiens très anciens, pas toujours connus du grand public, comme par exemple la Lettre à Diognète (page 92 « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes ») ou à St Augustin au Vè siècle (page 44 « Des gens récriminent sur leur époque. Si l’on pouvait les ramener à l’époque de leurs parents, est-ce qu’ils ne récrimineraient pas aussi ? Le passé, dont tu crois que c’était le bon temps, n’est bon que parce que ce n’est pas le tien »). Je prendrais une image plus contemporaine : je me méfierais des personnes qui, pour conduire une voiture lancée à 130 km/h, ne regarderaient que dans les rétroviseurs.
J’ai aimé l’image qui consiste à dire que « la feuille de route » du chrétien devrait être inspirée aussi de « la prière de Saint François », en page 140 (« La où il y a la discorde, que je mette l’union »). Comment, ceux qui se réclament « identitaires » peuvent-ils se dire « chrétiens » et prendre plaisir à semer la discorde et le discrédit de leur prochain? Quelle est réellement leur foi et leurs rapports avec Jésus-Christ?
En tant qu’accompagnateur de catéchumènes, faisant partie de ces personnes qui sortent fréquemment dans les rue de Paris, en binôme, pour interpeler les passants et leur témoigner de notre foi (« je ne suis pas chargé de vous convaincre, mais je suis chargé de vous dire »), je me suis senti sur la même longueur d’onde que Erwan Le Modhedec. Son chapitre de « Conclusion » est un fort encouragement à continuer cette « mission » à laquelle nous sommes appelés, sans nous préoccuper de ses « clubs » ou « cercles» privés qui n’ont de chrétien que l’étiquette qu’ils affichent.
Sauf pour prier pour leur conversion !
Je n’ai pas lu votre livre mais je vous ai entendu à midi sur France Culture, à la grande table. J’ai pu écouter quelques bribes ça et là de ce que vous pensez et cela m’a rendue joyeuse d’entendre un chrétien parler du message du Christ, de sa parole. Ces derniers temps j’ai entendu beaucoup de gens se réclamer du catholicisme mais aucun ne semblait chrétien. Merci de rappeler que derrière un chrétien il y a un message d’accueil, d’ouverture, d’envie d’être médiateur, même si, comme vous l’affirmez, on peut avoir des opinions différentes. En fait les différences sont nécessaires, indispensables, elles enrichissent, obligent à l’échange et à la relation à l’autre, évite qu’on tourne en rond. J’attendais avec impatience que quelqu’un dise cela des chrétiens.
« Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins. » J.J. Rousseau.
La polémique ne viendrait-elle pas de l’instrumentalisation négative du mot Identité ou identitaire, du moins en France ? Que de fois n’ai-je entendu , des personnes dirent » j’ai honte d’être français « . Dans de nombreux pays d’Europe, le concept d’identité n’existe pas, je ne sais même pas s’il en existe une traduction équivalente en Russe par exemple ? Dans des pays comme la Pologne, la Croatie, le Hongrie, la Russie l’identité me semble aller de soit. Cette affaire « d’identité » ne serait-elle pas une querelle franco-française malsaine n’ayant strictement rien à voir avec la religion et même une querelle plus politique que religieuse ?
Si être identitaire catho c’est de vouloir Humblement que la lumière de l’évangile sois visible, j’ai bien dit Humblement alors oui je le suis et ne veux pas avec mes petites capacité me taire face à toutes nos dérives sociétale, que ce soit pour la vie, et le respect de l’être humain sous toutes ses formes ; la lumière sous le boisseau doit être visible contrairement a ce que voudrait notre société
Je profite de ce dialogue pour m’étonner du chiffre avancé par vous dans la Croix d’hier : vous parlez de 350 000 migrants en Europe dont quelques milliers en France le même jour où mon journal local cite les statistiques du ministère de l’intérieur avec 227 500 titres de séjour d’adultes non-européens : jouer de l’ambiguité est-il chrétien ?
@ Jean-Marie : je réponds sur la base des chiffres utilisés par Laurent Dandrieu dans son livre, en utilisant la même source que lui. Pour étayer sa rhétorique concernant les « millions de migrants » qui se déversent sur nos côtes, évaluation reprise plus d’une dizaine de fois dans le livre, il cite Frontex, en novembre 2015, qui évoquait 3 millions de migrants. Ce qu’il ne clarifie pas, c’est que ce chiffre n’était qu’une anticipation de Frontex, qui expliquait que nous pourrions nous retrouver d’ici fin 2016 avec 3 millions de migrants. Cette évaluation n’est donc pas un décompte et se fonder sur un chiffre de novembre 2015 dans un livre de janvier 2017 n’est pas correct. Depuis, le décompte par Frontex de cette question des migrants a été donné : c’est bien 350.000 en 2016, étant précisé que Frontex estime que certains ont pu être comptés deux fois. Qu’il y ait une autre immigration que celle qui est due à la crise migratoire est une évidence. Et vos 227.500 titres de séjour d’adultes non-européens doivent bien compter aussi quelques Brésiliens, Américains, Japonais ou autres. Bref, je ne peux que vous encourager à ne pas aller trop vite sur le terrain du « est-ce bien chrétien ? ».
Marsollier a écrit :
Non, ça, c’est être catholique. Pourquoi cette confusion ?
Picard a écrit :
Il est manifeste que la notion d’identité est récupérée à des fins politiques, et que la religion y est amalgamée en la coupant pourtant de sa source.
Claire Guyot de Saint Michel a écrit :
J’ai pensé aussi, en effet, qu’il était urgent de briser l’image qui s’instaurait progressivement et ce sentiment qu’à l’exception de quelques bouffées d’oxygène dues au pape François, on n’entendait plus parler des catholiques que pour évoquer les questions identitaires.
Merci pour ce livre .
Il faut relire le livre d’Emmanuel Mounier » Feu la chrétienté » .
On ne peut reprocher à Mounier son manque d’engagement au nom de sa foi dans les questions politiques sociales et culturelles de ce monde et qui s’interrogeait dans ce livre sur l’idée de civilisation chrétienne et que je cite:
« L’EGLISE N’EST PAS CHARGÉE DE L’ORDRE DANS LA CITÉ, NI DE LA BONNE RÉPARTITION DES BIENS, NI DU PLUS GRAND BONHEUR DU PLUS GRAND NOMBRE. ELLE EST UNE COMMUNAUTÉ DE VIE DANS LE CHRIST, CHARGÉE DE MAINTENIR CETTE VIE , DE LA PROPOSER À TOUT HOMME VENANT EN CE MONDE, ET DE LA FAIRE EN VUE DE SON ACCOMPLISSEMENT DANS LE CORPS DU CHRIST, GLOIRE FINALE DE L’HUMANITÉ, ELLE N’EST EN SOI NI PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE , NI GENDARME DES MOEURS, NI GARDIENNE DE LA SOCIÉTÉ , NI DISPENSATRICE DES RICHESSES, NI FOYER DE CULTURE, NI CENTRE D’OEUVRE. MOINS ENCORE PUISSANCE OU ACADÉMIE. »
Je ne peux que continuer:
« L’HUMANITÉ A VOULU ANTICIPER L’ÉTERNITÉ, FEINDRE D’AVOIR INSTALLÉ UNE ÉGLISE TRIOMPHANTE: ELLE N’INSTITUE QU’UN CHRISTIANISME ÉTABLI ET CONSIDÉRÉ, C’EST À DIRE LE CONTRAIRE DU CHRISTIANISME. LE CHRISTIANISME EST UNE ALTERNATIVE AU FOND DU COEUR , QUI SE POSE À CHAQUE HOMME, ET ENCORE À CHAQUE HOMME, NON PAS UN ÉTABLISSEMENT QUI SE CONSOLIDE AVEC LE TEMPS ET LE NOMBRE…… »
Il y a un parfum de manipulation politique sur ces questions identitaires quand , comme le dit Rémi Brague , quand elle deviennent les plus importantes et quelles sont ramenées au centre des débats, elle sont alors force explicative de tous les maux de nos sociétés…..
Un peu de bon sens , de connaissances historiques, de regard accueillant vis à vis des autres ( en surmontant nos peurs) mènent à l’évidence à penser que nos identités évoluent par ces relations nouvelles que nous avons avec …notre prochain.
Notre changement premier d’identité est d’avoir » revêtu le Christ »…..
Bonjour koz
Voyez-vous un lien entre les initiateurs de la manif pour tous (André Vingt-Trois, la CEF, Ludovine de la Rochère, Béatrice Bourges, …) et l’attirance entre des identitaires et des ktos gênés de ne plus se sentir la majorité dans une société qui, sécularisée en apparence, n’en demeure pas moins chrétienne? Les 10 ans du décès de l’abbé Pierre rappellent si besoin, comme votre billet sur le pape et l’accueil, la nature de l’essentiel.
Je comprends votre argument mais je viens de relire l’interview, votre contradicteur ne parle pas de Frontex, par ailleurs j’imagine que le chiffre de Frontex est faux puisque la statistique allemande est de plus de 700 000 demandes d’asile (première demande ) en 2016 dont environ 500 000 de la Syrie, L’Irak, l’Afganistan,, et plus de 200 000 en 2015. J^Vous avez écrit un livre, vous vous avez donc une connaissance du sujet, vous n’ignorez donc pas qu’il ya un vrai problème dans les statistiques, ce qui n’est pas forcèment du lecteur de la Croix, en ne relativisant pas la statistique que vous présentez vous faites quelque chose qi s’apparent à un mensonge par omission, ma question reste posée.
Koz a écrit :
J’avais un peu la même impression. Mais pas du fait des « cathos », du fait des médias qui titrent régulièrement sur « les cathos », comme ils titrent sur « les franc-macs ». Il serait quand même dommage que la vision souvent grand guignolesque que les médias ont des cathos avive les tensions entre les différentes sensibilités cathos.
Il faut lire l’article de la Croix sur l’enquête sur « Qui sont les cathos aujourd’hui? »
Les « identitaires sont très minoritaires même si certains médias (de gauche te de droite) et même certains cathos esssayent de faire croire le contraire: il y a là une alliance étonnante….
L’attitude de la grande majorité des Chrétiens vis à vis de l’Islam est plus de la peur que celle résultant d’une position identitaire ( au sens de défense de la chrétienté ).Bien d’autres maux menacent la civilisation de nos pères….
Il faut remarquer aussi que beaucoup de musulmans français ( leur majorité) sont aussi dans une situation de peur face à ce fanatisme conquérant qui, par la menace écrase leur parole.
Lors de l’assassinat du Père Hamel, les réactions de la grande majorité des chrétiens et des musulmans français a été celle d’une douleur commune partagée.
La seule façon de changer les attitudes est surement de rechercher sans cesse la contact et les échanges et de faire tout pour que leur parole se libère .
@ Jean-Marie : je n’ai pas le sentiment, non, que vous compreniez l’argument. Ce n’est pas l’interview qu’il faut lire, c’est le livre. C’est sûr, c’est plus long. Mais aussi pénible soit-il à lire, je me le suis cogné. La seule occasion pour Laurent Dandrieu de sourcer ses chiffres est donnée par l’évocation de ces chiffres Frontex. Je compare ce qui est comparable. Et en tout état de cause, il n’y a pas eu « des millions de migrants qui déferlent sur nos côtes ».
@ Aristote : du fait des medias, oui, c’est certain. Mais du fait des cathos aussi. La seule expression visible devenait celle-là et notamment sur les réseaux. Je reçois nombre de réactions pour me dire comme certains reçoivent le livre avec soulagement. Nombreuses sont les personnes qui préfèrent se taire plutôt que de s’opposer à un courant jugé dominant, à tort ou à raison.
@ Jean-Pierre Gosset : ni Mgr Vingt-Trois ni la CEF ne sont initiateurs de la Manif Pour Tous. J’ai suivi les évènements d’assez près pour le savoir. Ils ne sont par ailleurs guère susceptibles d’attirance pour l’identitarisme.
Merci de votre excellent livre qui rejoignent des intuitions déjà anciennes d’un jeune prêtre.
Dans 20 ans, peut-être avant, votre ouvrage apparaîtra prophétique. la preuve en est la dernière marche pour la vie dans laquelle l’ambiance était plus proche d’un pèlerinage que d’un mouvement amoureux de la loi naturelle. Dommage pour le message médiatique.
Comment faire pour transformer et continuer votre réflexion en conversion ? Organisez vous quelque chose ? Prévenez -nous!
Koz a écrit :
Je confesse passer peu de temps sur les « réseaux ».
Je serais d’ailleurs curieux de savoir si sur les réseaux, « les chapelles cathos parlent aux chapelles cathos », ou si ils sont aussi une source importante d’info pour les non cathos.
Aristote a écrit :
De façon générale , 40% des Français citent les réseaux sociaux comme source d’information, et 9% comme leur première source d’information (source). Il n’y a pas de raison que les catholiques se comportent très différemment de la moyenne de ce point de vue, me semble-t-il.
@ Gwynfrid:
Je me suis mal exprimé. Ma vraie question était la suivante : les non-cathos passent-ils beaucoup de temps sur les sites cathos en général, et les sites cathos tendance identitaire en particulier ?
Si les réseaux « identitaires » sont pour l’essentiel suivis par des cathos de conviction identitaire, on peut regretter l’existence de cette tendance, mais elle ne joue pas tant que cela dans la perception que les non cathos ont du catholicisme, perception qui resterait alors pour l’essentiel formée par les médias traditionnels.
Question, je n’ai pas la réponse…
@ Aristote:
Là, évidemment, il est plus compliqué de trouver des chiffres. A priori la réponse est non, mais ce qui importe est plutôt, où les non-catholiques iraient-ils chercher une information sur le point de vue catholique? Cela dépend de la notoriété des sites en question. C’est pour cela qu’il est important pour les catholiques de ne pas se laisser, sur le web aussi bien qu’ailleurs, représenter par les tendances identitaires en leur sein, et moins encore par les identitaires qui adoptent une façade pseudo-chrétienne.
@Aristote et Gwynfrid, les non cathos dans le regard qu’ils portent sur les cathos et sur les infos qu’ils peuvent ou non chercher sur eux ne passent pas uniquement par les médias et les réseaux sociaux. Ils regardent et observent les cathos visibles autour d’eux. Et quand ils ne sont pas trop braqués contre les cathos ils interrogent les cathos qu’ils connaissent. Je pense aussi que dans le regard que les non cathos portent sur les cathos il y a leur histoire personnelle. Je dis ça parce que je vis en Lot-et-Garonne où il y a des réfugiés républicains espagnols, des réfugiés indochinois, des réfugiés harkis et une population d’origine algérienne, marocaine et tunisienne venue travailler dans les champs. Selon leur propre parcours familial, l’histoire de leur vie, le regard qu’ils portent sur les cathos varie.
@ Emmanuelle Fontenit:
Je doute que vous aillez lu l’Enracinement de Simone Weil. L’identité est constitutive de ce que nous sommes, elle nous structure, et nous permet d’être des chrétiens debouts et rayonnants. Qui parle d’une incompatibilité entre foi et identité? Et d’un choix à faire? Le chrétien est incarné, la foi se manifeste dans toutes sortes de symboles qui nous environnent, et si même des athées ne veulent se départir de cela, c’est parce que quelque part cela les touche, de quel droit les incrimine-t-on de s’attacher à ce qui est menacé.
Moi qui ne suis pas catho identitaire, pensé-je, je ferai mon possible pour que ne se perde pas nos derniers trésors, à défaut d’être en capacité de créer à nouveau. Je refuse la fatalité, car cette identité est un bien. Mais si elle devait mourir, « les royaumes de ce monde passeront », et bien la cité de Dieu sera ma consolation.
JosephG a écrit :
En effet : qui ? Pas moi, en tout cas.
Et ce n’est pas même a priori le propos de votre interlocutrice.
JosephG a écrit :
C’est bien là le problème. Nous devrions concentrer toute notre énergie à la création. Mais elle est trop occupée à la préservation.
@ Jean-Pierre Gosset:
LMPT a justement veillé à mettre en avant son caractère aconfessionnel, apolitique et à accueillir / relayer les témoignages de personnalités telles que le Grand Rabbin Gilles Bernheim, Camel Bechikh, Philippe Arino…
Et Ludovine de la Rochère et Albéric Dumont ne me semblent pas avoir affiché d’attirance pour le mouvement identitaire.
Concernant Béatrice Bourges, peut-être est-ce la raison pour laquelle elle a quitté La Manif Pour Tous début 2013 ?
Abbé Meyer a écrit :
Sauf votre respect, j’ai noté dimanche une ambiance très festive, et une présence accrue des jeunes dans l’organisation de la Marche Pour la Vie -à la tribune place Denfert-Rochereau, dans les stands de produits dérivés et de « maquillage bouche cousue », et sur les camions de sonorisation. Cet enthousiasme, et les témoignages, place Vauban, me semblaient bien ceux de personnes « amoureuses de la loi naturelle ».
Cela m’a plus fait penser à LMPT qu’à l’ambiance d’il y a 7-8 ans. Le Figaro s’en faisait d’ailleurs l’écho sur son site internet.
Mais il y en avait pour tous les goûts, et l’ambiance « pèlerinage » et chapelet était aussi présente, comme tous les ans, notamment en fin de cortège (Civitas).
Ce n’est pas le moindre mérite de cvotre livre que d’avoir fait tomber les medias dans un piège savoureux : pour montrer à quel point les catholiques ne sont pas d’accord entre eux, ils vous invitent sur tous leurs plateaux, pour des « disputatio » qui sont pour moi l’essence du catholicisme (Mon Saint Patron en étant un exemple assez percutant), et qui surtout permettent de montrer que les Catholiques (Vous ou Dandrieu), sont des gens qui réfléchissent en liberté ! C’est aussi une bonne occase de rappeler le message évangélique, ce qui ne mange pas de pain.
Je ne suis pas d ‘accord avec vous, sur les conséquences de votre exposé, car votre démonstration prend le risque de jeter la piété populaire (avec ses aspects un peu fétichistes, et/ou identitaires, et attachement aux traditions et à l’enracinement) avec l’exploitation politique de l’identité chrétienne. Et c’est dommage.
Mais je n’aime pas les procès d’intentions dont vous êtes la cible : a part vous, qui a osé en France écrire votre courageux article sur le scandale du planning familial aux US? Personne.
En tout cas, la controverse est stimulante ! Notre foi n’est pas simple, entre la pesanteur et la grâce…
Plusieurs commentateurs ont remarqué que le nombre d’avortements baissait aux US. Les raisons sont probablement mêlées. Sans doute un peu l’effet des mesures restrictives prises dans certains Etats contrôlés par les Républicains. Mais aux US où la Cour Suprême autorise l’avortement jusqu’au moment où l’enfant est viable de façon autonome, interdire l’avortement dans le dernier trimestre de la grossesse est considéré comme une mesure restrictive.
Mais aussi l’impact sur le long terme du mouvement Pro Life, peut-être parfois maladroit, mais qui a réussi à empêcher que l’avortement soit banalisé et considéré comme un acquis culturel positif.
Le vrai service que rend La Marche pour la Vie, c’est d’empêcher que l’avortement ne soit plus une question.
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Votre livre m’a fait beaucoup de bien. Je l’ai lu après celui de P. De Villiers, Les cloches sonneront-elles encore demain? Cette lecture précédente avait été très rude, l’auteur articulant une très belle plume à une culture fournie pour exposer un point de vue que non seulement je désapprouve mais qui en plus jette le discrédit sur l’Eglise catholique. Je ne regrette pourtant pas d’avoir lu cet ouvrage: cela m’autorise à en dénoncer les manipulations et les sottises.
Quelle joie de trouver dans votre livre une posture qui rejoint la mienne et qui prend le temps de la coucher par écrit. Vos mots m’ont été un vrai baume au coeur et à l’âme. Merci.
A mon tour, votre commentaire m’est un vrai baume au coeur. Je n’ai pas lu le livre de Philippe de Villiers, pas plus que celui d’Eric Zemmour et je me serais passé de celui de Laurent Dandrieu, si l’on ne m’y avait obligé. Je n’arrive pas à m’infliger ces livres mortifères, obsédés par la mort de notre pays, le suicide de la civilisation. De ce que je comprends, ils ne proposent rien – sauf des idées chimériques – et se bornent à la déploration. C’est véritablement quand je pense à des gens comme eux que j’entends cette parole : « laisse les morts enterrer leurs morts, toi, va annoncer le règne de Dieu ! ». Pleurer sur le passé révolu, sur une France qui n’est plus, cela ne m’intéresse pas. Non que je ne regarde ce passé et cette France avec une tendresse, mais c’est du temps perdu pour chercher des solutions nouvelles, réaffirmer la pertinence et l’actualité des choix de civilisation que nous avons faits par le passé – et actualiser ceux qui ont besoin de l’être.
Je découvre que de plus Philippe de Villiers s’en prend à l’Eglise. Ces milieux catholiques qui se croient détenteurs d’une vérité dont serait privée l’Eglise commencent sérieusement à m’horripiler par leur arrogance. C’est assurément une église de pécheurs – et ce n’est pas qu’une formule – et elle est critiquable mais c’est la nôtre et nous avons plus à faire main dans la main avec elle qu’en opposition. Et nous ne sommes pas pécheurs et critiquables.
Sur ce, je reviens à vos remerciements… et vous en remercie.
@ Abbé Meyer:
Remontant un peu la liste des commentaires, et faisant le lien avec Philippe de Villiers, je souhaiterais déjà m’excuser de ne pas vous avoir répondu alors, d’autant que votre commentaire était fort aimable.
Précisément, quand je vois que la Marche pour la Vie, qui ne cesse de vouloir élargir sa base, dans un mouvement qui serait apolitique, a confié son discours de clôture à un politique, Villiers, qui n’a pas su éviter de faire un lien entre le nombre d’avortements et le nombre de migrants, je ne peux que constater un enfermement de cette manifestation. Il en faut pour ne pas se rendre compte de l’erreur évidente qu’il y a à faire discourir un politique, et un politique si marqué, quand on affirme vouloir être un mouvement ouvert. Malheureusement, quand je vois qui a repris en main l’organisation cette année, je ne suis pas le moins du monde surpris.
Merci, infiniment merci pour ce livre magnifique, qui nous rappelle les références évangéliques communes à nous tous qui affirmons notre foi et si essentielles dans ces temps de déstabilisations multiples. Vous nous rappelez l’urgence de nous engager : par la parole et par les actes, par l’ouverture à l’autre, le dialogue et le service. Vous nous rappelez ce magnifique passage de l’évangile nous invitant à tendre la joue gauche, qui, loin d’être une abdication ou signe de faiblesse est notre force, celle de l’Amour et du Pardon, celle qui refuse de céder à la violence. C’est cette dernière qui est absence de »virilité » (quelle horreur ce terme !) car elle cède à la facilité, à la banalité, au manque de courage et d’Espérance.
Merci ! encore merci !
Merci pour ce message ! Et en effet, je trouve très éclairante – et bien éloignée des perceptions primaires – l’invitation à tendre l’autre joue. Elle est pour moi une invitation à toujours chercher une autre voie que la voie première, évidente, de la riposte. Il ne s’agit pas d »en redemander » mais de trouver une troisième voie, qui s’oppose à l’enchainement de la violence. Nous sommes d’accord : il ne faut pas moins de virilité pour contenir ses pulsions que pour leur laisser libre cours.