Vouloir ignorer la vague médiatique était peut-être vain. C’est désormais injustifié. La vie et la mort de Michaël Jackson sont devenues trop signifiantes pour que l’on puisse s’en passer. Depuis dix jours en effet, le monde entier – ou presque – s’entretient dans la célébration d’une icône pourtant déjà déchue, qui n’engageait sa dernière tournée que pour éponger des dettes constituées notamment de ses frais d’avocat. Michaël Jackson eut une vie tragique. Et ce que nous avons vécu, avec sa mort, est aussi pathétique que tragique. Notre civilisation est folle, comme un poisson mort, dérivant inexorablement vers l’échouage.
Il y a dix jours, Marc Dugain évoquait en ces termes le destin de #MJ :
« Sa disparition semblait planifiée, longue dégénérescence d’un être meurtri définitivement de ne pas avoir été aimé par son père. Pourtant celui-ci l’avait construit par la force et la violence pour devenir une star comme seule l’Amérique sait en produire, étouffée sous les dollars, malheureuse, destructrice mais incapable de se passer de la plus dure des drogues, la célébrité. »
Enfant artiste, enfant sensible, oublié pour devenir un enfant-star. Enfant façonné, manipulé, pour générer du cash. Comment ne pas voir dans sa vie, de Neverland à cette attirance ambigüe pour les enfants, un long cri de douleur ? L’Homme, méticuleusement broyé par l’Argent.
L’Argent et le Spectacle, les deux mamelles de notre monde. Hier, le monde était fou. Au Staples Center, en backstage, des stars se faisaient prendre en photo. Sourires et flashs : il ne manquait que la remise des trophées et la montée des marches. Sourires mécaniques en fait, décérébrés, sourires réflexes face aux journalistes. Plus tard, sur scène, on fit monter une enfant de 11 ans qui a perdu son père, pour lui faire dire quelques mots. Le clan Jackson l’entoure, réajuste son micro avec un grand professionnalisme. Elle pleure. C’est dans la boîte. Prévoit-on de la faire chanter, bientôt, elle aussi ?
Tous nos quotidiens[1], même ceux qui devraient être les plus critiques vis-à-vis du « système », ont consacré leur Une[2] à cette cérémonie d’adieu.
Hier soir, surtout, nos journaux télévisés ont offert une couverture de l’évènement sidérante, déplacée, insensée. Et pour une fois, ce qui est excessif est signifiant.
Je ne croise pourtant pas une personne – en ligne ou en… vrai – qui ne dénonce l’attention excessive des medias portée à la disparition de Michaël Jackson. Nous en sommes tous conscients. Et pourtant.
Il y a dix jours, la mort de Michaël Jackson éclipsait l’Iran. Aliocha nous faisait part d’utiles clés pour comprendre l’évolution tragique de nos medias :
« Un premier changement s’est opéré à la fin du XIXème siècle, qui a vu l’évolution d’un journalisme d’opinion vers un journalisme d’information. Au passage du XXIème siècle, le journalisme moderne amorcerait une nouvelle mue vers un journalisme de communication. (…)
Une concurrence à outrance domine le marché des médias dès la fin du XXème siècle. Elle favorise un journalisme dont le principal objectif est de retenir le public, afin de le dissuader d’aller voir ailleurs – dans d’autres pages, dans d’autres journaux, sur d’autres chaînes ou stations, sur d’autres sites Internet. Il incomberait au journalisme de tout faire afin de capter ce public volatil, pour ne pas dire volage, induit comme jamais à la tentation du zapping. »
La pertinence de cette clé d’analyse s’est vérifiée de façon exacerbée hier soir. Adieu le journalisme d’opinion, au revoir le journalisme d’information. Faut-il être fataliste ? Précisément, l’existence d’une journaliste comme Aliocha, les initiatives de certains sites d’info, l’existence aussi[3] de blogs de qualité[4], peuvent laisser espérer que, si l’on peut être pessimiste, il est encore heureusement trop tôt pour être fataliste.
Hier, c’était aussi le jour où un document d’une certaine importance était diffusé. Caritas in Veritate. Une encyclique sociale adressée à 1.000.000.000 de fidèles de l’Eglise catholique, et à tous les « hommes de bonne volonté », c’est-à-dire aux croyants et non-croyants qui, sans en partager les dimensions de foi, accepteront d’y percevoir quelques pistes de réflexion. On ne peut pas dire qu’hier cette encyclique ait reçu l’accueil qui s’impose. Après l’Iran, la mort de Michaël Jackson semblait aussi l’éclipser. C’est ainsi que, malgré un contenu qui aurait du attirer son attention, un site comme Libe.fr ne lui a toujours pas consacré ne serait-ce qu’une dépêche. Nous voilà en plein journalisme de communication. Ce matin encore, sa page d’accueil s’ouvre sur un nouvel épisode : le mystère autour de la dernière demeure de Michaël Jackson. Pourtant, lorsque l’on songe au destin broyé et douloureux de Michaël Jackson, lorsque l’on prend en compte le délire médiatique de la journée d’hier, on ne saurait trop recommander d’accorder quelque attention à cette encyclique.
Heal the world
Make it a better place
For you and for me
And the entire human race
There are people dying
If you care enough
For the living
Make a better place
For you and for me
Oui, notre monde est blessé. Oui, il a besoin d’être soigné. Mais pas le temps d’une chanson. Pas le temps d’un spectacle.
Est-il excessif de voir une remarquable coïncidence dans la concomitance entre la mort de Michaël Jackson et la sortie de Caritas in Veritate ? « There is a place in your heart, and I know that it is love » ? « Ce n’est que dans la vérité que l’amour resplendit et qu’il peut être vécu avec authenticité. La vérité est une lumière qui donne sens et valeur à l’amour« .
Le 13 septembre dernier, Benoît XVI appelait à « fuir le culte des idôles« . Il ne pouvait être plus « actuel » : le lendemain, Lehman Brothers s’écroulait. Hier, le monde et les medias ont produit un sidérant tintamarre symptomatiques d’une évolution de notre monde aussi tragique que le destin de Michaël Jackson, peut-être bien dans une communion incroyablement signifiante.
Benoît XVI n’a évidemment pas tenu compte des funérailles de Michaël Jackson pour publier son encyclique, mais on peut y voir comme une réponse, un écho, et peut-être un relais. C’est certain, Benoît XVI a le moonwalk moins fluide. Mais pour soigner le monde, je fais davantage confiance à Caritas in Veritate.
If we do care enough for the living, on a du boulot. Pour le monde, pour l’économie, pour les « people dying« , pour les medias, pour que la vérité prenne le pas sur le spectacle.
- ou presque : rendez-moi la-croix.com ! [↩]
- à tout le moins Internet [↩]
- ben oui, pourquoi ne pas nous envoyer quelques fleurs ? [↩]
- le non-profit, le don, la gratuité ? [↩]
En savoir plus sur Koztoujours
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Il y aura-t-il un troisième billet à la suite, où, après ceux qui sont favorables à l’ouverture des commerces le dimanche et ceux qui se sentent plus concernés par la mort de Michael Jackson que par la publication d’une encyclique, ceux qui ont une appréciation différente de la sienne sur un quelconque sujet seront comparés à du poisson mort ?
Je n’ai pas vraiment envie de « troller » à pleine puissance sur ces sujets, mais cette image, aussi forte soit-elle, est bien peu subtile.
Il ne me semble pas avoir visé des personnes, si ? Ne te sens donc pas trop personnellement concerné. En revanche, que notre civilisation, ou notre société, soit désorientée, dévalorisée, et que ce à quoi l’on a assisté hier en soit un symptôme, je ne vais pas m’empêcher de le dire, quand bien même cela devrait déplaire. Si cela peut te faire plaisir, cela dépasse au demeurant la seule publication de l’encyclique. Hier, pendant les 2/3 de la durée des JT français, il n’y avait rien de plus important dans le monde entier que de passer en direct cette cérémonie. Si ça, ça te satisfait…
Merci Koz pour ce billet. J’ai beaucoup aimé. Je me demande si MJ lui même aurait aimé le cirque que sa famille a fait pour gagner encore un peu d’argent à ses dépenses.
Oui, cette pluie médiatique est vraiment symptomatique de l’évolution des médias, on est bien d’accord. Le basculement opinion-information-communication est intéressant et à méditer.
Que dire sur ces louanges qui sont faites sur ce personnage, alors que sa vie personnelle est si trouble ? Non pas que je n’ai pas moi-même admiré ce personnage pour ses talents musicaux, et sa musique suscite toujours en moi autant d’émotions que dans ma prime jeunesse, mais je ne peux pas supporter le mode aussi binaire des médias : incapables de faire la part des choses. Il y a quelques années on nous rabâchait ses procès pour les raisons qu’on connaît, on opérait un vrai lynchage. Aujourd’hui on a presque l’impression que Dieu est mort. Et gare à celui qui rappellerait qu’il a touché des petits enfants ! Il s’agit de ne pas casser ce que les médias fabriquent de mieux : l’émotion d’un jour. Le débit du courant a fortement augmenté ces derniers jours…
En ce qui concerne l’encyclique, oui les réactions sont trop peu nombreuses. Mais désolé de dire ça : l’Eglise récolte les fruits de sa constante très moyenne communication. Je ne vous décrirai pas les réactions à la sortie de la médiocre conférence de presse donnée par la conférence des évêques. Il y avait un énorme coup à jouer avec cette publication, on dirait que l’Eglise française l’a encore une fois loupé. Mais c’est pas fini, et à nous aussi de faire le buzz, je crois qu’elle en vaut la peine
Je me rends compte que je n’ai jamais vu MJ danser ni chanter de ma vie! Juste des photos ici ou là devant les bureaux de tabac.
Et j’apprends aujourd’hui la sortie de l’encyclique: J+1, ce n’est pas encore trop grave…
Je me demande si j’ai bien raison de ne plus avoir la télé.
Quand j’ai arrêté, je regardais Hélène et les garçons et ça prenait beaucoup de place dans mon esprit.
J’aime bien ce que je fais de mon temps maintenant, dans la vraie vie. Pour l’info, Internet me suffit: je choisis de voir ce qui se dit dans l’actualité, de développer ce que je veux, de fouiller sur ce qui m’interpelle.
Je crois que c’est devenu possible de vivre sans cette actualité-hameçon. Même si ça prend toute la place dans les médias (c’est triste pour les médias; ça signe un peu leur mort aussi.), je ne pense pas que ça prenne toute la place dans la vie des gens. C’est juste que les médias sont de plus en plus obligés de se concurrencer sur un seul truc, mais nous, on est de plus en plus libres d’accorder notre intérêt à ce qu’on veut.
Pour moi, le problème est plutôt celui de la disproportion entre l’investissement en paroles ou idées, et l’investissement en actes, qui risque de faire crucialement défaut et de générer de la violence (mais peut-être sera-t-elle aussi majoritairement en paroles ou idées, après tout).
Y en a encore à qui ça va faire bizarre de tomber chez Koz!
Je ne pensais pas que tu utiliserais Jackson pour faire parler de l’encyclique. Je pense qu’un billet viendra sur le fond (il faut digérer le morceau) mais là, de quoi s’agit-il? De la mort qui est un spectacle? De la hiérarchisation de l’information? De la fin d’un certain journalisme? De la difficulté de l’Église à se faire entendre? De la nécessité de changer notre société?
Alors, certainement, à travers les médias, on a pu être saturé de Michael Jackson. Mais on n’est pas obligé d’être collé devant CNN ou twitter. Ou même devant le JT. Pourquoi une parenthèse d’une semaine sur les horreurs du monde serait-elle si condamnable? Oui, en ce moment à propos de la Chine, il y a de très sérieuses, difficiles et complexes informations à transmettre. Attendre un jour, est-ce que cela changera quelque chose pour les gens sur place? Est-ce que de savoir à la seconde même ce qui se passe à des milliers de kilomètres nous donne à nous, simples citoyens, plus de moyens pour agir sur des situations tragiques, emmêlées et hors d’atteinte?
En commentaire, tu parles de symptômes. Symptôme de dévalorisation, de désorientation de la société. Problème de hiérarchisation aussi peut-être? Noter l’état de la civilisation à l’aune de cet épisode? Pouvons-nous, devons-nous TOUT juger? Pour de multiples raisons, et dans une culture différente, un hommage a un artiste connu mondialement a été organisé. Fallait-il le cercueil, ou pas? La famille devait-elle parler ou pas? Tout était-il cyniquement préparé… ou pas? Même si toutes les motivations ne sont pas pures, elles ne sont pas non plus toutes viles. Je ne sais pas et je ne juge pas.
Par contre, symptôme de l’état du journalisme, de l’information télévisée et du poids des prophéties médiatiques auto-réalisatrices : là, oui, certainement. Mais que faire? Peut-être proposer des alternatives, des blogs dans lesquels on parle d’autre chose, autrement… D’ailleurs, la grand’messe du journal de 20h, le mythe des télés 24/7 s’éffritent peu à peu. Finalement, cette cérémonie, c’était peut-être leur baroud d’honneur…?
Est-ce que ça empêche le Pape de sortir son encyclique? non. S’il avait retardé la sortie, là, il y aurait eu de quoi se poser des questions. L’Église vit à son propre rythme. A elle de se faire entendre.
Oui. Ça fait déjà 2000 ans que Jésus nous appelle à changer, message qu’avait pris un peu trop littéralement Michael Jackson par certains côtés mais dont il avait, je crois, compris le sens profond :
If you wanna make the world a better place take a look at yourself, and then make a change.
commentaire 4 : « gare à celui qui rappellerait qu’il a touché des petits enfants «
Etant donné qu’il a été acquitté, j’irais jusqu’à dire que l’affirmation ci-dessus est fausse. Ce n’est pas parce que Michaël Jackson était célèbre qu’il n’a pas droit au même respect que n’importe qui. Mais c’est plus facile de rappeler ce qui a fait scandale que de raconter la fin de l’histoire, pas vrai ?
On est complètement d’accord Anna. Je ne juge pas du fait qu’il l’ai fait ou pas, je parle simplement de l’attitude des journalistes (tv surtout) qui ont trop souvent pour ligne directrice la tendance bien-pensante du moment, et une vision trop unilatérale des choses.
Mais t’as raison mon propos n’était pas clair. Mea culpa
« Sourires mécaniques en fait, décérébrés, sourires réflexes face aux journalistes. Plus tard, sur scène, on fit monter une enfant de 11 ans qui a perdu son père, pour lui faire dire quelques mots. Le clan Jackson l’entoure, réajuste son micro avec un grand professionnalisme. Elle pleure. C’est dans la boîte. Prévoit-on de la faire chanter, bientôt, elle aussi ? »
Donc, Kotz était aussi scotché devant l’écran TV ? Eteindre le poste m’a paru la seule solution depuis l’annonce de la mort de MJ.
Philo a écrit:
Je n’utilise pas Jackson. D’ailleurs non seulement j’en aurais parlé de toute manière – et j’en parlerai – mais koztoujours n’est rien qu’un blog, une goutte d’eau.
Il me semble en revanche que la disproportion entre la couverture de ces évènements est un fait objectif qui peut mériter quelque réflexion. Et que Michaël Jackson, sa vie, et ce traitement médiatique, sont aussi une illustration de ce à quoi l’encyclique souhaiterait remédier.
Philo a écrit:
Est-ce que de suivre en direct pendant 25 minutes un concert pour la mort de Michaël Jackson nous y aidera ? Veux-tu supprimer le JT ?
Philo a écrit:
Je trouve cet épisode et la coïncidence des deux évènements révélatrice, oui. Deux symboles.
Philo a écrit:
Même pas peut-être. Manifestement. Occuper l’intégralité (ou presque) d’un JT pour cette cérémonie, c’est un paroxysme significatif. Et aller jusqu’à passer sous silence l’encyclique pour se demander où va donc le cercueil, ça ne l’est pas moins. Dans un cas, on est sur F2 ou sur TF1, dans l’autre sur Liberation, signe que Libé fonctionne aussi à plein dans le journalisme de communication.
Philo a écrit:
Ce n’est pas mon sujet.
Philo a écrit:
Ce n’est pas mon propos.
Si ça peut te rassurer, et apaiser le courroux de l’admiratrice froissée 😉 , je vois Michaël Jackson davantage comme une victime que comme un véritable responsable de ce qu’il est devenu. A tout hasard, l’image que j’ai choisie en illustration va un peu dans ce sens.
Dove a écrit:
Il est possible qu’en effet Benoît XVI récolte les fruits des errements de ce dernier semestre. Certains medias n’avaient pas besoin de ça pour le décrédibiliser. Mais il leur a donné, par maladresse, un coup de main.
Suzanne a écrit:
Non, Koz est assez présent sur Internet et s’intéresse même à ce qu’il désapprouve, parce qu’il s’intéresse au monde dans lequel il vit. Et c’est sur le Net qu’il a vu les photos de Brooke Shields et Michael Jordan, ainsi que d’un inconnu (de moi) connu. Idem pour la séquence concernée.
A mes yeux, le scandale n’est pas que les journaux télévisés aient consacré 2/3 de leur temps à retransmettre la cérémonie d’adieu à Michael Jackson, mais que le tiers restant ne soit pas passé avant…
Faire passer le « people », même poignant, même important, avant l’information, cela me sidère.
Et sur le Net, j’ai croisé des gens que cela agaçait, et d’autres qui semblaient trouver cela normal… je vous retranscris un échange : « Et pendant ce temps là on massacre en Chine, la démocratie se meurt en Iran… – Et alors, c’est normal, ça. » … affligeant)
Bref, je suis déçue de l’attitude des medias.
J’ai regardé la fin de la cérémonie à la télé hier soir.
J’ai été comme sidéré de voir à quel point, il pouvait faire pleurer la Margot qui était en moi. Pourtant, je ne le connaissait ni d’Eve, ni d’Adam.
Il s’agissait en réalité d’un culte de la nouvelle hérésie mondialiste et d’un retour vers le sacré archaïque.
Pour le sacré archaïque, il est clair que nous avons vécu en un instant la fabrication d’un mythe. Michael, paix à son âme, fut un enfant à la foi battu et célébré, battu parce que célébré, célébré parce que battu. Il est devenu roi autoproclamé d’un courant musical. Le roi est devenu un monstre. Le monstre mort, tout le monde se réunit autour de son cadavre et y reconnait un dieu. Aucun discours authentiquement chrétien n’a été entendu. Son esprit a été laissé errer quelque part sur un croissant de Lune: bien loin des demeures du Dieu Vivant et Vrai qui nous invite aux noces éternelles de son Fils bien-aimé avec nous-mêmes misérables pécheurs lavés par le baptême dans l’unique Esprit et Paraclet qui est notre bon (le seul ?) avocat.
Mutatis mutandis, Diana Spencer a eu un destin similaire.
On est donc dans une vision néo-païenne mondialisée. Elle se caractérise par un anti-messianisme (cf. Ap 13, 3) où une vraie fausse victime est sacrifiée sur l’autel de la globalisation, ici culturelle. Les logos de toutes les religions pendant le « We are the children » sont la destruction de la Foi par le relativisme. C’est la négation manifeste de la Vérité sans laquelle il n’est point de vraie charité. Dans cette chanson, les hommes sont des enfants sans Père. Le « Heal the World » final est très sympathique mais est tellement imbu de sa suffisance qu’il ne peut rien recevoir de la Grâce.
Le monde prétend se sauver par lui-même. C’est au nom de ces slogans mimis tout plein que les deux Bush ont envahi l’Irak. Le relativisme détruit les religions, la famille et les identités nationales pour mettre sur pied une gouvernance mondiale.
Ainsi, nous avons vu hier soir à l’œuvre Satan, l’Accusateur qui détruit l’humanité d’un malheureux enfants et l’Antéchrist qui parodie dans notre vallée de larmes le Royaume.
Pour le reste, Benoît XVI n’a décidément pas de chance ou alors le Malin est particulièrement déchaîné en ce moment. La Chine est en proie à une instabilité qui met à mal son unité et affaiblit ses approvisionnement en commodités. La grande dépression suit son cours.
Espérons que nous aurons gagné une belle leçon d’anthropologie avec ça.
Koz a écrit:
Pour ce que j’en ai vu, le 19/20 sur la 3 s’est déroulé comme à l’accoutumée, et il me semble que dans les 20h on n’a pas échappé aux traditionnels marronniers sur l’affichage des résultats du bac. A vrai dire, même si Michael Jackson n’était pas mort, je doute qu’on ait eu droit à des éditions spéciales sur les émeutes en Chine. C’est pour ça que, bien que conscient du caractère habituellement moutonnier des médias, je ne m’émeus pas trop du fait que la retransmission de cet hommage ait débordé sur les JT.
Il était peut-être une idole selon tous les sens du mot,mais Michael Jackson a apporté beaucoup de bonheur à un très grand nombre de gens. D’où la forte émotion.
Quant à l’évolution de la société, tu as bien évidemment le choix des mots pour la qualifier, mais j’ai personnellement l’impression que les attitudes modérées permettent plus facilement le dialogue, même si ce n’est pas toujours simple.
Bonjour à tous,
Même si je ne partage pas totalement, vous vous en doutiez, votre espoir que cette encyclique soit plus porteuse de changements sociaux que les chansonnettes de M. Jackson, je ne peux qu’approuver totalement le reste de votre billet. Il y a des priorités dans le traitement de l’information par les médias qui m’ahurissent !
Merci pour cette mise en perspective.
a+
Je ne comprends mêem pas qu’on ne puisse pas être d’accord avec ce simple fait : ok pour parler de MJ, de sa mort, de sa vie, de ses succès, mais pendant quinze jours, n’est-ce pas un tout petit peu too much?
La vuie doit-elle s’arrêter pour un défunt? Qui plu sest un chanteur, et non une gloire de la médecine, un résistant illustre ou une légende du tennis? 😉
Koz, point du courroux, ni de froissement. Admiratrice, je reste 🙂 (sans liberté de blâmer…)
Koz a écrit:
Effectivement, la sortie d’une encyclique est une information qui mérite sa place dans les journaux. Mais peut-être à un rythme différent. Je préfère que les journalistes prennent le temps de lire et réfléchir à ce que le Pape écrit plutôt que de torcher un papier rapido pour rester dans le tempo du « breaking news ». Et concernant la « goutte d’eau » kozienne, j’attends avec impatience ton analyse.
Koz a écrit:
Puisque tu demandes… ma réponse est oui, et depuis longtemps.
bon, je vais essayer de trouver une vidéo sur le moonwalk, il parait que c’est célèbre… je serai peut-être un chouïa plus en phase (je doute, je sais pas pourquoi).
qui est partant pour un pélé à la Portioncule histoire de demander une indulgence plénière pour l’âme de MJ et de ceux de ses fans qui ont décidé de mettre fin à leurs jours pour le suivre?
le chafouin a écrit:
Je crois qu’ils ont usé et abusé de « the show must go on », non? 😉
En même temps, la vie ne se réduit pas à ce qui passe au JT ou sur twitter. J’ai parfois l’impression, qu’à force d’être branchés tout le temps et partout (si, si), d’aucuns oublient qu’on peut très bien vivre en étant très très largement moins informé. Et que, pour démesurée qu’elle ait pû être, la couverture médiatique de la mort de Michael Jackson reste un épiphénomène (tout comme d’ailleurs une nouvelle encyclique du Pape (aïe, pas taper)).
Bon, sinon, c’est vrai que j’ai zappé sur F2 et TF1 et que c’était particulièrement pénible tous ces commentaires. A côté, j’avais CNN, en live, sans commentaires. Les blablas sont venus après et là, c’était pénible aussi. Bref, c’est pas tant l’hommage qu’on peut critiquer ou admirer, c’est le besoin des journalistes et pseudo experts en tout genre à parler d’eux, Michaël Jackson n’étant finalement qu’un prétexte pour les mettre, eux, en valeur.
Comme dans le même temps, on a aussi un nombre incalculable de gens qui ont besoin pour exister de se voir vivre à travers les médias, ou de faire comme le voisin qui fait comme le voisin qui fait comme la télé a dit qu’il devrait faire (i.e. être éploré et aller se recueillir à un endroit où, de préférence, il y aura une caméra), ça ne fait que renforcer la loupe déformante des médias.
Alors, s’il s’agit de faire un critique acerbe de la société médiatique (pile: les médias, face: les spectateurs/lecteurs): on peut y aller. Mais, pour moi, ça reste peu lié à l’encyclique.
Il y a un passage interessant de l’encyclique CARITAS IN VERITATE de Benoit XVI sur la relation riche / pauvre et la propriété intellectuelle :
http://guerby.org/blog/index.php/2009/07/08/204-benoit-xvi-et-propriete-intellectuelle
Je suis partagé.
Je ne suis pas choqué qu’on parle beaucoup de la mort de Michael Jackson. Ce qui est choquant, c’est la façon d’en parler. Ce spectacle sur son cercueil m’a paru terriblement irrespectueux.
Qu’il repose en paix. L’enterrement cérémoniel est un des fondements les plus anciens de la civilisation. L’érosion du respect dû aux morts me préocuppe. Michael Jackson a été un grand artiste. Il était un homme à l’évidence très malheureux qui a donné du bonheur à beaucoup de monde. Cela justifie qu’on parle de sa mort, même beaucoup. En revanche, cela ne justifie pas qu’on le prive de respect, de dignité.
La télé est obscène. De plus en plus. Ca n’a rien à voir avec Michael Jackson ou l’encyclique. Moi qui ne la regarde plus depuis des années, je suis tombé récemment sur Secret Story. J’étais horrifié. La télévision n’a jamais été un instrument de culture, elle est devenue un instrument actif de déculture. Mais il ne faut pas désespérer. De moins en moins de gens la regardent.
En fait il y a 3 sujets dans ton billet, Michael Jackson, les media et l’encyclique. Mais pour moi ils ne sont pas liés. La mort de Michael Jackson n’est pas responsable du traitement mediatique de l’encyclique. Sans ces obsèques, ils en auraient parlé de façon tellement résumée et lissée qu’ils en auraient ignoré toute la substantifique moelle. Et là encore, il ne faut pas désespérer. Il y a 10 ans, la seule exposition que quelqu’un comme moi aurait eue de l’encyclique aurait été un vague sujet sur TF1 au sujet d’un texte du Pape exhortant à l’amour et à la générosité. Aujourd’hui, je sais que je trouverais bientôt sur koztoujours un billet construit, synthétique me transmettant la pensée du Pape avec l’essentiel de sa nuance et de sa puissance. Et que je pourrais en discuter, argumenter, convaincre ou être convaincu.
C’est quand même mieux qu’avant non?
Liberal a écrit:
Qu’on en parle beaucoup ne me choquerait pas spécialement. Mais je crois que l’on dépasse le stade du « beaucoup » quand la retransmission de la cérémonie occupe les 2/3 d’un JT. On est dans l’hypertrophie et on est bien dans le journalisme de communication (je pense que les rédacs sont conscientes du fait que cette actualité était importante certes, mais d’une importance relative, mais lui accorde davantage d’exposition pour retenir le téléspectateur) qui est bien une dévaluation du journalisme et une dérive liée à la nécessité de générer des revenus davantage que de produire de l’information. L’attention est centrée sur le profit et non sur le rôle politique (au sens large) et social des medias (ce n’est pas anti-profit, c’est juste que le profit devrait être un moyen pour remplir son rôle et non le but en lui-même).
C’est notamment en cela que les différents points de ce billet sont assez liés.
Liberal a écrit:
Juré, craché, je n’en veux pas à Michael Jackson. 😉
En revanche, je ne suis pas certain qu’il n’y ait aucun lien. Que les medias en temps normal y aient consacré un temps restreint et une analyse superficielle, c’est probable. Mais qu’ils aillent jusqu’à ne pas en parler, c’est autre chose. J’ai cité Libé, mais si tu vas sur le site du Point, tu n’as pas un article sur la page d’accueil. Pourtant, c’est objectivement un fait d’importance, qu’il n’est pas normal d’ignorer, même si c’est pour le critiquer.
Liberal a écrit:
Cf ma note de bas de page, BXVI évoque le non-profit, l’économie du don, de la gratuité. Même s’il ne vise pas vraiment les blogs et Internet, on est peut-être bien en plein dedans.
xerbias a écrit:
Si tu veux, je te donnerai des adresses de blogs, pour voir ce que c’est qu’une critique de la société non modérée 😉
Philo a écrit:
Je préfère continuer d’espérer voire de réclamer que les JT s’améliorent (enfin, en tout cas, cessent de se dégrader). On peut le déplorer mais ils restent la fenêtre ouverte sur le monde pour une très forte majorité des français. Et la lecture des blogs, qu’évoque Liberal, c’est bien mais, à ce jour, je connais bien de plus de personnes parmi mes proches qui n’ont jamais foutu les pieds sur le moindre blog que de personnes qui en lisent (et encore moins qui en lisent fréquemment).
Pope or Pop, that is the question..
PEB a écrit:
Prière du pasteur baptiste Lucious W. Smith à la fin de la cérémonie: ici via youtube.
@Koz : je suis gravement télévore. Je regarde beaucoup, longtemps (tard aussi) et des choses très différentes. En comparaison, je ne lis que peu de blogs. La télé est une (possible) ouverture sur le monde, pas uniquement le JT de 20h (ou pire de 13h sur TF1). Pour moi le 20H, c’est comme le PS, faut tout changer.
Avec internet, il me semble que l’info agresse moins : on clique ou non sur un sujet.
A la radio ou à la TV, l’info nous saute aux oreilles ou/et aux yeux.
Résultat : « qu’on l’enterre, et vite ! » ; c’est abominable, ce traitement de l’info post-mortem si longtemps.
Ce pauvre homme qui a eu tout sauf un bon psychiatre.
J’ai envie de dire : « paix à son âme », et passons à l’étude de l’encyclique. Il y aura peut-être un entrefilet dans les journaux, 20s dans un JT, si aucun avion ne s’écrase, aucun train ne déraille, et si les « stars » vivent quelques jours de plus.
Le fait que les 2/3 du JT soit consacré à Michael Jackson est difficilement surprenant. C’était déjà ce qu’il s’était passé il y a douze ans, lors des obsèques de Lady Di, et même si les deux étaient mondialement connus, l’impact individuel du chanteur m’a semblé plus important que celui de la princesse.
Koz a écrit:
Arf, c’est probablement la raison pour laquelle je ne les fréquente pas déjà. Plus généralement il y des propos tenus sur ce blog que j’ai du mal à interpréter ou auxquels il m’est difficile de répondre. Sous le billet précédent, quelqu’un disait que la seule solution était l’évangélisation, ici un autre commentateur a vu dans la cérémonie l’oeuvre de Satan, je ne sais pas à quel degré c’est dit, mais ça me rappelle qu’il vaut mieux privilégier la nuance. Y compris dans ce que je peux dire d’ailleurs.
Liberal a écrit:
Avant que je ne lise ce blog, je n’avais jamais entendu parler d’encycliques…
xerbias a écrit:
Mais si : c’est le nom savant des coureurs du Tour.
(pas taper)
Bon vu mon intérêt pour MJ j’attends avec impatience le billet suivant.
Bonsoir Koz,
la couverture médiatique autour de la mort de Michael Jackson est probablement excessive. Il n’était ceci-dit pas facile d’organiser un évènement pour le public qui convienne à toutes les sensibilités du monde. Le style américain a été choisi, il choque un peu l’Europe. Soit. La belle affaire.
Il n’en reste pas moins que Michael Jackson est à mon avis un artiste majeur de ces dernières décennies, avec un style complètement original de chanson, de danse et aussi de « clips ». Comme beaucoup d’artistes de ce siècle et des précédents, il a eu une vie instable, et une relation compliquée à l’argent. Il ne reste évidemment qu’un artiste, et cela n’en fait ni un philosophe, ni un homme politique, ni un responsable religieux.
Mais je pense que par le bonheur et la part de rêve qu’ils apportent à leur public, les artistes ont un rôle très respectable dans la société. Dans le temps, on n’autorisait pas certains artistes (acteurs…) à être enterré dans les cimetières chrétiens, et je pense que c’est une erreur.
Pour revenir à l’encyclique, elle a effectivement eu une couverture médiatique assez faible, même si j’ai vu passer un article dessus sur le site du Figaro, et j’imagine que la presse chrétienne en parlera. Il ne faut pas non plus attendre que Libération, un journal plutôt opposé à l’église catholique, fasse de la publicité à cette encyclique.
Je m’interroge aussi beaucoup en ce moment sur l’économie et le système social, mais j’hésite à investir du temps à la lire: j’ai peur qu’elle ne soit pas très clair: les théologiens écrivent parfois de façon encore plus obscure que les philosophes. Je ne suis pas sûr qu’elle apporte non plus des idées intéressantes, l’église ayant à mon avis très mal compris des phénomènes économiques modernes comme la mondialisation et son impact largement positif sur le tiers-monde « de bonne volonté ».
Mais qui sait, peut-être Koz me convaincra-t-il de passer du temps dans ce pavé, plutôt que dans des livres d’économistes américains (Shiller…), pour mes lectures de plage.
…que la seule solution était l’évangélisation
(@ Xerbias : ça peut paraître peu nuancé, mais seulement si on n’a pas lu l’évangile, …qui apporte justement ce supplément de nuance dont notre monde a cruellement besoin. C’est ce que j’appelle l’évangélisation: ce n’est pas (pour moi) de l’embrigadement, mais un complément d’information sur le « vivre ensemble », qu’on soit croyant ou non. Désolée d’avoir des formules lapidaires, c’est pour essayer de faire court)
Koz a écrit : « le profit devrait être un moyen pour remplir son rôle et non le but en lui-même »: je crois que c’est le problème général: pas seulement pour les médias, mais pour l’économie, pour l’éducation, pour la santé, et le monde du travail (en semaine)…
xerbias a écrit : « C’était déjà ce qu’il s’était passé il y a douze ans, lors des obsèques de Lady Di »
J’avais justement envie de faire remarquer que déjà, pour ces obsèques, les médias avaient eu un choix à faire: obsèques de Mère Térésa ou de Lady Di: C’est beaucoup plus comparable que MJ et l’encyclique, mais les médias ont fait le même choix: pas 50%-50%,mais 99% Lady di et 1% Mère Térésa, qui pourtant, avait eu un retentissement mondial plutôt plus singulier et plus constructif (je ne critique pas Lady Di: elles étaient copines); mais voilà, le People se vend mieux. Cela dit, je crois que ça a été un cadeau du Ciel pour Mère Térésa …
Ou alors, les médias sont tellement dans leur bulle qu’ils ne savent plus tellement ce qui se passe dans la vraie vie…
Hier soir, j’ai allumé la télé à 21h 15 ou 20 (environ) pour voir que « la cérémonie avait pris du retard » et que, conséquemment, le Jt (les JT) duraient plus longtemps que prévu. Du coup j’ai eu droit à un morceau de chanson de MJ.
Et je ne regrette pas de n’avoir pas vu le début, ni même le morceau en entier : j’ai zappé illico.
Ce n’est pas mon style : je n’aime ni la voix, ni le rythme, ni la mélodie (?), ni le chanteur .Il était bien sur la photo de Koz, mais franchement, sa destruction physique (que j’ai pu voir à maintes reprises sur des tas de journaux) ne provoquaient en moi que pitié pour ce pauvre homme qui ne s’aimait pas.
je suis donc arrivée par le plus grand des hasards sur la 3, je crois, avec A Lear et le disco. Au bout de 15 à 20 mn, j’ai décidé d’aller me coucher, pour être en forme pour aller travailler ce matin.
Quant à l’encyclique, j’ai entraperçu deux articles sur le figaro en rentrant ce soir, mais n’ai pas eu le temps de m’y pencher.
ces deux articles semblent intéressants.
Un commentaire :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/07/08/01016-20090708ARTFIG00244-encyclique-le-credo-social-de-benoit-xvi-.php
et l’encyclique en entier:
http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/encyclique.pdf
Il y a donc plus de trois lignes sur cet événement!.
J’ai enregistré ce document afin de le lire à tête reposée, moi qui n’ai pas de Pape dans la hiérarchie de mon église.
Et j’attendrai de pied ferme les commentaires de Koz sur le sujet.
Imaginez-vous seulement ce que cela risque d’être en France si un jour, par inadvertance et Dieu les en préservent, Johnny Halliday ou Mylène Farmer venaient à passer l’arme à gauche?
xerbias a écrit:
Tu me permettras, je l’espère, de n’être comptable que de ce que j’écris. C’est déjà assez lourd comme ça.
quelqu’un qui disait que la seule solution était l’évangélisation a écrit:
Nous sommes d’accord. BXVI l’évoque pour le monde de l’entreprise en général, je le transpose volontiers aux seuls medias.
Uchimizu a écrit:
Si c’est ce que tu penses, alors, oui, vraiment tu dois la lire. Si tu ne veux pas tout lire, ce qui est dommage mais compréhensible, va sur le Net et fais juste une recherche sur « mondialisation », ça devrait te surprendre.
Uchimizu a écrit:
Je ne leur demande pas de faire de la publicité. Simplement de rendre compte de l’actualité du monde. Et ceci en fait objectivement partie, même si c’est pour en dire du mal. Là, Libé fait juste comme si elle n’existait pas. Et pourtant, même si l’on considère que les cathos sont une sale engeance, on devrait au moins observer avec intérêt ce que dit le Pape, qui incite les cathos à œuvrer dans un sens qui est plutôt libé-compatible.
Tara a écrit:
Oui. Sur Le Figaro. Et pas en haut de page. Loin de là.
Arg! plus jamais je mets un pseudo à rallonge qui fâche et qui apparaît partout!
@ Koz
Il y a quand même un paradoxe à souligner à propos de M. Jackson et d’ailleurs, en relation directe avec l’encyclique. Son disque, « We Are The World » a permis de réunir pour l’Afrique, 60 millions de dollars de l’époque (en 1983 je crois). Autrement dit, toute cette notoriété, cette célébrité, cette vague médiatique autour de cet artiste a permis la collecte d’un don, en dehors de toutes intiatives publiques j’entends, absolument considérable.
Un autre point est que M. Jackson est également l’artiste ayant participé le plus à des oeuvres caritatives tout au long de sa carrière. En fait la totalité des dons à des oeuvres est estimé à 500 millions de dollars. 500 millions en combien de temps ? En 30 ans de carrière ? C’est aussi l’équivalent de ce qu’il pèse aujourd’hui en fortune estimée. Ou en dettes… Va savoir.
500 millions c’est après une part d’impôts aussi. C’est sans « frais de fonctionnement ». C’est du direct. C’est plus une goute d’eau comparée à certains problèmes. C’est au moins de l’ordre de quelques citernes.
On peut tout dire sur Jackson, le traiter de monstre si on veut, dire qu’il a été « broyé par l’argent » (je dirais plutôt par son entourage et par lui-même ; tous les gens qui ont de l’argent ne finissent pas comme ça) – peut être… mais, en dehors de ma contribution directe et physique sur le terrain de l’humanitaire, j’ai du donner en tout et pour tout environ 1000 dollars dans ma vie. Il a fait plus. Il a même du faire plus pour soigner le monde que beaucoup d’organisations pourtant dévouées à cette tache.
Un autre point est que Jackson portait également un message dans beaucoup de ses clips. Non seulement Heal the World, mais également Earth Song, sur l’environnement. 3 Millions d’exemplaires vendus pour cette dernière – des centaines et des centaines de millions de diffusions dans le monde – ça fait quand même un effet quant au message, à la prise de conscience, à l’impact politique.
Dans toute cette histoire ce qui compte c’est la quantité. Là, nous avons un homme seul qui donne 500 millions. Je me fous de savoir qu’il en a gaché largement autant en ce qui peut apparaître comme futile. L’argent circule. L’argent qui circule n’est jamais perdue pour tout le monde. Ce que je vois moi, c’est le don en termes de quantité. Ca pourrait représenter l’oeuvre de plusieurs vies pour la plupart d’entre nous. On pourrait aussi convertir ces 500 millions en vies sauvées, conditions améliorées, structures pérennes construites par le biais de sa fondation, etc. et on pourrait se dire que peu de personnes aujourd’hui peuvent se vanter d’un tel bilan.
Je répète que je n’ai rien contre l’homme. Je ne crois pas que mon billet comporte grand-chose de négatif à son encontre, et j’ai choisi volontairement cette photo pour en donner une illustration positive alors que j’aurais pu prendre l’une des dizaines de photos où il ressemble davantage à un monstre qu’à autre chose.
Il reste qu’il n’apparaissait pas spontanément comme quelqu’un de très heureux (oui, c’est un euphémisme).
Et quand je pense au fait qu’il était « broyé par l’argent », je pense moi aussi davantage à son entourage. Il ne me semblait pas indispensable de préciser que tous les gens qui ont de l’argent ne finissent pas comme lui.
je sais bien, et ton billet dénonce l’exploitation de son image, le traitement médiatique de sa mort, la remise en perspective des importances.
Mais cette mise au point, me parait importante. Cela aide également à la mise en perspective.
Surtout le paradoxe est intéressant dans le cadre de l’encyclique qui parle du don, du gratuit. Cette « idole » a fait beaucoup dans ce sens… beaucoup, beaucoup plus que nous ne le ferons jamais.
Ce n’était pas non plus le leader d’un mouvement dont les milliers de militants travaillent. C’etait un homme pratiquement seul pour une grande partie de sa carrière.
Bref, je ne défends pas sa mémoire, je ne suis même pas un admirateur… Mais juste côté bilan – genre colonne rouge, colonne verte – à mon avis, j’aurais et beaucoup auraient du mal à s’alligner.
Bonsoir Koz,
j’ai pris un peu de temps pour lire une partie de l’encyclique économique de Benoit XVI. Voici ce que j’en ai rapidement conclu.
Son style est raisonnablement lisible: c’est beaucoup mieux que le code du travail, les programmes des partis politiques français ou le livre moyen de « management », mais c’est à mon avis moins bien écrit qu’un discours de de Gaulle, un article de « The Economist », ou un livre comme « The Wealth of Nations ».
Sur le contenu, tout est en nuance de gris, ce qui est probablement une bonne chose. Le pape n’a pas peur de rappeler quelques vérités qui dérangent (sur l’inefficacité des institutions internationales, ou l’égoïsme des syndicats des pays riches), ce qui ne me surprend pas trop, Benoit XVI, pour le meilleur et pour le pire, ne cherche semble-t-il pas trop à être consensuel.
Cette encyclique peut à mon avis constituer une lecture utile pour les « requins » qui oublient leur humanisme dès qu’ils ont mis leur costume. Tooutefois, je n’ai pas trouvé beaucoup de réponses, voir même de réflexions sur les questions pointues sur l’économie en ce moment: comment mettre en place des mécanismes efficaces pour réguler la finance, comment assurer (probablement par une taxe carbone mondiale) la protection de l’environnement, comment assurer la maitrise des dépenses de santé, qui demanderont à un moment des choix déchirants. Et sur la mondialisation, j’ai été, comme je l’attendais, déçu. Le fait le plus important de ces trente dernières années est la sortie de la pauvreté de plusieurs centaines de millions de personnes en Chine, en Inde, en Malaisie et même maintenant au Brésil. Cette mondialisation s’est faite pas par compassion, mais grâce à des états décents, et au fait de laisser au moins aux pauvres la chance de travailler pour qu’ils puissent acquérir des compétences et ainsi s’intégrer, à une position de plus en plus favorable, dans l’économie mondiale. Certes, tout n’est pas parfait dans ces pays, mais l’amélioration du niveau de vie est quand même très positive. Je n’ai pas lu de références à ce succès ni de suggestion que cela pouvait être un exemple à suivre pour les autres pays, ni même d’analyse sur les « effets de bords » (en particulier sur les salariés pauvres des pays riches) et des solutions possibles (de type flexsécurité et redistribution à la danoise).
Ma première impression sur ce texte est donc mitigée, mais je serais ravi d’entendre d’autres analyses, en particulier de personnes plus habituées que moi à décoder la prose romaine.
Koz a écrit:
Uchimizu a écrit:
Je ne suis pas sûr qu’elle apporte non plus des idées intéressantes, l’église ayant à mon avis très mal compris des phénomènes économiques modernes comme la mondialisation et son impact largement positif sur le tiers-monde “de bonne volonté”.
Si c’est ce que tu penses, alors, oui, vraiment tu dois la lire. Si tu ne veux pas tout lire, ce qui est dommage mais compréhensible, va sur le Net et fais juste une recherche sur “mondialisation”, ça devrait te surprendre.
Bravo encore Koz.
Personnellement je fus particulièrement dérouté par cette soirée (enterrement obscène !) et je souscris totalement aux commentaires (Idole, Media, encyclique).
Ce qui fait question, c’est la ferveur populaire, plus que l’exploitation.
J’avais observé, lors de la vente des collections Bergé/St Laurent; l’absurde besoin de vénération de reliques (je ne parles pas du malin qui achète 10 pour revendre 100) mais du réel engouement du peuple à travers ses élites …
J’ai toujours été frappé de la concurrence que se firent les groupes sociaux pour accaparer, au cours de ages, les (fausses) reliques (Erasme parle d’un bateau pour contenir les morceaux de la Vraie Croix).
En fait, le culte des Idoles et la collecte des Souvenirs ou Reliques reste aussi intense …
Certains objecteront que la culotte de Madonna n’a aucun effet curatif!
ton analyse est excellente, enfin un « média », le tien, qui analyse avec recul la tristesse de cette vie non équilibrée… et curieusement adulée par les chaînes de TV… Danseur d’exception, peut-être, très bon chanteur (l’as-tu écouté qd il était enfant ?)mais le succès ne fait pas tout, la preuve…Merci pour ton très bon billet, et bonnes vacances, cher Koz, à toi et ta famille !
Pourquoi vouloir aller à contre courant ?
Le développement fulgurant du journalisme de masse n’interdit pas la résurrection d’un journalisme de réflexion, il pose simplement la question de son financement.
Les journalistes doivent accepter cet état de fait et choisir leur camp.
Les lecteurs potentiel doivent accepter d’en payer le coût.
Le mouvement a démarré avec le passage au payant de certains journaux en ligne, il ne pourra que se poursuivre.
Le luxe, fut il de l’esprit, est toujours un investissement cher !
Bon, je sens que ça ne va pas plaire aux fans (il est devenu intouchable), mais je me lance…
L’engouement médiathique autour d’une star est malheureux mais prévisible dans une société ou tout est communication, et dans ce sens l’épisode illustre assez bien l’un des maux du monde contemporain.
Toutefois c’est sur l’homme que je voudrais me pencher… On l’oublie si vite… Je vois des gens qui n’ont jamais été fans s’émouvoir devant la mort d’un personnage à la moralité plus que douteuse. Et je ne parle pas de ces accusations de pédophilie, pour lesquelles il s’est ruiné en arrangements, mais pour lesquelles il a été acquité (enfin maintenant que j’apprend qu’il était fan de « Martine » je me demande…) Je parle de son racisme viscéral, illustré par son acharnement à effacer toute trace de négritude de son physique. Alors qu’il ait chanter « no matter if you’re white or black » ou qu’il ait fait des donations faramineuses pour l’Afrique, ça ne rattrape rien. On ne s’achète pas une conscience… Il a été jusqu’à faire inséminé ses femmes, bon Dieu, avec du sperme bien blanc, et je doute que ce soit pour des problèmes de stérilité!
Non, décidément, c’est cet oubli pour l’homme qu’il était, toute cette construction mythique autour du personnage qui me dérange.
Bonjour : article Heal The world.
Dénoncé le système médiatique est ok. Mais réagir au système en se servant de « l’information » donnée par les gens du système est une idiotie totale…Ignorance is prejudice. la fortune de M Jackson est estimée à plus de 8 milliards de dollars ( Wall street journal). Les petites dettes de 300 millions n’étaient qu’une volonté de MJ pour se venger de SONY.Pendant plus de 20 ans combien de bêtises racontées à son sujet…et ça continue. certes le niveau de rumeur est proportionnel au degré populaire de la star. Mais, soit il faut regarder les faits de près et éviter de glousser suite aux inepties des journalistes, soit il faut se taire.MJ était propriétaire des 50%du fameux catalogue qui générait des revenus de 380 millions de dollars par an ( à ne rien faire). Auquel vous rajoutez ses ventes chaque années par millions depuis 30 ans…
Bref…les commentateurs s’épuisent en bêtise. Et c’est valable pour tellement de sujet.