Haïti : Paint It Black ?

Le bruit des rotors, un palais néo-colonial blanc, des herbes hautes et une colonne de GIs. Et Paint it Black, des Stones. La chute de Saïgon ? Non, celle de Port-au-Prince. Sa chute, ou la première marche de sa reconstruction ?

Et des colonnes de soldats suréquipés, fusils-mitrailleur en bandoulière, qu’observe une population locale circonspecte. Le débarquement américain en Haïti provoque des sentiments confus. Faut-il s’en offusquer, s’en inquiéter, s’en féliciter ? Est-ce simplement dans la nature des choses ?

A leur habitude, les américains n’ont pas fait dans la demi-mesure. Le rouleau compresseur, la machine militaire : c’est l’humanitaire à marche forcée, et ceux qui n’en sont pas sont comme écartés du chemin, priés de faire place, pour ne pas gêner inutilement la bonne marche américaine.

Mais il y a un échec de l’ONU ou plutôt, un échec de la communauté internationale. Evidemment, c’est à cette instance que devrait revenir une coordination internationale d’urgence, manifestant la solidarité internationale. On peut s’étonner d’ailleurs qu’il n’existe pas un organisme international capable de prendre le relais d’un Etat dévasté pour coordonner des secours. Alors, dans ce cas, ne faut-il pas parer au plus urgent ? A l’évidence, le fait qu’un seul pays gère l’aéroport, qu’un pays prenne l’initiative est un gage d’efficacité. Comme l’écrit Corinne Lesnes, dans les colonnes du Monde, « si l’ONU avait eu des contrôleurs aériens à Port-au-Prince le lendemain du séisme, le sergent Chris Grove n’en serait pas à gendarmer le ciel d’Haïti« .

Face à l’incroyable catastrophe qui s’est abattue sur ce pays, n’est-ce pas l’efficacité qui doit être l’unique critère ? Qu’est-ce donc qui nous taraude ? L’envie d’avoir notre petite part des opérations de secours ? L’envie d’aider ? D’être là ? De montrer que la France y est, aussi ? Ce n’est pas illégitime. Tiens, d’ailleurs, en fin de compte, c’est comme lorsque, dans la rue, une personne est prise d’un malaise. On est souvent plusieurs à s’avancer, on veut prêter la main, aider, jusqu’à ce que l’on soit si nombreux autour de la victime qu’elle finisse par manquer d’air et que le nombre devienne un inconvénient. Il vaut mieux dans ce cas qu’une seule personne qualifiée s’occupe de la victime. N’est-ce pas un peu ce qui s’est passé, et se passe encore, en Haïti ? Du point de vue de la victime, à quoi rime notre petite envie de montrer que nous aussi, nous avons du cœur ? On a reproché, probablement à raison, à Catherine Ashton, de ne pas s’être rendue à Haïti, et d’avoir même été absente de Bruxelles le week-end qui a suivi le séisme. Fallait-il absolument y être ? Sommes-nous en rivalité avec les Etats-Unis ? Cette rivalité n’est-elle pas dérisoire quand il s’agit de la souffrance de milliers de personnes ?

Mais au niveau international, politique, on ne peut éviter d’entrevoir les intentions cachées.

L’une d’elles – la première, diront les cyniques – a d’ailleurs été on ne peut plus clairement dévoilée : les Etats-Unis sont le pays riche le plus proche, et ils n’entendent pas faire face à un afflux de réfugiés haïtiens. Hillary Clinton l’a déclaré : ils interdiront l’accès de réfugiés à leur territoire et reconduiront en Haïti ceux qui se présenteraient. Peut-on le leur reprocher ? Dans la mesure où ils apportent l’aide nécessaire sur place, dans la durée, n’est-ce pas la meilleure approche ?

Il est aussi question de redorer le blason américain. On a perdu l’habitude, si on l’a jamais eue, de voir les soldats américains en forces de maintien de la paix. Tiens, j’y pense, la dernière fois, n’était-ce pas l’opération en Somalie, lancée à grand spectacle par Bill Clinton, démocrate également, donc ? Ces colonnes de soldats américains font nécessairement penser à l’Irak… voire aux reportages sur les bavures en Afghanistan. Cette opération peut contribuer à donner une image plus favorable de l’armée US.

Il s’agit donc, aussi, d’illustrer un nouveau cap de la politique américaine. Illustrer la marque Obama. Démontrer que « dans les moments tragiques, les Etats-Unis réagissent et apportent leur aide« . Cette tribune de Barack Obama, paru dans Newsweek et reprise dans Le Monde, est un monument de discours politique décomplexé. On passe par l’affirmation d’une noble identité nationale :

« Mais avant tout, nous agissons pour une raison toute simple : dans les moments tragiques, les Etats-Unis d’Amérique se mobilisent et apportent leur aide. C’est ainsi que nous sommes. C’est ainsi que nous agissons. »

Puis Obama revisite dans cette tribune la politique étrangère américaine avec une légère tendance à l’omission précautionneuse :

« Depuis des décennies, le leadership américain est fondé en partie sur le fait que nous ne recourons pas à notre puissance pour soumettre les autres, nous l’utilisons pour les aider à reprendre pied – que ce soit en aidant à la reconstruction de nos anciens adversaires après la seconde guerre mondiale, en parachutant de l’eau et des vivres à la population berlinoise, ou en aidant les peuples de Serbie et du Kosovo à reconstruire leurs vies et leurs pays. Et cela n’est jamais aussi vrai que dans les moments de grands périls et de grande souffrance humaine. C’est pour cette raison que nous avons agi pour aider les Africains à combattre le fléau du sida sur leur continent, ou pour venir en aide aux victimes d’un tsunami catastrophique en Asie. Quand nous ne montrons pas seulement notre puissance, mais aussi notre compassion, le monde nous considère avec un mélange de respect et d’admiration. »

Wow. Non ? « Le monde nous regarde avec un mélange de respect et d’admiration« . C’est peut-être vrai mais, dia,tre, il faut l’écrire, ça. D’ailleurs, nous pourrions, nous, français, l’écrire un peu plus souvent. Mais j’y reviens : notez comme les guerres d’Irak et l’intervention en Afghanistan[1] sont oubliées. On les entrevoit en creux : c’est l’autre « partie« , et c’est le moment où les Etats-Unis ne montreraient que leur puissance, la compassion étant moins évidente – même si l’on se gardera de l’exclure d’emblée pour ne pas paraître pêcher par anti-américanisme.

On sent que quelque chose se joue, dans cette tribune. Est-ce seulement l’image d’Obama ? Ou peut-on penser qu’au-delà, il veut montrer aux américains une autre image des Etats-Unis ? Aux américains, et au reste du monde également. D’ailleurs, n’aurions-nous pas eu mauvaise grâce à entraver leur bonne marche puisqu’après tout c’est tout de même le pays occidental dont l’image est la plus dégradée ?

Barack Obama a quelques mots rassurants pour la communauté internationale. Ils travailleront aux côtés d’autres pays (sympa), et de l’ONU. Mais ouch, la conclusion :

« C’est pourquoi les Etats-Unis d’Amérique prendront la tête de cette entreprise humanitaire mondiale. Cela fait partie de notre histoire, et c’est ainsi que nous répondrons à ce vaste défi. »

Y’a du « Poussez-vous, c’est nous que v’là« , hein, tout de même ? Que cela soit dit : c’est eux qui feront le job. Venez pas trop les emmerder avec des histoires de multilatéralisme et tout ça.

Au terme de ce billet, je ne sais pas pour vous mais, moi, je ne me suis pas totalement départi de mes sentiments contradictoires. Au nom des victimes, comment ne pas se réjouir de cette efficacité ? Comment ne pas apprécier aussi que les Etats-Unis mettent leur puissance dans une action humanitaire ? Peut-on reprocher à un pays d’agir en tenant également compte de ses intérêts bien compris, tant qu’ils coïncident avec ceux des Haïtiens ? N’est-ce, encore un fois, qu’une histoire de tact et de délicatesse dont manquerait la machinerie américaine ? Quelle part prend, dans cette opération, la volonté des Etats-Unis de réaffirmer sa zone d’influence (ce qui n’est d’ailleurs géographiquement pas déconnant) ?

En fin de compte, peut-on vraiment leur reprocher de faire ce que nous aurions aimé faire à leur place ?

Même si nous, français, nous avons du tact et de la délicatesse. « C’est ainsi que nous sommes, c’est ainsi que nous agissons« , hein…

  1. qui certes s’éternise mais est pourtant légitime []

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41 commentaires

  • Tiens, un exercice pour Koz : faire un parallèle entre le tact et la délicatesse d’Obama, et les mêmes vertus chez Sarkozy. Après avoir noté ressemblances et différences, commenter leur signification…

  • Eh oh, pourquoi c’est moi qui doit bosser tout le temps ?!

    Et puis, à ce sujet, je parle des Etats-Unis et de la France, plus que de Barack et Nico

  • @ Koz

    Je plaisantais.

    Mais une grande force des US, c’est qu’ils sont encore capables de se regarder autrement qu’avec un regard cynique. Un brin d’hypocrisie, sans doute, mais pas que de l’hypocrisie.

    Et un brin d’hypocrisie, c’est un modeste hommage rendu par le vice à la vertu !

  • Je ne connais pas la position officielle de l’ONU, mais j’ai parlé à un haut fonctionnaire de l’ONU qui m’a assuré que l’intervention des Etats Unis à Haïti était justifiée et nécessaire. Le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, est non seulement sur occupé partout dans le monde dans plusieurs théâtres d’opération, mais il est en deuil car leur bâtiment à Haïti s’est écroulé et plusieurs employés de ce département sont morts. L’ONU reste une institution extrêmement politique et il est difficile de mobiliser du personnel de l’ONU pour intervenir rapidement dans une catastrophe de ce type (d’ailleurs qui mobiliser? à part le département de maintien de la paix, les employés de l’ONU sont essentiellement des diplomates, des juristes ou des économistes) En fait, malgré cela, une coordination au sein de l’ONU s’est formée au sein de tous les bureaux de l’ONU dans le monde pour enregistrer les noms de volontaires parmi les employés qui seraient disponibles pour donner un coup de main en Haïti selon les besoins et leur compétences. L’ONU ne peux pas donner des ordres aux pays membres d’envoyer tel ou tel personnel, équipement, etc. et coordonner tout ça. La Croix Rouge est très engagée et elle est par ailleurs devenue ces dernières années très efficace partout dans le monde. Beaucoup d’autres pays, comme la Suisse, sont engagés à Haïti, mais dans l’ombre, en accomplissant des tâches telles le rétablissement de l’eau potable et le courant électrique. Il ne sert non plus à rien d’envoyer des équipes de sauveteurs 10 jours après le séisme. D’autres pays comme le Vénézuela n’ont rien d’autre à faire que des déclarations à la con. En verra bien, une fois les caméras de télévision reparties, qui restera sur place pour faire l’énorme boulot de reconstruction, l’ONU y sera certainement.

  • Plus que de l’hypocrisie, j’y vois une sorte de naïveté; et plus que du cynisme, je vois dans les soubresauts du vieux monde une sorte de lucidité face à sa propre imperfection. Enfantin chez l’un, et adulte chez l’autre?

    En même temps, Obama n’a jamais prétendu défendre autre chose que l’intérêt des États-Unis. Et en bon libéral, c’est bien en défendant d’abord (seulement?) son propre intérêt qu’il fera ce qui est le mieux pour tous.

  • Bonjour,
    je vais y aller de mon commentaire de red-neck bien bourrin :
    l’intervention des US rend les autres nations jalouses comme des poux (et puis c’est tout). Je ne vois aucun problème à ce que les US prennent le commandement des opérations si c’est dans l’intérêt des haïtiens.

  • « N’est-ce, encore un fois, qu’une histoire de tact et de délicatesse dont manquerait la machinerie américaine ? « 

    J’ai du mal à voir vis-à-vis de qui les Américains manquent de tact dans cette histoire. Vis-à-vis des Haïtiens ? En quoi ? Vis-à-vis de nous ?

    @ Aristote

    Mais une grande force des US, c’est qu’ils sont encore capables de se regarder autrement qu’avec un regard cynique.

    +1.

    « Le monde nous regarde avec un mélange de respect et d’admiration ». Vrai. Cela s’accompagne de pas mal de jalousie, mais ça c’est le problème de celui qui est jaloux, pas de celui qui est jalousé.

    D’ailleurs, dans cette tribune Obama ne s’adresse pas du tout à nous, mais à ses électeurs, qui ont bien besoin de se remonter leur moral alors que leur économie ne redémarre pas, qu’ils sont obligés d’envoyer des renforts en Afghanistan et que leur réforme du système de santé est toujours aussi indémerdable. Au passage il n’oublie pas de se positionner contre l’isolationisme, l’unilatéralisme et la volonté de domination militaire de ses adversaires. On peut difficilement lui donner tort.

  • Je dois dire que cet article me rend très perplexe…(c’est rare)
    Non seulement les USA doivent tout faire ou presque, mais en plus il ne devrait pas la ramener…
    Obama pense surement plus à convaincre ses citoyens d’aller encore une fois aider les voisins, alors que les expéditions précédentes n’ont pas forcément été très fructueuse, que de bichonner l’égo des européens.

  • @ Koz

    Bien vu…

    Dans cette affaire, il faudrait remettre le ponpon de cette décennie à Hugo Chavez qui aurait affirmé dans son émission hebdo « Allo Presidente », que la catastrophe d’Haïti avait été gnénérée par une arme secrète capable de provoquer des tremblements de terre que les USA avaient testée sur Haïti pour en prendre le contrôle et dans le but d’une utilisation ultérieure contre l’Iran.

    Tout y est.

  • J’adore la fin, merci pour le sourire !
    (J’aurais volontiers laissé ce commentaire au contenu translucide sur FB mais on se fait engueuler si on le fait alors tant pis pour toi.)
    Sinon, je m’étonne que tu t’étonnes qu’un gouvernement d’appoint pour pays décapité ne soit pas sur les starting-blocks en permanence, ça arrive si souvent que ça, que des pays soient décapités ? D’ailleurs, tu as presque tort, y a Aristide qui fait « moi m’sieur ! » depuis le début, au fond du coin où il est « puni »… 😉

  • Nan mais si tu séjourne un peu aux US les raisons sont aux milieu! Moitié désintéressé moitié calculé!
    Calculé: Eviter l’immigration illégale,les 4500 ressortissants US à Haïti qu’en terme de com un président ne peut laisser à leur sort, se refaire une image de gentils!
    Désintéressement: Si tu restes un peu de temps aux US tu verras que dès la high school l’américain apprend qu’il vit dans le « best country in the world », et qu’il est investi d’une mission quasi messianique qui trouve ses racines dans l’état d’esprit de tous ses habitants hors « native americans », qui sont tous arrivés à chaque vague d’installation, sur ce qui était littéralement la terre promise pour eux!

  • @eponymus

    je suis très méfiant quant aux racontars sur Chavez, au moins autant que sur Chavez lui-même.

    J’en profite pour préciser que mon commentaire sur la naïveté était plutôt élogieux. C’est ce qui permet aux américains d’agir. L’urgence en l’occurrence était bien d’abord de faire quelque chose.

    Ça me donne bizarrement envie de citer le film d’Eastwood, Gran Torino, qui m’a bouleversé. C’est au niveau individuel le même genre de réaction: en face d’une situation critique, la capacité à faire des choix rapides et à les mettre en application. Ca demande une forme de confiance en soi, qui contient aussi de la naïveté, et une forme de manque de tact.

  • Bonsoir Koz et les autres,

    les américains ont passé quatre décennies à se préparer à un affrontement militaire brutal avec l’Union soviétique dans une guerre totale. Ils ont d’ailleurs investi beaucoup d’argent, dont l’Europe et le Japon ont profité pour être défendu de l’URSS à moindre coût (pour caricaturer, la France a choisi la cinquième semaine de congé payé pendant que les américains restaient au travail pour se payer les porte-avions qui protégeaient l’Europe).

    On ne se prépare pas à une guerre totale contre un ennemi féroce comme on se prépare à des guerres plus floues de type « colonial » (j’utilise ce mot à défaut d’un meilleur), où le rôle est souvent plus de pacifier dans un contexte politique flou où les alliances sont changeantes, et où les combattants sont peu sophistiqués, mais imbriqués dans la population.

    La réalité, c’est que jusqu’à la deuxième guerre en Irak et en Afganhistan, l’Amérique n’avait pas le savoir faire de la guerre « coloniale », de part cette concentration sur la guerre froide, et le passé colonial limité des Etats-Unis. Nous l’avions en France toujours un peu gardé même après la décolonisation par nos interventions en Afrique. C’est évidemment regrettable, et cela a fait beaucoup de victimes innocentes, mais les mentalités de la plus grande armée du monde ne se changent pas en une année. Les américains ont par contre vite appris, et je me demande si dans ce rôle de « pacificateur armé », l’US Army n’est pas maintenant la meilleure du monde.

    Pour le reste, je me moque pas mal des sentiments des uns et des autres: il s’agit d’une situation d’urgence dans laquelle il faut être efficace: c’est une absolue évidence que les américains doivent, par leur proximité géographique, coordonner les secours. Que cela soit regrettable ou pas (je ne le regrette personnellement pas), l’ONU a une organisations logistique bien inférieure à celle des grandes armées, et surtout celles de l’armée US, et aucune puissance européenne ne peut se projeter en masse dans les Antilles.

    La présence de gardes armées me semble aussi indispensable dans un pays qui était déjà très violent avant le tremblement de terre et qui connaitra forcément des scène d’émeutes.

    Et honnêtement, dans la parabole que tu cites, Koz, la seule chose qui m’inquiète est de savoir si la personne qui fait un malaise sera sauvée, pas de savoir si la susceptibilité de personnes bien intentionnées mais maladroites sera froissée par un secouriste arrivé sur place et qui leur hurle de se pousser et d’arrêter les conneries.

    Plus tard, il faudra sans doute parler de politique, et il y aurait un autre débat sur le rôle que devraient avoir les US dans la reconstruction d’Haïti, qui était déjà un état en échec avant le tremblement de terre.

    Pour conclure, je pense que les américains manquent certainement parfois de savoir vivre en poussant parfois les petits sur le côté sans ménagement. Mais je pense que nous en manquons souvent encore plus en Europe en voulant à tout prix avoir un rôle partout, même quand ce n’est pas justifié.

  • Bonsoir à tous

    Pour les racontars sur chavez, la source serait le quotidien espagnol ABC. Sachant que c’est dur de pipoter complètement sur une émission de TV. Ca se voit trop, quand même, non?
    J’avoue que je l’attendais un peu au tournant, lui… Même le reste des déclarations sur l’occupation militaire d’Haïti valent déjà le détour. Ca m’a fait plaisir d’apprendre la présence sur place de médecins cubains par contre.

    Sinon, merci pour ce billet. Peut être seulement un peu trop de points d’intterogation. Si des choses sont simples ca peut faire du bien de les affirmer, même si effectivement les sentiments derrière sont ambivalents.
    Je pense aussi que l’argument essentiel parmi ceux que vous dévellopez est celui de la doctrine Monroe. Même si l’argumentaire est « mondialisant », les USA se veulent chez eux dans les Caraibes, et ça se voit, même si ca fait l’effet d’une piqure de rappel. Pas dit donc qu’ils se comportent de la même manière si le prochain séisme a lieu, mettons, en Algérie ou en Cote d’Ivoire…
    Et enfin comme vous : si c’est ça la doctrine Monroe, pourquoi pas.

  • L’intervention et l’efficacité des américains est une bonne chose pour les victimes de ce tremblement de terre mais surtout aussi pour ensuite maintenir l’ordre dans ce chaudron anarchique. Point.

    Mais je ne crois pas une seconde que ce déploiement soit de la générosité pure sans arrière pensée…

    Il me viennent des tas de raisons pour lesquelles il y a un intérêt pour les américains de faire cette démonstration de force: sphère d’influence, redorer leur blason, couper l’herbe sous les pieds à Fidel et son copain Chavez comme déjà mentionné par d’autres commentaires. Mais il y a une raison qui me semble non négligeable peu mentionnée et peu connue c’est la richesse du sous-sol de ce pays. Pétrole, or et surtout iridium …

    PS: je me demande toujours ce que diront nos belles âmes si NS se permettait les « arrangements » historiques et autres self-glorifications contenus dans les extraits du discours d’Obama cités par Koz… Anciens colonisateurs, responsables du malheur des haïtiens battons notre coulpe et rasons les murs sous la direction des nouveaux « colonisateurs » 🙂

  • Je crois qu’une grande partie de la délégation de l’ONU a disparu dans l’effondrement de son immeuble
    Ajouter à cela la proximité géographique des USA et le résultat qu’on a aujourd’hui n’est guère surprenant!

    Sinon, la question de savoir si les motivations des américains sont bonnes ou mauvaises participe d’une vision « buschienne » du mande, divisé entre gentils et méchants
    Comme très souvent chez les humains, chez eux, chez vous, chez moi, il y a évidemment un mélange de raisons de toutes sortes, bonnes ou mauvaises, justes ou erronées !

  • Il faut dire que lors de Katerina l’efficacité n’était pas au rendez-vous alors opération de force face au monde ou des américains, je ne sais pas, peu importe,du moment que la solidarité s’exprime.

  • « Le monde nous regarde avec un mélange de respect et d’admiration »

    Je n’admire pas un pays qui incarcère dans ses prisons 4 à 5 fois plus que le mien (par habitant), qui déplore aussi 4 fois plus meurtres (par habitant).

    Pour le reste, je partage l’avis de Koz, reconnaitre l’efficacité des USA, sans faire pour autant de complexes d’infériorité.

  • Hervé,

    j’ai un jugement légèrement différent du tien: les Etats-Unis ont en effet des travers choquants, mais je pense qu’ils jouent dans beaucoup de catégories dans la division supérieure à celle de la France, et de l’Europe.

    C’est quand même le pays où presque tout notre monde contemporain a été inventé (avec aussi il est vrai des contributions significatives de l’Allemagne et du Japon).

    Et je pense qu’il ne faut pas trop se réjouir des problèmes des américains: nous rencontrons en général les mêmes avec quelques années de retard.

  • C’est tout simple:
    sur la même île il y a Saint Domingue et Haiti
    l’efficacité et l’anachronisme dilettante corrompu.

    Alors, effectivement, il vaut mieux pour les Haitiens accepter l’efficacité du grand voisin désireux d’éviter un Cuba bis que les bonnes intentions des états Européens ( dont l’aide, SVP, n’est pas moins hypocrite que celle de l’oncle Sam ).

    By the way, les américains se sont ils mélés du dernier tremblement de terre en Italie ?

  • L’avantage de vos commentaires, c’est que je pourrais, si je le voulais, réorienter mon billet dans un sens ou dans l’autre en fonction du sens du vent, puisque tout le monde n’y comprend pas la même chose. 😉

    Vivie trouve que je mets trop de points d’interrogation et que, si les choses sont simples, ils ne sont pas nécessaires. Je comprends et, à la fin de mon billet, je me disais que les éditorialistes ne posent jamais de questions mais écrivent une thèse particulière. Bon, cela dit, il ne me semble ni interdit ni inutile de retracer des interrogations. Je n’ai pas toujours envie d’être celui qui a une opinion arrêtée sur tout.

    En l’occurrence, si les motivations des Etats-Unis sont multiples (et bien évidemment, les uns et les autres, ne croyez pas que ça me surprenne : je ne crois pas non plus qu’un Etat quel qu’il soit agisse souvent avec un parfait désintéressement), mon sentiment est divers aussi. Uchimizu, je ne sais pas s’il faut parler d’une « parabole », mais bon, cela me semble clair : si je l’évoque, c’est justement parce que, si certaines motivations peuvent me laisser un peu perplexe, je fais cette analogie. A quoi riment notre éventuelle susceptibilité, l’éventuel manque de « courtoisie » américaine, si c’est dans l’intérêt des haïtiens ? On peut aussi penser qu’il y aurait une forme d’égocentrisme à se formaliser d’un éventuel égocentrisme US…

    Et à vrai dire, à supposer même, ce que je ne crois pas, que leur seule motivation soit d’éviter de voir débarquer des foules d’Haïtiens, serait-ce très éloigné de ce qu’on appelle le co-développement (je crois) ? N’est-il pas préférable d’aider à la reconstruction du pays, et de l’Etat, plutôt que d’accueillir des Haïtiens et de laisser Haïti à son sort… ?

    Quant à Chavez et Castro, c’est vrai, on peut penser qu’ils sont au moins aussi grandes gueules que les ricains, avec l’aide aux haïtiens en moins.

  • Ah Chavez et Castro, vous les aimez pas, hein. Comme ils n’ont pas les moyens d’intervenir comme les USA, ils n’ont qu’à fermer leurs gueules. Si les pauvres se mettent à râler, où va-t-on, ma bonne dame? Et puis c’est si simple d’avoir des ennemis, des vrais, des bien méchants, qui ne nous obligent pas à réfléchir.

    N’oublions quand même pas que Cuba est victime d’un blocus depuis bien 20 ans, dont la levée est bloquée par le veto des USA, sans compter que si Obama peut débarquer 10000 hommes à Haiti en 2 jours, il peut aussi le faire à Cuba, et que c’est clairement la position d’une bonne partie de l’administration américaine. Je ne vous parlerai des tentatives de déstabilisation de Chavez, et tout ça. Alors bon, Cuba et la révolution bolivarienne, c’est pas le pied total, c’est sur, et je ne souhaiterais pas vivre dans un régime comme ceux-là. Mais il faut raison garder. Voilà un moment que le couteau qu’ils avaient entre les dents leur sert à couper des légumes pour manger.

  • @ Niamreg

    Si les pauvres se mettent à râler, où va-t-on, ma bonne dame?

    Ni Chavez ni Castro ne sont pauvres… Je ne comprends pas pourquoi vous dites ça. Chavez comme Castro bénéficient des meilleures médecins, ont tous ce qu’ils souhaitent quand ils le veullent, ils vivent dans des palais avec toutes la logistique possible que leur permet leur position, le luxe, les plus belles bagnoles et autres moyens de transports de leur pays, la bouffe de toutes sortes et autant qu’ils en veullent, etc. Bon, ils bossent dur sans doute, mais moi je veux bien être pauvre comme eux.

  • niamreg a écrit:

    Ah Chavez et Castro, vous les aimez pas, hein. Comme ils n’ont pas les moyens d’intervenir comme les USA, ils n’ont qu’à fermer leurs gueules. Si les pauvres se mettent à râler, où va-t-on, ma bonne dame? Et puis c’est si simple d’avoir des ennemis, des vrais, des bien méchants, qui ne nous obligent pas à réfléchir.

    Eh bien, vous nous faites un ulcère ?

    Il s’agit juste de constater que Chavez et Castro ont au moins une aussi grande gueule que les US, mais qu’il ne semble pas qu’ils se soient précipités pour aller secourir la population.

    Quant à la pauvreté du Venezuela, je m’étonne qu’un homme qui est président depuis 11 ans d’un pays qui dispose d’autant de ressources pétrolifères et qui nationalise toutes les compagnies prospères qui bougent soient encore le président d’un « pays pauvre« . Pauvre, ou mal géré ?

  • Pas ulcéré, non, mais énervé à répétition des contre-vérités sur le Vénézuela et Cuba. Vous attendiez qu’ils fassent autant que les USA, ou alors qu’ils ferment leurs grandes gueules?

    et comme je le montre plus haut, ils ont commencé à intervenir avant le tremblement de terre. On ne peut pas en dire autant, et leur reprocher une absence d’intervention est mal venu.

  • @niamreg

    Je ne pense pas qu’il s’agit tant de reprocher à Chavez de ne pas aider les haitiens, que de critiquer ses déclarations pour le moins contre-productives:
    – il dénonce « une occupation militaire » d’Haïti par les américains.
    – il suggère que le tremblement de terre serait du au test d’une arme secrète américaine.

    Pour une fois, je trouve que les médias ont été relativement miséricordieux avec lui : sans doute n’ont ils pas voulu donner une publicité à des inepties pareilles.
    J’ai une aversion naturelle pour la personne de Chavez, alors je me soigne en me cantonant au fait. Mais là, quand même, c’est monstrueux!

    Rien à dire sur les Castro et Cuba sur ce coup là, je n’ai rien entendu d’eux. Leurs médecins sont semble-t-il sur place, comme dans beaucoup d’endroits où ils font énormément de bien.

  • Koz,

    Mais il y a un échec de l’ONU ou plutôt, un échec de la communauté internationale. Evidemment, c’est à cette instance que devrait revenir une coordination internationale d’urgence, manifestant la solidarité internationale.

    Ce n’est pas si évident que ça, notamment pour des Américains. Ils considèrent toujours avec beaucoup de méfiance les machins administratifs.

    La réactivité comparée des US dirigés par un président qui rend compte aux électeurs et de l’UE dirigée par une commission qui ne rend compte à personne est révélatrice à cet égard.

  • @ Vivien: il faut se méfier du Réseau Voltaire, auquel plus personne n’accorde grand crédit, depuis qu’il ne se contente plus d’être anti-catholique. C’est aussi un grand amateur de thèses conspirationnistes, animé par Thierry Meyssan, l’auteur de l’Effroyable Imposture, sur le 11 septembre, qui suggère, donc, que ce sont les US qui ont tué leurs propres ressortissants, et qui annonçait aussi un attentat du même genre qu’à Londres et à Madrid en Italie puisque, là aussi, le gouvernement menait des tests de sécurité en ville… Thierry Meyssan est aussi un top pote d’Ahmadinejad. Alors, les déclarations du Réseau Voltaire sur Chavez sont loin d’être des plus fiables.

    Lib a écrit:

    Ce n’est pas si évident que ça, notamment pour des Américains. Ils considèrent toujours avec beaucoup de méfiance les machins administratifs.

    Certainement, quoiqu’ils se satisfont assez bien d’autres machins genre alliances militaires, pourvu qu’ils aient le lead. Je ne suis pas certain à 100% que ce soit le côté machin du… truc qui les rende sceptique que le fait qu’ils ne ressentent pas spécialement la nécessité, en tant qu’hyper-puissance, de concéder de leur leadership. Ce qui n’est au demeurant pas illogique.

  • @ Koz

    Il faut bien un gendarme et un pompier de dernier ressort. Si le choix c’est entre un gendarme/pompier soumis tous les quatre, sinon tous les deux, ans à la sanction d’un vote, ou un comité Théodule soumis à touts les dérives du politically correct anonyme, je vote sans état d’âme pour le gros méchant loup, sachant lucidement qu’il n’oubliera pas ses intérêts propres.

  • Il me semble un peu tôt pour évaluer l’efficacité de l’armée US, puisque les soldats en sont encore au point de déployer leurs moyens logistiques.
    La logistique, c’est important, essentiel même, mais ça n’est pas une fin en soi.

    « En fin de compte, peut-on vraiment leur reprocher de faire ce que nous aurions aimé faire à leur place ? »

    « Nous » n’avons pas les moyens logistiques. Fermez le ban.

    C’est amusant ces dérapages incontrôlés sur Chavez et Castro à la suite d’un billet sur l’hyperpuissance US. Voilà un type (Chavez) qui, sitôt élu démocratiquement, fût enlevé par on ne sait trop qui avec le soutien explicite des US (cf. discours de Condie de l’époque), et l’on s’étonne qu’il soit un paranoïque sur les bords? Le même s’incline régulièrement devant les votes qui lui sont défavorables (ex. réforme de la constitution); nombre de grands amis de la France ne peuvent en dire autant… mais certains milieux continuent à le placer en tête des pires potentats de notre époque.

    Puis Cuba, sous embargo et menaces US depuis des lustres, dont les médecins sont célèbres dans toute l’amérique du sud, et sur lequel on tape sans trop savoir pourquoi (s’agissant d’Haïti).

    Des restes de guerre froide maybe?

  • @koz
    Je métais renseigné pour Voltaire après avoir posté. Et désolé, effectivement, j’aurais du le faire avant de polluer votre site avec ce lien. Si vous voulez le supprimer, ne vous privez surtout pas.

    D’après une autre source semble-t-il moins partiale(latinsreporter.com), ils auraient cependant raison sur l’intoxication :

    • 1) La TV publique vénzuélienne publie un article sur son site racontant que le séisme haitien serait provoqué par les USA.
    • 2) Une TV russe reprend l’info sur un ton amusé (les vénézuéliens invoquaient la Marine russe comme source principale), en l’attribuant à Chavez, avec une vidéo de lui dans un autre contexte.
    • 3) ABC (Espagne, droite, réputation sérieuse) reprend l’info sans vérification (la magie de l’image?), et intoxique à sa suite plusieurs autres rédactions (en France, le JDD, un blogueur du Monde…).

    Donc effectivement,niamreg, sur ce deuxième point, on a bien affaire à une info non vérifiée. Même si on a envie de s’intteroger sur l’origine de cette rumeur dégueu qui apparait sur la TV publique vénézuelienne. Un démenti public serait bienvenu.

    Et merci encore à koz pour sa patience, et pour le hors-sujet et pour le lien pas propre…

  • qui sont les « amis d’Haiti » qui se réunissent aujourd’hui à Montréal? j’ai lu vingt trois pays, mais n’ai pu trouver leur liste. Cuba, Le Venezuela, la Jamaïque en sont-ils?

    du bon équilibre, de la bonne gouvernance de ce groupe dépendront la capacité des pays concernés à s’entendre sur du positif, plutôt que se tirer dans les pieds….

  • Tout ceci dit, Chavez ou Castro n’auraient aucune arrière-pensée politique dans l’aide apportée à Haïti – voire même plus que les US ?

  • 1) ils font le boulot et c’est ce qui importe pour les Haitiens et ils sont plus efficaces que s’il fallait coordonner 47 nations
    2) entre Haiti et la Floride il y a Cuba, un merdier par zone géographique c’est suffisant.

  • @ Francis: ce sont principalement des pays des Amériques, plus, France, Espagne, Japon, UE, et ONU. Voir par exemple ici. Non, Chavez et Castro n’ont pas été invités, ce n’est pas exactement une surprise.

    @ Lib:

    Ce n’est pas si évident que ça, notamment pour des Américains. Ils considèrent toujours avec beaucoup de méfiance les machins administratifs.

    Ce n’est pas tant la lourdeur administrative que la nature internationale de l’ONU qui les gêne. C’est perçu comme une restriction de l’indépendance américaine, une façon de se lier les mains. Perception qui n’est pas fausse, bien sûr, mais que la droite américaine exagère volontiers, et ce depuis Wilson. Cela explique l’équilibre soigneusement maintenu par Obama, dans son texte, entre le respect pour la communauté internationale et le leadership américain.

  • Les etats-unis ont envoyé les soldats avant meme d’envoyer les medecins et les pompiers… un vieux reflex qui refete bien une intention malsaine qui se cache derriere ce soutien morale et materiel;
    Mais surtout il reflete l’inefficacité de l’ONU, vu que c’est cette organisation d’envoyer les casques bleus pour maintenir l’ordre et gerer les aides.

  • je trouve bien sûr logique que les « grands » pays américains soient membres des pays « reconstructeurs » : USA, canada, mexique, brésil, argentine. mais je pense que les pays voisins devraient aussi être impliqués: saint-domingue bien sûr, cuba, jamaïque , venezuela
    plus que le japon ou l’espagne. la france, bien sûr, par son histoire, est dans le groupe des amis d’Haïti…
    sinon, cela ressemble à la bonne vieille « coalition des occidentaux ».

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