Grosse Fatigue

« Honte et lassitude gagnent devant cette image brouillonne et énervée de la France, devant ces polémiques interminables, devant les abus de grands mots et les surenchères d’indignation. Il est des jours où il faut beaucoup d’abnégation pour croire à la grandeur du débat politique. »

(Fatigue politique, Dominique Quinio)

J’ai du mal avec la honte. Notamment avec la honte d’être français, trop rapidement brandie. Et trop souvent avancée par des gens qui ne se déclarent en revanche jamais « fiers d’être français »[1]. La fierté serait nationaliste, aux portes de la xénophobie, mais on peut pourtant annoncer sa honte. J’ai une hypothèse là-dessus : cette fierté porterait sur une qualité pour laquelle nous n’avons aucun mérite, tandis que la honte nous place en somme au-dessus des autres, parce qu’on n’est pas comme eux. Bref, je n’aurai pas honte d’être français. Mais la lassitude…

Tiens, ça fait une paye que je veux écrire des billets politiques. Pour ne pas vous perdre, mes lecteurs chéris. Mais j’y arrive pas. Ce matin, par exemple, je pense à la politique française : j’ai mal au crâne. Je trouve un sujet : je cale. Je repense aux épisodes d’hier, je me rembrunis – sans jeux de mots. Pas envie de hurler avec les loups. Pas envie de contribuer à l’hystérie. Pas envie de tenter le billet du milieu, celui dans lequel on essaierait bien d’avoir une position nuancée. Pour cliver, on a clivé. Désormais, on s’envoie des « heures sombres », des « collabos », des « putschistes » au ptit-dèj. Je distribuerais bien des points, chercherais volontiers la poule, l’œuf, mais pfiouuu…

Que de polémiques artificielles et pertubatrices. Le Conseil européen devait être consacré à l’élaboration d’une stratégie européenne à l’égard de nos partenaires émergents, que sont la Chine, le Brésil, la Russie et l’Inde. Il aura été dominé par des échanges violents centrés sur une politique française. « Celui qui ne s’intéresse pas à la politique mérite d’être traité en esclave » me citait-on lorsque j’étais jeune. Mais devenir esclave de cette politique-là ? Réagir aux piques, agressions, invectives et provocations ? Vivre au rythme battant de ses polémiques provoquées ?

Quel contraste avec la fin de ma semaine dernière. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Le silence, la prière, l’absolu, l’incarnation, la vérité, la sérénité, la parole, l’amour, le sacrifice, la fraternité, la vie. Le temps des moines. Des paroles pesées. Des Hommes et des Dieux.

En sortant, ce plus magnifique hommage à l’œuvre époustouflante qu’est la cathédrale d’Amiens. Cet autre temps où l’on prenait le temps d’élever des cathédrales vers l’absolu. Soixante-dix ans de construction, plusieurs générations, des tailleurs de pierre, des peintres, ont travaillé la pierre pour montrer leur foi jusqu’au ciel.

Alors, cette fin de semaine, pourtant trépidante – Une du Monde, Retraites, Conseil européen – je n’y arrive pas. Ou n’ai pas envie d’y arriver. Pour mon bonheur, Benoît XVI est en voyage. J’écouterai ce qu’il dira de Newman mais, déjà, il n’y est pas allé de main morte. La grosse fatigue passera, et quitte à ce qu’il faille prendre acte de ruptures, en cette fin de semaine, face au spectacle de la confrontation de ces deux mondes, j’entends davantage encore cet « appel particulier à vous les fidèles laïcs, en accord avec votre vocation et votre mission baptismales, à être non seulement des exemples de foi dans la vie publique, mais aussi à introduire et à promouvoir dans le débat public l’argument d’une sagesse et d’une vision de foi ».[2]

Explicitement ou implicitement. Mais manifestement, le pays en a besoin.

*

  1. je ne vise aucunement Dominique Quinio []
  2. suite : « La société d’aujourd’hui a besoin de voix claires qui prônent notre droit de vivre, non pas dans une jungle de libertés autodestructrices et arbitraires, mais dans une société qui travaille pour le vrai bien-être de ses citoyens et qui, face à leurs fragilités et leurs faiblesses, leur offre conseils et protection. N’ayez pas peur de prendre en main ce service de vos frères et sœurs pour l’avenir de votre nation bien-aimée » []

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29 commentaires

  • Que vous dire, Koz?
    En tout cas, que si honte et lassitude peuvent être mêlées au vu du tumulte actuel, il y a des lassitudes dont on ne saurait avoir honte.
    Bon weekend à vous, et reposez vous bien.

    Et si j’ose me permettre : il manque le dernier mot du paragraphe 4, et « en être », dans « comment pourrait-il… » au paragraphe suivant. Ca sent la fatigue… 🙂

  • Salut Koz,

    Si vous passez par Amiens, pour voir cette magnifique colorisation de la cathédrale, venez donc prendre un café à la maison… Ce sera avec plaisir !
    Ce qui est génial avec cette colorisation, c’est l’évolution qui y est apportée au fils des années : les découvertes picturales de la restaurations sont retranscrites magnifiquement. Le seul hic, c’est les commentaires, c’est pas comme le vin, ils ne s’améliorent pas avec le temps…

    Au plaisir, Koz !

  • On ne peut pas faire comme si l’agitation médiatique, et la polarisation permanente avaient fait irruption de manière inattendue dans le ciel clair et sans nuage de l’année 2010.

    Il s’agit là des outils de gouvernement choisis de façon tout à fait consciente dès ses débuts par l’équipe actuelle : les premières consignes aux ministres n’étaient-elles pas d’occuper le terrain médiatique à tout prix ? La polarisation n’est elle pas permanente dans le discours opposant les Français qui … et les Français qui … (remplacer par ce que vous voulez : travail, burqa, fonctionnaires, clandestins, banlieues, juges, … que sais-je).

    Quant à se contenter de voir dans la situation actuelle des « polémiques artificielles et pertubatrices », ou autres « surenchères d’indignation », désolé mais la technique de l’understatement, ça ne prend pas. Il y a eu un vrai glissement, d’une part au niveau de la gouvernance : la parole d’un ministre, du président lui-même, ça ne veut plus rien dire puisque c’est démenti dès le lendemain, y compris vis à vis des partenaires extérieurs. Mais surtout au niveau des « valeurs ». Dans les années 1980-90, jeune électeur, j’avais cherché les limites qui rendaient un discours radicalement inacceptable en matière d’immigration. Ce sont les critères mêmes qui me faisaient rejeter le programme du FN, comme la déchéance de nationalité, qui sont ceux défendus actuellement.

    Quant à justifier la permanence des conflits d’intérêt et des affaires douteuses par le fait qu’il en aurait toujours été ainsi, c’est un peu gros. Il n’y a rien d’irréformable là-dedans, à condition déjà, d’accepter de considérer qu’il y a un problème.

    Je ne vois pas pourquoi, enfin il serait incompatible d’être fier d’être Français et d’avoir honte de l’image que nos dirigeants actuels donnent de la France. D’autant que je remarque qu’ils soulignent qu’ils parlent en son nom, non pas pour servir la renommée de la France à l’extérieur, mais pour asseoir sur elle la légitimité d’un discours qu’ils savent douteux.

  • Koz, votre confiance en un avenir fait tout de même chaud au coeur.
    C’est la marque de la jeunesse.

    Mon engagement en politique a duré près de vingt ans.
    Pour parodier Michel Audiard « J’ai (été enfant de choeur) et socialiste, c’est dire que j’en ai entendu des conneries » et je suis convaincu que »Celui qui ne s’intéresse pas à la politique mérite d’être traité en esclave a peu de chances d’être profondément deçu».

    Amicalement.

  • Tiens en effet Fillon semblerait vouloir redevenir lui-même, au moins en paroles. Pourvu qu’il persiste dans cette voie (même s’il y a une once de positionnement opportuniste dans cette intervention, of course)

  • Certes, l’actualité politique présente n’est pas spécialement attirante, et cette mi-mandat (dépassée) trouve nombre d’électeurs désorientés.
    Mais indépendamment de ça, n’es-tu pas symptomatique du blogueur, au début essentiellement politique, qui a accordé au fil du temps, de son évolution personnelle, de ses envies, que sais-je, une place croissante à la religion et surtout à sa foi… et qui finit par trouver la première quelque peu insipide comparée à la seconde ?

    Je ne dis pas que tu te désintéresses de la politique, mais ton regard de chrétien – qui fut sans doute le tien depuis le début, mais qui est depuis devenu ta ligne éditoriale – aspire peut-être à une analyse politique qui va au-delà du petit jeu politicien dont se repaissent nos gazettes historiques, non ?

    Ça me saute aux yeux en parcourant tes archives (je n’étais pas là à ta naissance).

    En tous cas, l’appel que tu cites tombe à point nommé. Alors, fatigue ou lassitude ?

  • Je rejoins Flam sur ce point : si j’ai autant honte de l’image qui est donnée de la France à l’étranger, c’est parce qu’une certaine fierté d’être Français a été blessée.

  • ah, comme je partage avec vous le désir de ne plus me préoccuper de toute cette agitation, et d’oublier ce spectacle désolant. Malheureusement, pendant ce temps, on persécute et on expulse, et on vient de me piquer 2 ans de ma vie. Laisser faire ?!??!!!

  • Pose-toi ce week-end, ressors les photos de ton pèlerinage des pères de famille, fais-toi du bien et coupe les flux RSS. Petit conseil amical. Tout ce qui se passe en ce moment est très éprouvant, je le vois aussi chez moi. Ca peut faire du bien de prendre physiquement un peu de recul.

  • Amiens, Chartres, Bourges (ma préférée), la petite église, celle du petit village là-bas. Du calme, De la volupté, simple ou gothique parfois dans l’excès. Les églises peuvent très bien sauver l’Eglise.
    Des bâtisseurs, on vous l’a dit.

  • Koz, le monde s’est radicalisé, l’excès est permanent, et les politiques ont bien sur des objectifs personnels qui les amènent à décevoir un jour ou l’autre leurs supporters. Nul n’est responsable du monde, seulement de sa propre dignité, celle d’être un témoin ouvert mais pas peureux. A ce titre je te trouve exemplaire : viril mais pas obtus. Alors sache profiter de ton bonheur personnel. Autour, il y aura toujours des désoeuvrés pour s’énerver pour rien et réfléchir avec une hache.

    Cela amène une réflexion sur la politique qui n’est plus qu’un exercice statistique et purement factice où les politiciens se distribuent des rôles et n’hésitent pas à rallier les électeurs énervés en tombant dans la caricature. En tant que citoyen, ne faut-il pas faire un bilan du réalisme des propositions de tel ou tel candidat, une par une, et ne jamais s’attacher/opposer à la personne du candidat ou au système de valeurs qui lui sert de feuille de vigne? Ca peut paraitre froid et rationnaliste mais il n’ y a pas de Messie en politique.

    Puis une réflexion sur ce que Jésus nous a dit de la politique : « rendre à César, royaume pas d’ici bas… » Je crois que le bonheur n’est pas dans les grandes réflexions statistiques, mais dans des contacts humains, d’une personne à une autre, apaisés et profonds. Du christianisme avec un peu de bouddhisme zen dedans, quoi…

  • Honte ? Sûrement pas, la France en a vu d’autres et de bien plus graves. Et puis, il reste encore bien assez de raisons de se sentir heureux et fier d’être Français: rien que ce billet en cite déjà deux. Les pitreries de nos politiciens ne parviendront pas à effacer cela, malgré des efforts dignes d’une meilleure cause.

    Lassitude ? Certes. Mais je ne crois pas que ce soit, pour autant, le moment de renoncer à parler politique. Bien au contraire, même, car ce serait laisser toute la place aux praticiens du mensonge énoncé avec aplomb en dépit de l’évidence la plus criante, aux champions de l’amalgame et de l’invective, et aux spécialistes du triangle : un fait divers – un passage au 20 heures – un projet de loi.

    Il restera, quand même, une certaine dose d’embarras et d’agacement, en voyant les gens que nous avons mis à la tête du pays non seulement se ridiculiser personnellement, mais surtout se permettre une micro-crise diplomatique, pour des queues de cerise, avec des pays qui devraient être nos amis les plus proches, tout en faisant passer au second plan les problèmes de long terme, les sujets importants mais compliqués, et en général tout ce qui ne peut pas rapporter des points dans les sondages de la semaine prochaine. L’embarras et l’agacement s’accompagnent d’une certaine impatience: l’élection de 2012 n’arrivera pas une seconde trop tôt. Au passage, on pourra ajouter un chouia de… gratitude, à l’égard de ceux qui nous ont légué le quinquennat. Merci, Valéry, Jacques et Lionel. Sans vous il m’aurait fallu attendre deux ans de plus avant de pouvoir donner mon avis.

  • Koz,

    ma première réaction a été comme la tienne. Toutefois, je me demande de plus en plus si ce petit clash, dont on surestime sans doute l’importance, n’est pas parfaitement calculé. En 2012, dans une période économique qui sera toujours difficile, la pire chose sera d’être perçu comme le candidat du « microcosme », et les épisodes des dernière semaines favoriseront sans doute Sarkozy auprès de l’électorat populaire. En terme de temps, c’est aussi assez bien calculé, car, dans 18 mois, on s’en souviendra juste ce qu’il faut. D’autant qu’il y a de vrais sujets derrière les problèmes des roms (discrimination en Roumanie, fonds européens d’aides aux minorités détournées…) qui méritent aussi qu’on secoue le cocotier au niveau européen. Je regrette surtout qu’on se soit encore une fois fâché avec l’Allemagne, sans doute à tort.

    Au passage, la semaine a quand même été riche en réformes, puisque celle des retraites est passée, et qu’il y a des rabots intéressants sur les niches fiscales, en particulier immobilières: peut-être le début du commencement du dégonflement de la bulle immobilière, qui est financièrement le problème principal des classes moyennes en France. J’ai quand même l’impression que malgré une communication maladroite, le gouvernement a beaucoup réformé. Des gens comme Christine Lagarde ont à mon avis fait un excellent travail.

    Au passage, Robespierre a dit « De la volupté, simple ou gothique parfois dans l’excès. Les églises peuvent très bien sauver l’Eglise….

    Je préfère personnellement les beaux édifices romans, et à mon avis, Saint-Sernin à Toulouse est la plus belle église de France, même si j’aime beaucoup l’atmosphère calme de Chartres et ses superbes vitraux. Mais sur le fond, je suis parfaitement d’accord avec votre remarque: les rites sont à mon avis plus importants que la morale et la philosophie que l’église essaie, à mon avis maladroitement, de transmettre. Contentez vous de jouer du Bach à l’orgue dans une belle église, de lire les évangiles, de baptiser, de marier et d’enterrer, de permettre de brûler des cierges, et à mon avis, les croyants peuvent bien faire le reste eux -même.

  • Henry le Barde a écrit : :

    Je ne dis pas que tu te désintéresses de la politique, mais ton regard de chrétien – qui fut sans doute le tien depuis le début, mais qui est depuis devenu ta ligne éditoriale – aspire peut-être à une analyse politique qui va au-delà du petit jeu politicien dont se repaissent nos gazettes historiques, non ?

    Ca serait flatteur pour moi, donc je serais tenté de te donner raison. Mais à vrai dire, c’est possible. La campagne présidentielle, dès 2006 puis en 2007, avait cet air de cristallisation, cette montée en tension, qui amenaient à réagir à chaque micro-évènement, parce que l’on sentait que l’enjeu était tout proche. Bon… Le changement de rythme du blog aussi, depuis le début 2008, m’a amené à prendre un peu plus de recul. Comme dirait l’autre, j’ai changé, également, en lisant, en écrivant, en échangeant ici. Et puis les évolutions n’ont pas été celles que j’espérais.

    @ oim: merci. Tout commentaire n’appelle pas une réponse mais j’ai bien noté.

    Gwynfrid a écrit : :

    Et puis, il reste encore bien assez de raisons de se sentir heureux et fier d’être Français: rien que ce billet en cite déjà deux.

    Je voulais à l’origine mentionner aussi la série que va sortir La Croix, ce qui va bien en France. C’est chose faite.

    Gwynfrid a écrit : :

    surtout se permettre une micro-crise diplomatique, pour des queues de cerise, avec des pays qui devraient être nos amis les plus proches, tout en faisant passer au second plan les problèmes de long terme, les sujets importants mais compliqués

    Je ne vois que trois hypothèses pour ce qui s’est passé avec l’Allemagne : il est fou, il est indélicat, Merkel n’est pas claire. J’imagine qu’il faisait un amalgame avec les 12.000 Roms que va renvoyer l’Allemagne au Kosovo. Ce qui est, donc, indélicat. Puisque je ne suis pas anti-sarkozyste, pour tabler sur la folie.

    Gwynfrid a écrit : :

    Au passage, on pourra ajouter un chouia de… gratitude, à l’égard de ceux qui nous ont légué le quinquennat.

    Je n’en suis pas certain. J’étais ravi de raccourcir le mandat de Chirac. Mais ce quinquennat ne participe-t-il pas de l’hystérie politique ? Les scrutins se succédant maintenant chaque année, la politique a les yeux perpétuellement fixés sur le prochain enjeu électoraliste.

    Uchimizu a écrit : :

    Je préfère personnellement les beaux édifices romans

    J’aime le roman pour la prière, l’adoration, le gothique pour la louange…

  • Koz a écrit : :

    Je ne vois que trois hypothèses pour ce qui s’est passé avec l’Allemagne : il est fou, il est indélicat, Merkel n’est pas claire.

    Je ne suis pas non plus amateur d’antisarkozisme obsessionnel, donc je peux retenir l’interprétation la plus favorable. Il se peut aussi que la barrière de la langue ait causé une incompréhension, ça arrive. Par contre, pour ce qui s’est passé avec le Luxembourg, je n’arrive pas à trouver une interprétation excusable. Renvoyer Mme Reding dans les cordes était normal, taper sur le Luxembourg beaucoup moins : et en utilisant l’argument Gollnisch (TM) dont nous parlions il y a quelques jours, en plus…

    Koz a écrit : :

    e n’en suis pas certain. J’étais ravi de raccourcir le mandat de Chirac. Mais ce quinquennat ne participe-t-il pas de l’hystérie politique ? Les scrutins se succédant maintenant chaque année, la politique a les yeux perpétuellement fixés sur le prochain enjeu électoraliste.

    Les scrutins ne sont pas plus fréquents qu’à l’époque du septennat. Pour ce qui est des scrutins nationaux décisifs, ce serait plutôt le contraire: auparavant on avait 2 scrutins tous les 7 ans, un présidentiel (éventuellement avec un législatif dans la foulée) et un législatif intermédiaire. Pour la période 1974-2002, l’intervalle moyen entre deux élections majeures a été de 3,5 ans. L’hystérie politique est indiscutablement à la hausse, mais il faut en chercher la cause ailleurs.

  • J’aime bien cette phrase : « Quand vous êtes harassés de fatigue, pensez toujours à l’exemple de la bouilloire. Elle a beau avoir le couvercle en ébullition, cela ne l’empêche pas de chanter. » Pour ma part, j’ai le sentiment que dans ce chahut permanent il faut prendre de la hauteur pour mieux chanter. (Tiens je crois d’ailleurs que la cathédrale d’Amiens est sinon la plus haute la plus volumineuse de France)et tu en as les moyens.

  • Finalement, il faudrait que nous soyons aussi inconséquents et inconsistants que nos prétendants et détenteurs des plus hautes fonctions républicaines…mais alors nous serions tous des politiciens.
    c’est pour cela, que malgré les vertigineux problèmes du monde, de l’europe, de la france, etc…, il ne me déplait pas que le ton ait chauffé au parlement, pour qu’en plus de tout le reste, on ne nous inflige pas de se faire morigéner, par des blancs becs, pour rester polie, parce que c’est tendance en ce moment, de taper sur la france et de lui trouver toutes les tares.

  • Bonsoir,

    puisque Gwynfrid parle du Luxembourg, on peut quand même constater que le Luxembourg est un pays atypique. Il est extrêmement riche, et se retrouve ainsi protégé de beaucoup de problèmes auxquels sont confrontés les pays européens. Je pense que les politiques luxembourgeois ne sont a priori pas les mieux placés pour parler du sujet du jour. C’est un peu comme si un maire de Neuilly prétendait résoudre les problèmes de la France ;-).

  • Uchimizu, aucun politique luxembourgeois n’a commenté les problèmes de la France avec les Roms. Mme Reding, commissaire chargée de la justice, a réagi aux décisions françaises qui relevaient de son domaine: c’était son boulot. Il se trouve qu’elle est de nationalité luxembourgeoise, cela n’en fait pas une responsable politique de ce pays. La confusion faite volontairement par Sarkozy entre les deux rôles était une superbe démonstration d’arrogance, alors que la France n’a aucune raison de se disputer avec le Luxembourg, rien à gagner à vexer ses voisins, et moins encore à torpiller un sommet européen avec des gamineries. Malheureusement, ce petit épisode minable va dans le sens du cliché habituel que la France traîne depuis toujours: un pays avec un ego colossal, mais sur lequel on ne peut pas compter pour les choses sérieuses.

  • Le pays qui accueille en Europe le plus de grand nombre de Roms étrangers est légitime pour parler des problèmes que posent cet accueil. Au moins tout autant qu’une institution transnationale qui n’a pas su anticiper les difficultés posées par l’ouverture des frontières.

  • « Pour cliver, on a clivé ». Tout est dit et tout était prévisible, y compris la « grosse fatigue » qui vous (nous) saisit. Si l’on essaie d’en tirer un enseignement général, en essayant comme vous de ne pas verser dans le climat pourri que nous vivons actuellement, disons que l’on ne peut pas faire grand-chose de bon quand on passe son temps (consciemment ou inconsciemment) à diviser les Français, à stigmatiser certaines catégories, à opposer en permanence ceux-ci et ceux-là (les « de souche » et les récemment naturalisés, les fonctionnaires et les salariés du privé, les juges et les policiers, les jeunes et les vieux, ceux qui se lèvent tôt et ceux qui se couchent tard, etc.). Quand on attise sans cesse les tensions de la société, peut-on développer un projet partagé, dégager des objectifs communs, élaborer des réformes comprises ? Là est toute la question. Je crois sincèrement que la réponse est non et nous avons la confirmation actuellement.

  • Jeff a écrit : :

    quand on passe son temps (consciemment ou inconsciemment) à diviser les Français, à stigmatiser certaines catégories, à opposer en permanence ceux-ci et ceux-là (les « de souche » et les récemment naturalisés, les fonctionnaires et les salariés du privé, les juges et les policiers, les jeunes et les vieux, ceux qui se lèvent tôt et ceux qui se couchent tard, etc.).

    … et les riches et les pauvres, les employeurs et les salariés, les médecins libéraux et les assurés, les banquiers et les emprunteurs, les actionnaires et les travailleurs, les chercheurs et les commerciaux, les cathos et les laïcs, l’école publique et l’école privée, les salariés du privé (qui travaillent pour l’argent) et les fonctionnaires (qui travaillent pour le bien public), les juges (qui défendent les libertés) et les policiers (qui tabassent), les jeunes (qui ont voté Ségolène) et les vieux (qui ont voté Nicolas), etc, etc, etc…

    La société française est extrêmement conflictuelle mais ça ne date malheureusement pas de Sarkozy. Algan et Cahuc datent l’origine de la société de défiance à la Libération. Sarkozy ne fait rien d’autre que de recycler les bonnes vieilles méthodes démagos qui marchent depuis 50 ans : distinguer des victimes/gentils et des bourreaux/méchants et se rendre sympathique en tapant sur les bourreaux/méchants (supposés), ce qui est infiniment plus facile que d’aider vraiment les victimes/gentils. Je désapprouve ces moyens, quelles que soient les fins visées.

    La seule façon de combattre ces excès est de refuser d’entrer dans ces polémiques. Il n’y a pas de gentils ou de méchants « ontologiques ». L’appartenance à une race, religion, nationalité, classe sociale, profession… n’est aucunement indicative des qualités morales ou éthiques d’une personne. Dès lors qu’on se laisse aller à considérer les personnes comme représentants de catégories, on est sur la mauvaise route.

  • @ Jeff:
    « développer un projet partagé, dégager des objectifs communs, élaborer des réformes comprises »…il nous faudrait au moins l’intervention de merlin l’enchanteur si ce n’est de staline , et alors quel ennui insondable nous étreindrait.
    profitez bien de cette période où l’esprit gaulois et chicaneur peut encore s’épanouir, car la société care proposée file vraiment les chocottes!

  • @ Lib,

    Oui, plein de conflits latents, larvés ou plus ou moins ouverts, peuvent potentiellement diviser la société française. Ils existaient avant l’arrivée du locataire actuel de l’Elysée, je vous l’accorde. Mais quand on est au sommet de l’Etat et que l’on souflle sur les braises en permanence, on a forcément une responsabilité. Ce qui ne veut pas dire que la gauche n’utilise jamais cette méthode, nous sommes également d’accord. Mais là, à ce point…

    « L’appartenance à une race, religion, nationalité, classe sociale, profession… n’est aucunement indicative des qualités morales ou éthiques d’une personne », dites-vous. On ne peut qu’être d’accord évidemment. « Dès lors qu’on se laisse aller à considérer les personnes comme représentants de catégories, on est sur la mauvaise route », ajoutez-vous et l’on a envie de vous suivre aussi, à condition néanmoins de ne pas nier pour autant l’existence de « catégories », auxquelles on peut associer (avec prudence) des caractériques statistiques.

    On pourra dire par exemple : « En tant que fonctionnaire, Roger bénéficie d’un régime de retraite spécifique ». Ou bien : « En tant que troisième fortune du pays, Ingrid devrait payer environ x millions d’euros d’impôts. Or… »

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