Gorz l'avait écrit

Nous cherchions dernièrement ceux qui auraient pu anticiper la crise actuelle. Sans vouloir, pour ma part, anticiper sur mon prochain billet, je crois que ce qui est en train de nous tomber dessus ne pourra pas (et ne devra pas) nous laisser intellectuellement, idéologiquement, indemnes. Le moment que nous vivons est, je le pense, historique. Comme tous les moments historiques, c’est à la fois passionnant et terrifiant[1]. Mais j’anticipe, j’anticipe…

Jean-Claude Guillebaud cite, dans son dernier ouvrage, Le commencement d’un monde, un article, « testament spirituel » d’André Gorz, dont on se souvient des adieux, il y a à peine plus d’un an. Cet article a été publié dans la revue EcoRev’ le 7 janvier 2008. Je n’ai, à cet instant, lu que le constat qu’il dressait. On peut diverger sur les enseignements et les solutions qu’il en tire. Rien ne nous y oblige, toutefois.

Vous jugerez en tout état de cause, à la lecture de ces lignes, de la lucidité de son constat, d’une clairvoyance presque glaçante.

« La question de la sortie du capitalisme n’a jamais été plus actuelle. Elle se pose en des termes et avec une urgence d’une radicale nouveauté. Par son développement même, le capitalisme a atteint une limite tant interne qu’externe qu’il est incapable de dépasser et qui en fait un système qui survit par des subterfuges à la crise de ses catégories fondamentales : le travail, la valeur, le capital. (…)

Le système évolue vers une limite interne où la production et l’investissement dans la production cessent d’être assez rentables.
Les chiffres attestent que cette limite est atteinte. L’accumulation productive du capital productif ne cesse de régresser. Aux États-Unis, les 500 firmes de l’indice Standard & Poor’s disposent de 631 milliards de réserves liquides ; la moitié des bénéfices des entreprises américaines provient d’opérations sur les marchés financiers. En France, l’investissement productif des entreprises du CAC 40 n’augmente pas même quand leurs bénéfices explosent. (…)

Une industrie financière se constitue qui ne cesse d’affiner l’art de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien d’autre que diverses formes d’argent. L’argent lui-même est la seule marchandise que l’industrie financière produit par des opérations de plus en plus hasardeuses et de moins en moins maîtrisables sur les marchés financiers. (…)

L’économie réelle devient un appendice des bulles spéculatives entretenues par l’industrie financière. Jusqu’au moment, inévitable, où les bulles éclatent, entraînent les banques dans des faillites en chaîne, menaçant le système mondial de crédit d’effondrement, l’économie réelle d’une dépression sévère et prolongée. »

André Gorz a probablement écrit ceci avant même l’éclatement de la crise des subprimes, qui ne cesse d’éclater depuis l’été 2007. Faut-il envisager, prôner une « sortie du capitalisme » ? Cette sortie a-t-elle déjà commencé, comme l’affirme André Gorz ? Je me garderai bien de répondre à des questions d’une telle ampleur. Mais l’acuité de son constat appelle nécessairement à reconsidérer nombre de positions, sans préjuger des conclusions.

  1. ou presque []

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30 commentaires

  • D’un autre coté, vu le nombre de gens qui écrivent sur l’économie, en prédisant tout et son contraire, il ne doit pas être très difficile de trouver quelques personnes ayant « prédit » ce qui c’est passé.

  • Intéressant.

    Qu’il y ait eu une bulle des marchés financiers paraît acquis. Qu’elle soit la fille du capitalisme est extrêmement douteux.

    Gorz (et de nombreux autres commentateurs) ne semble pas avoir pris conscience du fait que nous sommes entrés dans l’ère post-industrielle. Il est normal et sain que l’investissement productif n’augmente pas, car notre économie produit déjà suffisamment en quantité.

    Notre économie est devenue une économie de service et les investissements nécessaires pour développer des services sont d’une autre nature. On n’investit plus dans des usines ou des machines; on investit dans de la R&D, du marketing, du design, du process… Mais les habitudes ont la vie dure, on continue de ne considérer comme investissements que les acquisitions de biens durables.

    Pour autant, les besoins en capital et en travail demeurent, ils est simplement un peu plus difficile de les tracer, de les séparer. Le capital ne sert plus à financer des machines, il sert à financer du travail.

    Maintenant, ce qu’écrivait Gorz sur l’industrie financière est très vrai. Mais les raisons fondamentales de cette dérive ne proviennent pas selon moi du capitalisme mais plutôt de la négation d’un de ses principes fondamentaux. J’ai moi-même un billet en cours sur ce sujet, mais ce n’est pas facile à rédiger.

  • Il faut quand même signaler que Gorz a lu Marx, et qu’il en a appris beaucoup. Marx a déjà décrit la volonté du capital (ben oui, avec des mots marxistes, pour le coup) de créer de la valeur sans créer de richesses (on appelle ça le capitalisme financier, par opposition au capitalisme industriel), essentiellement parce que ça diminue les coûts (pas de matière première, pas d’usine, peu de machines, peu de salaires). Et si j’ai bien compris, Gorz pense justement, comme Marx, que ce n’est pas une erreur du capitalisme, mais que c’est une dérive inscrite dans le principe même du capitalisme. Marx avait aussi pensé que cela s’accompagnerait d’une « paupérisation des masses », qu’on appelle maintenant un « problème de pouvoir d’achat », ou une « diminution du niveau de vie » chez les plus radicaux.

    Cette analyse ne me semble pas modifiée par la remarque de Liberal sur l’évolution du capitalisme industriel, qui en occident est effectivement passé d’une économie de production à une économie de services.

  • « la baisse tendancielle du taux de profit »
    est effectivement, une analyse marxiste
    qui conduit à des contradictions telles, au sein du capitalisme, que celui va se détruire, aidé par la révolution…

  • Bon, enfin, en même temps… Vu que j’y connais pas plus que tout le monde, j’hésitais à le dire, mais je me lance.

    En ce qui me concerne, je n’ai plus jamais fait d’économie après la classe de seconde, et j’ai ensuite suivi les études les plus littéraires qui se puissent imaginer, avec quand même de l’histoire et un peu de géographie. Je suis à présent fonctionnaire, et vu le taux de militaires dans ma famille, on peut se dire que je suis assez loin des réalités du marché.
    Cependant, depuis 2004, je suis le CAC et le DOW quotidiennement, et je lis tous les communiqués de la FNAIM et des notaires pour suivre le marché de l’immobilier. Je suis très attentive à chaque fois que je tombe sur un article parlant de la dette américaine et du budget, et j’essaye de comprendre ce que c’est que la monnaie.
    2004, parce que c’est à cette époque là que j’ai entendu et lu une série de choses qui parlaient du moteur de l’économie américaine, et des risques que cela générait rapidement. Je me souvenais de ce qu’on m’avait dit sur la crise de 29 quand j’étais à l’école, et je me souvenais très exactement de la façon dont la bulle des dot com avait percé dans l’opinion publique, bien après qu’elle ait éclaté en réalité. De la confiance dans une « nouvelle économie », de ce que Greenspan appellera plus tard « l’exhubérance irrationnelle ».

    Attentive comme je le suis devenu, j’entends parler des subprimes depuis 2006. Au printemps 2006, on a assisté à un trou d’air assez violent sur les bourses, suivi d’une période où les marchés réagissaient de façon complètement aberrante : bonne nouvelle économique=baisse des indices car les banques centrales risquent de ne pas baisser les taux. Mauvaise nouvelle=remontée. A l’époque, l’immobilier américain ne faisait que commencer à se casser la gueule, et la période promotionnelle des premiers subprimes n’était pas encore terminée. Mais on savait que ça allait être coton.

    Parmi les gens qui ont prédit ce qui pouvait arriver, personne ne l’a prédit exactement. Tout ce que j’avais compris, c’est que les choses allaient rentrer dans une phase imprévisible, parce qu’on n’aurait jamais rien vu de tel. Parmi ces gens, certains sont catastrophistes. Certains sont de toute façon anti-libéraux voire marxistes, comme Gorz. D’autres comme Stiglitz pensent qu’on va vers une nouvelle phase de régulation, prenant en compte ce qu’on aura pu tirer comme enseignement. Certains pensent qu’on va vers une inflation mastoc, d’autres que c’est la déflation. Certains ne jurent que par l’or. D’autres pensent que c’est encore une autre bulle. Idem sur les matières premières en général. Très rares sont ceux qui ont pris l’hypothèse du découplage au sérieux. En revanche, globalement, on s’accord à penser que l’Europe est plutôt protégée (ça ne signifie pas que nous sommes à l’abri des faillites!!!) par rapport aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, ainsi que toutes les économies qui dépendent du dollar. Dans la zone euro, c’est l’Espagne la plus mal en point.

    Voilà ce que j’ai compris. Il y a certainement des économistes ici, qui corrigeront. On ne peut pas vraiment se préparer à l’inconnu, mais j’ai du mal à croire que nos autorités découvrent le malaise en septembre 2008 quand même.
    En attendant, on peut remercier Trichet de pas avoir encore baissé ses taux, ça lui donne un peu de marge, on peut remercier la BCE en général d’avoir empêché des états comme la France de trop s’endetter, et on peut remercier le marché unique qui nous permet de faire la plus grosse partie de notre PIB entre nous.

  • Hum, je ne suis pas si sûr que ce qu’il explique est ce qui est en train de se produire. On peut s’en prendre à la finance de marché qui spécule à la hausse et à la baisse, mais de là à parler de limite interne où l’investissement dans la production cesse d’être rentable, il y a de quoi être circonspect. Parce que d’une part, c’est faux, et d’autre part, je trouve que l’argumentation fait très « baisse tendancielle du taux de profit », l’un des dogmes les plus évoqués et les plus démentis par les faits de la doctrine marxiste.

    Mais après tout, ce n’est pas étonnant de revoir cela sur le tapis : à chaque crise économique les marxistes sont toujours venus annoncer la fin d’un système à bout de souffle, et cela depuis plus d’un siècle. Personnellement, je trouve que cela fait très millénariste, et la pensée que la fin est pour bientôt a du mal à m’atteindre.

  • Bonjour à tous,

    « Qu’il y ait eu une bulle des marchés financiers paraît acquis. Qu’elle soit la fille du capitalisme est extrêmement douteux.

    Mais les raisons fondamentales de cette dérive ne proviennent pas selon moi du capitalisme mais plutôt de la négation d’un de ses principes fondamentaux. »

    C’est émouvant cette résistance chez les financiers, les économistes et les escrocs capitalistes ultra-libéraux « pris la main dans le pot de la spéculation »… ;-(

    En plus, oser parler de « principes » quant on parle du capitalisme (surtout celui-là!), c’est quasiment indécent.

    a+

  • comme je l’ai écrit maintes fois, je ne suis pas économiste.
    Néanmoins, je sais que ce que je peux lire partout ne ressemble en rien à la crise de 1929!
    Ni le même contexte, ni les mêmes causes, ni les mêmes effets.

    Par ailleurs, des crises comme celles ci ressemblent bien davantage aux crises des années 80 et 90.
    Quant à penser que cette crise est une véritable « crise » au sens réel du terme, je pense qu’elle est bien surfaite.

    Crise il y a c’est indéniable.
    Cependant, la peur, les rumeurs, le fait que certains spéculateurs tentent par le biais de l’information de créer un climat propice à augmenter la crise (ou l’idée qu’on s’en fait ), me semble évident.
    Et je suis assez d’accord avec cet article du Figaro qui parle des vautours qui attendent que les plus peureux leur permettent d’entasser d’excellents résultats
    http://www.lefigaro.fr/placement/2008/10/08/05006-20081008ARTFIG00034-ne-vendez-pas-aujourd-hui-les-actions-sont-bradees-.php

    La seule chose à faire est de laisser couler le fleuve de la rumeur.
    Attendre. Tout reviendra. c’est cyclique et c’est ainsi.
    malheureusement nos moyens de communications, d’informations, amplifient le phénomène de façon « phénoménale »…

    Je reste cependant persuadée (c’est mon côté socialiste?) que si l’Etat (c’est à dire nous) devons permettre une régulation des marchés, un assainissement des mentalités des banquiers, investisseurs et spéculateurs , si il doit y avoir remise dans les limites d’une certaine morale, ce n’est pas pour autant qu’il faille « sauver » les voleurs et leurs finances avec les fonds des « volés »…
    Un point de détail mhttp://www.lefigaro.fr/placement/2008/10/08/05006-20081008ARTFIG00034-ne-vendez-pas-aujourd-hui-les-actions-sont-bradees-.phporal qui je le sais parfaitement n’a rien d’économique.
    Néanmoins, le fait que le CAC 40 continue de baisser malgré ces plans de sauvetage montre bien -psychologiquement et non financièrement- que nous sommes dans une spirale du « toujours plus » qui n’est ni plus saine ni plus morale que les subprimes!
    Rien ne se perd, rien ne se crée : tous ne seront pas ruinés!.

  • à Xerbias

    Sur l’existance de la « limite interne », je vous renvois à cette boutade

    Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste.”

    Kenneth Boulding, économiste.

  • Je connais au moins une boite (grosse multinationale d’origine américaine) où l’investissement dans la production n’est acceptée par la direction que quand il est plus rentable qu’un investissement financier.

    (promis, juré, et c’est pas de l’affabulation de gauchiste)

    Remarquez, en ce moment, ils doivent beaucoup investir dans la production.

  • En même temps que des logiciels, il a fallu cuisiner les pizzas pour nourrir les programmeurs, abattre des arbres pour imprimer leurs livres, brûler du pétrôle pour fournir l’électricité, produire tous ces joujoux qui passent de mode très vite, … puis avec l’argent gagné avec les logiciels ils ont acheté une voiture plus lourde, plus puissante, qui consomme plus, ce qui a leur a permis de séduire une femme, de faire des enfants (qu’il faut nourrir, habiter une plus grande maison…)

    En bref, le secteur tertiaire a besoin des secteurs primaires et secondaires, ce sont eux qui le nourrissent, et ils continuent à croître en même temps que lui. La limite est donc bien là.

  • Un billet du mois de mai sur le blog de JULG7 ( http://www.julg7.com/blog/2008/05/04/crise-financiere-pour-lete-2008/ ) relate que les experts LEAP/E2020 ont clairement indiqué ce qui allait se passer fin 2008 ils ne se sont pas trompés ce m’inquiète plus c’est qu’ayant vu juste ils ont fait aussi des études sur une eventuel guerre ISRAEL IRAN ETATS-UNIS et que la déroute que semble prendre la campagne des républicains m’inquiète grandement par rapport à cette eventualité n’oublions pas le contexte de la re-élection de Mr Bush.

  • Quelle est la valeur maximale du logiciel qu’on peut obtenir en donnant une pizza, un livre et un kWh à un programmeur?

    Et si le programmeur, plutôt que d’acheter une voiture, préfère utiliser son salaire pour acheter de la musique, de la santé, des fringues de designers?

    Les secteurs primaires et secondaires ne vont pas disparaître, mais la croissance du tertiaire ne leur est pas subordonnée.

  • @ jm: je ne sais pas si vous vous en êtes aperçu, mais vous avez laissé tomber l’idée de la limite interne au sens marxiste (la baisse tendancielle du taux de profit), pour basculer sur une limite externe, complètement malthusienne et sans aucun rapport avec l’autre.

    @ Liberal: d’accord avec vous sur le fait qu’une croissance illimitée est possible à condition de se faire exclusivement en termes de biens immatériels (le secteur tertiaire), la production de biens matériels restant alors constante. L’objection, bien sûr, est qu’un tel modèle est purement théorique. Rien ne dit qu’il soit réalisable, et les moyens de le faire sont loin d’être aujourd’hui évidents. On peut d’ailleurs se demander si l’humanité a vraiment besoin d’une expansion illimitée de sa richesse immatérielle, mais cette dernière question est d’ordre philosophique. Les urgences actuelles sont beaucoup plus terre-à-terre.

    J’attends avec impatience (et sans a priori, n’étant pas du tout spécialiste) votre billet démontrant que la crise présente n’est pas causée par le capitalisme.

  • Ce qui me frappe lorsque l’on évoque ces fameuses limites, ce sont d’une part, les discours et les faits liés aux pays « emmergeants » ou du « tiers » ou « quart » monde et d’autre part, les défis que cette terre nous propose en termes d’écologie.

    En caricaturant un peu, il suffit de considérer ce que l’on a et de le comparer à ce que certains n’ont pas pour s’appercevoir qu’en termes de production, il reste encore de la marge. Même si l’on ramène cette problématique à un petit niveau individuel, à un niveau moyen du citoyen ordinaire dans nos contrées, cette marge peut être abyssale. Et ce, dans tous les secteurs de l’économie : agro-alimentaire, production industrielle, services vitaux ou services de confort.

    L’objection serait qu’il n’est pas forcemment souhaitable de viser à offrir/vendre un 4X4 à chaque famille africaine ou à chaque famille de Mongolie Extérieure pour qu’ils puissent eux aussi se livrer à des rodéos ludiques dans le désert. Il n’est pas forcement souhaitable de peupler les paysages africains de cheminées d’usines crachant souffre et fumées de plomb. Il n’est pas forcemment souhaitable de mettre dans chaque cartable des écoliers indiens la toute dernière PSP ou le tout dernier lecteur MP3.

    C’est possible… quoique après tout, on estime bien souvent que nos propres enfants méritent des dérivatifs de cet ordre. Et nous avons nous même largement profité de ces usines crachant l’enfer.

    En fait, si on le prend strictement au pied de la lettre, les africains, par exemple, ne demandent que ça : une usine, une cheminée, le boulot qui va avec, les revenus aussi. Le souffre le plomb, comme nous il y a un siècle, ils en sont même plus conscients que nous l’étions et d’ailleurs ils souhaitent certainement s’en occuper… mais plus tard, après avoir manger. C’est clairement une revendication nette des pays concernés qui nous disent en bref…. ok, ok, ok pour la protection de l’environnement en réduisant la production industrielle mais, sans production industrielle, on se dévelloppe comment, nous ?

    Il existe donc un autre axe de dévelloppement – celui de la transformation de la production, dans les pays occidentaux disons ; celui ensuite, de l’offre d’une productivité et des moyens de production déjà transformée à l’ensemble des pays emmergeants.

    Et puis, hein, ce n’est pas pour demain, et je sais, la Terre n’est pas très centrale d’un point de vue géographique, mais les bonds scientifiques aidant, on pourra peut être commencer à considérer que probablement, si l’univers n’est pas infini, il est quand même bien vaste.

    Vraiment, comme ça, à vue de nez, un monde fini impose surement des limites, mais il y a encore de la marge dans le notre.

  • Il existe donc un autre axe de dévelloppement – celui de la transformation de
    la production, dans les pays occidentaux disons ; celui ensuite, de l’offre
    d’une productivité et des moyens de production déjà transformée à l’ensemble
    des pays emmergeants.

    Précisément !

    Vraiment, comme ça, à vue de nez, un monde fini impose surement des limites,
    mais il y a encore de la marge dans le notre.

    A condition de changer !

    A technologie constante, organisation sociale, répartition des richesses et mode de vie donnés, il y a bel et bien une limite et nous sommmes pas loin de l’avoir atteintes.

    Notre mode de vie n’est ni généralisable ni soutenable :

    La moyenne mondiale de l’empreinte écologique est de 2,5 ha par personne.

    Un Européen a besoin de 5 ha pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait autant qu’un Européen, il faudrait l’équivalent de deux planètes supplémentaires.

    Un Américain du Nord a besoin du double d’un Européen pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait cinq planètes supplémentaires.

    Donc pour paraphrase George Bush (le père de dabeliou), le changement de mode de vie américain – et même français – n’est pas négociable !

  • Pour rebondir sur les interventions de Libéral et Eponymous, j’adhère au passage de la société de production à la société de service. On oublie un peu vite la société de consommation qui a complètement bouleversé la société en passant d’une production répondant à une demande … à une production créatrice de demande.
    Et c’est un des problèmes actuels. Les uns cherchent à maximiser un produit quitte à ce qu’il soit fictif en proposant des produits financiers absurdes à des gens qui n’en ont pas les moyens; les autres consomment sans s’arrêter des produits absurdes dont ils n’ont fondamentalement pas besoin.
    Si on se prend à rêver, la bulle économique de demain sera peut-être la « bulle du bien » (un de mes billets)avec des offres-produits qui répondront à des fonctions d’utilité oubliées : f(amour), f(charité), f(foi), f(bien-être), f(famille), etc.

  • Ce qui est amusant avec le PIB, c’est qu’il peut croître avec une création de richesse qui va dans une direction, puis croître également avec une création de richesse qui va dans la direction opposée. L’investissement productif n’est plus rentable ? La Terre n’a plus assez de ressources pour maintenir le rythme de consommation actuel ? Les deux questions mises ensemble forment directement la solution : pour continuer à vivre, l’humanité peut investir dans la recherche et le développement pour trouver des nouveaux procédés de fabrications, des produits plus efficaces, plus respectueux de l’environnement, elle peut investir dans des usines plus propres, des sources d’énergies durables… Et tout cela dans le cadre du capitalisme actuel.

    Le progrès technique est justement l’un des moteurs de la croissance. Après, on peut l’ignorer en parlant de « technologie constante » (concept qui ne doit être en oeuvre que chez les Amish), et penser comme Malthus effectivement que l’on est condamné à notre perte puisque la population augmentera toujours plus que les ressources. Mais avant notre mort à tous pour s’être pris la limite interne dans la figure (son arrivée est toujours pour bientôt), j’aimerais bien essayer de continuer à la repousser.

  • @ niamreg

    C’est de la bonne gestion ! Un investissement, quel qu’il soit, doit payer au moins le coût d’opportunité du capital investi, coût dont la rentabilité d’un investissement « financier » de risque équivalent est une bonne approximation.

    Je suis rassuré de voir qu’il y a au moins une multinationale bien gérée. Par les temps qui courent…

    Bien à vous.

  • Après, on peut l’ignorer en parlant de “technologie constante” (concept qui ne doit être en oeuvre que chez les Amish)

    Vous avez compris ma phrase « A technologie constante, organisation sociale, répartition des richesses et mode de vie donnés » de travers.

    Je ne disais pas que tout cela devait rester « constant », je décrivais autant de leviers de changements :

    – il va en effet falloir investir dans la rechercherche ; ce sera nécessaire, bénéfique mais pas suffisant

    – il va falloir en partager les fruits via des transferts de technologie notamment du nord vers le sud (cf eponymus)

    – il est possible d’avoir une meilleure répartition des richesses

    – il est possible d’avoir un mode de vie différent qui pollue moins sans que ce soit plus désagréable pour autant.

    – …

  • Ce qui est amusant, jmf, c’est que les évolutions que tu appelles de tes voeux (R&D, mode de vie, répartition) se produisent tout à fait spontanément aujourd’hui sous nos yeux ébahis, grâce aux bons soins de l’économie libérale.

    Maintenant que le baril tourne autour de 100$, les capital-risqueurs du monde entier investissent massivement dans les clean techs. L’évolution du marché automobile quantitativement et qualitativement montre que le prix de l’essence pousse les gens à adapter leur mode de vie indépendamment des injonctions de Lipietz. Enfin, les pays d’Asie (Chine, Inde, Asie du Sud-Est…) ont connu sur les 10-15 dernières années un rattrappage spectaculaire en terme de niveau de vie grâce précisément à cette mondialisation qui a si mauvaise presse chez les gens sympas en occident.

  • Exactement, sans parler du fait que les avancées technologiques peuvent à elles seules complètement réduire les 5 ha dont jm parle. Et même, les faire passer en dessous des 2,5 ha.

    Et ça, c’est sans parler des moyens culturels. A l’heure où il est possible de stocker une bibliothèque sur une grosse mémoire flash, il sera bientôt possible de faire de même sur une simple clé USB.

    Vraiment, il y a de la marge et le changement dont jm parle n’est pas forcement dans le fait de réduire nos exigences. La transformation est le mot clé.

  • Ben oui Libéral, je n’ai aucun complexe à utiliser les mécanismes de l’économie de marché. Quand les écologistes parlent d’intégrer le coût de la pollution dans le prix du produit, ou d’instaurer des taxes sur l’essence à titre préventif (ce qu’a fait la RFA en 1998 grave aux verts – trop tard maintenant), ou de rendre rentable les travaux d’isolation des maisons via les crédits d’impôts, c’est bien qu’ils se sont vendus au Marché non ?

    Mais par exemple l’histoire du transfert des technologies, ça va nécessiter de décoiffer quelques conceptions hystériques en matière de propriété intellectuelle.

  • « Mais par exemple l’histoire du transfert des technologies, ça va nécessiter de décoiffer quelques conceptions hystériques en matière de propriété intellectuelle. »

    Là encore, pas si sur, au souvenir d’un billet passé, que Lib ne soit pas bien d’accord là dessus.

  • Mais vous croyez sérieusement que c’est nous qui allons tout réinventer??? Sans déconner?
    On va probablement, à marche forcée, avancer un peu plus sur le chemin de l’union européenne, et c’est bel et bon. A part ça, les modèles, vous pensez sérieusement que c’est les occidentaux qui vont les poser?
    Même Stiglitz pense que le « bon modèle » vient d’Asie. Et qui c’est qui possède la fabuleuse dette américaine et sera en mesure d’imposer des conditions? Et qui c’est qui vole au secours de la pauvre Islande?

    Bon, après, on peut discuter entre amish aussi longtemps que vous voulez.

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