Est-ce une coïncidence, un acte manqué, la Providence ? La société Gleeden semble choisir les moments où l’actualité la plus chaude étale crûment devant nos yeux les conséquences personnelles ultimes de l’infidélité – jusqu’à la tentative de suicide de la personne trompée – pour enfoncer un coin supplémentaire dans notre dignité collective par ses campagnes perverses.
Refuser ces campagnes doit être le réflexe de tous, doit être la réaction collective spontanée. Cela s’applique au site et à son principe, ainsi qu’à sa promotion publique, et cela va chercher au-delà, au rang même de notre capacité à former une société.
Pour ma part, j’ai épuisé mes ressources de patience et de bonne volonté dans l’argumentation. Marre de tenter de convaincre et d’expliquer l’abjection de la promotion du mensonge. Marre de souligner qu’il ne s’agit pas d’une affaire entre adultes consentants[1] puisque des tiers sont impliqués, marre de pointer les conséquences pour la personne trompée, marre d’exposer les conséquences immédiates et à long terme pour les enfants, de souligner l’égoïsme et l’irresponsabilité de ces publicités. Je l’ai écrit, à plusieurs reprises, et encore en janvier dernier. Je ne vais pas perdre mon temps à tenter de le faire comprendre. C’est par là (y compris pour quelques brefs développements juridiques).
Mais si votre conscience ne se révolte pas spontanément devant ces affiches, c’est que vous êtes des veaux. C’est que cette société, dans ce qu’elle a d’ultimement mercantile, individualiste, et oppressive, a fait de vous les veaux dont elle a besoin.
Oui, oppressive, d’une oppression soft dont il n’est pas besoin d’aller chercher bien loin les acteurs intéressés. Car j’ai la certitude que nous sommes ultra-majoritaires à rejeter ces campagnes et l’évolution délétère de notre société qu’elles représentent. Seuls l’absence de porte-parole efficace, la lâcheté politique, la léthargie générale, et ce vieux résidu d’angoisse adolescente de paraître coincé empêchent ce rejet majoritaire d’apparaître tel qu’il est.
Il y a, parmi mes contacts, des personnes qui ont fait le choix de tagger ou arracher les publicités Gleeden croisées dans les transports publics. L’une d’entre elles me raconte à l’instant avoir échappé à la verbalisation grâce au soutien d’une autre personne, et la conviction intime quoique non exprimée des agents de la RATP. Maigre réaction mais action salutaire. Elles ont toute ma compréhension, mon affection et mon parfait soutien. Leur réaction est, bien évidemment, illicite. Mais louable. Certaines de ces personnes ont d’ores et déjà été verbalisées, à hauteur de 90€ (de mémoire, et à ce stade). 90€… Il suffit d’un dépassement de vitesse sur l’autoroute, parfois même léger, pour écoper d’une même amende, et cette amende est stérile, vous n’avez pas fait avancer la société. Mais que ceux qui écoperaient d’une contravention pour avoir dégradé une affiche Gleeden la placent sous verre, dans un cadre doré à l’or fin. Ils pourront justifier auprès de leurs petits-enfants qu’ils n’ont pas vécu cette évolution sociale sans marquer, même modestement, leur désaccord.
Une société est un corps. Nous formons un corps. Il est naturel que se développent les anticorps contre les forces de délitement qui l’attaque. Car, et je fais une exception à mon ras-le-bol d’argumenter rappelé plus haut, le principe de ce site est évidemment délétère. Nous connaissons tous les effets de l’adultère sur la personne trompée, flouée, blessée. Nous savons la dangereuse spirale qui attend les mères seules – puisque ce sont bien souvent les mères qui se retrouvent seules avec les enfants. Nous connaissons aussi les dégâts sur les enfants, dégâts immédiats mais aussi à plus long terme incapacité à concevoir un engagement pérenne. Nous savons tout ce que ce comportement publiquement promu coûte à la société.
Et cela va plus loin encore : en acceptant, par notre silence et notre inaction, ces campagnes, nous acceptons l’idée que le mensonge, la duperie, la duplicité puissent être vantés publiquement sur nos murs. Qui, de droite ou de gauche, religieux ou athée, riche ou pauvre, ne transmet pas spontanément à ses enfants le goût de la vérité et le respect de la parole donnée ? Comment une société peut-elle fonctionner si le mensonge y est promu ? Au-delà même des campagnes Gleeden, c’est le défi immédiat qui nous est lancé.
Bien évidemment, vous soupçonnez chez moi l’influence de mes convictions religieuses. J’assume avec grande joie l’idée d’être influencé par de si beaux principes de vie. Mais oubliez cela : nous devons tous réagir. Martine Aubry, qui ne passe pas pour une grenouille dé bénitier, évoquait il y a quelques années la common decency selon Georges Orwell. Eh bien il faut faire péter la common decency à la gueule des promoteurs de tous poils de l’état d’esprit Gleeden. Croire au Ciel n’a rien d’indispensable sur cette question, prenez cette decency comme référence. A cet égard, je trouve ce développement du philosophe Bruce Bégout qui, dans un essai sur la décence ordinaire chez Orwell, évoque sa conviction qu’il y a chez les gens simples du peuple une tendance à l’honnêteté ordinaire. Il développe ainsi :
Cette honnêteté ordinaire s’exprime sous la forme d’un penchant naturel au bien et sert de critère du juste et de l’injuste, du décent et de l’indécent. Elle suppose donc, avant toute éducation éthique et pratique, une forme de moralité naturelle qui s’exprime spontanément sans faire appel à des principes moraux, religieux ou pratiques. L’homme ordinaire n’a pas besoin de se tourner vers certaines autorités pour agir moralement. Il possède en lui-même une faculté sensible d’évaluation morale qui précède toute norme conventionnelle.
On parle beaucoup du vivre ensemble. De quel vivre ensemble pouvons-nous nous targuer si nous ne refusons pas qu’il soit attaqué sur ses bases les plus élémentaires de la confiance et de la vérité ?!
Et tant que j’y suis, parce que je sais que certains me lisent, j’en appelle à nos parlementaires, de droite comme de gauche. Parce que c’est votre rôle éminent. Vous auriez dû réagir sans que ces comportements illicites mais salutaires, relevant d’une forme de désobéissance civile bien comprise, n’apparaissent. Vous avez su interdire la publicité pour le tabac, réglementer la publicité pour l’alcool. Bougez-vous pour les couples, pour les enfants, pour les mères isolées, pour la société. Ce site est licite aujourd’hui ? Sa promotion publique également ? A vous de rédiger la proposition de loi adéquate.
Au besoin, je connais un juriste prêt à vous la livrer.
- encore n’est-ce même pas là une raison suffisante [↩]
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Je ne savais même pas que ça existait un site pour promouvoir l’infidélité des couples. (Je vis à la campagne). L’argent n’a pas d’odeur mais certains hommes ont vraiment beaucoup de flair pour en faire à tout prix. :+(
Eh si. Et nous n’en sommes pas à la première campagne. Voyez dans quel bain évolue le milieu parisien.
» Bougez-vous pour les couples, pour les enfants, pour les mères isolées, pour la société »
Pourquoi voulez-vous qu’ils bougent ceux qui ont promu le mariage pour tous, la théorie du genre (je sais, elle n’existe pas…), et qui voudraient légaliser la GPA ?
Et il y a encore mieux – si l’on peut dire – car j’ai lu récemment (il faudrait que je retrouve la source) que le nec plus ultra serait de se faire concevoir un enfant par un « bon ami », plutôt que par l’homme avec qui on est en couple, pour « déconstruire » le schéma « dépassé » de la parentalité dans le couple.
Je vous soutiens Koz!
En deux jours j’ai nettoyé mon itinéraire « maison-boulot » de ces affiches affligeantes! Ce qui m’a réjouis c’est que je n’étais pas le seul à réagir. La léthargie qui semble s’être emparé de notre pays n’a pas encore touché l’ensemble des français! c’est une grande source d’espérance!
@ Cardabelle : il y en a, bien sûr, qui ne se bougeront pas. Mais les sujets sont différents et tout le monde à gauche ne cède pas à ces sirènes. J’ai bon espoir que certains soient sensibles au sujet.
Vous connaissez une technique efficace pour arracher ces affiches ? Je n’y arrive pas vraiment avec cette fichue colle.
J’ai un souvenir d’une campagne douteuse du même genre mais je ne pense pas que le nom de l’organisation responsable était Gleeden. C’était il y a quelques années et cela prônait des relations extraconjugales… Triste évolution de la société que nous subissons trop passivement.
L’idéal serait de créer un site où l’on pourrait voir les photos des contraventions et des dégradations, avec possibilité de contribuer au montant de l’amende.
L’adultère n’est pas pénalisé (à ma connaissance assez rudimentaire). Ce n’est même plus un motif de faute dans le cadre du divorce. Or, « tout ce qui n’est pas interdit est autorisé » ; comment à partir de là légiférer efficacement ?
Le péché originel dans cette histoire est de ne pas avoir discerné dès le début combien l’adultère est une faute socialement grave, c-à-d avec des implications négatives pour toute la société. On préfère n’y voir que l’aspect comique des pièces bourgeoises du XIX ; on a pas vu qu’en fait c’était des tragédies.
Très agacée en effet hier de voir une de ces affiches sur un bus avec un très mauvais jeu de mot sur la fidélité. Quel cynisme froid …
@ Courtlaïus : il n’y a pas que les infractions pénales qui soient illicites. Inciter à commettre une faute civile peut également être considéré comme illicite.
@ Mathlm : et je lisais aussi la réaction d’une maman, contrainte d’expliquer tout cela à ses enfants, après une pub radio.
@ crevettevoyageuse : je suis prêt à faire bénéficier toute autre entreprise de la même proposition de loi.
Bonjour Koz,
Merci pour cet appel, et le courage qui va avec, à la destruction des affiches de cette campagne ignoble. Bon sinon j’avais commencé à t’écrire une tartine de réflexion sur ce que m’inspirait l’enjeu, la portée de la notion de common decency dans le cadre de la publicité, et puis j’ai renoncé.
Pour tout te dire, il est possible que si je croise (c’est peu probable dans ma campagne) une publicité Gleeden, je me retrousse les manches pour la détruire… mais je voudrais avoir le courage de le faire pour chaque publicité que je vois dans notre espace public.
Je t’avoue que j’aimerais qu’on réfléchisse sérieusement un jour en amont, au fait que nous soyons soumis à l’influence publicitaire dans notre environnement quotidien. La publicité dans l’espace public est un vrai problème d’écologie humaine, surtout quand on sait son efficacité. Elle a une véritable toxicité. La première d’entre elle, c’est de nous amener à petit feu, lentement, à tolérer ce genre de campagne promotionnelle, ou au minimum à tolérer que nos appétences soient ainsi perpétuellement stimulées, sans concurrence digne de ce nom d’une stimulation de notre bon sens.
Bref, je ne veux pas diluer le problème Gleeden qui est grave. Mais à un moment, mettre des pansements sur des jambes de bois, bon… Perso je ne comprends pas comment la « common decency » s’accommode de ce que nos pulsions soient à ce point excitées en permanence dans l’espace public, bien au-delà de la campagne Gleeden.
Bon j’arrête, finalement je suis en train de la refaire, la tartine.
@ Pneumatis: je suis d’accord avec toi, et ça va même au-delà de la publicité : que dire des unes de magazines qu’on voit en passant devant les marchands de journaux ou dans les supermarchés, par exemple ?
Bonjour Koz
merci de nous secouer la conscience comme ça.
J’ai vérifié, l’ARPP est un organisme qui n’est pas lié à l’Etat ; ça m’aurait bien arrangé pourtant. Le discours que le sénateur-maire Taittinger a prononcé à mon mariage m’avait frappé : oui, l’Etat a beaucoup à nous dire sur la fidélité, sur l’engagement, tout ça c’est dans le code civil.
De là à attendre de l’Etat qu’il influence les décisions de l’ARPP…
Que Gleeden promeuvent un comportement qui n’est pas entre adultes consentants dans la majorité des cas, je suis d’accord.
Par contre je ne comprends pas votre note en bas de page, quelque chose qui se passe exclusivement entre adultes consentants (ce qui n’est pas le cas de Gleeden ou lorsqu’il y a une dépendance, financière ou autre) pourrait être nuisible à la société selon vous ? Auriez-vous un exemple ?
Bien à vous.
Demandons à Valérie Trierweiler si l’adultère rend si heureux que ça…
Pourquoi ne collerait on pas un sticker sur les pubs : « Valérie…heureuse…? vraiment …? »
Merci de votre post.
Merci Koz pour cet excellent article que j’ai publié et que plusieurs de mes amis de gauche ont repris. Mais comment s’associer si l’ont est diabolisé Cardabelle a écrit :
Pourquoi on se bougerait? parce que ça n’a rien à voir! Mais bon j’avoue que des commentaires pareils qui accusent en gros tous les gens de gauche, grosso modo la moitié de la population, de vouloir transformer les garçons en filles (puisqu’il y aurait une théorie du genre) et faire faire les enfants par des amis…
C’est avec des idées aussi arrêtées que chacun reste dans son coin et ne lit que ceux qui pense comme lui. C’est ainsi que nous ne parviendront jamais à nous rassembler pour que « ce rejet majoritaire » apparaisse « tel qu’il est ».
Merci Koz ! Merci de réveiller un peu les consciences ! J’ai toujours été choqué et scandalisé à la vue des ces affiches mais je n’ai jamais trop su quoi faire ou pire je n’ai pas cherché à savoir quoi faire. J’ai quitté cette ville de fou qu’est Paris mais si cette campagne surgit dans ma ville je ne manquerai pas d’aller acheter une petite bonbonne de peinture.
@ gokimines : simplement, et au moins, que le seul fait qu’un comportement intervienne entre adultes consentants ne suffit pas à le rendre bon.
Mélanie a écrit :
Nous sommes d’accord.
@ Pneumatis : l’omniprésence de la publicité a également tendance à m’irriter. Mais un pas est objectivement franchi lorsque la publicité en vient à la promotion de comportements « antisociaux ».
En vivant à l’étranger, j’ai la chance de ne pas avoir vu ces pubs, c’est toujours ça de pris. Je suis d’accord pour dire que la promotion de l’adultère est une activité dégueulasse.
Par contre, légiférer contre ça? Le trouble à l’ordre public est-il si grave qu’il justifie de toucher à la liberté d’expression, d’entreprise, de commerce, etc. ? Pas sûr.
@ Cardabelle: en ramenant la GPA et le mariage gay sur le tapis, vous mélangez tout. L’adultère n’est pas un problème à cause de la définition de la famille: il existe depuis toujours et cela n’a jamais modifié la perception de la famille par la société. L’adultère est un problème social à cause du mensonge, de la déloyauté, et des dégâts que cela provoque. Par exemple, on peut noter qu’en Amérique du Nord l’adultère est très mal vu, car le mensonge est perçu comme beaucoup plus grave qu’en France; alors que la GPA est un business comme un autre, qui n’est guère objet de débat (ce qui est dommage de mon point de vue, mais illustre bien la séparation entre les deux sujets).
A chacun de voir, en effet, si la liberté du commerce (n’invoquons pas, tout de même, la liberté d’expression dans une simple affaire de pognon) doit supplanter les valeurs élémentaires de la société (not to mention les dégâts sur la société, mais je ne vais pas réécrire mon billet).
Vous avez mille fois raison. Se promener dans la capitale, allumer la télé, ou suivre les réseaux sociaux est une épreuve. On a besoin d’une insurrection de la décence.
Malheureusement, dans le billard à trois bandes élus – groupes d’intérêt – médias, l’honnêteté ordinaire est perdante : elle n’est ni neuve, ni provocatrice, ni même radicale. Chacun la défend du bout des lèvres mais qui se dévouera à quelque chose d’aussi banal et d’aussi peu lucratif ? C’est ainsi que, de même qu’en politique les citoyens et les salariés sont très majoritairement modérés mais, sans organisation pour les représenter, se font doubler par des groupes minoritaires mais très bruyants, de même dans la société, dans la culture ou l’espace public, l’exploitation des bas instincts par et pour le fric se répand et s’impose malgré la désapprobation silencieuse du plus grand nombre. Redonner de la voix à cette morale et de la puissance à cette voix est une grande mission et je crois que c’est aux catholiques de la relever.
Je ne suis pas d’accord en revanche avec l’idée d’une loi. Le libéralisme est un vieux et vaste débat, je me contenterais de noter ceci : je n’aime pas qu’à chaque fois qu’un problème est posé la première (et souvent la seule) solution qu’on propose soit de faire une loi. Je crois que c’est à cause de cette mentalité que nous, les citoyens, sommes si faibles : on agit comme si il y avait les gens en-bas, dispersés et sans pouvoir, et l’état au-dessus, tout puissant et tellement efficace, et rien entre les deux. Ce type de saloperies c’est à nous de lui faire son affaire, les anticorps c’est nous ! Que l’état s’occupe plutôt de nous présenter un budget en équilibre, ça nous changera.
@ Pneumatis:Tout à fait d’accord. Je préciserai que le problème est qu’on est en permanence stimulés, interpelés, excités. Je ne veux pas faire du NKM, mais après tout pourquoi les parisiens ne profiteraient-ils pas des trajets pour faire le silence dans leur âme ?
@ gokimines: Vous savez sans doute que le sexe gratuit n’existe pas, vous remplissez votre âme soit d’amour soit de néant. Avec le néant viennent la fuite en avant et la tristesse, la solitude et la sècheresse de cœur ; vous êtes dès lors stérile et n’offrez rien à la société, vous avez gâché vos Talents. Si vous acceptez que tout problème n’a pas forcément une réponse législative, vous pouvez dénoncer comme nuisible à la société ce type de comportement, même si c’est entre adultes consentants.
Je partage votre dégoût de gleeden et de ses promoteurs (même si dans le fond, ce site n’est probablement qu’une vaste arnaque avec autant de femmes mariées qu’il y a d’ordinaire sur les autres sites de rencontre en ligne : cad peu). Cependant, les gens sont libre d’être des veaux, des loups ou des agneaux. La morale, surtout lorsqu’elle concerne l’intime, regarde le coeur et la conscience de chacun. De plus, la provocation à l’infraction n’est pas la solution (par pitié ne me parlez pas de gandhi ou de la résistance) et en tant que démocrate et légaliste, je la réprouve.
@ Koz:
Si la loi interdit Gleeden, c’est une question de liberté de commerce. Si elle interdit seulement la pub pour Gleeden, c’est une question de liberté d’expression.
Pour ma part, je préfère la désobéissance civile consistant à dégrader les affiches. La réprobation de la société est une meilleure solution que le marteau de la loi.
@ chauzet:
Vous ne voulez pas enfreindre la loi et vous ne voulez pas la changer. Vous nous proposez donc de souffrir cette oppression sans rien faire ?
Franchement, mes frères, c’est révoltant.
Tout le charme de l’adultère mis à bas par un vile site de rencontre. L’angoisse du ticket de l’hôtel oublié dans la poche, la traque de la marque du rouge à lèvres sur le col, la lutte contre le long cheveux blond sur le siège de la BMW, la maraude de l’endroit suffisamment improbable pour ne pas croiser sa belle-soeur ou son voisin de bureau, l’adrénaline du mensonge asséné les yeux dans les yeux lors du dîner en famille, la folie d’une chevauchée impromptue avec la fille des RH qu’on croise dans l’ascenseur chaque jour, l’arrachage d’alliance in extremis qui fait un mal de chien mais donne les coudées franches pour la suite de la soirée etc, etc.
Finis ces moments intenses de la vie d’un homme (ou d’une femme).
Pas totalement, mais ce site vient tout de même désenchanter ces grands moments de la vie.
Après il nous reste quoi ?? Le « oui » à l’Eglise ? Le cri strident du premier ? Un vol de sarcelles sur un couché de soleil dans les Dombes ? Pouarfk, merci bien ! Pfff
Saleté d’internet.
Tout à fait d’accord pour exprimer haut et fort la désapprobation face à ces pubs.
Mais je partage l’avis de Gwynfrid et d’autres sur l’inopportunité de la solution législative. Dans l’idéal, l’adhésion au bien doit être volontaire, et non contrainte par la loi. Les exceptions, nécessaires, à ce principe, doivent être les plus rares possibles, et même se réduire au fil du temps. C’est la condition nécessaire du triomphe de la vérité.
« Il possède en lui-même une faculté sensible d’évaluation morale qui précède toute norme conventionnelle »
Bon ça je n’y crois pas trop, franchement. Il n’y a pas grand chose chez l’homme qui précède toute norme conventionnelle, à mon sens. Pas même besoin de croire à ça pour réprouver Gleeden.
Pour info, une amie sociologue qui fait des recherches sur le sujet m’a rassurée : les utilisateurs de ce site sont à 99% des hommes (ou peut-être 98, je ne me souviens plus du pourcentage exact). Il s’agirait de personnes qui recherchent des relations sexuelles sans avoir besoin de faire une rencontre humaine (ce qui est plus facile quand la femme est mariée).
Bref, le site est très profitable mais n’atteint pas nécessairement le but qu’il semble s’être proposé, faciliter l’adultère : ce n’est pas si facile qu’on pourrait le croire.
Ce qui n’enlève évidemment rien au caractère détestable de ce but.
La question de son efficacité n’est pas négligeable, en effet @ Amicie. Pour autant, je ne néglige pas non plus la banalisation artificielle de l’adultère que cela représente. J’ai déjà horreur de ces gens qui vous assènent des stats pour vous expliquer que, si vous êtes fidèles, c’est que vous êtes le dernier des Mohicans.
Surtout, pour moi, la question de ce que nous acceptons collectivement de voir promu sur nos murs, et de ce que révèle cette acceptation tacite, n’est pas moins importante.
@ Logopathe,
@ Gwynfrid, je ne sais pas si vous avez attentivement observé deux choses. Premièrement, là où la seule responsabilité individuelle nous a conduit. Gleeden n’est pas tombé soudainement, brutalement, sans préparation préalable. Deuxièmement, le rapport de forces. Entre une petite minorité qui sert le nouveau magistère morale, appuyée par des intérêts mercantiles qui voient d’un très bon œil l’absence de tout « tabou », et la société. Je crains fort que la confiance dans la seule responsabilité individuelle (qui est aussi une valeur pour moi) ne soit un mirage déconnecté de la réalité du monde.
Gwynfrid a écrit :
Non, c’est d’ailleurs extrêmement révélateur qu’involontairement peut-être le premier intérêt en jeu que tu vois soit la liberté du commerce. En ce qui me concerne, j’estime que si la loi interdit Gleeden, ce sera une question de moralité publique voire de salubrité sociale.
Enfin, la publicité s’impose à moi, elle s’impose dans l’espace public, dans l’espace commun, qu’elle soit régie en commun me paraît parfaitement logique.
Koz a écrit :
Et moi je trouve révélateur que ton premier réflexe soit de faire voter un texte 🙂
Non, le commerce n’est pas le premier intérêt en jeu. Mais tu nous parles de faire une loi, je me demande donc d’abord si cela est souhaitable, et faisable. La première question que je me pose dans ce cadre est, logiquement, celle de la constitutionnalité.
La moralité publique est le premier intérêt en jeu, en effet, mais c’est un intérêt qui n’est pas sujet à législation. Comme d’autres l’ont indiqué à juste titre, le bien ne s’impose pas par la force de la loi.
La responsabilité individuelle ne règle pas tout? Bien sûr. C’est pourquoi une campagne de protestation et de sensibilisation, comme celle que tu mènes ici à un niveau certes modeste, est une réponse appropriée. La loi peut, à la rigueur, couronner un tel effort, si le consensus formé est suffisamment large, mais dans le cas présent, je reste dubitatif. Nous avons déjà des centaines de lois de gesticulation servant aux politiques à afficher des postures spectaculaires, sans aucune conséquence pratique, et quelquefois avec des effets pervers. Quel vieux sage disait, déjà, qu’il ne faut toucher aux lois que d’une main tremblante?
Cher Koz,
encore merci pour ce blog et cet article. J’ai été très irritée de voir cette pub mais elle était sur un bus en marche et moi dans la voiture derrière ce qui aurait rendu difficile son décollage…De plus, je n’avais pas encore lu votre encouragement : promis, la prochaine fois, si ce n’est pas trop dangereux( physiquement, s’entend) je déchire, je décolle, je lacère enfin j’agis.
@ Koz:
J’approuve Gwynfrid pour le coup. Je méprise ces affiches au plus haut point, et l’indifférence ne me paraît pas une option valable. Mais voter un texte? Pas besoin, à mon sens.
Article 1133 du Code civil :
« La cause est illicite, quand elle est prohibée par la loi, quand elle est contraire aux bonnes moeurs ou à l’ordre public. »
La Cour de cassation peut être critiquée vigoureusement (notamment 1ère Civ. 4 novembre 2011, n°10-20114 : lisez attentivement l’arrêt, vous comprendrez…). Mais la loi existe déjà.
On peut aussi s’attaquer aux afficheurs, aux annonceurs, à Gleeden directement par tous les moyens légaux à notre disposition. Et vous savez très bien à quel point le droit peut être une arme redoutable pour plomber une entreprise.
@Koz, ta question : « Qui, de droite ou de gauche, religieux ou athée, riche ou pauvre, ne transmet pas spontanément à ses enfants le goût de la vérité et le respect de la parole donnée ? Comment une société peut-elle fonctionner si le mensonge y est promu ? » me remet en mémoire cette sortie épique de Mme Bachelot, à l’époque ministre de la Santé : « Le droit au mensonge est aussi un droit fondamental de l’être humain. »
http://www.ouest-france.fr/mariage-annule-il-faut-faire-appel-118684
Le contexte était certes différent, mais cette affirmation vient casser la conception que « le goût de la vérité et le respect de la parole donnée » est universellement partagé. La lecture de la Bible m’apprend qu’il existe un être « menteur et père du mensonge » (évangile de Jean 8,44) et qu’il sait parfaitement s’y prendre pour transmettre à ses enfants le goût du mensonge et le respect de ses seuls désirs égoïstes. D’ailleurs, la pomme croquée de Gleenden n’est-il pas sa signature ?
@ Flash. Je vous remercie pour votre conseil de lecture, ça ne m’avait pas échappé. D’autant moins quand mon associé est consulté sur le sujet. Maintenant, voilà, critiquez vigoureusement la Cour de cassation. Si, si, lâchez-vous, faites vous plaisir. Et venez me reparler de l’efficacité de l’action.
Flash a écrit :
Je ne veux pas abuser mais vous en coûterait-il de me donner des pistes ? Vous en avez, n’est-ce pas.
Je ne partage pas vos conceptions de la loi. La loi est aussi là pour poser les règles de la vie en société, pour dire ce que nous acceptons et ce que nous refusons. La défiance instinctive que vous manifestez pour la loi n’est pas justifiée. Et vos pudeurs de jeunes filles promettent de beaux jours à Gleeden.
@ Pere Nadler : l’être en question est père du mensonge, pas des enfants. Et je suis certain que même le plus menteur des pères exige de ses enfants qu’ils lui disent la vérité.
Pere Nadler a écrit :
Si. Une pomme pourrie. D’où mon illustration 😉
Pour la proposition de loi, excellente idée : ça fera de la pub, et ça sera un galop d’essai pour de futurs amendements. Je connais un grand nombre d’assistants parlementaires qui se feront un plaisir de la suggérer à leurs députés, donc, n’hésitez pas en pré-rédiger le dispositif. Et l’exposé des motifs est déjà quasi prêt…
Si la loi actuelle permet déjà d’attaquer Gleeden pour ce genre de commerce et/ou de promotion, c’est très bien, il faut l’exploiter.
En revanche ce n’est pas incompatible avec une législation restrictive sur la publicité, telle qu’on l’applique déjà sur les cigarettes, l’alcool, ou même par exemple, sur le lait maternisé premier âge (si ma mémoire est bonne). Aussi libéral soit-on, il ne me semble pas que l’espace public soit censé être un lieu d’anarchie. Il y a un code de la route et une législation qui couvre son application, il y a des règles qui interdisent aussi, je crois, le commerce sur la voix publique, etc.
Je ne vois pas en quoi préciser ou resserrer la législation sur la publicité poserait d’un seul coup un problème de liberté de commerce ou de liberté d’expression. Le « public » (par ses représentants) est quand même encore en droit de réglementer l’espace qui justement le concerne. Ca me parait tout à fait compatible avec une vision libérale de la politique.
Ca l’est encore plus si on considère que la publicité est, dans sa conception, intrusive – c’est-à-dire qu’elle s’impose à l’inconscient et a un impact sur le cerveau / la conscience des gens, sans leur consentement préalable. Cette contrainte, si on fait l’analogie avec une contrainte physique, est une atteinte à la liberté des personnes ; liberté, en l’occurrence de ne pas être soumis à une contrainte psychologique. (C’est pour ça – cf. mon précédent message – que pour moi la publicité dans l’espace public devrait être considérée par défaut comme une forme de harcèlement moral, et y être interdite, mais là on s’écarte du cas Gleeden).
@ Koz:
La loi pose des règles pour la vie en société, oui. Et vous vous proposez de la violer. Peut-être que la loi est imparfaite sur ce point, puisqu’elle ne permet pas de dégrader les biens d’autrui si notre conception de la vie en société est heurtée, mais de mon point de vue vous vous trompez sur les moyens à mettre en oeuvre, même si votre cause est juste.
Imposer le respect de la loi, et non appeler à la violer, me semble être un moyen plus efficace (même si pas assez radical à votre goût).
Pour les pistes, en voici quelques unes :
Si une filiale est présente en France, il convient de vérifier si elle respecte les seuils sociaux, si elle a respecté ses obligations de déclaration, etc.
Plus généralement, avoir une idée précise de la structure de ce groupe est une étape qui me semble nécessaire si vous voulez les contrecarrer.
Le vice prospère à l’ombre. Montrez que l’anonymat n’existe pas, que la confidentialité vendue est un leurre.
Détruisez leur argument commercial relatif à l’absence de faux-profils : une enquête poussée peut également permettre de déceler l’existence de faux profils, ce qui signifie qu’ils mentent à leurs clients et les prennent pour des imbéciles. Dans l’hypothèse où un tel fait serait révélé, il sera possible de nuire à leur image auprès de leurs clients (ceux que vous fustigez). Ils ne pensent qu’à l’argent? Tapez dans le porte-monnaie.
Cherchez-vous des alliés inattendus : il est très facile de lister les personnes en lien avec Blackdivine grâce à Viadeo ou Linkedin. Observer leur parcours permettra de cerner les profils recherchés, et de calculer le taux de turn-over. Cela permet également d’approcher éventuellement un salarié mécontent de son licenciement (par exemple) et de l’aider à faire valoir ses droits.
De même, s’il advenait qu’un de nous ait une société en litige avec Blackdivine, un article 145 du CPC, avec saisie d’un maximum de données comptables (si possible en novembre ou décembre…) serait approprié.
Et je suis sûr qu’il existe de multiples autres méthodes.
Vous voulez les empêcher de communiquer, je vous propose de les couler purement et simplement.
@ Mathlm: je comprends assez votre ire.
Déjà que j’espère un jour un leak quant à l’identité des rédacteurs des « punchlines » apposées sur les produits Monoprix,
histoire de leur une correction bien confraternelle… 🙂
J’ajoute deux méthodes potentielles :
Que les gens choqués par Gleeden boycottent l’ensemble des sites édités par BlackDivine.
Je note aussi que le fondation de BlackDivine se vante de ne recruter que des femmes pour Gleeden. De là à dire qu’il y a discrimination en raison du sexe…il y a un pas que je franchis allègrement.
Il existe aussi un jury de déontologie publicitaire, que les féministes utilisent régulièrement et parfois (pas toujours hélas) avec succès pour faire interdire et supprimer certaines publicités dégradantes pour l’image des femmes. D’autres associations l’utilisent aussi contre les images racistes, attentatoires à la dignité humaine, etc.
Est-il possible de le saisir par rapport à la protection des enfants, à l’ordre public, etc ?
J’avoue que n’y connaissant pas grand chose en droit, j’ai l’impression que la fidélité conjugale a disparu de toute législation, au profil de « chacun fait ce qu’il veut de ses fesses (pour être polie) entre adultes consentants ». L’adulte trompé étant évidemment obligé de faire avec, comme c’est le cas depuis la nuit des temps.
Reste la protection des enfants et l’ordre social.
Autre possibilité, un conjoint trompé ayant suite à cela connu dépression, séparation l’ayant mis dans la précarité, abandon de famille par le conjoint … (ou autre : la liste est longue des effets de l’adultère, en effet, quoiqu’en dise le mythe de la séparation par consentement mutuel, que vous évoquiez, Koz, dans un précédent article) bref qui ait des éléments mesurables (je suis désolée c’est horrible de dire ça mais en droit la souffrance morale pèse peu) pourrait attaquer le site pour complicité? (je dis ça mais sans doute que le site a du écrire quelque part qu’il ne saurait être tenu pour responsable de … etc.)
z a écrit :
En français compréhensible par tous, vous parlez de quoi? C’est quoi un leak? C’est quoi une punchline, c’est quoi le problème (juridique?) des slogans des produits Monop?
Flash a écrit :
Sur 1 – Encore faudrait-il connaître ces sites. De plus leur boycott ne changerait pas grand chose, les boycotteurs n’étant probablement pas au départ des usagers de ces sites
Sur 2 – c’est plus intéressant, il y a de quoi creuser, ça sent en effet la discrimination…
Pneumatis a écrit :
Sans doute au motif de santé publique. Pas d’ordre social ou de moralité… Et jusqu’ici aucune étude épidémiologique n’a montré d’effet mono factoriel de l’adultère sur la santé publique…
Peut-être un jour montrera-t-on les effets néfastes de la publicité en général sur la santé publique… Mais ce jour est loin, tant les publicitaires font ce qu’il faut pour éviter d’approfondir la question…
@ Léa:
Détrompez-vous, ils sont très diversifiés. Vérifiez sur le site de Blackdivine.
Ces sites sont les suivants :
Vous voyez : mode, jouets, marketing…ils sont très diversifiés.
Flash a écrit :
L’appel au boycott est illégal.
Flash a écrit :
Chic, boycottons ces sites, ça va faire super mal.
Que ceux qui en connaissaient l’existence lèvent la main. S’il en reste, que ceux qui les utilisent lèvent la main. Vous avez gagné, bande de warriors.
Flash a écrit :
Franchissez, franchissez. Franchissez aussi l’Atlantique et donnez-moi des nouvelles de l’application du droit du travail français aux Etats-Unis où sont basés l’ensemble des salariés.
Flash a écrit :
Même chose : je vous souhaite bon courage pour réaliser un article 145 CPC aux Etats-Unis. Sans compter qu’un article 145 CPC ne vous permet généralement pas de prendre copie d’éléments comptables, qui ne sont pas sujets à disparition. Et pour ce qui est de la France (pas concernée en l’espèce), les documents comptables sont normalement déposés au greffe du Tribunal de commerce.
Etc. etc. D’autres idées pertinentes ?
Léa a écrit :
Le billet que j’ai mis en lien au début de celui-ci renvoie largement à l’avis du Jury sur la campagne Gleeden.
@ de VIENNE:
Je vais faire du mauvais esprit, mais dans le cas VT et FH il ne s’agit pas d’adultère au sens propre du mot.
Le véritable adultère ne concerne que des gens mariés (civilement/religieusement).
@ Flash : en vous priant d’excuser le caractère un peu rêche de ma réponse…
@ Koz:
Premièrement, la situation du boycott n’est pas aussi tranchée. Ensuite, la simple information des internautes sur le fait qu’aller sur ces sites fait prospérer la société éditrice de Gleeden ne saurait, à mon sens, être interdit.
Deuxièmement, je vous cite leur site.
Dans la section FAQ, à la section « where is Blackdivine? », ils répondent : « BlackDivine’s office is located in Los Angeles, New York, Paris and London. Our facility is designed to foster an open collaborative process of communication and information sharing among employees of BlackDivine and our operating companies »
Leur « startup lab » a aussi un bureau à Paris.
Alors oui, il s’agit, semble-t-il, de sociétés de droit américain/anglais. Mais vous noterez que si elles ont véritablement un bureau à Paris, et donc des salariés y travaillant, le droit du travail français a vocation à s’appliquer.
Reste à les localiser plus précisément.
Je vous invite à enquêter un peu sur eux. Prenez par exemple cette offre de stage :
http://www.kapstages.com/fiche/offre/20685
Le stage pour Blackdivine se déroulera à Paris…
Alors oui, je suis désolé si je vous ai parlé d’un article du code civil : il était évident que vous le connaissiez, il s’agissait plus d’informer vos lecteurs sur le fait que le recours à la loi n’était pas forcément nécessaire ou pertinent : la loi française prohibe déjà les contrats contraires aux bonnes moeurs…en vain, semble-t-il.
Merci pour ce billet qui nous secoue tous et nous remet en face de nos responsabilités. Ces jours-ci je suis particulièrement révoltée par l’affiche qui annonce qu’il s’agit du « 1er site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes ». Comme si les femmes n’étaient pas les premières victimes de ces pratiques!
@ Koz:
BlackDivine en France s’appelle Touchvibes.
Ils étaient à Paris. Ils sont désormais à Boulogne-Billancourt.
Enfin bref, je ne veux pas monopoliser la conversation. Je tenais simplement à dire qu’il existait de très nombreux moyens d’action, à la portée de chacun, parfaitement légaux, et qu’il n’y a pas de raisons de s’en priver.
Flash a écrit :
Et où donc voyez-vous cela ? L’information donné par une société sur son site n’est pas des plus fiables. infogreffe ne renvoie aucune société BlackDivine en France, Societe.com ne fait état d’aucune entreprise dont « Teddy Truchot » serait dirigeant. Et quand bien même vous aurez prouvé qu’ils ont un ou deux salariés en France, vous ferez quoi ? Ils disent qu’ils n’embauchent que des femmes ? Discours commercial. Et si vous en trouvez deux, de quelle manière imaginez-vous prouver la discrimination ?
Je veux bien que vous me démontriez que mon action est inefficace, mais vos propositions sont plus qu’hypothétiques.
@ Flash : Disons qu’il en faudra davantage pour me convaincre que mes propositions sauvages valent moins que vos propositions légales. Touchvibes est une filiale de BlackDivine, indépendante de Gleeden, avec une activité différente. Rien ne dit que vous trouverez quoi que ce soit, en termes de respect des seuils ou de discrimination à l’embauche – même si je vous accorderais volontiers que, quand le rapport à la morale est lâché sur un point, on peut imaginer qu’il en sera de même sur d’autres. Mais quand bien même vous trouveriez quoi que ce soit sur TouchVibes – après combien de semaines, mois ou années d’enquête – en quoi cela impactera-t-il Gleeden ? Sans parler de la « couler ».
Bonsoir Koz,
j’aimerais apporter un point de vue différent. Le libéralisme est une forme d’organisation de la société basée sur la liberté individuelle, c’est un outil, pas une fin en soi. Et l’opinion majoritaire, sinon le consensus, c’est que cette organisation est plus efficace que les alternatives existantes pour la finalité, qui est de « maximiser le bonheur » dans une société.
Un des effets de bord du libéralisme, c’est de permettre aussi à une certaine médiocrité de s’exprimer, c’est un prix à payer pour toutes les énergies positives libérées. Et si l’on met en place une autorité pour décider ce qui est médiocre ou pas, cette autorité sera vraisemblablement pervertie avec des effets indésirables pires que le problème que l’on a cherché à règler.
C’est pour cela qu’il faut à mon avis laisser Gleeden faire ses affaires, qui ne seront d’ailleurs pas forcément excellentes. L’adultère a existé avant, existera après, et n’est pas à mon avis en voie de devenir la nouvelle norme, d’autant qu’il est aussi souvent une forme de révélateur de couples qui étaient déjà, pour d’autres raisons, à la dérive.
Je pense qu’il ne faut pas extrapoler les frasques du petit monde politico médiatique, fait par définition d’égos surdimensionnés à qui on donne en plus l’ivresse du pouvoir, à toute la population.
@ Flash: J’aime bien votre commentaire. la loi est un outil, on pourrait l’utiliser, elle et ses recoins tordus pour pourrir cette entreprise au maximum si vraiment on voulait faire quelque chose contre elle. Koz me semble exprimer un idéalisme un peu trop fort envers la loi, sans doute dû à sa vocation. Je ne pense pas que la loi serve à définir la façon dont nous voulons vire en société, la vie c’est la vie, avec toute sa richesse et ses dimensions profondes. Je préfère que la loi s’en tienne au minimum et laisse la société, et nous laisse choisir la façon dont nous voulons vivre ensemble, dont nous voulons faire corps. Et puis enfin soyons sérieux : une loi sur l’adultère ? Une nouvelle loi restreignant la liberté d’expression ? Bof. Facebook et Google, les deux plus grands baisodromes de l’histoire, ont certainement des algorithme leur permettant de savoir qui va tromper sa femme et avec qui. Faut-il au nom d’une mauvaise compréhension de la théorie des structures de péchés légiférer contre l’utilisation de tels algorithmes ?
Ainsi j’aime bien Flash parce qu’il est pragmatique. Pourtant cette question reste : veux-t-on vraiment nuire à cette entreprise ? Finalement le problème est-il l’existence de ce site ou sa promotion, le fait qu’on nous impose sa promotion ? Des sites comme viveladultere.fr ou trompersafemme.fr combien en existe-t-il ?
Non, ce débat me semble parti du mauvais pied. C’est Pneumatis qui a raison : s’il faut faire une loi, virons donc la publicité de l’espace public, de notre espace. Parce qu’elle manipule nos penchants naturels, la publicité nous tire vers le bas, vers la chute. Elle finit ainsi par nous rendre malheureux et c’est un motif tout à fait valable pour la bannir de l’espace public au delà de toutes convictions religieuses.
On fera une loi peut-être en temps voulu (tout commence en mystique et finit en politique), mais là n’est pas l’essentiel. Pour l’instant il nous faut déchirer ces affiches, parce que c’est la vie qui s’exprime, c’est la vie contre le fric, l’individu contre les statistiques, la France contre les robots. Ce monde de m*** on n’en veut pas, cette vie de misère, cette bassesse on n’en veut pas, et il est temps que ça se sache. On est vivant et on va se faire entendre. Telle est ma conviction, et franchement cher Flash, votre légalisme, que je pourrais partager en d’autres temps ou sur d’autres sujets, me semble ici être un réflexe pavlovien guerre adapté aux enjeux.
Depuis que je passe devant ces affiches, aux heures de pointe, entourée d’une foule compacte, je rêve de leur apposer un sticker A4 marqué « Et ça enrichit qui, la promotion de l’infidélité ? ». Mais j’avoue que les suggestions « valérie, heureuse, vraiment ? » ou celle de coller une pomme pourrie en lieu et place de la pomme verte me paraissent encore meilleures. Malheureusement aux heures de pointe je ne suis pas très courageuse.
On pourrait sans doute faire circuler cette recommandation sur les boites mails privées, voire avec un pdf à imprimer tout chaud tout prêt ?
Cher Koz,
Vous mettez en avant les effets destructeurs de l’infidélité sur la personne trompée et sur les enfants. Il me semblerait pertinent pour votre propos (même si vous ne souhaitez pas argumenter à nouveau) de penser aux effets destructeurs de l’infidélité sur celui ou celle qui trompe. Cela permettrait de souligner l’urgence de la prise de conscience que vous appelez de vos vœux en déplaçant votre argumentaire.
Avec tout mon soutien.
Je veux bien votre argumentaire juridique et la proposition de loi qui va avec pour la transmettre à mon député.
Bonjour,
Et que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre.
Certes… faire la promotion de l’adultère à des fins publicitaires tend à en occulter et à en banaliser la gravité et l’impact qu’il a sur les personnes qui se découvrent trompées, sur les familles etc…
Cela étant dit… Si ces pubs existent… C’est que les fondateurs de cette entreprise de débauche on bien compris qu’il y avait un marché (ils ne font pas ça par pure « philosophie » ou par altruisme mais par recherche du profit)… Et s’il est difficile d’évaluer la réalité de l’impact de telles campagnes publicitaires sur l’évolution de la banalisation de l’adultère, j’y vois surtout un signe des temps.
Avez-vous entendu cette statistique qui ressort régulièrement quand nos journalistes se questionnent sur les comportements sexuels de leurs contemporains? Un homme sur deux aurait déjà été infidèle… Une femme sur trois (je ne suis plus très sûr de ce dernier chiffre)… Autant dire qu’on nous ferait presque croire que tout le monde le fait, et qu’être fidèle vous met d’emblée dans la catégorie des ringards. Et puis… un homme sur deux et une femme sur trois… ous m’avouerez que cela représente un juteux marché, non?
Bref tout ceci pour, dire que cette pub n’est pas LA CAUSE, mais la conséquence de la faillite des valeurs dans une époque où la sexualité est présentée de puis 30 ans à notre jeunesse comme une simple activité physique plaisante au même titre qu’une partie de tennis ou un footing… On fait ça avec ceux avec qui on profitera mieux de « l’activité »… et ça n’engage pas plus.
La sexualité n’étant plus le sel du mariage, et ne prenant plus toute la réalité de son sens au sein du mariage aux yeux de nos contemporains… C’est juste une activité comme une autre.
C’est la banalisation de la sexualité, le fait de l’appréhender en dehors de toute considération éthique qui fait le terrain de l’adultère. Rien d’autre. Cette campagne est certes amorale… Je ne blâmerai pas qui arrache ces affiches au risque de se voir verbaliser… Mais au risque de passer pour lâche, je me garderai bien de le faire ou d’inciter qui que se soit à risquer une amende pour ça.
La véritable action à mener, c’est de reprendre en main l’éducation à la sexualité des générations futures et sortir de ce discours relativiste où tout se vaudrait et où l’on mettrait sur le même plan de valeur les partouzes échangistes et la sexualité du couple chrétien. Elle est là l’action de fond à mener.
Ah, Courtlaüs disait plus haut que l’adultère n’était plus une faute dans le cadre du divorce: on lit ça souvent, mais il faut rappeler que c’est inexact. Si l’adultère n’est plus, comme autrefois, suffisant pour justifier automatiquement un divorce pour faute aux torts du coupable, il demeure fautif: les époux se doivent toujours fidélité. Simplement, le juge peut prendre en considération les circonstances: par exemple, lorsque l’ordonnance de non-conciliation a déjà été rendue, mais le divorce pas encore prononcé; ou s’il y a eu violence ou négligence de l’autre partie, etc.
Je dois dire que l’argumentaire de Pneumatis me fait un peu réfléchir. Je n’aime pas trop la notion de violence psychique, qui peut être utilisée un peu à toutes les sauces (et retournée rhétoriquement contre tout affichage religieux, par exemple). Mais il est vrai que l’espace public est de facto régulé, et qu’interdire ce genre d’affichage ne serait pas plus bizarre que de proscrire celui d’organes génitaux ou de propos racistes. Cela ne revient pas pour autant à interdire les comportements visés (l’adultère, le racisme de par soi, ou le port d’organes génitaux).
D’une façon générale, cependant, je n’aime pas trop les interdictions. Je déplore toujours celle du voile intégral, qui donne la saveur de l’interdit à une pratique qui me déplaît. Peut-être ce site va-t-il enclencher la ringardisation à long terme de l’infidélité?
Merci Koz pour ce coup de gueule.
D’autant que les pouvoirs publics savent agir quand ils le veulent. Ils l’ont montré avec la censure du spot « chère future maman » par le CSA.
Malheureusement, ce site est dans la logique actuelle de destruction de la famille et de l’identité des personnes. En route vers le meilleur des mondes.
@ pierra:
@ pierra:
Tout à fait. On sait ce que ça a donné la police des moeurs. C’est souvent un prétexte pour asservir le beau sexe. Notre force à nous c’est la liberté, celle d’être un pourri, ou un type bien. Et de toutes les façons arracher des affiches ne sert strictement à rien, c’est pas ça qui va régler le problème d’infidélité dans le couple. Les gens n’ont pas attendu gleeden pour être infidèle ou même se faire du fric sur l’infidélité (prostitution, call girls, toy boys, espaces libertins, etc …)
Bonjour
Indignation partagée : quel site fera demain et à nouveau la promotion de l’a-moral au motif que c’est aux limites de la loi et pas en dehors ? Comment en parler simplement avec nos enfants (heureusement un peu grands, du moins l’espéré-je) alors que la question de l’adultère ne leur était pas nécessairement venue à l’esprit ? …
Pour autant, je reste plus perplexe sur la forme de résistance que tu proposes, non par respect de cette proposition commerciale indigne, mais en marge de notre responsabilité dans le « vivre ensemble ». Imaginons que demain de nouvelles JMJ soient organisées à Paris et que les évêques republient en 4 par trois des citations d’Evangile dans le métro ? Que répondre à des opposants à l’Eglise qui arracheraient ces affiches au motif que cela les indispose ou trouveraient légitimes de les « pourrir » ? « Rassure-toi, l’amende n’est que de 90 €! » ?!
N’est-il pas d’autres recours – lobbying, actions juridiques, class actions, … – qui permettraient de faire valoir l’indignation d’un certain nombre ? De manière plus générale, comment faire valoir ses convictions, l’inadéquation de certaines expressions à nos valeurs, de manière à ce qu’elles soient à défaut d’être écoutées audibles ? Je ne pense pas que ce soit en arrachant des affiches … Ma conviction est que a manière de faire est parfois aussi importante que le message à partager.
Amitiés
Uchimizu a écrit :
Le libéralisme est d’abord une idéologie, avec des a-priori anthropologiques faux. Gleeden est dans la parfaite logique du libéralisme idéologique du laisser-faire laisser-baiser.
Logopathe a écrit :
C’est en effet ce que je pensais – vous faites bien de corriger 🙂
Alban a écrit :
Outre le fait que je n’ai pas en mémoire que l’Eglise ait engagé un tel type de campagne (mais je peux faire erreur), que les messages à caractère religieux sont exclus par principe par Metrobus parce que contraire à la neutralité (que les campagnes Gleeden, en revanche, ne violeraient pas), les messages de l’Evangile ne contredisent pas les valeurs de la société.
En outre, cela fait maintenant six ans que Gleeden est actif en France. Apparemment, le lobbying et les actions juridiques (je suis bien placé pour le savoir) n’ont pas été concluantes.
Je ne pose pas de cocktail molotov, je n’insulte personne, je déchire du papier.
le Pécheur a écrit :
Je ne suis pas d’accord. S’il y a lieu de s’inquiéter du comportement en dérive d’une minorité de jeunes, je n’ai pas l’impression que la nouvelle génération soit plus débauchée que les précédentes. Je ne veux pas dire du mal de nos parents, mais le monde a toujours été pourri. L’âge du premier rapport est constant ces dernières décennies. Si on pouvait obtenir des statistiques fiables, je suis certain qu’en modulant l’influence d’autres facteurs (par exemple le taux d’urbanisation) on prouverait que les comportements ont peu changé au cours des derniers siècles. C’est l’erreur des nominalistes et des marxistes : le peuple a la tête dure et on ne change pas sa façon d’être, on ne change pas sa culture si facilement, parce que cette culture n’est pas arbitraire, elle est ancrée, elle est un jaillissement de notre nature. Notre nature nous fait pécher, hier comme aujourd’hui, la même nature nous donne du remord, nous pousse à aimer et à offrir. Cela s’appelle la morale naturelle et elle reste, j’en suis convaincu, ultra majoritaire.
On accuse parfois l’ancien temps d’hypocrisie, parce que la bonne société prêchait la morale mais n’en couchait pas moins. On reproche ainsi à cette morale d’être de pure apparence. Eh bien soit, toute hypocrite qu’elle puisse être je souhaite le retour de cette morale, et qu’elle soit d’apparence ne me dérange pas non plus, c’est même cela que je souhaite, qu’on restaure les apparences. Le miroir que la pub nous renvoie de nous-même n’a rien à voir avec qui nous sommes, elle aussi est une apparence, mais elle est bien plus fausse que toutes celles qui l’ont précédé.
@ chauzet: Lisez mes autres messages : @ pierra: je suis tout autant libéral que vous, je n’aime pas qu’on attende de l’état qu’il fasse tout à notre place, mais je ne soutiens pas non plus l’inaction au nom d’un légalisme qui me semble avoir trop parti lié avec le défaitisme.
@ Courtlaïus: Vous ne seriez pas un peu idéologue vous aussi ? Vous n’avez pas répondu @ Uchimizu: mais vous avez réussi à l’assimiler à Gleeden. Chapeau !
Ecrire au gros feutre noir sur une affiche c’est illégal?
Autant je suis la quasi-totalité du temps partisan du strict respect de la loi, par défaut, autant un acte de protestation consistant à détruire une affiche me semble une forme de désobéissance bien gentille, limitée et civilisée. Naturellement, il faut être prêt à payer les 90 euros qui sont la sanction normale d’un tel acte.
Courtlaïus a écrit :
Bonsoir,
étant donné les résultats très relatifs des différents autoritarismes, y compris les régimes religieux à morale officielle, (allez voir quelle est la morale réelle dans les pays qui ont une police des moeurs – Iran, Arabie Saoudite..), je pense qu’il faut avoir beaucoup de modestie dans ces débats.
Je défend l’idée que sur ce sujet, laisser faire les gens ne va pas conduire à la partouze généralisée. D’ailleurs, on est très loin aujourd’hui de la généralisation de moeurs orgiaques que l’on avait prédit après 1968.
Et c’est tout simplement parce que la fidélité, et le couple classique répond à une demande naturelle d’avoir une relation exclusive de long-terme, qui est un idéal largement partagé, même dans une société où la morale catholique n’a plus aucune influence.
Evidemment, c’est un idéal, et il y a un nombre important d’échecs. Je ne sais pas s’il y en a plus maintenant qu’avant (n’oublions pas les maisons de tolérances qui allaient avec la morale victorienne jusqu’en 1950). Je pense que la liberté que l’on laisse aux gens limite l’impact de ces échecs (sur beaucoup d’aspects, l’adultère est préférable à la prostitution).
Après une aventure (qui est presque toujours découverte), on peut choisir, suivant les circonstances de se séparer ou de passer l’éponge. Parfois, la séparation est la moins pire des solutions (un proche a vécu avec des parents étant resté ensemble après un incident de ce type: il aurait préféré cent fois une séparation que les quinze ans d »atmosphère pesante qu’il a subi).
Parfois aussi, on se sépare pour revenir ensemble. ET tout cela se fait sans que l’on rajoute au choc personnel les regards accusateurs, l’opprobe publique (qui s’étendait parfois aussi aux enfants), ou, encore pire, une police des moeurs qui lapide.
65 commentaires sur ce sujet (en un jour) à l’heure où j’écris.
A comparer avec les 38 commentaires du post « Appel. Au nom de l’humanité » du 19 août à ce jour, et les 42 commentaires du post « Au nom de l’humanité. Que fait la France » du 7 août à ce jour.
Vous ne trouvez pas que c’est un peu disproportionné ?
A propos de l’appel du 19 août, je suis atterrée de voir la faible quantité de signataires…
Mon propos ne visait pas à comparer la détérioration d’affiches au viol ou à la torture ! Mais a ce que la violence que l’on utilise -aussi mesurée soit-elle – crée de reactions chez l’autre et de nivellement par le bas du débat public. A creuser encore en la matiere – au vu du contexte actuel en-dessous de tout – on va finir par trouver du pétrole et sans doute est-ce la responsabilité de ceux qui se disent chŕetiens de choisir des combats justes bien sur mais aussi de les mener d’une maniere au-dessus de la melée. Question a cent balles (puisque mon exemple était évacuable par la jurisprudence) : le Christ aurait-il arraché des affiches de Gleeden sur l’espace public ? Je n’ai pas la ŕeponse mais la question peut peut-etre avoir de la valeur …
Je me souviens il y a quelques années avoir vu un film français (impossible de me rappeler lequel, je crois que c’était avec Francis Huster) qui présentait de façon extrêmement positive un personnage qui passait le film à détruire un couple. Ca m’avait pas mal choqué, j’en avais fait la remarque à ma femme : ce film est totalement immoral.
Là où je veux en venir c’est que notre espace public présente depuis longtemps et massivement la tromperie et le mensonge de façon positive. Tu sembles particulièrement choqué par l’aspect commercial de Gleeden, mais les films, livres, émissions de TV ou journaux dont je parle ne le sont pas moins.
Sur la question de l’interdiction, je ne vais pas te surprendre, j’y suis opposé.
D’abord parce qu’une société saine interdit peu, préférant désapprouver. Et si elle ne désapprouve pas, elle ne saura pas interdire.
C’est d’ailleurs un enseignement fondamental du christianisme.
22:15 Alors les pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles.
22:16 Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les hérodiens, qui dirent : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes.
22:17 Dis-nous donc ce qu’il t’en semble : est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ?
22:18 Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit : Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ?
22:19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.
22:20 Il leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ?
22:21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
Pour beaucoup, cet extrait de l’évangile de Matthieu est la base de la laïcité, le principe de séparation de la loi et de la morale. Une différence fondamentale avec d’autres religions comme l’islam où cette distinction n’existe pas.
Enfin, méfie toi de ce que tu souhaites, tu pourrais être exaucé. Peut-être as-tu fait le rapprochement toi aussi, mais je ne peux pas lire la conclusion de ton billet sans penser à la récente interdiction de la publicité « chère future maman ». Nous vivons dans une société où on interdit une publicité incitant à ne pas tuer les trisomiques tout en autorisant celle qui incite à tromper son conjoint. Si tu pousses vers plus d’interdiction, je crains que ce ne soient pas les pubs de Gleeden qui sauteront en premier.
Enfin, tu intitules ton billet « place aux anticorps », pas « place aux antibiotiques ». Assume ta métaphore, les anticorps sont secrétés spontanément par le corps. La société c’est nous, pas le législateur.
Lib a écrit :
Jolie chute. Compliments.
Sans surprise, je suis d’accord avec l’ensemble de ton commentaire, notamment:
Lib a écrit :
Tout juste. Si la société tente d’interdire ce qu’elle ne désapprouve pas vraiment, autrement dit, alors il n’y a pas un large consensus pour désapprouver, alors, c’est le comportement interdit qui deviendra petit à petit de plus en plus largement approuvé, car « rebelle », même si c’est une rébellion en peau de lapin. Les exemples de ce genre d’inversion abondent. La loi ne vaut qu’en ce qu’elle reflète les valeurs de la société, sinon elle sera ignorée et dévalorisée.
@ Alban:
« le Christ aurait-il arraché des affiches de Gleeden sur l’espace public ? »
Je ne sais pas. Mais voilà ce qu’il a fait en certaine occasion :
« Alors, s’étant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, et les brebis et les bœufs ; il dispersa la monnaie des changeurs, renversa leurs tables ; »
Je partage et sais mais c’etait dans la maison de son Pere … Je ne veux pas ergoter inutilement: mon point est de penser que notre vocation est d’elever l’autre dans le respect de sa liberté … Mais c’est drolement dur ! Et je partage avec vous qu ‘il peut etre de bonnes coleres … Encore nous faut-il savoir qu’en faire. Je vis au quotidien – comme beaucoup d’autres peut-etre – la difficulté a trouver une réponse concrete. Mais je pense que ce type de question – et bcp d’autres – est la condition pour etre des artisans de paix et des infirmiers d’hopital de campagne (toute référence …). Amitiés@ Cardabelle:
Quitte à envisager des actions ‘sauvages’, il y a aussi la possibilité de saturer leur serveur web.
Je ne pense pas que ce soit illegal de se donner un rendez-vous à une date précise sur le dit site?
Au temps pour moi, c’est bien illégal.
Cela dit je suis plutôt de l’avis de Lib.
Cardabelle a écrit :
Si, et je trouve que c’est parfaitement à l’image de la place des débats sur les « moeurs sexuelles, auxquelles catholiques et anti-cléricaux donnent à mon avis beaucoup trop d’importance.
Peut-être cette importance est-elle due à la facilité d’avoir une position tranchée sur le sujet et de mépriser ses contradicteurs. Mais après tout, la vie n’est pas facile tous les jours, nous aurions tort de nous priver d’un petit plaisir qui ne fait de mal à personne (tant que cela reste sur internet)
Lib a écrit :
Pas tjs spontanément chez tout le monde ; si c’était le cas on aurait pas besoin du petit coup de pouce des vaccins. Vouloir laisser les anticorps lutter seuls contre une infection dans un corps déjà profondément malade me semble très optimiste.
Lib a écrit :
C
C’est plutôt à la rigueur un principe de juste répartition des pouvoirs temporels et spirituels. La vertu ou la morale était au contraire le fondement d’une république digne de ce nom pour les philosophes romains et des lumières. Séparer la loi de la morale, c’est en fait le début de la fin.
@ Cardabelle:
Moi aussi j’ai vu un message de twitter illustré d’un tel propos qui avait beaucoup plu à Caroline MECARY l’avocate LGBT.
La campagne de publicité de Gleeden à la RATP va continuer jusqu’à fin septembre. Ce n’est pas la première fois. La RATP accueille depuis 2011 la pub de Gleeden, les voyageurs sont dérangés par celle-ci et la régie s’en fiche totalement. Par conséquent la RATP et Gleeden doivent assumer les désagréments que le taggage et l’arrachage des affiches leur créent. Selon le contrat, la RATP n’est pas responsable de renouveler les affiches, cela se fait aux frais de Gleeden. Le plus souvent que les supports seront dégradés le plus souvent qu’ils seront enquiquinés.
Les coûts de ces campagnes sont très chers, rien que les tarifs de la RATP sont de plusieurs milliers d’euros par jour. Pour Gleeden il est très facile de savoir l’effet des campagnes de pub, c’est-à-dire combien de nouveaux membres en résultent. Il paraît qu’il y a 70% d’hommes et 30% de femmes et que beaucoup de femmes sont des professionnelles. A mon avis le produit ne répond pas aux attentes et il doit y avoir pas mal de déçu-e-s. La question est de savoir si le truc atteint un équilibre, ceux qui partent sont-ils remplacés par de nouveaux arrivants et le bilan est-il positif ou négatif à terme. Si le bilan est légèrement négatif, Gleeden ne pourra pas continuer à financer des campagnes de pub aussi onéreuses et sa croissance stagnera. Attendons septembre 2015 et peut-être un billet de Koz sur le sujet. Si j’étais un usager du métro parisien je dégraderai le plus possible les pubs de Gleeden. Je me rends compte que ce n’est pas facile à faire car un voyageur boulot-métro-dodo finalement n’a pas beaucoup de possibilités et le risque de se faire pincer est peut-être assez élevé.
Koz, comment qualifier juridiquement cette publicité gleeden au regard de l’article 212 du code civil « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance » ? Je pense à des termes comme apologie, complicité, etc… Je ne suis pas juriste, mais je trouve surréaliste que dans ce pays, l’adultère soit regardé d’un regard potache alors qu’elle constitue une violation des textes de loi encadrant le mariage.
@ Taizeux:
Que ma question plaise ou non à cette dame (dont vous m’apprenez l’existence) m’indiffère complètement.
En ce qui me concerne, je maintiens mon interrogation. Il n’y a pas de commune mesure entre l’expulsion, la déportation, le viol, le massacre des populations minoritaires (dont les chrétiens) en Irak et un appel à l’adultère, aussi scandaleux soit ce dernier.
Ce n’est pas Koz que je mets en … cause ici. Je m’interroge seulement sur le peu d’intérêt qu’ont suscité ses deux derniers posts sur l’Irak. Et à ce jour, il n’y a toujours que 1683 signataires à l’Appel « Au nom de l’humanité ». Vous trouvez ça normal ? Moi pas.
Cardabelle a écrit :
Il se peut aussi que ce ne soit pas de l’indifférence, mais tout simplement un désaccord: même parmi les nombreux lecteurs de Koz, il ne se trouve pas nécessairement une majorité favorable à l’envoi de troupes françaises en Irak. On peut le regretter, mais on peut aussi le comprendre. J’ai pour ma part exprimé des doutes et je ne suis pas le seul.
Par contre, il est toujours plus facile de lâcher un petit commentaire sur un sujet plus léger sans trop avoir besoin de réfléchir.
Les mœurs font la cité. En l’absence d’une vision commune forte sur des notions simple comme famille, individu , communauté et de leurs relations respectives incarné par des archétypes , la pensée libertaire progressera.
Dans ma bonne ville de Nantes, voici que je vois cette pub à l’arrière des bus depuis le 2 septembre, et ça va durer jusqu’au 8…
Et voilà comment la TAN nous explique et se justifie
« Les recettes publicitaires générées par l’affichage sur les flancs et arrières bus, ainsi que les opérations limitées d’habillage du tramway contribuent partiellement au financement des transports publics. Elles permettent en particulier de couvrir les frais d’information et de communication de la Semitan envers ses clients (fiches horaires, plans, guides, campagnes d’information, etc). »
« Le contrat qui lie la Semitan avec la régie publicitaire en charge de vendre les arrières ou les flancs bus à des annonceurs nationaux ou locaux s’effectue dans un cadre légal strict. A l’interdiction sur le tabac, et aux les limites légales sur l’alcool, s’ajoutent de nombreuses réserves dont par exemple celle sur «le respect des bonnes mœurs». Néanmoins, le cadre juridique régissant la publicité dépasse très largement les limites du territoire d’une agglomération. »
« Les campagnes qui apparaissent sur les véhicules nantais sont le plus souvent nationales, et diffusées sur différents supports, dont les affiches du métro ou sur les bus des grandes agglomérations françaises. La campagne nationale actuelle concernant ce site a été approuvée par un organisme national (BVP). »
Je vois rouge!!!!
@ jfsadys: En l’occurrence, ce ne sont pas des hommes, mais des femmes. Du moins est-ce l’argument qui est avancé pour faire croire aux hommes que les femmes les y attendent.
Koz, concernant le BVP et/ou le respect de la morale, n’y a-t-il pas des articles dans la Constitution (ou, à défaut, la loi) qui interdisent ce genre de déliquescence morale ? Certes, nous savons bien que le BVP ne fait plus son office depuis longtemps, mais n’y a-t-il pas également le CSA qui devrait pouvoir être mis en demeure d’intervenir ?jfsadys a écrit :
Lib a écrit :
« Harry, un ami qui vous veut du bien », sans doute ? Si c’est celui-là, c’était un poil plus compliqué : il s’agit d’où situer le curseur entre sa liberté individuelle (et sa dose d’égoïsme) face à sa liberté personnelle (et son engagement relationnel). Film dérangeant, certes, mais qui peut permettre de réfléchir à pourquoi l’on fait tel ou tel choix.
Là où c’est compliqué, pour en revenir à notre sujet, c’est que Gl**den ayant payé pour publier sa prose, et ce dans un espace privé (les espaces d’affichage de la RATP) situés dans un espace « public » (encore que sous le coup d’un règlement intérieur, pour le réseau ferré), c’est porter atteinte à leur « droit » que de rendre illisible leurs affichages.
Tiens d’ailleurs, si l’arrachage est difficile (ce qui n’est le cas que lorsque le support a été « nettoyé » avant, sinon le multi-couche de papiers favorise ledit arrachage), le recouvrement est moins compliqué, bien que tout autant punissable. Une affiche de concert gratuit ou un simple rappel de textes légaux et/ou libres de droits ne peuvent pas être interprétés comme commerciaux, mais le pouvoir couvrant « vous expose à des poursuites ».
La question est : si vous avez les moyens d’intervenir sur une affiche, que vous décidez d’agir, faut-il agir discrètement ou au contraire de façon à ce que d’autres personnes vous voient, et si elles croisent votre regard, pourquoi ne pas engager une discussion sur le sujet ?
J’ai bien peur, dans ce dernier cas, que certain(e)s d’entre nous ne découvrent avec amertume que pour les uns, « c’est pas (si) grave », pour d’autres « Y a plus important que ça » (c’est vrai mais c’est pas une raison), pour d’autres encore « même notre président il fait pareil » (et les 4 avant lui aussi mais avec plus ou moins de discrétion…) mais c’est logique pour un président qui joue à l’homme normal, pour d’autres enfin ils vous reprocheront de porter atteinte à l’annonce car en fait ils aimeraient bien oser faire ce qui s’y trouve promu… parce que ça leur paraît plus facile que de revitaliser leur vie amoureuse (avec la personne qu’ils ont choisie au début, bien sûr).
Pour ma part, ce sont les publications d' »Ad0pte un mec » qui m’irritent profondément. Entre autres… car la réalité est là : la majeure partie des personnes qui fréquentent ce genre d’établissement sont déjà « en couple ». Et parfois depuis l’âge de 13 ans (voyez donc sur FB), en tout cas dans le statut si pas toujours avec la même personne : aujourd’hui, peu de gens osent rester seul le temps de se construire et d’avoir « quelqu’un » (soi-même) à proposer à la personne avec laquelle ils décideront de s’engager. Peut-être que Gl**den n’aurait aucune importance si la notion d’engagement était placée ailleurs que chez les opérateurs téléphoniques…
Bonjour,
Il faut donc distinguer dans cette affaire la publicité et l’entreprise qui en bénéficie.
Gleeden mise en partie sur l’indignation que ces affiches susciteront auprès des gens : quoique vous en dites, je suis convaincu qu’une majorité de personnes sont choquées par cette publicité, et, au-delà, par le service proposé. Cette indignation accroît la visibilité de l’entreprise : comme en témoigne les commentateurs qui en ignoraient l’existence avant votre coup de gueule.
Du point de vue des valeurs, la majorité des gens est opposée à ce genre ce chose, mais les valeurs cèdent parfois face à la lassitude du quotidien, aux rancoeurs étouffées, aux frustrations… En définitive, ce n’est pas tant ce site qui est en cause, que ce dont il profite : le désir de renouveau, la soif de jouissance dans le renouvellement de l’autre et de soi… Peut-être me répondrez-vous que ce site aura pour effet de favoriser l’infidélité… Je n’y crois pas vraiment : les sites de rencontre étaient déjà fréquentés par les personnes mariées… Ce sont les mêmes qui éventuellement se tourneront vers Gleeden : au regard de votre préoccupation légitime pour la souffrance occasionnée aux tiers par l’infidélité des amants, on pourrait même considérer que ce site représente un progrès : sur les sites de rencontre ordinaires, les gens mentent sur leur situation familiale, faisant naître de faux espoirs, rejouant les liens extra-conjugaux d’antan – mensonges durables, promesses non tenues, maîtresse blessée révélant l’incartade sexuelle de son amant à la famille de ce dernier, etc.; sur gleeden, les deux amants étant chacun engagés ouvertement dans des liens conjugaux, le point de départ est plus clair, plus honnête en quelque sorte…
De manière générale, on n’insiste pas suffisamment auprès des gens sur la vigilance dont il faut faire preuve pour préserver le lien conjugal : entretenir le lien de séduction, etc. En tout cas, faire en sorte que l’on ne reste pas fidèle seulement par devoir, mais aussi et surtout par désir.
@ Flash:
Mais ce que beaucoup persiste à ne pas vouloir voir, c’est que cela fait bien longtemps que la fidelité ne fait plus partie des bonnes moeurs. Le texte date de 1804, dans une France éminemment rurale et catholique. Cette France là n’existe plus depuis que l’on peut aisément vendre à la première chaine de TV en France des concepts d’émissions fait pour tester la fidélité de couples, et que certaines études tendent à prouver que près de 30 à 50% des français y ont succombé…
On peut vouloir tenir la digue mais elle coule de partout.
Bonjour Pierra,
pierra a écrit :
Vous avez tout à fait le droit de ne pas être d’accord avec moi. Et je dirais même que certains de vos arguments sont en effet exacts. Et j’avoue que j’aimerais vraiment pouvoir me rassurer avec… Cependant, ils ne contribuent malheureusement pas à rendre compte de toute la réalité dans laquelle nous vivons.
La pub Gleeden n’est jamais que le dernier épisode en date (un épisode qui va certes au bout de la démarche et e façon très explicite). Regardez donc la télévision et penchez vous sur l’évolution des pseudos valeurs qui saturent aujourd’hui le cinéma, les séries TV, les talk show, les émissions de téléréalité sur la relation amoureuse ou la sexualité… Le pire étant les émissions destinées à la jeunesse… Vous vous rendrez bien compte comment la sexualité est essentiellement promue sur son versant édoniste… Que la seule recommandation faite aujourd’hui en matière de sexualité c’est… d’utiliser le préservatif. Je passe sur le fait qu’on a fait du mariage (le mariage « pour tous » est le dernier acte en date de cette nouvelle vision du mariage), non plus une institution durable ciment de la société et de la famille, mais un simple contrat révocable à l’envie (grâce à la procédure amiable de divorce… qu’on voudrait simplifier encore plus) et pour lequel le simple sentiment amoureux (dont on connaît la fragilité et la durée limité : le temps qu’il faut pour cesser d’idéaliser l’autre une fois l’épreuve de la réalité passée) est devenu la cause nécessaire et suffisante au yeux de nos contemporains.
On se marie parce qu’on est amoureux… Les considérations de compatibilité de valeurs ente fiancés, tant sur le plan du rapport à l’argent, à la prise en charge des enfants, à la place qu’on donne à la famille de l’autre, on n’y pense plus… On ne réfléchit plus à l’impact que cela aura sur le lien conjugal. Or contrairement à ce qu’on peut croire, l’infidélité n’est pas la première cause du divorce. Elle n’est que son préambule après que le lien conjugal ait été usé bien avant par les conflits chroniques au sein du couple alimentés par les questions matérielles, par les divergences de valeurs éducatives dans la prise en charge quotidienne des enfants etc… La majorité des familles désunies que je croise dans mon travail (un paquet) se sont majoritairement disloquées sur ces questions qui n’avaient pas été suffisemment discutées avant l’union… et qui auraient dû conduire les conjoints à se demander s’ils étaient réellement faits pour vivtre ensemble et fonder une famille. L’infidélité surgit quand le couple est usé par tout un tas de choses qu’on ne prend plus en considération avant de se marier parce que… Seul le sentiment amoureux est présenté comme important… Et important au point de considérer que quand il n’est plus là, il n’y a pas de raison de se priver d’aller chercher ça ailleurs.
Si aujourd’hui on n’est plus amoureux « comme au premier jour » 10 ou 20 ans après son mariage, on n’hésite bien moins qu’avant à aller voir ailleurs (on le faisait peut être avant aussi, mais on restait dicret, ne divorçait pas forcément pour autant, alors qu’aujourd’hui on le fait de façon décomplexée parce qu’on trouve ça… « normal ») parce que ce qui doit primer dans nos médias et dans la vision qu’ils entretiennent du couple, c’est d’éprouver « le grand frisson ».
Relisez Mme Bovary de Flaubert… Il est cruel avec elle… Ce roman a fait scandale à l’époque… Mais pourtant aujourd’hui notre société est une usine à Bovary des deux sexes! On s’ennuie face à la réalité de son époux-se et on fantasme sur une top-model ou un play-boy plein de sous… Avant ça scandalisait… Maintennt tout est fait pour nous faire croire que c’est normal, voire très sain.
Nos jeunes ont toujours leurs premiers rapports vers 17 ans… Depuis 40 ans… Certes… Mais c’est souvent plus pour des question de maturité psycho-affective qui font qu’on ne se sent pas forcément prêt pour le passage à l’acte avant, que parce qu’on intègre toujours une vision de la sexualité plus romantique ou idéalisé. Cette vision idéalisée de l’amour qui dure toujours… qui évolue avec le temps… que certains de nos jeunes ont peut être encore… Survit souvent très mal à la première déception amoureuse, pour dériver peu à peu vers le pire des cynisme.
Travaillant auprès de jeunes de tous horizons qui n’ont pas à voir en mon regard un regard moral, chargé d’une autorité parentale de substitution… Je peux vous assurer que j’entends souvent que ceux ci, filles ou garçons, intègrent une vision de la sexualité de plus en plus consommatoire. Je ne dirais pas que ce qu’ils disent est forcément représentatif de ce qu’ils font ou de ce qu’ils espèrent… Qu’ils ont renoncé à toute illusion… Mais c’est en tout cas très raccord avec ce qu’ils voient à la télé, lisent dans une certaine presse, ou entendent partout autour d’eux.
Regardez certaines séries américaines à succès par exemple (je pense à Grey’s Anatomy ou Private Practice par exemple… Je vous fais grâce des Feux de l’Amour)… Au fil des saisons qui se succèdent… Les personnages vont avoir couché au moins une fois avec tous les autres personnages de l’autre sexe (plus rarement du même… mais ça arrive aussi)… Le dossier spécial sexo de tel magasine féminin qui vous prétend qu’on peut rallumer la flamme comme au premier soir (sauf qu’on oublie que vous et votre époux n’avez plus le même corps ou le même rythme de vie une fois les enfants arrivés), ou la rubrique amour ou psycho de telle autre revue pour jeune fille qui présente les « jules » comme nécessairement nuls et intercheangeables (je l’ai vu de mes yeux)… Que dire des émissions genre « Secret Story », Le Ch’tis ou les Marseillais qui vous montrent comment on se jure un amour éternel, voire qui organisent des pseudos mariages de « fiancés » qui passent leur temps à s’engueuler une fois qu’ils ne sont plus au lit! Que dire des magasines « People » qui nous montrent comment les stars passent leur temps à voler d’un lit à l’autre???
Vous me direz qu’on n’est pas obligé de regarder ces programmes… ou la télé… Ou de lire une certaine presse… Certes… Mais cette hypermédiatisation du couple en CDD y est bien véhiculée que vous le vouliez ou non… Et ces représentations du couple ont nécessairement un impact sur le grand public! Et cette escalade a commencé il y a une vingtaine voire une trentaine d’années. Jusque ce qu’il faut pour banaliser l’idée « qu’il faut vivre « librement » sa sexualité soit ne plus s’embarasser de limites morales tenant en compte notre fidélité aux promesses que l’on a faites à son conjoint légitime.
A ce propos (étant légèrement insomniaque je zappe beaucoup la nuit) je suis effaré de l’inflation de « reportages » raccoleurs sur des grandes chaînes de télé nous présentant les pratiques sado-masochistes, l’échangisme, ou le libertinage, comme des pratiques très répandues, banales et innoffensives alors qu’elles sont en réalité très minoritaires et surtout le fait de personnes pour qui la notion de fidélité est plus qu’élastique.
Evidemment, on n’est pas obligé de les regarder, contraîrement à la pub Gleeden… Mais cela traduit bien la vision du couple mise en avant dans nos médias!!!
A bientôt
J’arrive en retard sans avoir lu tous les commentaires, juste parcouru.
Ça me paraît très naïf de croire qu’on va être incité à tromper par une publicité . Si on s’intéresse à ce genre de site, c’est qu’on est déjà motivé.
Genre le type sur le quai de métro qui se dit : « Tiens il est pas mal le nouveau Samsung, faudra que j’aille le voir à Darty ; oh et puis tiens, je vais tromper ma femme aussi »…
Arracheur de campagne Gleeden à mes heures perdues (une bonne cinquantaine ces derniers jours), j’ai une petite histoire sympa à vous transmettre : j’arrachais gaiement une affiche réticente, quand pour la deuxième fois de la soirée, bim la sécurité RATP ! Contrôle des billets, qu’est ce que vous faites, c’est illégal, patati patata. Et puis j’explique à nos chers amis que cette pub tente de convaincre leur femme de les tromper, leur mère de tromper leur père, etc.
Et là, surprise, ils sont tout à fait d’accords ! Et nous félicitent presque 😉
Pour la forme, leur chef nous dit de quitter les lieux, et l’un d’entre eux nous glisse en aparté : « je vous soutiens complètement ! ».
Que du bonheur.
Salut Olivier,
c’est leur troisième campagne de pub. Pour une jeune start-up comme celle-ci, ce genre de dépense n’est engagée que si elle transforme. Et si elle transforme bien !
Ils en sont pas au stade de développement où on peut se permettre de faire de la pub pour la renommée, comme c’est souvent le cas pour des grands groupes.
Là, tu peux être sur que le calcul est bon, et que la pub est rentable. Donc, des gens se font avoir.
Et au final, qu’est ce qui importe le plus au juste ? Leur intention, ou leur réussite ? Clairement, leur objectif est de pousser les gens à l’infidélité. Tu penses qu’ils n’y arrivent pas ? Je l’espère ! Mais leur détermination à réussir est évidente.
Tcho !
@ OlivierJ:
OlivierJ a écrit :
Certes. La tentation existe, ce n’est pas cette affiche qui va la créer (ou de façon epsilonesque peut-être). Mais elle pose le passage à l’acte comme normal (voire souhaitable). C’est là qu’il est, le principal glissement selon moi. Les tentations il y en aura toujours. Et des gens qui y succombent, aussi. Mais le taux de passage à l’acte, l’évidence de celui-ci, et son acceptation sociale, font (je crois ) une vraie différence.
@ Cardabelle:
je n’étais pas né en 1940 et je ne sais de cette époque que ce que mes aînés ont bien voulu m’en dire. Combien de résistants en France au lendemain de la défaite de juin 40? Trente mille, quarante mille, soixante mille? Nul ne le sait vraiment je suppose. Dans une situation très différente aujourd’hui peu de personnes ont signé la pétition initiée par Koz, un petit peu plus ont signé la pétition de citizen.org mais y a pas eu foule pour signer. Depuis plusieurs dirigeants politiques et religieux ont fait entendre leur voix. Donc même si beaucoup n’ont pas signé et si rien n’est réglé sur le fond, on n’est plus dans le silence total et l’indifférence totale. Bien que je n’ai aucune compétence à parler de cela je pense que le Tribunal Pénal International est un progrès dans l’Histoire de l’Humanité. Actuellement plusieurs milliards d’êtres humains ne se font pas la guerre. Je rêve donc qu’un jour les deux cents états de notre planète créent une force militaire d’intervention rapide pour mettre fin aux atrocités qui se produisent ici et là dans le monde. A l’exemple de ce qui se passe actuellement en Irak. Et que l’on revoit donc le mode de fonctionnement actuel de l’ONU.Je remarque enfin sur le blog de Koz, dans les médias, sur internet, qu’il y a beaucoup de personnes à gauche comme à droite qui pensent avec des arguments sérieux que nous devrions arrêter d’intervenir comme nous le faisons depuis l’Afghanistan. J’aimerais croire que vouloir la paix c’est préparer la paix. Mais c’est mal barré non?
Arracher les affiches publicitaires Gleeden, heu, sérieusement ?
Je suis partagé entre le rire et le haussement d’épaule, ça fait adolescent, franchement (et c’est prendre les autres pour des enfants). Chacun son truc, mais c’est plutôt ridicule, Don Quichotte serait fier de ses lointains cousins.
« Clairement, leur objectif est de pousser les gens à l’infidélité » : Mouais… Elle est surtout d’attirer sur leur site ceux qui en ont envie. Ça n’augmentera pas d’un iota l’infidélité existante, on n’a pas attendu un site Web pour être infidèle.
« Mais elle pose le passage à l’acte comme normal (voire souhaitable) » : vous n’êtes pas sérieux. Personne ne trouve l’infidélité souhaitable. Quand à la trouver normale, ce n’est pas en ces termes que je penserais. Elle existe depuis toujours et les gens y succombent ou non. Le site va tirer parti d’un phénomène existant.
Sinon avec des raisonnements pareils, on pourrait s’amuser à dire que les publicités pour l’alcool posent l’ivresse comme normale voire souhaitable.
cher OlivierJ
Il va donc falloir que vous militiez pour la publicité libre sur l’alcool et le tabac.
On se demande bien pourquoi la Loi Evin, tiens….
Je ne comprends pas bien pourquoi je militerais pour la publicité libre (?) sur l’alcool et le tabac.
On n’a plus de publicité pour le tabac, je ne m’en plains pas, mais on a encore trop de fumeur je trouve (quand on sort par exemple, et les jeunes femmes en particulier, ça me frappe) ; et on a encore de la publicité pour l’alcool, avec les avertissements sur l’abus. L’état actuel me convint, et je ne suis pas favorable à une interdiction.
@ DigniFax:
@ Courtlaïus:
« L’infidélité n’est pas pénalisé » Courtlaïus ??
Elle n’est pas pénalisé en tant qu’infidélité, mais dans un divorce (c’est la première raison du divorce en France) , c’est celui qui a été infidele qui se retrouve en tord, et qui va se retrouver à donner de l’argent à son ex-conjoint au moment de la séparation…
@Hely: c’est « pénalisé » dans le sens « relevant du code pénal », je pense. Effectivement, l’infidélité ne relève plus du code pénal, et vous n’encourrez aucune peine si votre infidélité est découverte. En revanche, comme vous le soulignez, elle reste une faute dans le cadre du divorce.
Bonjour,
Ne serait-il pas plus utile, moins risqué et moins onéreux de jouer le jeu de la tromperie avec Gleeden?
Inscrivons-nous en masse sur Gleeden en nous faisant passer pour des femmes si nous sommes des hommes (faut vivre avec son temps…), ce qui évite les frais d’inscriptions.
Ensuite nous entrons en contact avec des maris désireux de tromper leur femme.
Après quelques échanges écrits, nous pourrons leur parler des conséquences de ce qu’ils sont sur le point de faire etc.
L’autre option est d’aller jusqu’à la rencontre pour offrir la déception de sa vie au mari qui espérait une soirée sensuelle avec une belle étrangère.
Dans les deux cas le mari trompé aura l’occasion de ressentir lui-même ce que c’est d’être trompé!
Au final, si la démarche est massive, Gleeden deviendra surtout un site pour être trompé…
Au boulot!
Ah ah, votre idée me plaît bien Francis…
ça me fait penser aux mails que l’on reçoit de temps à autre de certains contacts mais qui sont en fait envoyés par des « brouteurs ».
L’arroseur arrosé, version moderne.
Ah, il y avait une belle chanson sur la méthode préconisée par Francis: https://www.youtube.com/watch?v=ot3cVY1JESQ
Décidément, je suis estomaqué en lisant certains commentaires.
Francis, vous n’avez vraiment rien de mieux à faire que de perdre du temps et celui d’autres personnes ? Surtout que ça ne dissuadera personne, votre idée.
Les gens sont adultes, ils font des erreurs, tout comme vous, juste pas les mêmes.
Bonjour OlivierJ,
« rien de mieux à faire que de perdre du temps et celui d’autres personnes »…
Ben si justement, et dans ma vie j’ai déjà « perdu » un paquet monstrueux de temps à aider des hommes, des femmes et des enfants qui souffrent de l’infidélité et de séparations (sans parler de l’aide matérielle apportée à des personnes qui ne voulaient plus dormir dans leur foyer…).
Gleeden m’offre ici une belle opportunité de gagner du temps sur mon avenir! Démarche purement égoïste, certes, mais il faut bien vivre avec son temps.
Quant aux erreurs que tout le monde fait, pourquoi pas ne pas essayer de les éviter?
Cordialement,
Francis Willems
OlivierJ a écrit :
je ne suis pas d’accord, bien souvent, le choix -ou non- de l’infidélité est la conséquence d’une rencontre, au boulot, au club de sport ou à la sortie de l’école … ce site, au contraire, invite à l’infidélité à priori, en la présentant comme un délicieux fruit défendu à croquer, et propose ensuite de choisir la rencontre qui va avec…c’est donc bien incitatif…
par ailleurs, votre comparaison avec l’alcool ne tient pas la route : la pub pour de l’alcool n’incite pas à l’alcoolisme et ne met personne d’autre en cause…. le fait même de proposer de s’inscrire sur le site de Gleeden est une incitation au mensonge et à la trahison envers une autre personne : c ‘est comme si on disait : n’honorez pas vos engagements, ne respectez pas la parole donnée, ne soyez pas fiable, etc… et le plus hallucinant est que dans leur laïus administratif, ils se permettent de demander aux inscrits d’être honnêtes (sic)… envers Gleeden : « L’intégrité est à la base de notre travail,… » (resic)
A part ça, j’ai 3 enfants adolescents : … je peux vous dire qu’ils sont estomaqués quand ils voient ces pubs, ils les prennent comme une grande baffe que leur envoie le monde des adultes, et c’est eux-mêmes qui m’ont dit qu’ils avaient envie de déchirer ou taguer ces affiches : donc, oui, vous avez raison, ça fait adolescent , c’est une façon de dire : si c’est ça ce que vous avez à nous proposer, nous n’en voulons pas…
Si la pub pour l’alcool n’incite pas à l’alcoolémie (je suis d’accord, c’était pour le raisonnement), alors la pub pour Gleeden n’incite pas à l’infidélité, tout comme la pub pour l’alcool n’incite pas les musulmans pratiquants à s’y mettre. La pub pour Gleeden incite juste les gens qui en ont envie à passer par le site, tout comme ceux qui ne sont pas contre l’alcool pourront être tenté de goûter telle boisson indiquée.
Et oui, ça fait adolescent, car la littérature est remplie d’histoires d’amour, mais aussi de rupture et d’infidélité. On éradique ces livres ?
J’ai été adolescent, de parents s’aimant, je ne pense pas qu’une telle publicité m’aurait choqué (surpris, oui), mais chacun sa sensibilité.