Je ne croyais pas, en réagissant à l’article de Sylvain Etiret, que la résurgence du débat sur l’euthanasie était si flagrante. Et pourtant. L' »Association pour le droit à mourir dans la dignité » n’a pas hésité à organiser une audition de l’ensemble des candidats à la présidentielle sur cette question. Un manifeste de soignants en faveur de la légalisation de l’euthanasie a également été publié.
Une telle démarche me heurte à deux égards.
D’une part, depuis quelques jour, je développe une allergie viscérale pour la préemption de la dignité que développent les tenants de l’euthanasie. « Mourir dans la dignité« . Préférer vivre encore serait-il donc indigne ? Celui qui face à l’agonie ne veut pas basculer tout de suite dans un éventuel néant est-il donc indigne ? Je sais bien qu’il ne faut pas dérouler trop hardiment la pelote de la déduction et attribuer des intentions qui n’existent pas à ceux qui se revendiquent de cette dignité-là. Mais je ne suis pas certain de faire erreur. Pas certain du tout.
D’autre part, la pression qu’exerce l’ADMD sur les candidats et la société me paraît relever d’une étonnante conception du débat démocratique. Une loi a été adoptée. Elle l’a été à l’unanimité, au terme de débats complets et… dignes (première et deuxième séance du vendredi 26 novembre 2004), ayant permis la prise en compte de l’ensemble des points de vue.
Citons l’intervention de Philippe Douste-Blazy, à l’époque Ministre de la Santé :
« Monsieur le président, monsieur le rapporteur de la commission spéciale, mesdames, messieurs les députés, avec Mme Vautrin, nous aimerions d’abord vous rendre hommage, rendre hommage aux quatre groupes politiques qui, dans le consensus et le dialogue, ont su rédiger un texte de loi pour que tous les Français puissent mourir dans la dignité.
Cette initiative parlementaire honore notre démocratie. Le consensus politique sur laquelle elle s’est appuyée honore l’intérêt général, auquel nous sommes tous très attachés. Pour voter cette proposition de loi, chacun de vous a accepté de comprendre l’autre dans sa différence : comprendre celui pour qui la vie est sacrée, comprendre celui pour qui la liberté individuelle est inaliénable, comprendre enfin celui pour qui l’interdit de tuer est une valeur essentielle de notre société.
(…)
Mesdames, messieurs les députés, je souhaite que cette initiative parlementaire ne reste pas un cas isolé mais qu’elle devienne un modèle à reproduire.
Après tant de débats, je crois pouvoir affirmer aujourd’hui que nous nous sommes retrouvés autour d’une même vérité : déterminer la règle sociale garantissant de mourir dans la dignité en refusant l’obstination déraisonnable qu’autorise pourtant le progrès de l’esprit humain. La proposition de loi, dans son article 2, autorise le médecin à augmenter les doses d’anti-douleurs, même si cela peut entraîner la mort. Elle donne le droit aux patients en fin de vie, dans son article 6, à refuser le traitement de trop, sans qu’aucun médecin ait le droit de s’y opposer. Elle permet, dans son article 9, à un collège de médecins, en consultant les proches, de laisser partir le malade inconscient artificiellement maintenu en vie.
Oui, je soutiens cette proposition de loi car ces trois avancées sont majeures. Elles modifient le droit aujourd’hui et changeront la réalité demain. La philosophie de cette loi, équilibrée et tolérante, ce n’est pas le dogme, ni la science, ni même la morale, c’est l’humanité. Elle n’instaure pas de procédures automatiques, mort ou survie, comme l’ont choisi certains de nos voisins européens. Elle organise le temps du dialogue entre le patient, ses médecins et ses proches. C’est dans cet échange humain et collectif que le malade atteint d’un cancer terminal peut choisir de passer de la chimiothérapie à la morphine. À l’inverse, le médecin peut refuser le choix du malade qui s’oppose à une transfusion sanguine aux urgences.
Le respect de la vie, c’est d’abord le respect du temps de la décision humaine. C’est cela le modèle français de l’accompagnement en fin de vie que nous avons tous su définir ensemble, loin des clichés. Et je souhaiterais ici en remercier tous les acteurs, membres de la représentation nationale, qui nous ont prouvé vendredi dernier qu’ils savaient évoluer, écouter, construire au service des Français. Je voudrais saluer les représentants des églises, qui ont su se souvenir qu’elles bannissaient toutes la souffrance sans pour autant désacraliser la vie. Je voudrais saluer Marie de Hennezel, qui a convaincu du bien-fondé d’un modèle de culture des soins palliatifs, auquel le ministère de la santé dédiera 43 millions d’euros pour les trois prochaines années.
Désormais, avec cette loi, la fin de vie en France aura un autre visage. Elle sera un moment de choix et plus un moment de soumission. C’est pourquoi « le sage vit non autant qu’il peut vivre mais autant qu’il le doit », disait Sénèque, il y a deux mille ans déjà, dans ses Lettres à Lucilius. La vie ne vaut pas d’être achetée à n’importe quel prix. Et le philosophe latin d’ajouter : « parfois cependant, même si le sage est menacé d’une mort certaine et n’ignore pas le supplice qu’on lui réserve, il n’y prêtera pas lui-même la main. C’est sottise de mourir par crainte de la mort. N’est digne de mourir que celui qui assume l’épreuve de vivre ».
Mesdames, messieurs les députés, lors des débats parlementaires, certaines voix se sont élevées pour que ce texte ouvre la porte à une autre loi qui dépénaliserait l’euthanasie. J’aimerais leur répondre ici qu’ils prennent garde aux décisions faciles, aux amalgames, aux raccourcis.
Ces raccourcis sont pour moi de deux ordres et tous à éviter.
La première erreur serait de dépénaliser l’interdit de tuer. C’est la cohésion de notre société tout entière qu’elle remettrait en cause. Ne nous laissons pas entraîner par l’immédiateté de certaines informations ou le particularisme de certaines situations. Oui, mes pensées vont aussi en cette heure à Mme Humbert, dont je salue le dévouement et le courage. Mais les Français n’attendent pas de nous que nous légalisions le droit de donner la mort.
La proposition de loi en est le reflet et elle répondra à leurs attentes dans l’immense majorité des cas.
La deuxième erreur serait d’encourager, en l’autorisant par la loi, toute personne en mal de vivre à réclamer le suicide assisté comme un dû. La société peut-elle, d’un trait de plume, décider que la vie des handicapés lourds ne vaut pas la peine d’être vécue ?
Peut-on leur proposer la mort alors que l’immense majorité d’entre eux ne souhaite qu’une chose : vivre, s’en sortir et se faire accepter dans le droit à la différence ?
Respecter la vie et accepter la mort : voilà sur quoi nous devons légiférer aujourd’hui. Une mort humaine et digne est possible, sans recourir à l’euthanasie. Il faut que les Français le sachent. Encore faut-il savoir pratiquer ces soins de fin de vie qu’on appelle les soins palliatifs.
Un savoir-faire doublé d’un savoir être, car il ne s’agit pas seulement de traiter la douleur, il faut savoir écouter, dialoguer, s’asseoir au lit de celui qui va mourir, accepter de parler avec lui de ses peurs, tenter de le comprendre.
Cette proximité avec la souffrance et la mort de leurs patients réveille l’angoisse des médecins et des soignants, et l’on comprend bien qu’alors ils ont besoin d’être formés et soutenus dans cet accompagnement.
On entend souvent dire : les soins palliatifs, c’est très bien, mais il y en a trop peu. Et c’est vrai. Malgré tous les efforts qui ont été faits jusqu’ici pour développer les structures, malgré la loi du 9 juin 1999 de Bernard Kouchner qui garantit l’accès à ces soins, beaucoup reste encore à faire. Des régions ne sont pas dotées d’unités de soins palliatifs, la formation est inégale, les soins palliatifs restent fragiles. La loi que vous allez voter rendra obligatoire la poursuite du développement de ces soins. Je m’y engage ici pour que, progressivement, partout où l’on meurt, chacun puisse trouver l’aide dont il a besoin au seuil de la mort, le respect de ses droits, les mots, les gestes qui humanisent la fin de vie et donnent le sentiment de faire partie jusqu’au bout de la communauté des vivants. C’est cela, la véritable dignité.
La loi est du 22 avril 2005. Elle n’a pas deux ans. Je n’ai pas entendu dire que les données éthiques de ce débat aient évolué depuis le temps de ces débats parlementaires. Que la solution de consensus adoptée ne satisfasse pas certains jusqu’aux-boutistes qui ne considèrent légitime que leur seule position est une chose. Mais cela n’a pas à entrainer de remise en cause de ce texte, d’alignement automatique sur leur position, ni de concessions électoralistes. Le sujet est trop grave pour être l’enjeu d’une opération politicienne.
Pour finir, je laisserai la « parole » à des personnes qui vivent de telles situations au quotidien. Un Manifeste des professionnels de santé et de bénévoles d’accompagnement concernant le débat sur la fin de vie a en effet été rendu public par la SFAP (Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs), dont voici quelques extraits :
« Dans le contexte actuel de remise en cause de la loi d’avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, il nous parait nécessaire de préciser le point de vue de professionnels de santé impliqués au quotidien par ces questions.
Il est essentiel de réaffirmer en préalable la complexité des problèmes posés. Ils appellent une réflexion approfondie et dépassionnée et non des solutions simples voire simplistes. Très souvent les arguments avancés font appel à l’émotion et à la souffrance générées par le tragique ou la perte : cette approche émotionnelle ne nous apparaît pas suffisante dans la recherche de réponses sages et prudentes (la phronesis grecque). C’est bien une approche rationnelle a-dogmatique et une large concertation qui doivent être proposées pour éclairer le débat citoyen.
Les partisans d’une « légalisation de l’euthanasie » assimilent systématiquement deux questions pourtant fondamentalement différentes : d’une part la question du droit de chacun d’entre nous au refus de l’obstination déraisonnable et d’autre part la question du suicide légalement assisté. Cette confusion se retrouve de manière caricaturale dans une récente parution adressée aux présidentiables : le livre blanc de l’ADMD (« Fin de vie : une nouvelle loi est indispensable » Février 2007).
(…) La question du droit au refus de l’acharnement thérapeutique (ou obstination déraisonnable) est par contre au coeur de nos préoccupations quotidiennes. Nous y sommes directement confrontés en tant que professionnels de santé impliqués dans l’accompagnement de malades en fin de vie notamment. C’est pourquoi nous avons soutenu la démarche d’élaboration de la loi d’avril 2005.
Cette loi est un élément important dans la clarification des enjeux. Elle apporte des solutions concrètes à ces questions difficiles. Portée par la patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, elle a vocation à être un modèle pour l’Europe et le Monde. Issue d’un large débat et d’un remarquable travail parlementaire, votée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale, elle affirme le droit fondamental pour chaque citoyen au refus de traitements inutiles et/ou dépourvus de sens. Elle établit clairement que c’est au sujet concerné (le malade) de décider ce qui est ou non une obstination déraisonnable pour lui.
Qu’il soit en fin de vie, ou qu’il soit maintenu en vie artificiellement par un artifice technique, le malade, capable de décider pour lui-même, peut arrêter tout traitement, y compris ceux qui, le cas échéant, le maintiennent en vie. Les médecins ont l’obligation de se conformer à cette décision. Lorsque le malade n’est pas en capacité de décider pour lui-même le médecin doit lui éviter tout ce qui peut apparaître comme de l’acharnement thérapeutique (ou obstination déraisonnable). Il doit pour cela s’appuyer sur les indications laissées par le patient lui-même (avant son incapacité) notamment au travers des directives anticipées et de la désignation d’une personne de confiance, ainsi que sur l’avis de la famille et des proches.
Deux ans après sa promulgation il est malheureusement exact que l’application concrète de la loi d’avril 2005 reste très imparfaite. En infraction avec elle, des situations d’acharnement inadmissible persistent.
Il faut appliquer la loi et non la changer ! (…) »
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Ce débat n’est rien d’autre qu’une prise d’otage émotionnelle orchestré par une minorité de personnes, comme toujours.
Et comme toujours, ce sera à nous d’obtempérer et de renoncer.
Il y en a qui ont toujours le monopole du coeur.
Et à voir le traitement d’huées et d’opprobe infligé à un intervenant, lors d’une émission de télévision, uniquement parcequ’il avait rappelé les politiques insensées d’un certain régime, je m’inquiète un peu de l’évolution de notre société.
Les assassins sont si gentils….
Je comprends ton « agacement », mais… il y a des mots qui tuent le débat, ou le déportent malencontreusement.
« D’autre part, la pression qu’exerce l’ADMD sur les candidats et la société me paraît relever d’une étonnante conception du débat démocratique »
Guère moins que la pression qu’exerce de manière certes plus détournée et donc finalement moins transparente l’Eglise sur la société, voire sur certains candidats, par exemple lors du dernier Téléthon… M’enfin, moi c’que j’en dis, en ce lieu qui plus est…
« Ce débat n’est rien d’autre qu’une prise d’otage émotionnelle orchestré par une minorité de personnes, comme toujours. »
Parce que le débat pourtant clos depuis des dizaines d’années sur l’avortement par certains n’est pas autre chose qu’une prise d’otage émotionnelle orchestré par une minorité de personnes? Tout dépend du point de vue où l’on se place par rapport à l’idée qu’on s’en fait…
[quote comment= »6652″]Guère moins que la pression qu’exerce de manière certes plus détournée et donc finalement moins transparente l’Eglise sur la société, voire sur certains candidats, par exemple lors du dernier Téléthon… M’enfin, moi c’que j’en dis, en ce lieu qui plus est…[/quote]
Ces situations n’ont pas de rapport entre elles.
(i) Sans en être certain toutefois, je ne crois pas qu’il y ait eu de pressions sur les candidats;
(ii) Au sujet du Téléthon, je ne pense pas que l’on puisse évoquer un quelconque débat parlementaire, une quelconque loi votée. La question n’était pas la légalité de son action, mais la liberté de chacun de ne pas financer une part de son activité qu’il n’approuverait pas.
Si le problème en cause est le droit pour l’Eglise d’exprimer son opinion (ça fait un bout de temps, Kryzstoff, que la société fait ce qu’elle veut ensuite…), c’est encore autre chose.
[quote comment= »6652″] »Ce débat n’est rien d’autre qu’une prise d’otage émotionnelle orchestré par une minorité de personnes, comme toujours. »
Parce que le débat pourtant clos depuis des dizaines d’années sur l’avortement par certains n’est pas autre chose qu’une prise d’otage émotionnelle orchestré par une minorité de personnes? Tout dépend du point de vue où l’on se place par rapport à l’idée qu’on s’en fait…[/quote]
Tiens, je la sentais venir, celle-là. Et ce n’est pas complètement faux. Cela étant, il ne me semble pas avoir entendu que des anti-avortements ait organisé une campagne du type de celle de l’ADMD.
Je trouve que ce genre de ”débat” sur la possibilité de donner la mort ”en toute légalité” est – en fait – la manifestation de l’égoisme de notre société ”moderne”. Une première remarque :
Un grand nombre de personnes se trouvent actuellement en maison de retraite, sans forcément avoir besoins d’un accompagnement médical.
Ma remarque appelle la question : Pourquoi ?
Ma réponse est que, malheureusement, aujourd’hui beaucoup de familles ne veulent plus assumer la »charge » d’un parent agé. Pourtant, c’était la normalité il y a un certain nombre d’années (oui, je sais, je suis »vieux jeu », comme vous dites, mais je m’en fiche :-).
La deuxième remarque :
Si l’euthanasie était dépénalisée, alors : on aurait les héritages beaucoup plus vite, on ne trainerait pas, »l’hosto » ferait ça vite et bien, etc, etc. On nous épargnerait l’attente, etc, en bref : on diminuerait notre temps de souffrance (à nous, je ne parle pas du parent malade). OK, une fois le parent au cimetierre, on passe à autre chose bien vite. En plus, (et ce n’est pas la moindre des choses) avec la »conscience tranquille », puisqu’on a fait »tout ce qu’il fallait » (il est mort vite, sans se voir diminué un peu plus chaque jour, et bla bla, et bla bla).
Quelle tristesse de voir que la société encourage cette déresponsabilisation de ses membres ! Quelle tristesse de voir que les gens n’ont plus les c……s de faire face à la douleur et au chagrin ! Je connais des cas de médecins (et d’infirmières, surtout) qui donnent la mort sans aucun état d’âme. Je ne peux que leur souhaiter qu’ils aient le même sort que leur malades.
Dire que dans un pays qui se dit »en pointe » en ce qui concerne les droits de l’homme (puisqu’on a aboli la peine de mort) on veut donner la mort »vite, bien fait, et avec la conscience tranquille » me parraît être une preuve de la perte des repères fondamentaux de l’humanité.
Michel
PS : Oui, je sais, c’est très difficile de travailler dans une unité de soins paléatifs. On est confronté tout le temps avec des souffrances, avec la mort. Mais, mesdames et messieurs les médecins et infirmières : Si vous n’avez pas la force morale d’assumer ce travail … faites autre chose (fonctionnaire aux impôts par exemple 🙂
M
[quote comment= »6655″]PS : Oui, je sais, c’est très difficile de travailler dans une unité de soins paléatifs. On est confronté tout le temps avec des souffrances, avec la mort. Mais, mesdames et messieurs les médecins et infirmières : Si vous n’avez pas la force morale d’assumer ce travail … faites autre chose (fonctionnaire aux impôts par exemple :-)[/quote]
Qui dit cela ?
Et n’est-ce pas un peu contradictoire par rapport au reste de votre commentaire de vous en prendre à eux ?
[quote]Parce que le débat pourtant clos depuis des dizaines d’années sur l’avortement par certains n’est pas autre chose qu’une prise d’otage émotionnelle orchestré par une minorité de personnes? Tout dépend du point de vue où l’on se place par rapport à l’idée qu’on s’en fait…[/quote]
C’est drôle mais j’ai pas l’impression qu’on leur accorde le même temps de parole, et la même attention.
Et pour un débat clos depuis des années, ça fait encore bien des dégâts.
[quote comment= »6656″]Qui dit cela ?
Et n’est-ce pas un peu contradictoire par rapport au reste de votre commentaire de vous en prendre à eux ?[/quote]
Certes, c’est difficile de travailller dans de telles circonstances. Toutefois, ayant connu de très près qqun qui travaillait dans un service d’oncologie (j’ai même commis l’erreur de me marrier avec) je cite ses propos :
» Cette nuit il va faloir subir l’emm…..r. C’est clair qu’il va mourrir d’ici deux jours, mais il va nous emm….r tout ce temps ». Si vous trouvez que cette attitude est normale ….je vais me taire (et, bien entendu quitter vôtre blog à jamais).
Bien à vous,
Michel
Pourquoi donc faut-il débattre de la misère d’un très petit nombre d’hommes ?
Non pas que la question soit sans intérêt, bien au contraire, mais a-t-elle sa place dans un débat national ? Doit-on débattre à l’assemblée de tous les aspects de la vie privée ? Et tout d’abord, en vertu de quoi ?
Récupération d’un bord, récupération de l’autre, salissez, salissez, il y aura toujours une étoile à croire être plus belle d’avoir sali sa voisine.
Laissons donc ceux que le malheur frappe en paix. Ou, du moins, gardons à l’esprit qu’il n’est ici d’attitude digne que silencieuse.
[quote comment= »6658″] Si vous trouvez que cette attitude est normale ….je vais me taire (et, bien entendu quitter vôtre blog à jamais).[/quote]
Vous avez visiblement parfaitement sais mon état d’esprit sur cette question… 🙄
Ce sont des matières des douloureuses, Koz, et qui j’imagine réveillent en chacun de nous des échos différents, en fonction de ce qu’on a vécu. C’est à ça que sert la morale, dans la vie : quand on ne sait plus quoi penser, on reste campés sur ses principes. La morale chrétienne, mais pas seulement, explique qu’on a pas le droit de tuer, et que la fin ne justifie pas les moyens. Tuer quelqu’un parce qu’il le demande ou l’a demandé, c’est toujours tuer quelqu’un, et on ne peut pas écrire ça dans la loi.
En revanche, on pourrait réfléchir avec profit à la notion d’acharnement thérapeutique (à partir du cas de Vincent Humbert, par exemple)
Je vais me permettre une remarque intime. Je dois aux services de soins palliatifs, à leur personnel, d’avoir pu accompagner vers la mort deux personnes très chères. Elles ont été prises en charge avec compréhension, par des professionnels qui savaient prendre chaque jour la décision adaptée. Aider à leur confort, préserver la communication. Sur la fin, donner plus de morphine et abréger un peu les jours, mais dans un geste de soin, et non pas un acte de mort préventif. Et pourtant, ce ne furent pas des morts douces, et oui la notion de « dignité » n’est pas la même.
Quand je pense qu’on aurait pu me voler le moindre de ces instants pour économiser des lits ou au nom d’une idée saugrenue de la dignité, ça me rend malade.
Quand je pense que pour économiser des lits tout le monde n’a pas le droit à ce genre de soin, ça me rend malade également.
Quand j’entends « dignité » dans ce contexte, je pense à la perception commune des enfants atteints de trisomie 21 : à peine humains, pas dignes de vivre. D’ici à ce que la vox populi décide que quand on est pas beau, puant, et qu’on peut plus parler, on est à peine humain… Il ne faut pas autoriser à donner la mort, c’est beaucoup beaucoup trop dangereux.
La société dans son ensemble doit encore beaucoup évoluer sur ces questions de vie et de mort. De mon point de vue, avec l’allongement de la durée de vie, qui n’a pas de raison de stagner, il doit être possible de choisir, à un moment donné, sa mort – surtout si l’on souffre d’une maladie incurable qui n’est que souffrance. Par choix. Pour les personnes qui le désirent. Je ne vois pas ce que ces choix individuels ont de choquant. Avoir le courage d’affronter sa mort, je trouve cela extrêmement digne, au même titre que les personnes qui acceptent de supporter, endurer leur souffrance. Lorsqu’il n’y a plus qu’une prolongation médicale de la vie, dans une chambre d’hôpital, pourquoi ne pas accepter que certains fassent le choix de mourir ?
Et quand le débat dérive sur l’euthanasie pour les handicapés, je trouve que c’est un glissement vers l’émotionnel. Je ne crois pas, à aucun moment, que les partisans de l’euthanasie aient déjà évoqué ce sujet.
Si l’on a le choix, c’est Justice. Si l’on n’a pas le choix, c’est qu’il y a un problème (surtout si ce choix ne porte préjudice à personne, ni à la société).
[quote comment= »6834″] Lorsqu’il n’y a plus qu’une prolongation médicale de la vie, dans une chambre d’hôpital, pourquoi ne pas accepter que certains fassent le choix de mourir ?[/quote]
Admettons. Mais que l’on m’explique en quoi la loi Leonetti est insuffisante.
[quote comment= »6834″]Et quand le débat dérive sur l’euthanasie pour les handicapés, je trouve que c’est un glissement vers l’émotionnel. Je ne crois pas, à aucun moment, que les partisans de l’euthanasie aient déjà évoqué ce sujet.[/quote]
Je ne serais pas surpris que l’on y arrive… De façon plus ou moins cachée.
Tout de même, ce serait grave, on passerait de l’euthananie, droit de chacun à décider librement de sa mort, lorsqu’il y a maladie incurable, douloureuse, à une sorte d’eugénisme (car je suppose que l’handicapé serait « avorté »). Je suis prêt à défendre l’euthanasie, pas l’eugénisme.
Pour ce qui est de la loi Leonetti, elle instaure une sorte de droit au laisser-mourir… Je pense que c’est un bon premier pas. Maintenant, ce que j’aimerais (mais je vais un peu trop loin), c’est que l’on institutionnalise cette fin de vie (allez, pour les cinéphiles, pensons à Soleil Vert), qu’elle se passe dans une sorte d’hôpital spécialisé, ou autre lieu, avec de la belle musique, de belles images, un environnement pour partir en beauté et… bon, ok, je crois que vous avez compris l’idée…
[quote comment= »6963″] Je suis prêt à défendre l’euthanasie, pas l’eugénisme.[/quote]
Je doute que l’eugénisme soit seulement défendable.
Mais, si vous consultez quelques échographes, gynécos etc., vous verrez que l’on en est pas si loin. Vous êtes-vous jamais interrogé sur la baisse du nombre d’enfants trisomiques qui naissent ? Ca, c’est globalement accepté par la société. Mais l’échographe que nous avons consulté pour la naissance de notre deuxième évoquait aussi le cas de ces parents qui ont interrompu la grossesse d’un enfant auquel il manquait un doigt, d’un autre couple qui, à peine assis, a prévénu l’échographe qu’ils voulaient un « enfant parfait », faute de quoi ils lui feraient un procès (‘peuvent se brosser, mais c’est révélateur).
Ce sont de petits glissements successifs, et ce sont les plus dangereux, puisqu’ils sont progressifs. On se battrait contre une loi qui instaurerait un droit à un enfant parfait. On ne réagit pas à une évolution sociale.
«la préemption de la dignité»
Qu’est-ce que ça veut, à part rien du tout, emballé dans de grands mots bien ronflants?
Tiens, moi, j’ai une amie dont la mère est au dernier stade de la maladie d’Alzheimer. Elle a commencé par ne plus reconnaître personne, même pas ses enfants. Ensuite elle a oublié l’anglais, puis l’allemand, et enfin le hongrois, sa langue maternelle. Elle ne comprend plus rien, elle ne parle plus, elle ne reconnaît personne. Il lui reste les réflexes: respiration, déglutition, digestion.
«la préemption de la dignité» vraiment! Quelle dignité? La préemption de quoi?
Vous devriez avoir honte.
La dignité de l’être humain, la dignité de tout être humain, celle qui persiste malgré tout. Et surtout, préemption de la dignité, parce que s’il est de leur droit d’estimer plus digne de mourir d’une piqûre, ils n’ont pas le droit de renvoyer aux futurs agonisants le sentiment d’une indignité, ni de confisquer la dignité au bénéfice de l’euthanasie. Comme le disait le Professeur Debré, « ce n’est pas la mort qui est indigne, c’est l’absence d’accompagnement« .
Alors, vous pouvez me somme d’avoir honte, ce n’est pas le cas.
[quote comment= »6985″]Mais l’échographe que nous avons consulté pour la naissance de notre deuxième évoquait aussi le cas de ces parents qui ont interrompu la grossesse d’un enfant auquel il manquait un doigt, d’un autre couple qui, à peine assis, a prévénu l’échographe qu’ils voulaient un « enfant parfait », faute de quoi ils lui feraient un procès (‘peuvent se brosser, mais c’est révélateur).[/quote]
C’est très étonnant ce que vous dites et pas du tout en rapport avec ce que me rapporte régulièrement mon épouse qui est sage-femme à l’Assistance Publique.
De ce que j’en ai compris, dans le cas où les futurs parents à l’issu d’une écographie et d’un diagnostique faisant état d’une malformation, demandent une interruption médicale de grossesse (IMG et non IVG), un collège de médecins se réunient pour statuer.
Il y a des malformations qui donnent lieu très souvent à un accord pour une IMG et d’autres comme le cas que vous citez qui sont systématiquement refusés.
Maintenant, le cas que vous évoquez entre peut-etre dans le cadre d’une IVG si la demande en est faîte dans les limites définies par la loi (désolé, je suis fatigué mais Google est votre ami).
Sébastien (qui espère ne pas avoir dit trop de bêtises et ne pas se mettre à dos toutes les Sage Femmes de France 😉
Très sincèrement, je me réjouirais que ce que vous me disiez soit systématiquement le cas. Mais, de quoi doit-on justifier pour demander un avortement ? En l’absence de toute malformation, une femme peut solliciter un avortement (en IVG). Rien ne l’oblige à dire que son choix est motivé par cette malformation bénigne. Et je crois comprendre qu’il n’est pas nécessaire de forcer beaucoup pour expliquer, même dans ce cas, que vous ne vous sentez pas en mesure d’accepter, d’aimer, cet enfant, que vous envisagiez déjà de ne pas le garder mais que cet élément supplémentaire achève de vous convaincre etc…
J’en ai discuté ce matin à mon épouse, dans le cas où l’IVG est autorisée, il n’y a pas de raisons particulières à invoquer, c’est la loi.
Petite remarque en passant, la loi est très différente d’un pays d’Europe à l’autre.
Autre confirmation, si des parents attendent un enfant à qui il manque un doigt et même si eux le refusent, il naîtra car l’IMG sera refusée. Après ces parents, (faut-il parler de parents dans ce cas ?) peuvent abandonner l’enfant à la naissance.
Maintenant, peux de malformations sont détectables au début de la grossesse…
A votre question, qu’est-ce qui peut justifier une demande d’avortement ? Il y a d’abord toutes les malformations qui font que l’enfant ne sera pas viable, ensuite les cas de trisomie par exemple.
Je suis sûr que quelqu’un du milieu pourra expliquer tout ça bien mieux que moi !
Sébastien.
PS: Je profite de ce post pour vous remercier pour la qualité de ce blog dont je suis devenu un assidu !
Honte à madame Royal : les obsèques du militaire mort en service ont eu lieu à Hyères (motocycliste ouvrant le cortège de Madame Royal).
Madame Royale n’a pas assisté aux obsèques.
Que lui importe la mort d’un simple gendarme !!
Une pensée à toute la famille de ce militaire de la Gendarmerie et à sa Compagne, Lieutenant de l’arme dans le Département de l’Ardèche.