Etty, visage de Dieu en enfer

EttyHillesum

« Quand je pense aux visages des soldats en uniforme vert de l’escorte armée, mon Dieu, ces visages ! Je les ai examinés l’un après l’autre, retranchée dans mon poste d’observation, derrière une fenêtre. Jamais rien ne m’a tant épouvantée que ces visages. Je me suis posé des questions sur cette parole qui est le fil directeur de ma vie : « Et Dieu créa l’homme à son image ». Oui, cette parole a connu chez moi une matinée difficile. »

(Lettre écrite à Hans Wegerif et autres, de Westerbork, il y a bientôt 70 ans, le mardi 24 août 1943.)

Etty Hillesum, jeune juive hollandaise de 28 ans a les yeux grands ouverts sur son époque, sur les hommes et sur les femmes. Les Lettres de Westerbrok, qui accompagnent son Journal, en attestent, plus douloureusement encore peut-être que les documentaires douloureux que vous avez endurés. Pour ceux qui sont restés « à l’arrière » du camp, elle y témoigne des enfants, des vieillards, des trains qu’ils chargent, des listes qui sont autant de protections illusoires, et des ressorts humains auxquels elle est si sensible. De ce petit garçon de trois ans et demi, grondé par son père, et qui « fond en larmes et hurle : « Ooh, maintenant on va me mettre à la 51 (= la prison), et on me déportera tout seul en convoi disciplinaire ! ». Toutes choses pour lesquelles perdre la raison nous paraîtrait sûrement le meilleur refuge. Elle les voit yeux grands ouverts.

Elle n’est pas une ascète non plus, pas une sainte éthérée qui aurait déjà quitté le monde. Elle est sensuelle et parfois davantage, elle parle des hommes qu’elle a connus, de l’homme au-dessus d’elle. Elle aime, elle a des choses à perdre. Et pourtant, Etty Hillesum aime la vie, l’humanité et son prochain, elle,  juive en 1942 – 1943, si bien que l’on s’étonne pendant une bonne part de son journal que la guerre y soit si peu présente.

« Impressions d’hier soir, dans ma petite chambre. Je m’étais couchée de bonne heure et, de mon lit, je regardais au-dehors par la baie ouverte. On aurait dit, une fois de plus, que la vie avec tous ses secrets était tout près de moi, que je pouvais la toucher. J’avais l’impression de reposer contre la poitrine nue de la vie et d’entendre le doux battement régulier de son cœur. J’étais étendue entre les bras nus de la vie et j’y étais en sécurité, à couvert. Et je pensais : comme c’est étrange ! C’est la guerre. Il y a des camps de concentration. De petites cruautés s’ajoutent d’autres cruautés. En passant dans les rues, je peux dire de beaucoup de maisons : ici un fils est en prison, là le père est retenu en otage, ici encore on a à supporter la condamnation à mort d’un fils de dix-huit ans. Et ces rues et ces maisons se trouvent près de chez moi. Je connais l’air traqué des gens, l’accumulation de la souffrance humaine, je connais les persécutions, l’oppression, l’arbitraire, la haine impuissante et tout ce sadisme. Je connais tout cela et je continue à regarder au fond des yeux le moindre fragment de réalité qui s’impose à moi. Et pourtant, quand je cesse d’être sur mes gardes pour m’abandonner à moi-même, me voilà tout à coup reposant contre la poitrine nue de la vie, et ses bras qui m’enlacent sont si doux et si protecteurs – et le battement de son cœur je ne saurais même pas le décrire : si lent, si régulier, si doux, presque étouffé, mais si fidèle, assez fort pour ne jamais cesser, et en même temps si bon, si miséricordieux. Tel est une fois pour toute mon sentiment de la vie et je crois qu’aucune guerre au monde, aucune cruauté humaine aussi absurde soit-elle, n’y pourra rien changer. » (p. 118 – les références renvoient à l’édition Points, Une vie bouleversée, suivi de Lettres de Westerbork)

« J’ai déjà subi mille morts dans mille camps de concentration. Tout m’est connu, aucune information nouvelle ne m’angoisse plus. D’une façon ou d’une autre, je sais déjà tout. Et pourtant je trouve cette vie belle et riche de sens. À chaque instant. » (p. 139)

L’Amour est ancré en elle : c’est une résolution. Elle la porte avec son judaïsme, avec du christianisme aussi, avec une spiritualité personnelle. « Et ce « moi-même », cette couche la plus profonde et la plus riche en moi où je me recueille, je l’appelle « Dieu » ». A raison, peut-être, Etty Hillesum, parce que si Dieu a fait l’homme à son image, Etty Hillesum en était probablement la face, et le portait en elle.

Elle est une réponse à cette colère, ou cette supplique : « Où était Dieu ?! » ou, autrement formulé, « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?! » (Ps 22). Pour le chrétien, elle est même le visage du Christ dans ce Golgotha permanent qu’était un camp de concentration. N’écrit-elle pas, aux dernières pages connues de son journal :

« J’ai rompu mon corps comme le pain et l’ai partagé entre les hommes. Et pourquoi pas ? Car ils étaient affamés et sortaient de longues privations. » ?

Face à « l’accumulation de la souffrance humaine, [aux] persécutions, [à] l’oppression, l’arbitraire, la haine impuissante et [à] tout ce sadisme« , elle est la réponse par l’Amour, comme d’autres en d’autres endroits ont refusé bravement de se rendre à la Haine, de lui donner la victoire en reniant leur propre voie d’humanité.

« Mort, où es ta victoire ? » : certes la victoire ultime – sur la mort – n’est pas de son ressort, mais Etty Hillesum a été victorieuse en gardienne de l’Amour, dont elle s’est faite un sanctuaire. Elle est à l’image de tous ceux qui ont refusé d’abandonner les leurs, de profiter d’un privilège – et je pense notamment aux moines de Tibhirine – pour partager leur sort et, en l’occurrence, ce qu’Etty Hillesum appelle un « destin de masse ». Puisqu’ils meurent, on peut penser que l’Amour est perdant. Il avance désarmé, c’est vrai. Mais c’est grâce à eux, c’est grâce à Etty Hillesum, que l’on peut encore croire en l’homme. N’est-ce pas dès lors toute l’humanité qu’elle a sauvé ?

A plusieurs reprises, elle insiste : il n’y a qu’une façon pour elle de répondre à l’époque et c’est en traquant toute parcelle de haine en soi.

Pour humilier, il faut être deux. Celui qui humilie et celui qu’on veut humilier, mais surtout : celui qui veut bien se laisser humilier. Si ce dernier fait défaut, en d’autres termes si la partie passive est immunisée contre toute forme d’humiliation, les humiliations infligées s’évanouissent en fumée. Ce qui reste, ce sont des mesures vexatoires qui bouleversent la vie quotidienne, mais non cette humiliation ou c’est oppression qui accable l’âme. (…) On peut nous rendre la vie assez dure, nous dépouiller de certains biens matériels, nous enlever une certaine liberté de mouvement tout extérieure, mais c’est nous-mêmes qui nous dépouillons de nos meilleures forces par une attitude psychologique désastreuse. En nous sentant persécutés, humiliés, opprimés. En éprouvant de la haine. En crânant pour cacher notre peur. On a bien le droit d’être triste et abattu, de temps en temps, par ce qu’on fait subir ; c’est humain et compréhensible. Et pourtant, la vraie spoliation c’est nous-mêmes qui nous l’infligeons. Je trouve la vie belle et je me sens libre. En moi des cieux se déploient aussi vastes que le firmament. Je crois en Dieu et je crois en l’homme, j’ose le dire sans fausse honte. La vie est difficile mais ce n’est pas trop grave. Il faut commencer par « prendre au sérieux son propre sérieux », Le reste vient de soi-même. Travailler à soi-même, ce n’est pas faire preuve d’individualisme morbide. Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si chaque individu fait d’abord la paix en soi même, extirpe tout sentiment de haine pour quelque race ou quelque peuple que ce soit, ou bien domine cette peine et la change en autre chose, peut-être même à la longue en amour – ou est-ce trop demander ? C’est pourtant la seule solution. Je pourrais continuer ainsi des pages entières. Ce petit morceau d’éternité qu’on porte en soi, on peut l’épuiser en un mot aussi bien qu’en dix gros traités. Je suis une femme heureuse et je chante les louanges de cette vie, oui vous avez bien lu, en l’an de grâce 1942, la énième année de guerre. (p 132)

Le journal d’Etty Hillesum est multiple. C’est une vie contre la Haine, lorsqu’elle a déferlé de la manière la plus froide et atroce. C’est un parcours spirituel également, d’une personnalité enflammée, qui recherche plus de simplicité et d’authenticité. A plusieurs mois d’écart, on retrouve toutefois ce même souci : être.

Plutôt que de réaliser, être :

« Mais pourquoi devrais-je réaliser quoi que ce soit ? J’ai tout simplement à être, à vivre, à tenter d’atteindre une certaine humanité. »

Ne pas théoriser, être :

« Il faut oublier des mots comme Dieu, la Mort, la Souffrance, l’Eternité. Il faut devenir aussi simple et aussi muet que le blé pousse ou la pluie qui tombe. Il faut se contenter d’être. (…) Je parle encore en termes trop livresques et philosophiques, ce qui donne à penser que j’ai inventé une théorie consolatrice pour me faciliter un peu la vie. Je ferais mieux d’apprendre à me taire, provisoirement, et à « être » » (p.166)

Et elle a été. Dans son journal, elle écrit : « A ce bureau, au milieu de mes écrivains, des mes poètes et de mes fleurs, j’ai tant aimé la vie. Et là-bas, au milieu de baraques peuplées de gens traqués et persécutés, j’ai trouvé la confirmation de mon amour de cette vie ». (p. 214) Elle ne s’est pas contentée de prêcher l’amour, elle l’a incarné, et les survivants des camps témoigneront qu’elle est restée une présence lumineuse.

Etty Hillesum avance dans cette guerre et vers l’extermination totale qu’elle pressent avec cette douce résolution d’aimer la vie et son prochain, d’aimer Dieu jusqu’à, loin de l’aspotropher, vouloir lui venir en aide : « Et si Dieu cesse de m’aider, ce sera à moi d’aider Dieu ».

Une vie bouleversée est un livre à vivre, et aucune recension ne pourrait en retranscrire l’expérience personnelle. Ce journal vous malmène, pris entre l’envie de célébrer la vie avec Etty, la douleur de savoir son destin, et l’effroi devant l’horreur connue mais renouvelée. Au fil de la lecture, on entre en tendre amitié avec elle. On voudrait lui tendre la main au-delà du temps, lui parler, la remercier. Le coeur se serre à la lecture. Qui retiendrait une larme en lisant ses prières si douces, si confiantes, si aimantes ?

Prière du dimanche matin. Ce sont des temps d’effroi, mon Dieu. Cette nuit pour la première fois, je suis restée éveillée dans le noir, les yeux brûlants, des images de souffrance humaine défilant sans arrêt devant moi. Je vais te promettre une chose, mon Dieu, oh, une broutille : je me garderai de suspendre au jour présent, comme autant de poids, les angoisses que m’inspire l’avenir; mais cela demande un certain entraînement. Pour l’instant, à chaque jour suffit sa peine. Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de toi en nous, mon Dieu. Peut-être pourrons-nous nous aussi contribuer à te mettre au jour dans les cœurs martyrisés des autres. (p. 175)

Une vie bouleversée

Du train qui l’emmène à Auschwitz, où elle est morte le 30 novembre 1943, Etty Hillesum a jeté une carte, que des paysans ont postée. Elle est « assise sur son sac à dos, au milieu d’un wagon de marchandises bondé« , elle « ouvre la Bible au hasard et trouve ceci : « Le Seigneur est ma chambre haute«  ».

Sa dernière lettre se conclut ainsi et sur : « un au revoir de nous quatre« . Etty, qui fut tout Amour là où nous aurions abandonné, qui fut le visage de Dieu en enfer[1], ne peut être aujourd’hui que dans ses bras miséricordieux.

Etty, tu écris dans ton journal :

Mon Dieu, cette époque est trop dure pour des êtres fragiles comme moi. Après elle, je le sais, viendra une autre époque beaucoup plus humaine. J’aimerais tant survivre pour transmettre à cette nouvelle époque toute l’humanité que j’ai préservée en moi malgré les faits dont je suis témoin chaque jour. C’est aussi notre seul moyen de préparer les temps nouveaux : les préparer déjà en nous.

C’est fait, Etty. Et je t’en suis doucement reconnaissant.

Il nous reste à te prier, Etty. A te relire, à assimiler. Et à aimer la vie, Dieu et les Hommes.

*

Vous pouvez trouver des extraits du livre, au fil de ma lecture, sur cette page.

  1. « Quand je dis : cette nuit, j’ai été en enfer, je me demande ce que ce mot exprime pour vous. Je me le suis dit à moi-même au milieu de la nuit, à haute voix, sur le ton d’une constatation objective : « Voilà, c’est donc cela l’enfer » » []

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27 commentaires

  • lu, relu, griffonné, donné, perdu, racheté, regriffonné, et donné, et perdu, et racheté. Vie indispensable dans ma bibliothèque, parmi ces quelques visages qui me montrent sans peur Dieu. J’ai bcp aimé Etty quand je l’ai découverte en 2002. elle continue de me marquer.

  • Merci! J’ai découvert grâce à vos citations sur twitter et maintenant j’attends de réceptionner la commande amazon pour enfin découvrir Etty! 🙂

  • @Alex: faut un peu se retenir de lui coller des baffes dans les premières pages, parce qu’elle est bel et bien amoureuse, et un peu chiante avec ça. Mais ça, ça plait à @Koz! 🙂 Et il y a un moment où ça décolle oO

  • oui elle est bel et bien amoureuse, mais pas chiante du tout. 😉
    Lire Etty, ça peut être la lecture qui bouleverse une vie de lecteur, ça se manque pas.
    et puis merci Koz encore. Tu as bien fait de te lancer à écrire parce que tu as trouvé les mots, et à publier même un samedi de fin juillet, et t’auras plus qu’à republier 🙂

  • Merci; Oui, lecture belle, mais si difficile ! Cela avait aussi marqué un de mes étés… A la fois son itinéraire spirituel dont vous parlez si bien, et son vécu de la Shoah.
    Pour compléter : Etty Hillesum, un itinéraire spirituel de Paul Lebeau, sj.
    Pour la Shoah, la lecture qui m’a le plus marquée : Primo Levi, Si c’est un homme.

  • David a écrit ::

    @Alex: faut un peu se retenir de lui coller des baffes dans les premières pages, parce qu’elle est bel et bien amoureuse, et un peu chiante avec ça. Mais ça, ça plait à @Koz !

    Oui, j’aime bien. Un peu de fesse, ça détend. Mais, plus sérieusement, c’est aussi ce qui souligne le parcours d’Etty et, si c’est une relativement longue intro, c’est aussi une introduction pour nous, durant laquelle nous apprenons à la connaître. Et il ne me paraît pas indifférent de savoir qu’elle ne méprisait pas le monde, qu’elle n’y a pas renoncé par facilité mais qu’elle en connaissait les attraits, aussi superficiels soient-ils.

    Xavier a écrit ::

    Merci; Oui, lecture belle, mais si difficile ! Cela avait aussi marqué un de mes étés…

    Pas difficile à lire, mais à supporter. Et pourtant, en ne lisant que son journal, on pourrait ignorer la réalité des persécutions vécues. C’est nous-mêmes qui, connaissant la réalité de son destin, lisons ces pages avec poids et tristesse.

    @ Corine,
    @ David : lue, et à relire. Je doute qu’on puisse « en finir » avec Etty mais il me semble évident qu’après cette première lecture, durant laquelle j’ai eu le sentiment de passer dans une essoreuse, je devrait reprendre ma lecture pour aborder un autre niveau.

  • Et sinon, sur la Shoah, dans un tout autre style, pas du tout spirituel, il y a bien sûr la BD Maus dont on m’a offert l’intégrale, et dont la lecture est indispensable.

  • J’avais déjà entendu parler d’Etty Hilesum grâce aux émissions que Frédéric Lenoir lui a consacrées sur France Culture. C’est bien de perpétuer la mémoire d’une femme exceptionnelle.

  • Merci pour cette magnifique présentation.
    Etty est une compagne sur mon chemin depuis fort longtemps. Je connais certains passages par cœur, et je les médite parfois à la façon d’une « lectio divina » !
    En 2008 est parue l’édition intégrale de ses journaux et de ses lettres aux éditions du Seuil.
    Ce sont des écrits pour aujourd’hui, aussi.

  • Cardabelle a écrit ::

    Je connais certains passages par cœur, et je les médite parfois à la façon d’une « lectio divina » !

    C’est encore un peu récent pour que je les connaisse par coeur. Mais les plus courts sont déjà bien ancrés. Oui, je crois que c’est une lecture incontournable, exceptionnelle, incroyablement forte, qui me restera très certainement présente à vie.

    Je n’ai pu aborder que quelques petits angles de ce journal. Je pourrais lui consacrer de nombreux billets, creuser tant de passages. Il y a tellement de pages lumineuses, des pages dans lesquelles je crois moi-même me reconnaitre.

    Tenez, même ceci me parle tellement fortement : apprendre à laisser tomber cet « au fond » et à acquiescer à mes sentiments les plus profonds.

    Ou ceci, encore :

  • « Il y a tellement de pages lumineuses, des pages dans lesquelles je crois moi-même me reconnaitre. »
    C’est exactement ça ! Et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles ces écrits touchent si profondément.
    A part cela, j’ai beaucoup apprécié votre présentation de Etty Hillesum comme « juive » : ce qu’elle était assurément et ce pourquoi elle est morte. En effet, la chrétienne que je suis a parfois été gênée par la présentation qu’en faisaient certains de ses admirateurs – en toute bonne foi -, à savoir que Etty aurait été une chrétienne qui s’ignorait. Si elle présente de toute évidence un visage « christique », comme plusieurs passages que vous citez le montrent, il me semble que cela n’autorise pas pour autant à la « baptiser ».
    Oserais-je dire qu’elle était au-delà du cadre d’une religion en particulier ? Déjà en cœur à cœur avec Dieu, et cela suffit.

  • Je suis bien d’accord avec vous. Il est évident qu’elle était ouverte à une dimension chrétienne, par les références explicites qu’elle fait aux évangiles, aux épitres de Saint Paul ou par la phrase que j’ai citée : « J’ai rompu mon corps comme le pain et l’ai partagé entre les hommes ».

    Mais la présenter comme chrétienne serait une récupération plus qu’indélicate. On peut peut-être, plutôt, apprécier le pont qu’elle a pu constituer, le fait qu’elle soit une juive qui nous parle aussi spécialement à nous, chrétiens. Et comme vous le dîtes, être simplement touché par ce coeur à coeur.

  • impressionnant, on n’arrive toujours pas à comprendre comment le concept de solution finale a pu germer dans le cerveau d’un……..? et être relayé . Ne pourrait on pas consacrer les moyens nécessaires à l’éradication du gène de la folie meurtrière car partout dans le monde on trouve des individus perpétuant des génocides?. De nos jours, on séquence l’ADN , trouvons ce gène pour la sauvegarde de l’humanité.Les TPI et autres instances en charges des crimes contre l’humanité n’éviteront pas le renouvellement de tels actes.On dépense des milliards pour vaincre le cancer , le sida et autres maladies orphelines. Faisons de même pour éviter les horreurs futures

  • Je ne pense pas qu’il existe un ADN particulier pour le mal, que ce soit celui qui conduit vers la solution finale ou toute autre horreur. Ce serait d’ailleurs se dédouaner trop facilement de toute responsabilité ! Ce n’est pas ma faute, ce sont mes gènes…
    Etty disait elle-même (relevé par Koz dans le document joint) : « « La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autres solutions que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-même et pas ailleurs. »
    Oui, « la saloperie des autres est aussi en nous » et c’est ce qui doit nous tenir en alerte. Un chrétien entend aussi ces mots : « le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ». Ces deux phrases ne s’opposent pas mais illustrent bien, à mon avis, le combat nécessaire pour ne pas sombrer.
    On a facilement tendance à affirmer : « moi, je ne pourrais jamais faire telle ou telle chose monstrueuse » : en est-on si sûr ? Prenons l’exemple de la Shoah : si elle a pu avoir lieu, c’est aussi grâce à bien des lâchetés, des peurs, et pas uniquement à cause de la cruauté de quelques esprits pervertis.
    « Moi, je ne te trahirai jamais » a dit un certain Pierre. Et pourtant…

  • Elle me fait penser aussi à Simone Weil (la philosophe, hein!) dans sa perception fulgurante de la foi chrétienne, perceptible dans « La pesanteur et la grâce », tout en restant sur le seuil. Même époque, juive elle aussi.

  • Cardabelle a écrit ::

    L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-même et pas ailleurs.

    Leçon bien oubliée me semble-t-il.

    En écho cette citation de Denoix de St Marc souvent employée par Koz : « ces bonnes consciences qu’on polit sur l’infamie des autres me fait horreur »

  • Merci Cube pour ce partage exigeant…j’ai pour ma part découvert Etty il y a quelques années. Ai été « saisi » par ses écrits, tourmentés et lumineux, d’une vrai « chercheuse de Vérité ».
    Je me rappelle entre autres de sa contemplation de la nature, par delà les barbelés, qui faisait monter en elle une louange communioative….Et puis ses descriptifs de la dure réalité (consentie) des camps et des convois…
    Pour ma part, même si cela pourra paraitre choquant à certains, j’y repense souvent lorsque je suis dans un RER bondé, au milieu de foules tendues, fatiguées ou même agressives : me souvenir d’elle et de ce qu’elle a vécu m’aide à porter un autre regard sur ceux qui m’entourent, et sur la situation que je vis.
    Dieu est tout en tous et en toute chose.

  • Il fallait lire « Merci Koz !! » (désolé pour la patate envoyée trop précipitamment 😉

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  • Bon et bien voila, j’y suis: en pleine lecture! Et chaque page me parle., chaque phrase fait écho à des instants de ma vie…
    Seul bémol: cette relation pour le moins étrange à S., bien curieux personnage: manipulateur??
    En tout cas merci bien pour l’article, vivement que vous nous fassiez partager une autre de vos lectures! 🙂

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