A propos d’une contribution en vue de la « libération de la croissance ».
Certes, il s’agit de chercher de nouvelles propositions pour la libérer, cette … de croissance, dont on perçoit bien qu’elle s’échine à poindre malgré tout, sous l’impulsion commune d’énergies convergentes. Mais, outre le fait qu’il n’est pas absolument certain que les propositions contenues dans le rapport d’étape de la commission Attali soient d’une ébouriffante nouveauté, la recherche de la nouveauté ne doit pas, vous en conviendrez, aboutir à occulter des propositions saluées, mais négligées (sauf à ce qu’il soit prévu de les intégrer ultérieurement).
Christian Blanc avait publié, l’an dernier, un essai passionnant et convaincant, la croissance ou le chaos, auquel j’avais consacré un billet. Vous m’accorderez, je l’espère, que je n’ai guère abusé jusqu’ici des rediffusions, puisque c’est la première mais voilà, puisqu’on cause croissance, le moment me semble propice pour publier de nouveau le billet que j’avais écrit à ce sujet l’an dernier.
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Il y a, je vous le promets, quelque chose de rageant à lire sous diverses plumes des constats identiques, tout en mesurant la probabilité que ces lucidités ne dépassent pas le stade du constat de salon, échangé d’un air compassé, pensif ou catastrophé. C’est selon. C’est ainsi que, sous la plume de Christian Blanc dans La Croissance ou le chaos, on lit la mort du modèle social français – que tant d’esprits et de candidat(e)s lénifiant(e)s nous assurent être une lubie de libéraux avides d’en finir avec les zakissociaux. On y lit également la nécessité évidente et absolue d’en venir à l’autonomie des universités. Et, durant la lecture, on entrevoit les résistances, les inerties, les conservatismes, les dogmatismes qui ne manqueront pas d’entrer dans la danse, de concert.
Rage et crainte de penser que le diagnostic aura été posé mais l’action, jamais entreprise. Crainte que, dans une vingtaine d’années, on puisse brandir des ouvrages tels que celui de Christian Blanc, en disant sentencieusement que, pourtant, ce n’était pas faute que certains l’aient écrit. Une France qui aura su que le train passait, mais aura négligé d’y monter. Et qui, alors, ne s’interrogera plus sur la façon de ne pas provoquer de fuite des cerveaux dans les pays d’émigration, mais sur celle de retenir, définitivement, les nôtres de s’enfuir.
En parlant de l’ouvrage de Christian Blanc avec des proches, le mot qui revient le plus souvent dans ma bouche, c’est « concret ». A la différence de certains livres politiques, habiles à manier les concepts fédérateurs, à provoquer l’adhésion sur des objectifs, La croissance ou le chaos a le mérite, après avoir posé le constat, exposé l’objectif, de détailler la méthode. C’est, souvent, cette troisième étape qui fait défaut. Par peur, sans doute, de déroger. En écho à certains passages de son livre, nombreux sont les ouvrages qui font de la « politique fondamentale » quand, dans ce livre, Blanc fait de la « politique appliquée ».
Assez préambulé, qu’en est-il ?
Fondamentalement : comment empêcher un déclin français en permettant à la France de prendre toute sa part à cette nouvelle étape qu’est l’économie de l’innovation ? Comment assurer à la France la croissance ?
La croissance… Christian Blanc cerne bien ce qui peut provoquer une forte réticence à entrer dans le débat : il décrit, en page 18, l’exaspérant jeu de rôle « alternatif » de la majorité et de l’opposition, aux discours établis et interchangeables selon l’hypothèse qui se présente. Nos responsables politiques me font l’effet de marionnettes attendant que cette nouvelle divine providence, censée tomber désormais d’outre-atlantique, ne vienne sauver leur mandat. Ils lèveront les bras aux ciels, impuissants face à la fatalité, ou s’attribueront sans vergogne la paternité d’une croissance qui les a pourtant bien surpris. Faut-il pour autant après les avoir levés, baisser ces bras et, comme le dénonce Blanc, «attendre la croissance américaine» ?
Favoriser la croissance… Rien ne m’a davantage exaspéré, en cours d’économie, que ces imparables enchaînements de causes et d’effets des théories macro-économiques, devant nécessairement aboutir à un effet donné, quand un autre imparable enchaînement démontrait implacablement l’inverse. Christian Blanc m’a rassuré, en page 21 : il s’agira ici de micro-économie.
Il s’agit de mettre en place une économie de la connaissance, par le développement de clusters.
Ses mots ne sont pas choisis au hasard : connaissance, et non information… Comme il l’explique en pages 189-190, «si vous achetez un ouvrage de mécanique quantique, vous avez l’information ; si vous le comprenez, vous avez la connaissance». Or, aujourd’hui, l’information est aisément accessible, via le Net, c’est l’accès à la connaissance qu’il convient de développer.
Ce qui est heureux, c’est qu’un tel constat réhabilite le territoire, l’échange, la rencontre. Les amoureux du «lien social» devront apprécier.
Inutile, puisqu’il s’y colle, de résumer moi-même, et moins bien, son propos :
«Résumons-nous. Pour qu’un cluster émerge, il faut, d’une part, que les entreprises du secteur coopèrent tout en restant en concurrence. Car de la concurrence naît l’émulation. Et il faut, d’autre part, qu’elles travaillent en synergie avec les universités et les instituts de recherche locaux. Pour cela il est crucial que les acteurs se connaissent, se rencontrent, échangent régulièrement. Idéalement, recherche, enseignement et entreprises sont étroitement mêlés, au point que certaines personnes peuvent être, à des moments successifs de leur carrière, chercheurs, entrepreneurs, consultants et investisseurs. Les relations personnelles entre les acteurs constituent un actif inestimable, ce sont elles qui font que la valeur d’un cluster est supérieure à une simple somme de ses parties.
Cette valeur est le résultat du triple effet bénéfique du fonctionnement du fonctionnement du cluster. Premièrement, la capacité d’innovation augmente. Les entreprises qui ont un accès facilité aux nouvelles technologies qui leur permettent d’augmenter la valeur ajoutée dans leurs produits. Deuxièmement, l’environnement du cluster est propice à la naissance de nouvelles entreprises innovantes. Les bonnes idées naissent et circulent aisément. Elles peuvent être mises en œuvre plus facilement qu’ailleurs grâce à la concentration de partenaires, de talents et de capitaux disponibles. Troisièmement enfin, une fois la taille critique atteinte, le cluster rentre dans un cercle vertueux, attirant de plus en plus d’entreprises et de talents, ce qui renforce encore son attractivité. Le cluster joue un rôle d’aimant pour des entrepreneurs extérieurs qui maximisent leurs chances de succès en y localisant leurs projets pour bénéficier de ses avantages. Environnement idéal pour innover, les clusters sont souvent le théâtre de réussites spectaculaires. L’entreprise américain Cisco appartient à cette catégorie»
Pages 91-92
Je sais : j’aurais pu couper cette dernière phrase. Mais, précisément, elle atteste qu’il ne s’agit pas, dans La croissance ou le chaos, de manier des théories nouvelles mais de les exposer, ainsi que leurs applications couronnées de succès.
Christian Blanc expose ainsi le cas de Cisco, de la Silicon Valley, mais aussi du cuir catalan, ou de la porcelaine bavaroise ! Un cuir catalan menacé par la concurrence des pays d’Afrique du Nord, une porcelaine bavaroise, par la porcelaine tchèque. Grâce à une action volontariste des pouvoirs publics pour mettre en relation les entrepreneurs isolés, les inciter à développer une recherche commune, ces secteurs ont su évoluer, et (re)devenir des leaders mondiaux dans leurs domaines : le cuir catalan recouvre désormais les sièges des voitures, la porcelaine bavaroise a développé des céramiques de haute technologie pour l’aéronautique. C’est dire aussi qu’il ne s’agit pas uniquement de développer une économie du tertiaire, qui me laisse toujours sceptique sur la possibilité d’y intégrer chacun.
Pour parvenir au développement de clusters, Christian Blanc prône également deux révolutions : (i) « libérer les universités pour libérer la recherche », (ii) «libérer les régions pour libérer les décideurs locaux », titre de deux des six chapitres de son livre.
Il ne peut s’agir ici de résumer également, de façon un tant soit peu complète, ces deux parties pourtant essentielles de son ouvrage. J’en reprendrai le propos introductif :
«Notre horizon doit être le taux de croissance de 3% que réalisent toutes les régions qui nous ont servi de référence dans l’étude des meilleures pratiques en matière économique. L’objectif est ambitieux, la stratégie pour l’atteindre se doit de l’être aussi. Des mesures cosmétiques ne suffiront pas, il sera indispensable de s’attaquer à quelques-uns des blocages les plus profonds de la société française. Il faudra libérer les universités d’un mode de gouvernance déresponsabilisant, libérer la recherche d’une organisation paralysante et libérer les régions de la tutelle écrasante de l’Etat»
Le chemin est parcourir est long, certes. Christian Blanc veut en effet, non pas revisiter mais remettre à plat l’organisation de nos universités, en les dotant de l’autonomie que l’on persiste à discuter en France alors que, comme il le souligne ailleurs, elle a fait ses preuves ailleurs, les universités les plus dynamiques de par le monde étant toutes autonomes. Il convient également de favoriser l’interpénétration de la recherche, de l’enseignement, et de l’entreprise. Par conséquent, réorganiser les universités, réorganiser aussi le CNRS.
Ah, ce rapport entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Comme il est symptomatique d’une organisation française, la même qui refuse que l’école puisse avoir pour objectif d’amener chacun à obtenir un emploi… Et l’on se drape dans la recherche fondamentale, recherche pour la beauté du geste… Pour autant, il ne s’agit pas évidemment de faire une croix sur la nécessaire recherche fondamentale. Mais d’assurer le maximum de ponts entre la recherche et l’entreprise. Qu’au sein des clusters, certains soient en charge de veiller aux applications potentielles des innovations et découvertes.
Christian Blanc, qui cite Grenoble comme mode d’organisation en cluster français réussi| dote son ouvrage d’un post-scriptum résumant les grandes lignes d’un rapport qui dort à l’Elysée pour réorganiser totalement le plateau de Saclay, qui dispose des atouts nécessaires – en nombre de chercheurs, comme en termes de terrains disponibles et d’espaces verts – pour la création d’un cluster performant. C’est l’ultime étape concrète de développements concrets.
En fin de compte, ce titre, La croissance ou le chaos, m’étonne presque par son caractère abstrait, théorique. «Méthode de croissance appliquée» eût peut-être été plus adapté. Ca a moins de gueule, je vous l’accorde.
Toujours est-il que l’on dispose visiblement là d’une marche à suivre, d’une politique concrète, pensée et prête à être mise en place. Elle représente une ouverture, seule façon de faire face envisageable, loin des idéologies conservatrices de gauche qui ne proposent rien que des méthodes de cramponnage à des avantages un temps acquis, et que l’évolution mondiale se chargera de remettre en cause, pendant que leurs tenants organiseront des forums de réflexion champêtres.
Christian Blanc dit assez juste à cet égard :
«La volonté de maintien des droits acquis peut apparaître comme un frein à la modernisation du pays. C’est probablement exact mais normal. Un pays qui ne sait pas où il va est naturellement conservateur. Quand les perspectives d’avenir sont incertaines, la protection des acquis donne à tout le moins un objectif clair et d’autant plus rassurant qu’on se sent plus fragile.
Plus encore que d’autres peuples, qui ont la tradition des réformes progressives, les français ont besoin d’un horizon bien défini. Ils ne sont prêts ni aux efforts, ni aux enthousiasmes qui ne sont pas éclairés par une forte ambition. C’est à la représentation nationale et au gouvernement de mettre en œuvre cette ambition que seul le chef de l’Etat peut définir et impulser.
(…)
En matière de réformes, une faute a été mille fois répétée : celle qui consiste à penser que la méthode des petits pas est plus efficace qu’une réforme globale.”
Blanc conclut sur les miracles hollandais du XVIème siècle, américain du XXème, sud-coréen de sa deuxième moitié, finlandais et chinois…
«Le point commun de tous ces ‘miracles’, c’est qu’ils reposent tous sur quelques bons choix faits au bon moment. Aujourd’hui, pour notre pays, l’heure est venue de faire le choix de l’économie de l’innovation. Nous en avons les potentiels. Et si c’était au tour de la France d’étonner le monde ?»
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Je ne sais pas de quand date le livre, mais j’ai le sentiment que certaines choses ont changé depuis. Déjà, les universités sont censées avoir obtenu l’autonomie qu’elles ne réclamaient pas toutes. De plus, le rapport sur l’aménagement du plateau de Saclay est loin de dormir à l’Elysée. Si tout le monde est d’accord sur l’objectif (le pôle de compétitivité Systematic y est déjà en place), je crois savoir que les communes concernées sont loin d’être enthousiasmées par les projets en cours, qui devraient se traduire par une construction très élevée de logements, d’où un bétonnage qui devrait faire fi des surfaces
agricolesdisponibles et des espace verts mentionnés. Et ce d’autant plus que les infrastructures seraient entièrement à revoir. Pour dire que ce n’était vraiment pas un projet mort, Sarkozy avait fait le voyage au début de la campagne à Supelec (qui s’y trouve) en tant que ministre de l’amènagement du territoire, et avait fait un discours devant notables et chercheurs, et Christian Blanc s’y trouvait justement (peu avant son ralliement).Pour la coopération entre universitaires et entreprises, on peut y voir un exemple avec le prix Nobel Albert Fert (prof à Paris XI, sur le plateau de Saclay justement) et Thomson. Il faudra juste prendre le réflexe de déposer des brevets la prochaine fois. Après, je ne sais pas dans quelle mesure cette coopération peut être étendue, venant de lire la longue lettre de démission d’un prof en fac qui voyait l’hydre capitaliste partout à l’université, je ne suis pas toujours optimiste sur ce point précis.
Quant à la réorganisation du CNRS, on voit fleurir actuellement les prises de positions contre un éventuel basculement du pouvoir vers les universités…
Christian Blanc pense-t-il que c’est en cognant sans cesse sur ceux qui, justemment, transmettent la connaissance qu’il parviendra à obtenir leur adhésion pour bâtir une société basée sur la transmission de la connaissance ?
Car après tout, qu’est-ce qui justifiait, au fond, un statut particulier, peut-être désormais désuet certes, mais sans doute pertinent à l’époque, pour ceux qui consacraient leur existence à la tranmission de la connaissance plutôt qu’à la poursuite de leur profit personnel, au détriment bien entendu des autres : non pas par fatalité, mais simplement par facilité : entretenir autrui dans son ignorance étant un moyen tellement moins fatigant et lucratif de maintenir un peu de prise sur lui….
N° d’impression : 65247
N° d’édition : 7381-1715-1
Dépôt légal : février 2006
Il est vrai que certaines choses ont opportunément changé. Mais, pour ce qui est du plateau de Saclay, la visite de Sarkozy pendant la campagne a certainement été un signe d’intérêt, destiné notamment à se concilier davantage Christian Blanc mais quid des suites ?
Après, on peut parler de « bétonnage » mais il me semble, d’une part, qu’il est un peu illusoire, si près de Paris, de penser que l’on restera à l’abri de l’urbanisation, quoi qu’on en pense et, d’autre part, qu’il y a un intérêt général à mettre en place ce « cluster d’envergure mondiale ».
A ce sujet, Christian Blanc, qui n’a pas, il me semble, d’intérêts personnels chez les promoteurs immobiliers, dit plusieurs choses qui me paraissent justes :
Ne crois-tu pas qu’un jour ou l’autre, effectivement, cette zone sera urbanisée, et qu’il vaut mieux pour elle que ce soit dans le cadre d’un projet cohérent et valorisant ?
Il propose aussi de « transformer l’espace agricole entourant l’étang de Scalay en un parc naturel classé sur une surface équivalent à deux fois celle du Bois de bouligne »
Il me paraît effectivement assez possible que, pour les habitants du coin, le choix soit à faire entre une multiplication de projets immobiliers sans cohérence, ou un projet d’envergure
Dans ce rapport d’il y a un an, il parle de cet « institut à Saclay »p75 du rapport.
Koz, je n’attaque certainement pas Christian Blanc sur le louable objectif qu’est la constitution d’un cluster sur le plateau de Saclay, je mets surtout en évidence le fait que le projet est loin de dormir, il est même vu là-bas comme une volonté implacable de l’Etat d’aboutir à ce qu’il veut. Quid des suites ? Eh bien je ne sais pas si l’élection de Sarkozy a changé quoi que ce soit sur ce point, mais sous le gouvernement précédent, le préfet en était aux études et à la concertation jusqu’à 2008, les décisions arrivant ensuite.
Et du talent pour la concertation il lui en faudra, aux vu des oppositions locales, qui ont l’impression qu’on leur construit une ville nouvelle dans leur dos. Encore une fois, personne ne s’en prend à Christian Blanc ou aux clusters, mais il semble que Borloo, en tant que ministre du logement, ait profité du projet pour y inclure un plan de constructions de logements, suivant son idée comme quoi il n’y en a pas eu assez de construits au cours des dernières décennies (effectivement).
Sur les projets immobiliers sans cohérence, le mot ne revient pas aux promoteurs constructeurs, mais bien à la volonté politique : pour qu’il y ait construction là-bas, il faut qu’il y ait d’abord un changement dans les plans d’occupation des sols, sans quoi rien ne se fera. Et je crois que sur la zone, la volonté de l’Etat prime. Effectivement, l’opération est d’intérêt général, elle se fera sans doute, mais pour que ça se passe bien il faudra prendre très au sérieux la question de l’environnement. Christian Blanc le souhaite, l’Etat devra convaincre qu’il le suit sur ce point. Actuellement, l’ambiance, c’est plutôt ça.
xerbias,
Le problème principal réside, à mon sens, dans le fait qu’on n’a pas évolué d’un poil dans notre conception des « clusters » : les pôles de compétitivité sont surtout un lieu de distribution de subvention largement liés à des considérations politiques-d’aménagement du territoire. La France n’a pas du tout adopté la logique d’un Etat qui se « contente » d’être un facilitateur, qui rapproche les acteurs, qui diffuse l’info stratégique plus qu’il n’est acteur lui-même.
Cette vision d’un Etat modeste mais efficace ne semble en réalité pas partagée par Sarko. Car elle pourrait être assimiliée à un retrait, à un manque de volonté…
Saclay doit être l’illustration d’un changement de mentalité.
[quote comment= »51828″]
(…) venant de lire la longue lettre de démission d’un prof en fac qui voyait l’hydre capitaliste partout à l’université, je ne suis pas toujours optimiste sur ce point précis.
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La lettre en question vaut quand même le coup d’être méditée. Parce que, une fois dépouillée de son discours idéologique, il soulève un certain nombre de points intéressants (copinage, absence de travil en équipe et individualisme, mépris des étudiants et de l’enseignement…). Que tout le monde connaît depuis longtemps, d’ailleurs.
Je suis d’accord avec Carolus sur le fait que les clusters ne sont pas la panacée auxquels certains croyaient à la fin des années 1990-2000. Les résultats des SPL (Système productif local, cad les premières politiques de clusters) sont mitigés, voire inexistants, et les études sur données américaines sont rarement plus convaincantes. Les pôles de compétitivité (créés en 2005, qui ressemblent davantage aux clusters au sens de C. Blanc) risquent d’être la même chose avec davantage de moyens. Le constat est aussi déprimant pour les économistes : il y a des Silicon Valley qui se créent, oui, mais on ne sait pas du tout pourquoi et comment. D’ailleurs sur la deuxième partie du commentaire de carolus, il se trouve que les SPL étaient bien fondés sur des initiatives locales, seulement ce sont les zones en difficulté qui se mobilisaient le plus pour récupérer le statut. Il n’est pas évident que le principe de l’Etat modeste soit la solution.
que devient christian blanc?
son blog est aux abonnés absents…
on ne l’entend plus..
pas de mission en vue?
les clusters seraientils solubles dans les ecocités?
ou dans les campus de futures universités?
J’ajoute que Christian Blanc lui même a depuis quelque temps déjà critiqué la mise en place des pôles, notamment le saupoudrement dû à la création de trop multiples – parfois kitsch – pôles, et surtout le distinguo entre vocation mondiale et les autres (alors que tous les clusters ont vocation à se développer par le regroupement de l’offre et le développement de sa visibilité à l’international).
J’ajoute pour avoir moi même effectué une étude sur le soutien des régions françaises à l’innovation que la situation actuelle est disons.. pleine de défis à relever !
@ Markss,
disposes-tu de synthèses des études auxquelles tu fais références : modalités principales de fonctionnement des clusters et SPL (notamment rôle de l’Etat), résultats.. ?
Si oui, merci de me transmettre un lien. Ou de me l’envoyer par mail à touvabien [chez] gmail [point] com
@ Paul,
je serais intéressé par ton étude… Si tu as un lien ou si tu peux me l’envoyer à touvabien [chez] gmail [point] com, je serais ravi! Merci d’avance.
The Economist a publié justement la semaine dernière un dossier « Innovation », et propose un point de vue intéressant (et franchement négatif) sur les clusters :
http://www.economist.com/specialreports/displaystory.cfm?story_id=9928211
(chapitre « The world is spiky »)
Les propositions de Christian Blanc sont effectivement très intéressantes mais l’innovante dynamique combinée d’organisation et de réforme de l’état qu’il a proposé n’est clairement pas mise en œuvre par le gouvernement actuel.
J’ai quitté son mouvement dès l’annonce de son soutien à Sarkozy car cette alliance me semblait contre nature et contre productive. Les faits et son assourdissant silence depuis l’élection semblent me donner (hélas pour le pays) raison.
Qui sera capable de reprendre le flambeau ? La gauche décentralisatrice peut être… mais quand ?