« Vive la France ». Peut-être est-ce l’auto-glorification de la formule, son petit air « vive nous », qui me laisse de côté. Ou est-ce son évidence qui me semble rendre sa verbalisation superflue. « Vive la France ». Je ne me souviens pas d’avoir eu d’autre occasion que dérisoire pour le dire. Une rencontre entre touristes dans un pays étranger, peut-être. Mais je ne suis pas député, je ne suis pas un élu de la Nation, je n’œuvre pas directement pour elle, et en son nom.
« Vive la France » et Alexis Corbière a raison de le dire : « le « vive la France de Jean-Luc Mélenchon est-il le même que celui de Marine Le Pen ? » ». Vraisemblablement pas. Mais, n’en déplaise au culte mélenchonien à la France Insoumise, c’est celui de Danièle Obono que l’on n’a pas entendu, pas celui de Jean-Luc Mélenchon que l’on attendait. Car, a-t-elle répondu, elle peut le dire mais « à quoi ? ». Là aussi est le malaise dans sa réponse : elle aurait pu avoir bien des raisons personnelles de le dire, et même très éloignées des miennes, mais spontanément elle n’en a pas trouvé.
Est-il indispensable de communier dans un culte patriotique ? Probablement pas. Je peux concevoir que certains Français communient à l’évocation de leur patrie, et d’autres non. Qu’ils soient câblés autrement. Mais le malaise naît de la facilité avec laquelle Danièle Obono a su justifier le « Nique la France » d’un groupe de rap et de son embarras comparé à dire « Vive la France ». Trouve-t-elle trop univoque la glorification que laisse entendre la formule ? C’est possible. Mais la rancœur de ce « Nique la France » n’est-elle pas tout aussi unilatérale ?
La question n’est évidemment pas juridique. Est-on obligé de dire « vive la France », a-t-on le droit de dire « nique la France » ? Le sujet n’est pas là. « Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ? » demandait-on en philo aux candidats au Bac cette année. Il y a des droits dont il est bon de s’abstenir de faire usage. Et il est bon que la société n’interdise pas tout ce qu’elle réprouve.
Non, la question est une question d’opportunité. Lorsque je cherche, dans mes archives, un drapeau pour illustrer ce billet, cela me renvoie aux dernières occasions que j’ai eu de l’utiliser, et cette question d’opportunité me revient avec plus de force encore. L’aurions-nous oublié ? Notre France est ce pays qui a redécouvert son drapeau dans le sang des victimes du terrorisme islamiste. Un sang versé par le bras de jeunes Français. Des jeunes Français éduqués et parfois pris en charge par la France.
Nous ne pouvons plus entendre et vous ne pouvez plus dire « Nique la France » comme hier, comme avant-hier. Comme avant le Bataclan, avant Nice, avant Charlie et l’Hypercacher.Car ce pays, marqué selon Danièle Obono par un « racisme systémique », un « racisme d’Etat », est le pays qui a nourri les frères Kouachi, qui les a vus grandir – et dans un établissement de la Fondation Claude Pompidou. Chérif et Saïd Kouachi et les autres, nourris aussi aux « Nique la France », nourris aux discours des quarante dernières années dans une France coupable, forcément coupable. Ces discours d’une certaine gauche, que nous ne voulons plus entendre. Car non, nous ne pouvons plus entendre, et vous ne pouvez plus dire, « Nique la France » comme hier, comme avant-hier. Bien sûr, le lien n’est pas immédiat, la genèse est complexe : ce n’est pas un morceau de rap qui a tué au Bataclan. Mais qui ne pressent que ce terrorisme-là a aussi fait son lit sur quarante ans de mise en accusation de la France ? Et quarante ans à célébrer la licence artistique du moindre groupe de rap qui nique les keufs, les profs, la France, et puis les Français, aussi, tant qu’on y est. Encore une fois, ils en ont juridiquement le droit, et Danièle Obono a le droit de les soutenir : c’est précisément la France qui vous garantit ces droits. Et nous avons le droit de combattre ces idées. Nous avons le droit de dire aujourd’hui que nous ne voulons plus jamais entendre cela, plus maintenant, pas après Charlie, pas après Nice, pas après le Bataclan. Parce que l’urgence, pour le pays, est de trouver les raisons de l’aimer un peu, cette France. Celle aussi qui vous laisse même libres de lui cracher au visage.
S’est greffé à ce débat celui du racisme du débat. Rhétorique facile. A-t-on posé à Danièle Obono cette question parce qu’elle est noire ? Est-ce là vraiment sa singularité ? Sa singularité n’est-elle pas plutôt d’être députée ? Ce qui conduit de façon pas complètement illégitime à s’interroger sur le rapport au pays de celle qui en votera les lois. Et plus encore, sa singularité n’est-elle pas plutôt d’être une députée qui a plus de facilité à soutenir « Nique la France » qu’à trouver spontanément une raison, n’importe laquelle, de dire tout de même « Vive la France » ?
Alors peut-être, oui, sa singularité est-elle aussi d’être noire. D’être noire et de faire ou laisser faire, elle, de sa couleur de peau la question politique. Peut-être y-a-t-il quelque cynisme et, disons-le, une certaine saloperie chez les Cocquerel, Corbière, Mélenchon et Simonnet, à expliquer au pays que ce débat est raciste. Nuisible habileté politique qui vient convaincre les Noirs en France que ce débat serait raciste, que l’on mettrait une Noire en accusation. Or c’est bien Danièle Obono qui juge que c’est « #laclasse », une « table-ronde 100% #meufs #indigènes ». C’est bien Danièle Obono qui considère « très juste et très beau » le discours d’Houria Bouteldja pour les dix ans du Parti des Indigènes de la République, discours dans lequel Houria Bouteldja estime que « les indigènes noirs et musulmans [qui] ont commis des crimes » (les frères Kouachi, comme Amedy Coulibaly) « sont avant tout des créatures de la violence impérialiste » et reproche à la gauche « de continuer d’appréhender la banlieue à travers des grilles d’analyse strictement économistes en marginalisant la question raciale, les questions d’identité et religieuses ». C’est elle qui soutient le festival « non mixte » Mwasi.
Le débat n’est pas médiocre, il n’est pas sans enjeu. Débat qui part d’une tribune de Jean Birnbaum, qui s’alarme justement de la volonté de certains antiracistes de remplacer la lutte des classes par celle des races. Paradoxales gauches : celle qui veut supprimer le mot « race » de la Constitution – même si c’est pour dire que la République ne distingue pas – et celle qui veut en faire le nœud du débat politique.
Les animateurs des Grandes Gueules étaient-ils alors racistes ou simplement bien renseignés ? Est-il objectivement possible, face à quelqu’un qui fait de la race une question centrale, de dissocier les deux, même sans sacrifier soi-même à une telle confusion ? N’était-il pas légitime de la part des animateurs de souhaiter l’entendre sur ce sujet, au regard de ses convictions affirmées ? Est-il inconvenant d’attendre qu’elle s’en explique et, s’il y a incompréhension, qu’elle la dissipe ?
Vive la France ou Nique la France, le débat n’est pas si médiocre qu’il paraît. C’est le mimétisme identitaire qu’il faut combattre. Le retour de la race comme enjeu politique qu’il faut affronter.Alors bien évidemment vient ensuite l’exploitation raciste. Vient la fachosphère, viennent les identitaires. Le racisme des uns viendrait occulter celui des autres. La réponse raciste des identitaires Blancs légitime la parade racialiste des identitaires « Indigènes ». C’est la grande cousinade de ceux qui proclament ouverts des « camps décoloniaux » réservés aux « racisés non Blancs » et de ceux, Blancs, qui « défendent leur identité ethnique jusque dans les choix du quotidien ». De chaque coté, la race est au cœur de la politique. De chaque côté, dans un évident mimétisme identitaire, « le métissage les dégoûte ». Au centre du jeu, la race, la peau, ultime rempart inéchappable, dernière citadelle, premier uniforme identitaire pour le conflit à faire advenir.
Nous ne pouvons plus entendre « Nique la France », et nous devons expurger[1] la race et l’identitarisme du champ politique. C’est bien quand l’un accepte de prendre en compte les impératifs de l’autre qu’une Nation est possible. Et c’est une Nation que nous avons à reconstruire.
Il est légitime et il est même urgent d’entendre là-dessus de tous nouveaux élus à l’Assemblée Nationale.
- sans ignorer, bien au contraire, les préoccupations légitimes de chaque côté [↩]
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Vive la France … Soit mais quelle France ?
il m’est d’ailleurs de plus en plus difficile de me sentir français de cette france Au valeurs hédoniste et matérialiste .
puis je considérer les gens qui considère L’IVG comme un acte sans questionnement morale comme mes concitoyens alors que pour moi l’avortement est un meurtre ?
Alors oké pour moi ce qui compte pour l’Union c’est des valeurs communes .
Et pour celui qui considères que ce qui fait une nation sont des traditions et une culture commune peut il , dans Une france de plus en plus multiculturel , ce sentir français ?
Et déjà c’est quoi être Français ?
La question est toujours la même : Noel Mamère, Clémentine Autain, ont aussi signé cette pétition pour soutenir ZEP qui « niquait la France ». Ils étaient ou ils sont également députés. Ils sont également de cette partie de la gauche qui n’est pas franchement portée sur le patriotisme. Personne, jamais, ne leur a demandé, par écrit ou en interview, de dire Vive la France, personne n’a d’ailleurs envisagé qu’il soit important de savoir s’ils l’aiment ou pas. Danièle Obono est noire, et elle est née au Gabon. Et donc elle, on doit l’entendre dire « vive la France ». Et bien non, ce n’est pas normal. Ou alors on le demande aussi à Autain, Mamère, tous les autres signataires qui ne sont pas noirs et/ou pas naturalisés français.
Elle est clairement, elle le revendique, internationaliste, afro-féministe et antiraciste. Donc oui elle aborde beaucoup de choses à travers le prime de la couleur et du genre. Et « nous avons une Nation à construire » c’est exactement l’inverse de ce qu’elle pense ; c’est une opposition politique comme une autre et donc elle peut, et doit, pouvoir s’exprimer dans les médias et à l’Assemblée Nationale. Mais c’est aussi comme cela que les personnes sont vues dans leur vie. Quand on se prend sans cesse des remarques « en tant que femme », quand on est discriminé à l’embauche, au logement, parce qu’on est pas blanc ou qu’on a un accent étranger, quand la maîtresse vous dit « vous direz à la maman de ce garçon… » alors que c’est VOUS la maman dudit garçon, mais que vous êtes très noire et lui métis, ou à l’inverse « c’est lui ton père??? » parce que vous êtes très blanc et pas votre fils métis … , on finit par s’adapter à ce prisme qui nous est imposé (exemples vécus).
Qu’il serve d’excuse à certains pour se victimiser et à d’autres pour vendre leur soupe politique c’est vrai. Mais « Expurger la race et l’identitarisme du champ politique » alors qu’il inonde le quotidien (et non, pas seulement parce qu’il est utilisé en politique), c’est nier une partie du réel. Au quotidien, il y a des discriminations de race, il y a des conflits identitaires, il y a aussi de beaux échanges interculturels et de beaux métissages. Il est normal, et même souhaitable, que le politique s’en occupe aussi, en débatte aussi.
Et si, on peut entendre Nique la France, comme on a entendu avant Gainsbourg ou Brassens, ou Vian, avec les mots de leur époque, et leur talent incomparablement supérieur, refuser ce patriotisme, refuser la guerre, même en temps de guerre. Le patriotisme n’est pas obligatoire, même en ce moment, même après Charlie et le Bataclan. D’ailleurs il n’est pas nécessaire d’aimer la France pour lutter contre le terrorisme. Aimer l’humanité suffit. Daesh fait aussi des morts à Londres et à Téhéran, ce sont les mêmes morts. « Vous ne pouvez plus l’entendre », soit, c’est compréhensible. Mais je crains que vous n’ayez pas beaucoup le choix, vous allez devoir l’entendre encore.
Personnellement je ne suis pas France Insoumise, je n’ai pas de sympathie particulière pour le combat « intersectionnel », mais oui je pense que la France ira mieux, comme Nation, et le monde en général, le jour où des journalistes même « polémistes » cesseront de demander aux naturalisés, ou aux « non blancs » ou aux « supposés musulmans ou déclarés musulmans » ce qu’ils ne demandent pas à des « d’origine » dans les mêmes circonstances. C’est un peu le même jeu pervers qui fait que dès qu’on croise un catholique on se sent légitime à lui demander s’ils est pour ou contre l’IVG, et qu’en plus on refuse qu’il puisse être contre.
Enfin il y a la question de la non-mixité. Ca me dépasse. est-ce qu’on va interdire les rassemblements cathos ? Les réunions féministes (interdites aux hommes) ? Les rassemblements de jeunes (réservés aux 18-30 ans)? Le pèlerinage des pères de famille ? Les raid-aventures réservés aux hommes? Les clubs d’expat dans les autres pays? Même les groupuscules d’extrême-droite suprématistes blancs ne sont pas interdits tant qu’il n’a pas de preuve d’incitation à la haine raciale dans leur discours ou leurs écrits.
A quel moment, peut-on se rassembler en tant que … soi-même, avec ce qu’on choisit (sa religion, en principe, ses idées politiques…) ou ce qu’on ne choisit pas (son âge, son sexe, son orientation sexuelle, sa couleur de peau, éventuellement son célibat) pour pouvoir se construire, pour pouvoir partager une expérience, un vécu, les outils pour se défendre au besoin, pour pouvoir construire son positionnement tranquillement, et ensuite pouvoir être avec les autres de manière sereine, confiante et constructive y compris dans le conflit?
On a aussi besoin de temps non-mixtes pour pouvoir vivre ensemble. On doit s’assurer que ces temps ne soient pas des temps de préparation de « guerre » contre les autres, certes. Il y a des lois pour cela. On peut penser que se des femmes noires éprouvent le besoin de se réunir entre elles c’est qu’il y a un problème, et oui il y a un problème.
Là encore, de nombreux événements « non-mixtes » existent depuis longtemps, y compris dans des salles publiques (même si ce point est la critique la plus audible). Ca ne pose de problème à personne. Le problème commence quand cette non-mixité est celle des noirs et des femmes, et des femmes noires, à savoir une des catégories de population les plus discriminées (de nombreux hommes africains ou d’origine africaine voient aussi ça d’un très, très mauvais oeil. Evidemment ça n’est pas abordé, mais pour certaines de ces femmes, aller dans un festival de ce type c’est une réelle transgression vis-à-vis de leur famille) , et donc oui ça veut dire qu’il y a un problème de racisme et de sexisme en France.
J’ai une manière non cocardière de dire « vive la France « .. C’est de conjuguer le verbe vivre au subjonctif… Car un bon patriote peut-il avoir d’autres souhaits que son pays vive au mieux. Alors … et que vive la France au mieux de sa diversité, du respect de chacun quelque soit sa religion, son origine ethnique, son identité sexuelle.. et son appartenance politique…
@ Léa:
Votre commentaire est intéressant et je vous rejoins sur certains points, en particulier l’appel à accepter l’altérité.
Si je puis cependant me permettre, certains désaccord se font jour en moi en vous lisant.
Premièrement sur le fait que vous ne soyez pas reconnu immédiatement comme la mère de votre enfant. Bien que cel soit une blessure que je comprends, certains notions de base de la génétique nous font penser, et cela est probablement valable pour vois, que s’il y a lien de parenté, il y a lien de ressemblance physique. Et le premier critère immédiatement abordable en terme physique est la couleur de peau. Ce n’est pas un jugement, c’est une évaluation. Et pour un professeur, essayer de faire le lien est plutôt la preuve qu’il cherche à faire son travail correctement en ne laissant pas l’enfant à n’importe qui. C’est en tout cas comme cela que je le vis en tant que remplaçant, au risque de faire des bourdes un peu blessante. Principe de précaution plus que racisme patenté.
Sur l’affaire des festivals non-mixte, le problème n’est pas la non mixité mais l’intention dans laquelle est est faite. Si une retraire catho pour les pères de famille est faite dans le but d’opposer l’époux et l’épouse, en valorisant les différences du père pour se construire contre la mère, alors ce rassemblement est mauvais.
Ces festivals procèdent ici d’une intention de déconstruction de toute appartenance et non de la construction d’une altérité. Car il faut se connaitre pour échanger, sinon, on se font dans un magma informe. Ces lieux non-mixte annonce en revanche une fermeture pour mieux lutter contre l’oppresseur, qui est celui qui ne nous ressemble pas, qu’il soit animé de bonnes ou de mauvaises intention. Il est Autre donc Ennemi. C’est en tout cas mon point de vue.
J’allais faire un commentaire de deux lignes pour dire que sur ce point j’avais du mal à te suivre Erwan et que surtout tu occultais trop facilement la façon dont l’interview s’était passée à ce moment là (il faut voir les yeux ronds de je ne sais plus qui quand elle refuse de lui répondre ce qu’il voudrait entendre), mais je viens de lire le commentaire de Léa et elle dit en bien plus détaillé et bien mieux que moi ce que j’aurais voulu dire. Donc comme on dit sur les réseaux:
@ Léa: +1
Ajoutons, comme pour pour bien d’autres sujets, il y a un équilibre respectueux de chaque bord à trouver entre aimer la France et avoir une lecture critique de son Histoire.
@ Léa, je crois que vous vous trompez à plusieurs égards comme vous l’a fait assez bien remarqué @ Paul. Le fait que les modalités de deux événements soient similaires ne signifie en rien que leur intention est la même. Dans un pèlerinage des pères de famille – et je vais participer à mon huitième d’affilée – nous nous retrouvons dans l’idée aussi d’être de meilleurs maris, de meilleurs pères, pas dans l’idée de pouvoir dire tout ce que nous avons sur le cœur contre les femmes. Vous me direz que c’est normal parce que nous ne sommes pas des dominés dans le couple – ce qui reste à prouver – mais ce n’est pas davantage l’optique des pèlerinages des mères de famille.
Il en est de même de tous les exemples que vous avez pris : la limitation du public ne vise pas à mettre en scène une opposition.
C’est bien l’un des problèmes : la « non-mixité » sexuelle ou raciale est affirmée, proclamée, comme une revendication en elle-même, comme une démarche politique. Confondre cela avec un club d’expat dans un pays étranger n’a pas de sens. Quant aux groupuscules d’extrême-droite suprémacistes blancs, il ne vous aura pas échappé que je m’élève contre la démarche également. Précision d’ailleurs : la question, une fois encore, n’est pas nécessairement d’interdire. Je n’attends pas que tout ce que je réprouve soit interdit.
Quant à la raison pour laquelle cela n’ait pas encore été demandé aux autres, elle ne tient pas forcément du racisme mais aussi peut-être de l’occasion, du timing, du fait qu’elle est nouvelle députée et qu’on ne la connaît pas, qu’elle a communiqué il y a peu sur le soutien au festival mwasi et à ses activités non-mixtes racialement. Que, éventuellement, il paraisse plus difficile à accepter qu’une femme qui est naturalisée française depuis seulement six ans s’empresse de soutenir un groupe qui « nique la France » ne me semble par ailleurs pas le signe d’une intolérance crasse.
Quant au patriotisme, non, il est pas a priori indispensable. Mais lorsque nous vivons dans un pays menacé de l’intérieur, quand des jeunes Français prennent les armes pour massacrer d’autres Français, nous avons une situation spécifique dans laquelle il n’est pas illégitime de rechercher ce qui peut souder le pays, la Nation, contrairement à tout ce qui la scinde et la fracture, comme l’opposition raciale. Lorsque vous citez Gainsbourg, Brassens ou Vian, vous omettez une petite différence de circonstance : ils ne vivaient pas cette période de menace intérieure, cette période où des Français massacrent en France d’autres Français au nom d’une idéologie importée.
Enfin, vous occultez tout ce que disent Houria Bouteldja ou Sihame Assbague. Je crains que le fait de ne voir dans leurs positions que la défense des opprimées soit d’une coupable naïveté.
@ Jacques : oui, un vœu, un encouragement, plus qu’une gloire.
Léa : + 10, j’allais (essayer de) peu ou prou dire la même chose.
Et d’ailleurs, l’altérité ça commence par se mettre à la place des autres… Et quand je dis « place » c’est aussi place sociale, expérience sociale. Ma fille a été agressée sexuellement fois. Imagine t-on un instant qu’elle va raconter ses expériences en la matière devant n’importe qui ? Non bien sûr. Les noirs expérimentent la discrimination, le racisme au quotidien, on les renvoie constamment à leur race (d’ou l’expression « racisé » : ce sont les autres qui les renvoies à une prétendue race). Comment peut on imaginer qu’ils ou elles vont en parler devant… des blancs, qui comme d’hab, vont dire « aaaah non pas moi », « ah mais moi j’ai un ami/un voisin qui » ou plutôt le fameux (et très très violent) « rhooo mais vous exagérez ».
En outre je suis toujours étonné qu’on voie le communautarisme chez les autres et pas chez soi. Quand des catholiques versaillais/bourgeois choisissent d’être entre eux, ce n’est pas du communautarisme peut être ?
Ne vous a-t-il pas semblé, @ eczistenz, qu’à travers une publication récente – je vous laisse deviner – je n’ai pas spécialement marqué de goût pour une tentation communautaire, identitaire, chez les catholiques ? L’amnésie frappe-t-elle donc si vite ?
Pour le reste, même réponse qu’à Léa. J’ajouterais juste que #LesBlancs ne sont pas si cons que vous semblez le supposer.
Pas de soucis cher Koz, si je viens aussi souvent ici c’est bien parce que j’apprécie votre ton et vos propos. Cela va d’ailleurs même plus loin, j’y cherche à me rassurer (et c’est réussi, merci) sur le fait de « faire société » avec des gens différents de moi, ce qui n’est pas forcément le cas de quelque uns des gens qui votent comme moi, ou quelque uns de vos commentateurs, qui ne me semblent pas, mais alors pas du tout, saisir ce qui se joue dans ce type de démarche, en terme de « retour à l’identité ». Par ailleurs, puisque vous citez le festival Nyansapo, les ateliers qui ont entrainé la polémique était dirigées vers les femmes noires. Je trouve étonnant que tout le monde se soit crispé sur l’exclusion des blancs, alors que les hommes en général l’étaient aussi… C’est bien la preuve que c’est genré avant d’être racisé. Et tout le monde a retenu « les blancs »… Si on ne voit pas de souci à laisser les personnes traumatisées à l’évoquer entre elles, je ne vois pas en quoi un traumatisme lié à l’expérience du racisme empêche de vouloir en parler entre personnes concernées. Après, je suis d’accord sur le fait que notre identité ne se limite pas à une ou plusieurs catégories sociales ou à une catégorie de victime, mais c’est difficile d’être péremptoire sur le sujet vu que je ne subis pas de discrimination raciale, et il est aussi difficile de nier le système de pouvoir dans lequel nous vivons.
Ce n’est quand même pas très compliqué.
Quand on se rassemble pour mieux aimer, aucun problème.
Quand on se rassemble pour mieux haïr, il y a problème.
Bon, ce n’est pas toujours 100 % l’un ou 100 % l’autre, mais la dominante est rarement difficile à deviner.
Merci, Koz, pour ce bel et nécessaire article, et pour vos réponses aux commentaires, respectueuses et constructives (comme toujours), mais également nécessaires.
L’anti-racisme est en train de partir complètement en sucette.
Laurent Bouvet l’exprime très bien dans cet article ; une part de plus en plus importante (ou visible) des antiracistes est elle-même ouvertement raciste, et souvent antisémite.
Aux US, c’est encore pire. Certaines universités américaines ont complètement perdu le contrôle de la situation, voir ce reportage totalement hallucinant sur Evergreen State College dans l’Etat de Washington.
Ca fait un moment qu’on le sent venir. Je me souviens de discussions homériques ici-même il y a 3 ou 4 ans où je soulignais l’obsession pour la race du mouvement antiraciste qui tournait clairement vers le racialisme ou carrément le racisme. J’avais commencé à utiliser la locution « (anti)racisme » pour la décrire mais j’ai arrêté, ça choquait trop.
Pourtant le phénomène est patent. Les antiracistes voient des races « victimes ou dominées » (noirs, arabes, musulmans -oui, je sais-) et des races « bourreaux ou dominantes » (blancs, chrétiens). Ils disent explicitement que, selon eux, le racisme ne peut être que le fait d’une race dominante. Ainsi, aucune essentialisation, aucune discrimination ne sont racistes si elles sont orientées dans le « bon » sens. L’objectif est l’inversion (et non la disparition) de ce rapport de domination; cela entraîne tout sur son passage, philosophie des lumières, féminisme…
Cela semble un défi que d’émettre un commentaire nuancé sur ce sujet, mais je vais m’y essayer.
D’abord, merci, Koz, de l’aborder. En première réaction j’avais eu le sentiment que c’était juste une polémiquette fabriquée pour le buzz. Mais comme tu le soulignes justement, entre Vive la France et Nique la France, il y a un vrai sujet – sommes-nous ensemble? Ëtre ensemble exige-t-il de crier Vive la France? Ëtre ensemble est-il compatible avec le fait de crier Nique la France? Il y a là un concentré de nos interrogations existentielles.
Je n’ai pas de thèse construite à proposer, je ferai juste quelques remarques en désordre.
D’abord, la comparaison avec Brassens ou Vian – elle me semble pertinente (sauf pour ce qui est du niveau de langue, mais bon, disons que je suis un vieux con, et passons là-dessus). La chanson Les deux oncles date de 1964. C’est une récusation sans nuances du patriotisme, y compris celui de la Résistance, à une époque où ces souvenirs-là étaient encore bien vivants. Encore aujourd’hui, le texte a de quoi choquer (et il me choque, pour ma part). Par ailleurs, en 1964, il n’y avait pas la menace terroriste, mais il y avait infiniment plus sérieux : la menace soviétique, qui mettait en cause la liberté , voire la survie du pays (1962 – crise des missiles de Cuba). Brassens a été durement critiqué pour ce texte, et il y avait de quoi.
Après, est-ce que le terrorisme a fait son lit sur les appels à « niquer la France »? Oui, cela fait partie du problème, mais en tant que symptôme, pas en tant que cause. Demander que tous se rassemblent derrière « vive la France » fait-il partie de la solution? Je crains bien que non. Cela nous fait sentir rassemblés, cela nous aide, c’est vrai et j’ai participé, sans réserve, à cet élan collectif nécessaire: après le Bataclan, après Nice, le moment était à nous soutenir mutuellement. Mais il en faudra bien plus pour en finir avec le terrorisme, et je crois illusoire d’essayer d’imposer, par la pression sociale, un rassemblement autour du drapeau. N’avais-tu pas, Koz, émis des doutes (légitimes, à mon avis) vis-à-vis du trop facile slogan « je suis Charlie »? « Vive la France » n’est pas de la même nature, certes, mais je comprends qu’il puisse être perçu comme tel par ceux que la France n’arrive pas à inclure. En ce sens, bien que je sois en désaccord avec une bonne partie du commentaire de Léa, elle soulève un point très juste.
Le point de vue racialiste et identitaire dès Indigènes de la République est le pendant de celui, racialiste et identitaire, de l’autre côté du spectre politique? C’est bonne en partie exact, même si c’est simplificateur. Les deux seront représentés à l’Assemblée. On peut le regretter, mais ces points de vue existent au sein de notre société: on ne peut ignorer leur existence par un faux unanimisme. En 1964 aussi, il y avait une grosse minorité qui rejetait le consensus patriotique et préférait le grand frère soviétique à nos alliés naturels: il était représenté par des députés également, et notre démocratie ne s’en est pas si mal trouvée.
Gwynfrid a écrit :
J’imagine que tu ne croies pas sérieusement que je pense qu’il suffise de faire dire « Vive la France » pour lutter contre le terrorisme ?
Par ailleurs, si tu m’as bien lu, tu auras lu ceci :
Le fait est que je ne cherche pas à imposer à qui que ce soit de dire « Vive la France » (qui donc a parlé d’imposer, ici ?). C’est le contraste entre la spontanéité de la justification d’un appel à la niquer et l’embarras à vouloir l’aimer, ou la célébrer rien qu’un peu, qui pose difficulté.
@ Aristote : c’est assez bien résumé. Et cette idée que nous n’aurions pas grand-chose à faire ensemble, qu’un problème ne puisse se résoudre que de façon séparée, au lieu de dialoguer, de sensibiliser, de rencontrer l’autre, oui, cela me pose problème. Il ne s’agit pas, dans ces réunions, de groupes de parole, il s’agit de réunions politiques et militantes. Quand Génération Identitaire ouvre un bar réservé aux Blancs, ce n’est pas pour pouvoir mieux se soutenir dans leur résistance au racisme anti-Blanc et, pourtant, qu’on l’accepte ou non, ils se sentent menacés – certains au demeurant sont issus de quartiers dans lesquels il ne fait pas forcément trop bon être le « gaulois ». C’est bien un événement politique qui est mené.
La confusion entre les exercices n’aide pas.
Et puis, franchement, il y a une hypocrisie certaine à prétendre devoir imposer la non-mixité. Le problème, généralement, dans des assemblées de ce genre, c’est bien plutôt qu’il y ait une mixité. Quand des femmes invitent des femmes, il est rare qu’un homme s’invite. Et s’il s’invite, il est probable qu’il ne s’y attarde pas. Quand des personnes d’origine africaines invitent des personnes d’origine africaines, il est rare qu’un Polonais passe par là et s’invite.
La nécessité ressentie de proclamer publiquement, à l’avance, qu’un événement sera réservé aux « racisés non blancs » trahit l’intention.
Et au-delà de cela, il suffit de se référer à la rhétorique de nombre des animatrices de ces rendez-vous, que ce soit Houria Bouteldja ou Siham Assbague. Leurs camps d’été décoloniaux, interdits aux Blancs, ça ne relève pas véritablement du repas tiré du sac dans la salle paroissiale.
Même Libé est horrifié par son livre « les Blancs, les Juifs et Nous« . Et pourtant, Danièle Obono rediffuse l’un de ses textes, qu’elle trouve « très juste et très beau ». Je veux bien qu’il s’agisse d’un texte différent, mais elle ne peut pas ignorer les tentations d’Houria Bouteldja.
Quand on lit ceci : « On ne reconnaît pas un juif parce qu’il se déclare juif mais à sa soif de vouloir se fondre dans la blanchité », franchement, on a un doute sur la nature des événements sponsorisés par la dame ? On les prend comme une incitation à réfléchir à nos fautes ?
Bien sûr il y a des problèmes de discrimination et de racisme en France. Mais ils n’imposent pas d’être traités de cette manière.
Je me rends compte que j’ai oublié d’écrire, en introduction de mon commentaire, que j’étais 100% d’accord avec ce que tu écris dans le billet. Sans doute parce que ça me semblait tellement évident…
En fait j’ai réagi au ton des commentaires en France en général, pas spécialement ceux que j’ai lus ici. Mea culpa, j’aurais dû être plus clair sur ce point. Il me semble que, si personne ne prétend imposer à Danièle Obono de crier « vive la France » (ce serait absurde), ne pas le faire est considéré comme suspect, pour une députée de la République, qui plus est dans un contexte où ladite députée est proche de ceux qui crient plus volontiers « nique la France ». Il est bien question de définir la norme de ce qu’on attend d’un élu en matière de patriotisme.
Encore une fois, cette remarque ne s’adresse ni à toi ni à ce billet. D’ailleurs, je me place moi-même du côté de « vive la France », même dans les cas où il y a des reproches à faire à notre pays. Néanmoins, j’estime que la position opposée est admissible, dans le cadre d’un débat politique civilisé.
Le nombre d’étrangers francophiles qui vivent dans leur pays, ces « happy few » qui aiment la France, est tout de même considérable. Ils viendront visiter la France en moyenne tous les dix ans. Prenons par exemple ceux originaires de pays non francophones et qui ne sont pas d’anciennes colonies françaises. Ce sont des centaines de milliers de personnes qui parlent très bien français qui ont souvent été à des écoles françaises dans leur pays d’origine (sans être français) et ont suivi les mêmes programmes français. Ils ont été bercés dans la culture française, tout en ayant leur propre culture très riche. Depuis leur plus tendre enfance, ils ont appris la Marseillaise, lu Tintin, Astérix, Lucky Luke, puis La Fontaine, Molière, Sthendal, Camus, Céline… Eux ils vont vous dire sans hésitation Vive la France ! Ils sont au moins bilingues, ont même quelquefois un bac français, mais surtout une satisfaction énorme de parler français, de connaître la culture française. Bien plus satisfaisant que d’avoir des biens matériels.
Si on connaît la langue, on a un meilleur accès à la culture française. Cela ne veut pas dire qu’on va consommer tout de la culture française. Les gens vont être sélectifs et vont voir ailleurs quand la culture contemporaine subventionnée par l’Etat est médiocre, ou quand elle est une mauvaise copie de ce qui se fait dans d’autres pays. Mieux vaut voir et écouter l’original que l’ersatz.
Quand une députée française, d’origine gabonaise, préfère défendre l’idée de Nique la France que de dire Vive la France, c’est son problème et c’est elle qui s’auto-dénigre, comme personne, comme citoyenne et comme élue de la France. Cela ne dégrade aucunement la France ni les chefs d’œuvres de la culture française.
Vu depuis l’extérieur de la France, ce genre de polémique surprend et fait sourire. Mais il y a tout de même une réalité qui est choquante. Il y a en France beaucoup de gens qui n’aiment pas la France et qu’ils aimeraient niquer la France chacun à sa façon. Je pense qu’on ne peut grand-chose pour changer cela. Alors oui, je suis d’accord avec les propos de Koz quand il dit : « Nous avons le droit de dire aujourd’hui que nous ne voulons plus jamais entendre cela, plus maintenant, pas après Charlie, pas après Nice, pas après le Bataclan ».
By the way, Vive l’Afrique francophone ! Vive le Gabon ! On n’est pas des Danièle Obono.
Sinon, sans la moindre intention de prendre ma carte au FN, suis-je le seul à tiquer un peu en voyant le portrait officiel pour l’AN de Mme Ali (Mayotte) voilée ? (noté en allant voir les nouveaux secrétaires de l’assemblée, dont elle est, donc.)
En illustration de ce sujet passionnant une citation de Régis Debray, ce matin sur France Culture :
« La grande bévue, la grande illusion est de croire que les gens peuvent se rassembler autour de rien : c’est faux ! il faut toujours du vertical »
De la Révolution à 1968, le vertical a été la nation , c’est une période terminée, le seul commun que je vois est la démocratie, je crois que la grande majorité y croit encore, mais elle se dissout progressivement;
Sans doute allons nous connaître une période sans vertical et sans commun;
Bonjour,
la France n’est pas pour moi une mythique patrie de droits de l’homme nés avant, et de façon moins sanglante, aux Pays-Bas, en Angleterre et aux Etats-Unis. Elle est encore moins une communauté partageant des valeurs communes alors que notre pays fait cohabiter depuis 250 ans révolutionnaires, hédonistes et intégristes tous aussi revendicatifs les uns que les autres. Elle n’est pas non plus, ou plus, ce phare culturel universel que nous aimons imaginer, imbus d’un titre en trompe-l’oeil de numéro 1 du tourisme qui compte tous les allemands prenant un café à Montélimar sur le chemin de l’Espagne.
La France est pour moi d’abord un espace géographique accueillant, comme il en existe peu d’autres. C’est aussi une langue que l’on peut juger belle et propice aux discussions brillantes (même si je préfère de loin le bel anglais britannique). C’est un gouvernement toujours parisien que l’on a le droit d’apprécier diversement ! je le trouve en moyenne plutôt prétentieux et médiocre, en tout cas comparé aux autres gouvernements occidentaux. C’est enfin, et j’ai envie de dire surtout, une armée qui a souvent été valeureuse et brillante.
On peut décrie ou apprécier ces différents niveaux de façon différente, mais pour moi, on ne peut nier la complexité de nos nations modernes, et les sentiments complexes qu’elle inspire: je suis français, mais je me sens plus chez moi à Milan qu’à Nantes ou en Bretagne.
Que l’état français disparaisse pour une raison quelconque et soit remplacé par d’autres états aux frontières différentes serait certainement pour moi un évènement assez significatif. Mais ce serait pour moi beaucoup moins important que si la ville de Tokyo, dans laquelle j’ai vécu quelques années merveilleuses, était rasée par un séisme, ou si ma vallée du Rhône natale, par suite d’un accident nucléaire, devenait un no-mans-land pour 150 ans.
Attention, je mesure bien la valeur de l’état de droit de nos sociétés modernes, mais je pense qu’il ne faut pas mélanger cet état de droit avec la nation française.
Je ne nie pas non plus qu’il y ait d’autres racistes que les blancs. en fait, je pense que même les blancs ont commencé plut tôt que d’autres peuples leur rééducation sur ce sujet.
Cependant, j’hésite un peu à critiquer les anciens esclaves (la France a été un grand pays esclavagiste), et toutes les personnes qui ont subies la colonisation française: je comprends que cela ait pu laissé quelques traces.
humpty-dumpty a écrit :
Il me semble que droit coranique est reconnu à Mayotte par dérogation au droit français normal. Dans ce cadre, cela ne me choque pas trop.
uchimizu a écrit :
Les anciens esclaves sont morts depuis longtemps et la colonisation est finie depuis 55 ans.
Danièle Obono a 36 ans. Houria Bouteldja a 44 ans. Tariq Ramadan est né à Genève 6 mois après les accords d’Evian.
Ces gens n’ont subi ni l’esclavage, ni la colonisation française.
Enfin, la France n’a pas été un grand pays esclavagiste. Elle a été un grand pays à l’époque où l’esclavage était encore courant. Elle a été l’un des premiers pays du monde à l’abolir.
uchimizu a écrit :
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blockquote>humpty-dumpty a écrit :
Sinon, sans la moindre intention de prendre ma carte au FN, suis-je le seul à tiquer un peu en voyant le portrait officiel pour l’AN de Mme Ali (Mayotte) voilée ? (noté en allant voir les nouveaux secrétaires de l’assemblée, dont elle est, donc.)
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Non, ce n’est officiellement plus le cas, depuis que l’île est passée de TOM à DOM :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/06/02/la-justice-musulmane-abrogee-a-mayotte_1366743_3224.html
Mais le voile est néanmoins plus une coutume qu’un élément du droit coranique.
Cette dame ne porte pas le voile intégral que l’on peut voir dans certaines villes métropolitaines, mais je comprends la réaction de Humpty.
La France, comme tout endroit sur terre, tu as intérêt à choisir le moment où tu y viendras au monde. Tous ces moments ne se ressemblent pas, le bordel métaphysique des hommes a mille natures différentes suivant le temps. Cependant, de toutes manières, tu entreras dans la vie d’un peuple dont la légende fondatrice de civilisation a accouché et accouche encore dans son histoire douloureusement. Les guerres, c’est comme une allumette qu’on jette à terre en été, par temps sec. Tu ne sais pas qui a jeté l’allumette mais le feu t’invite à courir quand tu as chaud aux fesses. A frictionner deux nationalismes, il en jaillit des étincelles comme on faisait aux temps préhistoriques pour avoir du feu. L’étincelle, c’est comme la goutte qui fait déborder le vase et provoque une réaction en chaîne. Ne regarde pas tous ces doigts qui montrent et démontrent les dégâts, c’est peine perdue. Le sujet observé c’est toi. Certes il est bon d’être né en France, cet écrin empli de mille joyaux mais cela t’es donné et ne t’appartient pas, comme tes enfants ne sont pas tes enfants : dixit Khalil Gibran. Tu es dans un jardin à cultiver, reflet de ton jardin intérieur. Si celui-ci est universel, alors ton lopin de terre sera beau. L’homme est pluriel et unique, c’est difficile à admettre mais c’est vrai. Jésus n’est-il pas venu pour tous les hommes ? Certes, la religion « adamique », l’Islam a enfermé dans son livre, jésus et sa mère, Issa et Myriam, leur donnant un rôle bien secondaire dans ton esprit. Mais l’Esprit souffle où il veut et l’épreuve de la confrontation entre ce que les musulmans croient et ce que tu crois, c’est un peu un examen de tolérance. Vivre ensemble jusqu’à ce que l’enrichissement de l’âme soit aussi grand de part et d’autre. Tu n’es pas né au temps de l’accomplissement des hommes sur terre: Patience, ce jour n’est pas celui de ta naissance et ne sera pas celui de ta mort. Aime et fais ce qu’il te plaît a dit Augustin.