Depuis le temps qu'il est dépassé, le clivage

J’ai vaguement en tête le début de l’ouvrage Les Droites Aujourd’hui de René Rémond brièvement évoqué sur mon ancien blog – dans lequel il s’interroge (ou répond à l’objection soulevée) sur l’opportunité de consacrer un ouvrage à l’examen des droites alors que, nous dit-on, le clivage gauche-droite serait dépassé.

Or, non sans une certaine hauteur de vue historienne, René Rémond rappelait que le thème du dépassement du clivage gauche-droite est un thème récurrent au sein du débat politique français, à tout le moins depuis la Libération et que si, de façon toute aussi récurrente, les français récusent son existence, ils ne manquent jamais l’occasion, pourtant, lorsqu’on leur demande de se situer politiquement, de se référer au good old clivage.

Le dernier sondage TNS-Sofres ne dit pas autre chose :

« 53% des Français estiment que les notions de droite et de gauche sont dépassées, contre 41% qui jugent la notion toujours valable. Dans le même temps, 2/3 des interviewés se classent sur une échelle gauche-droite. »


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12 commentaires

  • La question posée par la Sofres était la suivante :

    « D’apre?s leurs opinions, on classe habituellement les Franc?ais sur une e?chelle de ce genre. Comme vous le voyez, il y a deux grands groupes : la gauche et la droite. On peut se classer
    plus ou moins a? gauche ou plus ou moins a? droite. Vous, personnellement, ou? vous classeriez-vous sur cette e?chelle?»

    N’importe quel sondeur te le confirmera (en tout cas, moi 🙂 ) :

    Il est remarquable que 33% des gens aient refusé de se situer suite à cette question pourtant très incitative, soit en choissant le centre, non cité dans la question (!), soit en refusant de répondre (8% – le taux de non-réponse à une question qui semble pertinente aux interviewés, est habituellement de 1 à 3%).

  • encore plus drôle (ça m’avait échappé à la première lecture) : bien que le centre ne soit pas cité dans la question, il obtient une majorité relative !

    (25%, contre gauche 24, droite 22, extrême-gauche 13, extrême-droite 8).

  • Ce n’est qu’en partie exact, ce que tu dis, Frédéric. Il est certain que, si la question avait été : « et vous, où vous classez-vous politiquement ? », la réponse aurait été plus frappante. Ainsi de celui qui expliquerait qu’il n’y a plus ni droite ni gauche et déclarerait spontanément être à droite…

    Mais :

    – il me semble que les questions ouvertes sont de toutes façons peu utilisées dans les sondages. Tu dois en connaître la raison mieux que moi.

    – il n’est pas exact de dire que le centre n’est pas cité, certes il est dit « comme vous le voyez, il y a deux grands ensembles » mais l’échelle fait apparaître le centre, tout comme l’extrème-gauche et l’extrème-droite.

    – il reste marquant qu’alors que 53% des sondés estiment que le clivage est dépassé et que 67% des mêmes personnes, lorsqu’on leur demande où ils se situent embrayent spontanément en se classant malgré tout sur l’échelle. C’est tout de même un défaut de cohérence évident.

    Maintenant, si tu veux dire que les français sont des veaux incohérents… Ce serait mal.

  • On peut pas ressortir le diagramme de Nolan ? Il est trop compliqué pour le commun des mortels, ou pas assez précis, pour qu’il ne soit jamais évoqué ?

  • @koz : bonsoir !
    je suis bien conscient de la différence entre

    * la façon dont les Français aimeraient pouvoir se situer politiquement – pas sur cette échelle obsolète,

    * la façon dont ils savent se situer sur cette même échelle : ils ont eu le temps d’en prendre l’habitude.

    J’ai bien noté que l’échelle comportait les positions « centre, extrême-gauche, extrême-droite » ; le point que je souligne, c’est que la question elle-même fait explicitement référence à « deux grands groupes : gauche et droite » (le résultat paraît être dans la question !) et pourtant, dans les réponses, le plus grand groupe … en est un troisième ! le centre !

  • Connaissez vous l’histoire du chauffeur de bus de Harlem ?
    Un jour où un Noir voulait s’asseoir devant dans le bus une rébellion des blancs éclata instantanément.
    Le chauffeur hurla un bon coup pour reprendre son autorité dans son bus : « Aujourd’hui il n’y a plus de blancs ni de noir. Vous êtes tous bleus … Les bleus clairs devant, les bleus foncés derrière s’il vous plait !!! »

    Merci de ne pas retenir l’aspect secondaire de notion de race et de racisme de cette histoire citée dans ce contexte.

    Je veux juste dire qu’on s’en moque pas mal de parler de gauche ou de droite, de partie progressistes ou conservateurs, de démocrates ou de républicains car on cache toujours les même gens derrière des mots qui n’ont souvent plus d’autre valeur que de nommer plutôt que de définir.

    Droite et Gauche ne sont donc que des mots et le piège est de les refuser pour se mettre au Centre comme pour les englober tous.
    Ce qui compte pour moi ce sont les projets, les idéaux, les ambitions et les moyens que l’on se donne pour les atteindre. (à ne pas confondre avec les rêves, les utopies et les illusions de remèdes miracles)

    Et puis de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par la gauche, le centre et la droite … ce ne sont que des positions à l’Assemblée Nationale !!!

  • Disons que je n’ai aps attendu grand monde pour constater qu’il y avait à gauche des gens de valeur, comme à droite, et qu’il était probablement vain de penser qu’un seul « camp » détenait la solution à l’ensemble des problèmes de la France, mais que je pense que le dialogue est meilleur à partir d’une identité assumée que d’un robinet d’eau tiède, et que je ne ferai pas de l’invention de l’eau chaude un thème de campagne.

    Je suis clair, non ?

  • Je n’en doute pas, Frédéric, à commencer par toi. Mais, en même temps, dis-moi si je me trompe, à l’UDf, ils sont de droite, non ? Arthuis, Bosson, Dionis du Séjour, Bourlanges, Perruchot, Sarnez, Comparini, Courson, Morillon etc A combien de gouvernements de droite, ou de majorités de droite ont-ils appartenu ?

    D’ailleurs, le projet législatif de l’UDF est de droite.

  • @ koz : M. Dionis vient, je crois, du CERES, et M. Leroy du PCF. Mme de Sarnez est dite « de gauche » par « Elle » sauf erreur de ma part.

    M. Bosson, quand il était opposé à M. Bayrou pour la présidence du CDS (1994), était considéré comme le candidat du centre-centre alors que M. Bayrou était favorable … à l’alliance du centre avec la droite. Pourtant, M. Bayrou a aussitôt fusionné le CDS avec un parti … du centre-gauche, le Parti social-démocrate de … M. Santini.

    Un autre soutien de M. Sarkozy, M. Soisson, était dans un gouvernement de gauche, celui de M. Rocard …

    Comme quoi, les étiquettes gauche-droite n’ont pas toujours grande signification s’agissant des personnes.

    Tu écris que « le programme législatif de l’UDF est de droite » : ne contient-il pas les mêmes propositions que celui de 2002 ? (la réponse est oui). Celui que M. Montebourg qualifiait de « plus à gauche que celui de Jospin » …

    Comme quoi, les étiquettes gauche-droite n’ont pas toujours grande signification s’agissant des programmes.

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