En raison d’une expérience militante de jeunesse traumatisante. A tout le moins dissuasive. En raison d’une certaine réticence à l’égard des partis. En raison du fait que nombre de mes interlocuteurs sur le Web semblent persuadés que, dès lors que l’on prend une carte, on perd l’esprit critique que l’on pouvait avoir la minute d’avant sa réception. En raison d’une relative incertitude sur mon « identité politique » profonde. Eh oui, j’oscille. J’approuve nombre d’idées d’un Nicolas Sarkozy, mais j’approuve aussi certaines idées d’un DSK, comme j’apprécie la démarche d’un Bockel. Et je ne suis pas sourd non plus parfois à certains arguments du PCF, quoique l’idée d’y adhérer n’ait jamais fait mine d’effleurer mon esprit étriqué de petit-bourgeois conformiste ta mère.
Mais je suis attentif. Je cherche et me cherche. Et parfois, le sentiment d’avoir trouvé m’effleure.
Après le projet de Dialogue & Initiative, que j’ai cru, un temps, écrit pour moi, voilà que la sensibilité Démocrate & Populaire de l’UMP publie une contribution, dans un petit livre d’un bleu très seyant, dans laquelle je ne peux pas m’empêcher de découvrir, de prime abord, quelques appels du pied.
Tout d’abord, en page d’accueil du site, il est précisé que les diverses contributions de Démocrate & Populaire sont marquées d’une « sensibilité commune » :
Lucidement libérale, résolument sociale et profondément européenne. »
Ah. Me voilà dans le coeur de cible, non ?
« Une France plus confiante dans son avenir… Une France plus attractive qui regagne quelques places dans la hiérarchie des classements économiques et sociaux »[1]
Plus loin, dans l’objectif de « passer d’une société de défiance à une société de confiance« , cette contribution me fait très plaisir en mentionnant :
Trop de textes législatifs déresponsabilisent. C’est le cas : Du principe de précaution : sommes-nous sûrs qu’il ne conduira pas au principe d’inaction ? Et pourquoi l’État ne s’applique-t-il pas lui-même ce principe en évitant de faire porter sur les générations futures le poids de sa dette ? (…)
J’ai écrit plus d’une fois mes fortes réticences vis-à-vis du principe de précaution (que ce soit dans mon billet d’avant-hier ou encore ici, ou là… ou encore ailleurs. Et quand je parle de fortes réticences, je pourrais même avouer une véritable aversion. Non pas quant à son objectif final mais en raison de ses effets induits.
Ne pouvant me permettre de reprendre ici l’ensemble des développements de cette contribution, je citerais juste, en laissant ceux qui le souhaitent approfondir, les autres objectifs annoncés, après le premier objectif précédemment cité :
- 2. Rendre l’Etat plus efficace
3. Des dépenses publiques maîtrisées pour un meilleur pouvoir d’achat
4. Un « choc de confiance » pour les PMI-PME
5. Une économie du savoir plus performante
« Les valeurs qui conduisent à la réussite d’un pays sont des valeurs que l’on associe plutôt que des valeurs que l’on oppose :
• La liberté mais pas sans la responsabilité.
• L’efficacité économique mais pas sans la justice.
• L’individu mais pas sans la communauté. »
En suite de quoi, les Démocrates Populaires se placent notamment sous les auspices de Tocqueville, Aron et Mounier, auspices sous lesquelles je n’ai guère de difficulté à me ranger également.
« Nous ne nions pas l’esprit de justice chez nombre d’élus militants ou élus socialistes ; ce qui diffère, ce ne sont pas les objectifs mais les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus. Le modèle social qui nous inspire associe :
• flexibilité et sécurisation des parcours professionnels,
• compétitivité des entreprises et amélioration du pouvoir d’achat,
• réforme de l’État et mise en concurrence des services publics. »
Peu après, je note aussi ceci : « En politique, ce qui est cru est trop souvent plus important que ce qui est vrai. Les rapprochements trop faciles entre socialisme et social nous imposent à nous, élus de la droite et du centre, un effort beaucoup plus important de pédagogie et de conviction, avec des objectifs lisibles, mesurables et vérifiables par tous. »
Ces contirbuteurs récusent, à raison, le terme de « discrimination positive« , les français n’y voyant que la « discrimination » – ce que j’ai pu constater moi-même – mais approuvent le principe :
« lorsqu’on leur propose des mesures audacieuses, les Français se situent au-dessus des conflits sémantiques; ils attendent des mesures qui combattent le profond clivage qu’ils ressentent dans le corps social. Nous sommes en adéquation avec le Président de l’UMP qui souhaite corriger les inégalités de départ. Nous estimons que l’action positive doit être une priorité dans l’éducation, l’entreprise et le logement. »
Et, effectivement, en ce qui me concerne, j’en ai plus qu’assez des invocations stériles de la République, de l’Egalité, et tous autres politiques correctitudes censées s’opposer à une action effectivemment volontariste et positive, quoique mal dénommée. Nous entendons depuis trop longtemps les beaux esprits invoquer en vain ces grands principes pour y accord encore beaucoup de crédit.
- Plus communicants, ils auraient pu écrire : une France plus attractive qui devienne leader mondial des classements économiques et sociaux… C’eut été ambitieux, mais irréaliste. [↩]
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