Connexion limitée

Emmanuel peut bien vouloir dire « Dieu avec nous », ce président n’en doit pas moins rechercher l’onction populaire, comme les autres. Or, moins que les autres, il en dispose. Dans son intervention disputée, Pierre Rosanvallon a souligné justement qu’Emmanuel Macron est passé, en quelques semaines, « de l’ombre à l’Elysée ». Ce surgissement improbable et opportuniste le poursuit comme le péché originel. Sa légitimité institutionnelle est incontestable, sa légitimité politique admise, mais il n’a jamais trouvé sa légitimité populaire.

Pire, il s’est installé dans cette fameuse pratique jupitérienne du pouvoir, méprisant des corps et pouvoirs intermédiaires qui ne lui devaient rien et pouvaient prétendre lui apprendre la France. Sa majorité parlementaire est composée d’inconnus destinés à le rester et qui, six ans plus tard, se sont parfaitement acquittés de leur tâche. L’interdiction du cumul des mandats achève de les déconnecter. A-t-il tenté d’innover, lançant un Grand Débat, une Convention citoyenne sur le climat ? L’intuition était intéressante mais les doléances, qui ont déplu, ont été remisées et les propositions ambitieuses ont été amputées, laissant à l’opinion la pire des conclusions : on ne l’écoute qu’aussi longtemps qu’elle dit comme le président. C’est bien d’ailleurs ce que démontre la Convention citoyenne sur la fin de vie qui, loin de faire exception, n’a été entendue que parce qu’elle a rempli son office : valider obligeamment la parole présidentielle, à point nommé pour son anniversaire. Tout, ainsi, paraît fictif, fabriqué, controuvé.

Il reste quatre ans avant la présidentielle, ce qui ne fait que trois années utiles. Il y a peu à parier qu’un président en fin règne change son logiciel. Le ministre de l’Industrie annonce même, curieusement, de « petits débats ». Ils feront de petits cahiers, pour de petits placards. Le peuple attend moins qu’on se penche complaisamment vers lui que de crier son existence, casseroles à l’appui. Une réforme des institutions pourrait être opportune (et si, pour reconnecter les élus, l’on voyait plutôt dans le péjoratif « cumul » un « concours » de mandats, limité dans le temps ?) mais ne produira aucun effet d’ici là. Alors si l’on peut critiquer aujourd’hui l’idée d’une crise de régime, la crise politique est au moins évidente et l’on ne peut que redouter que 2027 nous y enfonce. Emmanuel Macron n’aura alors été au mieux qu’un sursis, au pire un révélateur.

Photo de Sigmund sur Unsplash


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3 commentaires

  • Comme à chaque fois, et quelque soit le sujet, je partage votre analyse, alors que je viens de la gauche, et vous de la droite, je crois. Mais ça ne compte pas devant ce qui nous unit : la Foi en Dieu, en la démocratie véritable, dans les Droits de l’Homme et dans le respect de la vie, en toutes circonstances, de la conception à la fin de vie.

    Je salue votre action, votre courage notamment dans votre lutte contre l’euthanasie et le suicide assisté, et votre abnégation qui ne vous fait jamais renoncer.

    MERCI ET CONTINUEZ

  • Il y a du vrai dans ce que vous écrivez. Le président et son équipe ont des idées, remuent des commissions mais n’écoutent pas les bonnes idées ou réflexions à prendre dans les camps outre renaissance. Mais voilà j’aimerais lire chez vous de quoi bâtir, de quoi m’enthousiasmer. Un coin de ciel? Merci bien. Amitié.

    • Je vous remercie pour votre commentaire. Malheureusement, quand les nuages masquent le ciel, je n’ai pas vocation à faire croire qu’il est dégagé.

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