Confiance et humilité, chemin d'unité

b16In medio stat virtus. Et, par chance, in medio, précisément, j’y stat ! Oh oui je sais, cela peut paraître présomptueux. Je me jette peut-être dans les griffes du terrifiant péché d’orgueil… Sans me prononcer sur ma vertu, disons que je suis l’un de ces catholiques qui forment l’écrasante majorité des fidèles. Ni lefebvriste, ni progressiste. Et je m’en félicite. Car véritablement, le moment venu pour le Coopérateur de la Vérité de prendre la plume, je n’aurais pas voulu être du côté de ceux qui pensent pouvoir « traiter [le Saint-Père] avec haine sans crainte ni réserve« , ou de celui des « éléments déformés et malades« .

Dans sa lettre, Benoît XVI montre le chemin de l’unité. Ce chemin, qu’il emprunte le premier, c’est celui de la confiance, celui de l’humilité.

Le chemin de la confiance, en Benoît XVI : qui sont donc ceux qui ont pu croire, et laisser croire, que Benoît XVI fasse preuve de la moindre indulgence envers le négationnisme ? Benoît XVI est-il un nouveau venu dans l’Eglise pour que les catholiques ignorent ses positions antérieures, ignorent son rôle dans le pontificat de Jean-Paul II, ignorent ses propres démarches ? Et quand bien même un doute aurait subsisté leurs esprits, à moi aussi, « il (…) a été dit que suivre avec attention les informations auxquelles on peut accéder par internet aurait permis » de le lever rapidement. Qui sont ceux qui ont pu croire et laisser croire que Benoît XVI s’apprêtait à brader Vatican II ? Le père Ratzinger n’a-t-il pas été un artisan de Vatican II ? Le cardinal Ratzinger n’a-t-il pas été l’interlocuteur de Mgr Lefbevre, sans rien abandonner de Vatican II ? Benoît XVI n’a-t-il pas prononcé à la Curie, le 22 décembre 2005, un discours dépourvu de la plus petite ambiguïté ?

Le  chemin de l’humilité, aussi. Loin de toute « suffisance et présomption » (comme de toute « fixation sur des unilatéralismes« ). Dans une interprétation toute séculière, certains titrent sur la reconnaissance de ses erreurs par le Pape, sur son mea culpa. Benoît XVI, que l’on dit si ferme, que l’on dit intransigeant, prend la plume pour, effectivement, reconnaître des « erreurs« . Nous avons là le chef de l’Eglise catholique qui fait la démarche d’écrire pour admettre des erreurs, pour reconnaître des insuffisances (parfois même de façon presqu’attendrissante, lorsqu’il évoque internet) : combien de responsables – du président d’une association, au chef d’Etat, en passant par le chef d’entreprise – envisagent seulement une telle démarche ? Voilà le Pape, chef d’une Eglise que l’on nous dépeint parfois comme pompeuse, pape auquel nos interlocuteurs prêtent une infaillibilité mal interprétée, qui vient reconnaître des erreurs… Je confesse une certaine tendresse pour cette Eglise qui se montre ainsi dans toute son humanité. Une humanité qui est aussi à l’image d’un Dieu qui s’est fait homme, qui a « accepté » de se faire homme.

Alors, ce chemin, se peut-il que nous refusions de le suivre ? Se peut-il que nous ne concevions pas un peu de gratitude pour cette lettre et, le cas échéant, un peu de remords pour nos réactions passées ? Se peut-il que les uns et les autres ne se laissent pas toucher par cette démarche du Saint-Père ? Se peut-il que les uns reprennent aussitôt le chemin de la défiance, et les autres celui de la présomption ?

Déjà certaines réactions semblent témoigner d’un esprit de polémique persistant… Puisque, d’un bord à l’autre, les uns et les autres font assaut de « vraie catholicité« , alors, que chacun ait à cœur d’adopter une réaction vraiment catholique, de confiance et d’humilité, sans naïveté ni présomption.

“Mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres !”

Billet rédigé pour le blog de La Croix, Le Vatican et les intégristes.

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35 commentaires

  • Et si l’on croyait, en France, sans se préoccuper de ceux d’en haut ? Si Jésus était dans nos cœurs de chrétiens, simplement ? Foin de ces polémiques qui font le miel des guerriers anti-catholiques ? Affirmons sans ostentation notre croyance dans le message de Christ qui nous enjoint de nous aimer. Oui, ça secoue, tout cela, mais nous ne sommes que d’humaine condition. Nous sommes un peuple en marche vers la lumière du Christ, nous sommes la Lumière du monde. nous sommes heureux d’être, nous avons envie de prier, simplement. Comment ne pas penser à ces familles qui, qu’elles soient juives, musulmanes, chrétiennes, bénissent le repas, ceux qui l’ont préparé, ceux qui pensent aux démunis.

    Qui croit sans rire que sous le pontificat de Jean-Paul II, les polémiques n’étaient pas aussi fortes ? Ah certes, elles étaient plus feutrées, les uns étaient moins diserts sur les positions des autres, parce que Jean-Paul II était polonais, peuple en souffrance s’il en fut. Pense-t-on que les Allemands ne portent-il point le poids de l’infamie ? Benoît XVI est conscient plus qu’autrui de cette charge plus immense encore. Affirmer cela revient de mettre en doute l’infaillibilité papale, qui n’est après tout qu’un dogme vieux de cent cinquante ans. Il y a des errements, des défaillances. Qui dans sa vie n’a pas vécu de deuil si grand qu’il pense se perdre dans l’absence jette la première pierre. Et je fus souvent de ceux-là.

    Mais je reconnais avec humilité qu’il n’est pas de cette eau-là. Que cette droitisation est un leurre. Depuis la montée de Jean-Paul II vers des cieux plus sereins, on se croit permis l’ébrèchement de l’Amour. Eh bien, à nous d’aimer encore plus, de veiller, d’être lucides et bienveillants. Nous sommes plus pécheurs que lui, et prenons garde de ne pas être prêcheurs quand nous n’en avons pas la capacité. Aimons-le, il nous aimera en retour. Il nous aime déjà, à l’image du Sauveur dont il porte l’héritage.

  • combien de responsables – du président dune association, au chef dEtat, en passant par le chef dentreprise – envisagent seulement une telle démarche ?

    Mister Barack « I screwed up » Obama?

    😉

    Merci pour ce billet rempli d’amour !

  • Beau billet, qui touche directement au coeur du message de Benoît XVI.

    Pour ma part, j’ai été très impressionné par cette lettre, son humilité, sa finesse, et l’ambition que le pape a de nous emmener tous vers le haut, toujours. D’aucuns ont vu dans la reconnaissance de certaines erreurs l’aveu d’une faiblesse: bien au contraire, j’y vois la simplicité et la franchise de quelqu’un qui sait où il va, comment il veut y aller, et pourquoi.

  • Très belle lettre du Saint Père. Je n’en suis que plus attristé de constater que sur les blogs de La Croix, d’aucun n’a pu s’empêcher de n’y voir que « comme un décalage ».

    Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

    Bien à vous.

  • yeah peace and love mes frères.
    Quel bel article Koz. Quand on voit le conservatisme sous le prisme de l’amour, il en devient un petit lapin très mignon

  • Le Saint-Père nous offre une lettre poignante qui vient du cœur et de l’âme…Les progressistes de tous poils et les lefévristes l’entendreront-ils?
    Vatican II n’introduit en rien une nouvelle religion,il s’inscrit comme tous les conciles dans la grande histoire de l’Eglise,il redit avec des mots peut-être plus modernes l’antique vérité de la Foi.
    Benoît XVI permet une lecture en profondeur de cette grande Tradition qui parcourt notre humanité.
    Mais est-ce que Mgr Fellay a les capacités pour entendre ce que dit le pape?Pas certain,hélas!

  • Nous verrons bien. Il est difficile de décrypter les positions de la FSPX, qui ne sont pas toujours d’une grande stabilité dans le temps et selon les courants. Reste l’espoir.

    Aristote a écrit:

    Très belle lettre du Saint Père. Je n’en suis que plus attristé de constater que sur les blogs de La Croix, d’aucun n’a pu s’empêcher de n’y voir que “comme un décalage”.

    Je partage votre regret. Dommage de n’en retenir que cela. D’autant que le Vatican a, cette fois, réagi rapidement, sur la triste affaire brésilienne.

    Gwynfrid a écrit:

    Pour ma part, j’ai été très impressionné par cette lettre, son humilité, sa finesse, et l’ambition que le pape a de nous emmener tous vers le haut, toujours.

    « Affermis tes frères dans la foi » ?

    John Lemon a écrit:

    yeah peace and love mes frères.
    Quel bel article Koz. Quand on voit le conservatisme sous le prisme de l’amour, il en devient un petit lapin très mignon

    Et que voit-on lorsqu’on n’enlève jamais ses binocles politiciennes ?

    worou a écrit:

    Vatican II n’introduit en rien une nouvelle religion,il s’inscrit comme tous les conciles dans la grande histoire de l’Eglise,il redit avec des mots peut-être plus modernes l’antique vérité de la Foi.
    Benoît XVI permet une lecture en profondeur de cette grande Tradition qui parcourt notre humanité.
    Mais est-ce que Mgr Fellay a les capacités pour entendre ce que dit le pape ?Pas certain,hélas!

    J’ai l’intuition que, dans la FSPX, il n’est pas le moins capable de l’entendre. A supposer que mon intuition soit exacte, sera-t-il capable de le faire entendre ?

    Le discours à la Curie du 22 décembre 2005 me paraissait déjà suffisamment clair. Malheureusement, « présomption et suffisance » amènent certains à penser qu’ils détiennent mieux que d’autres la vérité.

    Espérons, malgré tout. Car je ne sais pas quels gestes supplémentaires le Vatican pourrait encore faire.

  • @ Poussah

    Lourde erreur, Obama est comme la plupart des politiciens, d’un orgueil sans mesure. Relisez ce qu’il dit autour de son « I screwed up »: en somme il s’excuse de ne pas avoir mesure que tout le monde ne voyait pas aussi clairement que lui l’interet du pays.

    @ Koz

    merci de ce billet, qui exprime si bien ce que les « cathos de base » ressentent.

    Ce qui m a frappe dans cette histoire, c’est l’etendue du racisme violent anti-allemand qui existe encore. Tous ces degagements lamentables sur le « pape nazi » me restent profondement en travers de la gorge.

  • OUI cette lettre est très belle et très émouvante et elle nous montre le chemin.

    en dehors de tout ce qui a été souligné plus haut, il y a deux petites choses que j’apprécie également :

    Ce sont d’abord les termes qu’il applique à la FSSPX. Parce que j’avais besoin d’être rassurée et de savoir que ceux qui ont été fidèles à Vatican II (et parfois ça leur a coûté je pense) ne sont ni « déformés » ni « malades »…a priori.

    Et puis cette petite phrase : « …une des exagérations réthoriques qui parfois se touvent chez Saint Paul ». Cela m’a rappelé la récente discussion avec vhp qui pensait que tout devait être pris au pied de la lettre chez Saint Paul. Pour Benoit XVI, Saint Paul exagère parfois : voilà une nouvelle qui me fait plaisir…

  • Pingback: Koztoujours, tu m’intéresses ! » Le Vatican est “du côté de la fillette brésilienne”

  • Sandrine a écrit:

    Et puis cette petite phrase : “…une des exagérations réthoriques qui parfois se touvent chez Saint Paul”. Cela m’a rappelé la récente discussion avec vhp qui pensait que tout devait être pris au pied de la lettre chez Saint Paul. Pour Benoit XVI, Saint Paul exagère parfois : voilà une nouvelle qui me fait plaisir…

    Oui, je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser également.

  • Sandrine a écrit:

    Ce sont d’abord les termes qu’il applique à la FSSPX. Parce que j’avais besoin d’être rassurée et de savoir que ceux qui ont été fidèles à Vatican II (et parfois ça leur a coûté je pense) ne sont ni “déformés” ni “malades”…a priori.

    Ah oui ? Et ça, c’est la FSSPX ?

    J’ai été peiné du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir ce qu’il en était, aient pensé devoir m’offenser avec une hostilité prête à se manifester.

    Cependant, à certains de ceux qui se proclament comme de grands défenseurs du Concile, il doit aussi être rappelé que Vatican II renferme l’entière histoire doctrinale de l’Église. Celui qui veut obéir au Concile, doit accepter la foi professée au cours des siècles et il ne peut couper les racines dont l’arbre vit.

    Quant aux éléments déformés et malades, c’est suivi par quoi ?

    Je pense toutefois qu’ils ne se seraient pas décidés pour le sacerdoce si, à côté de différents éléments déformés et malades, il n’y avait pas eu l’amour pour le Christ et la volonté de L’annoncer et avec lui le Dieu vivant.

    Alors, on arrête de lire les phrases à moitié, ça serait une bonne idée…

    worou a écrit:

    Mais est-ce que Mgr Fellay a les capacités pour entendre ce que dit le pape?Pas certain,hélas!

    @ Koz également:

    Je rappelle que Mgr Fellay a publié un communiqué à la suite de cette lettre. A lire sur mon site.

  • Koz a écrit:

    Oui, je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser également.

    Oui, mais c’est justement pour dire qu’il a raison…

    Mais malheureusement ce “mordre et dévorer” existe aussi aujourd’hui dans l’Église comme expression d’une liberté mal interprétée.

    Et je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de la FSSPX. Je suis même certain de l’inverse.

  • Polydamas, pourquoi faut-il que tu viennes malheureusement si bien illustrer mes craintes, et la lettre de Benoît XVI ? Pourquoi repartir aussi sec dans la polémique ? Pourquoi ne pas te laisser toucher par cette lettre et accepter d’en prendre ta part ? N’as-tu pas le sentiment d’être un peu « fixé sur des unilatéralismes« , là ? Tu penses sérieusement que Benoît XVI ne visait que les vils « progressistes » ? Oui, bien évidemment, après les « éléments malades et déformés« , il y a aussi des louanges, et je les ai lues, mais la présence desdits éléments ne t’interpelle pas ? Tu crois sérieusement en lisant la lettre qu’il ne parle pas de la FSPX ? Et lorsqu’il écrit :

    Certainement, depuis longtemps, et puis à nouveau en cette occasion concrète, nous avons entendu de la part de représentants de cette communauté beaucoup de choses discordantes – suffisance et présomption, fixation sur des unilatéralismes etc

    Tu ne l’as pas lu ? Bien évidemment, il parle ensuite de « témoignages émouvants de gratitude » et moi, ça, je l’entends. J’entends aussi très bien ce qu’il dit sur les progressistes. Et il est certain que nombre d’entre eux auraient pu faire preuve de plus de confiance en Benoît XVI. C’est aussi ce que je dis dans mon billet. Es-tu prêt, toi aussi, à entendre ce que tu dois entendre ? Ou est-ce que c’est nécessairement « la faute des autres » ?

    Mais il faut ouvrir les yeux, Polydamas : tu veux que j’aille à la pêche des liens sur les blogs et les forums pour aller trouver les commentaires d’une hostilité manifeste, émanant des lefebvristes ? Allons ! Est-ce qu’il est seulement possible que vous ne perceviez pas que la FSPX est « un peu » concernée ?

    Je l’ai lu, le commentaire de Monseigneur Fellay mais il est, comme à l’accoutumée, ambigu. Que veut donc dire qu’il n’arrête pas la Tradition à 1962, mais qu’il interprète le Concile à la lumière de la Tradition ? Le Pape écrirait-il cela si ça n’était pas fondé ? Et Mgr Fellay, que va-t-il faire, sinon probablement expliquer que tel ou tel texte ne peut être admis car il serait contraire à tel autre texte… antérieur à 1962. Au fait, es-tu certain que ce communiqué ne sera pas modifié d’ici une semaine, parce qu’une « erreur d’importance » s’y serait glissé ? J’attendrai un peu, et j’attendrai de voir les avancées réelles, avant de donner un quelconque quitus.

    Quant à Saint Paul, relis ce qu’écrit le Pape.

  • A l’humilité du St-Père doit répondre aussi un peu d’honnêteté intellectuelle de la part de Mgr Fellay et consort en reconnaissant que l’Église catholique certes n’est pas telle qu’ils voudraient qu’elle soit mais qu’elle a toujours a cœur son souci d’annonce de l’Évangile.
    j’ai été longtemps adepte du lefévrisme, et souvent j’ai remarqué que les difficultés sont plutôt d’ordre linguistique que véritablement doctrinales.
    D’un coté on a un vocabulaire emprunté en grande partie au XIXème,avec les structures mentales et historiques de cette époque et de l’autre un vocabulaire actualisé pour les hommes de ce temps.
    Comme le disait Jean XXIII Vatican II n’innove pas au niveau du dogme mais il facilité sa compréhension au monde présent.
    Il faudrait aussi demander pardon pour toutes les horreurs qui ont été proférées par la FSSPX et son fondateur,les insultes publiques qui ont commencé bien avant la réponse graduée de Rome.
    Benoît XVI réconforte tous les catholiques qui auraient pu avoir des doutes sur sa volonté de regarder le concile « comme une boussole fiable »:ni super-dogme ni sous-dogme mais acte autorisée du magistère authentique de l’Eglise.
    Et puis n’oublions pas l’essentiel:99% des catholiques se fichent de ces histoires internes,légèrement européano-centrés.
    L’Église continuera sa mission avec ou sans la Frat’.

  • Koz a écrit:

    N’as-tu pas le sentiment d’être un peu “fixé sur des unilatéralismes“, là ?

    Je m’en fous, je suis pas de la frat’, ils savent mieux que moi ce qu’ils ont à faire. Par contre, ce qui m’énerve, c’est que les modernistes fassent semblant de croire que le pape ne leur dit rien. D’autant que la fraternité souhaite le dialogue doctrinal, comme le pape. Il n’y a que les évêques pour le refuser.

    worou a écrit:

    j’ai été longtemps adepte du lefévrisme, et souvent j’ai remarqué que les difficultés sont plutôt d’ordre linguistique que véritablement doctrinales.

    Tiens, pour la première fois, je suis d’accord avec vous. Je l’avais dit également ici, j’arrive plus à retrouver le commentaire… 🙂

    worou a écrit:

    Il faudrait aussi demander pardon pour toutes les horreurs qui ont été proférées par la FSSPX et son fondateur,les insultes publiques qui ont commencé bien avant la réponse graduée de Rome.

    Philarète avait bien résumé les choses.

    Donc la règle, dans la discussion sérieuse, doit être de prendre le “meilleur”, et notamment les affirmations qui sont produites spécifiquement dans le contexte d’un dialogue, par les personnes autorisées. Si l’on demande aujourd’hui à Mgr Fellay s’il souscrit à l’idée que Benoît XVI est un apostat, je doute qu’il réponde oui… Le reste… en un sens il faut l’oublier. Cela fait partie de la “purification de la mémoire” dont parlait Jean-Paul II à propos du dialogue œcuménique.

    Et puis, si on devait faire pareil en face, on n’aurait pas fini. Mais effectivement, ça pourrait être un bon début, c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé, le ton a déjà bien baissé. De la part de la FSSPX, s’entend.

    worou a écrit:

    Et puis n’oublions pas l’essentiel:99% des catholiques se fichent de ces histoires internes,légèrement européano-centrés. L

    Bien sûr, c’est ce que pense le pape. C’est pour ça qu’il a promulgué le Motu Proprio, c’est pour ça qu’il a levé l’excommunication, qu’il a pris le risque de s’en prendre plein la tête, etc.

    Koz a écrit:

    Mais il faut ouvrir les yeux, Polydamas : tu veux que j’aille à la pêche des liens sur les blogs et les forums pour aller trouver les commentaires d’une hostilité manifeste, émanant des lefebvristes ?

    Des gens issus de la FSSPX, qui tiennent ce type de propos, sans être sédévacantistes ? J’en ai pas vu beaucoup.

    Après oui, la FSPX est concernée et je note les reproches qui lui sont faits.

    Koz a écrit:

    Que veut donc dire qu’il n’arrête pas la Tradition à 1962, mais qu’il interprète le Concile à la lumière de la Tradition ?

    L’hérméneutique de la continuité, ça te dit quelque chose ? C’est EXACTEMENT ce que dit le pape. Et moi qui croyait que tu avais lu le discours de Décembre 2005 à la Curie… 😉

  • Polydamas a écrit:

    Je m’en fous, je suis pas de la frat’, ils savent mieux que moi ce qu’ils ont à faire.

    Toi, la FSPX, c’est quand tu veux, à ce que je vois. Virulent défenseur, mais pas membre. C’est original. Mais dis moi, la FSPX ne fournit pas de cartes de membres, so, « être à la Frat’ » qu’est-ce que cela peut bien signifier ?

    Polydamas a écrit:

    L’hérméneutique de la continuité, ça te dit quelque chose ?

    Il ne t’aura pas échappé que l’herméneutique de la continuité, selon la FSPX, l’amène à ne pas « accepter et faire sien » Vatican II.

    Par ailleurs, si tu entends me faire croire que la FSPX ne prétend pas que Vatican II ait constitué une rupture, j’arrête la discussion là, parce que ça signifierait que tu te paies ma tronche, et je n’ai pas le temps pour ce genre d’échanges.

  • je pense en effet que vous ramenez tout à des problématiques qui intéressent peu les catholiques en général.
    le motu proprio et la levée des excom’ révèlent que pour Benoît XVI il s’agit d’un souci pastoral qui concerne quand même peu de monde.
    Lorsqu’il écrit une lettre aux catholiques de Chine n’allez pas me dire que cela à une portée mondiale.
    Le saint-Père agit comme un pasteur à la recherche de quelques brebis égarées et il fait tout pour leur éviter de ne plus retrouver le bercail.
    Et puis c’est drôle que ce soit que sur des questions de morales-sexuelles-que les lefévristes reconnaissent le magistère!!C’est assez significatif d’ailleurs.

  • Koz a écrit:

    Toi, la FSPX, c’est quand tu veux, à ce que je vois. Virulent défenseur, mais pas membre. C’est original. Mais dis moi, la FSPX ne fournit pas de cartes de membres, so, “être à la Frat’” qu’est-ce que cela peut bien signifier ?

    Se rendre à leurs messes, écouter leurs sermons ce que je fais une fois tous les 36 du mois. Pour le reste, oui, j’en suis proche, je les connais extrêmement bien, mais je ne les suis pas partout, je ne considère pas comme un fidèle qui fait sien tous les propos de Mgr Fellay. Concernant Vatican II, je suis assez d’accord avec le pape, tout ça est un problème de vocabulaire.

    Koz a écrit:

    Il ne t’aura pas échappé que l’herméneutique de la continuité, selon la FSPX, l’amène à ne pas “accepter et faire sien” Vatican II.

    Oui, la FSSPX défend une vision de Vatican II selon une vision qu’on pourra qualifier de très conservatrice, à 95%, et considère sur certains points qu’il y a une rupture. Les discussions doctrinales tireront tout ça au clair, définitivement, je l’espère. Mais le communiqué de Mgr Fellay montre la voie. On verra ce qu’il en sortira.

    worou a écrit:

    Et puis c’est drôle que ce soit que sur des questions de morales-sexuelles-que les lefévristes reconnaissent le magistère!!C’est assez significatif d’ailleurs.

    Les lefebvristes reconnaissent le magistère, pas de souci avec ça.

    worou a écrit:

    Lorsqu’il écrit une lettre aux catholiques de Chine n’allez pas me dire que cela à une portée mondiale.

    Je suis heureux de voir l’unité réalisée même là-bas. Bien sûr ça ne me touche pas directement, mais tout de même, le geste est significatif.

    worou a écrit:

    il s’agit d’un souci pastoral qui concerne quand même peu de monde.

    Peu de monde, mais beaucoup de prêtres, c’est l’autre versant du problème. En outre, suivant la manière dont on décompte les « catholiques », ça concerne soit personne, soit tous les cathos français.

  • Polydamas a écrit:

    En outre, suivant la manière dont on décompte les “catholiques”, ça concerne soit personne, soit tous les cathos français.

    Voilà bien une phrase révélatrice, ou je ne m’y connais pas. Cela étant, cela fait un moment que je pratique le débat avec vous, et du coup je me demande si elle reflète votre pensée, ou plutôt celle de personnes de votre entourage. D’où la question: vous, Polydamas, vous les décomptez sur quels critères, les cathos français ?

    Concernant la lecture de la lettre du pape, je partage vraiment l’avis de Koz: débattre sur le décompte précis des passages où Benoît XVI dit leur fait aux lefrebvristes, comparés à ceux qui renvoient les « progressistes » dans les cordes, ce n’est pas le plus intéressant. Et c’est rater l’essentiel du message.

  • Gwynfrid a écrit:

    D’où la question: vous, Polydamas, vous les décomptez sur quels critères, les cathos français ?

    Si on estime que baptisés = catholiques, effectivement il est normal que tout le monde s’en foute. Mais l’Eglise ne dit pas ça, et n’agit pas ainsi.

    Un catholique est pour moi un pratiquant, qui se rend tous dimanches à la messe, même ceux qui se reconnaissent dans cette religion, mais n’ont pas envie d’aller plus loin, n’en font pas partie pour moi (ce qu’on appelle les croyants non pratiquants). Ils sont de culture catholiques, sont proches, respectueux, ce que vous voulez, mais ils ne sont pas catholiques. Catholicisme et pratique me semblent indissociables.

    Je ne dis pas non plus que c’est la position de l’Eglise, mais elle est tout de même obligée de compter avec les pratiquants et personne d’autre (on ne peut pas construire avec des gens sur qui l’on ne peut compter, on ne construit pas sur du sable, sur des gens dont on ne sait pas si ils seront là la semaine suivante). Et à ce titre, je crois donc que l’islam est la première religion française, et que les cathos français ne sont donc pas assez nombreux pour se payer le luxe de refuser les vocations de la FSSPX, et que donc, puisqu’ils sont présents un peu partout sur le territoire, leur réintégration concerne tous les catholiques soucieux d’avoir un prêtre qui fasse à peu près correctement son boulot, sans avoir 10 paroisses à couvrir en un dimanche.

    Dans cette vision, il me semble que la position de Benoit XVI se comprend mieux.

  • Je vais poser une question piège qui va hérisser certains sans doute…

    On chercherait parait-il à réintégrer la FSSPX parce qu’elle a environ 500 prêtres. Entre nous je ne crois pas que ce soit le motif réel, je crois que le motif réel est vraiment le souci d’unité, je crois que Benoît XVI a trop confiance en l’Esprit Saint pour aller à la « pêche au prêtre » comme ça.

    Mais admettons que ce soit un motif. Dans ce cas pourquoi ne réintègrerait-on pas les prêtres qui ont quitté l’Eglise pour se marier ?…Ils seraient 100 000 ai-je vu quelque part (chiffre énorme, non, et à vérifier.) Les orthodoxes ont des prêtres mariés et pourquoi comme eux n’ordonnerions-nous pas des hommes mariés ? Pourquoi ne pas réintégrer ces prêtres ? En les encadrant bien, en leur donnant un apostolat bien délimité, en ne les faisant pas monter dans la hiérarchie (comme chez les orthodoxes…) Ne sont-ils pas pour la plupart fidèles à Vatican II, plus que la FSSPX ?…même s’ils ont péché contre leur engagement ?

    On tend la main vers les intégristes, pourquoi ne pas la tendre aussi vers ces prêtres ?

    Ce genre de comparaison n’est peut-être pas de mise, mais il est venu à l’esprit de quelques-uns, je m’en fais l’écho ici et espère que personne n’en sera choqué. On peut en tout cas se poser la question, même pour y répondre par la négative.

  • @Sandrine

    Effectivement la question est piège, dans la religion orthodoxe, on veut que les prêtres soient mariés. Les évêques orthodoxes, par contre, sont astreints au célibat. Cette situation paradoxale découle du fait qu’on ne peut pas se marier si l’on est prêtre, mais on a le droit de devenir prêtre si l’on est déjà marié. Pour être évêque, il faut être célibataire, veuf ou venir de la filière normale pour les évêques qui est celle du monastère.

  • Sandrine a écrit:

    Ils seraient 100 000 ai-je vu quelque part (chiffre énorme, non, et à vérifier.)

    Loooooooooooooooooooooooooool, vous l’avez tiré d’où ? D’un chapeau de magicien ?

    Chiffre complètement impossible, d’autant qu’on peut déjà ordonner des hommes mariés, à la condition qu’il y ait une séparation des corps, et la disparition de toute vie maritale.

    Pepito a écrit:

    Cette situation paradoxale découle du fait qu’on ne peut pas se marier si l’on est prêtre, mais on a le droit de devenir prêtre si l’on est déjà marié.

    Pareil pour les catholiques. Avec les conditions énoncées ci-dessus.

    Sandrine a écrit:

    Ne sont-ils pas pour la plupart fidèles à Vatican II, plus que la FSSPX ?

    Je savais que vous aviez envie de tout démolir, mais à ce point-là, ça laisse sans voix.

  • Polydamas a écrit:

    les cathos français ne sont donc pas assez nombreux pour se payer le luxe de refuser les vocations de la FSSPX, et que donc, puisqu’ils sont présents un peu partout sur le territoire, leur réintégration concerne tous les catholiques soucieux d’avoir un prêtre qui fasse à peu près correctement son boulot, sans avoir 10 paroisses à couvrir en un dimanche.

    OK, je vous avais lu de travers. Votre définition est raisonnable. La motivation du nombre de prêtres n’est pas absurde, mais elle est à mon avis assez secondaire par rapport au souci, plus général, de l’unité : il est sain, alors qu’on fait de gros efforts depuis 40 ans pour se rapprocher des autres religions, de vouloir se réconcilier aussi en interne.

    Cela étant, worou a tout de même un argument: à l’échelle de l’Église catholique, la France (plus, mettons, une partie de l’Europe de l’ouest) c’est assez peu de monde. Dans mon petit coin de planète, l’affaire n’a pas fait la Une. Quant à ma paroisse, non seulement je n’y ai pas entendu de débat sur la question, mais je doute même qu’on y connaisse le nom de Mgr Lefebvre. Ce n’est pas que la FSSPX n’existe pas ici, mais sa présence est vraiment très discrète.

    @ Sandrine:

    Ça ne me hérisse pas, mais je ne trouve pas ça très pertinent. Ces prêtres ne se sont pas seulement mariés: ils ont décidé de quitter leur sacerdoce. C’est un choix, et je ne pense pas qu’il soit très cohérent de leur proposer de revenir dessus, mariage ou pas.

  • Les catholiques français peuvent très bien se passer des prêtres de la Frat tant que ces derniers n’auront pas accepter le magistère actuel de l’Église et tant qu’ils auront une attitude revancharde du style »nous,nous savons mieux que les autres ce qu’il faut faire,nous allons tout vous expliquer ».
    Bref un peu d’humilité de leur part.
    Pour l’instant ils évoluent dans un milieu relativement clos, acquis à leur pastoral et à leur combat.
    Ils ont peu d’expérience du « vrai »monde et Ecônes reste quand même un lieu assez inadapté pour faire face aux nouvelles exigences de l’évangélisation.ce n’est pas dans un bunker qu’on peut comprendre les réalités pastorale d’aujourd’hui.
    je distingue bien entendu la forme extra et les pratiques pastorales lefevristes…ils n’ont pas le monopole de la « tradition »!

  • @ Gwynfrid :

    Certes ces hommes ont choisi de quitter le sacerdoce. Mais ils sont toujours prêtres. (pour l’éternité je crois). Peut-être certains, dûment accompagnés, accepteraient d’y revenir…? Puisque l’heure est à la main tendue, on pourrait la leur tendre…

    @ Warou : bien OK avec vous. Il faudrait d’abord que ces prêtres de la FSSPX soient accompagnés et suivis dans leur retour vers et dans l’Eglise.

    Dans La Croix d’aujourd’hui, éditorial de Michel Kubler qui répond en partie à ma question : non, le Pape n’a pas levé les excommunications dans le but premier de renflouer les effectifs de prêtres.

  • Sandrine a écrit:

    Il faudrait d’abord que ces prêtres de la FSSPX soient accompagnés et suivis dans leur retour vers et dans l’Eglise.

    Looooooooooooooool !

    Vous voulez dire que les prêtres conciliaires ont besoin d’être accompagnés par la FSSPX, plutôt ?

    La FSSPX n’a pas grand chose à apprendre sur la manière dont il faut instruire les fidèles, par contre, certains de l’autre côté, peut-être. Et puis, je vois mal un statut canonique normal accordé à la FSSPX, je la vois mal sous la coupe de l’épiscopat français.

  • NON : je veux dire ce que j’ai bien dit :

    « Il faudrait d’abord que ces prêtres de la FSSPX soient accompagnés et suivis dans leur retour vers et dans l’Eglise. »

    C’est d’ailleurs exactement ce qui est prévu…si ces prêtres décident de revenir.

    Mais on ne peut pas attendre de quelqu’un qui écrivait sur son blog que Mgr Lefèbvre allait être réhabilité voire canonisé, qu’il reconnaisse que les prêtres lefévbristes qui croient que le magistère s’est arrêté en 1962, n’auront pas à étudier ce qui s’est passé après 1962..(à part Humanae vitae, qu’ils reconnaissent, on se demande bien pourquoi…)

  • L’idée exprimée plus haut de réintégrer des prêtres qui ont quitté le sacerdoce pour se marier peut paraître séduisante.Il ne faut toutefois pas oublier que le mariage est une motivation certes importante mais pas unique dans le départ de ces prêtres. Nombreux sont ceux qui vivent une crise spirituelle et ne sont même plus pratiquants. Il serait certainement plus logique de militer pour l’ordination des diacres mariés car parler de mariage des prêtres va à l’encontre de la tradition. Comme le souligne Pépito, chez les orthodoxes on se marie puis on devient prêtre mais si on est prêtre on ne peut se marier. Il en est de même dans les Eglises catholiques orientales.D’ailleurs il faut arrêter d’avoir des illusions sur les prêtres mariés. Une étude a démontré que l’ordination des diacres mariés résoudrait le problème du recrutement des prêtres pour une courte période seulement. Les catholiques orientaux connaissent aussi une crise des vocations. Les protestants ont aussi du mal à recruter des pasteurs.Et quand on sait les difficultés qu’ont les diocèses catholiques français à verser les 4/5e d’un smic à leurs prêtres, on se demande comment on pourrait verser un salaire décent à des prêtres mariés et chargés de familles.Il faudrait alors que ces prêtres mariés et pères de famille aient une activité professionnelle. Ils n’auraient que peu de temps à consacrer à leurs paroisses. La crise des vocations a sa source dans bien d’autres causes que le célibat. La place du prêtre dans les sociétés occidentales n’est pas évidente du tout dans notre monde déchristianisé. Prenons l’exemple de l’Eglise anglicane dont non seulement les pasteurs peuvent se marier mais qui accepte l’ordination des femmes, elle revendique en Angleterre un million sept cent mille pratiquants réguliers. Ce chiffre presque dérisoire montre la profondeur de la crise du christianisme en Europe.

  • @ Polydamas:

    Ah, j’avais oublié l’avoir vu aussi chez vous, désolé… Ce plagiat est donc d’autant plus un hommage qu’il était involontaire.
    En tout cas, voilà qui prouve que nous pouvons au moins tomber d’accord sur quelque chose 🙂

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