Ce « vent nouveau » qui nous vient d’Outre-Manche.

flagcox

Son visage et son nom passent peut-être déjà au second plan, pendant que nous pensons déjà à la consultation britannique de cette fin de semaine. Et l’on oublie trop naturellement, parce que c’est ainsi, parce que nous ne sommes pas personnellement touchés, sa famille dans le deuil, ses parents que l’on voyait poser fièrement, son mari, à ses côtés et ses deux jeunes enfants. Son assassinat est d’abord un drame personnel, même s’il est aussi un événement national et européen. Un événement angoissant pour notre avenir. Un de plus, dans un enchaînement par trop logique.

Ceux qui n’ont jamais fait preuve de la plus élémentaire prudence face aux attentats islamistes – souvenez-vous de celui de Joué-les-Tours – interpellent ceux qui rapportent les faits. Il s’agirait pour les premiers de l’acte d’un « déséquilibré isolé », « sans lien avec » l’extrême-droite ni avec la campagne du Brexit et la tonalité qui lui a été appliquée.  Tant pis si l’assassin a eu des liens avec l’extrême-droite, tant pis s’il a assassiné Jo Cox avec une arme artisanale qui rappelle celles dont la littérature qu’il a achetée apprend la construction, tant pis si plusieurs personnes l’ont entendu crier « Britain First », tant pis si, à son juge, il a déclaré s’appeler « Mort aux traîtres, liberté pour la Grande-Bretagne ». D’ailleurs son frère et ses voisins le décrivent comme un garçon très bien, pas du tout politisé. Il y a comme un sentiment de déjà-vu.

Oh bien sûr, le camp du Leave n’a pas pressé la gâchette. Nigel Farage n’a pas appelé au meurtre. Il n’est même pas interdit de penser qu’il soit sincèrement affecté par cet assassinat. Mes enfants ne sont d’ailleurs pas les derniers à me dire « je ne l’ai pas fait exprès » devant les conséquences de leurs actes. Cela ne m’empêche pas pour autant de pointer leur responsabilité. Quand bien même ils en ont perdu l’habitude, quand bien même ils ont cultivé le cynisme face à leur électorat comme une preuve de savoir-faire politique, les politiques de là-bas et d’ici doivent se souvenir de leur grave responsabilité et ce, d’autant plus dans la période actuelle. Comme l’écrit le journaliste Alex Massie,

« parfois, la rhétorique a des conséquences. Si vous passez des jours, des semaines, des mois, des années à dire aux gens qu’ils sont menacés, qu’on leur a volé leur pays, qu’ils ont été trahis et bradés, que leurs droits inaliénables leur ont été confisqués, que leur problème est qu’ils sont trop lents à réaliser ce qui est en train de se passer, que leur problème est qu’ils ne sont pas assez enragés, alors à moment donné, à un endroit donné, quelque chose ou quelqu’un va basculer. »

Lorsque vous répétez à des personnes que leur identité est mise en péril, directement menacée par des hordes d’Arabes, il n’est pas surprenant que l’une d’entre elles finisse par prendre les armes – c’est même implicitement souhaité par certains. L’identité est tout ce qui reste aux pauvres gens.

En France, Marine Le Pen a tenu dès le lendemain de cet assassinat abject un discours sidérant d’indifférence et d’insensibilité. Le reste du Front National est d’ailleurs à l’avenant. Trois jours plus tard, toujours aucun communiqué officiel, un site vierge de toute réaction. Pas le moindre tweet du moindre responsable national en réaction. Il leur suffisait pourtant de traduire du Farage. Une telle solidarité dans le silence trahit le mot d’ordre. Florian Philippot n’a pas un mot de compassion. Marion Maréchal-Le Pen n’a pas un mot pour une autre femme, autre mère, autre députée, tombée sous les balles en pleine campagne. Wallerand de Saint-Just ose twitter au surlendemain du meurtre sur la « trahison des intérêts vitaux de leur pays [par] les anti-Brexit ». Je n’imagine évidemment pas qu’il s’en soit inspiré, mais communiquer sur la trahison au moment même où l’assassin de Jo Cox dit s’appeler « Mort aux traîtres » est au minimum inapproprié et plus vraisemblablement odieux. Car que fait-on ordinairement des traîtres ?

Marine Le Pen, elle, aura tenu un discours d’une violence ordinaire, lors d’une réunion avec son allié FPÖ. Au lendemain de la mort de Jo Cox, elle peut twitter ceci :

Certes elle se défend en affirmant que son propos visait exclusivement la violence sociale. Soit. Mais au lendemain d’un tel assassinat, lorsque l’on est un minimum conscient des faits, doté d’un minimum d’empathie, soucieux de son propos, il est des phrases de ses discours que l’on réécrit, des mots que l’on ne prononce pas. Marine Le Pen, en ce jour-là, ignorant l’événement, ose évoquer le « vent nouveau » qui nous vient de l’autre côté de la Manche.

Pour le Front National, il ne s’est rien passé le 16 juin 2016.

Aussi je ne peux que m’inquiéter devant ce « vent nouveau » qui pourrait souffler sur la campagne présidentielle qui s’annonce, et je forme le vœu que je sais illusoire que nos politiques prennent conscience de leur haute responsabilité. Qu’ils prennent conscience que leurs paroles ne s’envolent pas tant que cela, qu’elles restent, qu’elles s’ancrent. Je suis anxieux de cette campagne quand je vois que tous – depuis Marion Maréchal-Le Pen jusqu’à Valls ou Hollande, en passant par Nicolas Sarkozy – déclarent que la question identitaire sera au centre du scrutin. Le sujet de notre identité ne m’est pas indifférent. Je l’ai écrit ici et , dans mon livre aussi et ailleurs encore. Mais il n’y a pas la plus petite chance que cette campagne – dans le contexte actuel, dont nous pouvons craindre qu’il s’aggrave encore – offre une contribution constructive au sujet. Il y a en revanche toutes les chances que cette campagne soit l’occasion de toutes les surenchères, de toutes les outrances. Il faudra dans ce débat entendre aussi la voix de la sagesse. Il faudra dans ce débat entendre aussi, disons-le, des artisans de paix. Souvenez-vous, Messieurs, Mesdames les politiques que, « parfois, la rhétorique a des conséquences ». Souvenez-vous, Messieurs, Mesdames les politiques, que ces gens-là ont une conception particulièrement large des « traîtres ».

N’en soyons pas victimes demain.


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48 commentaires

  • « Parfois, la rhétorique a des conséquences. »
    N’est-ce pas « toujours » plutôt que « parfois » ?
    Ne faudrait-il pas toujours lutter contre l’idée d’une gratuité/innocence des mots et du « verbe » ? et éviter en même temps de délivrer le meurtrier de sa responsabilité, comme si son acte était davantage l’oeuvre de « l’air du temps » ou de ce « vent nouveau ».

    Cela étant dit, n’est-ce pas la même logique qui a fait dire à certains que la rhétorique de la « Manif pour tous » a conduit au massacre d’Orlando, ou l’aurait du moins encouragé ?
    Lorsqu’il a été dit qu’une anthropologie et une civilisation étaient également « mises en péril » par le mariage homosexuel, il n’est pas étonnant que quelqu’un veuille défendre cette civilisation et cette anthropologie par les armes, les insultes ou les poings. Ou qu’il se pense au moins légitimé par une partie de la société dans sa démarche meurtrière.

    Il ne faudrait pas tomber dans le « discours sans réplique » : la désignation des « coupables » idéologiques, dont « certains » (???!!!) qui ont souhaité « implicitement » (???!!!) l’emploi des armes.
    Je partage votre inquiétude en fin de note, mais si l’on se met à montrer du doigt ceux qui sont coupables des crimes qu’ils n’ont ni commis ni voulus, aucun de nous n’est sauf et aucune parole critique ne peut être dite.

  • Vous avez raison d’écrire que personne n’est à l’abri des conséquences de ses propos. Nous sommes tous responsables de ce que nous écrivons, de ce que nous disons, et de la façon dont nous le disons. En ce qui concerne la Manif Pour Tous, si vous reprenez ce que j’ai écrit, je pense avoir toujours été attentif à ne pas employer le vocabulaire catastrophiste que certains ont pu employer, et d’autres prétendre être employé (j’ai plus souvent rencontré l’idée que l’on mettrait en avant l’effondrement d’une civilisation chez les opposants à la Manif). De fait, je repense assez souvent à la Manif, à la façon dont cela a été fait, à ses fruits véritables.

    En revanche, si nous ne sommes jamais saufs des conséquences de nos propos, et si cela ne doit pas nous empêcher de critiquer (y compris l’Union Européenne qui est critiquable), ce n’est pas tout ou rien. Ce n’est pas : « nous pouvons tout dire » vs « nous ne pouvons rien dire ».

    L’amalgame lamentable entre la Manif et Orlando est déjà discrédité par les faits, et en premier lieu par le fait que le tueur se réclamait un poil plus de l’EI que de la Manif Pour Tous dont je doute qu’il ait connu l’existence. Si des dérapages ont certainement eu lieu, on ne peut pas non plus passer sous silence les précautions qui ont été prises par l’organisation de la Manif dans la parole publique et les slogans, qu’ils se sont toujours efforcés de contrôler. Après, la question de la modalité « manifestation » se pose, certes.

    Maintenant, ici, bien sûr, il n’y a pas de responsabilité directe mais, pour comparer avec ce qui précède, on ne peut pas dire qu’un Nigel Farage se soit efforcé de contrôler sa parole et les slogans de sa campagne. L’hystérisation ne s’est pas faite malgré lui, malgré les précautions qu’il aurait prises. Alors certainement, comme je l’ai écrit, il n’est pas l’assassin, il ne l’a pas directement incité. Et l’on pourra toujours prétendre que le lien n’est pas légitime. Il n’y en aura jamais de preuve scientifique, mais ma conviction que le lien entre la tonalité agressive, vindicative et violente de la campagne et cet assassinat existe.

    Pour être complet, je ne crois pas que dire cela délivre l’assassin de sa culpabilité directe, et évidente.

  • Depuis Plusieurs semaines, le camp Européen utilise un langage excessif et de peur, voir de panique, porté non pas des illuminés, mais par ses plus hautes instances. On menace les britaniques de maux inouïs… :  » Chute immédiate du PIB anglais… » .
    Donc l’excès n’est pas l’apanage des partisans du Brexit. Et le fait de jouer sur les peurs, est l’exacte tactique des instances européennes.

    Jusque là, on est sur du factuel.

    Il y a 1 semaine, le Brexit passait en tête dans les sondages… et pouf, un assassinat, d’une femme, jeune, engagée, sympa, mère de famille… Celle que rien ne désigne à la vindicte de qui que ce soit.

    L’exploitation politicienne de cet assassinat (que rien n’excuse) de cette femme remarquable, n’est pas sans rappeler l’exploitation qui, en Suede, a suivi l’assassinat, le 2 Septembre 2003, d’Ana Lindh championne du camp Pro-euro, trois jours avant le référendum pour ou contre l’Euro.
    A chaque fois, un type limite psychologiquement…

    De là à penser (2 assassinats de jeunes femmes parlementaires 1 semaine avant un référendum crucial, ça fait beaucoup trop de coincidences pour moi) que cet assassinant mérite quelques investigations, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.

    Après les « couveuses de Koweit City », « L’anthrax » de Colin Powell, les armes chimiques « de Bachar el Assad », j’ai tendance à me méfier dès que les medias ont tendance à être un peu trop à l’unisson…

    Qu’écrirez vous si demain on réalise que ce type a été manipulé, et qu’on ne retrouve pas par qui ?

  • L’indifférence face au drame humain, l’avidité dans l’exploitation politique se retrouvent ailleurs. C’est un autre aspect du syndrome identitaire: on est tellement préoccupé par la composition du groupe qu’on perd tout intérêt pour les individus. Ajoutez une dose de militantisme idéologique et un supplément de complotisme (au passage, très bel exemple de la part du commentateur ci-dessus), et hop, on n’est plus très loin de justifier la violence.

    Et, en effet, il est à craindre que notre prochaine élection ne soit qu’une répétition en plus grand du calamiteux « débat sur l’identité nationale » que nous devons à MM. Sarkozy et Besson. Je suis très mal à l’aise en voyant Nicolas Sarkozy agiter encore ce dangereux hochet, vu l’échec complet qu’il a connu avec en 2010. Sans doute y voit-il sa dernière chance de reprendre la main, mais la tension depuis n’a fait que croître: chercher revenir au pouvoir sur la base d’un tel courant est vraiment irresponsable. Il est très inquiétant de voir autant de monde le rejoindre sur ce terrain.

    VirgilG a écrit :

    Cela étant dit, n’est-ce pas la même logique qui a fait dire à certains que la rhétorique de la « Manif pour tous » a conduit au massacre d’Orlando, ou l’aurait du moins encouragé ?

    Il est hautement improbable que la Manif pour Tous ait eu un effet aussi lointain. Par contre, la rhétorique anti-homosexuelle existe aux États-Unis depuis longtemps, et elle est beaucoup, hélas, le fait de chrétiens.

  • @ Koz:
    Merci pour votre réponse.
    Je vous lis depuis des années et sais ce que vous avez dit de LMPT.
    Pour équilibrer la connaissance que nous avons l’un de l’autre (et éviter que vous ne me voyez en LGBT sous-marin) :
    – Je n’ai pas participé à LMPT, ma fiancée est catholique (et n’a pas participé non plus) et je vais entrer dans l’Église orthodoxe. Je n’ai pas de sympathie pour le lobby LGBT et je me méfie évidemment de la « fierté » qu’il professe.
    – Jugeant que c’est aux britanniques et à eux seuls de choisir, estimant que je n’ai pas toutes les clés pour comprendre ce débat, et me méfiant de l’ingérence sous toutes ses formes, je n’ai pas d’avis tranché sur le « Brexit ».

    Évidemment il y a un équilibre à trouver entre « le mariage homosexuel c’est la fin de la fête des mères » et « l’homosexualité est une abomination », mais le mouvement (comme tous les mouvements de masse) comprenait, en plus d’une infinité de variations, et de façon très audible pour un spectateur extérieur mais intéressé, les deux.
    Votre positionnement intelligent n’équilibre pas les positions stupides et/ou agressives d’autres manifestants (et ce sont ces positions-là que les médias – donc l’Histoire, donc « la société » – ont retenu de LMPT).
    L’amalgame entre Orlando et LMPT (ou « la religion », même) est lamentable. Oublions Orlando donc et revenons en France, où des personnes sont agressées car homosexuelles : je voudrais bien croire que LMPT n’y est pour rien, mais je ne peux pas écarter la responsabilité de ce mouvement de masse (d’une ou plusieurs de ses dimensions, en tout cas) dans le climat « homophobe », que les agresseurs soient ou non « LMPT ».
    Je me permets de penser que tous les amalgames sont lamentables, et c’est ce qui me dérange dans votre note, que je trouve étrange sous votre plume. Je crois comprendre que vous êtes défavorable au Brexit et je crains que votre compassion pour Jo Cox ne vous fasse faire, vous aussi, un amalgame, sinon un raccourci.

    Car ce n’est pas Nigel Farrage (et le camp du Brexit) qui est hystérique et violent mais le débat lui-même. « L’autre bord » est aussi parfaitement hystérique (ce que j’ai lu : « en cas de Brexit, les abeilles vont mourir », « en cas de Brexit il n’y aura plus de concert », « en cas de Brexit les nazis triomphent », « l’économie va s’écrouler »…). Ce qui vaut bien, à mon avis, le fantasme catastrophiste des migrants barbares et du « remplacement ».
    Les partisans… voire les « artisans » de la folie, de la catastrophe, de la menace et de la peur se trouvent dans les deux « camps ». Il est regrettable que le meurtre de Jo Cox le fasse oublier, et que les votants soient à ce point pris en otage entre deux accusations, deux fictions de fin du monde.

  • Koz n’a certainement pas besoin de moi pour faire son avocat. Mais je trouve son article intéressant. Il soulève me semble-t-il un problème de fond et qui n’est pas nouveau. Les mots peuvent tuer. Peuvent pousser à tuer. De Gaulle « arrosé » au fusil mitrailleur, Jaurès « révolvérisé », Henri IV poignardé. Je trouve intéressant aussi le point de vue développé sur le lien suivant:
    http://www.la-croix.com/Religion/France/Cette-violence-fruit-dizaines-annees-negligence-relations-humaines-2016-06-15-1200768843

  • @ VirgilG : je ne suis pas a priori favorable au Brexit, notamment du fait de ses soutiens. La logique qui les anime suffit à me hérisser. Reste que je ne sais pas ce que seraient les conséquences d’un Brexit : cela peut conduire à fragiliser tout l’édifice ou, au contraire, renforcer le sentiment d’urgence à réformer l’Union Européenne, qui est absolument incontestable.

    Pour le reste, voyez, pour reprendre les exemples que vous avez donnés, le sort des abeilles, de l’économie, des concerts, non seulement sont guère susceptibles de conduire quelqu’un à prendre les armes pour la défense des concertes, aussi attachés y soit-il (mais moins qu’à son identité véritable) mais encore ne disent pas grand-chose du respect de la dignité humaine. Être outrancier sur le sort des abeilles n’est pas glorieux, l’être sur le dos de réfugiés en situation de détresse, c’est une autre paire de manches. Et encore une fois, le sort des abeilles et des concertes, cela ne met pas en jeu la même chose que lorsque l’on vous dit que votre essence même est mise en cause.

    @ Gwynfrid : l’auteur de l’attentat étant musulman, et le revendiquant au nom de l’Etat Islamique, peut-être ne faut-il pas blâmer les chrétiens. Même si cela ne doit pas non plus empêcher une remise en cause de ceux qui développent ce genre de rhétorique, contraire aux valeurs chrétiennes mais effectivement trop répandue malgré cela.

  • Koz a écrit :

    @ Gwynfrid : l’auteur de l’attentat étant musulman, et le revendiquant au nom de l’Etat Islamique, peut-être ne faut-il pas blâmer les chrétiens. Même si cela ne doit pas non plus empêcher une remise en cause de ceux qui développent ce genre de rhétorique, contraire aux valeurs chrétiennes mais effectivement trop répandue malgré cela.

    Soit. Je crois tout de même que la rhétorique des uns n’est pas ignorée par les autres, surtout aux US. Il faut bien voir que les polémiques sur ce sujet ne sont pas marginales: les positions des différents groupes (très nombreux) qui revendiquent une étiquette chrétienne reçoivent l’attention et le respect constant des grands médias comme des politiques américains, car ils forment un bloc électoral dont le poids est conséquent. Quand on est Américain, il faut vraiment être sourd et aveugle pour ignorer les positions des uns et des autres à l’égard des homosexuels. La rhétorique a des conséquences d’autant plus grandes qu’elle est le fait de groupes influents et présents dans les médias.

  • @ Gwynfrid:
    Au pays de Agatha Christie, on se pose toujours la question de base  » A qui profite le crime? ».
    Je ne fais que citer 3 exemples incontestables de manipulation : le Koweit, l’Irak, et la Syrie.
    Maintenant, faut-il perdre mon temps avec vous qui accusez un contradicteur de « justifier la violence », lorsque celui-ci , tout en la condamnant absolument, se demande si justement cette violence ignoble n’a pas été commanditée par ceux qui en profitent ?

  • On voit là l’indécence et le complotisme de certains. Votre premier commentaire m’avait échappé. Mais chapeau pour celui-là. Aller imaginer que l’assassinat de Jo Cox ait été commandité par la Commission Européenne ou par David Cameron, grande classe. Ne vous inquiétez donc pas tant pour moi si, dans un avenir que j’exclus, on s’apercevait que l’assassin ait été manipulé, inquiétez-vous pour vous-même et les accusations odieuses que vous avez le front de lancer.

    Par chance, votre créneau n’est pas l’éthique, hein…

  • Gwynfrid a écrit :

    Je me suis raté avec le lien ci-dessus. Correction:

    La rhétorique anti-homosexuelle existe aux États-Unis depuis longtemps, et elle est beaucoup, hélas, le fait de chrétiens.

    Il existe une autre réthorique, c’est celle qui consiste à attribuer aux propos de son adversaire une portée qu’ils n’ont pas. Ainsi, la manif pour tous a été accusée d’homophobie. Ainsi des groupes chrétiens dont des responsables catholiques s’offusquent de ce que Disney organise des gay events et les voilà accusés de responsabilité dans le crime d’Orlando.

    Manif pour tous comme chrétiens américains.
    C’est juste du délire.

    Avec ce genre d’argument, il devient impossible de contester quoi que ce soit qui touche de près ou de loin aux intérêts de la communauté LGBT.

  • D’accord avec Koz, comme souvent. Je partage ses inquiétudes sur la campagne électorale.
    Elle se fera obligatoirement sur fond de nationalité et donc d’immigration.

    Le message public est incompréhensible.

    La sexualité est du domaine du privé/ le mariage est public.

    La laïcité est à géométrie variable.(interdiction des crêches pour Noël / réception des musulmans à la mairie de Paris.)

    L’enseignement, grand n’importe quoi.
    L’arabe en primaire c’est le communautarisme / l’intégration.
    Par contre parfaitement justifié en secondaire.

    Place de la République occupée + Blocage par 3% de la population d’un pays, avec en prime des casseurs, en plein état d’urgence! Incurie de l’État.

    Un réfugié a la vocation de retourner dans son pays pour oeuvrer à sa reconstruction.

    La loi du 8 mars No 2016-274,
    dans son article 59 élargit le droit du sol aux individus résidants sur le territoire « depuis l’âge de 6 ans. Et ayant suivi leur scolarité obligatoire en France(…) lorsqu’elles ont un frère ou une sœur ayant acquis la nationalité française  »
    Le droit du sol pourra donc s’appliquer à des personnes nées à l’extérieur du pays.
    Ensuite l’article 13 permet aux personnes malades et en situation illégale d’être régularisées dans le cas où « l’offre de soins et les caractéristiques du système de santé dans le pays dont il est originaire » ne lui permettent pas d’y être soigné.
    Antérieurement ils étaient non expulsables et pris en charge par l’AEME.
    La porte est ouverte au regroupement familial.
    On ferait mieux de leur offrir leur traitement dans leur pays d’origine.

    Quelques faits démontrant l’incohérence de la France.

    Il y a aussi de multiples incohérences en Europe, mais commençons à balayer devant notre porte.

  • CNP a écrit :

    Il existe une autre réthorique, c’est celle qui consiste à attribuer aux propos de son adversaire une portée qu’ils n’ont pas. Ainsi, la manif pour tous a été accusée d’homophobie. Ainsi des groupes chrétiens dont des responsables catholiques s’offusquent de ce que Disney organise des gay events et les voilà accusés de responsabilité dans le crime d’Orlando.

    Manif pour tous comme chrétiens américains. C’est juste du délire.

    Avec ce genre d’argument, il devient impossible de contester quoi que ce soit qui touche de près ou de loin aux intérêts de la communauté LGBT.

    On n’est pas obligé d’aimer les « gay days » à Disneyworld. On n’est pas obligé de venir ce jour-là. Mais les groupes en question ne s’arrêtent pas là: ils organisent le boycott de Disney tant que ces événements ne sont pas interdits. Car si vous lisez l’article que j’ai cité d’un peu plus près, vous verrez que Disney ne les organise pas: ce sont des groupes gays qui le font – Disney se contente de ne pas s’y opposer.

    Le message, donc, ne s’arrête pas une simple contestation: il veut interdire la présence des homosexuels en tant que tels dans un espace partagé. D’autre part, on parlait, ici, de rhétorique: ainsi, quand on parle d' »orgie dépravée » à propos de ces événements, cela a des conséquences dans les esprits. Le lien que je faisais me semble donc largement justifié.

  • Je n’en peux plus avec le FN, ses dirigeants et ses électeurs. Heureusement je ne les fréquente pas. Cela fait déjà longtemps que j’ai rayé de ma liste les quelques rares individus que je connaissais qui voteraient FN ou avaient un discours anti-européen. Les temps sont assez difficiles pour que l’Europe s’éclate au lieu de se renforcer et se tenir solidaire contre les menaces extérieures qui ne sont pas qu’économiques (exemple la Russie, l’Iran, la Turquie ?).

    Entre la sagesse du peuple souverain (qui devient de plus en plus stupide) et les élites (qui deviennent de plus en plus des produits télévision-compatibles) on est en bonnes mains pour envisager le futur de nos enfants, sans parler de la destruction inéluctable de l’environnement et du déclin de la civilisation européenne.

    Je dirait que la situation en Europe et dans le monde va mal depuis fort longtemps, depuis au moins dix ans avant l’attentat contre le World Trade Center, et certainement depuis cette date. La chute du mur de Berlin a un peu atténué le déclin de l’Europe et a amélioré la vie de millions d’européens. Le FN veut tout balancer par dessus bord. On a tout de même le droit de demander pourquoi. Le FN défend quelles valeurs ? Quelle culture ? Quelle planète ?

    Le FN est devenu anti tout. Raciste contre les noirs et les arabes, on savait déjà, mais aussi contre les blancs.

  • @Gwynfrid et CNP : jusqu’à il y a peu, je partageais les idées de CNP.

    Et puis des rencontres m’ont fait réaliser que, oui, sans être homophobe en soi, le discours de la Manif pour tous, très bien contrôlé, avait permis à des gens qui eux, étaient homophobes, de se dire : « ah mais tiens maintenant je peux dire/faire ça ». Genre : dire « sale pédé » à un homosexuel, ce genre de choses, quoi.

    De fait. Après, ce n’est pas une raison pour fermer sa gueule. Mais il faut réellement être conscient des risques que ça génère chez les dingues. Il faut tenir compte des dingues quand on parle. En plus, ça force à préciser sa pensée, et c’est pas plus mal.

  • Bonjour Koz,

    D’habitude, je suis à 100% d’accord avec ce que vous écrivez, et vous êtes à peu près la seule personne sur le web dans ce cas. Mais dans le billet d’aujourd’hui, je vous trouve intellectuellement léger, et je suis, honnêtement, déçu.

    Accuser Nigel Farage d’être responsable de cet assassinat, même indirectement, c’est faire le genre d’amalgame, de raccourci intellectuel et d’invective insultante que j’ai plus l’habitude de voir chez le militant extrémiste de base sur Twitter que dans votre blog.

    Certes, Nigel Farage, comme les Le Pen, pointe du doigt l’arrivée de « hordes d’Arabes ». Mais où est vraiment la violence? Est elle vraiment dans le fait de montrer une photo pour défendre l’idée du retour à un contrôle des frontières? Ou bien vient-elle, en réalité, du « sentiment d’insécurité » qui suit le double meurtre de Jean-Baptiste et Jessica, le massacre d’Orlando ou celui du Bataclan, les viols et agressions à répétition, ou le chantage que fait la Turquie à l’Union Européenne dans l’affaire des migrants? À mon humble avis, la vraie violence vient de là, pas de la réthorique d’un Farage ou d’une Le Pen qui n’en sont que l’écho distant. Pourquoi l’assassin de Jo Cox aurait-il agi à cause de la seule campagne de Farage, alors qu’il lui suffit de regarder les nouvelles à la télévision pour avoir le sentiment que tout va mal?

    Quand on apprend que plusieurs des jihadistes qui ont oeuvré en Europe récemment sont entrés comme « migrants », que la majorités des violeurs en Allemagne ou ailleurs sont eux aussi des « immigrés » musulmans, quand on constate que les fameuse « hordes d’Arabes » comportent fort peu de femmes et d’enfants, il devient légitime, et non pas « violent », de poser la question de la régulation de ces flux, afin de séparer les véritables réfugiés de ceux qui n’ont d’autre intention que de nous nuire. Faire autrement, c’est de l’angélisme. Parler de « fantasme catastrophiste des migrants barbares » comme le fait un de vos commentateurs, c’est faire preuve d’un sentiment de supériorité à l’épreuve des faits, cette forme d’orgueil qu’on appelle aveuglement.

    L’an dernier, mon fils s’est fait sauvagement agresser par une « bande d’Arabes », à six contre un, le lattant de coups de pieds y compris dans la tête. Est-ce vraiment la faute de la réthorique des Le Pen? Ses agresseurs étaient, selon toute apparence, maghrébins. Mais mon fils a beaucoup hésité à le dire, à nous, ses propres parents. De peur d’être accusé de « racisme ». Voilà la violence sociale ambiante, tellement omniprésente qu’un jeune adulte n’ose pas se confier à ses propres parents et doit vivre rongé à la fois par la douleur de s’être fait taper dessus et par un sentiment de culpabilité d’oser croire que ses agresseurs sont des « arabes ».

    Violence ambiante tellement prégnante qu’un Nigel Farage se voit plus ou moins explicitement accuser de complicité de meurtre, pas moins, par un avocat français, pour avoir osé, crime suprême, montrer une photo de migrants. « Incitation à la haine », cette photo? Mais ce serait une « incitation à la compassion » si on savait qu’il n’y a sur la photo que des pauvres victimes de la guerre. La seule raison pour laquelle cette photo milite pour la fermeture des frontières, c’est bien parce que, malgré une propagande permanente, tout le monde sait bien au fond qu’il y a une bonne dose de brebis galeuses dans ce troupeau.

    Dire que c’est la réthorique de Farage qui a poussé un débile au crime est, à mon avis, d’une stupidité indigne de vous. C’est du « Tuez le messager » de base. Mais que pour noircir Farage, vous alliez jusqu’à parler de « traduire du Farage », laissant entendre vu le contexte du paragraphe que son tweet de condoléance était insensible, en oubliant, j’espère involontairement, qu’il suivait immédiatement un autre tweet dans lequel Farrage se disait « horrifié »: https://twitter.com/Nigel_Farage/status/743445822298169347. Ça, c’est vraiment pas du grand Koz.

    Vous parlez du « discours sidérant d’indifférence » des Le Pen. Mais dans le contexte actuel, je trouve que s’attaquer à ceux qui dénoncent le laisser faire européen est sidérant d’indifférence envers toutes les victimes, bien réelles celles-là, de cette violence devenue si ordinaire en Europe.

    J’espère sincèrement que vos billets suivants seront moins accusatoires et plus équilibrés dans leur jugement. Vous restez un de mes blogueurs favoris. Et, même si je trouve les accusations envers Farage tout à fait à coté de la plaque, vous avez tout à fait raison sur le fait que son analyse est trop simpliste et manque cruellement de charité. Mais ce n’est pas une raison pour faire vous aussi dans l’analyse manichéenne.

    Fraternellement dans le Christ

  • @ Pepito:

    Le FN n’a jamais eu de pouvoir en France ou en Europe.

    Pour cette raison, je trouve acrobatique de mettre sur le dos du FN « l’éclatement de l’Europe », la destruction de « l’environnement », la multiplication des « menaces extérieures » (et, ajouterais-je, « intérieures »), l’abêtissement et l’abrutissement des peuples, la dimension spectaculaire des élites, et même le « racisme anti-noir, anti-arabe et anti-blanc ».

    Le problème à mes yeux c’est que le FN n’est pas même responsable de sa propre progression. Il progresse parce que le roi est nu, les ficelles sont de plus en plus grosses et apparentes. Il ne progresse pas parce qu’il est une solution adaptée à ce temps-là, il progresse en raison de la médiocrité des politiques actuelles et passées, et de leur paresse intellectuelle, leur manque d’idées. Le FN récolte allègrement ce que d’autres que lui ont semé. Il est normal que les électeurs se retranchent dans le parti qui a eu le moins d’occasions de se compromettre dans la technocratie, la destruction de la nature, le bradage des « valeurs » européennes (et françaises).

    Je partage avec vous un amour de l’Europe, de ses valeurs profondes et de sa culture (à plus d’un titre je me sens plus européen que français). Comme la majorité des Français qui s’abstiennent, je suis incapable de voter de bon cœur pour un parti dit « de gouvernement » à l’heure actuelle (PS ou LR), et tout aussi incapable de voter FN. Il manque des propositions politiques (et non « hystériques » ou spectaculaires) à la hauteur de notre époque et de notre crise. Nous ne pouvons attendre de solutions ni de la part des acteurs de cette crise ni de ceux qui en profitent.

    @ Grenouille Bouillie:

    Vous m’interpellez avec le « fantasme catastrophiste des migrants barbares » (j’avais ajouté « et du remplacement »).

    Je trouve curieux que vous souligniez l’amalgame que fait Koz, que vous reconnaissez un « manque cruel de charité » à Farrage, tout en produisant à votre tour quantité « d’amalgames » et de « raccourcis » si peu charitables.

    Les agresseurs de votre fils, « maghrébins », « selon toute apparence » (je ne sais pas, peut-être sont-ils nés en France) ; il n’est pas nécessaire d’être « migrant » pour conduire des opérations terroristes ; « les réfugiés exceptés, les autres migrants n’ont d’autre intention que de nous nuire » ; « la majorité des violeurs en Allemagne sont des musulmans (immigrés, qui plus est) ». Effectivement, on n’est pas ici dans l’aveuglement ou dans l’angélisme… Tout vous paraît si clair, si simple. À moi, cela me paraît confus, grossier et obscur.

    Nous devons donc avoir chacun une poutre ou une paille dans l’œil et nous partageons au moins cet aveuglement devant les faits et leur complexité…

  • @ Edel : je n’irai pas jusque là où vous allez, et considérer que des personnes liées à la MPT se sentent « libérées » dans leur homophobie. Je crois aussi que cela a conduit certaines personnes à creuser davantage le sujet de l’homosexualité et, tout en restant opposés à la loi Taubira, à envisager moins défavorablement les homos. Après je suis conscient que cela en a aussi radicalisés, mais plus politiquement me semble-t-il.

    Ceci étant, nous conviendrons je l’espère que le sujet de ce billet n’est pas précisément la responsabilité de la Manif Pour Tous dans la tuerie d’Orlando, même si je conviens que la question de la responsabilité dans l’action politique relie les deux sujets.

    @ Grenouille Bouillie : « fraternellement dans le Christ », il me paraît hasardeux de relier l’agression de votre fils par une bande de maghrébins au sort des réfugiés, qui ne sont pas maghrébins pour la plupart – et non, tout ça, c’est pas « des Arabes » – et que rien ne détermine à être des agresseurs. « Dans le Christ », et au-delà de l’émotion légitime soulevée par l’agression de votre fils, je pense que ce ne serait pas aberrant de vous abstenir de propos tels que le fait de prétendre qu’il y aurait nécessairement « une bonne dose de brebis galeuses » dans les personnes photographiées, malgré « la propagande ».

    Autre chose : fraternellement, dans le Christ ou pas, vous pourriez aussi vous abstenir de broder sur votre mauvaise interprétation de ma mention du tweet de Farage. Le seul objet de ce tweet était de dire que rien n’obligeait les dirigeants du Front National de faire état d’une grande émotion, ils pouvaient parfaitement réagir à l’image de Farage, rien de plus, rien de moins.

  • Que va-t-on dire du « déséquilibré » qui a voulu flinguer Donald ? Qui aura l’idée de faire le procès d’Hillary Clinton ou du New-York Time ? Dira-ton qu’il a d’abord été victime de ses propres outrances ? Ok, mais dans le cas de Jo Cox, les anti-Brexit n’ont pas été avares d’outrances voire de menaces à peine voilées de représailles, si l’électeur britannique avait le malheur de faire le mauvais choix. Que n’a-t-on promis les quatre cavaliers de l’Apocalypse à ceux-là ! L’Europe est-elle donc une secte pour que ceux qui veulent en sortir face l’objet d’autant de menaces et d’intimidations ?

    L’outrance fait partie du débat démocratique ; c’est ainsi, on s’adresse à des masses, des foules, les nuances pèsent moins que les effets rhétoriques ; on en sait qqch, il suffit de se souvenir des débats sur le traité de Maastricht ou de la Constitution européenne. La démagogie dans le débat du Brexit ne fut le monopole d’aucun camp (et Nigel Farage n’a pas le monopole du camp Brexit, loin de là).

    Principe général : chacun doit se sentir responsable de ses paroles et de leurs conséquences éventuelles. Soit. Ce serait simple si le langage était parfaitement univoque. Ce n’est évidemment pratiquement jamais le cas, et dans le monde de la Justice on le sait plus qu’ailleurs : le langage est en grande partie équivoque, contextuel, et dès lors on peut le comprendre de multiples façons. Qu’on pense au tentations du Christ dans le désert, ou Satan pervertit les Saintes Ecritures elles-mêmes. Prenons la lettre XCIII de saint Augustin, qui justifie le recours à la force contre les impies par une citation de la parabole du banquet de Luc : « compelle intrare » – « force les à entrer » (l’ironie voulant d’ailleurs que saint Augustin serve de justification plus tard à la persécution des protestants sous Louis XIV). Le Christ serait-il alors responsable des schtroumpferies de ses disciples ?

  • En ce qui concerne le « déséquilibré » qui a tenté de flinguer Trump, j’imagine que, par symétrie, les actuels complotistes ne manqueront pas de soutenir que c’est Trump qui l’a armé.

    En ce qui concerne l’outrance et l’apocalypse, être éventuellement outrancier sur les conséquences économiques d’un choix n’est en rien comparable avec les outrances appliquées à des personnes et à la menace qu’elles représentent, de surcroît à votre propre identité.

    Quant à Farage, il n’a pas le monopole du camp du Brexit, et des outrances, c’est vrai. Il y a Boris Johnson, aussi. Dont les outrances se rapprochent plus du type de celles que vous condamnez.

  • Bonjour Koz,

    Je participe rarement aux débats (ou trop tard), soit par manque de temps, soit parce que je n’ai pas grand chose à ajouter au billet (je ne vois pas l’intérêt de dire la même chose en moins bien).

    Vous me pardonnerez donc de rester si souvent silencieux quand je suis d’accord avec vous, mais le débat suppose un minimum de désaccord. 😉

    Venons en au sujet.

    Que le climat du débat soit détestable, je veux bien le croire. Je n’ai pas tout suivi, mais je lis quotidiennement la BBC, et le débat m’a semblé voler bas et faire appel essentiellement, d’un côté comme de l’autre, aux peurs des électeurs (chômage, remplacement culturel), plutôt qu’à leur intellect. Ni mieux ni pire que ce à quoi on a droit en France depuis un certain temps déjà, et « moins pire » que les « débats » (les ébats ?) qui ont accompagné les primaires aux États-Unis. Mais peut-être la BBC a-t-elle tamisé un peu la teneur des propos.

    Que Nigel Farage contribue fortement à ce climat détestable, comme MLP en France, je vous suis toujours. Oui, ils tirent presque constamment le débat vers le bas voire l’abject ; au passage, leurs opposants qui les y rejoignent avec empressement, semblant prendre plaisir à se rouler avec eux dans la boue, ont bien évidemment eux aussi leur part de responsabilité. De même que les médias, qui mettent constamment en exergue les déclarations les plus outrancières, incitant au simplisme voire aux injures pour s’assurer une bonne couverture médiatique.

    Nous sommes donc d’accord sur le fond il me semble.
    Et pourtant, je ne suis pas à l’aise avec ce billet.

    D’abord, parce qu’il me paraît toujours délicat, et même parfois dangereux, de vouloir déterminer le degré de responsabilité indirect de quelqu’un dans une affaire comme celle-ci. Dans la mesure où Nigel Farage n’a jamais appelé à la violence (à ma connaissance, mais je peux me tromper), dans la mesure où il la condamne même explicitement dans ses tweets post-attentat, je pense qu’il ne faut pas l’accuser de plus que ce qu’il n’a fait, à savoir exacerber la peur des gens et la méfiance envers les immigrés.
    Il y a assez à condamner dans ce qu’il dit et endosse officiellement sans s’aventurer sur le terrain mouvant des responsabilités indirectes. (Sinon, comme le font remarquer d’autres commentateurs, attention au retour de boomerang : quelle est la responsabilité indirecte de la MPT dans le massacre d’Orlando, de Hilary Clinton dans l’attentat raté contre Trump…) Restons dans le factuel.

    Ensuite, parce que je crois que c’est contre-productif. À trop taper sur Nigel Farage ou MLP, on finit paradoxalement par en faire des victimes, nourrissant les soupçons de récupération politique de l’assassinat, voire même les théories complotistes (il n’y a qu’a lire les commentaires de bernard). Sans compter qu’on fait encore parler d’eux, alimentant (certes modestement) un système qui veut que celui qui braille le plus fort et professe le plus d’insanités tire à lui toute la couverture médiatique.

    À contrario, j’ai trouvé très bien vu le lien que vous avez retweeté sur les contradictions de Boris Johnson :
    https://tompride.wordpress.com/2016/05/28/the-great-eu-debate-boris-johnson-vs-boris-johnson/

    Simple, but efficient. 🙂

    En bref, d’accord sur le fond du billet, un peu moins sur la forme.

    Bonne continuation et bonne semaine à vous.

  • Koz a écrit :

    Il y a Boris Johnson, aussi. Dont les outrances se rapprochent plus du type de celles que vous condamnez.

    Possible en effet ; dans un débat les inévitables outrances ont vocation à être ridiculisées, c’est encore ce qu’il y a de plus efficace. L’indignotron des professionnels de la vertu est devenu inefficace et inaudible de toute façon.

  • @ fraspi:

    Bonjour,
    je vous remercie pour cette réponse mesurée dont je remuais la substance en mon âme, sans prendre le temps de l’écrire. Puisque vous me déchargez de cette tâche, il me reste à vous redire : « Merci ».

  • @ fraspi : comme dit plus haut, quand vous êtes outrancier sur les conséquences économiques c’est une chose. Quand vous développez outrancièrement le fait que des personnes sont une menace pour votre identité même, la responsabilité dans le fait qu’un jour on s’en prenne à ces personnes ou à ceux qui les défendent existe. J’assume parfaitement le fait que c’est indémontrable. Et d’en être néanmoins convaincu.

    Franchement ravi que, « dans ses tweets post-attentat », Nigel Farage ait condamné explicitement la violence. Ca n’aurait pas été idiot de le faire avant. Voire de ne pas affirmer que la violence dans les rues pourrait être l’étape suivante en l’absence de contrôle de l’immigration.

    Quant à savoir si cela fait ou non « le jeu du FN » ou de Nigel Farage, tout fait le jeu du FN et de NIgel Farage. A ce compte-là, permettez-moi de m’en tenir à l’exposé de mes convictions.

    Pour ce qui est de la Manif Pour Tous, voir plus haut.

  • Koz a écrit :

    Quant à savoir si cela fait ou non « le jeu du FN » ou de Nigel Farage, tout fait le jeu du FN et de NIgel Farage.

    La citation exacte est celle-ci, mais je doute qu’il soit sujet du FN. 😉

    Non, tout ne fait pas le jeu du FN, et heureusement.

    Il suffit de lire vos derniers tweets pour trouver un excellent contre-exemple : quand J.C. Fromantin propose d’accueillir l’exposition universelle à Paris, proposition que je trouve très heureuse et nous sommes manifestement parfaitement d’accord là-dessus, il ne fait pas de miracle, mais il envoie un signal positif sur ce que peut encore être la France tout en faisant une proposition concrète et économiquement gagnante. Voilà le genre de signal qui, certes modestement, sape les fondations du FN qui s’alimente de la peur, de la haine ou du désespoir ambiant.

  • D’abord et surtout, la mort de Jo Cox est une immense tragédie, et l’indécence de la (non-)réaction de Marine Le Pen ne me surprend pas.

    Ensuite je suis globalement en désaccord avec ton billet pour plusieurs raisons.

    La première, fondamentale, est que ce genre de raisonnements tend à dissoudre la frontière entre violence physique et opinion. Avec deux conséquences graves :

    (i) La criminalisation progressive des opinions. Si l’expression de telle ou telle opinion est directement liée à un meurtre, il faut l’interdire ou la restreindre. Le parallèle avec la manif pour tous est éclairant bien que tu t’en défendes. Peu importe que ni toi, ni l’écrasante majorité des partisans de LMPT n’ont encouragé à la violence contre les gays, ce qui importe c’est que des gens influents le pensent (ou fassent semblant de le penser). La seule définition objective du « hate speech », c’est un discours qui déplaît fortement à la majorité.

    (ii) la banalisation de la violence physique. Associer opinion et violence physique, c’est légitimer l’initiation de la violence physique en réponse à une opinion. L’extrême gauche est très forte pour ça, pour justifier la violence physique par une violence symbolique préexistante.

    La seconde, sur le plan éthique, est qu’il s’agit de la récupération politique d’un drame humain. Plus haut, Gwynfrid blâme « l’avidité dans l’exploitation politique » de Trump après Orlando sans apparemment voir les parallèles : prendre argument de la mort d’êtres humains pour affirmer qu’on a raison et que nos adversaires ont tort / sont des salauds. Pas top.

    La troisième est bien sûr que ce raisonnement est terriblement contre-productif. Car à associer ainsi un assassinat à une opinion (ou son expression) pour la disqualifier, on légitime la recherche de telles associations pour d’autres assassinats et d’autres opinions. Tu parles d’un « vent nouveau » au sujet d’une ligne de pensée partagée par la moitié de la population (on verra dans la nuit si c’est un peu plus ou un peu moins) et qu’on peut relier à un grand total de un assassinat. Tu es parfaitement fondé à trouver cela inquiétant. Mais ce faisant tu légitimes ceux qui sont terrifiés par une ligne de pensée qu’on peut relier à des dizaines d’assassinats et qui n’est pourtant partagée que par un peu moins de 10% de la population.

    Tout ceci renforce un syndrome d’opposition frontale « eux contre nous ». Si on veut rester civilisés, il faut combattre les opinions et respecter les personnes. Associer opinions et violence ne va pas dans le bon sens.

  • Bonjour Koz,

    Merci pour ce billet.

    La parole comme le silence, d’autant plus lorsqu’ils émanent de personnes publiques, ne sont jamais neutres. Le verbe et l’action sont intimement liés. Je vous rejoins là-dessus. Mais il manque un chainon au rapport de cause a effet que vous semblez établir entre discours pro-Brexit et meurtre de Mme Cox.

    Il me semble que vous omettez de pointer la responsabilité de ceux qui connaissent les dangers d’un Nigel Farage et autres MLP mais soufflent sur les braises a dessein pour servir leurs intérêts électoraux bien sentis, et aussi parce qu’ils sont animes au fond d’eux-mêmes d’un désir de désordre qu’ils ne peuvent assumer par faiblesse d’âme. Ces gens connaissent les effets d’une montée de certains discours et jouent avec le feu. Je leur trouve la même responsabilité quant a la montée de la violence, avec une circonstance aggravante: ils se cachent derrière la dénonciation du mal qu’ils ont contribué a forger.

  • « parfois, la rhétorique a des conséquences. Si vous passez des jours, des semaines, des mois, des années à dire aux gens qu’ils sont menacés, qu’on leur a volé leur pays, qu’ils ont été trahis et bradés, que leurs droits inaliénables leur ont été confisqués, que leur problème est qu’ils sont trop lents à réaliser ce qui est en train de se passer, que leur problème est qu’ils ne sont pas assez enragés, alors à moment donné, à un endroit donné, quelque chose ou quelqu’un va basculer. »

    Tout y est.

    Quant à l’idée que j’instrumentaliserais la mort de Jo Cox, j’aurais autant aimé ne pas avoir à le lire sous ta plume, mais j’en prends note.

  • @ Edel:
    en même temps, sans vouloir diminuer l’injustice évidente de la violence contre les homosexuels, cette situation n’a pas attendu LMPT. Il faut peut-être rappeler qu’il n’y a pas si longtemps (au 20ième siècle) l’homosexualité était encore un crime légalement en France.
    Par ailleurs des violences et discriminations, il n’y a pas que les homosexuels à en subir. Les femmes en subissent tous les jours. Cela va des propos de « sexisme ordinaire » aux coups et viols, meutres, pour la simple raison que les femmes sont des femmes.
    Et je pourrais citer d’autres groupes dont les membres sont également victimes de violences et discrimination (les obèses, les juifs par exemple …).
    Il faut arrêter de lutter pour la défense d’un groupe qui serait plus ceci ou cela que les autres. Il faut lutter contre toute forme d’injustices.

  • Lib, il y a tant de points choquants dans tes remarques que je vais avoir du mal à en faire une liste complète. Pour ne garder que les plus évidents:

    Lib a écrit :

    La première, fondamentale, est que ce genre de raisonnements tend à dissoudre la frontière entre violence physique et opinion. Avec deux conséquences graves :

    (i) La criminalisation progressive des opinions. Si l’expression de telle ou telle opinion est directement liée à un meurtre, il faut l’interdire ou la restreindre.

    Voilà un saut impressionnant et sans filet. Tu fais une équivalence entre la critique d’une opinion et son interdiction, avec un argument de pente glissante complètement fallacieux (il ressemble d’ailleurs à celui que tu prétends de dénoncer, à ceci près que le tien n’est pas appuyé par les faits).

    J’ai le droit de critiquer Trump et Farage pour les opinions odieuses qu’ils expriment, on a le droit de s’inquiéter des conséquences possibles sur les esprits les plus faibles ou les plus excités. C’est une critique qu’on peut opposer à la démagogie depuis la nuit des temps. Cela ne signifie en rien que l’on cherche à interdire l’expression de Trump ou de Farage: ton accusation est un pur homme de paille.

    Lib a écrit :

    Associer opinion et violence physique, c’est légitimer l’initiation de la violence physique en réponse à une opinion.

    Ce renversement est absurde. Celui qui légitime la violence, c’est celui qui dit « vas-y, tape, je paierai ton avocat ». C’est le pyromane, pas celui qui le dénonce.

    Lib a écrit :

    La seconde, sur le plan éthique, est qu’il s’agit de la récupération politique d’un drame humain. Plus haut, Gwynfrid blâme « l’avidité dans l’exploitation politique » de Trump après Orlando sans apparemment voir les parallèles : prendre argument de la mort d’êtres humains pour affirmer qu’on a raison et que nos adversaires ont tort / sont des salauds. Pas top.

    Wow. Pas mal, celle-là. Alors maintenant, si on cherche les causes possibles d’un drame humain , c’est de la récupération politique et c’est une faute éthique. Si on va par là, on va avoir du mal à faire face aux drames du présent et du futur; ou bien à faire quelque progrès que ce soit dans n’importe quel domaine.

    Pour finir… de la part de quelqu’un qui dénonce par ailleurs la tyrannie du politiquement correct, il est curieux de voir ainsi demander le silence des critiques.

  • Massivement d’accord avec le commentaire de Lib. La violence physique doit être combattue pour elle-même : c’est pour moi peut-être le principal enjeu de civilisation aujourd’hui.

    Le parallèle LMPT a existé : c’était la « parole homophobe décomplexée » par LMPT qui était jugée indirectement responsable du tabassage d’un homme dans le 19e. http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/homophobie-agression-d-un-couple-samedi-soir-a-paris-7917911.html « Depuis des mois, on entend des discours qui se disent non-homophobes mais qui pointent l’autre comme différent, qui renvoient les homosexuels à un statut particulier. Ceux qui sont homophobes se sentent plus libres de parler. Ils disent les choses de manière plus crue et beaucoup plus forts ».

    Je ne suis pas du tout pro-LMPT, mais ce discours m’avait effrayé à l’époque, pour les raisons qu’expose Lib. Je crois vraiment qu’il faut éviter à tout prix ce genre d’associations, même si elles sont tentantes, même si, peut-être, elles ont même une part de vérité – mais de vérité parfaitement invérifiable.

  • @ Grenouille Bouillie:
    Je ne suis pas GK Chesterton, ni CS Lewis, mais ce sont des écrivains à faire connaître.
    D’accord avec vous. S’il faut toujours contrôler son language pour que personne ne puisse se sentir « légitimer » d’agir avec violence, le discours deviendra édulcoré. Ce n’est pas que je trouve légitime d’agiter la peur de l’autre, c’est que je trouve trop incorrect de donner une part de responsabilité aussi grande sur cet assassinat. Le Christ lui-même a eu des mots très fort contre les pharisiens, les marchands du temple et les pédophiles, ce ne sont pas des appels au meurtre pour autant. Je ne sais pas si vous connaissez le film « Le roi pêcheur ». Dans ce film, un animateur radio a beaucoup plus de responsabilité morale envers un massacre que M. Farage ou Mme Le Pen. D’ailleurs, attribue-t-on toutes les violences racistes se déroulant en France à Mme Le Pen? Evidemment, un chrétien devrait mesurer plus ses propos, mais d’un, tous le monde ne se sent pas obligé d’agir en chrétien parfait, et de deux, rien n’interdit que ce sera interprété de travers. Après, ce qu’il faut faire pour traiter le problème des réfugiés est un autre débat, mais problème il y a: s’il faut tous les accueillir, c’est un problème à résoudre.

  • Logopathe a écrit :

    Je crois vraiment qu’il faut éviter à tout prix ce genre d’associations, même si elles sont tentantes, même si, peut-être, elles ont même une part de vérité – mais de vérité parfaitement invérifiable.

    Je veux bien éviter de faire le rapprochement tant que c’est rationnellement possible. Cependant, si cette association est erronée, alors comment expliquez-vous ces incidents?

  • « But Nigel Farage, the head of the eurosceptic Ukip party, told The Express, an anti-EU tabloid, that he was at risk of being killed in the same way that pro-EU politician Jo Cox was killed on the eve of he referendum. « In 2014 and 2015 I’ve had all sorts of political opponents who weren’t just prepared to use words, they were prepared to go further than that, they would have beaten me up, they would have killed me. It’s as simple as that,”, he said, noting that he has increased the number of his bodyguards. « That’s because I dared to talk about this subject that nobody else talked about”, he said.

    Manifestement, contrairement à certains ici, Farage fait très bien le lien entre le discours et la violence.

    Visiblement pas entre son propre discours et le meurtre de Jo Cox.

  • Koz a écrit :

    Tout y est.

    « parfois, la rhétorique a des conséquences. Si vous passez des jours, des semaines, des mois, des années à dire aux gens qu’ils sont discriminés, qu’on leur a colonisé leur pays, qu’ils ont été exploités et bradés, que leurs droits inaliénables sont foulés aux pieds , que leur problème est qu’ils sont trop lents à réaliser ce qui est en train de se passer, que leur problème est qu’ils ne sont pas assez enragés, alors à moment donné, à un endroit donné, quelque chose ou quelqu’un va basculer. »

    Voila. J’ai changé 4 mots (en gras) dans le commentaire d’Alex Massie qui te plaît tant, et voici expliqué que les anti-racistes sont responsables du Bataclan. Super. Tout y est. J’ai raison et les autres sont des salauds.

    C’est tentant, c’est facile, mais je pense que c’est le chemin du coté obscur.

    Koz a écrit :

    Quant à l’idée que j’instrumentaliserais la mort de Jo Cox, j’aurais autant aimé ne pas avoir à le lire sous ta plume, mais j’en prends note.

    Je n’ai pas écrit ça. Je pense seulement que le débat n’est plus civil si on se met à envoyer des morts à la face de ses opposants.

    @ Gwynfrid:
    Tu fais comme si il n’y avait jamais de procès pour incitation à la haine, comme si la violence antifa n’était pas aussi fréquente que la violence fa.

    Il y a une différence de nature fondamentale entre la violence physique et la violence verbale, je pense qu’il n’est pas bon de flouter la frontière.

    @ Logopathe:
    Merci.

    Koz a écrit :

    Manifestement, contrairement à certains ici, Farage fait très bien le lien entre le discours et la violence.

    Ca m’ennuie de donner une nouvelle fois l’impression que je défends Farage. Mais dans le passage que tu cites, il n’accuse pas les discours de ses opposants de pousser à la violence. Il accuse des gens de franchir le Rubicon, de passer à la violence physique.

  • @ Lib : tu devrais essayer le bonneteau, tu as de l’avenir. On change les mots, les interlocuteurs, les sujets et ça passe. Ton hypothèse aurait un sens si tu avais choisi un cas où la violence physique vient du même camp que la violence verbale, comme dans le cas présent.

    Ainsi, si tu veux m’expliquer que l’on doit exonérer de toute responsabilité dans l’attentat du Bataclan les salafistes même quiétistes qui développent un discours systématique de rejet voire de haine de la civilisation occidentale, n’hésite pas à développer, je crois que ça doit pouvoir être amusant.

    Quant à la Manif Pour Tous, non, les situations ne sont pas identiques, quand bien même cela te sert pour ton argument. Les dirigeants de la Manif Pour Tous n’ont jamais tenu de propos agressifs contre les homos, ont toujours pris soin de maîtriser les slogans. Bref, ils ont très précisément fait preuve de responsabilité.

    Qu’il soit nécessaire d’argumenter si longuement pour faire admettre que lorsqu’un responsable politique martèle pendant des années qu’une catégorie de population est une menace, il doit assumer sa part de responsabilité quand un militant agit en conséquence, ça en dit assez long sur le niveau de complaisance ambiant à l’égard de ce discours.
    Lib a écrit :

    Je n’ai pas écrit ça

    Tu as écrit que tu étais « en désaccord avec mon billet pour plusieurs raisons », dont la seconde était qu' »il s’agissait d’une récupération politique d’un drame humain ». Donc, si, Lib, tu l’as écrit.

    Lib a écrit :

    Ca m’ennuie de donner une nouvelle fois l’impression que je défends Farage.

    Il reste une possibilité. Ne pas donner cette impression.

  • Lib a écrit :

    @ Gwynfrid: Tu fais comme si il n’y avait jamais de procès pour incitation à la haine, comme si la violence antifa n’était pas aussi fréquente que la violence fa.

    Je ne vois pas en quoi cela constitue une réponse mon commentaire précédent. Pourquoi ce changement de sujet? Ou veux-tu dire que l’incitation à la violence et la violence existent aussi du côté de l’extrême-gauche? Je ne dirai sûrement pas le contraire…

    Lib a écrit :

    Il y a une différence de nature fondamentale entre la violence physique et la violence verbale, je pense qu’il n’est pas bon de flouter la frontière.

    J’en suis bien d’accord, mais je ne sache pas que Koz ni moi ayions flouté la frontière dans les commentaires ci-dessus. L’argument est que la violence verbale est un des déclencheurs possibles de la violence physique. Dans le cas de Jo Cox, il est quand même difficile de nier le lien entre la campagne référendaire et le meurtre dont elle a été victime, surtout après les déclarations du meurtrier.

  • @Gwynfrid : Peut-être effectivement ai-je employé un mauvais terme. Il est difficile de ne pas faire « l’association ». On peut même réfléchir aux causalités éventuelles entre discours publics et actes isolés, même si elles me paraissent pas faciles à établir précisément. En revanche, il faut se refuser, pour moi, à tout forme de discours de responsabilité. C’est un parti pris normatif fort : un homme ou une femme qui se rend coupable de violences en est seul responsable, et aucun « discours ambiant » ne saurait être incriminé. Pour lutter contre la violence, il faut la viser comme telle, et la distinguer de son prétexte. J’ai peu de convictions, mais c’en est une.

    Quant à la floraison d’actes racistes, je ne mets pas en doute sa réalité, mais certainement son ampleur : il y a un biais d’opportunité (les xénophobes s’expriment davantage parce que « leur » sujet fait l’actualité) et surtout un biais de déclaration évident dans ces moments-là. La Manif pour tous avait été accompagnée également d’un cortège d’actes homophobes, dans lesquels on mélangeait tout – faits divers qui n’auraient pas dépassé le niveau PQR sans cela, et surtout agressions verbales ou écrites dont on n’aurait jamais entendu parler sinon.

    Ce mélange des paroles et des actes dans le même sac est pour moi ce qu’il y a de plus préoccupant aujourd’hui. D’autant que le lien de causalité présupposé entre les deux est loin d’être aussi simple que ça.

  • Logopathe a écrit :

    En revanche, il faut se refuser, pour moi, à tout forme de discours de responsabilité. C’est un parti pris normatif fort : un homme ou une femme qui se rend coupable de violences en est seul responsable, et aucun « discours ambiant » ne saurait être incriminé.

    Oui, et non. Oui, bien sûr la responsabilité du meurtrier n’est en rien atténuée par la rhétorique violente qu’il a pu entendre. Non, en ce sens que les auteurs de discours incitant à la violence sont responsables, pour leur part, du langage qu’ils ont employé, et de ce qu’il incite. Le partage de responsabilité n’est pas un jeu à somme nulle.

    La causalité n’est pas simple, et de façon générale rechercher une cause unique à un événement choquant ne mène à rien. Nier le lien entre actes et paroles n’est pas davantage réaliste.

  • Koz a écrit :

    Ainsi, si tu veux m’expliquer que l’on doit exonérer de toute responsabilité dans l’attentat du Bataclan les salafistes même quiétistes qui développent un discours systématique de rejet voire de haine de la civilisation occidentale, n’hésite pas à développer, je crois que ça doit pouvoir être amusant.

    Je n’ai pas parlé de salafistes quiétistes, j’ai parlé d’anti-racistes. Je pense que l’anti-racisme victimaire omniprésent est extrême et dessert ceux qu’il prétend défendre (sans parler de la société). Pour autant, je n’accuserai pas ses hérauts d’être responsables d’un assassinat.

    Quant aux salafistes, je doute que les accuser de meurtre réduise beaucoup leur influence. Peut-être que si la société occidentale était un peu moins dans l’auto-dénigrement et retrouvait un peu ce qui l’a rendue puissante et juste (christianisme, liberté, méthode scientifique), leur discours serait moins convaincant. Je ne dis pas que c’est facile.

    Koz a écrit :

    Donc, si, Lib, tu l’as écrit.

    Je me suis relu, j’aurais du employer un autre langage. Je te présente mes excuses.

    Gwynfrid a écrit :

    Ou veux-tu dire que l’incitation à la violence et la violence existent aussi du côté de l’extrême-gauche?

    Non, je voulais illustrer que la posture d’opposant à la violence, sans distinguer qu’elle soit verbale ou physique, dérive naturellement vers la violence physique.

    Pour le reste, Logopathe exprime mieux que moi ce que je pense sur l’invocation d’une responsabilité des paroles.

  • Lib a écrit :

    Je n’ai pas parlé de salafistes quiétistes, j’ai parlé d’anti-racistes.

    Je l’ai bien noté. C’est en cela que ton raisonnement est vicié à la base.

  • Lib a écrit :

    Non, je voulais illustrer que la posture d’opposant à la violence, sans distinguer qu’elle soit verbale ou physique, dérive naturellement vers la violence physique.

    Il y a de la violence d’extrême-gauche, il y en a toujours eu, et elle n’a jamais été liée à la dérive supposée d’une posture anti-violence. Elle est et a toujours été le fait de ceux qui pensent que les réformateurs et les modérés sont des traîtres, que seule la révolution par la force est la solution – un débat qui date de la Convention. Mélanger cela avec l’analyse des causes présumées de l’assassinat politique de Jo Cox est franchement à côté de la plaque.

    Lib a écrit :

    Pour le reste, Logopathe exprime mieux que moi ce que je pense sur l’invocation d’une responsabilité des paroles.

    Ben… Oui. C’est sans doute pour cela que j’ai beaucoup moins de mal à comprendre et discuter la position de Logopathe. Désolé…

  • Gwynfrid a écrit :

    Mélanger cela avec l’analyse des causes présumées de l’assassinat politique de Jo Cox est franchement à côté de la plaque.

    Je ne mélange pas ça avec Jo Cox. Encore moins avec les causes de sa mort.

    J’ai fait un commentaire général sur les dangers d’associer opinions et violence physique en soulignant des risques de dérives (liberté d’expression, escalade violente…) Tu les as balayés comme des absurdités, je t’ai donné des exemples concrets de telles dérives. Je ne les associe pas à Jo Cox, je ne dis pas que les discours accusateurs sur sa mort ont ou vont forcément entraîner de telles dérives. Je dis que je n’aime pas ça et j’explique pourquoi.

    Il y a suffisamment d’extrémistes qui se montent le bourrichon pour que les gens civilisés ne se mettent pas à accuser leurs adversaires d’être des assassins.

  • « Je ne crois pas du tout que les mots volent et que le vent les emporte. Ou alors ils s’accumulent en nuées – quoi de plus léger que les nuées? Pourtant il suffit qu’elles se heurtent pour engendrer la foudre, et la foudre tue. »

    (Gilbert Cesbron dans « Ce que je crois », page 58, collection « le livre de poche » chez Grasset/Albin Michel.)

  • Difficile de ne pas faire le parallèle avec le drame de Dallas. Micah Johnson a tiré sur des policiers blancs parce que policiers et blancs et a tué 7 personnes.

    Le mouvement #BlackLivesMatter accuse depuis quelques années la police de cibler les noirs pour les tuer. L’accusation de meurtre et de racisme est très efficace pour mobilier les media et les foules.

    Maintenant, des gens accusent la rhétorique enflammée de #BlackLivesMatter d’être responsable des morts de Dallas. A un moment, peut-être faut-il casser le cercle vicieux.

    Il y a un grave problème de violences policières aux US, qui est de plus en plus médiatisé même s’il tend à diminuer (ironiquement, le nombre de personnes tuées par la police de Dallas a fortement diminué ces dernières années). Imposer une lecture racialiste artificielle de ce problème n’aidera pas à le résoudre. Cela doit être combattu rationnellement, pas en traitant les autres d’assassins.

  • Eh bien, ça ne s’arrange pas chez nous… « Ces terroristes devront payer » dit NKM, le FN appelle les français à se « réveiller » voire prévient qu’ils vont « se venger »… On commence à lire ici et là sur le web des appels à bouter les méchants musulmans hors de France, à entrer dans une nouvelle guerre de religion… Même des catholiques écrivent que l’Eglise devrait arrêter de faire preuve de compassion et de tendre l’autre joue (le P. Guy Gilbert répondait justement sur France Info : « Est-ce que vous croyez vraiment que les catholiques vont répliquer à coup de bazooka ? ») … J’ai un peu peur que ce « vent nouveau » souffle de plus en plus fort par chez nous et que ces discours de violence ne dérapent en actes de violence.
    Snif !

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