S’il n’y a pas l’âme, on ne résoudra pas la crise européenne avec une distribution de préservatifs. Au contraire, cela risque d’aggraver le problème.[1]
Il y a encore quelques semaines, la Tour Eiffel s’éclairait de bleu, s’illuminait aux couleurs de l’Union Européenne. La présidence de l’Union revenait à la France. Nous étions aux couleurs de l’Europe. Un autre temps. L’état actuel de la campagne des européennes est déprimant. Un truc à donner raison raison aux découragements d’un Bourlanges ou d’un Rocard. Car l’attitude des deux principaux partis français témoigne assez bien d’une redoutable hypocrisie à l’égard de l’Europe. Tiens, pour la peine, je serais presque tenté de donner raison à Marine Le Pen ! C’est à se demander si PS et UMP n’ont pas un intérêt à ce que cette campagne ne décolle pas, s’ils n’ont pas un intérêt objectif à l’abstention. Je ne parle même pas du Modem, que sa tradition devrait engager à intervenir, même si le sujet est plus ingrat que les piques poujao-sarkophobes.
Et puis voilà, à croire qu’ils font rien qu’à me chercher, tadam, l’UMP a trouvé l’accessoire ultime pour une campagne européenne : la capote ! Fière d’un slogan qui s’impose, « l’Europe qui protège« , voilà qu’elle s’est dit : tiens, un peu de cul dans la campagne, ça pourrait la réveiller. Alors, dans un colossal effort d’imagination, cet outil, d’une impayable originalité, s’est imposé. Distribuons donc 20.000 capotes. Avé la mention « l’Europe vous protège…le Mouvement populaire aussi !« .
Voilà qui vous situe le débat au niveau de la nouille.
La capote, pour l’Europe qui protège. A ce train, Libertas – le parti souverainiste, oui, mais de l’étranger – pourrait nous sortir un gode sérigraphié : « l’Europe qui t’enc…« . On pourrait répondre que c’est pas l’Europe qui nous comme-il-dit-le-monsieur mais Libertas. On avancerait pas mal. Au moins, me direz-vous, y’aurait de l’échange.
Mais allons, Koz, y’a aussi des t-shirts ! Bon point : il y a aussi des t-shits. Mais moi, le passage obligé par la capote, ça me gonfle. Et quand il s’ajoute à une campagne amorphe voire aphone, je m’agace… Comme elle m’horripile, cette espèce de connivence insultante ! Non, mon gars, pour m’intéresser à l’Europe, tu n’es pas obligé de me parler quequette. La fesse et moi, c’est mon affaire, occupe-toi de tes campagnes. T’as pas besoin d’habiller mon intimité pour que je pense à toi. Selon certains, il y aurait des moyens plus ambitieux.
Mon ptit bonhomme, as-tu déjà oublié 2005 ? Est-ce qu’à l’époque, les français avaient besoin de préservatifs pour les intéresser à l’Europe ? N’as-tu pas souvenir qu’ils débattaient passionnément d’un texte aride ? Combien de serments éternels de pédagogie avez-vous tous prêtés, au soir de la débâcle avant de les oublier, dès l’été passé ? Tiens, je lis le blog d’Alain Juppé, et ce qu’il identifie comme un grand chantier européen : « comment faire aimer l’Europe aux Français et plus généralement aux Européens ?« . C’est pas con, ça, comme question, mon Alain, mais on a un peu l’impression d’en être exactement au même stade qu’en juin 2005. Et maintenant, selon François Fillon, « il n’y a[urait] aucune raison de lancer la campagne trop longtemps à l’avance [parce que] notre pays [aurait] d’autres soucis » ?
L’animation du débat public est de la responsabilité des partis, des hommes politiques. Elle est leur raison d’être. Je dirais même, sans craindre la grandiloquence : leur honneur. Les électeurs ne placent pas l’Europe en tête de leurs préoccupations, à quelques semaines du vote ? A vous de l’y placer ! Car il y a toujours eu, et il y aura toujours, de bonnes raisons de ne pas parler de l’Europe. Les européens (du moins certains d’entre eux) iront voter, avec le sentiment que le scrutin est joué, que l’Europe est une fois de plus faite sans eux. Le scrutin se fera sur les seuls équilibres politiques nationaux. Et dans quelques années, pour une occasion ou pour une autre, une consultation référendaire sera organisée. Le résultat ne sera pas celui qu’on escomptait, et l’on se demandera pourquoi…
A quelques encablures de l’UMP, du PS, d’autres mouvements n’attendent pas, pour faire vivre le débat. Ainsi de l’Atelier Europe ou de la Fondation Robert Schuman. Ainsi également d’une trentaine d’organisations chrétiennes européennes, qui ont lancé un appel aux citoyens européens en vue des élections de juin 2009. Sa conclusion mérite d’être citée :
Citoyens européens, participons aux élections de juin 2009. Prenons conscience des enjeux de la construction européenne et mesurons l’espoir que celle-ci continue de représenter pour assurer la paix et la justice à l’échelle mondiale. Exigeons des diverses formations politiques qu’elles expriment pour ces élections une véritable vision européenne ; soutenons les candidats déterminés à défendre au parlement les politiques inspirées par le respect de la dignité humaine, dans la perspective d’une Europe plus solidaire, plus respectueuse des générations futures, plus généreuse. Electeurs responsables lors du prochain scrutin, restons insensibles aux slogans populistes. La construction européenne est à nouveau un enjeu central pour les Européens et le Parlement a, plus que les autres institutions communautaires, la mission d’incarner les citoyens.
Jamais autant qu’aujourd’hui la vocation de l’Union Européenne à être acteur de paix dans sa région et pour le monde n’a été aussi manifeste. Faisons en sorte qu’elle ne manque pas son rendez-vous avec l’histoire !
Pour ne pas être ingrat, je citerais tout de même la tribune d’Alain Lamassoure, qui ne l’est pas, lui.
Mais je lis que le lancement de la campagne est pour la semaine prochaine, l’UMP organisant un « grand meeting » à 500 mètres de chez moi. S’il reste de la place, bien évidemment, j’irai. Cela me fera penser au seul meeting auquel j’ai participé à Rueil-Malmaison[2]. C’était le 26 juin 2005, avec Nicolas Sarkozy. Trois jours après, on se prenait une baffe, et j’ouvrais mon blog.
Qui sait : j’en sortirai peut-être rasséréné ? Mais que ce soit bien clair : le premier qui me refile une capote, je la lui enfile !
- merci à Seb de Ca Réagit, pour sa contribution à ce grand moment [↩]
- si l’on exclut le « débat participatif » » [↩]
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Bonjour,
Il est vrai que cette histoire de distribution de préservatifs est assez dérisoire.
Ce qui me frappe plus généralement est le discours qui, me semble-t-il, revient assez souvent chez les partis du mainstream lors des élections au PE à propos de « l’Europe qui protège ». On est dans un registre qui reste assez pauvre, comme si l’on adressait à des enfants apeurés.
Pour l’instant, cela donne une impression générale de médiocrité qui va bien avec les péripéties et les palinodies qui ont accompagné – ou accompagnent encore – les investitures.
Il est vrai que le Parlement européen est un objet un peu à part, dans une Union européenne qui est avant tout une union d’Etats, et que construire un discours politique autour de ces élections est forcément plus compliqué que pour des législatives ou des présidentielles.
Mais enfin, il y a tout de même deux ou trois choses à dire sur un certain nombre de sujets fondamentaux (par exemple la place de l’UE dans le monde, sur la question de l’élargissement ou encore sur sa politique de sécurité et de défense par rapport à l’OTAN)).
Après tout, il reste encore un peu plus d’un mois pour avoir un vrai débat politique autour de ces élections. L’espoir reste permis…
plan en 69 étapes 🙂 ils le font exprès.
Mais allons, Koz, y’a aussi des t-shirts ! Oui, c’était bien moi la petite voix qui te parlait lorsque tu écrivais ton billet.
La question du préservatif est certes sensibles ces temps-ci, mais son emploi utile et fréquent ainsi que son coût modéré en font, à l’instar des éthylotests, un support publicitaire comme un autre. Comme c’est la campagne des jeunes UMP, ce type de dangers concerne particulièrement cette cible. En outre, c’est juste une caravane avec distribution de produits dérivés, comme l’UMP en a désormais l’habitude en été depuis ses célèbres tongs.
Pas de quoi s’énerver sur ce sujet précis donc. Mais encore faut-il que ce ne soit pas la seule campagne de menée. Les précédentes campagnes européennes ne parlaient quasiment pas d’Europe. Cette fois-ci, on ne parle quasiment pas de la campagne. Merci tous les grands partis pour ce ratage qui aurait pu être complètement évitable. Merci aussi à une bonne partie des médias qui ne parle jamais du Parlement Européen. Je pense que c’est lié.
« Jamais autant qu’aujourd’hui la vocation de l’Union Européenne à être acteur de paix dans sa région et pour le monde n’a été aussi manifeste. »
Argument qu’on nous sort à chaque fois, faute de mieux. L’Europe n’a que ça à proposer … c’est déjà énorme, me direz vous.
M’enfin, bon, pour avoir la paix, le détention de l’arme atomique est surement plus efficace qu’appartenir à l’Europe. Si on ne s’est jamais tapé sur la tronche avec les russes pendant la guerre froide, c’est plus surement grâce à nos armements qu’à notre appartenance à la communauté du charbon et de l’acier.
Faites l’amour, pas la guerre …; donc il faut bien des capotes.
Excellent ! Tout cela vaudrait sa petite psychanalyse. Si l’Europe est pareille à une capote, elle en présente logiquement les avantages mais aussi les inconvénients : elle protège, mais elle est difficile à mettre, elle altère les sensations, elle n’est que l’appareil d’un geste technicien qui vous ferait rester pucelles des générations entières… Voilà donc ce qu’est l’Europe : un tue-l’amour. Quel beau programme ! Assez conforme à la réalité…
Seulement, la France rurale est une nouvelle fois oubliée ! Je pense qu’il serait bienvenu de distribuer à nos agriculteurs, pour célébrer la PAC et les quotas laitiers, des stérilets aux couleurs européennes. Là, on tiendrait vraiment le bon bout.
Je vais me permettre de râler : moi j’aimerais bien voter aux Européennes. Mais quand on est français et qu’on habite hors Europe, il semble qu’on n’ait pas le droit de s’exprimer sur celle-ci. A contrario, nous allons voter pour l’assemblée des française de l’étranger…
@Xerbias: ouias mais discriminatoire comme produit dérivé la capote!
C’est à destination du sexe masculin que je sache! Donc ma moitié de la France est méprisée! 🙂
C’est sympa les petits avatars que tu nous files! j’étais frustré , avec ton plugin on pouvais pas forcément si notre pseudo était déjà pris…
Merci Koz c’est Noël juste après Pâques! 🙂
@ Tom Roud:
Si, on a le droit de s’exprimer. Il faut être inscrit sur les listes électorales d’une commune en France, à votre choix. C’est la même chose pour les autres élections, sauf la présidentielle et les référendums – là vous pouvez voter au consulat. Mais vous avez aussi l’option de voter en France pour tous les scrutins. Seul problème: si vous ne vous êtes pas fait inscrire avant le 31 décembre 2008, c’est trop tard pour cette année.
Évidemment, il faut établir une procuration. Pour les législatives de 2007, cela ne m’avait pas posé de difficulté. En fait j’avais eu beaucoup plus de mal à voter pour la présidentielle, car le consulat n’est pas tout à côté, et la queue était épouvantable pour le premier tour.
@ Sébastien:
+1. « L’Europe qui protège »… le slogan est finalement encore plus caoutchouteux que son support. Si c’est tout ce que les soi-disant partisans de l’Europe savent faire pour la promouvoir, il y a de quoi déprimer. Choisir pour qui voter risque d’être un exercice encore moins enthousiasmant qu’en 2004.
Merci de rappeler le rôle de la fondation Robert Schumann et tous ceux qui, comme elle, font avancer l’Europe sans la réduire à un prétexte pour des buffets « électoraux » racolant les boit sans soif et goinfres impécunieux en tous genres, permettant de dire ensuite aux organisateurs qe ce fut un succès…
Ne laissons pas non plus l’Europe se faire kidnapper par le discours local, revendiquons des listes véritablement européennes ! C’est un moyen d’avoir un débat européen qui ne soit pas détourné aux profits des calculs locaux.
Sébastien a écrit:
Certes. Une campagne courte sera peut-être plus intense. Mais il faudrait déjà à tout le moins que quelques débats télévisés soient prévus.
xerbias a écrit:
Bien sûr. C’est surtout la conjonction entre une campagne inexistante et le recours à l’accessoire éculé de la capote, situant le débat sous la ceinture qui m’a agacé. Et me paraît assez révélateur. On peut évidemment s’efforcer de rendre la campagne un peu marrante, mais ça passe moins bien quand on a vraiment le sentiment qu’elle n’est pas prise au sérieux.
Tiens, cf. la belle prestation de Rachida Dati, qui serait presque capable de m’inciter à ne pas voter pour la liste UMP, si (i) ce n’était pas une liste et (ii) s’il y avait vraiment mieux à côté. Mais franchement, comment croire qu’elle prend son rôle au sérieux ?
[précision toutefois : contrairement à ce qui est dit sur le Net, il me semble évident qu’il ne s’agit pas d’un « meeting » mais plus d’une rencontre assez informelle avec les jeunes de l’UMP, ce qui paraît d’ailleurs confirmé]
François Miclo a écrit:
J’avoue que j’ai effectivement, moi aussi, du mal, à avoir une image positive du préservatif. Non pas en raison des derniers débats mais parce qu’à l’évidence, on ne l’utilise que faute de pouvoir faire sans. Je ne pense pas que l’Europe soit par nature un tue-l’amour mais, malheureusement, nos politiques ne semblent ni capables ni terriblement désireux, de nous convaincre du contraire.
Gwynfrid a écrit:
Pour le coup, je trouve la conjonction avec « Quand l’Europe veut, elle peut » plutôt bienvenue.
etrepersienne a écrit:
C’est intéressant, comme idée, effectivement.
En dehors des sous entendus visiblement irritants pour certains, je trouve que le slogan choisi correspond bien au caractère des français en général « vouloir être protégé » de tout et de n’importe quoi par l’état. Puisqu’une grande parti du pouvoir à été déléguée aux instances européennes, il me semble logique que la demande de protection des français doit s’adresser maintenant aussi à l’UE.
J’ai mes oreilles qui sifflent encore de tous les slogans entendus aux dernières élections européennes sur l’Europe uuuultra-libérale qui ne protège pas, qui ne défend pas ses membres contre les attaques de la méchante mondialisation 🙂
Quant à l’autre slogan : quand l’Europe veut, l’Europe peut, il a été amplement prouvé il me semble par NS avant et pendant la présidence française … 🙂
Ah, j’avais loupé « Quand l’Europe peut, elle veut ». C’est déjà mieux. C’est bien sarkozien, aussi, dans le genre Sarkozy première mouture. Même si ton lien pointe sur un topo de Xavier Bertrand dont il ressort que la préoccupation numéro 1 est… la Turquie. Donc, on en est toujours à des thèmes défensifs et/ou négatifs. Je sais bien que c’est dans l’air du temps, mais c’est pénible quand même. Promouvoir l’Europe en parlant de ce qu’elle n’est pas ou ne doit pas être, ce n’est pas le meilleur moyen d’améliorer la participation.
De toute façon, voter pour une liste avec Dati dedans, j’aurais bien du mal, même avec Barnier en numéro 1 pour donner un minimum de sérieux. Bon, c’est de ma part un point de vue virtuel puisque je ne suis pas inscrit en IDF.
Les élections européennes, ça sert à voter un parlement, mais qu’est ce qu’ils font dans ce parlement ? On va pas vraiment avoir envie de se déplacer en plein été si il fait beau sans aucune motivation autre que de voir si Rachida sera élue ou non !!!
Sérieusement, faire un peu de vraie pédagogie sur l’Europe et ce qui est fait par le parlement, ce serait sympa… Au moins, les gens auraient quelques idées en allant voter, pour choisir un programme et non des personnes. Si les hommes politique ne le font pas, peut-être les bloggeurs s’y mettront-ils…
Pour user d’une classification qui était en vogue à une époque lointaine pour situer les dirigeants de l’URSS vis-à-vis des pays occidentaux, je suis personnellement passé de pro-CEE dur à pro-UE mou, puis suis devenu anti-UE mou. Je ne dois pas être le seul, même si point trop ici.
Tout en reconnaissant des mérites à la construction européenne (à commencer par celui d’obliger les gouvernants français à tenir compte de certaines réalités économiques), j’ai voté non en 2005 en escomptant un électrochoc susceptible de me repositionner dans les pro-UE (mou, faut pas rêver).
Or rien, que nib, zéro.
Sauf deux sources d’incrédulité:
L’invraisemblable aisance avec laquelle le PS a couvert d’un manteau de Job ses dissensions de positionnement sur la question (faut-il que Besancenot menace à ce point leur parti).
Et l’absolue médocrité de la campagne de l’UMP qui débute seulement à peine et déniche pitoyablement un manteau de Zob pour électriser ses électeurs.
Les capotes étant en tout état de cause de faible utilité pour un bande-mou et la pêche étant ouverte dans ma région, mon siège est fait.
Le parlement européen est :
1/ une alternative à quelques notables pour toucher une rente de situation comme Dati.
2/ une flopée de lobbyistes payée par des cabinets d’affaire pour faire passer des recommandations écrites par leurs clients.
Bref, rien de bien joli joli.
Vous avez au moins raison sur un point, Gloupy : la méconnaissance du travail des députés européens encourage tous les fantasmes.
Koz a écrit:
A signaler à ce sujet un intéressant article, assorti d’un tableau statistique nominal sur l’assiduité de nos députés, dans Le Monde-du-jour-pour-la-province.
Pingback: #eu09 Pourquoi le marketing politique ne sauvera pas le débat sur les élections europénnes | CiTiZeN L. aka Laurent Francois
Bonjour,
je suis personnellement convaincu que des institutions européennes ont plusieurs vrais avantages:
– d’abord un organisme de réglementations techniques et économiques qui aient la taille critique pour avoir les bons experts, et prendre des décisions qui aient un vrai poids mondial (face aux US, à la Chine), et surtout qui soient unique dans toute l’union européenne. Il y a un travail formidable de fait, dont on ne parle pas trop.
– ensuite, d’instaurer un dialogue et une collaboration permanente entre les pays de la région du monde qui ont provoqué le plus de guerres, en ravageant souvent au passage le reste du monde). Cela n’a l’air de rien, mais quand on va par exemple en Asie, on s’aperçoit que l’Europe est très mature sur ce point.
Je souhaiterais que nos politiques communiquent plus sur le premier aspect qui est vraiment important.
Une fois que l’on a dit cela, je regrette quand même que l’Europe n’ait pas une constitution bien faite. J’ai aussi l’impression que les décisions importantes en Europe sont prises par la commission (nommée par les gouvernements nationaux) et par les conseils des ministres. Le parlement européen me semble, vu de loin, secondaire, et j’ai l’impression que l’élection européenne sert surtout de « super-sondage » entre les élections nationales, ce qui me motive peu à sacrifier un dimanche ensoleillé.
(1) Etes-vous certain, mon cher Koz, que « l’Europe qui protège » est une allusion au « sortez couvert » de la propagande de la capote ? Après tout c’est une réalité : l’Europe nous protège vraiment. La monnaie unique, par exemple, est un « abri antisismique » disait Michel Rocard, elle nous protège des dévaluations compétivites, des attaques spéculatives et de tant d’autres maux économiques. L’Europe nous protège dans le cadre de l’OMC en nous rendant plus fort parce que solidaire.
(2) Malheureusement, comme vous le soulignez, l’Europe est souvent un « bouc émissaire » que l’on rend responsable de nos obligations de réduire la dette et les déficits publics, que l’on montre du doigt parce qu’elle obligerait à la privatisation et à la libéralisation des entreprises publiques. Il ne faut pas s’étonner qu’en accusant l’Europe on la rend impopulaire.
@ fdo:
Effectivement, voyez le niveau inquiétant de la dette en France malgré les critères de Maastricht.
A combien en plus se monterait notre dette sans les règles de prudence imposées par L’Europe?
Le problème du débat européen est qu’il n’est pas européen. C’est comme si aux élections nationales on réduisait l’enjeu aux charges et au règlement de copropriété.
Une classe politique qui n’est pas capable de se hisser au niveau du débat ne peut valablement ni défendre ni faire avancer le projet europeéen. En affichant leur méconnaissance du sujet ils témoignent de leur incompétence. C’est ce moquer de l’électeur, donc de la France, bien plus que de l’Europe.
Prendriez-vous l’avion avec un pilote qui ne sait même pas comment ça marche, au point de fouiller dans les papiers pour trouver une réponse ? C’est ce qu’ils font et ils en rigolent.
Il y a plus de 400 millions de passagers.
Le roi du radar, il n’a pas aussi une « mise en danger de la vie d’autrui » dans sa caisse à outils ? Ca la fout aussi assez mal pour un ministre de la justice de ne pas connaître les institutions… On comprend comment Julien Coupat s’est retrouvé à la santé.
A choisir entre deux magistrates, je serai plutôt tentée par le juge Eva Joly…
Dans un tout récent Livre Vert, la Commission européenne se livre à une implacable autocritique de la politique commune de la pêche qu’elle a conduit à mettre en place depuis des années.
Sous réserves bien sûr du suivi, voila exactement le type de réaction inattendue susceptible de modifier l’appréciation générale négative que portent sur la construction européenne certains UE-sceptiques de bonne foi.
Je partage assez largement l’avis de l’auteur, et (hélas) de Marine Le Pen: il semble qu’UMP et PS aient décidé qu’une abstention élevée leur soit profitable électoralement, et que ces deux partis aient ainsi décidé de ne pas faire campagne au delà de leur électorat traditionnel. Dans la situation géopolitique actuelle, c’est plus que lamentable, c’est anticivique.
L’exemple de notre ville de Rueil-Malmaison est symbolique: ce n’est que ce soir que j’ai appris, en lisant le Monde (!), qu’effectivement l’UMP avais prévu ce mardi un meeting avec François Fillon dans notre ville… J’imagine que seuls les adhérents UMP sont invités… des fois que des citoyens osent poser des questions qui dérangent (enfin, on imagine que Madame Dati sera absente, ou que les journalistes indépendants priés d’aller voir ailleurs…). Quant au PS, le tract distribué cette semaine était édifiant: la moitié consacré à l’antisarkozysme et pas une idée novatrice (je ne parle même pas de propositions).
Pourtant, l’enjeu de ces élections est très important: le parlement européen joue un rôle croissant dans la définition des lois et règles européennes. D’autre part, ce parlement fonctionne de façon plus démocratique que le parlement français, du fait de son élection proportionnelle, et aucun parti n’a la majorité absolue, ce qui oblige à un vrai travail de fond sur les propositions de la commission, qui sont souvent amendées (pas d’acceptation automatique sous prétexte que l’on est de la même couleur politique, et de vrais consensus constructifs).
Comme souvent ce sont les autres partis, qui n’ont pas le droit de citer dans la presse, qui sont les plus intéressants.
Côté pro-européen, les verts ont un vrai projet européen sur l’environnement et le développement durable, qui vaut ce qu’il vaut mais qui a le mérite d’être concret. Malheureusement pour eux, la crise est venue réduire l’intérêt du citoyen pour l’environnement.
Le MoDem fait aussi une campagne intéressante (il suffit de lire leurs propositions et discours sur leur site), avec pour focus le rôle de l’Europe pour sortir de la crise. Pas mal de propositions concrètes là aussi, avec en plus une vision politique bien spécifique. Seul bémol, contrairement aux verts, l’absence d’un projet global pour l’ensemble du parti démocrate et libéral européen (ADLE), qui constitue pourtant le troisième parti au parlement européen, et a donc un rôle essentiel pour faire passer les lois.
Côté anti-européens, la nouveauté est l’alliance de de Villier avec Libertas, qui a lui un vrai projet européen (enfin, plutôt anti-européen), même s’il est assez incomplêt. Dommage que Nicolas Dupont Aignant n’ait pas réussi, lui, à s’intégrer dans une projet plus global, car ses propositions alternatives méritent d’être regardées.
Enfin, côté extrême gauche, il serait intéressant de creuser le positionnement du NPA dans un cadre européen (j’avoue ne pas comprendre comment cela peut s’intégrer dans le fonctionnement actuel du parlement européen, mais comme ils vont faire un bon score, la question mérite d’être posée).
Bref, effectivement les quelques UMP pro-européens ont de quoi être déçus (mais vu le positionnement de leur parti sur l’Europe depuis quelques années, ils doivent être assez masochistes), tout comme les candidats PS (dans ces deux partis, la moitié des candidats en place éligibles ne seront de toute façon jamais présent au parlement européen, soit parce qu’ils démissionneront immédiatement, soit parce qu’ils cumulent).
Une Europe à 27 (bientôt 30) est un bateau difficile à gouverner: si l’équipage est mauvais, il ne faut pas s’étonner que l’on fasse des ronds dans l’eau. Et pourtant les enjeux sont là: politique étrangère, économie, innovation, environnement etc… il y a de quoi faire. Mais le président de la république a t-il jamais reçu les parlementaires européens pour discuter de ces enjeux, comme il le fait avec les parlementaires français ? Voire même ses parlementaires européens UMP ?
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Eh bien, au risque de paraître simplette, j’aimerai simplement dire que c’est un très bon billet, qui éclaire !
Merci 🙂
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