Mauvais plan
13 septembre 2022 4 commentaires sur Mauvais planPlan 75. Par quel aveuglement volontaire notre pays ne comprend-il pas que cette dystopie est la sienne ?
Plan 75. Par quel aveuglement volontaire notre pays ne comprend-il pas que cette dystopie est la sienne ?
Qu’avons-nous fait, ces cinquante dernières années, pour forger un peuple, quand l’insistance sur la diversité a trop souvent occulté l’unité ? Que faisons-nous aujourd’hui quand certains adoptent le conflit comme principe d’action, alimentent la lutte de tous contre tous, communauté contre communauté, identité contre identité ?
Un seul écran publicitaire lumineux consomme autant qu’un foyer. Chacun d’entre eux est aujourd’hui l’expression exacte de l’innovation nuisible portée par un modèle insoutenable. Serions-nous incapables de revenir sur une évolution récente et délétère ?
Alors, tout comme « les excuses ne sont pas un point final » (François, 25 juillet 2022), il faut dépasser la honte, inféconde. Respecter l’Histoire des premiers peuples d’Amérique nous invite à interroger notre culture, et le vertige de croissance et d’arrogance qui l’a alors emportée et la consume toujours aujourd’hui.
Le « plan de sobriété énergétique » qu’Emmanuel Macron affirme vouloir mettre en place ne pourra toutefois déboucher sans un récit mobilisateur. Or, cette sobriété a un sens. Tout l’impose. Le strict intérêt pourra même suppléer la dignité.
Nous devrions tous épouser une enseignante. Outre les agréments propres à la personne, c’est l’occasion d’aller vérifier ce dont nos professeurs n’ont pas réussi à nous convaincre et d’évacuer les poncifs paresseusement relayés par des parents mal remis de leurs années d’écoles, ou confits en dévotion devant leur enfant-roi.
Ce scrutin étourdissant pourrait avoir une leçon recevable : la dépolitisation macronienne, le renoncement à faire campagne, l’inactivation du Parlement, ont conduit à l’échec. La tactique ne mène à rien sans politique.
Emmanuel Macron est le premier président réélu depuis 20 ans. Le pays le connaît, il connaît le pays. Le temps n’est plus à l’observation et les artifices de communication ont fait long feu. On se moque de savoir que Jupiter annonce se faire Héphaïstos. On se fiche qu’une structure de plus, ce Conseil national de la refondation, voie le jour.
Faut-il se préoccuper de ne pas « humilier la Russie », d’«acculer » Vladimir Poutine, de lui faire « perdre la face » ? Se soucie-t-on maintenant de l’honneur d’un génocidaire ? Quelle face lui reste-t-il aujourd’hui, devant le monde, l’Histoire et même la Russie ?
Emmanuel Macron a décidé de confier une consultation citoyenne sur la fin de vie au Conseil économique, social et environnemental, et lui aurait déjà fixé son but : la légalisation de l’euthanasie. Faut-il vraiment commencer ce quinquennat dans le mépris ?
Faute de l’avoir été, c’est donc à nous que l’on demande d’être responsables. Il revient à Emmanuel Macron de nous décider, autrement que par le rejet viscéral de son adversaire. Mais quoi qu’il en soit, que la majorité actuelle ne revienne pas nous parler d’un mandat pour réaliser son programme si, grâce à nous, elle est reconduite à l’issue de ce braquage.
Qu’est-ce qui pousse encore certains d’entre eux à garder une indulgence toute nostalgique envers celui qui, rapporte-t-on, déporte en masse les Ukrainiens survivants de Marioupol pour les envoyer dans des camps de transit et les disperser ensuite en Russie ?
Allons-nous sombrer dans la contradiction binaire ? Le confort plutôt que la gloire ? Allons-nous, comme en 2015, face à une autre agression, boire des coups en terrasse et placarder dans le pays, comme hier dans Paris, que « la France est une fête » ?
Une fois encore, l’impensable se réalise, l’impossible se produit. Qui peut prétendre aujourd’hui appréhender l’avenir ? Et pourtant, quand les menaces multiples viennent balayer nos polémiques de temps de paix, c’est le moment de tenter de dégager une vision structurelle.
Que reste-t-il de la civilisation occidentale sans les droits de l’Homme, sans la démocratie, la liberté, le pluralisme, l’autodétermination des peuples ? Que reste-t-il du christianisme quand c’est la force qui est magnifiée, quand l’un de ces candidats peut se revendiquer « pour l’Eglise, contre le Christ » ?
Il est urgent de rompre avec l’âgisme général. Car il n’en va pas que de la dignité des personnes âgées. Si nous acceptons de vivre en sachant que nos parents sont laissés dans leurs protections sales, jusqu’à en produire des plaies, c’est nous qui sommes indignes.
Où est le rôle social quand la concurrence est si déséquilibrée ? On évoque les offensives de Leclerc, pourfendeur de monopoles, sur le carburant, l’or ou les médicaments : qu’y-a-t-il de commun entre la puissance d’un pétrolier et celle d’un boulanger ?
Le livre de François est celui d’une conversion, de deux baptisés, à la foi qu’ils ont reçue. C’est le livre d’une Réconciliation. Et les deux auteurs nous y convient.
Nous nous voulons libres comme l’air ? L’air nous rappelle qu’il est notre ultime lien commun. Cet air nous chante qu’il n’est guère de choix individuels qui n’aient de conséquence collective.
« Livre-courage » ? Je crois que nous sommes bien plus nombreux que cela à ne pas être favorables à l’euthanasie et qu’il ne s’agit pas tant d’avoir le courage de parler que de ne pas avoir la faiblesse de se taire.
Je peux aider. Le livre sort en librairie demain, 6 janvier.