Au bout du compte

usineLes vacances sont finies. On oublie la plage, le soleil et les filles légèrement vêtues et on retourne au boulot. Allez, je vous aide à vous remettre dans le bain avec un traitement de choc. Aujourd’hui, on va parler d’un sujet incroyablement chiant : la comptabilité.

Il n’a pas dû vous échapper que le monde traversait une crise économique sévère, laquelle entraîne des conséquences déplaisantes pour beaucoup d’entreprises et leurs salariés. Vous avez peut-être souvenir d’un débat avorté sur le partage de la valeur ajoutée il y a quelques mois. Je connais assez bien le monde des PME, et je suis souvent abasourdi de découvrir dans la presse des affirmations ou des présupposés totalement erronés sur les profits des entreprises.
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Le truc dingue

Alors j’ai fait un truc complètement inouï, impensable. Je suis allé sur www.bilansgratuits.fr et j’ai regardé les comptes de quelques une de ces entreprises dont on parle beaucoup. J’en ai choisi 4, un peu au pif. Les Chantiers Gamelin dont Koz a déjà parlé ici la triste histoire, New Fabris, Scapa, et Aubade. J’ai choisi de m’intéresser aux résultats de ces entreprises avant la crise. La récession a commencé au 2e trimestre 2008, je me suis donc arrêté à 2007. Pour Gamelin, ce sont les comptes au 30 juin 2007 (ie la période de 12 mois se terminant à cette date) ; pour Scapa et Aubade, c’est à fin décembre 2007. Pour New Fabris, apparemment ils n’ont pas publié leurs comptes depuis 2005, j’ai donc pris les comptes à fin décembre 2004. Ce n’est pas très grave ; mon objectif n’est pas de parler de la situation financière de ces entreprises à une date précise, mais de montrer ce qu’est la réalité économique en général d’un échantillon assez représentatif de PME industrielles françaises. Ce qu’elle était avant que la crise ne les frappe.

Ces entreprises agissent sur des secteurs d’activité divers. Gamelin est un chantier naval. New Fabris est un sous-traitant pour l’automobile. Aubade est dans la lingerie. Scapa fournit des adhésifs pour de nombreux marchés incluant mais ne se limitant pas à l’automobile.

Il s’agit de petites entreprises (moins de 500 employés). Gamelin était indépendante, les 3 autres appartiennent à des petits groupes européens ne dépassant pas quelques milliers de salariés. On est donc très loin du CAC40.

Quelques définitions

Je ne souhaite pas vous assommer avec des notions ésotériques de comptabilité, mais pour la clarté de ce qui suit, je vais être obligé de préciser un peu quelques termes techniques. Rassurez-vous, c’est très simple. C’est très similaire à la façon dont vous gérez (ou devriez gérer) votre budget : on part des revenus et on déduit toutes les dépenses, en les rangeant par catégorie.

Chiffre d’affaires : C’est le total des ventes de l’entreprise, la somme de ce qu’ont payé les clients pour acheter les biens et services qu’elle fournit. Par convention, le chiffre d’affaires est exprimé hors TVA.

Valeur ajoutée (VA) : C’est ce qui reste du chiffre d’affaires une fois qu’on a déduit tout ce que l’entreprise a dû acheter (matières premières, marchandises, prestations de service, loyers…) C’est ce que l’entreprise a reçu des clients moins ce qu’elle a payé aux fournisseurs. C’est grosso modo l’assiette de la TVA, on en reparlera plus tard.

Salaires : Sans surprise, il s’agit des sommes versées aux employés en rémunération de leur travail. Petite précision importante, il s’agit du salaire brut. J’ai également intégré là-dedans la participation des employés aux bénéfices, quand il y en a.

Charges sociales : C’est la part patronale des charges sociales. C’est versé aux organismes sociaux et ça finance essentiellement le chômage, la retraite et la sécu.

Impôts et taxes : On retrouve ici taxe professionnelle, taxe d’apprentissage, TVTS, impôt sur les résultats… bref tout ce qui est payé à l’Etat au titre d’une fiscalité quelconque, sauf la TVA.

Autres : J’ai réuni là-dedans tout le reste. Ca n’est pas orthodoxe, mais ça simplifie. On va surtout y retrouver les amortissements (ie. étalement sur plusieurs années des dépenses d’investissement), les intérêts d’emprunts, les éléments exceptionnels (qui peuvent être positifs ou négatifs)…

Résultat net : C’est ce qui reste de la VA une fois qu’on a déduit les salaires, les charges, les impôts et les autres éléments. C’est parfois négatif (on parle alors de perte) et souvent positif (c’est ce qu’on appelle le profit). Dans ce dernier cas, les actionnaires pourront, sous certaines conditions, décider de se verser tout ou partie du profit sous forme de dividende.

Les chiffres

tableau1

(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Le tableau 1 synthétise les données que j’ai réunies. Oui, il est très moche, mais (i) j’ai fait ça rapidement sous Excel et (ii) je ne suis pas vraiment un artiste. Les chiffres sont exprimés en millions d’euros. La façon dont il faut lire ce tableau est la suivante : En 2007, Scapa a dégagé 18 millions d’euros de valeur ajoutée. De cette VA, 9 millions ont été déduits pour payer les salariés, 4 millions pour les charges sociales, 2 millions pour les impôts, 1 million en autres produits et charges et il restait donc 2 millions de profit.

Quelques subtilités

Si vous avez suivi jusque là, vous devez commencer à avoir une petite idée de là où je veux en venir. Mais je vais vous demander encore un peu de patience et d’effort car il y a 2 subtilités importantes qu’il faut prendre en compte avant de commenter ces chiffres.

Les charges salariales

En France, les charges sociales sont séparées entre cotisations patronales et cotisations salariales. Concrètement quand votre employeur vous verse un salaire brut de 100€, il paye sur ces 100€ environ 48€ de charges patronales, puis il paye (pour votre compte) environ 22€ de charges salariales et vous verse 78€ de salaire net. Tout le monde est d’accord pour dire que la distinction entre charges patronales et salariales est essentiellement théorique : l’employeur paye en tout 148€ (le salaire super-brut), dont 70€ vont dans les caisses des organismes sociaux et 78€ dans la poche de l’employé. Peu de gens réalisent que les charges sociales représentent des montants très importants, presque autant que le salaire net. Si vous ne me croyez pas, regardez votre feuille de paye.

Mais la comptabilité est respectueuse des formes. On n’inscrit en charges sociales que la part patronale. Et les charges salariales sont comptabilisées comme des salaires. Bref, si on veut distinguer entre les sommes payées aux salariés et celles payées aux organismes sociaux, il faut reclasser les charges salariales en charges et non en salaires.

La TVA

La TVA représente la moitié des ressources de l’Etat, 175 milliards d’euros par an. Eh bien, ça va peut être vous surprendre, mais la comptabilité l’ignore totalement. Imaginez que vous achetiez dans un magasin une paire de chaussures à 120 € TTC soit 100€ HT. Notre commerçant l’a lui-même achetée 72€ TTC, soit 60€ HT. On pourrait s’attendre à ce que le commerçant comptabilise des ventes de 120€, des achats de 72€, soit une VA (TTC) de 48€, et une charge de TVA de 8€. Ben non. Il comptabilise des ventes de 100€, des achats de 60€ et point barre. La TVA n’apparaît pas, jamais. Tout le monde raisonne comme si la TVA était neutre, sans impact, transparente pour les entreprises. 175 milliards qui apparaissent dans les caisses de l’Etat par transparence… C’est l’impôt invisible ! Pour la petite histoire, la TVA est une invention française, on l’aurait deviné[1].

Bref, la TVA n’est absolument pas prise en compte dans les chiffres que je vous ai présentés plus haut. Mais moi je veux la prendre en compte. Les entreprises dont nous parlons ont dégagé une valeur ajoutée, laquelle a donné lieu à une ponction de TVA. Si on veut savoir où finit la valeur ajoutée créée par nos entreprises, on ne peut pas faire comme si la TVA n’existait pas.

J’ai donc corrigé les chiffres ci-dessus pour tenir compte de ces éléments. Concrètement, j’ai exprimé la VA en TTC et intégré la TVA au montant des impôts et taxes. Et j’ai retiré les charges salariales des salaires pour les mettre dans les charges sociales.

On obtient les résultats suivants :

tableau2

Principaux enseignements

Après l’effort, le réconfort. Il est temps de tirer quelques conclusions de tout ce qui précède.

Le premier enseignement et le plus important est que les PME françaises sont très peu profitables. Bien sûr, un échantillon de 4 entreprises ne peut pas être représentatif, mais ce taux de profit net à 5% de la valeur ajoutée n’est pas déconnant, s’agissant de PME industrielles. Cela correspond à une réalité qu’on observe au niveau macroéconomique.

D’abord, les entreprises françaises sont nettement moins profitables que leurs voisines européennes. Ensuite, les PME sont moins profitables que les grandes entreprises . Et les PME industrielles sont en moyenne moins profitables que les PME de services. Oh, vous trouverez toujours des boîtes très rentables où le profit représente 15%, 20% de la VA ou même plus. Mais ce sont des exceptions.

Pour info, les entreprises de moins de 500 salariés représentent en France 60% de l’emploi et plus de 100% des créations d’emplois, les grands groupes étant destructeurs nets d’emploi en France.

Allez, devoir à la maison pour la semaine prochaine : la faible profitabilité des PME françaises est elle un facteur favorable ou défavorable pour l’emploi ? Argumentez.

Deuxième enseignement. Quiconque parle de partage de la valeur ajoutée sans mentionner les impôts et les charges sociales passe (volontairement ou non) complètement à coté du sujet. Malheureusement, c’est ce que font 99% des gens. La présentation habituelle du partage de la valeur ajoutée est que cela se joue uniquement entre les salaires et les profits. Les impôts et charges sociales qui reçoivent 54% du gâteau dans mon échantillon (sans doute un peu moins au niveau national) sont escamotés. La vision orthodoxe considère que les charges sociales sont du salaire (différé), la TVA est simplement ignorée ainsi que je l’explique plus haut, et les autres impôts sont comptés comme… du profit. Ne riez pas.

Troisième enseignement. Quitte à imposer à nos entreprises et leurs salariés des prélèvements obligatoires record, on aurait pu essayer de choisir un mode de prélèvement qui soit le moins nuisible possible à l’emploi. Raté. On a mis le plus gros sur les charges sociales. Si vous vous demandiez pourquoi, dans la compétition internationale, les salariés français semblent à la fois trop chers et mal payés, vous avez la réponse. A chaque fois qu’un employeur verse un euro à un salarié, il donne 90 centimes[2] de plus aux organismes sociaux. Difficile de trouver un moyen plus performant de lutter contre l’emploi. Aucun pays du monde n’a des charges sociales aussi élevées que la France.

Quatrième enseignement. Rappelons que ces chiffres datent d’avant la crise. Cette crise s’est traduite pour beaucoup d’entreprises industrielles par une baisse brutale de l’activité, souvent de l’ordre de 30% ou plus. Dans un tel contexte, nos entreprises qui partaient avec de faibles profits se sont vite retrouvées avec des pertes massives. Face à de telles situations, les entreprises sont confrontées à une alternative très simple : soit licencier massivement si c’est possible et sauver ce qui peut l’être, soit faire faillite et tout perdre.

Dernier enseignement. Il faut arrêter avec cette idée selon laquelle on aide les salariés en tapant sur leurs employeurs. Si on veut aider les salariés, on les aide. En créant des emplois par exemple. Les employés et leurs employeurs ont beaucoup plus d’intérêts convergents que divergents. Taper sur les employeurs ne fait que décourager l’emploi, ce qui revient dans la figure des salariés sous forme de chômage et de pression sur les salaires.

Au fait, quand avez-vous pour la dernière fois entendu parler de la création en France d’une entreprise de chantier naval, équipement auto, adhésifs industriels ou lingerie ?

  1. Notons quand même que le choix de procéder comme cela ne provient pas uniquement d’une volonté de planquer la TVA sous le tapis. Il y a quelques avantages objectifs comme le fait que c’est un peu plus facile à gérer et à contrôler. []
  2. Seulement 56 centimes pour un smicard depuis les lois Fillon de 2003 []

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45 commentaires

  • Eh, mais c’est très intéressant et au surplus étonnant de trouver ça ici. Vous rajoutez une corde économique à votre arc numérique et c’est très bien vu ! Un article clair et intéressant. Sur la profitabilité des PME, il me semble qu’il serait peut-être intéressant de nuancer en fonction des secteurs, la VA variant également énormément en fonction de ces derniers. Au demeurant, il y aurait possibilité de développer sur la « trésorerie » en rappelant que le cash flow est le sang actif des des entreprises … Et que le bat blesse là actuellement …Bref bravo et à très bientôt j’espère !!!

  • A toutes fins utiles, je rappelle que ce n’est pas de moi. J’aimerais avoir cette compétence à mon arc mais là, c’est Liberal qui me prête la corde.

  • @ Koz:
    Ok, I had understood. Mais même si Koz est le plus actif, il s’agit d’un blog partiellement collectif , non ? Peut-être me trompé-je ? La corde est donc bien vôtre ! A moins que Libéral ne soit un intervenant extérieur, un produit d’importation 🙂

  • Assez bonne analyse, avec toutefois quelques erreurs.

    La TVA n’est pas escamotée de la comptabilité, elle y figure bien, mais par contre elle est absente du compte de résultat (qui calcule la résultat de l’entreprise sur une période donnée, en général l’année civile). Les entreprises sont considérées comme de simples agents collecteurs de cet impôt qui reste à la charge du consommateur final (vous et moi). Il est tenu dans les comptes le total de la TVA collectée auprès des clients pour le compte du Trésor Public, de la TVA déductible sur les achats de l’entreprise. Le solde étant reversé périodiquement aux Impôts.

    Il faut savoir qu’en France, la norme est la comptabilité dite d’engagement. Les chiffres reportés sont les factures émises ou reçues, ainsi que les autres engagements à venir, sans tenir compte de leur encaissement/décaissement (qui figure dans la partie du bilan dite Actif et Passif).

    Votre définition du chiffre d’affaires est globalement assez bonne, sauf qu’il ne s’agit pas de l’argent encaissé mais des prestations/ventes facturées. La notion d’encaissement ne vient pas impacter le montant du chiffre d’affaires. Les prestations/ventes facturées (et concourant au chiffre d’affaires) et non payées se retrouvent dans une autre partie du bilan sous la rubrique : créances clients et comptes assimilés. La distinction est de taille car un chiffre d’affaires et un taux de marge profitable ne présume pas une bonne santé financière si les factures clients ne sont pas payées.

    Sur l’importance des charges sociales, effectivement elles sont proprement délirante. Heureusement des mesures ont été entreprises pour soulager les petites structures. La principale étant actuellement la réduction de charges dite FILLON (elles existent depuis longtemps, mais les noms changent avec les gouvernements). Ces mesures concernent les salaires inférieur à 1,6 fois le SMIC.

    Enfin, sur la notion de profit, il faut prendre en compte que les salaires inclus également ceux des dirigeants. Dans de nombreuses PME, la détention du capital étant familiale, un arbitrage peut être faite entre salaires et dividendes.

    Cela ne veux absolument pas dire que les entreprises trichent pour faire baisser le résultat, ni que ceci est généralisé (ce n’est possible que si l’actionnariat est restreint et possède des liens forts, comme la famille ou des amis), mais il faut rester conscient que chaque entreprise est unique et qu’il faut bien l’analyser elle (et non l’ensemble des autres) avant de dire si elle est profitable ou non.

  • @ FB:

    @FB. Si si, la TVA n’apparait pas dans le compte de résultat.

    Un bilan est séparé en trois parties :

    Actif: total des biens et créances possédés par l’entreprise (solde bancaire positif, créances clients non encore payées, stocks), dont la TVA déductible sur les achats.

    Passif : total des dettes de l’entreprise (fournisseurs, salaires, charges sociales, emprunts bancaires, etc…), dont la TVA collectée, càd facturée aux clients, encaissée pour le compte du Trésor Public et non encore reversée.

    Compte de résultat : Total des recettes et des dépenses sur une période donnée.

    La TVA est traitée dans les 2 premières, car elle n’est pas une ressource de l’entreprise, mais du Trésor Public. L’entreprise n’étant chargée que du recouvrement et du reversement (et n’est pas rémunérée pour ceci).

  • C’est effectivement intéressant de voir la comptabilitéde de cette façon. En fait, très vite, un dirigeant d’une PME raisonne peu ou prou avec ces chiffres plutôt qu’avec la comptabilité selon la règle.

    Il y aurait aussi plus à dire sur la définition du profit dont la notion est relativisée par son utilisation.

    Rémunérer un actionnaire, du point de vue du créateur de l’entreprise, est sommes toutes une forme de dépense plutôt qu’un simple partage du profit. Un investisseur entrant dans le capital d’une entreprise entend bien être rémunéré pour son investissement à un moment ou à un autre et d’une façon ou d’une autre. Sinon pourquoi investir ? Garantir une attractivité en direction des investisseurs est une politique qui vise aussi à assurer la pérénité d’une société (et donc assure le maintient et/ou la création future d’emplois).

    Constituer des réserves, peut être vu comme accumuler un profit, sauf que lorsque l’entreprise connaîtra des difficultés (baisse des commandes, factures impayées, etc), ces réserves (si elle existent) ne seront plus du profit mais viserons à combler les trous et éviter des licenciements ou une faillite si jamais les banques ne suivent plus.

    Tout ce qui stagne tend à régresser. C’est une loi trop souvent oubliée qui tient à l’usure des choses et à l’existence d’une concurrence. Autrement dit, une réserve en vue d’investissements futurs non immédiats pour dévelloper la société et participer à son expansion, est un un facteur absolument vital pour la pérénité d’une société. Et au passage, une société qui dévelloppe ses activités embauche plus et contribue ainsi par effet ricochet à la pérénité de ses fournisseurs.

    Finalement, pour une PME – parce qu’on ne parle pas de Goldman Sachs là, le vrai profit et ce qui revient dans la pôche du dirigeant/fondateur – qui, très souvent bosse 60 H par semaine, en risquant son fric dans un contexte terriblement stressant.

    Et encore, on ne parle pas non plus ici des sociétés qui doivent travailler avec des employés hyper qualifiés, et dont l’effectif est de l’ordre d’une quinzaine. Parce que là, pour des tas d’autres raisons, la situation est encore pire.

  • Sur la TVA : il est vrai qu’elle est grosso modo supportée par le consommateur, mais avec de fortes nuances. Elle pèse de la même façon sur les importations et sur la production nationale et elle est la même quel que soit le nombre d’intermédiaires dans un processus de production. Pas trop de distorsions économiques donc.

    Cependant, elle favorise le travail au noir qui ne la supporte pas (c’est la vraie raison de la TVA à 5,5 % sur les travaux d’entretien) et elle déprime la consommation avec un effet en retour sur les entreprises.

    Globalement, c’est plutôt un « bon » impôt. Mais il ne faut pas rêver : quand la puissance publique dépense 53 à 55 % du PNB, aucun système de prélèvement « intelligent » ne peut être mis en œuvre. On prend l’argent là où il est.

    L’urgence première, c’est de réduire les dépenses…

  • Félicitations.

    A ce niveau la ce n’est plus un article de blog, c’est un cours magistral.

    Auquel je rajouterais la phrase du commentateur du dessus :  » il ne faut pas rêver : quand la puissance publique dépense 53 à 55 % du PNB, aucun système de prélèvement « intelligent » ne peut être mis en œuvre. On prend l’argent là où il est »

  • « premier enseignement et le plus important est que les PME françaises sont très peu profitables. Bien sûr, un échantillon de 4 entreprises ne peut pas être représentatif, mais ce taux de profit net à 5% de la valeur ajoutée n’est pas déconnant »

    Mais calculer un taux de profitabilité sur profit/VA, ça c’est assez déconnant…Ou est mon ROI et mon ROA ?!
    Je me permet donc de compléter un peu votre cour:
    1. la profitabilité d’une entreprise = profitabilité de ses investissements (vous savez, les comptes de classe 2…)
    2. Elle se calcule sur la durée de l’investissement (donc forcement, si on considère une entreprise industrielle en début de cycle et qu’on compare sont ROI avec une entreprise de service à un instant T, on compare des choux et des carottes, comme disait le lieutenant-colonel Rimailho).

    Autres petites choses:
    1. oui, votre echantillon n’est pas representatif. D’ailleurs, le calcul de la VA interesse principalement la comptabilité nationale, donc y’a des stats assez précises sur le sujet de la répartition de la VA. Quel est donc alors l’intérêt de votre demonstration, à part se parer d’une fausse connaissance technique de la compta pour impressionner le chalant et etayer falacieusement vos idées politiques ?
    2. Inclure la TVA dans la VA ??? Vous sous entendez que payer des impôts créer de la richesse? C’est conceptuellement abscon.
    2bis. Idem pour la confusion CS et impôt. Aller voir des comptes US, vous comprendrez (pas de panique avec les IFRS, il ne devrait pas y avoir de…GAAP majeur ;-).

  • Bonjour Koz,

    ton article est intéressant. Je pense que certains caveats posés dans les commentaires sont effectivement exacts (en particulier la manipulation sur la TVA). J’ai l’impression que comme tous les chiffres que tu manipules sont hors-taxe, il n’est pas forcément exact de les corriger de la TVA par la suite.

    Je crois qu’il existe des statistiques intéressantes précisant la répartition travail / capital. Ces dernières années, principalement à cause de la mondialisation, la part des salaires a baissé proportionnellement. Cela peut inquiéter.

  • @Sébastien,

    Nous sommes d’accord sur le fait que les normes comptables considèrent que la TVA n’impacte pas l’entreprise. Mon point est justement que cette conception est une pure vue de l’esprit. Une définition arbitraire. La TVA est payée par les clients, entre dans l’entreprise et finit dans les caisses de l’Etat. Pas de différence fondamentale avec les autres impôts. Quand on a récemment réduit la TVA dans la restauration, tout le débat a été de savoir si cette économie se retrouverait dans les salaires ou dans le profit. Personne n’a envisagé que cela ne changerait rien pour les restaurants.

    Sur votre autre point, les prestations facturées aux clients sont bel et bien comptabilisés en CA puis ultérieurement provisionnés. Mais c’est un point technique très périphérique à mon propos.

    Vous avez raison sur le possible arbitrage profit/salaire pour les dirigeants d’entreprises familiales (la fiscalité incite à privilégier le profit). Mais c’est le cas d’une seule des entreprises de l’échantillon.

    @Eponymus,

    Pas d’accord avec toi pour considérer la rémunération des actionnaires comme un coût. Le profit est le solde de ce qui reste une fois qu’on a payé tout le reste. On garantit (plus ou moins) le paiement aux clients et au salariés mais certainement pas à l’actionnaire. Ce dernier n’investit pas sur une certitude de gain mais sur un espoir… qui n’est pas toujours exaucé (j’en sais quelque chose).

    En revanche tu as raison de dire que tout le profit ne va pas chez les actionnaires. Une partie importante reste dans l’entreprise pour préparer l’avenir ou absorber les chocs. Une conséquence dramatique de la faible profitabilité des entreprises françaises et leur faible capitalisation qui les rend à la fois fragiles et ultra-prudentes.

    @Aristote,

    Oui, la TVA est un « bon » impôt dans le sens qu’elle ne frappe pas spécifiquement le travail domestique. C’est la logique derrière l’idée de TVA sociale (réduire les charges sociales et augmenter la TVA). Les Danois l’ont fait, ils ont autant de dépenses publiques que nous mais moins de chômeurs et moins de déficit.

    @compteur de haricot,

    Votre commentaire aurait gagné à être un peu plus structuré. Ce billet ne se prétend pas être un cours d’analyse financière. Mon sujet est le partage de la VA, pas le ROI. Maintenant si le sujet vous passionne tant, vous devriez y consacrer un billet.

    @Uchimuzu,

    C’est moi qui ai écrit ce billet, n’accusons pas Koz 🙂
    Voyez ci-dessus pour la TVA. Pour le reste, mon point est justement de montrer que raisonner en partage de la VA entre travail et capital est un non-sens puisqu’on passe à coté de la moitié de la VA qui part en impôts et charges. La VA se partage en 3 (travail, capital et Etat) et non seulement en 2.

  • Salut,

    Bah, j’étais en école de commerce, et j’ai donc étudié la compatibilité. Bah je me souviens de rien, c’est comme la Finance, tout est mal structuré, cela n’a aucun sens.

    Tout devrait etre réorganise, plus de liberté et moins de blabla etc..

    Simplifions en Dépenses/revenus

    Et tout ira mieux

  • Quatre remarques :

  • Sur la TVA : l’entreprise verse à l’état un pourcentage de ses ventes et reçoit en retour un pourcentage de ses achats auprès de ses fournisseurs. Elle supporte donc bien l’impôt de ce pourcentage sur sa valeur ajoutée (et non sur son chiffre d’affaire comme on pourrait le croire).
  • Est-ce le consommateur ou l’entreprise qui supporte ce coût ? Si on va plus loin que la compta, l’économie nous apprend que dans un marché, celui qui supporte une nouvelle taxe est celui dont la demande est la moins élastique par rapport au prix et qui a donc le pouvoir de négociation le plus faible.
    Par exemple, vu la faible concurrence dans la téléphonie, une nouvelle taxe serait immédiatement supportée par le consommateur, qui lui n’a ni alternative, ni la possibilité de réfréner significativement sa consommation.
  • Les entreprises ne meurent généralement pas de décroissance (ie. d’un manque de clients) mais de croissance (ie. d’un manque de trésorerie).
  • Pourquoi n’entend-on pas parler de PME industrielles qui se créent ? parce qu’elles se créent à 5-10 salariés, donc ça fait moins de bruit qu’une PME de 500 salariés qui se crashe. Toute grande entreprise – ou presque – a un jour été une TPE.
  • @ Thomas :

    Donc vous préférez voler à l’aveugle qu’aux instruments ? On oublie parfois que la compta n’est qu’une vision imparfaite de l’entreprise, mais de là à la rejeter en bloc, c’est un peu fort.
    L’entreprise, c’est un paquebot, une réalité complexe. Si vous n’avez pas de radar, aucune chance d’éviter l’iceberg.. si vous en avez un, sachez ouvrir les yeux quand même !

    @compteur de haricot :

    La comptabilité est une normalisation imposée par l’état pour qu’il puisse justement imposer. Elle est ainsi annualisée, ce qui dépasse l’échéance d’un an étant traité dans les amortissements (ce qui répond à votre grief de ne pas prendre la durée des investissement en compte), l’incertitude étant traité par les provisions.

    En conséquence, le ratio VA / CA (ou EBE/CA) n’est pas idiot, car il permet de mesurer combien d’effort il a fallu déployer pour faire un profit. Ensuite, derrière il faut voir comment on finance l’effort (dette ou capital) chacun ayant ses avantages et inconvénients (le capital prendra plus de risques pour l’entreprise, en contrepartie d’une plus grande rémunération si elle rencontre des succès.)

  • que nous apprend le graphique présenté: que le profit (au sens ou il est défini ici, c’est à dire la rémunération des actionnaires), représente 7 % de la valeur ajoutée sur le mini échantillon étudié.
    so what?

    cela a été dit en commentaire, et l’auteur le sait bien, cette donnée (% du profit dans la VA) n’intéresse pas du tout les investisseurs, les financiers, qui ont des objectifs en matière de rémunération du capital (ROI,ROA, mais surtout ROE: return on equity), et aussi des recherches de plus-values,…
    donc 7%, 5%, cela n’a pas de sens car simplement lié à l’intensité capitalistique de la boîte et à la structure de son passif entre actionnaires et banquiers…

    7%, c’est par contre, si je me souviens bien, je rechercherai la référence, le taux de rendement des actions sur le très long terme, après correction monétaire, dividendes et plus values additionnées… et cela, ça parle, quand on constate que le taux de rémunération de l’épargne populaire est plutôt autour de 1%…

  • L’idée de compter la VA en TTC est intéressante, puisque la valeur du produit ou service que le client accepte de payer est un prix TTC. Cependant, ce raisonnement n’est réellement applicable que si le client est un consommateur. Si le client est une entreprise, il se fera rembourser cette TVA et n’en tient donc pas compte dans sa décision d’achat.

    Dans l’échantillon proposé, seule une entreprise est donc réellement concernée par le raisonnement: Aubade (peut-être Gamelin aussi, pour une part de ses ventes).

    Si on souhaite tout de même appliquer le raisonnement à toute l’industrie, alors il faut aller dans le sens de Paul: et ne compter que la taxe sur la valeur effectivement ajoutée et non pas sur l’ensemble du CA. On pourrait ajouter la TVA payée aux dépenses de l’entreprise, et donc la déduire du calcul de la VA. Le remboursement, lui, viendrait alors en déduction des impôts. (Si je suis à côté de la plaque, merci de me le dire: je n’ai pas la prétention de maîtriser le sujet).

    Pour ce qui est des charges sociales, je suis assez d’accord avec l’argument classique du salaire superbrut. Cependant, c’est tout de même un salaire différé, surtout en ce qui concerne la retraite. Il serait intéressant de savoir si les fameux allègements de charges représentent une fraction importante ou négligeable de l’ensemble.

  • Francis : l’épargne populaire est 100% dénuée de risque. Ca permet aussi de dormir la nuit, ce qui n’est pas le cas d’un entrepreneur qui lance son affaire, ça évite de devoir faire preuve de créativité, de se remuer les méninges etc. et ça vous rend pas responsable de l’emploi d’autres gens.

  • Liberal a écrit:

    Pas d’accord avec toi pour considérer la rémunération des actionnaires comme un coût.

    Bien évidemment, tu as raison. Et mon com avait un côté un peu provoc visant à relativiser la notion de profit.

    Néanmoins, je parlais plus de la perception que pouvait en avoir le fondateur d’une TPE. De l’aspect psychologique de la chose. Autrement dit, un créateur d’une TPE aujourd’hui, même si son idée est viable, a très peu de chance de voir son activité financée par des banques. Il va donc trouver deux sources de financement : ses propres deniers et des investisseurs qui vont tôt ou tard demander un ROI. Au moment du « partage » – de la distibution – il aura beaucoup moins en pôche pour parler simple. C’est le jeu bien sur – ça participe à la création. Mais dans le cas d’une TPE, c’est souvent considéré comme une sorte de rembousement d’un prêt. Imagine un jeune docteur en médecine qui ne pourrait créer son cabinet qu’en créant une société dont plus de 50% du capital appartiendrait à des actionnaires. Il crée son activité de toute pièce. Donne tout ce qu’il a pour faire prendre de la valeur à son cabinet. Au moment du partage, une part importante reviendra à ses « investisseurs » mais il le vivra comme le remboursement d’un prêt. Enfin bref, c’était plus une boutade qu’autre chose…

  • Et pourtant l’on parle de « Coût moyen pondéré du capital ».. – WACC. Pour un entrepreneur qui cherche des financements, l’argent a un coût, celui de la rémunération de l’actionnaire. L’actionnaire est un acteur économique, pas un dominant ontologique.

  • @ Lib

    Bon, tout ceci étant dit, il me vient l’idée saugrenue de te demander ce que tu préconiserais si tu étais au Budget ou Sec d’Etat aux PME/PMI, voire même, allez soyons fous, Premier Ministre ?

  • @ Koz,

    Que la part des profit dans la VA soit relativement faible dans les PME, c’est certainement vrai. Par contre, votre étude ne précise pas comment les salaires sont répartis dans l’entreprise.

    Quel est le rapport entre le salaire du PDG et le salaire d’un employé de base.

    Cet aspect du problème rend compte également du partage de la valeur ajoutée.

    Dans les grandes entreprises le rapport des rémunérations va parfois de 1 à 250. C’est à dire que le patron peut gagner 250 fois plus que l’employé, et les observateurs montrent que cet écart a tendance à augmenter. Il était de 1 à 40 il y a 30 ans.

    Ceci explique que le partage de la VA est bien une vraie question.

  • Gwynfrid a écrit:

    Cependant, c’est tout de même un salaire différé, surtout en ce qui concerne la retraite.

    C’est théoriquement vrai. C’est effectivement vrai pour les retraites par capitalisation et aussi pour les systèmes de répartition où les retraites versées ont un lien rationnel avec les cotisations versées ; un bon exemple en est le système suédois.

    En France, le ratio retraite perçue sur contributions actualisées varie dans des proportions iniques, fonction du pouvoir de nuisance de votre syndicat. Il me semble donc rationnel de considérer les cotisations retraites comme un impôt qui permet au politique d’arroser ses clientèles.

  • @ Liberal

    Pas l’envie qui me manque, plutôt le temps.
    J’envie votre ubiquité…A moins que Libéral soit un pseudo collectif de la républico-blogosphere 😉

    @ Thomas

    Ce n’est pas parce que vous n’y comprenez rien que ce n’est pas utile – et pas seulement à l’Etat.
    Quand à la comptabilité de trésorerie (type dépense/revenu), c’est très utile…pour les associations et les pères de famille.

    @ Paul

    1. Si l’Etat a en effet rendu la comptabilité obligatoire pour imposer les profits, ele existe depuis bien plus longtemps pour des besoins de gestion (Luca Pacioli et la compta double en 1494, tout ca…).Quand à sa normalisation, de nombreux aspect échappe à l’Etat (comptes consolidés en IFRS, comptabilité analytique).Il est donc possible (et toute entreprise le fait) d’utiliser la comptabilité pour calculer des rentabilités d’investissements, avec par exemple le ratio EBITDA / actif net, ratio qui justement et contrairement à ce que vous citez ne prend pas en compte pour des raisons evidentes les ammortissements et des depreciations!(EBITDA = earning BEFORE INTEREST TAX AND DEPRECIATION AND AMORTIZATION)

    2. VA / CA ne montre absolument pas « l’effort déployé pour faire du profit ». Demonstration : je suis une entreprise d’achat pour revente. J’achete 99, je revends 100. Ma valeur ajoutée est donc de 1. Mon ratio VA/CA = 0.01. Je suis une industrie, j’achete 10 de matière première, je revends 100. Ma VA est de 90. Mon ratio VA/CA = 0.9. Qui est le plus profitable ? Vous n’en serez rien tant que vous ne connaissez pas les capitaux et fond de roulement utilisés par ces deux entreprises. CQFD

    3. Même chose pour L’EBE/VA. Démonstration : Entrepise I. CA est de 100, je consomme 50, paie 40 de masse salariale (MASA) : mon EBE est de 10 et mon EBE / VA est de 0.5 (car si vous avez suivi le cour de sieur liberal, ici EBE+MASA=VA). Même entreprise, d’un CA de 100 également,mais qui sous traite toute sa main d’oeuvre. Ses achats sont donc de 90, sa MASA de 0 et son EBE de 10 et mon ration EBE / VA = 1. CQFD

  • @ Compteur de haricot

    Si vous voulez me répondre, il faut d’abord me lire, ou alors vous répondez à un personnage fictif qui n’est pas moi. Je n’ai jamais suggéré EBE/VA mais EBE/CA (chiffre d’affaire).

    Et votre premier exemple VA/CA va exactement dans mon sens même si vous ne l’avez pas encore réalisé. Il y a deux choses à distinguer : la rentabilité opérationnelle (ou rentabilité de l’activité) et sa rentabilité financière (valeur pour l’actionnaire).

    L’EBE/CA est une mesure de rentabilité opérationnelle. On voit combien l’activité de l’entreprise génère de marge. Après, il faut se rendre compte qu’il faut financer cette activité. Si vous la financez uniquement en cash déjà disponible (chanceux :p) alors votre rentabilité sera l’EBE/CA. Si vous devez emprunter à la banque ou à un actionnaire, elle sera diminuée.

    Bien entendu qu’une entreprise dégageant 20% d’EBE/CA sera moins rentable qu’une entreprise qui dégage 5% si elle emprunte à 50%/an tandis que l’autre vit sur des fonds propres.
    Mais la vision opérationnelle est très importante pour les décisions d’investissement : si on a le choix entre deux projets A et B (avec les mêmes possibilités de financement) ce sera le critère de choix n°1.

  • Que dans la VA, la part attribuée au profit augmente tendanciellement quand la part des salaires diminue est économiquement parfaitement explicable et légitime.

    Je m’explique : Tous les ans, la technologie progresse, donc tous les ans la manière de produire évolue.

    Pour produire le même bien, il faut de moins en moins de main d’œuvre et de plus en plus de machine, c’est-à-dire de plus en plus de capital investi dans l’outil de production. C’est inéluctable.

    Par exemple, pour produire une voiture, il faut aujourd’hui payer seulement 30 heures de main d’œuvre alors qu’il y a 40 ans il en fallait 300. Il faut aussi financer l’achat de robots.

    Or l’élément de la VA qui rémunère le capital investi est le profit dont une part est distribuée en dividende.

    Donc la part réservée aux profits dans la VA augmente et celle attribuée aux salaires diminue.

    Pas de quoi agiter un chiffon rouge sauf devant les ignorants (cette remarque ne vise personne sur ce blog).

  • @Paul (15)
    Déterminer si la TVA vient augmenter le prix ou baisser le profit est intéressant mais extrêmement difficile. L’élasticité n’est pas un facteur explicatif suffisant. Si les clients continuent d’acheter quand on augmente les prix de 10% à cause d’une taxe, alors le fournisseur n’a aucune raison de ne pas augmenter les prix de 10%, même en l’absence de taxe. Sinon, pas d’accord avec votre 3e point, il est beaucoup plus facile de régler les problèmes de trésorerie en croissance que les problèmes de profitabilité en décroissance.

    @francis (17)
    Vous confondez rentabilité (combien on fait de profit pour 100€ de VA) et rendement (combien on fait de profit en 1 an pour 100€ investis).

    @Gwynfrid (18)
    Vous avez presque tout bon. Votre petite erreur est que, ainsi que l’explique bien Paul(15), la TVA est une taxation de la VA, pas des ventes. Un client entreprise paie la TVA sur ses ventes et la récupère sur ses achats, ce qui revient à dire qu’il la paie sur la différence entre ses ventes et ses achats ie. sa VA. Mais en bout de chaîne, il y a toujours un consommateur qui paie sur la totalité de la VA, pas seulement celle apportée par le dernier maillon de la chaîne. Si ce n’est pas clair, amusez vous (façon de parler) à simuler une chaîne de VA de 2 ou 3 entreprises avant le consommateur final. Le résultat crève les yeux.

    @Epo (20)
    Tu supposes implicitement que la TPE sera un succès. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Et c’est dans les cas où ça se passe mal que la spécificité du capital saute aux yeux. Non seulement tu n’es pas obligé de lui verser une rémunération, mais tu n’es même pas obligé de lui rembourser le principal.

    @Epo (22)
    Tu sais bien que seul l’avis du président compte 🙂

    Hervé (23)
    Vous avez un point, mais il s’applique beaucoup moins dans les PME.

    Aristote (25)
    Vous avez raison. J’avais eu il y a un moment un débat enflammé avec Gwynfrid sur ce sujet. J’y défendais la position que notre système de retraite est un ponzi 🙂

    compteur (26)
    Je n’ai pas choisi l’indicateur VA/CA ni EBE/VA mais résultat net / VA. Ca a son importance car le RN intègre notamment les amortissements (il tient donc compte des investissements et de leur durée de vie) et l’IS. D’autre part votre exemple visant à montrer le manque de pertinence de cet agrégat est très théorique. Une entreprise qui n’emploie aucun salarié est un cas particulier extrême. En tout état de cause, elle n’est pas la même qu’une entreprise classique. Ses processes, ses risques, sa stratégie sont radicalement différents. Elle n’a pas de vendeurs mais des agents, elle n’a pas de managers mais des consultants, pas de contremaîtres mais des avocats qui contrôlent des SLAs. De plus, espérer remplacer une masse salariale de 40 par de la sous-traitance pour le même montant est totalement illusoire ; le sous-traitant prendra une marge pour couvrir ses propres risques, impôts et profits. Bref, votre CQFD est largement optimiste.

    De façon générale, appliquer les méthodes d’analyse financière classiques à des PME non cotées est souvent peu pertinent. Ces méthodes supposent implicitement que l’entreprise a un large accès aux marchés de capitaux (actions et dette) et que l’investisseur (actionnaire ou prêteur) bénéficie de liquidité sur son investissement. Ces hypothèses sont fausses pour les entreprises non cotées. Rémunération demandée par l’actionnaire, ROI, WACC perdent beaucoup de sens dans un tel contexte.

    Dans cet esprit, un élément essentiel que je n’ai sans doute pas assez souligné dans le billet et qui est peu repris dans les commentaires est la grande importance des PME. Elles représentent en France les 2/3 de l’emploi et la totalité des créations d’emploi. On ne parle que du CAC40 mais le sujet c’est les PME. Et les PME souffrent.

  • @ Liberal :

    Sur l’élasticité : étendez mon commentaire pour dire que c’est l’acteur de la chaîne complète qui a l’élasticité la plus faible qui finira par payer. (Ecopublix et Econoclaste avaient longuement développé ce sujet). Le fournisseur n’a un pouvoir de négociation qu’en fonction de la structure du marché et le cas du lait montre qu’il peut être très limité, quel que soit le consentement du client final à payer… sauf à court-circuiter le réseau de commercialisation.

    Sur la question de la mort de l’entreprise en croissance ou décroissance, je ne prétend pas expliquer ce phénomène, mais c’est un fait empirique reconnu. La croissance implique souvent (et quasiment tout le temps dans l’industrie.. ce n’est pas vrai pour la vente de MP3 sur internet par exemple) une croissance du BFR et c’est souvent là les entreprises se plantent : elle se mettent à avoir un résultat négatif alors que l’activité semble bien marcher… et c’est le côté financement de l’activité qui rame.

  • @ Liberal:

    J’en sais tout de même assez pour comprendre l’assiette de la TVA. Mon problème est ailleurs: je vous avais lu de travers. J’avais cru que votre ajustement comptable consistait à ajouter la TVA payée par les clients. À la relecture, il s’agit bien de la part portant sur la VA seulement. Autant pour moi.

    Pour ce qui est des retraites: je suis assez d’accord avec la vision d’Aristote. Elle est polémique, certes, mais elle repose au moins en partie sur des faits. Je la préfère à celle que vous aviez proposée (le Ponzi), qui n’était que polémique 😉

    Autrement, quid de ma question sur les allègements de charge ?

    Quid, aussi, de l’excellente question 22 d’Eponymus ? Liberal, président, Liberal, président !

  • @ Liberal:

    Je ne suis pas patron de PME mais j’ai l’intuition que ce qui les motive n’est pas de dégager un taux de profit maximum qui conduit à payer plus d’impôt d’ailleurs.

    Ce qui motive le patron de PME c’est de développer l’entreprise afin de la pérenniser et de voir sa valeur augmenter.

    Ce qu’il vise n’est pas un taux de profit élevé à court terme mais une plus-value à long terme. Que cette plus–value soit dégagée lors d’une cession ou mieux qu’elle soit latente et en partie non affichée lors de la transmission aux héritiers.

  • Article très intéressant, merci ! Il serait chouette aussi de prendre quelques échantillons d’entreprises représentatives de notre économie et de montrer l’évolution de leurs profits d’avant la crise à aujourd’hui.

  • @ Hervé:

    Dans les très grandes entreprises cotées, le patron n’est pas propriétaire il ne risque pas son capital, il risque le capital des autres (les stocks options, dans ce cas, sont juste un autre moyen de détrousser l’actionnaire).

    C’est une aberration issue de la bulle financière qui a fait que le salaire des grands patrons a grimpé a ce point, souvent sans aucun rapport avec la santé réelle de leurs entreprises : on a fait croire aux actionnaires qu’ils se rattraperaient sur la hausse du cours boursier, dopée artificiellement à coup de manipulations financières, hausse d’ailleurs pour l’essentiel confisqués par les initiés qui ont a la fois la connaissance interne de l’entreprise et les stocks options pour être sur de gagner.

    Ces managers professionnels de grandes entreprises se cooptent entre eux, dans de tous petits milieux (aux USA la « Ivy league » joue le rôle délétère de l’X en France).

    Le patron de PME US ou française, vit, lui, une tout autre vie.

  • Liberal a écrit:

    Tu sais bien que seul l’avis du président compte

    Pourquoi je savais que tu allais dire ça….

    Hervé a écrit:

    Je ne suis pas patron de PME mais j’ai l’intuition que ce qui les motive n’est pas de dégager un taux de profit maximum qui conduit à payer plus d’impôt d’ailleurs.

    Il est tout de même incroyablement significatif de lire cette phrase et surtout le « qui conduit à payer plus d’impôt d’ailleurs ». S’il fallait démontrer l’effet dissuasif de l’impôt en termes de développement d’une PME (et indirectement en termes d’emplois créés), cette remarque, pour peu qu’elle soit vraie, résumerait tout.

    Si c’est le cas dans la majorité des PME, on pourrait résumer la stratégie de la plupart de ces entreprises à : réussir à exister et faire le moins de profit possible afin de ne pas payer d’impôts – rester stable en termes de volume d’affaires – et donc, maintenir une masse salariale au même niveau. Pas ou peu de marketing, le minimum d’activités commerciales. Pas d’ambition en termes de parts de marché. Mais faire une plus value en revendant la société ou la transmettre.

    Je ne suis pas sur pourtant que ce soit une motivation. Je tends à penser que cette ambition limitée pour les entreprises concernées est un symptôme démontrant une certaine forme de résignation. Continuer à exister à minima, consolider l’existant afin que la boite prenne gentiment de la valeur au fil du temps, beaucoup pensent dans le contexte que c’est déjà pas mal.

    Maintenant, en dehors du fait que c’est navrant, que ça n’a aucune chance de créer des emplois, est-ce viable sur le long terme ? Pour moi c’est l’annonce d’une lente dégringolade.

  • @ Paul

    Je suis entièrement d’accord sur l’analyse de votre dernier commentaire. Néanmoins, mes réponses étaient bien fondées, en référence au commentaire suivant que vous m’aviez écrit :

    « En conséquence, le ratio VA / CA (ou EBE/CA) n’est pas idiot, car il permet de mesurer combien d’effort il a fallu déployer pour faire un profit ».

    Donc :
    1. vous aviez bien parlé de VA/CA
    2. J’entends « l’effort déployé pour faire du profit » comme la conjonction de la rentabilité opérationnelle que vous avez cité à juste titre (EBE/CA), mais aussi la rotation des actifs (CA / Actifs) qui n’avait pas été traité par libéral.

    @ Liberal.

    Raisonner en ceteris paribus à ses limites, l’intéret était de montrer les défauts de l’analyse par la VA au niveau micro.
    Concernant l’analyse fi. le ratio resultat . capital investi n’est pas de très haut vol et je crois que c’est ce qui interesse chaque patron : cad savoir combien il a gagné avec les billes qu’il a mises dans l’affaires.
    C’est pourquoi l’analyse de la rentabilité fi des PME me paraissais très intéréssante, alors que l’analyse de la valeur ajoutée 1.a plus de sens au niveau macro 2.fait l’objet d’une consolidation nationale assez bien analysée et suivie par l’INSEE.

  • Paul,
    Vous avez raison, les problèmes de financement du BFR peuvent être un casse-tête. Mais ils sont moins difficiles à régler que les crises de trésorerie liées à des pertes. Oui, des entreprises peuvent mourir d’avoir connu une croissance trop forte, mais ce n’est pas la majorité.

    Gwynfrid,
    On ne va pas refaire le match 🙂 Pour les allègements de charges, ça peut être significatif puisque ça divise grosso modo par 2 les charges patronales sur le SMIC. Mais je n’ai pas de données macro sur le sujet. Pour le reste, leur qualité a beau avoir baissé ces dernières années, on ne présente pas un programme présidentiel dans un commentaire de blog… Ca mérite au moins un billet 🙂

    Hervé,
    Oui, le profit à court terme est assez étranger aux préoccupation du patron de PME moyen.

    JB Maillard,
    Merci. Les comptes de résultat des PME industrielles en 2009 doivent être déprimants…

    folbec,
    Oui, le monde des PME et celui des grands groupes sont très différents. Il ne faut pas tomber dans l’anathème pour autant.

    Epo,
    Je ne crois pas que la fiscalité de ses revenus soit un facteur majeur d’explication de la faible ambition du patron de PME française. J’y vois plutôt une prudence extrême liée à la grande fragilité de ces entreprises et à un environnement réglementaire défavorable en cas de retournement de tendance.

    compteur,
    Quelles que soient les billes qu’un patron de PME a investies dans son affaires, elles y sont et il ne peut pas les retirer facilement. Si l’affaire est beaucoup moins rentable qu’espéré, tant pis pour lui, il est collé. L’investissement initial est assez vite considéré comme un sunk cost et la question principale cesse d’être « quel retour sur investissement vais-je réaliser? » pour devenir « combien vais-je gagner? » voire « comment faire pour ne pas tout perdre? »
    Sinon, la VA est effectivement analysée par l’Insee, mais les analyses que j’ai pu lire ne mentionnaient jamais les impôts et charges. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai écrit ce billet.

  • Liberal : les comptes ne sont pas trop déprimant, grâce aux mesures de chômage partiel.. En revanche, je travaillais dans une (grosse) PME où le résultat opérationnel était en croissance de 12%… et tout le monde s’attendait à toucher une participation maximale.. jusqu’à ce qu’on apprenne que la direction financière avait placé le cash généré en bourse.. résultat, pas de participation cette année.

  • @ Eponymus:

    L’impôt sur l’entreprise freine son développement, c’est-à-dire l’offre.

    L’impôt sur les ménages, freine la consommation, c’est-à-dire la demande finale.

    Tous les impôts sont donc anti-économiques, mais comment mutualiser et financer la solidarité sans impôts ?

  • Liberal a écrit:

    Epo, Je ne crois pas que la fiscalité de ses revenus soit un facteur majeur d’explication de la faible ambition du patron de PME française.

    Je suis bien d’accord et je précisais « pour peu que cette donnée soit vraie »… C’est peut être un facteur et un état d’esprit forgé par les circonstances mais qui est principalement alimenté par la fragilité effectivement. Comme tu dis, l’ambition se limite souvent à « comment faire pour ne pas tout perdre ».

    Maintenant, tu parlais plus haut de TVA sociale comme piste de réflexion – j’ai l’impression que cette solution ferait donc partie de ton programme présidentiel. Même si je me réserve le Ministère de la Culture de ton futur gouvernement en tant que supporter de la première heure, j’ai une question ou une suggestion dont je suis absolument incappable de calculer la portée. Ne pourrait-on pas transferrer une bonne part des cotisations sociales vers, non pas une taxe sur la valeur ajoutée mais sur les ventes ou sur les transactions ? Autrement dit, un impôt indirect que même les entreprises payeraient ?

  • Eponymus a écrit:

    Autrement dit, un impôt indirect que même les entreprises payeraient ?

    Le problème est le suivant :

    Le Trust Eponymus SA est totalement intégré, il produit ses propres matières premières, fabrique dans ses usines et vend dans ses magasins. Il ne paye donc qu’une fois cet impôt indirect, quand il vend au consommateur final.

    Aristote et Cie est une modeste entreprise familiale qui achète à un producteur indépendant de matières premières, et revend à un grossiste qui fournit des détaillants. La même marchandise supporte 4 fois le paiement d’un impôt sur les ventes.

    Tous les états modernes ont adopté la TVA ; pas les USA parce que la « sales tax » est un impôt local ; mais elle n’est prélevée que sur les ventes au consommateur final. Cela en fait une TVA un peu moins raffinée que l’européenne, mais les distorsions induites sont supportables parce que le taux est nettement plus faible, rarement supérieur à 5-6 %.

  • @ Koz : « économine » (en tag): c’est l’épouse du ministre de l’économie, c’est bien ça?

    je ne suis pas du tout versée dans la partie, mais mon frère a fondé une petite entreprise (pour réembaucher les collaborateurs que le grand groupe qui l’employait venait de lui faire licencier sans raison autre que de transformer leurs salaires en dividendes pour les actionnaires…en gros…), il m’a un peu expliqué, et c’est exactement ça: quand il paye 100 euros à un ouvrier, il faut pratiquement qu’il en facture 500 à 800 à son client; du coup, personne n’a les moyens en France de s’offrir le travail d’un français, et il est difficile pour une entreprise de trouver du travail pour ses employés. moi même, quand j’ai eu besoin d’un plombier, j’ai attendu 2 ans sans eau chaude dans la cuisine pour économiser assez pour la réparation: pour une demi journée de travail!

    Le parasite, dans l’histoire, c’est l’état: mais il n’y a pas que les fonctionnaires qui coûtent cher: j’ai fait une année d’études dans une ESC, ils avaient touché d’un ministère mineur 60 000 euros pour faire une étude, qu’ils avaient facturé mais pas faite: ils ont demandé à 3 étudiantes de la faire pour eux, ils nous ont grassement payées 1500 euros chacune (on l’aurait fait gratuitement comme stage, ça a pris 3 mois environ à 3 pas à plein temps, mais ils étaient pressés, il fallait que ce soit payé avant décembre, bien sûr)) : conclusion: l’état a payé 60 000 euros à une petite ESC quelconque pour une étude inutile qui aurait pu être faite gratuitement, et qui au final a été payée 4500 euros: qui s’est mis le reste (55500 euros) dans la poche? et pour vraiment une petite étude de rien du tout! ça doit se passer à une échelle invraisemblable pour toutes les études et projets fumeux où ceux qui touchent de l’argent sont les seuls à argumenter pour dire que c’est très nécessaire! à commencer par la recherche sur l’embryon qui coûte un prix fou pour ne rien trouver alors que la recherche sur les cellules souches adultes guérit déjà des maladies: eh bien ça va être reconduit ou pérennisé parce que l’agence de Biomédecine, qui touche les subventions, trouve que c’est très utile. Et chez nous, ici, quand le conseil régional a changé de bord, l’année suivante, il est passé de 179 employés à 350 (environ): pour ne rien faire de plus, ou peut-être un vernissage ici où là.

    à mon avis, on va peut-être pouvoir continuer à manger un peu le temps que les chinois accepteront de travailler pour presque rien et puis après, rapidement, il risque d’y avoir une guerre civile. La dictature en Chine est notre sursis, finalement; c’est la honte, une gouvernance aussi irresponsable! je ne dis pas ça pour le gouvernement actuel, il semble qu’il aurait plutôt essayé de diminuer ces erreurs (même s’il en augmente d’autres aussi, mais je ne suis pas qualifiée pour en juger). mais ça fait trop longtemps que c’est une gabegie. Il faudrait des enquêteurs indépendants pour voir où va tout cet argent que l’Etat ponctionne.

  • @ Koz: ah pardon! je croyais que les tags, c’était le maître de céans…

    (le @ koz ne concernait que la ligne qui suivait, mais j’ai peut-être fait une erreur de syntaxe dans la suite, je ne l’ai pas adressée à @Liberal, ça se voulait @général)

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