Tous les rebonds sont possibles en politique, et l’on peut imaginer que Jean-Pierre Raffarin puisse rebondir. On peut aussi penser que celui qui, sous son dernier billet, répond qu’il « aime certes les victoires, mais [qu’il] sait que la paix, la vraie, est celle des âmes« , a les ressources nécessaires pour trouver un nouveau rôle à sa mesure. Il reste que, bien évidemment, un homme politique souhaite l’action, et les responsabilités.
Dans la revue de presse que Corine, sur le blog d’Alain Lambert, met aimablement à sa disposition, on lit que Jean-Pierre Raffarin a commencé ainsi son intervention : « je pense que la politique est très dure, et souvent injuste« . Fallait-il qu’il ait connaissance de la teneur des résultats pour tenir ces propos… Ce n’est pas une découverte : la politique est très dure, et la politique est souvent injuste. Je n’ignore rien des critiques que l’on peut faire à Jean-Pierre Raffarin. Mais je m’en fous un peu. On me dit parfois que je suis un affectif, à l’affectivité hors de propos. Il est probable d’ailleurs que cette affectivité m’interdirait toute action politique. Et voilà, ben, j’ai de l’affection pour Jean-Pierre Raffarin. J’aime notamment la fidélité dont il a su faire preuve, en particulier, lorsqu’il lui aurait probablement été plus facile de lâcher/charger Chirac. J’ai aimé, même si j’imagine bien qu’il ne le faisait pas que pour la beauté du geste, qu’il ait le cran de monter au front défendre telle ou telle réforme sarkozyste. J’ai aimé qu’il prenne sur lui toute l’impopularité que supposait sa position vis-à-vis de la Chine.
J’ai apprécié, aussi, vous vous en doutez, qu' »en toute laïcité« , il n’ait pas renoncé à évoquer notre part de spiritualité. Au final, je le trouve sympathique et notre petite rencontre blogorépublicaine n’a fait que confirmer cette impression.
Alors oui, effectivement, le résultat me paraît rude, injuste, disproportionné. Et cela d’autant plus qu’il n’a semble-t-il pas été soutenu par ceux qu’il a défendus, ou qu’il aurait pu représenter. On peut probablement, sans se tromper, penser qu’en évoquant la « paix des âmes« , il évoque la sienne… et celle de ceux qui n’ont pas nécessairement agi comme ils auraient pu.
Je n’ai, a priori, rien contre Gérard Larcher. Il semble être habile négociateur, être une personne appréciée, et être un gros travailleur. Il fera probablement un bon Président du Sénat. Il serait toutefois dommage d’oublier trop vite la rare inélégance de celui qui, vainqueur, déclare : « la confiance, ça se tisse, ça ne se quémande pas« . Il se trouve aussi que – et ce n’est pas seulement une question de place – il semble que l’on ne pourra pas glisser l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre l’Elysée et Gérard Larcher. Dans la situation dans laquelle se trouve le pouvoir, il est dommage que certains aient, semble-t-il, souhaiter favoriser encore cette situation. Alain Lambert, en déclarant hier sa candidature, critiquait la « détention de tous les leviers du pouvoir dans les mêmes mains« . Gérard Larcher est en effet un produit-RPR. Cette machine avait certes la qualité de l’efficacité, elle avait aussi le défaut de l’esprit godillot[1]. Est-ce vraiment ce dont le Sénat a besoin ?
Alain Lambert, pour sa part, fait campagne à sa façon. Avec un humour certain, voire quelque espièglerie. Ses protestations de sarkozysme ne manquent pas de sel :
Plus Sarkosyste que moi tu meurs ! (…) Nicolas, je t’en supplie, réveille-toi, ils sont devenus fous ! Ils ne veulent plus appliquer ton programme. Heureusement que je suis là, ton fidèle serviteur du début, qui est resté en sentinelle, comme gardien de tes engagements.
On sent, dans ces lignes, toute la confiance que met Alain Lambert dans la reconnaissance que lui portera Nicolas Sarkozy d’être ainsi sa fidèle sentinelle du soir. Alain Lambert a donc choisi la fidélité exigeante, et l’indépendance. Sa propre indépendance, mais aussi celle du Sénat, ce qui, au vu de sa composition, ne signifie pas l’opposition, « sa volonté étant de traduire dans les pratiques parlementaires les principes adoptés lors de la réforme constitutionnelle« .
Je l’ai dit, je suis un affectif, à tort peut-être. Or, voilà, j’ai rencontré Alain Lambert il y a bientôt trois ans, lors d’une soirée blog et politique. Alors que quelques blogueurs riaient bruyamment au fond de la salle, soucieux que l’on note leur présence[2] cet ancien ministre est resté durant toute la soirée en silence, à écouter. Je peux en témoigner puisque, à ma grande surprise, il est resté toute cette soirée assis à mes côtés alors que, ayant vu quelques politiques oeuvrer, je m’attendais à ce qu’il cherche une place au premier rang.
A la même époque, je l’ai interrogé, sur son blog, sur la façon dont il conciliait ses convictions chrétiennes et son libéralisme, ce dernier ne me semblant pas toujours compatible avec les premières. D’autres n’auraient pas répondu. Il l’a fait, et longuement. C’était le 18 novembre 2005. Dans son billet, il évoquait Mounier, et le personnalisme communautaire, références qui m’intéressent.
Bref, même si en politique plus qu’ailleurs, on ne peut avoir de certitude sur grand monde, j’ai une confiance certaine dans la sincérité d’Alain Lambert, dans son sens de la proximité, dans la profondeur de ses convictions et dans sa conception de l’indépendance fidèle. Je pense assez fortement que le Sénat gagnerait beaucoup, notamment dans l’opinion publique, et en prévision des échéances à venir, à se doter d’un Président tel qu’Alain Lambert. Et je le dis avec d’autant plus de conviction et de désintéressement (s’il n’était pas évident) que la presse entière et les meilleurs spécialistes ne doutent pas, pour leur part, de la victoire finale de Gérard Larcher[3].
- On précisera d’emblée, pour faire plaisir à Liberal, que les députés socialistes ont fait la démonstration, sur la réforme de la Constitution comme sur le vote de prolongation de l’intervention en Afghanistan, qu’ils n’avaient rien à apprendre de personne pour ce qui est de retourner sa veste en claquant des talons [↩]
- à moins qu’il ne s’agisse que de mauvaise éducation [↩]
- et j’assume à ce titre toute l’ambiguïté de mon titre [↩]
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C’est à dire qu’on craint un « vote de groupe » de l’UMP ; dans ces cas là le résultat est assez mécanique : le mode de scrutin du Sénat faisant que même après avoir perdu toutes les élections locales depuis 2004, l’UMP conserve néanmoins le plus grand groupe au Sénat (censé représenter les collectivités locales). Le groupe UMP votant « en bloc » pour le candidat fixé par la ligne du parti, il impose mécaniquement son candidat d’abord à la droite, puis ayant rallié la droite, au Sénat tout entier.
Libéral est contre par principe (« chaque sénateur devrait pouvoir voter directement pour Alain Lambert si telle est la voix de sa conscience ») – espérons qu’il soit suivi.
Raffarin n’a pas démérité, il était parfaitement qualifié pour le poste, mais les sénateurs ont estimé que Larcher était plus qualifié. C’est ça aussi la rudesse de la vie politique, il ne doit en rester qu’un, quelque soient les qualités de ceux qui étaient sur la ligne de départ.
Larcher aurait été inélégant. Raffarin a commis une faute en demandant explicitement le soutien ostensible de Sarkozy. Les sénateurs n’aiment pas ça, car ils sont très chatouilleux sur l’indépendance du Sénat. La phrase de Larcher est aussi un avertissement à tous ceux qui seraient tentés d’aller chercher des secours à l’extérieur : les affaires du Sénat se règlent entre sénateurs !
Quant à Lambert, je ne crois plus tellement à sa sincérité. Il joue à quoi avec sa candidature ? Comme si la droite sénatoriale pouvait encore se permettre de se déchirer ?
Je ne vois pas trop en quoi ce que tu lui reproches constituerait un manque de sincérité. Je ne pensais pas que tu serais de ceux qui préfèrent la discipline de groupe à la fidélité à ses convictions.
Koz, il y a d’autres moyens de faire avancer ses idées et ce que l’on croit que des candidatures suicidaires et créatrices de divisions !
Au regard des derniers résultats aux sénatoriales, ce n’est pas le moment de jouer perso, ce que fait Lambert, pour sa carrière personnelle. C’est pourtant ce que fait Lambert, qui cherche ici à exister, alors qu’il est clairement sur la pente descendante !
C’est une belle affirmation.
Des exemples ?
Authueil, il y a une petite incohérence entre ton premier paragraphe et le deuxième : si la candidature est suicidaire (et, en passant, je pense que ses chances sont plus que minces, et qu’Alain Lambert le sait), en quoi est-ce bon pour la carrière personnelle d’Alain Lambert ?
En ce qui me concerne, le fait d’aller au-devant d’une défaite annoncée me paraît être un bon indicateur de la sincérité du candidat.
Bonsoir,
Alain Lambert a annoncé sur son blog il y a plusieurs jours qu’il serait candidat, et ce, en dehors des primaires de l’UMP, ne voulant pas y participer.
Autheuil, si comme toi je trouve regrettable ce choix, je lui accorde au moins le mérite du courage, de la constance, et l’opposé de l’esprit godillot.
Koz, en revanche, je ne souhaite pas son élection, voire désire une très large défaite pour lui.
Je lis son blog depuis longtemps, et il est effectivement quelqu’un de bien et de compétent. Néanmoins, je suis intervenu en commentaires sur une vidéo (en trois parties) d’une des ses entrevues avec un journaliste. Il explique l’importance pour lui de finances saines, de ne plus avoir de déficit, de réduire la dette, de ne pas gaspiller le bien public, et de sa volonté d’être un gardien intransigeant de ces points.
Fort bien, voila qui est tout à son honneur et de plus je partage son point de vue sur l’importance primordiale de suivre ces points en priorité absolue.
Cependant, il dit aussi ne pas avoir pu faire prendre en compte ses idées lors du passage au sénat du projet de réforme constitutionnelle, étant aussi élu local et à cette date retenu par une contrainte de ce second mandat.
En tant que citoyen soumis à l’impôt, je suis le patron de ce sénateur que je paye pour effectuer sa tâche de parlementaire. Or là, il y a faute grave et manquement dus à un cumul des mandats. S’il veut toucher deux salaires, il faut qu’il puisse s’acquitter parfaitement à 100% des deux charges. De plus, faire passer un choix local avant cette priorité absolue nationale me semble une erreur de jugement. Donc un vol de salaire et un mauvais choix, pour résumer et caricaturer.
Je ne trouve donc pas sain ni de lancer une division dans la droite sénatoriale, ni de charger encore plus une personne ne pouvant pas remplir ses tâches actuelles.
Sinon, je continue à penser que la lecture de son blog est saine, et qu’il peut être un très bon conseil à écouter et respecter pour tout ce qui est lié aux finances publiques.
Luc
Je parie plutôt pour une absence diplomatique, pas vraiment pour une question de salaires ou d’incompatibilité de fonctions.
Alain Lambert ne souhaitait pas voter la réforme en ces termes. Il ne souhaitait pas non plus provoquer une crise. Sur ce coup-là, il aura jugé préférable d’être retenu par une autre contrainte.
A vrai dire, j’estimais un peu vain d’espérer faire passer ce qu’il souhaitait dans cette réforme. Alors…
Moi, suis à fond pour Lambert. Il est drôle ET pertinent, en tout cas depuis qu’on entend parler de lui, je suis souvent d’accord avec lui. En tout cas, il va mettre du fun dans la campagne.
Je remarque que les gens qui gonflent, on les accuse systématiquement de carriérisme et d’orgueil démesuré… 🙂 (c’est pour ça que je l’aimerais bien alors, malgré son sarkozysme à temps et contre-temps?)
Il semble qu’en effet les chances d’Alain Lambert soit plus que mince. En effet certains articles precisent que Larcher est en bon terme avec certains groupes de Senateur au centre et a Gauche. Meme si le groupe UMP ne vote pas comme un seul homme, cela sera difficile.
Pourtant Alain Lambert a la presidence du Senat cela aurait du panache!
Koz,
http://www.alain-lambert-blog.org/index.php?2008/07/22/1796-les-grandes-gueules-rmc
Lis donc le premier commentaire puis écoute l’entrevue.
Je maintiens qu’il dit regretter de ne pas avoir pu essayer d’amender le projet, étant retenu par ses fonctions locales.
Et donc mon salarié ne remplit pas la fonction pour laquelle il est payé.
Désolé.
Luc
Il dit pire que cela, il pense avoir « commis une faute » en étant absent lors de la première lecture. Cela dit, d’autres que lui, talentueux également, auraient aussi bien pu défendre cet amendement. Pour la deuxième lecture, il explique qu’il aurait fallu un vote conforme, ce qui ne rendait pas possible l’adoption de son amendement…
Mais bon, ok, t’auras qu’à pas voter pour lui 😉
Je sais que nous n’avons pas été si nombreux hier ou aujourd’hui à manifester sur son blog notre fidélité à JPR, et que tu en fais partie.
La politique est un monde difficile, qui pardonne peu, oublie beaucoup et tient trop rarement compte de ses erreurs passées, c’est vrai.
Pour ma part, ce que j’admire le plus chez JPR, c’est la quasi abnégation dont il a fait preuve (et qui avait presque, pour moi, quelque chose de « religieux ») quand il était premier ministre, buvant jusqu’à la lie le calice qui lui avait été tendu et qu’il avait accepté, « pour la France »; bien sûr il n’a pas toujours fait preuve de la plus grande finesse, bien sûr il est demeuré célèbre pour ses petites phrases médiatiques, mais c’est un communicant, on ne se refait pas, on conserve ses petits travers … Pourtant rien de tout cela ne l’a empêché de supporter ce que même Juppé a fini par renier … alors pour cela, oui, j’ai de l’estime pour le grand premier ministre qu’a été JPR, servant une politique qui n’était pas nécessairement la sienne.
J’aurais apprécié qu’il obtienne la place qui, selon moi, lui était due, tout simplement, au vu de ses compétences, qui ne sont pas des moindres, à la tête de cette assemblée, et au vu de ses « états de service », dirons-nous pudiquement … Je regrette infiniment que le choix de l’UMP se soit porté sur Gérard Larcher, dont je ne nie pas certainement les mérites, mais qui en font, et tout le monde le note, un homme-lige de l’Elysée … Ce n’est pas ainsi qu’on construit sa pérennité, en enterrant la diversité, en étouffant la casserole, c’est dommage, une fois encore … notre hyperprésident, paré des vertus du pragmatisme, ne révèle décidément trop souvent que les travers d’un certain populisme qui en est un des mauvais penchants …
Quant à Alain Lambert, bien sûr sa candidature est sympathique, bien plus que celle des deux qui ne se sont pas présentés ou du troisième larron. Son côté primesautier et très en retrait lui donne une position particulière au sein du Sénat. Pourtant il est un remarquable spécialiste des finances et un très fin analyste politique. J’apprécie qu’il se présente « malgré tout », n’ayant rien à perdre ! … si la gauche était plus fine, au lieu de présenter son sempiternel candidat qui se fait ratatiner à chaque élection au Plateau, elle voterait en masse pour Alain Lambert … et rirait bien qui rirait le dernier ! … mais les hommes politiques sont-ils là pour rire ? …
alain lambert elu avec les voix de la gauche?
pourquoi pas si elle sait bien en négocier les conditions
en matière de partage de responsabilité, de neutralité du président du sénat, d’engagement sur un changement de mode d’électides sénateurs, d’objectifs pour les 6 ans à venir…
et s’il démissionne du conseil général del’orne, qu’il vient de prendre…
et qu’il reconnaît qu’il s’est toujours trompé dans sa vie au cours d’une autocritique publique ?
Je pense qu’effectivement la gauche va voter pour Alain Lambert. La raison on la devine, ridiculiser l’UMP avec un candidat inattendu. J’aime bien Alain Lambert, je visite régulièrement son blog, toutefois je me demande pourquoi ajouter de la cacophonie à un moment où les difficultés s’accumulent. Gérard Larcher a prouvé qu’il était un homme compétent et bosseur ce serait dommage d’apporter un peu plus d’eau au moulin de la gauche (les couacs çà suffit). Alain Lambert doit pouvoir faire entendre ses désaccords par d’autres voies à un moment où des contestations se font sur la légitimité du Sénat. Mon impression désagréable dans cette histoire c’est qu’Alain Lambert se réjouit à chaque fois des croche- pieds qu’il peut faire à l’unité de l’UMP.
Mon choix personnel se serait surement porté sur J.P. Raffarin, quand à Alain Lambert en dehors de son blog peu de monde a eu connaissance de son désir de se présenter.
comme lorsqu’il a changé d’avis, de position,
24 heures avant le scrutin sur la constitution
ou lorsqu’il va dans une primaire il ya 4 ans, et hors primaire cette fois,
il a le droit de progresser vers un niveau plus élevé
de maturité!
Il paraitrait en effet qu’il y a plein de lambertistes de gauche – mais plutôt chez les trotskystes que chez les sociaux-traitres.
Blague à part, son texte sur le personnalisme me donne envie d’en savoir plus sur Mounier ou sur ces « non-conformistes des années 30 » ; je vais faire un petit peu de shopping sur Amazon.
oui il semble indépendant mais constructif, ça change !
http://www.institutmontaigne.org/site/chat.php?id_chat=20
Vous pourrez lire cet article qui, à mon avis, vous en dira long sur sa démarche.
Francis, connaissez-vous l’histoire de cette primaire de 2004 ? C’est certes le jeu politique mais cette primaire a été verrouillée par ceux qui voulaient se ménager 4 ans de plus pour pouvoir être candidats. Je ne récrimine pas forcément contre cela. Après tout, c’est de la politique. Mais Alain Lambert a le droit d’avoir estimé que le système proposé n’était pas, en réalité, le plus adapté, et le plus démocratique qui soit.
Lise, je ne crois pas que la gauche ira voter pour Lambert. Elle sera disciplinée, elle votera pour elle-même. Point. Parce que dans le cas contraire, ce serait interprété comme un camouflet pour son candidat.
Il ne faut pas scléroser le débat public. L’union, c’est bien, mais tout dépend des conditions de l’union. L’union suppose aussi une volonté d’équilibre. Elle suppose aussi une volonté de dialogue. Or, j’ai comme l’impression que Nicolas Sarkozy a ce défaut qu’ont beaucoup de politiques – et pas seulement eux : ils respectent la force, s’intéressent beaucoup à ce que disent ceux qui sont « à l’extérieur » mais accordent une oreille moins attentive aux « leurs ».
Et puis, on ne peut pas utiliser systématiquement l’argument de l’unité. Si le « système » ne peut pas accepter une candidature indépendante telle que celle d’Alain Lambert, qui ne lui fera probablement pas grand mal, alors il se sclérosera.
Lire, par exemple, dans l’article.
Allez, Alain Lambert ne va pas faire la révolution. Il ne coupera pas de têtes. Il fait entendre sa voix. L’impertinence et l’indépendance ne sont pas forcément les choses les répandues dans les groupes parlementaires. Alors, hein, un peu d’air, c’est profitable.
Mon sentiment est qu’Alain Lambert n’attend pas forcément grand-chose, et qu’il fait de la politique comme il en a rêvé : en portant ses convictions, sans devoir les atténuer pour ménager tel ou tel.
Vous pouvez aussi lire cet article du Figaro… Et notamment :
Jean-Claude Gaudin, qui va garder son poste de Vice-Président du Sénat…
L’élection s’est faite aussi via des coups de fils bien placés. Alors, franchement, un peu d’esprit libre dans tout ça, cela ne pourra que faire beaucoup de bien
Le problème avec Alain lambert c’est qu’il a un énorme déficit de notoriété. Le président du Sénat est, dans la constitution de la Ve république, un personnage considérable. Cela donne un poids énorme à ses prises de position.Il est évident qu’un homme de la notoriété de JPR, avec en plus l’expérience de Premier Ministre qui était la sienne, était tout à fait qualifié pour ce poste. On a préféré un notable habile et travailleur, digne descendant des politiciens de la IIIe ou de la IVe. Ce n’est pas ce choix qui enlèvera au Sénat son auréole ringarde. Dommage.
@ Dang
A propos d’importance de la fonction, n’est ce pas d’ailleurs le Président du Sénat qui est supposé occuper le poste de Président par intérim en cas de malheur à la tête de l’état ?
Pour avoir vu cela de très près, je peux vous dire que les hiérarques du groupe UMP au Sénat, Raincourt, Courtois et Dulait avaient leurs instructions et un pointage très proche du résultat final dans leur poche avant de descendre dans la salle clémenceau du Sénat.
Gaudin avait lancé le signal en ne soutenant personne après avoir dit qu’il soutiendrait Raffarin.
Estrosi avait donné la tonalité de la voix officielle en soutenant Larcher.
Fillon a fait activement campagne pour Larcher
Je pense qu’il est difficile de se faire élire au Sénat contre l’Elysée, Matignon, les chefs de son propre groupe surtout avec un soi-disant étiquette de candidat officiel sur le dos.
JPR s’est fait avoir par Sarkozy comme d’autres l’ont été ou le seront.
Les soi-disant sénateurs de base ont préféré un homme issu du sérail, grand bien leur fasse, mais il ne va pas falloir attendre que le Sénat s’ouvre sur l’extérieur.
L’ouverture aura lieu en 2011, qu’ils le veuillent ou non.
@Eponymus : et c’est bien cela qui me fait penser qu’un homme de l’expérience de JPR avait toutes les qualités pour la fonction. Le prestige d’Alain Poher, et par voie de conséquence celui du Sénat, se trouva renforcé après l’intérim particulièrement réussi du président Pompidou.
On est d’ailleurs injuste avec le Sénat. Certes, comme le souligne jmfayard, il ne reflète pas la réalité des élections locales. Mais c’est bien cela qui fait sa force et celle de son président. Les sénateurs et le président du Sénat ne sont pas soumis comme les autres parlementaires à la pression constante du suffrage universel. Cela leur donne la stature de chambre de réflexion, celle d’une assemblée de sages. On oublie aussi un peu vite que le Sénat n’est pas forcément une chambre de godillots soucieux de faire plaisir au prince. De Gaulle fut tellement agacé par un Sénat largement hostile et un président (Gaston Monnerville, puis Poher) particulièrement pugnace, qu’il songea sérieusement à le supprimer, ce qui lui coûta sa place.
Un dernier point : quand on dit que le Sénat coûte cher, on ne parle jamais du Conseil économique et social, qui fait des études et des rapports très sérieux, très documentés, mais que personne ne lit. Assemblée méconnue où l’on recase sans vergogne les copains (tous les régimes le font)il coûte cher au contribuable, autant que le Sénat et pour une efficacité moindre.
epo pour ton info :http://www.senat.fr/presidence/pdt.html
@Dang : tu as raison de citer tous ces organismes qui produisent des idées certainement très bien mais que personne n’écoute. Car en ces temps de vaches maigres, je suis horrifiée par le gâchis financier que représente toute cette matière blanche. Une étude sur l’efficacité serait plus jamais qu’utile et il faudrait beaucoup de courage politique à celui qui oserait initier une telle étude et encore plus mettre en oeuvre ses conclusions.
concernant le conseil économique et social, et, depuis quelques semaines, écologique, la proposition était justement de le fusionner avec le sénat, en n’y gardant plus que des élus(et non des nommés)…
ce qui est désolant avec le sénat, outre son mode d’
élection reposant sur une anomalie institutionnelle (les communes de moins de 1000 habitants), et non sur la représentation des territoires (ou sont les départements, régions au sénat?), c’est l’absentéisme important en séance qui le caractérise, le népotisme, le clanisme qui le caractérise, dont nous venons de voir un exemple, et, pour finir, la volonté des sénateurs de s’affranchir des régles collectives (le nombre des sénateurs augmente quand celui des fonctionnaires diminue, leurs retraites sont gérées par un fonds spécifique, la cour des comptes ne peut y entrer, etc…) , de garder leurs priviléges: les ors, le jardin du luxembourg, les frais non justifiés et non imposables, les avantages de fonction, etc…
Autant votre tolérance à l’égard du sarkozysme était acceptable, de moins en moins quand même. Autant votre affection pour des personnes aussi médiocres que J-Pierre Raffarin est inadmissible. Ces gens là, Raffarin comme Larcher, ont 20 ans de petits fours sous la chemise et le résultat de leur action tient sur un post-it. Il n’y a pas pire, à part peut être Copé,ou Bertrand, ou Devedjian, ou Royal, ou Frêche, ou … (oui, tous en fait).
Bref, vous n’en aurez sûrement rien à faire mais votre propos perd tout crédit à mes yeux alors même que je vous lisait depuis 2 ans maintenant avec beaucoup de plaisir. Mais le coup du « j’ai de l’affection pour Raffarin » est fatal, mon Google Reader ne viendra plus désormais recueillir vos billets. Désolé.
(La tournure est assez pathétique, je le concède, mais elle montre je l’espère ma grande déception et le fond y est). Vous resterez quand même une énigme pour moi: comment peut-on se reconnaître à la foi dans le système de valeurs catholique et dans celui de Sarkozy ? Insoluble à mes yeux.
Oh, je n’irais pas jusque là, tout de même. Je n’irais pas jusqu’à dire, non plus, que je suis peiné. Je l’aurais davantage été si votre propos avait été argumenté. Là, il a plus tendance à faire un poil sectaire et viscéral.
Adieu va.
Koz
le fait d’aller au-devant d’une défaite annoncée n’a jamais été un bon indicateur de sincérité.
D’orgueil peut être car il n’est pas de politicien sans orgueil démesuré, mais, dans le meilleur des cas, c’est une tentative de se poser en alternative dans un scrutin serré et dans le pire des cas une manœuvre pour compte de tiers.
JP Raffarin a manifestement loupé une marche, et ce n’est pas la première malgré toute la sympathie que je lui porte, mais A Lambert, lui, s’est carrément pris la porte dans la figure.
Bonjour,
http://www.lepoint.fr/actualites-politique/lambert-retire-sa-candidature-larcher-sur-un-plateau-pour-le/917/0/278525
Il devient un habitué de la girouette, du genre « même pas cap » ou « même pas peur ».
Il sera amusant de lire sa justification sur son blogue, après le revirement pour le vote de la constitution.
Je continue à penser que c’est un grand financier dont il faut écouter les conseils, mais j’ai de plus en plus de mal à réellement respecter la personne.
Luc
Je n’ai pas tes préventions contre lui, tu le sais. Mais sur ce coup, je suis déçu, d’autant que la justification par la crise financière n’a pas de sens.
il a du appliquer le principe de précaution,
et le vieil adage:
« mefions nous de nos amis, mes ennemis, je m’en charge! »
mais c’est vrai qu’AL change d’avis et se range
toujours dans les dernières 24h…
c’est un bon produit pour une série TV…
Francis, « toujours » parce qu’il a voté la Constitution et qu’il a renoncé à briguer la présidence ? C’est un peu too much.
Ceux qui le souhaitent pourront lui poser directement leurs questions tout à l’heure à 19h. Je ne pourrai pas. Je compte sur vous.
A lire (d’ailleurs, je l’ai mis dans ma « revue de presse-blog partielle ») ce billet vigoureux d’Alin Lambert.
Tiens, ça aussi, vous le liriez à profit.