Ana

Vous aimez Ana ? Ana ne vous le rend pas.

J’ai découvert Ana lundi, avec une certaine stupéfaction. Lundi seulement, oui. Ana est vénérée par de nombreuses jeunes filles, à l’âge où elles, et leurs parents, perdent pied. A l’âge où leurs parents découvrent que l’enfant sur lequel ils ont veillé s’enfonce dans la haine de lui, et de son corps.

Ana, pour ceux qui, comme moi, ne la connaissaient pas, c’est l’anorexie. Ses victimes lui ont donné un nom, un nom de jeune fille, comme elles. C’est dire à quel niveau d’identification morbide les jeunes filles anorexiques parviennent. J’avais déjà saisi qu’elles ne parvenaient plus à s’extraire d’une maladie qui les tue à petit feu. Qu’elles n’avaient plus une perception correcte de leur corps. Je ne savais pas qu’elles en venaient à vénérer leur bourreau. Pour ces jeunes filles, l’anorexie n’est plus une maladie, mais un « mode de vie ». On reste abasourdi par cette perte du sens commun. L’anorexie, un « mode de vie » ? N’est-ce pas plutôt une façon de mourir ? Il est vrai que nous vivons dans une société pour laquelle « c’est mon choix » tient lieu de critère moral universel. Alors, pourquoi ne respecterait-on pas ce choix-là ?

Mais a-t-on jamais vu un diabétique valoriser sa maladie ? Un cancéreux se faire pro-crabe ? Ou plutôt, parce que l’affection est davantage morale, psychologique, un dépressif ouvrir un site à la gloire de la dépression ? Un schyzophrène voir dans la schyzophrénie un « mode de vie » ?

Ainsi non seulement les personnes anorexiques ne voient-elles pas leur corps comme nous le voyons – décharnées, elles voient encore trop de chair entre leur peau et leurs os – mais certaines voient encore dans les corps d’autres personnes anorexiques, et bien perçues comme telles, un facteur de motivation.

Ces filles portent un bracelet pour se reconnaître, se motiver personnellement, se soutenir les unes les autres. Et certaines starlettes le porteraient aussi, faisant alors la claire promotion de la maladie.

Dans ce monde pro-ana, les filles échangent des conseils que l’on lit et relit tant on peine à y croire, et dont j’ai d’abord hésité à faire part, craignant qu’il s’agisse d’un fake. Les filles se repassent entre elles un texte si pauvre, si nul : les 10 commandements de la pro-ana. On le lit et l’on en rirait peut-être, si c’était une blague.

1. Si tu n’es pas mince, tu n’es pas attirante.
2. Être mince est plus important qu’être en bonne santé.
3. Tu dois t’acheter des vêtements étroits, couper tes cheveux, prendre des pillules diurétiques, jeûner,… Faire n’importe quoi qui puisse te rendre plus mince.
4. Tu ne mangeras point sans te sentir coupable.
5. Tu ne mangeras point de nourriture calorique sans te punir après coup.
6. Tu compteras les calories et restreindras tes apports.
7. Ce que dit la balance est le plus important.
8. Perdre du poids est bien / en gagner est mauvais.
9. Tu ne peux jamais être trop mince.
10. Être mince et ne pas manger sont les signes d’une volonté véritable et de succès

*

Ceci pour dire que je percevais encore lundi la proposition de loi réprimant l’incitation à une maigreur excessive (votée mardi dernier) comme une autre illustration de cette incapacité du législateur à utiliser le droit existant plutôt que de créer sans cesse de nouvelles incriminations pour faire croire à l’action.

Après cette brève incursion dans le monde pro-ana, initiée par Le Monde, je ne le vois plus ainsi, ne partage donc plus le scepticisme ironique, ou l’ironie sceptique, de mes camarades communards[1] et aurais plutôt tendance à approuver cette proposition de loi.

D’autres incriminations existent-elles, qui auraient pu être employées ? Je ne suis pas pénaliste, et n’ai envisagé que la mise en danger de la vie d’autrui. J’observe que Jean-Marie Le Guen – caution politico-médicale du parti socialiste de retour d’Abidjan – requis pour dispenser un pseudo-discours de sagesse législative empreint d’une évidente mauvaise foi (à moins qu’il ne s’agisse d’une flagrante incompétence) n’a pas trouvé beaucoup mieux : ainsi, pour lui, les outils existent, et le gouvernement aurait dû recourir non seulement à la mise en danger de la vie d’autrui mais également à la provocation au suicide.

La leçon de sagesse législative est bien mal dispensée ! La mise en danger d’autrui n’est pas applicable, en ce qu’elle requiert d’une part « le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente » et d’autre part que cette exposition directe résulte de « la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement » (article 223-1 du code pénal). Quant à la provocation au suicide, ce législateur aguerri ignore-t-il le principe d’interprétation stricte de la loi pénale ? La provocation au suicide n’est pas l’incitation à un comportement nuisible à la santé. Elle n’est d’ailleurs réprimée que si elle est suivie du suicide, ou d’une tentative de suicide (article 223-13 du code pénal). Si l’un de mes commentateurs, en revanche, a une proposition intelligente à avancer, je serais évidemment tout « ouïe ».

Sur le fond, Le Guen n’aura pas manqué de faire preuve de la même mauvaise foi, toujours aussi regrettable sur un tel sujet. Selon lui, cette proposition témoignerait d’une part d’un postulat que l’anorexie est exclusivement motivée par l’imitation et d’autre part, d’une obsession répressive.

L’obsession répressive devient une figure rhétorique d’évitement du débat, et Jean-Marie Le Guen fait mine de ne pas comprendre que ce texte n’est effectivement pas une réponse globale à un problème générale mais bien une réponse ponctuelle à un problème particulier : l’incitation à l’anorexie, et l’encouragement dans l’anorexie, en particulier sur Internet. Alors, bien sûr, il a beau jeu (et encore) de souligner que l’on ne règlera pas le problème de l’anorexie de cette manière-là. Mais la proposition de loi affichait-elle cette ambition ? Il exprime le fait que l’imitation ne serait pas le facteur déterminant de l’anorexie. Mais la proposition de loi a-t-elle affirmé le contraire ? En revanche, la question se pose de savoir comment guérir des filles qui, entre deux visites à leur thérapeute[2] passeront une bonne part de leurs journées à fréquenter les sites d’autres malades pour se comprendre et se soutenir, comme elles disent… pour s’encourager et s’enfoncer dans la maladie, en vérité ?

La proposition de loi serait-elle inutile, déplacée ? Libé, dans un article de ce jour, donne la parole à quelqu’un qui paraît plus fondé à s’exprimer :

«Certes, a ironisé pour les socialistes Jean-Marie Le Guen, on ne peut pas être d’accord avec l’anorexie. Mais est-ce à la loi de réagir ?»

«Bizarrement, cela ne me paraît pas complètement à côté», tempère le Dr Jean-Pierre Benoît, psychiatre et spécialiste à la Maison des adolescents à Paris de la prise en charge des anorexiques. «Avec ces jeunes filles, il y a toujours besoin qu’une limite assez forte leur soit opposée. Elles dérapent, parfois très vite. Au moins, cela va mettre des bornes même si elles sont indirectes. Je vois trop de situations où on laisse dériver les choses.»

Mais l’influence de ces sites est-elle réelle ? «J’ai des patientes qui les fréquentent, en particulier les plus malades. J’ajouterai que pour les mannequins aussi, c’est important de signifier socialement ces limites, même si c’est délicat.»

C’est, soudain, l’ironie facile et partisane de Jean-Marie Le Guen qui paraît bien déplacée.

*

Une dernière chose : l’ensemble des photos qui illustrent ce billet sont des fakes[3] des photos de mannequin retouchées, pour apparaître plus décharnées encore. Est-ce alors malhonnête de les utiliser ? Figurez-vous que non, car ces photos[4] se retrouvent sur nombre de sites pro-anas…. pour la motivation. Voici ce qu’écrit l’une d’elles à cet égard :

« Perso, je ne suis pas fan, de ce genre de thinspo parceque ces photos sont bien evidemment retouchées et je n’aime pas la triche mais bon, c’est vrai que ça peu encourager! (on est jamais trop motivée ni trop mince) »

Qu’est-ce qu’une thinspo, me demanderez-vous… Selon cette définition, librement traduite, thinspo est la contraction de deux termes, « thin » et « inspiration » et renvoie aux photos d’actrices ou mannequins décharnées (bone-thin women) que les pro-ana conservent et s’échangent, pour se motiver.

Lugubre inspiration.


Cf. l’original, à peine moins décharné

*

  1. billet de Jules et commentaire d’Authueil []
  2. dans l’hypothèse où elles sont soignées []
  3. on peut aussi trouver des photos non truquées, voir page 16 de cette page, intitulée « Bone livers & Regular Thins » []
  4. à l’exception évidente de la première []

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49 commentaires

  • Oui,comment faire ? Quand on recense le nombre infini de sites dangereux pour les ados et les gens fragiles (ana ,sataniques,gores punks,gothiques et j’en passe) il va falloir une police mondiale d’internet, ecrire un code universel du web,imaginer des lois,des moyens d’interdire …Bon ça me depasse ..,commençons par surveiller les enfants ,ne jamais les laisser seuls devant un ordi non filtré etc etc ,verrouiller qd on s’en va ;mais tout ça demande déja bcp de pedagogie et de boulot ,et pui on est si tranquilles qd ils sont devant l’ecran …

  • Je ne mettrais pas sur le même plan l’ensemble de ces sites. Les sites pro-ana reposent véritablement sur la promotion comme « mode de vie », comme « choix », d’une maladie.

  • Eclairant. Dommage que vous vous soyez cru obligé d’ajouter « Il est vrai que nous vivons dans une société pour laquelle “c’est mon choix” tient lieu de critère moral universel ». Il est clair que dans une société (morale ? encadrée ? totalitaire ?) les comportements déviants n’existent pas.

  • D’abord une réaction spontanée et instinctive : ces photos évoquent les camps de concentration. Quand ma marraine est revenue de Rawensbrück, personne ne l’a reconnue car elle faisait la moitié de son poids.

    Là, vraiment, j’ai envie de trouver cette recherche de la maigreur indécente, aussi indécente que la mode des pantalons aux genoux déchirés, moi qui ai connu ça enfant.

    On comprendra que, vis-à-vis des anorexiques, je suis partagé, très, entre la pitié et la colère. Ces gens se mettent en danger, un long, très long danger, pour en faire peser le poids de mort sur leur entourage. Et je ne peux pas m’empêcher d’y voir une forme perverse de narcissisme, comme est pervers leur « laissez-moi tranquille » complaisamment étalé dans leurs blogues accessibles à tout le monde. Pour moi le remède idéal (bon, c’est utopique 😉 serait de les envoyer seules sur une île déserte. Personne pour les admirer, pour les encourager, mais personne pour en avoir peur, pour en souffrir.

    Y voir le refus de vieillir, si à la mode, et le refus d’être femme. Aussi bien chez elles que chez nombre de mâles que la féminité terrifie. La mode homme-femmes-enfants du je-suis-le-centre-du-motif, je fixe moi-même les lois auxquelles je veux obéir.

    Ne pas oublier bien sûr la sale mode de couturiers, dont on doute qu’ils aiment les femmes, en tout cas moins que leurs fringues chéries dont elles ne sont que les porte-manteaux, marchant à grande enjambées hommasses de grenadier de Frédéric II, de statues de Giacometti sauf que Giacometti ne façonnait que du métal, priées de tirer des tronches sinistres pour nous la jouer Garbo du parvenu.

    (Googlez « skyblogs » et « Mia », vous tomberez sur une lettre qui est un sommet de putasserie gouroute. Un malfaisant chef-d’œuvre de manipulation. Si vous avez ou connaissez des filles qui naviguent perdues dans ces eaux troubles, lisez-le)

  • emcé: j’ai failli m’étouffer!
    J’écoute du métal, parfois même du punk rock.
    Ne comparez pas les sites sur la mouvement punk ou sur le mouvement gothique aux site pro-ana…
    S’habiller en noir ou porter une crête n’a jamais tué personne.
    De même pour les sites satanistes, croire en Satan ne tue pas la personne qui y croit.

    La logique à la base de l’interdiction de l’incitation à l’anorexie est totalement différente de la vôtre.
    Le législateur a décidé que l’incitation à porter atteinte à sa propre intégrité physique est condamnable.
    Et ce n’est pas nouveau : la provocation au suicide suivi d’effet, et les diverses autres provocations sont déjà punies par le droit pénal français.
    Ce n’est donc qu’une nouvelle application d’un principe déjà reconnu.

    Les sites que vous évoquez peuvent être qualifiés de subversifs, certes, mais tant qu’ils n’incitent pas à mettre en danger l’intégrité physique d’autrui, ils ne sont pas dangereux comme le sont les sites pro-ana.

    Parce que, si je vous suivais, je ferais aussi interdire les sites communistes, révolutionnaires, anarcho-capitalistes, cinéphiles et rastafaristes (je plaisante, bien sûr).

    Comme vous le faites remarquer justement, à nous de surveiller nos enfants pour qu’ils n’aillent pas sur des sites que nous jugeons subversifs.

    A ce propos, le législateur a prévu que l’abandon moral d’un mineur par les titulaires de l’autorité parentale constitue un délit. Doit-on alerter le Ministre de la Justice sur les millions de parents qui laissent leurs enfants ouvrir et consulter des skyblogs?

    😉
    __
    OX

  • Le journaliste de libération relève aussi : « L’air de rien, c’est la première fois que le législateur condamne l’incitation à une maladie, qui plus est une pathologie mentale.  »

    … et pour une telle première, répondant à une question dont vous soulignez la gravité : il y a avait vingt députés en séance…

  • Bon, j’ai été un peu long, et tu as déjà répondu avant moi, Koz. Tant pis pour la redite.

    Sinon, je me suis aussi interrogé sur les possibilités de répression existantes avant la loi sur l’incitation à l’anorexie.

    Il me semble qu’aucune infractions pré-existante n’aurait pu servir à faire condamner les prosélytes de l’anorexie.

    Sur le fondement que j’évoquais plus haut, on pourrait (encore) rechercher la responsabilité pénale des parents d’un mineur qui tiendrait un site pro-ana ou consulterait de tels sites.

    Mais des poursuites contre les parents en pareil cas me sembleraient, à l’évidence, parfaitement inutiles, et inhumaines.
    __
    OX

  • narvic: le législateur ne condamne pas une « incitation à une maladie », qui est d’ailleurs un non-sens, mais condamne l’incitation à cesser de s’alimenter (en gros, et sans jeu de mots).
    __
    OX

  • Et la « non assistance à personne en danger » , des Hébergeurs de sites ?
    Et puis, on interdit bien la cigarette dans les lieux publics, les fumeurs dans les nouveaux films..
    On supprime les distributeurs de gâteaux dans les établissements de jeunes, on oblige à indiquer « manger au moins 5 fruits et légumes par jour » sous toute pub de bonbons ou autres dégoûtations à base de sucres rapides et de graisses, parfumés aux faux arômes et colorés avec des horreurs.
    Alors pourquoi pas une loi pour tenter d’éviter l’anorexie ?
    Ceci dit, je crois que cela doit passer par le retour de l’amour des formes ( quand bien même je ne sois pas une fan de Rubens et de ses mémères à bourrelets)
    Mais notre époque est ainsi faite d’extrêmes : tros gros, voir obèses en augmentation nettement supérieure à l’inflation que l’on dit pourtant galopante; et à côté de cela, éloge de la maigreur par certains.
    Et si nous redevenions raisonnables.
    @Koz
    Si un cancéreux ne se fait pas chevalier du crabe, chez certains diabétiques (je ne généralise pas pour autant), on peut constater l’utilisation de la maladie comme faire valoir, à travers le rapport à la nourriture, les traitements et examens quotidiens (voire pluri quotidiens, parfois même avec un nombre sans commune mesure avec les besoins).
    Mais là encore, nous sommes dans le rapport à la nourriture (et à l’image de soi?)

  • « Je ne mettrais pas sur le même plan l’ensemble de ces sites. Les sites pro-ana reposent véritablement sur la promotion comme “mode de vie”, comme “choix”, d’une maladie. »

    Il y a vraiment une contradiction fondamentale dans toute cette histoire que ta phrase résume bien. C’est le concept de « maladie ».

    En effet, soit c’est effectivement une maladie, un agent extérieur pathogène, en gros, qui vous tombe dessus sans aucun pouvoir de choix, soit en fait, ce n’est pas ce qui peut être considéré comme une maladie mais un simple trouble du comportement. Cela peut sembler une subtilité mais en droit, dans la philosophie du droit je veux dire, cela a une différence enorme en termes de responsabilité individuelle.

    Par exemple :

    1. Comment considérer qu’un site web qui fait la promotion d’une maladie puisse être incitatif à « l’attraper » ? Quand bien même quelqu’un ferait l’apologie du rhume, les lecteurs ne deviendraient pas grippeux pour autant.

    2. Si c’est une maladie, les sites pro ana sont tenus par des malades. leur vision est déformée par leur maladie et donc comment réprimer une personne malade. Comment pénaliser le club des enrhumés ?

    3. Encore une fois si c’est une maladie, comment refuser un job à un mannequin souffrant de cette affection ? Il y aurait certainement discrimination pour des causes médicales, non ? Elle pourrait probablement se retourner contre son employeur potentiel qui lui refuserait de participer à un défilé sur cette base.

    4. Comment expliquer ceci-dit que les mannequins soient atteints par cette maladie ? Sont-ils anorexiques et décident-ils d’embrasser cette profession particulièrement bien « adaptée » à leur état ?

    Bref, je pourrais continuer assez longuement à fournir moults exemples de contradictions inhérentes à ce problème.

    Mais en fait, je crois bien que ce n’est tout simplement pas une maladie. Un comportement déviant n’est pas une maladie. Un comportement déviant peut être encouragé. On peut en faire l’apologie. On peut tomber dedans par mimétisme, identification social, par jeux stupides et abérrants. En fait, peut être faudrait-il inventer un autre mot pour désigner quelque chose vis à vis de ces troubles comportementaux. Ce n’est que mon opinion mais c’est que ces faits m’inspirent en tout cas.

    Il faudrait en tout cas un jour que l’on sorte de cette contradiction et je commence à penser (comme certaines écoles de psychiatrie) que beaucoup de troubles mentaux ne sont pas réellement des maladies mais plus des états dans lesquels les personnes sont plus ou moins capables de se reprendre en main, de résister à, de supporter, d’être susceptible d’être incités par ou pas, de contrer les éventuels agressions diverses de l’environnement ou pas, etc. (sauf dans certains cas où une lésion cérébrale, ou une maladie dégénérative du système nerveux est constatée évidement).

    Ou alors reconnaître que quelque part, les troubles mentaux sont « contagieux » dans une certaine mesure. C’est une autre piste qui n’est d’ailleurs pas sans intérêt à la réflexion et pas si contradictoire avec les théories ci-dessus.

    Beaucoup de gens sont tombés dans un comportement obsessif/compulsif (le jeu par exemple ou dans certains cas le sexe) après une incitation initiale. Il se pourrait aussi dans ce cas, que l’adolescence (qui est une évolution autant physique que mentale d’un individu) passe par une période ou l’enfant est particulièrement « ouvert à tout » et en « recherche d’identité » et donc susceptible d’adopter des comportements ambiants porteurs d’addiction. Plus particulièrement fragile donc. Ou que certains adultes sont juste potentiellement moins capables de « résister » tout simplement.

    Quelque part, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a une grosse part de responsabilité à la fois des incitateurs (les casinos par exemple) et des victimes elles-mêmes (les joueurs compulsifs). C’est ce que semble penser également le psychiatre cité par Koz. Les troubles sont corrigés par l’imposition de limites. Beaucoup de joueurs invétérés se sont « guéris » en se faisant interdir de casinos par exemple.

    C’est aussi ce que cette loi semble reconnaître finalement. L’énooooorme influence de l’acquis finalement. Et c’est là où la remarque de Koz : “Il est vrai que nous vivons dans une société pour laquelle “c’est mon choix” tient lieu de critère moral universel” ne peut pas être écartée d’un coup de plume.

  • Ces jeunes filles sont malades, elles ont une perception déformée de la réalité, et de leur corps. Elles sont dans un monde irréel, où les corps n’existent plus. Vous n’avez jamais eu d’anorexiques dans votre entourage? Il ne viendrait à personne l’idée d’invoquer leur « choix ». Je suis un peu gênée par le ton de ton article Koz : on dirait que tu les mets sur le même plan que des groupes qui feraient sciemment, je ne sais pas moi, des appels à la violence urbaine par exemple. Elles ne sont pas délinquantes dans ce sens-là. Elles sont malades. Leurs sites devraient être fermés (dans la mesure où on les identifie), mais ce ne sont pas des « délinquantes ».
    La loi, je n’ai aucune compétence pour savoir si elle aura la moindre utilité. Peut-être que son seul mérite sera de faire parler et, comme le dit ce psychiatre, de « poser des limites ». Et que ce sera pas mal. Certaines photos de mode sont des appels du pied à la connerie, et ce serait bien d’avoir des critères du genre : un mannequin doit avoir un IMC compris entre tant et tant.

    J’ai vu dans ma vie trois anorexiques : une amie de 16 ans quand j’étais au lycée, une de mes cousines, 15 ans, et récemment une autre amie.
    C’est une maladie extrêmement difficile à soigner, d’abord parce qu’il est très difficile de faire admettre à ces femmes ou jeunes filles qu’elles ont perdu le contact avec le réel et ne voient plus les choses comme elles sont. Elles se croient, sincèrement, grosses. Leur corps les dégoûte pour de vrai.
    Par ailleurs, souvent, ce sont des jeunes filles brillantes, sportives, actives (au moins au début, avant qu’elles ne soient trop faibles). Les familles ont également du mal à admettre qu’il y a un problème, et particulièrement les mères.

    La traitement coûte cher car il implique dans les cas les plus avancés un isolement complet. Dans tous les cas, la thérapie doit être familiale.
    Alors cette loi, elle aura peut-être un effet pour aider à la prise de conscience. Et ce sera pas mal, mais ce n’est pas une loi de « lutte » contre l’anorexie.

  • @epo,
    ta définition de la maladie est totalement fausse.
    Si il s’agit d’un agent pathogène extérieur, dans ce cas là Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaque, diabète, insuffisance rénale, cancer du sein, maladies auto-immunes ne sont pas des maladies.. et dépression, schizophrénie non plus.
    Ta définition de maladie est fausse: agent pathogène extérieur responsable de l’état « malade » est la définition d’une INFECTION, pas d’une maladie.
    Ces filles sont malades, bien malades, d’une maladie qui relève d’un traitement psychiatrique et physique si elles sont trop décharnées. Mais permettre à ces sites de proliférer c’est détruire tout le travail des thérapeutes. C’est un peu comme si on projetait matrix à un schizophrène qui sort de l’hôpital psychiatrique!!!

  • « je crois bien que ce n’est tout simplement pas une maladie »
    je ne saurais vraiment argumenter mais le fait que l’on ne parle jamais d’anorexie pour les hommes me semble assez un argument suffisant en soi.
    Pour ma part, je le considère comme un mal être de l’adolescente à la vue de son corps qui change. Trouble de l’adolescence qui est plus ou moins marqué et qui peut prendre différents aspects.
    Je ne sais pas si le fait de légiférer va faire quelque chose.
    Je crois plutôt qu’il faut agir, action à long terme, sur l’image de la beauté féminine. Je lisais récemment un article qui faisait l’éloge de la beauté féminine dans un pays africains. Pour les hommes, une femme belle est bien en chair (enfin tres tres en chair) avec beaucoup de formes. Sans tomber dans l’excès africain, que nous renvoient les pubs, les magazines et les articles en tous genres ? Des régimes à n’en plus finir, des vêtements taille 34, des exercices à faire pour éliminer telle ou telle rondeur dès le retour de maternité. Il faut arrêter d’être hypocrite, tant que l’éloge de la minceur sera partout exposée et prônée, il ne faut pas s’étonner que certains excès se manifestent parmi les ados. Et la minceur est toute relative…

  • Plusieurs choses :

    – Il ne s’agit pas, tel que je le comprends (et tel que je le comprends des débats parlementaires) de prétendre éradiquer l’anorexie à l’aide d’une telle mesure. Clairement pas. Au demeurant, l’intitulé de la proposition de loi était claire : il ne s’agissait effectivement pas d’une proposition de loi sur la lutte contre l’anorexie, mais d’une proposition de loi sur l’incitation à l’anorexie.

    – A mon sens, oui, ces filles sont malades. Il ne s’agit pas d’une maladie « biologique » mais bien d’une affection psychologique, très comparable à une dépression. De la même manière que l’on ne peut pas répondre à une dépression en disant à un dépressif : « eh ben, file-toi des coups de pied au cul », les anorexiques peuvent souffrir de leur état et être incapables de s’en sortir. Ca ne me semble pas contestable, et même être une évidence.

    – On ne devient très certainement pas anorexique par la seule consultation de ce type de sites, c’est une évidence. En revanche, quand, comme le dit Eponymus, on est plus spécialement fragile, mal à l’aise avec son corps, en recherche d’identité, en recherche aussi d’un groupe auquel appartenir, cela peut être un facteur de plus. Et il me semble clair que ces sites sont susceptibles de maintenir certaines filles dans l’anorexie. Comme je l’écrivais, comment faire si, entre deux rendez-vous chez un psychothérapeute, une fille passe 1 heure par jour à fréquenter des sites qui valorisent leur anorexie ?

    – Non, ces filles-là ne sont pas, en elles-mêmes, des délinquantes. Et moi aussi, j’ai connu plusieurs jeunes filles anorexiques. En revanche, ce n’est pas leur rendre service que de les exonérer de leur responsabilité. Parce que, si elles ne sont pas délinquantes, elles ne sont pas folles non plus. Elles restent réceptives à un discours raisonné, et les mettre en face de leurs responsabilités, c’est aussi une marque de respect. Comme le dit le psychiatre, elles ont probablement besoin que des limites fortes soient posées, et que la société dise de façon extrêmement claire : non, l’anorexie n’est pas un « mode de vie ».

    – La limite que je trouve à l’utilisation de ces textes, c’est qu’il est peut-être regrettable de ne pas pouvoir prohiber ces sites sans en passer par du pénal. Mais je ne pense pas que la finalité de ces textes soit d’emprisonner les anorexiques. Quel juge le ferait ? Il me semble bien davantage qu’il s’agit d’avoir une base claire pour en obtenir la fermeture : avec un tel texte, il est clair que le contenu est « manifestement illicite » au sens de la loi sur la confiance dans l’économie numérique. L’hébergeur est dès lors tenu de fermer le site lorsque le contenu manifestement illicite est porté à sa connaissance.

    – Oui, je pense que le « c’est mon choix » a une part de responsabilité. Et il ne faut pas tomber dans la caricature : il y a une gradation possible entre la société autoritaire et la société permissive. Mais on en vient, sur certains points seulement (puisqu’on développe nos autres tabous), à refuser de poser un jugement, alors que c’est le propre de l’homme de pouvoir discerner. Parce que « c’est mon choix », on n’aurait plus rien à opposer. Il n’est pas négligeable que ces jeunes filles en soient venues à vouloir justifier leurs propos d’un « c’est un mode de vie ». C’est même une illustration flagrante : voilà que, pour justifier une position, on en arrive à qualifier de « mode de vie » un comportement qui peut conduire à la mort.

    Pourquoi ne pas faire la promotion de l’alcoolisme et de la drogue, alors ? Ce sont, aussi, des « modes de vie ». Et puis, hein, si c’est leur choix…

  • Il faudrait être dans le secret des cœurs pour savoir ce qui, chez les anorexiques et de façon générale, chez tous ceux qui souffrent d’une atteinte mentale, relève d’une vraie souffrance et ce qui relève d’une volonté de faire mal à l’entourage. Il me souvient d’un homme qui menaçait régulièrement de se suicider (après avoir bu et tapé femme et gosses). Son fils lui courait après sur ses petites jambes, pleurant pour le faire changer d’avis avant d’arriver à la Loire. Le fils a grandi, ne veut plus ni voir son père ni lui présenter ses enfants. Car le faux-suicidaire vit toujours, bien sûr.

    « C’est mon choix » n’est acceptable que si ce choix n’entraîne rien de négatif sur l’entourage. Il devient alors tout à fait défendable. Exemple (fort trivial, je sais) : chez moi je me balade en fringues nazes et vieilles pantoufles. Dès que je sors, je m’habille correctement. Et personne ne doit m’imposer de m’habiller bien chez moi.

    Ici : je suis pour un loi qui réprime l’incitation à l’anorexie, et j’approuve qu’on ait légiféré sur le mannequinat.

  • Pour Eponymus,

    J’interviens à propos des quatre exemples proposés ainsi que le principe de « responsabilité individuelle » énoncé ( ?).

    Concernant le troisième paragraphe, portant sur la différenciation faite entre une maladie infectieuse, « qui vous tombe dessus sans aucun pouvoir de choix », et une maladie mentale, dans notre cas psychopathologique, que vous considérez comme un « simple trouble de comportement ».

    Déjà, la maladie dans votre billet semble être principalement – uniquement ? – infectieuse, « l’agent pathogène ». Je vous renvoie à la définition de la maladie, ainsi qu’à la liste des différents types de maladie.

    Une maladie n’est rien d’autre qu’un état caractérisé par des causes, des symptômes, une évolution et des solutions thérapeutiques propres. Une altération de l’état de santé pour faire plus simple.

    A partir de là, considérer l’anorexie comme un « simple trouble du comportement » semble peut-être un peu léger et rapide. Il n’y a aucune « contradiction » fondamentale entre maladie et anorexie.

    L’anorexie est très loin d’être un simple « mode de vie », un « choix » ou encore un « simple » trouble comme vous l’envisagez. Je lis dans le billet et votre commentaire une confusion entre une maladie infectieuse, dont on ne serait pas « responsable », et un trouble psychopathologique que l’on « choisirait », et même que l’on choisirait sciemment parmi les différents mode de vie à notre connaissance. La maladie infectieuse n’a de commun avec la maladie mentale que le mot « maladie » et ce à quoi il renvoie : une altération d’état. Toute autre comparaison me semble abusive.

    C’est pourquoi les quatre exemples proposés sont faussés dès le départ. Avant d’y répondre, juste une chose concernant le principe de « responsabilité individuelle » versé au débat : en droit, dans sa philosophie comme dans tous ses aspects, le principe de « responsabilité » – « d’imputabilité » pour être précis – ne peut s’appliquer que lorsque l’on dispose de la chose ou de l’état incriminé. Autrement dit, je suis responsable d’un acte causé par une chose ou un état si je dispose – sciemment et sérieusement – de cette chose ou de cet état. Encore et très grosso modo, si je n’en dispose pas, je n’en suis pas responsable. Les exemples sont nombreux, je sais que vous les envisagez en lisant cela.

    Si on ajoute qu’en droit, la vie est indisposable, et que l’anorexie tend à la destruction de cette vie, le plus souvent, ou à sa mise en danger, apposer un principe de responsabilité est là encore abusif. Personne n’est responsable d’un rhume, ni d’un trouble du comportement, ni même d’une maladie mentale, et encore moins des actes consécutifs de ces maladies si celles-ci ont pour symptôme d’altérer – pour faire simple – la perception de la « réalité ». Vous pensez sérieusement pouvoir imputer à un anorexique son « suicide à feu doux » ? A un fumeur, pourquoi pas, mais à un anorexique ? C’est de sa faute, parce qu’il a choisit cet état comme mode de vie par « mimétisme et identification sociale, par jeux stupides et aberrants » ? Je crois que vous confondez encore l’anorexie mentale et le symptôme de l’anorexie simple – maigrir tragiquement – que l’on peut atteindre par « mimétisme et identification sociale etc… »

    Pour répondre aux exemples :
    1. Il est difficile d’attraper un rhume en consultant une site sur le rhume. Certes. Quoique je suis persuadé que certaines forces mentales peuvent faire développer à certaines personnes les symptômes du rhume pour diverses raisons. Heureusement, le rhume n’est que très rarement mortel. Cependant, l’anorexie étant une maladie mentale, révélée par un tas de causes sociologiques etc …, une personne ayant été victime de ces « causes » peut très facilement trouver un écho, une solution à ces dernières sur un site vantant l’anorexie. Le danger est là. Quelqu’un de « sain » ne risque pas de devenir anorexique en surfant sur un site anorexique, personne ne remet cela en cause à aucun moment. Mais quelqu’un de fragile, ayant traversé les mêmes problèmes que certains anorexiques, trouvera un écho, un foyer à son mal-être sur ces sites. Si ce foyer n’est pas considéré comme dangereux, sans limites, le danger est encore plus menaçant.

    2. Tout à fait d’accord. Mais pourquoi parler de réprimandes ? Je ne crois pas que le but ici soit de réprimander les malades, mais bien de les aider, ou d’éviter aux anorexiques en puissance de considérer ce qui leur est donné à voir comme normal, sain, voire même en abusant un peu, « légal ». Je crois que c’est le seul but poursuivi.

    3. Bien sur que non. Le mannequinat a ses propres critères de beauté très changeants. L’anorexie n’en fait pas partie pour certaines agences, la laideur non plus, peut-être même les grosses lèvres pour d’autres, ou encore les cheveux courts etc …. Dès lors, parler de discrimination est impropre. En revanche, on peut imaginer que quelqu’un de nouvellement anorexique – au sens mental – n’ayant pas encore altérer son corps, au point de toujours être en adéquation avec les critères du « métier », se faisant licencier pour ce motif, pourrait se retourner contre son employeur, surement. Mais l’employeur l’aurait dans notre cas surement licenciée pour ne pas l’inciter davantage, non ? Dès lors ce serait bien plus complexe.

    4. Je crois que la question est déplacée.
    En revanche, je suis tout à fait d’accord avec une majeure partie de votre raisonnement par la suite, notamment concernant la « contagion » des troubles mentaux comme piste de réflexion. Ou encore le principe d’incitation/limites/protection, ainsi que celui de la résistance qui se manifeste différemment selon la personne.
    Le dernier paragraphe quant à lui est un peu facile aussi. « C’est mon choix » n’est pas à mon avis une justification de l’anorexique, mais plutôt encore une manifestation de l’altération de la perception de la réalité de l’anorexique. Au point de croire que c’est son choix. Alors qu’il en va vraiment différemment. Le débat sur le « choix » me semble déplacé.

  • @ OX

    « De même pour les sites satanistes, croire en Satan ne tue pas la personne qui y croit. »

    Non, mais ça n’empêche pas les viols de tombes et de sépultures, qui, curieusement, ne sont jamais considérées de la même façon que les attaques contre les sépultures à caractère raciste. Pourtant il s’agit de la même haine envers le religieux…

  • @koz : Dans une société permissive, les déviants vont dire « c’est mon choix » ; dans une société autoritaire ils diront « c’est ainsi que je lutte contre l’oppression ». Ainsi me semble-t-il 1) la nature de la société est ici un support plus qu’une cause 2) tout vous est bon pour vilipender une société qui ne suive pas VOTRE norme.

  • @Antoine : En même temps, la réprimande, si un peu. Le traitement de choc appliqué quand on y arrive plus et que la perte de poid est trop importante, c’est l’isolement.
    On les colle dans une chambre nue, avec juste un lit, ni télé, ni livres, ni musique, ni visites. Elles n’ont droit à ces choses que progressivement et si elles reprennent du poid.
    @Koz : accessibles à un raisonnement rationnel, vraiment? pourquoi elles ne mangent pas alors? « Si tu ne manges pas, tu vas mourir » ou « en « deça d’un certain poid, voilà les conséquences médicales », c’est pourtant rationnel comme traitement?
    N’oubliez pas que ce sont majoritairement des adolescentes, ET en souffrance, qui partent en vrille si un adulte leur dit qu’elles devraient attacher leurs cheveux. Que par définition personne ne les comprend. On avait ce genre de gamines dans les années 50 déjà, c’est un type immortel, pas besoin d’invoquer le « c’est mon choix »

    Quand à la « contagion »… elle peut se faire juste au collège. Il faut évidemment interdire ces sites ou ces blogs quand on tombe dessus (comme d’autres d’ailleurs). Mais ça n’empêche rien.

    Sinon, je pensais que qqn allait le dire, mais non donc je vais y aller de mon couplet : notre société est « anorexiogène ». La minceur est un signe de réussite. Les jeunes filles et femmes minces aujourd’hui ont accès facilement à une nourriture variée et équilibrée, elles ont une activité physique régulière et une culture nutritionnelle « basique ». Elles appartiennent donc aux classes moyennes.
    Il y a toujours eu des jeunes femmes à qui la féminité, et les rondeurs associées, ont posé un problème, et qui se sont affamées pour ne surtout pas avoir de chair sur les os. On considère souvent qu’Elisabeth d’Autriche souffrait de cette maladie, dans une société qui pourtant ne détestait pas des corps un peu ronds (pour le coup, c’était signe d’aisance matérielle)

    Le projet de loi est un peu vain s’il veut prétendre changer les canons de beauté de notre société. Son mérite est de faire parler, et c’est pas si mal (sauf qu’on en parle pas tant que ça finalement, j’avais vaguement espéré que ça aiderait à la prise de conscience de mon amie)

  • Pour info, il me semble que Ana est une jeune fille brésilienne anorexique qui est décédée au début des années 2000 et qui est devenue le modèle de nombreuses autres anorexiques.
    il y a eu un reportage dans Enquêtes d’action qui repasse de temps en temps sur W9.

  • N’y a t-il pas un rapprochement à faire avec le comportement de sectes extrémistes dont la conduite personnelle des membres est quasi suicidaires, sinon contraire au bon sens commun, notamment dans le respect des lois du groupe.
    Des études faites montraient que l’important était dans le fait de montrer aux Autres à quel point on était motivé à suivre les recommandations les plus poussées de sa religion, croyance ou autre. En retour, les liens entre les membres de la secte seraient particulièrement renforcés, et, ce qui en définitive leur donneraient un avantage sur d’autres groupes moins liés. Exemple : vivre dans un désert, etc…

    En conséquence, nous aurions affaire à un comportement rationnel, certes tout à fait risqué mais pas une maladie ou un état dépressif… Une sorte de logique humaine qui dans des époques reculées a pu permettre aux tribus de survivre dans des conditions extrêmes pas une volonté extra-ordinaire, mais qui aujourd’hui est au contraire un comportement suicidaire.

  • @Polydamas
    Oui, j’en suis le premier scandalisé. A deux titres.

    Premièrement, parce que, comme vous, je constate que la haine contre le religieux n’a pas le même impact médiatique que la haine raciste même quand ce sont des symboles religieux qui servent d’exutoires dans les deux cas.

    Deuxièmement, parce qu’on assimile facilement le métal et l’incitation à la violence contre le religieux, au moins dans les media, et la corrélation n’est pas justifiée. Etant catholique pratiquant et grand amateur de métal, cela m’attriste.

    Enfin, je remarque que les cibles privilégiées des profanateurs satanistes sont les symboles religieux catholiques, à l’exlusion des autres religions. Sans que je puisse apporter une quelconque explication.
    __
    OX

  • « Enfin, je remarque que les cibles privilégiées des profanateurs satanistes sont les symboles religieux catholiques, à l’exlusion des autres religions. Sans que je puisse apporter une quelconque explication. »

    La mienne : parce que ces profanateurs ont été élevés dans cette religion et croient, les pauvres types, s’en purger par ces actes déshonorants (et c’est un ex-catholique qui vous le dit). J’ignore si, dans les profanateurs retrouvés, on a trouvé des gens endoctrinés par l’islamisme. Qui a des infos là-dessus ?

    Je ne crois à aucun au-delà, je ne vais jamais sur la tombe de mes parents car il suffit que je regarde chaque matin par la fenêtre pour voir les cyclamens qu’a plantés mon père, que j’ouvre un livre pour penser que c’est ma mère qui m’en a donné le goût.

    Mais je visite toujours les cimetières des pays boù je passe, car je n’oublie jamais que toute civilisation est construite sur le respect des morts : c’est une des plus ancienne différence entre l’animal et l’homme.

    Ces profanateurs ne sont pas civilisés.

  • @JD: je ne pourrais être plus d’accord.

    Je n’ai aucune information sur les « origines religieuses » des profanateurs. Je ne connais que leurs tristes exactions.
    __
    OX

  • Amike, je ne pense pas que l’on puisse faire cette comparaison. Les anorexiques sont aussi parfois parfaitement conscients du calvaire qu’ils se font subir, et n’hésitent pas à l’écrire. Ces filles (il ne semble pas qu’il y ait beaucoup de garçons qui s’expriment) pro-ana, n’hésitent pas à mettre sur la place publique leurs baisses de motivation comme leurs moments de désespoir. Ce n’est pas précisément ce que l’on observe au sein d’une secte.

    Par ailleurs, avant d’être pro-ana, il faut être anorexique. Et, si je pense qu’il y a une part de choix, je pense aussi que ce choix est vite dépassé par l’engrenage de l’anorexie. On commence par être un peu plus mince, par se trouver plus « femme » parce que l’on perd les rondeurs de l’enfance, et puis on s’y enferme.

    Et il ne faut pas croire que l’on soit tous toujours capable d’accorder nos comportements à notre raison. Combien de fois est-on capable de constater que, bien que nous sachions que nous ne devons pas faire telle chose, nous la faisons tout de même ?

  • Et toujours ces pubs google qui arrivent sur l’adresse de l’article de Libé auquel nous renvoie Koz :
    Manger Mieux Maigrir vite
    Exclusif ! Le Régime de JM Cohen pour Perdre 6 Kg en 30 Jours
    http://www.Regime-Savoir-Maigrir.fr
    Comment ai-je perdu 29 kg
    sans ressentir la faim et sans me sentir comme un fauve en fureur.
    http://www.wtselections.info/Eades_fr/
    Perdre jusqu’à 6kg /mois
    Le plaisir de perdre du poids Sans régime ni frustration
    http://www.polange.fr

    Le système de pub par mots-clés à ses limites…

  • Cher Koz,

    je suis heureux que tu aies consacré du temps et un billet à ce « phénomène » Ana, si triste.

    Je connais une personne dans mon entourage qui est ravagée par l’anorexie depuis plus d’une dizaine d’années; qui reprend du poids aujourd’hui mais qui pesait, il y a encore quelques mois, à peine plus de 30 kilos; qui a fait de nombreux séjours en hôpitaux, en perfusion ; et dont on se demande si elle guérira un jour ; la seule chose certaine étant qu’elle gardera d’importantes séquelles physio.

    Je n’ai pas lu les commentaires sous ton billet; ce que je vais dire a peut être déjà été précisé. Je relève une phrase dans ton billet où tu dis:

    « Ainsi non seulement les anorexiques ne voient-elles pas leur corps comme nous le voyons (…) mais elles voient dans les corps d’autres personnes anorexiques, et bien perçues comme telles, un facteur de motivation. »

    Je crois qu’il faut bien distinguer les Ana (ou pro-Ana) et les anorexiques. Ces dernières ne font pas toutes la promotion de cette maigreur paroxystique et ne recherchent pas une motivation dans le visionnage de ces sites pro-ana. N’avoir que la peau sur les os n’est pas pour elles, un objectif, mais le résultat de leur maladie. Elles ont une perception déformée de leur corps mais souvent une perception plus juste de celui des autres (à la différence des Ana).

    Il me semble d’ailleurs qu’il y a un débat sur le fait de savoir si les pro-ana sont toutes des anorexiques. Parmi celles-ci il y a certainement des anorexiques. Mais il semblerait qu’il y ait une différence entre celles ou ceux qui sont anorexiques (et qui peuvent être, pour certains ou certaines, pro-ana) et ceux qui vouent un culte maladif à la maigreur paroxystique.

    En somme, les anorexiques ne sont pas toutes ana et les ana ne seraient pas toutes anorexiques.

    S’agissant des instruments juridiques pour lutter contrer ces sites, il existe les voies civilistes. Un juge civil a très certainement le pouvoir d’interdire ces sites. Sur l’intérêt à agir, je vois les parents ou des associations qui ont pour objet la lutte contre les troubles de l’alimentation comme l’ABA.

    L’interdiction pénale viendrait compléter ces dispositifs de droit commun qui à eux seuls pourraient déjà être assez efficaces.

  • Tu as raison, sur ce paragraphe, j’ai fait une confusion, bien involontaire, mais j’ai fait une confusion. Je vais corriger.

    Sur la voie civiliste, je suis intéressé mais un peu dubitatif.

  • Sur la voie civiliste et sur le fond, il me paraît que le juge, lorsqu’il statue sur 1382 du code civil a également le pouvoir d’enjoindre la cessation de la pratique fautive préjudiciable.

    Il me semble que le fait de promouvoir un comportement dangereux est un manquement au devoir général de diligence en société et constitue donc une faute au sens de 1382.

    En ce qui concerne le préjudice (et le lien de causalité), on voit souvent les associations obtenir gain de cause avec une définition minimale du préjudice qu’elles subiraient ( qui semble souvent pouvoir se résumer à une simple atteinte à leur objet et cause). Et puis je suis certain qu’en y réflechissant quelques minutes on trouverait un angle pour la caractérisation de ce préjudice. cela ne me semble pas un obstacle.

    Je pense moi même avoir subi un préjudice en visionnant ces images (quand on pense qu’il suffit de vouloir se renseigner sur l’anorexie pour tomber sur des sites pro-ana et donc, bien involontairement, tomber sur ces images).

    D’ailleurs, en écrivant cela, je me sens coupable de ne pas agir…

  • Je pense également à la prévention d’un dommage imminent de l’article 809 du code de procédure civile.

  • Koz > J’ai posté un commentaire avec un max de liens, je dois être dans ta trappaspam. Je constate douloureusement que, contrairement à la mienne, on n’y trouve pas de muffins aux myrtilles. Tsss…
    ; )

  • Les commentateurs trappaspalmmés sont priés de souffrir en silence. Vont quand même pas réclamer des muffins !

    Bon, j’vais voir ça.

  • Plus d’un an que je me bats pour que ces blogs soient surveillées de plus près, laisser faire c’est une forme de non assistante à personne en danger, je suis bien ravie que les gouvernements en prennent conscience maintenant !
    http://fanette316.blogspot.com/2007/08/le-mouvement-pro-ana-ou-pro-mia.html

    Il faut se rendre compte qu’il n’ y a pas « que » des anorexiques et boulimiques, il y a aussi des adultes manipulateurs derrière certains blogs, il suffit de silloner les forums d’entraide, c’est à vomir.

    Skyblog jusqu’ici a fait la sourde oreille, leur cybercop ne trouvant rien à redire à ces blogs.Quand vous voyez ce que certains jeunes prônent sur leurs blogs, entre le satanisme le gothique et l’apologie du suicide, il est temps de faire le ménage et suivre ces jeunes en dérive.

  • 1) Le gothisme et le satanisme n’ont rien à voir entre eux
    2) Ce ne sont généralement pas des mouvements prônant le suicide
    3 Il n’y aucune raison de les interdire, l’un étant une croyance religieuse, l’autre une culture principalement basée sur un courant romantique.

  • > le Gothisme, étant une croyance religieuse ?
    je crois que nous n’avons pas la même conception de la croyance religieuse, je ne vois rien de religieux dans le mouvement gothique, plus un phénomène de mode.

    > le satanisme, un courant romantique ?
    On va dire que votre com est du second degré et ça passera mieux, lol

  • Terrible problème. Il n’y a pas que les ados qui en souffrent. J’ai une amie qui vit ça et bien sûr qui ne veut pas le reconnaître. Elle a mon âge !

    Entre ton post, Koz et les coms, il y a une pub de Google qui affiche « comment perdre 5 kilos ». C’est de l’humour noir ou quoi ? 🙂

  • Les publicités varient globalement à chaque affichage (d’ailleurs, j’ai beau rafraîchir ma page, je ne les vois pas). En ce qui me concerne, je ne les ai pas vues, ici. Si tel était le cas, je les aurais rentré dans ma liste de pubs à proscrire.

  • En aucun cas je ne voudrais sous estimer cette maladie, mais il faut savoir que de nombreuses images qui circulent sur le Net sont retouchées par Photoshop pour accentuer la maigreur.

  • Vous, vous avez raté les derniers paragraphes, non ?

    Une dernière chose : l’ensemble des photos qui illustrent ce billet sont des fakes des photos de mannequin retouchées, pour apparaître plus décharnées encore. Est-ce alors malhonnête de les utiliser ? Figurez-vous que non, car ces photos se retrouvent sur nombre de sites pro-anas…. pour la motivation. Voici ce qu’écrit l’une d’elles à cet égard :

    “Perso, je ne suis pas fan, de ce genre de thinspo parceque ces photos sont bien evidemment retouchées et je n’aime pas la triche mais bon, c’est vrai que ça peu encourager! (on est jamais trop motivée ni trop mince)”

  • Oups ! Désolé, j’avais zappé la fin.
    De toute façon, il a tellement de « fakes » sur le Net que je ne suis pas pour les utiliser sans d’infinis précautions.

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