Ci-dessous, le texte initial, par lequel j’expliquais ma démarche, le 1er juin 2005 (initialement sur koztoujours.free.fr).
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J’ouvre un blog. Vous avez remarqué ?
Pourquoi ? Vous le verrez, j’ai bel et bien l’intention de faire dans ce blog un commentaire de l’actualité, voire peut-être de mes lectures, enfin, bref, un blog d’opinion. J’ai déjà des doutes sur l’intérêt d’un blog « journal intime » mais un blog d’opinion ? Il a, pour le coup, toutes les chances de n’intéresser personne, si ce n’est moi, sauf dans un vrai moment de déprime, où même ce que je raconte m’ennuie profondément.
Donc, le décor est posé : ce blog est inutile. Visiteur qui, par mégarde, vient de t’y aventurer, barre-toi, tu perds ton temps ! Sauve ton boulot, sauve ta famille et cesse de lire cette prose futile.
Ceci étant posé …
Mercredi 1er juin : cela fait trois jours que nous avons fièrement rejeté l’Europe, à tout le moins le Traité établissant une Constitution pour l’Europe. Et quand je dis brillamment, c’est brillamment. 56% de non, 70% de participation, ça rigole plus.
Pour ma part, j’ai participé à des forums, discuté dans des dîners, assisté à un meeting, envoyé des mails argumentaires à des amis. Je peux dire, sans hésiter, qu’au milieu d’arguments respectables, on m’a aussi opposé les arguments les plus stupides, quand ce n’était pas les plus odieux. J’ai dépensé pas mal d’énergie et, sur la fin, le résultat : la claque. Dans une présidentielle, l’avantage, c’est que, généralement, vous n’avez pas trop l’ambition de convaincre le type d’en face. Celui qui veut voter Jospin ne votera pas Chirac (j’espère bien ne pas parler de l’affiche de 2007, là…). Les meilleurs fritages se font pour les primaires, au sein d’un même camp. Et là, justement, c’est au sein de mêmes familles que les discussions ont été vives. Parce qu’il y avait de vrais arguments ou, permettez-moi de le penser, de vraies incompréhensions.
Alors, aujourd’hui, premier de mes constats : le débat continue. Au lendemain d’une présidentielle, il s’arrête. On se contente d’avoir la mine défaite lorsque l’on a perdu. Là, non. Lundi, sur France 2, il y avait un débat sur « la France qui dit non ». Sur un certain nombre de forums, le débat continue également. On persiste à vouloir comprendre. Pourquoi ?
Cela dit, je m’éloigne du centre du sujet.
Je crée un blog parce que le coup de gourdin derrière la nuque est trop fort cette fois. Parce que la France vient de dire NON au projet qui m’enthousiasme peut-être le plus dans ce siècle.
Parce que ce débat a fait surgir une France des extrêmes, plutôt inquiétante. On connaissait l’extrême-droite, renforcée cette fois de la droite dure, de Villiers. On avait aperçu la tronche du facteur en 2002. Mais cette fois, ce sont eux qui ont fait le débat. Et une très grande partie du résultat. Et les discours employés sont révélateurs.
Sur constitution-europeene.org, un forumeur parlait de « s’occuper de nos politiques si le NON passe. Il faudra les éliminer s’ils ne partent pas d’eux-mêmes », ce à quoi un autre forumeur répondait « oui, tu as raison, il nous faut une Saint-Barthélémy politique » (Beria, si tu nous entends, tes fils sont là).
Alors, outrance de militants de base ? Peut-être mais pas forcément.
Il arrive souvent que le militant dise ce que le responsable, plus roué, sait qu’il doit cacher. Enfin bref, ces gens-là ne portent pas la démocratie dans leur cœur. Et si les démocrates se taisent, si nous leur laissons le champ libre éternellement, nous nous préparons d’autres résultats comme celui de dimanche.
Ce qui m’a également frappé dans ce débat, c’est le « discrédit des élites »… Il y en aurait beaucoup à dir sur ce sujet et cet article est déjà trop long. Alors, faisons bref : y-a-t-il réellement une utilité à faire de la politique dans un parti structuré si le simple fait d’en être membre discrédite votre parole ?
Enfin, la fréquentation des forums internet m’a apporté une chose : la diversité. Participer à une réunion publique, à un meeting, c’est motivant, ça vous regonfle, mais on ne fait que s’auto-entretenir dans nos certitudes, avec un risque de contradiction faible, si ce n’est nul. Sur le net, vous avez toujours un « gauchiste » à convaincre …
* * *
Parmi mes motivations initiales venait donc celle de tenter de faire entendre une voix qu’il estimait trop faiblement représentée sur le Net. Le débat prenant de l’ampleur, l’auteur s’est découvert des affinités intellectuelles – voire spirituelles – et de plume, avec certains commentateurs réguliers.
L’idée est alors venue de faire davantage porter ces autres voix, capables d’enrichir ce blog par leurs propres sensibilités et centres d’intérêt, capables également de susciter et d’entretenir le dialogue.
C’est ainsi que Koztoujours s’est ouvert à trois contributeurs occasionnels : Dang et Liberal ont fait leur apparition au printemps 2007, suivi d’Eponymus, en novembre de la même année, chacun, donc, avec sa sensibilité, et sans obligation de partager les idées exprimées par les autres auteurs.
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